Murakami Haruki - [Japon]

la vie de 6 étudiants dans le Japon des années 80

la ballade de l'impossible 10/18.



« Murakami place son roman sous la tutelle de Salinger et de Fitzgerald. […] Il mêle la grâce à la noirceur avec une subtilité et une élégance qui sont, définitivement, la marque des grands écrivains.»
Raphaëlle Leyris, Les Inrockuptibles

Je viens de finir La course au mouton sauvage et je suis à la fois envoûtée et un peu dépassée.

Finalement, j'en reviens à la réaction initiale de Rotko.

La magie de ce livre tient à la capacité de l'auteur, qui nous kidnappe du présent, et nous transporte à la frontière du réel/surréel (mots qu'il emploie d'ailleurs à plusieurs reprises).

On poursuit l'aventure car on cherche le fil directeur que l'auteur a pris soin de nous cacher.

L'écriture et le style sont fabuleux.

Mais le sens nous échappe parfois. On pressent bien la riche symbolique : le mouton avec son étoile, l'oreille et sa prescience, l'isolement, le voyage, la quête, etc...

Mais on dirait que Murakami refuse de donner des clefs conventionnelles et préfèrent nous déstabiliser.

Car enfin, comment analyser l'histoire de ce mouton qui "entre" dans un personnage ? Il n'est ni bienveillant, ni lumineux, ni transcendant comme on pourrait s'y attendre. (C'est ce que j'ai cru un moment, j'ai pensé à une dimension métaphysique. Il m'a bien eue...)

Un écrivain qui casse les codes.

Un sorcier, ce Japonais...

Je rejoins tout à fait ton analyse concernant La Course au mouton sauvage, Crevette! J'ai lu la suite il y a peu, Danse, danse, danse, qui m'a laissée encore plus perplexe .

Je l'ai bien aimé, mais j'ai été un peu déçue par la fin; on attend pendant assez longtemps qu'il se passe quelque chose, et même si cette attente est bien ficelée, qu'on retrouve tous les éléments qui font de Murakami un auteur qu'on apprécie, eh bien on finit quand même par se demander où il veut aller . Et en fait, j'en suis venue à me demander si La course au mouton sauvage avait besoin d'une suite , parce que celle-ci, je trouve, n'apporte pas grand chose au précédent.

Cela dit, la philosophie si particulière propre à Murakami est toujours là ("Danser tant que la musique durera"); c'est énigmatique, mais j'aime beaucoup.

Mais n'empêche, MKLJ, j'ai hâte de lire à nouveau cet auteur.

Il y a quelque chose d'unique dans le ton. Une sorte de voile recouvre ses histoires sans cohérence et c'est comme un filtre enchanteur.

J'ai du mal à exprimer mon ressenti.

Un sorcier, vous dis-je...

Toujours se méfier des (grands) écrivains...

Ils nous chamboulent l'âme et les sens !



Dangereux, ces gars là.

Crevette a écrit:

Mais n'empêche, MKLJ, j'ai hâte de lire à nouveau cet auteur.

Ah mais dois absolument le lire à nouveau!!!
Notamment les Chroniques de l'oiseau à ressort, absolument merveilleux...

Je me suis laissée embarquer par Murakami, comme beaucoup de monde ici j'ai l'impression. Il procède en douceur, l'air de rien, par petites touches. La ballade de l'impossible s'attarde sur la mémoire et le souvenir, l'amour aussi, et la jeunesse. L'écriture est très sensible et va droit au but. Je trouve que Murakami réussit à exprimer, exalter ce qu'il y a de plus difficile : les moments simples et forts de la vie. Impossible de ne pas être touché par ce roman.

Et pour découvrir cet auteur, quel livre me conseilleriez-vous ?
Pour un lecteur au lourd passé le lecteur réaliste, et qui se perd aisément dans les domaines philosophique, métaphysique, irréel...

Est-ce bien pour moi, d'ailleurs ?

Je le pense, Harelde, Murakami est assez irrésistible de toute façon . Je ne lis pas beaucoup de livres aux tonalités "fantastiques" ou "irréelles", mais là c'est tellement passionnant...Je te conseille, pour commencer, Kafka sur le rivage

J'ai récemment lu "la course au mouton sauvage", que j'ai beaucoup apprécié.

- Un cadre publicitaire est contraint de rechercher un mouton d'une espèce rare après avoir regardé une photo où y figure l'animal.

L'écriture est fluide, c'est facile à lire et l'histoire est originale. Une fois de plus, Murakami même réel et fantastique, ce qui donne un ensemble décalé mais pour ma part, plaisant.

Les personnages sortent du commun (mis à part le narrateur, jeune cadre) : une jeune fille aux oreilles "d'une perfection ensorcelante"
- un homme mouton
- "le rat"

On retrouve, comme dans d'autres livres de cet auteur, les effets d'ombre et de lumière de l'âme humaine. La psychologie des personnages est de mon point de vue assez développée.

Je suis désolée de faire un commentaire aussi court, je relirai prochainement ce livre afin de détailler mes ressentis.

Je n'ai pas terminé Après le tremblement de terre, je n'ai lu que deux nouvelles pour l'instant, mais je poste quand même^^: même si j'ai tendance à toujours rester un peu sur ma faim quand Murakami s'attaque à la nouvelle, je prends un grand plaisir à lire ce bouquin (je ne sais pas ce qu'il en est pour le prince d'A, si ça se trouve il va me dire " mais qu'est-ce que tu m'as fait lire ?!" ). On retrouve les dialogues absurdes qui font tout le charme de ses romans. J'aime aussi beaucoup le fait de partir de la tragédie qui unit tous les personnages; le tremblement de terre n'est pas forcément évoqué, très souvent sous-entendu, mais tous les personnages sont reliés par leur fragilité, et ça aussi, c'est très "murakamien".
j'ai adoré la première nouvelle, vraiment très représentative des récits de Murakami : le citoyen lambda, trentenaire, sans histoires, qui perd pied peu à peu et qui se retrouve à mille kilomètres de chez lui et rencontre des personnes...curieuses^^.

Marie kiss la joue a écrit:

(je ne sais pas ce qu'il en est pour le prince d'A, si ça se trouve il va me dire " mais qu'est-ce que tu m'as fait lire ?!" )

C'est à peu près ça J'ai lu la première nouvelle, qui ne m'a pas convaincu du tout. Tu connais beaucoup cet auteur, donc tu es habituée à ses écrits, mais moi je vais avoir besoin d'un temps d'adaptation

N'en parlez pas trop pour le moement : c'est la lecture de juillet et peu de grains ont commencé. Vous devez même être les seuls !

Oui, oui, Harelde, ne t'inquiète pas

Prince d'Aquitaine a écrit:

Oui, oui, Harelde, ne t'inquiète pas

Je ne m'inquiète pas : je préviens !

Harelde78 a écrit:

N'en parlez pas trop pour le moement : c'est la lecture de juillet et peu de grains ont commencé. Vous devez même être les seuls !

Ah bon, ce n'est pas l'histoire du koala ? (j'ai oublié le titre^^); je pensais que nous n'étions que deux à lire l'ouvrage de Murakami, en fait^^.

Bon, j'espère que la suite te plaira davantage alors

Au programme maintenant Autoportrait de l'auteur en coureur de fond de Murakami, on verra bien........

rotko a écrit:

Quant à l'autoportrait en coureur de fond, je t'attendrai, j'ai déjà feuilleté le livre, entre deux courses à pied

Tu peux y aller..........j'ai lâché l'affaire... sans intérêt pour moi. Ennuyeux au possible le nombrilisme aigu de ce monsieur, qui se désespère de ne plus courir le marathon en moins de quatre heures.
(moi, il me faut deux jours en marchant bien, alors je ne compatis pas du tout!)
Rien ne semble l'intéresser en dehors de lui et de ses petites misères.
Les autres n'existent pas, les lieux ne l'intéressent que s'ils sont favorables à la course de fond.
Je me suis consolé avec Ne vous fâchez pas Imogène d'Exbrayat, beaucoup plus divertissant.

Après le tremblement de terre

Bof, bof.
Problème de culture, de sensibilité ? style appauvri par la traduction ?

En tout cas, ce n'est pas ce recueil qui va me faire apprécier la littérature japonaise.
Je n'ai pas trouvé ça mauvais, mais je n'ai apprécié que de brefs passages de ces nouvelles.

Et notamment, de façon générale, j'ai trouvé les fins extrêmement plates.

Mag, je partage ton sentiment : bof bof

J'ai un peu de mal avec la littérature asiatique, mais là, je m'attendais à beaucoup mieux, surtout après tous les superlatifs trouvés par MKLJ

Ma première impression est que les personnages de Murakami manquent de profondeur. Même s'il veut peindre des paumés sans reliefs, ça ne veut pas dire que l'écriture doit en manquer! Les seuls que j'ai aimé sont quelques personnages secondaires : Miyake l'allumeur de feux de joie, Nimit le chauffeur, Soyoko.

J'ai aussi eu l'impression que la chute est précipitée, que l'auteur ne sait pas où il veut en venir. Et quand la chute arrive au bon moment, elle est déceptive, par exemple avec "Crapaudin sauve Tokyo". Le rêve est une explication trop banale. Il aurait été plus drôle et même profond de laisser une pointe d'ambigüité.

Et puis l'omniprésence du sexe masculin est assez... bizarre Quand il ne sait pas comment faire pour le montrer, eh bien il fait passer un chien avec le membre apparent

Une déception Il ne reste plus qu'à MKLJ de me motiver pour en lire un autre

je serais curieux d'avoir ton sentiment à propos de Kafka sur le rivage.

Il a un fil à lui tout seul, de 7 pages.

Comme je le disais, Après le tremblement de terre est le premier Murakami que j'ai lu. Il faudra que je lise Kafka sur le rivage un jour, même si les avis que j'ai lus (ceux d'Utopie notamment) ne m'enchantent pas vraiment

Il vaut mieux lire les romans de Murakami, vraiment ; je suis une inconditionnelle, et pourtant, je suis restée sur ma faim par ses nouvelles. En fait, elles ne sont que le point de départ d'éventuels romans (et parfois même concrétisés, puisqu'il s'en est servi pour certains romans). Ce que j'aime chez Murakami, c'est que tous les personnages sont simples, totalement neutres, il ne leur arrive rien de passionnant dans leur vie quotidienne, et pourtant, la réalité se trouve transformée...
L'écriture ne comporte pas d'envolées lyriques, je suis d'accord , mais je reste vraiment sensible à l'univers que Murakami parvient à créer

Kafka sur le rivage est le premier que j'avais lu, c'est l'un de mes préférés avec les Chroniques de l'oiseau à ressort, très poétique.

Idem ,MKLJ !

J'ai lu récemment "Danse, danse, danse" que j'ai beaucoup aimé.

Résumé de l'histoire : "Persuadé qu'une ancienne rencontre l'y appelle en rêve, le narrateur, un publicitaire branché filles, bouffe et scotch, retourne séjourner dans un hôtel. Sur place, il constate que le modeste établissement s'est transformé en un palace d'une vingtaine d'étages. Ce qu'il va découvrie défie les règles de l'imagination. Une chose est sûre : sa vie a changé - et c'est le plus important".

Entre réel et imaginaire.

Les thèmes sont ici subtilement abordés : la liberté individuelle / la connaissance de soi / le conscient / l'inconscient.

- Très beaux rapports entre les personnages (on retrouve d'ailleurs la fille aux oreilles parfaites de "La course au mouton sauvage" et l'homme mouton).
- Murakami fin psychologue
- Panel de couleurs des émotions et humeurs de l'hommes très nuancé.

La couverture du livre, un personnage à deux têre qyu croise les pieds dans des directions opposés pourrait évoquer la dualité de l'homme.

Voici un passage que j'ai beaucoup aimé : (P. 134) "Utilise tout ce que tu peux. Fais de ton mieux. Il n'y a rien dont tu doives avoir peur. Tu es fatigué, c'est sûr. Tu es fatigué et tu as peur. Ca arrive à tout le monde. Tu as l'impression que tout va de travers, que le monde entier se trompe. Et tu t'arrêtes de danser...
Je levais les yeux et contemplai à nouveau l'ombre sur le mur.
- Mais il n'y a rien d'autre à faire que danser, poursuivit l'homme-mouton. Et danser du mieux qu'on peut. Au point que tout le monde t'admire. Si tu fais ça, alors peut-être pourrai-je t'aider moi aussi. Voilà pourquoi il te faut danser. Danser tant que la musique durera.
DANSE. DANSE TANT QUE LA MUSIQUE DURERA".


J'espère vous avoir donné envie de lire ce livre, dont l'écriture est exquise.
C'est fin, ca se mange sans faim.

J'ai fini "Les amants de Spoutnik"

??

J'ai peine à croire que c'est le même homme qui a écrit "la course au mouton sauvage"


L'écriture est évanescente, on reste suspendu aux mots.

Mais pour pas grand chose.

Où est l'habituelle poésie ? Le "décollage" qu'on attend toujours avec ce genre d'écrivain ?


Vraiment, on a l'impression d'avoir des personnages de papier, sans consistance...

Je les aurai oubliés demain.

Je suis déçue.

Ah ? ! J'avais bien aimé ce livre moi.