Fédor Dostoievski [Russie]

Nos éditions françaises comportent en préface des éclaircissements : chez GF Tzvetan Todorov éclaire les allusions ironiques de Dostoïevski à ses contemporains, ses "piques" à leurs systèmes de pensée.

A ceux qui présupposent un homme plus ou moins bon naturellement, il oppose sa nature méchante qu'il noircit à plaisir, exprès, comme il le dit, en italique, dans mon texte.

Oui, Amadak tu as raison. Quelle femme pourrait supporter les paroles méchantes et les humiliations qu'il lui adresse ?

Je crois que le souterrain, ou le sous-sol dont parle le titre, convient à la fois à sa position sociale de sous-fifre, et à la bassesse revendiquée de son âme, à son sentiment de culpabilité.

« Mes débauches se déroulaient dans la solitude, à la nuit en cachette, peureusement, seulement, avec un sentiment de honte qui ne me lâchait pas dans les moments les plus abjects où il atteignait même à la malédiction. Déjà à cette époque, mon âme portait en elle son souterrain »

Avec votre permission, je laisserai également mes impressions sur ce très grand petit livre, que j'ai lu avec bonheur à 18 ans et qui depuis ne me quitte jamais très longtemps. Globalement mon interprétation est assez proche de ce qu'écrit Ecaminade.

bien volontiers, Marxou ! pour moi ce livre est une excellente découverte.

En dehors de la problématique de Dostoïevski, il montre aussi que la haine de soi ne prédispose pas à l'amour d'autrui

@rotko

" la fin du récit me semble importante " également:

Citation :

"Il faudrait citer toute la page : le narrateur revendique de nous dire sa vérité, mais aussi à la nôtre, que la littérature ne dévoile pas, car elle n’atteint pas la « vie vivante ».
La littérature n’est pas vraie, et c’est pourquoi l’auteur décide, dans ses derniers mots, de « s’en tenir là » sur les "notes" de cet amateur de paradoxes.

Dostoïevski, qui ne croit pas à la naturelle bonté de l'homme, veut , en forçant le trait jusqu'à la caricature, nous montrer ce qu'est véritablement l'homme en nous plongeant dans le secret de son "sous-sol" . Et tous ses livres s'attacheront à nous faire voir l'homme, "cet homme de paradoxes" dans son infinie complexité ." L'homme est vaste " et l'auteur n'entend pas le "rétrécir" ( cf le dialogue avec le grand inquisiteur des Frères Karamazov ...).Son héros est un homme "vivant", contrairement à une certaine littérature qui présente "des espèces d'hommes universels imaginaires".
Dostoïevski désire, lui, écrire une littérature vraie, comme la "vie vivante" . Et c'est bien parce qu'il y a réussi que ses livres n'ont pas pris une ride, que "sa vérité" est toujours "la nôtre" !

J'en profite pour signaler "Dans le secret " le roman de Jérôme Ferrari , auteur que j'ai présenté sur un fil spécifique, qui se situe dans cette même perspective ( la filiation "dostoïevskienne" de cet auteur est dans ce livre particulièrement manifeste ).

Personnellement, j'ai lu le premier tome des Frères Karamazov.
Mais j'ai été incapable de terminer le 2e tome.

J'en avais marre.

Rien ne se passe, tout est lent... de la même trempe que Guerre et Paix de Tolstoi, que j'ai abandonné après 50 pages...

Mon épouse m'a conseillé de lire Crime et châtiment, je vais d'abord lire quelques autres livres, parce que la, j'ai été un peu dégouté de la littérature classique russe, qui m'avait pourtant plu en lisant Anna Karénine, qui est superbe!

Lis donc les carnets du sous-sol dont les commentaires sont au-dessus de ce post, ou le joueur : des récits courts et denses.

rotko a écrit:

Lis donc les carnets du sous-sol dont les commentaires sont au-dessus de ce post, ou le joueur : des récits courts et denses.

Et j'ai laissé plus haut quelques notes sur différentes nouvelles que j'ai lues récemment.

Le numero de mars 2010 du magazine littéraire est consacré à Dostoïevski, et le titre de la contribution de Pierre Assouline est tiré des carnets du sous-sol.

J’ai simplement poussé jusqu’à l’extrême limite, dans ma propre vie, ce que vous n’avez jamais osé pousser même à moitié

le double

Je ne l'ai pas encore terminé, je connais encore trop peu l'œuvre de Dostoïevski, à lire les quelques posts ce n'est évidemment pas le plus grand de ses livres.
Hormis tout cela, il a le mérite de décontenancer, de nous faire nous questionner.
On suit Goliadkine, fonctionnaire, une vie plutôt morne dont il se satisfait quand tout s'écroule, il rencontre son double.
Ce double, copie conforme de lui-même physiquement, pourrait être son pendant, il réussit partout où lui ne fait que vivoter, à l'aise avec tous, toujours là au bon moment, sachant presque mieux que Goliadkine lui-même où il va se trouver.
Fourbe, calculateur, manipulateur, faisant beaucoup de civilités aux uns et aux autres, Goliadkine enrage que les gens puissent le croire, mais l'ironie c'est que lui-même s'est laissé aller aux mêmes penchants.
La soirée chez Goliadkine est un régal à lire, un bijou de cynisme.

Bref, se pose très vite la question de savoir si cet autre est réel, est-on dans la folie ou dans un texte fantastique.

En même temps j'y vois une critique féroce des relations humaines.

cafeine a écrit:

le doubleEn même temps j'y vois une critique féroce des relations humaines.

... ce qui semble être assez général chez Dosto.

Oui... Je dois certainement enfoncer quelques portes ouvertes, mais je découvre cet auteur et ses marottes.
Je trouvais cela moins prégnant dans les possédés où le contexte historique, l'action prenait une grande part du récit.
Les personnages sont certes complexes, fouillés, humains !

Dans le double, en poussant un peu, peu importe l'histoire elle ne sert que de prétexte.

rotko a écrit:

bien volontiers, Marxou ! pour moi ce livre est une excellente découverte.

En dehors de la problématique de Dostoïevski, il montre aussi que la haine de soi ne prédispose pas à l'amour d'autrui

Je dois le prendre pour moi ?

Finalement pas trop le temps de développer mes impressions, période mouvementée. Je dirais juste : Fedor est un dieu (très constructif;))

Vous m'excuserez, je n'ai pas lu tous les messages qui me précède... Néanmoins, je viens de finir " les frères Karamazov " et je me posais une question (ATTENTION je vais spoiler alors si vous ne l'avez pas encore lu, ne lisez pas ma question, merci.)

Est ce que l'assassin est le frère illégitime des trois frères ? Ou est ce qu'on l'apprend ? Parce que j'ai lu que c'était le cas et je ne me rappelle pas que Dostoïevski y fasse référence dans le livre...

Je me suis procuré"Le songe d'un homme ridicule "et autres récits de Dostoievski. chez folio.

De genres divers, les sept récits réunis ici illustrent les multiples facettes de l'art de l'écrivain. Tantôt dramatiques, comiques, satiriques, psychologiques et fantastiques, ils résument l'idée de l'écrivain selon laquelle l'homme peut réaliser le paradis ici-bas.




Quatrième de couverture

Le Songe d'un homme ridicule Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils m'appellent fou. Ce serait un avancement en grade, si je n'étais pas resté pour eux tout aussi ridicule qu'auparavant. Mais à présent je ne leur en veux plus, à présent je les aime bien tous, et même quand ils rient de moi, même alors il y a quelque chose qui fait que je les chéris tout spécialement. Je rirais moi-même avec eux - non pour rire de moi, mais par tendresse pour eux - si je ne me sentais pas si triste en les regardant. Triste parce qu'il ne savent pas la Vérité, tandis que moi je sais la Vérité ! Oh, comme il est pénible d'être seul à savoir la Vérité ! Mais ils ne comprendront pas cela. Non, ils ne comprendront pas.

Je remonte ce fil car je viens de prendre connaissance d'un titre que je ne connaissais pas "La légende du grand inquisiteur" Vous l'avez lu ? Je l'ai trouvé en allant sur le site d'un éditeur que j'aime beaucoup L'insomniaque et la collection est A couteaux tirés. C'est un livre de 96 pages. • 100 x 150 • ISBN : 2-908744-32-5 • 3 € • Juillet 1999. S'il vous tente vous ne serez pas déçu par la qualité de l'impression et le format

Je vous cite l'extrait qui figure sur sa page

« La libre pensée, la science Les auront égarés dans de telles ténèbres
Et les auront mis en présence de tels prodiges,
De tels mystères insondables,
Que certains d’entre eux Ne connaissant plus de bornes à leur furie Se détruiront eux-mêmes.
D’autres, faibles mais déchaînés s’égorgeront mutuellement
D’autres encore, Foule lâche et misérable, Se traîneront à nos pieds en criant :
Sauvez-nous de nous mêmes ! »

Une découverte intéressante.

Spoiler:

Ne s'agit-il pas simplement d'un extrait des "frères Karamazov" ? Car la légende du grand Inquisiteur en fait partie, non ?

tiens c'est pas bête !! heureusement mes Dostoievski sont sortis des cartons je vérifie çà demain
néanmoins j'aime tellement l'insomniaque que çà me dirait bien de l'acheter chez eux même si je l'ai

Merci trotinet

trotinet a écrit:

Ne s'agit-il pas simplement d'un extrait des "frères Karamazov" ? Car la légende du grand Inquisiteur en fait partie, non ?

oui, car on, en parle ici, sur cette page.

je viens de terminer "le joueur".


On est tenu en haleine, jusque la dernière page.

On sait que jouer au casino peut devenir une drogue.On joue une 1° fois , on gagne, normal toujours la baraka. Mais après ...on gagne à nouveau donc on rejoue car gagné trop peu..oui mais on perd donc on veut retrouver l’argent perdu..
et quand comme Alexis on gagne une fortune on perd la tête..on se laisse embarquer dans des situations qu'on sait perdues d'avance comme avec Melle Blanche.
La grand-mère , femme de tête a perdu la tête et dépensé une fortune au casino.
on se dit avant de franchir le seuil du casino, si je gagne j'arrête.. IMPOSSIBLE
ce livre montre bien comment on devient esclave du jeu. Plus rien ne compte , famille..etc.seule la bille qui tourne..

Je considère toujours que j'ai aimé L'Idiot, alors que c'est un roman que je n'ai jamais fini. Pour ma défense, je le lisais pendant les vacances à une bibliothèque où je n'étais pas inscrite (évidemment, je n'habitais pas là) ; je suis même passé de la traduction française à l'anglaise... Je ne sais plus si c'est parce que quelqu'un a emprunté l'exemplaire en français, ou simplement parce que celle-ci ne me plaisait pas. Je la trouvais artificielle et ampoulée. En anglais, au contraire, je suis tout de suite entrée dans l'histoire.

Crime et châtiment, en revanche, je l'ai lu en entier (en anglais également) : c'est difficile de faire autrement. J'aime beaucoup le rôle de la religion chrétienne dans ce livre... très beau.

Et puisque je viens de poster dans le sujet sur Gombrowicz, il y a dans les premières pages de son journal une entrée qui dit : "Il pleut et il fait assez froid. En raison de quoi j'ai passé la journée à lire Les Frères Karamazov dans une édition magnifique, qui comprend également des lettres et des commentaires de Dostoïevski." (ma traduction)

Il faut décidément que je lise ce pavé.

Pour ceux qui sont tres interesses par tout ce qui touche a Dostoievski, il y a l'etude mene par Bakhtine qui est tres interessante. Elle est dans Mikhaïl Bakhtine - esthetique et theroie du roman . L'etude est a la fois base sur le formalisme russe mais aussi sur la dialogisme present dans l'oeuvre de Dostoievski. (Il y a une etude sur Rabelais tres interessante aussi dans le livre).

merci Mary, c'est gentil. J'aime Dostoievski

J'avais lu Le Joeur de lui, j'avais vraiment aimé. J'irai voir plus haut si vous en avez parlé.

les frères Karamazov, Discours sur Pouchkine, Le rêve de l'oncle, Crime et châtiments, l'idiot etc... j'ai commencé à le lire à l'adolescence, et puis j'ai continué, mais je suis loin d'avoir tout lu de son oeuvre !

j'ai crime et châtiment dans ma PAL. je ne sais pas pourquoi mais pour l'instant il me fait peur, j'ai l'impression qu'il va être compliqué pour moi.