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| | Fédor Dostoievski [Russie] | |
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Katitsya pilier
Nombre de messages : 132 Age : 31 Localisation : Sur la lune, avec Selene /// Date d'inscription : 13/03/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Ven 10 Avr 2009, 20:39 | |
| J'ai lu cette semaine mon premier Dostoïevski avec La Douce, et j'enchaîne à partir de ce soir avec L'éternel mari. Je savais qu'il avait écrit des pavés, comme Crime et Châtiment, mais je ne savais pas qu'il avait écrit des petits romans comme La Douce, que j'ai apprécié. | |
| | | whiterose pilier
Nombre de messages : 36 Age : 35 Date d'inscription : 20/07/2006
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Lun 20 Avr 2009, 09:18 | |
| J'ai termine il y a quelque temps "L'idiot", qui était assez long. J'ai bien aimé. Il règne dans ce roman une atmostphère un peu fantastique. Les personnages sont complexes, d'ailleurs j'ai eu parfois du mal à cerner quels étaient leurs réels sentiments, les uns envers les autres. | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Lun 20 Avr 2009, 09:48 | |
| - louiseattak a écrit:
- J'ai remarqué que souvent dans ces livres, on peut tirer une certaine moralité qui serait selon moi "l'amour sauve de tout",mais "le joueur" etant son roman le plus autobiographique , je ne crains que la morale de celui ci (plus humaine et réaliste du coup que toutes les autres), ne soit malheureusement : l'amour du jeu qui l'emporte sur l'amour d'une femme. Alors il finit certainement par tous craquer au casino, a vendre le peut qu'il lui reste son ame s'il faut, etourdi par le tourbillon de la roulette,abruti par un whisky sec!Qu'en penses tu?
Le Joueur est le seul livre de Dostoievski que j'ai lu. Et encore, c'est très récent (début d'année). Et je pensais qu'en fin de compte le joueur invétéré finissait tout de même par quitter Roulettembourg et tenter de rejoindre Paulina. Après une ultime séance de roulette, c'est vrai... | |
| | | Tom Scavo neophyte
Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 12/06/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Ven 12 Juin 2009, 10:47 | |
| Bonjour,
J'apprécie énormément Dostoïevski et je vous conseille la traduction d'André Markowicz qui est, je pense, la meilleure. La traduction est d'importance pour parvenir à la fin d'un de ces nombreux livres. Le joueur, livre magnifique de la folie de l'argent, et la blessure de l'amour. Dostoïevski reste pour moi un humaniste puissant et infini. Lire le souvenir de la maison des morts.. | |
| | | Marie kiss la joue Animation
Nombre de messages : 2576 Age : 36 Localisation : Rennes/Paris Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Ven 12 Juin 2009, 11:11 | |
| Bonjour Tom Scavo (Desperate Housewives en force ! ) Je suis bien d'accord avec toi, la traduction d'André Marcowicz est extra! Bon je ne parle absolument pas le russe mais je trouve que le texte français qu'il propose est vraiment remarquable...On ressent toute la nervosité et la folie des personnages. | |
| | | cleo pilier
Nombre de messages : 3890 Age : 40 Localisation : chez Jeanne........ Date d'inscription : 28/03/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Ven 12 Juin 2009, 11:22 | |
| Bonjour Tom Scavo (amateur de Desperate sans doute)
Je partage ton avis pour la qualité de la traduction d'André Markowicz. J'ai lu Le joueur cette semaine. Le traducteur dans l'édition Babel explique bien à la fin de l'ouvrage sa manière d'aborder une traduction. "Je me suis fixé un impératif: qu'on sente à chaque phrase la parole vivante, presque toujours familière, parfois vulgaire. Cela signifiait accepter des phrases inachevées, incohérentes, sachant que, là encore, l'idée est de Dostoïevski et qu'elle est capitale car ces cassures, ces sauts logiques définissent la structure même du livre."
En ce qui concerne Le joueur. Je suis vraiment admirative par la capacité de Dostoïevski à nous faire ressentir la folie du joueur. | |
| | | Tom Scavo neophyte
Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 12/06/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Ven 12 Juin 2009, 13:49 | |
| Oui, et c'est bien ce qui m'a frappé d'ailleurs. Je pense que la traduction de dostoïevski qui varie toutes les trentaines d'années, témoigne d'une évolution formidable dans l'incursion individuelle des personnages. Quand on voit dans les Frères Karamazov, la portée de la destinée, ce qu'il convient de faire ou non, c'est époustouflant. Je suis resté scotché sur les différents personnages Aliocha, Ivan et Dmitri. chacun a leur manière révèle une part de chacun de nous. Aliocha le naïf, pieux, mais (lucide et locace même quand il reste "de marbre" face à Lisa) Ivan, qui tombe dans une folie de l'innocence, et surtout le charisme, la majesté de Dmitri qui s'affirme quand bien même il est tiraillé par son père et Grouchenka.. J'ai une pensée pour Smerdiakov qui n'est pas réellement présent, donc situé au second plan, mais qui pour moi est un héros de l'individualisme. En lisant cet oeuvre, intéressez vous à chaques personnages et à leur relation. Concentrez vous sur Smerdiakov, car il est une clé du roman. | |
| | | Tom Scavo neophyte
Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 12/06/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Ven 12 Juin 2009, 13:54 | |
| Bonjour Cléo. A ce propos, c'est intéressant de voir ce que tu dis, parce dans la traduction de Markowicz, dans Le double, nous voyons que le traducteur a laissé une place à la volonté de l'auteur de figurer les cassures stylistiques, (qui témoignent de la folie du personnage..)
C'est vrai que c'est un peu rebutant, ou du moins on se sent balancé entre un personnage qui non-lucide s'exprime mal (et c'est voulu) puis une très bonne traduction. Ce balancement peut gêner alors c'est remarquable d'avoir fait cette note de traduction à la fin exliquant la manière dont est traduit l'oeuvre. | |
| | | cleo pilier
Nombre de messages : 3890 Age : 40 Localisation : chez Jeanne........ Date d'inscription : 28/03/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Mar 01 Sep 2009, 08:21 | |
| J'ai lu les Possédés (ou les démons). J'ai lu avec intérêt la critique d'un grain dans la page 2 du fil. C'est un livre très dense et parfois assez obscur. Je n'ai pas compris certains points mais peut être est-ce normal.... Les idéologies des personnages semblent souvent assez confuses. C'est aussi un roman à clef avec la caricature notamment de Tourgueniev en la personne de Karmazinov. J'ai vu qu'Albert Camus avait adapté le roman au théâtre. - Citation :
- Le 30 janvier 1959, Albert Camus termine d'adapter le roman de Dostoïevski pour le théâtre, projet venu à l'idée de l'auteur en octobre 1953. En 1955, lors d'une émission radiophonique en hommage à l'auteur russe, Camus déclarera avoir découvert le roman à l'âge de vingt ans. Il aura une influence notable sur l'œuvre de l'écrivain français : « L'ébranlement que j'en ai reçu dure encore, après vingt autres années ».
http://video.google.fr/videosearch?q=CAMUS+LES+POSSEDES&sourceid=navclient-ff&rlz=1B3GGGL_frFR307FR307&um=1&ie=UTF-8&ei=qOKcStr0LOSTjAe5hPnbDQ&sa=X&oi=video_result_group&ct=title&resnum=4# Il y a aussi une adaptation au cinéma que j'aimerais bien voir - Citation :
- * 1988 : Les Possédés, de Andrzej Wajda
avec Isabelle Huppert (Maria Chatov), Jean-Philippe Ecoffey (Piotr Verkhovenski), Lambert Wilson (Nicolaï Stavroguine), Bernard Blier (Le gouverneur), Philippine Leroy-Beaulieu (Lisa), Omar Sharif (Le professeur Stépane Verkhovenski), Laurent Malet (Kirilov), Wladimir Yordanoff (Lebiadkine)... Personnellement, j'ai beaucoup aimé la première réunion du groupe pré-révolutionnaire. J'ai retrouvé le grand désordre des AG étudiantes et l'absence de possibilité de donner un avis contraire. | |
| | | cleo pilier
Nombre de messages : 3890 Age : 40 Localisation : chez Jeanne........ Date d'inscription : 28/03/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Sam 03 Oct 2009, 19:56 | |
| Lilâ a écrit (dans les premières pages du fil) - Citation :
- Résumé : Etrange récit que Le Double, texte précoce dans la carrière de l'écrivain (sa parution date de 1846) où déjà se lisent toutes ses obsessions, et modèle de récit fantastique. Dostoïevski met là en scène de manière magistrale la présence inquiétante de l'autre, sans que jamais le lecteur parvienne à faire la part de la folie du héros ou de la bizarrerie du réel.
Le quotidien de Goliadkine, entre son appartement pétersbourgeois de la rue des Six-Boutiques et le ministère où il est fonctionnaire, se brouille peu à peu. Le héros ne cesse en effet de se sentir persécuté par une réplique identique de sa personne : son double le suit dans la rue, s'introduit dans son appartement, sur son lieu de travail, va jusqu'à manger à sa place au restaurant.. Intéressant mais très difficile à lire. J'ai abandonné. Je n'arrive pas à suivre l'histoire. C'est un livre assez curieux. Je le reprendrais peut être lors de mes prochaines vacances. Comme pour le Joueur , le traducteur, André Markowicz, nous livre un bon commentaire: - Citation :
- "Le flou caractérise aussi l'intrigue en tant que telle. Sommes-nous dans un roman fantastique ou un roman social? Ce double, existe-t-il? Finalement, que se passe-t-il? Et que s'est-il passé avant?....... Incapable de distinguer le vrai du faux, le lecteur, là encore, ressent un malaise. Mais le malaise se concentre dans la langue détraquée que D invente pour accompagner son héros" dans le malheur de sa "substitution" par cet autre lui-même."
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| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Sam 17 Oct 2009, 15:23 | |
| Difficile de poster sur Crime et châtiment en disant de nouvelles choses. Malgré tout, je peux dire que j'ai adoré cette lecture.
Le première chose qui ressort est le génie de Dostoïevski en ce qui concerne les dialogues et leur profondeur. A part le crime, les actions des personnages semblent avoir peu d'importance tant le langage apparaît essentiel au mécanisme diégétique. Le langage est aussi une porte d'entrée sur la psychologie des personnages, qui se révèle complexe.
Le cas Raskolnikov provoque une réaction ambiguë : impossible de ne pas détester le personnage, son cynisme et sa perversité, mais impossible également de ne pas être fasciné par cette noirceur malfaisante. Et la rédemption finale n'empêche pas cette impression négative... | |
| | | poeme pilier
Nombre de messages : 1290 Age : 50 Date d'inscription : 26/10/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Mer 28 Oct 2009, 18:57 | |
| moi j'ai lu cet auteur il y a longtemps ma grand mere polonaise adorait ce livre elle l'a d'ailleurs traduit du russe au polonais | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Mer 28 Oct 2009, 19:45 | |
| - poeme a écrit:
- moi j'ai lu cet auteur il y a longtemps ma grand mere polonaise adorait ce livre elle l'a d'ailleurs traduit du russe au polonais
Invite ta grand mère sur GDS*, elle doit avoir des choses interessantes à raconter | |
| | | poeme pilier
Nombre de messages : 1290 Age : 50 Date d'inscription : 26/10/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Mer 28 Oct 2009, 20:03 | |
| je voudrais bien mais elle est décédee je suis sure que ce genre de forum lui aurait plu elle adorait la litterature et les debats | |
| | | poeme pilier
Nombre de messages : 1290 Age : 50 Date d'inscription : 26/10/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Mer 28 Oct 2009, 20:04 | |
| et j'etais bete j'aurais du garder sa traduction mais sur le moment j' y ai pas pense | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Dim 01 Nov 2009, 17:01 | |
| Moi aussi je viens de relire Crime et châtiment.
Et je suis toujours époustouflée. Prince d'Aquitaine, tu dis au bar que tu as des cours sur cette oeuvre. On pourrait en avoir des extraits ou pas ? | |
| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Dim 01 Nov 2009, 17:34 | |
| Je peux même poster tous mes cours si ça t'intéresse, puisque je les copie sur PC. Je poste en spoiler, car sinon ce serait trop long. Le n° des pages renvoie à l'édition folio Gallimard. Les R renvoient à des flèches. - Spoiler:
Biographie
1839 : assassinat du père de Dostoïevski, dont l’œuvre comporte plusieurs parricides. 1842 : traduction d’Eugénie Grandet de Balzac, qui va influencer son écriture. 1846 : publication du Double, dont le thème est très présent chez l’auteur : idée que chacun a deux personnalités, que chacun est double. 1849 : Dostoïevski est condamné à mort, importance du simulacre de l’exécution. Il a failli mourir, mais une seconde vie lui est en quelque sorte offerte. Après le bagne, il devient davantage religieux. 1855 : Souvenir de la maison des morts, où il raconte ses années de bagne et décrit les personne qu’il a rencontrées. Chez Dostoïevki, on trouve un besoin de stress pour écrire, c’est quand il est ruiné qu’il écrit le plus (cf. les conditions de rédaction de Crime et châtiment). Activité de journaliste : il a une position conservatrice, réactionnaire, contrairement à sa position romanesque.
Histoire du roman et thématiques
Dostoïevski avait d’abord envisagé cette histoire sous la forme d’une nouvelle à la 1ère personne. Le passage à la 3ème personne marque une objectivation du texte. Il s’agit de sa première grande synthèse artistique après la Sibérie. Il fait la fusion d’un récit antérieur, Carnets du sous-sol, d’une trame d’un meurtre avec mobile idéologique et d’une idée de montrer une famille. Grand réalisme social dans la description des bas quartiers de St-Pétersbourg (ville fondée en 1710 sur d’anciens marécages de la Néva). Opposition dans la littérature russe entre Moscou (ville présente depuis le Moyen-Age) et Pétersbourg (ville très européenne dont les palais ont été construits d’après des architectes italiens). Psychologie dans la représentation des conflits moraux. Critique virulente de l’idéologie locale dominante : Dostoïevski s’en prend aux jeunes gens qui pensent pouvoir changer la société par la réflexion voire la violence ® dénonciation de l’idée du progrès social selon la conception rousseauiste : ce n’est pas le dessein de Dieu. Raskolnikov est un modèle de ce que dénonce Dostoïevski. D’ailleurs, son personnage est devenu un type littéraire mondialement connu : celui du jeune étudiant qui se fourvoie par l’application d’une idéologie. Les croyances de Raskolnikov sont celles que Dostoëivski a partagées pendant sa jeunesse, donc il veut mettre en garde contre des dérapages possibles. La naissance de Crime et châtiment est liée à l’épisode du bagne (cf. la fin du roman où Raskolnikov connaît la rédemption au bagne). Dostoïevski y avait rencontré un chef de bandits, qui assassinait froidement, qui avait une âme « napoléonienne » - Napoléon est une figure majeure du XIXe s. qui a fasciné ses contemporains. Il est la figure du triomphe individuel et de la volonté. Dostoïevski avait rencontré un autre personnage qui a été le modèle de Svidrigaïlov. Crime et châtiment est une conséquence créatrice des années en Sibérie. Les aveux de Raskolnikov viennent d’un terrible sentiment d’isolement du reste de la communauté humaine, du sentiment de ne plus appartenir à l’Humanité (acte qui va à l’encontre du 1er Commandement). Les aveux permettent de se réinsérer dans la communauté humaine. Le personnage de Marmeladov aurait pu avoir pour modèle le mari de la première femme de Dostoïevski. Rapports avec le réel : les faits-divers sont des crimes qui avaient été commis par des étudiants. Le personnage de « criminel intellectuel » fascine Dostoïevski depuis longtemps. En 1860, parution dans Le Temps d’une série d’articles consacrés à des criminels français célèbres. Dostoïevski s’intéresse au « côté obscur de l’âme humaine ». Le premier article est consacré à Lacenaire, une « personnalité phénoménale, énigmatique, effrayante, intéressante ». Question de la moralité : la moralité biblique est remplacée par une vision utilitaire ® à qui l’usurière est-elle utile? Cf. les philosophes anglais Bentham et Mill pour qui le but d’une société est à visée utilitaire. La démarche utilitaire consiste à faire en sorte que le bien-être individuel concoure au bien-être de tous. Pour Dostoïevski, c’est l’inverse; chacun, en pensant à son bien-être, oublie Dieu : cf. le personnage de Raskolnikov chez qui le mal ne semble pas exister. Dénonciation de l’utilitarisme avec l’allusion au Palais de cristal (architecture en cristal exposée en Angleterre vers 1850) caractéristique du progrès et de la modernité, et qui représente tout ce que Dostoïevski déteste (matérialisme…) - cf. le nom du cabaret où Raskolnikov rencontre Svidrigaïlov. Dostoïevski vise aussi les nihilistes, dont la doctrine encourage l’élite à transgresser les règles au nom du progrès. Rapports avec la structure du Père Goriot, notamment avec l’apologue du mandarin chinois : Vautrin demande à Rastignac s’il accepterait de tuer un mandarin chinois pour que sa fortune soit assurée, puis lui propose de tuer le frère de la femme qu’aime Rastignac pour que ce soit elle qui hérite. Un autre texte qui va l’influencer est La Dame de pique de Pouchkine. Dostoïevski a renoncer à la nouvelle car le personnage a fortement évolué. Il va être racheté en quelque sorte par Sonia. Au fur et à mesure, Raskolnikov va se rendre compte que son motif originel (faire le mal pour faire le bien) était un motif égoïste ® le roman comme développement moral. Dostoïevski a besoin du crime pour impliquer Raskolnikov dans un mécanisme de rédemption (comme chez Camus). Chez Faulkner et Jelinek, le crime conserve une part de mystère. Note de Dostoïevski : « orgueil, personnalité, arrogance ». Le passage de la 1ère à la 3ème personne va associer au narrateur le point de vue du protagoniste, ce qui va susciter la sympathie du lecteur, même s’il conserve parallèlement le point de vue externe.
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| | | poeme pilier
Nombre de messages : 1290 Age : 50 Date d'inscription : 26/10/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Dim 01 Nov 2009, 17:39 | |
| merci le prince moi ca m'interesse aussi | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Dim 01 Nov 2009, 17:39 | |
| Waow ! T'es super ! J'ai cette édition. Moi qui n'ai pas fait des études de lettres, je suis heureuse de lire les commentaires de spécialistes. Si ça ne te dérange pas... | |
| | | poeme pilier
Nombre de messages : 1290 Age : 50 Date d'inscription : 26/10/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Dim 01 Nov 2009, 17:45 | |
| crevette tu lis pour le plaisir alors? | |
| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Dim 01 Nov 2009, 19:51 | |
| Pas de problème Voici la suite - Spoiler:
Multiplicité des points de vue
Crime et châtiment est le deuxième long roman publié par Dostoïevski après son retour de Sibérie (après Humiliés et offensés). Le livre est marqué par l’influence du roman-feuilleton (Dickens, Balzac) qui implique le fait qu’il existe une intrigue centrale qui tourne autour d’un mystère. Importance de la ville. Dostoïevski se penche sur les bas-fonds de Pétersbourg (cf. « Tableaux parisiens » de Baudelaire). Autre thème : le provincial qui vient chercher fortune en ville et qui se laisse corrompre par elle (Gogol, Balzac). Pour Raskolnikov, c’est une tentative du nihilisme, et non pas la tentation d’intégrer la haute société comme Rastignac ou Sorel. Crime et châtiment va développer les conséquences morales sur le meurtrier. Raskolnikov va en quelque sorte intérioriser la marque de Caïn. Les autres composantes du roman vont s’intégrer autour du dilemme de Raskolnikov : comment réintégrer la société? En passant par le châtiment; cf. dans le titre l’importance du « et » : le crime est suivi du châtiment. Les autres personnages sont comme des réflecteurs obliques et des commentaires thématiques au meurtre de Raskolnikov (pas de détail inutile). Le roman est construit dans un climat idéologique passionné, celui de la Russie. Dans Raskolnikov, « raskol » = adepte d’une secte non-conformiste # « razoum » = raison ® les personnages ne sont pas loin de l’allégorie. Dans une lettre à un ami éditeur, Dostoïevski écrit : « Mon sujet témoigne de notre temps »; le cas Raskolnikov est en prise directe avec la réalité de l’époque. Volonté de lutter contre le nihilisme. Pour un critique de l’époque, les livres de Dostoïevski sont des « tragédies romanesques ». Pour les nihilistes, il faut abolir l’émotion au profit de la raison, ce que Dostoïevski va dénoncer : son personnage va être pris en contradiction avec sa bonté naturelle. Chaque personnage du roman forme un quasi-double de Raskolnikov, ils représentent les différents côtés de sa personnalité. Raskolnikov intègre tous les personnages ® dialoguisme du roman. Proximité avec le roman noir : dans le roman noir, un individu commet un meurtre au début du récit, récit montrant les conséquences de cet acte. Dans Crime et châtiment, véritable interrogation sur els motivations du meurtrier, qu’il ne comprend pas lui-même. En menant l’enquête sur lui-même, il découvre qu’il a tué uniquement pour tester sa propre force.
Structure du récit
Le roman débute deux jours et demi avant le crime, et s’étale sur deux semaines. Le temps est perçu selon la conscience de Raskolnikov. On a une juxtaposition d’événements à des moments différents, certains rapports sont établis sans qu’il y ait une intrusion du narrateur; la temporalité est fluide. Il ne faut pas confondre la structure temporelle du roman et la structure temporelle de Raskolnikov. Le chapitre d’exposition a pour thème le conflit interne de Raskolnikov. Il a élaboré un plan depuis six semaines, s’intéresse à l’injustice. On a une description de Pétersbourg où règnent la détresse et la misère; les rues sont pleines de tavernes, de maisons closes et d’ivrognes. Raskolnikov n’est pas séparable des arrières-cours de Pétersbourg. La quartier sordide où vit Raskolnikov ancre la fonction socio-humanitaire du meurtre (« une mort et cent vies en retour »). Mobile intime : lettre de sa mère sur les fiançailles de la sœur de Raskolnikov ® par le crime, sa sœur pourrait échapper à la bourgeoisie que représente l’homme qui doit épouser sa sœur. Souffrance d’une conscience en lutte contre elle-même. Puis on a le rêve (nombreux rêves chez Dostoïevski, sorte de précurseur de Freud qui lui consacrera un livre) du paysan et de la jument qui marque la présence du mal (Dostoïevski est obsédé par la question du mal). Le rêve correspond à un épisode réel de la vie de Dostoïevski. Le petit garçon du rêve est pris de compassion pour la jument, mais Raskolnikov se trouve dans la position du paysan (notamment vis-à-vis de Lizaveta). Personnage clivé entre sa sensibilité et ses actes, il a momentanément perdu sa morale, il est sous l’influence d’idées radicales qui l’ont influencé six mois auparavant et qui l’ont mené à la rédaction de article où il distingue deux sortes d’hommes. Cinq mois après, première visite à l’usurière, puis taverne (discussion étudiant/Ilia Petrovich). Emergence du projet (idée du poussin qui naît, et de l’image qui grandit en lui malgré lui). Raskolnikov ne peut maîtriser sa conscience. Après le meurtre, la haine de soi va se transformer en haine des autres. Importance du rôle du hasard (quand Raskolnikov apprend que l’usurière sera seule le lendemain). Question du libre-arbitre : à tout moment, Raskolnikov pourrait renoncer à son projet (Dostoïevski est celui qui insiste le plus sur ce point parmi les textes du corpus), mais nécessité littéraire (besoin du crime pour arriver à la rédemption). Même si au départ la décision volontaire et rationnelle de Raskolnikov est dirigée par des pulsions. La deuxième partie va des suites immédiates du crime à l’arrivée de Raskolnikov à Pétersbourg. Sentiment de solitude. Son malaise au commissariat éveille les soupçons. Sa visite à Razoumikhine augmente sa solitude. Trois jours de délire, il est réveillé par Razoumikhine et Zossimov. Son projet d’épouser la fille de la logeuse est une sorte de sacrifice. Arrivée du juge Porphyre qui va servir d’accoucheur à Raskolnikov, il va l’amener à dire la vérité. Il n’est pas seulement rationnel, mais aussi profondément humain, il devine la psychologie. Svidrigaïlov semble sortir de l’inconscient de Raskolnikov et fonctionner comme une sorte de double. Comparaison avec Byron. Il se suicide (geste qui aurait pu être commis par raskolnikov s’il n’avait pas rencontrer Sonia). Sonia va offrir à Raskolnikov l’image de l’amour chrétien (la lecture de l’épisode de Lazare montre que Raskolnikov n’est pas totalement mort, qu’il peut retourner à la vie). Sonia est comme une image de Marie-Madeleine, c’est la femme la plus humble qui va aider. Sonia est la seule à qui Raskolnikov peut dire la vérité puisqu’elle est déjà mise au ban de la société. Conflit entre l’amour chrétien (Sonia) et le contemporain dans sa partie éthique utilitaire (Loujine avec sa doctrine utilitariste). Les scènes entre Raskolnikov et Sonia alternent avec celles entre Raskolnikov et Porphyre (qui ne le juge pas moralement même s’il est persuadé de sa culpabilité). Le but du juge est de fragiliser Raskolnikov. Le peintre Nikolaï pose la question de l’aveu, espèce de rebondissement qui fragilise la position de Porphyre. Le peintre Nikolaï a choisi d’endosser la souffrance par mysticisme, comme s’il endossait la souffrance du Christ. A ce moment-là, Raskolnikov semble assez heureux de ce hasard qui le disculpe. L’explication de Raskolnikov à Sonia montre qu’il essaye de se comprendre lui-même : p.481 : il a voulu tuer pour lui-même mais il refuse de se rendre à la justice. La cinquième partie montre le repas organisé par Katherina Ivanovna. Raskolnikov est pris entre le personnage de Svidrigaïlov (qui incarne le mal, la perversion) et Sonia (personnage angélique). Porphyre est quelque un de noble et attribue le crime à l’époque elle-même (p.479). Ce crime rend compte de la mauvaiseté d’une époque toute entière. La cible de Dostoïevski est la vision un peu rapide de la philosophie politique anglaise du XVIIIe-début XIXe s. qui postule que chaque homme s’occupe de son propre destin en s’avantageant; ce qui ferait avancer la société ce sont des philosophes anglais comme Adam Smith, Sturat Mill avec leur doctrine utilitariste mais disproportion de Dostoïevski qui l’extrapole, l’exagère et à partir aussi de la légende de Napoléon, homme au-dessus des règles morales qui régissent les hommes. Mais l’homme n’est pas une machine utilitaire; pour Dostoïevski, ce n’est pas vrai que l’homme puisse améliorer la société en s’occupant de lui-même. Raskolnikov va voir Sonia pour qu’elle lui donne la croix de Lizaveta. La place aux foires est le centre de la ville marchande de Pétersbourg; Raskolnikov baise le sol de cette place car il va se rendre. L’épilogue se passe un an et demi après le meurtre. Raskolnikov est depuis 9 mois en Sibérie et on revient sur le procès et l’accès de folie qui a été le sien. « Raskolnikov ne ressemblait pas totalement à un assassin, il y avait quelque chose d’autre. » Doctrine de cette pathologie sociale.
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| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Lun 02 Nov 2009, 12:02 | |
| - Prince d'Aquitaine a écrit:
D'ailleurs, je poste ceux sur Crime et châtiment sur le fil de Dostoïevski; pour ceux que ça intéresse... Merci à toi, car je viens de tout lire scrupuleusement. J'ai toujours pensé que la littérature Russe était la littérature de la conscience (je ne sais pas m'expliquer autrement). Et je retiens cette idée au détour de ton texte : le héros ne semble pas affecté par le mal. Je crois que le mal (dépouillé) est vraiment symbolisé par la scène de massacre du cheval, difficile à lire sans une vive émotion car elle est d'une rare intensité. Si on pose le mal comme suit : gratuit, sans contrepartie, sans limites, sans "justification". L'horreur du crime de la vieille est gommée par l'auteur. Car enfin, il y va à la hache et ça aurait pu être spectaculaire visuellement. Eh ben, non. Comme si ce crime était immédiatement intellectualisé. C'est assez déroutant. Une "oeuvre-parabole" remplie de centaines de paraboles. | |
| | | poeme pilier
Nombre de messages : 1290 Age : 50 Date d'inscription : 26/10/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Lun 02 Nov 2009, 12:17 | |
| tu n'as pas vu ma question crevette je te demandais si tu lisais pour le plaisir? au fait bonjour crevette et le prince | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Lun 02 Nov 2009, 12:44 | |
| Ah ! Oui, en effet, je n'ai rien vu ! Pourquoi lire ? Pour vivre 1000 vies, sans doute... Vivre toutes les situations, toutes les émotions, toutes les tragédies, toutes les exaltations... Bref, pour s'élever ! | |
| | | poeme pilier
Nombre de messages : 1290 Age : 50 Date d'inscription : 26/10/2009
| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] Lun 02 Nov 2009, 12:57 | |
| oui c'est vrai rien de tel que les livres comme moyen d'evasion je posais cette question car certains lisent pour leurs etudes | |
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| Sujet: Re: Fédor Dostoievski [Russie] | |
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