Gontcharov [Russie]

J’aimerais savoir si quelqu’un d’entre vous a lu ce classique de la littérature russe.

J’avoue que le résumé m’a beaucoup tenté mais que la lecture m’a légèrement déçu. Je m’attendais à trouver une « version longue » du génial Bartleby de Melville mais je me suis perdu dans ce récit fleuve qui certes retranscrit bien le mode de vie russe du XIXe mais dont le rythme narratif est assez pesant.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le sujet :
Oblomov est un propriétaire terrien russe pour qui le moindre effort équivaut à soulever une montagne, qui reste en robe de chambre à longueur de journée et se fait servir par le dévoué Zakhar (personnage vraiment intéressant). Que lui importe si ses terres sont bien gérées, si ses meubles sont bien choisis et si ses études lui ont servi à quelque chose.
« [Il] parvint à la conclusion que l’horizon de son activité devait se limiter strictement à sa personne ». Ainsi il se coupe de toute vie sociale. Les rares amis qui viennent lui rendre visite le trouvent allongé et se voient refuser toute invitation à sortir dans le monde.
De plus, les soucis d’Oblomov s’accumulent. Il doit quitter son loyer car son propriétaire veut récupérer les lieux et il lui faut aller inspecter ses terres pour en observer la mauvaise gestion. Obstacles insurmontables !
Un jour Oblomov rencontre Olga et sa vie tout entière s’en trouve bouleversée. S’ouvre alors un véritable roman sentimental. Cet amour parviendra-t-il a le tirer de son apathie ?
Je ne dirais pas que ce livre ne m’a pas intéressé mais je n’y ai pas retrouvé la magie d’autres auteurs russes comme Dostoievski.

Des avis ?

Losfeld
http://aucarrefouretrange.blogspot.com/

Je n´ai pas lu Oblomov, mais j´ai envie de le lire. Les écrivains russes m´attirent beaucoup. Je trouve la litterature russe du XIX vraiment charmante. Crime et chatiment a été pour moi, par exemple, une révélation en mon adolescence. J´aime beaucoup Chekhov aussi. En fait, si j´étais écrivain j´aimairais écrire les choses qui a écrit Chekhov. Ça ne veut pas dire que Chekhov soit un écrivain génial pour moi, mais il est un écrivain qu´on aime beaucoup, un écrivain qui me touche. Quand je vois un bouleau et son écorce blanche je pense à Chekhov, à les bois russes, à la neige...
Tolstoi est comme un Dieu..., etc. Est-ce que tu connais l´essai de Nabokov sur la littérature russe? Très bon.
Je lirai Oblomov.

Tu me diras ce que tu en as pensé quand tu l'auras terminé, je suis curieux de savoir.
Je n'ai pas encore lu les essais de Nabokov, mais j'y penserai!

J'ai donc lu Oblomov...
Je ne vais pas refaire un résumé de l'histoire, losfeld l'ayant déjà fait.... La meilleure partie de ce roman est, je trouve, la première, basée sur un système de répétition et un comique de l'absurde qu'a posteriori on peut rapprocher de l'humour de Beckett, par exemple. Oblomov reçoit en effet toute une série de visites, pour lesquelles chaque visiteur l'exhortera à sortir de chez lui; mais rien n'y fait, et Oblomov se complait dans sa léthargie.
Olga, une jeune fille d'une vingtaine d'années, semble en effet la seule à pouvoir sortir le héros (enfin, anti-héro, plutôt) de sa torpeur; dès l'instant où il la rencontre, dans une soirée où on l'a presque traîné de force Oblomov), il ne cessera de penser à elle...La vie d'Oblomov semble enfin avoir un sens, puisqu'une issue heureuse semble possible. Mais hélas, ce mariage envisagé par Olga, avortera lui aussi, comme tous les autres semi-projets d'Oblomov. Celui-ci préfèrera épouser sa nouvelle logeuse, qui lui fait sans doute envisager une vie plus calme, puisqu'à partir de ce moment, il n'au même plus à s'occuper de l'entretien de sa maison.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, le perosnnage d'Oblomov est très touchant, par certains aspects, il ressemble énormément à l'homme moderne (on s'en aperçoit non sans effroi, d'ailleurs). J'ai aimé le ton posé de ses répliques et ses interrogations, telles que Pourquoi vivre dans une agitation perpétuelle, plutôt que de profiter, de manière la plus passive possible, de l'existence ?
Oblomov existe, mais ne vit pas.

A propos d'Oblomov. Il y a des gens qui trouvent une certaine ressemblance entre Oblomov, Zeno (Italo Svevo), Rabbit (Updyke)... Vous pouvez aussi voir un tres bon film par Milhalkov "Oblomov".
Veuillez excuser mes fautes en francais: je suis russe (moscovite) et j'ai peu de pratice en francais.
L'opinion des lecteurs francais sur les ecrivains russes m'interessent beaucoup - surtout sur Chekhov et Tolstoy.

Tu es le bienvenu, Gurov, et ne t'inquiéte pas : nous regardons tes messages avec le plus grand intérêt, et tu nous fais plaisir en nous rendant visite.

Tout ce que tu peux nous apprendre sur les auteurs russes, nous le dévorerons avec gourmandise.

Personnellement je ne regrette qu'une chose : avoir peu de temps pour les romans russes qui sont souvent très longs (ceux du XIXe surtout)

je ne cherche qu'une occasion pour relire les pièces de Chekhov

Merci de votre acqueil aimable.
Sur le sujet de la longueur des romans russes du 19me siecle: C'est oui, je trouve "Oblomov" un peu trop lent, moi aussi. D'ailleurs, il faut noter que les traductions font les textes etrangers plus longs (au moins, psychologiquement) qu'ils n'etaient dans leurs versions originelles. Par example, "Le rouge et le noir" en russe me semble un roman long (mais TOUT-A-FAIT GENIAL!), et quand je le lis en francais, c'est aussi genial, mais ressemble a un pamphlet par son brievete.
A vrais dire, la longeur des romans et le declin de cette forme litteraire - ca se sentait deja vers la fin du 19-me siecle, et s'est pourquoi le dernier genie litteraire russe - Tchekhov - n'ecrivais pas les romans. (Il disait comme ca: "En Russie ce sont les nobles qui pouvaient ecrire les romans").
Mais, de l'autre cote, si un vieu roman est bon, peu-etre, ce n'est pas mauvais s'il est long aussi? Un american me disait: "La seule mauvaise chose liee a "La guerre et la paix" est que ce roman finalement touche a sa fin".
Encore un mot a propos de Gontcharov: il a ecrit un charmant petit roman (ou longue nouvelle) "Une histoire ordinaire".
Et, enfin, pour les amateurs de la litterature russe: je ne connais qu'un seul ecrivain russe contemporain (les annees 60-70) qu'on peut comparer aux genies du 19-me siecle: Choukchine.

Bienvenue à toi Gurov ! Tu te débrouilles plutôt bien en français et on lira tes messages avec plaisir !
A propos de la longueur des romans russes il y a quelques exceptions qui attendent sagement dans ma bibliothèque : La fille du capitaine de Pouchkine et Les pauvres gens de Dostoïevski, entre autres.

J'avais aimé Oblomov lorsque je l'avais lu. C'est aussi un roman sur les moeurs bourgeoises et la décadence, le temps qu'ils laissent filer avec ennui et désabusement; ironique et féroce parfois, désechanté.
Pour Gurov С НОВЫМ ГОДОМ

Ce que j'aime bien dans Oblomov c'est son valet, Zakhar.
C'est vraiment une très bonne idée de lecture.
Il est vrai que le livre est un peu long sur la fin mais c'est aussi ce qui en fait son charme.

Oblomov

Un livre que j'ai trouvé bouleversant, car à travers l'humour et l'ironie, il touche à l'universel : que faire de nos tristes vies ?

Se perdre dans l'action ?

Ou rester couché et attendre ?

Je ne peux pas résumer toutes les considérations générales impliquées par ce livre. Certains ont évoqué le nihilisme, d'autres l'oblomovisme. Qui est une posture philosophique face à la vie.

J'ai adoré cet ouvrage émouvant, remuant, très moderne aussi et très vivant. Il va au-delà des certitudes.

Des personnages attachants, de nombreux dialogues et situations cocasses. Du sentiment, de la bonté (Oblomov est profondément pur au point d'être heureux pour les autres et de se retirer du grand théâtre qu'est l'existence ; il nous touche beaucoup).

Une vision en boucle fermée de la vie, de la part d'Oblomov, qui passe à côté de sa vie comme il passe à côté de l'amour, mais pourtant on s'interroge : a t-il vraiment tort ?

J'ajoute une immense finesse psychologique pour traiter les rapports humains : amitié / amour ou sociaux (comme le maître et son génial serviteur).


Je l'ai fini ce jour.


Il me manque déjà.

Pour ceux qui ne connaissent, à lire sans délai.

J'ai presque fini Oblomov. C'est une sympathique lecture. Je trouve aussi que la première partie est la mieux réussie mais il y a aussi beaucoup d'humour quand le héros se débat avec sa propre nature pour essayer de garder sa fiancée. Donc un bon roman mais pas le chef d'oeuvre annoncé par les grands de litterature Russe (Tolstoi, Dosto'....).

La préface donne un bon aperçu du livre :

Citation :

"Si vous n'aimez pas les larges fleuves qui se prélassent paresseusement dans leurs lits confortables, ni les vastes demeures russes du siècle passé avec leurs pièces innombrables, leurs recoins, leurs celliers frais où fermente le kvas et où les cornichons parfumés à l'aneth macèrent dans leur saumure non loin des chapelets de champignons séchés, leurs cuisines mystérieuses....
si vous n'avez pas l’œil flamand et ne savez pas goûter la paresse du bien être et de la sieste du plein été, si vous préférez au contraire le torrent de l'action, le roman engagé ou nerveux, les aventures étourdissantes, et montrez peu de prédilection pour Flaubert et les explorateurs de l'âme humaine, alors n'ouvrez pas ce livre."

Citation :

Des personnages attachants, de nombreux dialogues et situations cocasses. Du sentiment, de la bonté (Oblomov est profondément pur au point d'être heureux pour les autres et de se retirer du grand théâtre qu'est l'existence ; il nous touche beaucoup).

Une vision en boucle fermée de la vie, de la part d'Oblomov, qui passe à côté de sa vie comme il passe à côté de l'amour, mais pourtant on s'interroge : a t-il vraiment tort ?

J'ajoute une immense finesse psychologique pour traiter les rapports humains : amitié / amour ou sociaux (comme le maître et son génial serviteur).

Je suis d'accord.

je n'ai pas lu le livre, mais j'ai vu un film "trois jours dans la vie d'Oblomov" dans un cinéma où l'on passait des films Russes. C'est sûrement inspiré dans le livre; Un film excellent,j'ai oublié beaucoup,et j'en ai vu d'autres de véritables chef-d'oeuvres; la plupart des films étaient des pièces de thèâtre transformées en cinéma: j'ai une dans la tête , deux personnages seulement, j'ai malheuresement oublié le titre, j'avais vu la pièce, et après le film, les deux versions exemplaires, Je me rappelle le nom !!!
"SANS TËMOINS" Après des années je m'en souviens encore.

Au risque de répéter ce qui a déjà été dit, je l'ai trouvé incroyablement touchant, en vérité. J'ai pleuré tout le temps, de rire, de tristesse, de désespoir, alors que le personnage ne se décidait pas à bouger. On enrage de sa paresse, de cette apathie. Le lecteur est poussé, selon moi, à s'identifier au meilleur ami d'Oblomov, l'allemand Chtoltz, vivant, plein de vie, qui cherche à ranimer en son ami une quelconque flamme...

Le grand atout de ce livre, et de cet auteur en général, est la multitude de dialogues. Les personnages sont si profonds, tout en évitant les descriptions balzaciennes, et si proches de nous !

Les attitudes humaines sont assez réalistes, dans le sens où tout ne nous est pas donné. On ne sait jamais qui a vraiment aimé Olga, ce qu'elle a ressenti. Personnellement, je l'ai trouvé assez fausse dans ses deux passions, mais quoi qu'il en soit, elle les a vécues, pour elle elles sont sans doute vraies, mais je la trouve assez égoïste et ne voulant que s'élever. D'autres la verront peut-être autrement. Les personnages sont si vivants, que, justement chacun y retrouve une partie de lui-même, et ne se trouve pas face à des stéréotypes.

Quelque part, le roman retrace assez bien l'esprit russe. Cette sorte de langueur, ce fatalisme qui englue toute la mentalité, toutes les attitudes, et en même temps la joie de vivre, la force créatrice qui est représentée par Chtoltz.

Si cet auteur vous intéresse, il y a aussi le Ravin, que je conseille si l'on a apprécié Oblomov, il est beaucoup plus long, peut-être un poil lent, mais très très touchant. L'intrigue tourne surtout autour d'un artiste qui ne peut pas se réaliser. En effet, comme le dirait Zweig, un artiste n'est artiste que dans le moment de création... et l'artiste en question ne crée jamais, ne fait jamais rien... Mélancolique, ennuyé sans cesse, recherchant la passion et l'intensité.

Diagonale, tu me donnes envie de lire Le Ravin vu ce que tu dis ! Seul bémol, après une courte recherche sur google, je n'ai pas trouvé l’œuvre en question. Elle n'a pas dû être rééditée depuis un bail...

Goldmund a écrit:

Diagonale, tu me donnes envie de lire Le Ravin vu ce que tu dis ! Seul bémol, après une courte recherche sur google, je n'ai pas trouvé l’œuvre en question. Elle n'a pas dû être rééditée depuis un bail...

Je l'ai lu en russe dans une très vieille édition :/, mais il existe sur Wikipédia, malgré le fait qu'il n'y ai pas d'article précisément pour ce roman

Excellents commentaires et merci pour l'avis de chercher sur Wikipédia. Tu ne connais pas l'auteur de cette pièce, un auteur Russe, il a abouti au cinéma, un film inoubliable, deux personnages eulement; Ici dans mon pays en espagnol il portait le titre de "Sin Testigos" fidèle traduction "Sans Témoins"
si j'ai la chance qu'un autre participant le connaisse, j'aimerais son commentaire et auteur.

Amadak a écrit:

Excellents commentaires et merci pour l'avis de chercher sur Wikipédia. Tu ne connais pas l'auteur de cette pièce, un auteur Russe, il a abouti au cinéma, un film inoubliable, deux personnages seulement; Ici dans mon pays en espagnol il portait le titre de "Sin Testigos" fidèle traduction "Sans Témoins"
si j'ai la chance qu'un autre participant le connaisse, j'aimerais son commentaire et auteur.

Sans témoin

Générique : URSS, 1983, 95 min.; titre original: Bez svideteliei ; réalisateur : Nikita Mikhalkov ; acteurs : Irina Kouptchenko, Mikhail Oulianov

Une femme est effrayée par l’intrusion inopinée d’un homme dans son appartement. En fait, ces deux êtres sont séparés depuis 9 ans. L’homme, d’évocations nostalgiques en vaines tentatives de séduction, opère un dernier chantage pour retrouver celle qu’il a perdue.
Mikhalkov définit son œuvre comme une histoire banale, dont la tension augmente inexorablement jusqu’à son éclatement. Un récit didactique porté par deux acteurs magnifiques. Une sorte de psychothérapie à but précis : mettre sous la loupe la complexité des relations humaines.

merci Rotko, tu me rends un grand service. Est-ce que je pourrais obtenir le livre?

Le sujet ´était ; un professeur d’université pour accéder à un niveau scientifique supérieur, quitte sa compagne, même en l’aimant, pour se marier avec la fille de l’homme le plus important de l’université. Mais c’est un mariage de convenance pour arriver, avec le soutien de son beau-père à être renommé dans le milieu scientifique.
Il regrette corps et âme celle qu’il a quitté, Un dialogue entre les deux, sans témoin est déchirant ; Lui il vit dans la richesse , la table toujours bien servie, les meilleurs plats à sa disposition ,et à un moment donné ,il crie : je rêve de tes boulettes de viande !! Il est malheureux, il a payé trop cher sa réussite.
évidemment elle ne le pardonne pas.