Pascal Quignard

troglodyte a écrit:

Merci Coline t'es la :queen: .

Je crois que j'ai oublié de donner le titre du livre de Quignard qui va sortir prochainement: "Villa Amalia"

Question aux spécialistes de Pascal Quignard: pourriez-vous m'indiquer dans quels livres il évoque tout particulièrement les grottes...sujet qui m'intéresse tout spécialement...

je vais peut-être dire des bêtises, mais je chercherais du côté du dernier royaume, titre qui couvre les ombres errantes, sur le jadis, abîmes en privilégiant les deux derniers : jadis et Abîmes.

Et bien moi j'ai acheté mon premier Quignard par votre faute
en double exemplaire en plus pour povoir l'offrir sous les bons conseils de Colbrune.
Je me suis procuré Le nom sur le Bout de la langue
Je vous en donnerai mon avis très bientôt...

rotko a écrit:

je vais peut-être dire des bêtises, mais je chercherais du côté du dernier royaume, titre qui couvre les ombres errantes, sur le jadis, abîmes en privilégiant les deux derniers : jadis et Abîmes.

Merci Rotko.

Troglodyte, Arte et la Cinquième (ou la 5 ????) se partagent effectivement le même canal hertzien. Sur le satellite, ce sont 2 chaînes différenciées.
Sur la TNT.... je n'en sais rien

J'ai loupé l'émission avec Quignard. Beaucoup trop tard pour moi, la rediff je ne serais pas non plus devant mon poste.... et je ne sais pas me servir de mon magnétoscope

Colbrune rectifie mes propos sur pascal quignard et "les grottes". Il en parlerait dans deux autres livres du "dernier royaume" : "paradisiaques" et "sordidissimes";
Par ailleurs le thème des grottes serait recurrent chez lui et prendrait différentes formes, y compris celui de la vie intra-uterine. Dans les "carnets", le thème serait aussi abordé.
Coline a donc de quoi se mettre sous la dent :-)

Le nom sur le bout de la langue

C’est par ce merveilleux conte que commence le livre de Pascal Quignard . Un délice à lire ce conte…Vous en avez parlé, je n’y reviens donc pas.

Ce qui suit est moins limpide, plus ardu, demande plus de temps…Un ralentissement de la lecture devient nécessaire : à la fois pour saisir le sens de chaque mot à l’intérieur de phrases souvent assez complexes…et aussi pour accorder le temps de la réflexion sur le message. C’est en tout cas comme cela que je l’ai lu.

Pascal quignard part d’un touchant souvenir autobiographique : l’image de sa propre mère, cherchant un mot qu’elle a « sur le bout de la langue »…La fixité du regard alors perdu de sa mère, tétanisée, masquée, crispée sur sa recherche, absente.
Puis Pascal Quignard aborde alors le sujet essentiel de cet ouvrage dans un « Petit traité sur Méduse » car « Méduse est l’unique déesse dont le masque est celui de la face humaine…féminine, vue de face, bouche grande ouverte…Le masque hurle pour ne pas rejoindre la tête creuse, la tête désertée du regard, immobile, écharnée, silencieuse des têtes sans visages. Les têtes sans visage, ce sont les morts. »

Le sujet de l’ouvrage c’est celui-ci :
« Qu’un mot puisse être perdu, cela veut dire : la langue n’est pas nous-mêmes. Que la langue en nous est acquise, cela veut dire : nous pouvons connaître son abandon. Que nous puissions être sujets à son abandon, cela veut dire que tout le langage peut refluer sur le bout de la langue. Cela veut dire que nous pouvons rejoindre l’étable ou la jungle ou l’avant-enfance ou la mort. »

Mais d’où vient le langage ?...

Et Quignard fouille son propre « jadis »…disant : « J’ai la mémoire de ce dont je ne me souviens pas. »…disant ce qui l’a jeté pour écrire « sur les rives de Rome, dans les ruines d’Ur, dans les grottes les plus anciennes aux parois silencieuses et graffitées »… Ecrire « pour survivre »…Ecrire « parce que c’était la seule façon de parler en se taisant »… Ecrire « parce que c’était la seule façon de demeurer abrité sans tout à fait s’exiler du langage comme les fous, comme les pierres, qui sont malheureuses comme elles-mêmes, comme les bêtes, comme les morts ».

J'ai lu ce petit livre... et ... ben je suis très sceptique...
Déjà retrouver Colbrune que je fréquente sur le forum j'ai mis pas mal de temps à m'en remettre !
A part ca, je trouve le style de Quignard très pompeux. Les mots ont l'air d'être choisi non pour ce qu'ils sont mais pour soutenir un propos parfois très lourd. Certes lesm ots peuvent ne pas venir spontanément mais Quignard essaye de traiter le sujet en employant un style qui parfois me laisse pantois... M'inflige-t-il cela pour qu'une fois le bouquin fermé je n'oublie pas ces mots ???

Le conte est très mauvais. Le sujet est intéressant mais tous les oponcifs diu conte sont ici utilisés : la répétition à l'identique de situations, la répétitioin à l'identqiue de phrase entière ne laisse pas un souvenir impérissable au lecteur.. juste une impression de mauvaise haleine... et de vouloir cracher aux protagonistews, tout au long du conte les fameux mots qui leur restent sur le bout de la langue.

Très déçu en fait

tu fais une remarque sur les contes qui ont souvent des phrases repetitives, sorte de formules qui jalonnent le récit et qui aident le conteur dans son effort de memoire à poursuivre.

C'est vrai aussi dans l'Iliade et l'Odyssée

Au passage, un bonjour à Colbrune absente quelques jours.

rotko a écrit:

tu fais une remarque sur les contes qui ont souvent des phrases repetitives, sorte de formules qui jalonnent le récit et qui aident le conteur dans son effort de memoire à poursuivre.

C'est vrai aussi dans l'Iliade et l'Odyssée

Oui peut etre mais l'auteur n'a pas ici le même talent !!! :o

Moi j'ai bien aimé, et je l'ai dit.

alexnihat a écrit:

Et bien moi j'ai acheté mon premier Quignard par votre faute
en double exemplaire en plus pour povoir l'offrir sous les bons conseils de Colbrune.

...A qui l'offriras-tu Alex, ton deuxième exemplaire, maintenant que tu l'as lu?

Son dernier roman, splendide

Villa Amalia, Gallimard, 2006, 298 p.

Une femme nommée Ann Hidden ou Eliane Hidelstein, compositeur, est soutirée à sa vie par la petite fille qu'elle a été. Elle s'éprend de la solitude et d'un lieu. D'une toute petite fille et d'une femme

Magnifique et presque inespéré, ce roman qu'il nous offre. On y retrouve même Charles Chenogne, le violoncelliste du Salon du Wurtemberg, plus taciturne encore.

Il est sorti?...Je croyais qu'il ne l'était pas encore!

coline a écrit:

Il est sorti?...Je croyais qu'il ne l'était pas encore!

Oh oui, il est sorti, le 1er mars, jour où je l'ai lu(j'ai un très gentil libraire qui me l'a sorti de son carton le 28 février), quel grand moment de grand bonheur pendant mes vacances

colbrune a écrit:

Oh oui, il est sorti, le 1er mars

Bonne nouvelle!

Je ne suis pas sur de vouloir lire un second Quignard...
Je me retrouve bien moi maintenant avec mon deuxième exemplaire que je n'offrirais même pas à mon pire ennemi ...
Je vais m'empresser de le revendre alors ...
Qui n'en veut ?! Qui n'en veut ?!

Le sexe et l'effroi

Quel monument de culture ce Pascal Quignard!
Je dévore ce livre passionnant Il s'agit d'un essai sur l'évolution de la sexualité de la civilisation grecque à la civilisation romaine dans l'Antiquité. Grande découverte ou révisions à partir des textes, de la mythologie et des fresques.


"Nous transportons avec nous le trouble de notre conception."

"Nous sommes venus d'une scène où nous n'étions pas.
L'homme est celui à qui une image manque."

"La vie proprement humaine est la chasse dont la proie est l'homme."

"Le sexe est lié à l'effroi" .

"Nous sommes nés animaux: c'est la "bêtise" dont l'humanité ne s'émancipe pas, quoiqu'il advienne des voeux que ses représentants nourrissent et des lois que les cités édictent pour confisquer leur violence."

Vu que vous vous interessez aux "grottes" chez Quignard ( Coline et Troglodyte aussi, je pense), il y a aussi le thème des stalactites (" Sur le jadis") et le splendide rapprochement entre stalactites et proverbes:
" Les proverbes tombent goutte à goutte de la paroi du temps sur laquelle le langage s´est solidifié peu à peu au fur et à mesure que les hommes y approchèrent leur bouche.... Les proverbes sont les stalactites du langage et , à ce titre, des gouttes d´autre monde.
Stalactite est le mot le plus heureux qui puisse définir le proverbe car il rappelle la paroi. C´est un fruit de la paroi...
Je recherchais à l´interieur de ces formulettes-stalactites la source aussi lointaine qu´impersonnelle..... "

Tu me diras Coline ce que tu as trouvé de nouveau ds ce dernier de 2006, par rapport au reste de l´oeuvre de Quignard.
Je devrai attendre mon passage à Paris ( debut Avril) pour acheter Villa Amalia... Donc si tu peux m´anticiper qq chose d´ici là.. je t´en remercie d´avance.
Pas l´histoire, mais qq commentaires de ton cru.
Je suis curieuse de savoir dans quelle direction se dirige Quignard, bien qu´il insiste sur le fait qu´errer et tourner en rond comme le ferait un oiseau sur la vallée n´est nullement perdre son temps, et que c´est au contraire une attitude très reconfortante.
Bonne nuit à tous depuis l´Andalousie, ici, il pleut mais il fait doux, tout est si vert qu´on se croirait en Normandie....Profitons-en car ici les printemps sont de courte durée.

samedi 18 mars sur france culture, 17:00 > JEUX D'EPREUVES


c'etait

Citation :

Table ronde de critiques autour des livres : Les fruits du cyclone. Une géopoétique de la Caraïbe de Daniel Maximin au Seuil La passe imaginaire de Grisélidis Réal chez Verticales, Babyface de Koffi Kwahulé chez Gallimard (Continents noirs) et Villa Amalia de Pascal Quignard chez Gallimard.

Avec Alexis Lacroix, Clara Dupont-Monod, Frédéric Ferney et Nelly Kapriélian.


http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture/emissions/jeux_epreuves/

soit http://minilien.com/?JK3HPIWIq9

Les avis étaient partagés. Une critique était inconditionnelle, prevenant les reproches en disant que Quignard ne tombait pas dans son erudition habituelle. D'autres lui reprochaient des clichés. Je crois qu'il est possible d'ecouter l'emission sur le site ci-dessus.voir à 17 heures .

l'argument du livre est interessant.
Colbrune :

Citation :

Une femme nommée Ann Hidden ou Eliane Hidelstein, compositeur, est soutirée à sa vie par la petite fille qu'elle a été. Elle s'éprend de la solitude et d'un lieu. D'une tout petite fille et d'une femme

.
Rien d'ascétique, reconnaissaient les intervenants, rappelant la sensualité de l'écriture.

salut, Swallow ! l'Andalousie à cette époque, ce doit être si beau :-)

Merci pour la bienvenue, les liens aussi. Cette photo qui doit bien aller avec Ann et ses promenades en solitaire devant la mer. j´imagine Ann en train d´interroger la mer...
un autre lien pour découvrir Villa Amalia et decider si on l´achète on non.
http://www.lire.fr/extrait.asp/idC=49715/idR=202/idG=3

oui, Rothko, l´Andalousie est belle en Mars, authentiquement-elle, car les hordes de touristes ne sont pas encore arrivées !!

C'est fort curieux que ce Quignard ait pu rafler un Goncourt en son temps (les Ombres errantes). Même la Littérature française pour les nuls de Julaud reconnaît que le prix Goncourt ne récompense que des romans de facture facile où l'on brode une aventure d'amour à peu près en bonne langue française. Quignard détonne. Son style puriste, économe, complètement symbolique ne va pas avec le lot de goncouristes habituels.

Charmée à mort par Tous les matins du monde, là où le langage ne sert pas à grand-chose tant c'est minimaliste. Mais la beauté qui s'en dégage est à la hauteur de ce que Sainte-Colombe dit à un moment de la musique: "La musique est beauté. En ce sens elle n'est pas humaine". (je ne suis pas certaine de la première partie de la citation mais en revanche, absolument certaine de la seconde).

Alors que Monsieur de Sainte-Colombe ajoute une corde à la viole pour qu'elle soit plus proche de la voix humaine.

Il faut je crois parler des émotions qu'il suscite par certaines de ses phrases.

Cette phrase dans tous les matins du monde :

"Tous les matins du monde sont sans retour"

immédiatement après ce suicide, est absolument bouleversante. C'est impossible d'y rester insensible, et une fois que que Quignard s'est frayé un chemin vers nos émotions les plus profondes, il est impossible de s'en défaire. Chez moi, il agit comme une drogue, littéralement, à la lettre !

On la retrouve, cette phrase dans d'autres écrits de Quignard, La Leçon de musique, entre autres.

Nombreux écrtis de Quignard qui parlent de 'la voix perdue', de la mue ... absolument bouleversants.

Et Meaume qui part se cacher dans la falaise au-dessus de Ravello, n'est-ce pas aussi Ann ?

Je crois personnellement que Quignard nous livre avec Villa Amalia un de ses romans les plus autobiographiques. Mais il sait brouiller les pistes.

Et toi Swallow, nous diras-tu si tu l'as lue cette Villa Amalia ? Je ne comprends pas où tu veux en venir.

Non, non je ne fais que recueillir qq infos sur le roman, et imaginer un peu l´histoire au fil de ce que je lis sur Villa Amalia sur le Net, l´eau déjà à la bouche.
Je me prepare et je rêve avec le materiel trouvé sur le Net (vos commentaires, etc). C´est comme quand on feuillette des catalogues avant de partir en voyage dans un pays inconnu. Une fois sur place et dans le bain, tu sais bien Colebrune que l´on oublie presque tout ce qu´on a bien pu lire au prealable. Une nouvelle réalité s´impose car c´est chaque cerveau de lecteur qui met en page le livre, et il y a autant de romans que de lecteurs, mais tant que je n´ai pas lu ce livre... c´est vous ( qui m´avez devancée) qui avez la parole.