Pascal Quignard

TERRASSE A ROME

« Terrasse à Rome » a reçu le 26 octobre 2000, le Grand prix du roman de l’Académie Française.

« Terrasse à Rome » relate l'histoire d’un graveur lorrain du XVIIème siècle, Meaume. Il a aimé une femme, Nanni, une femme qui « le laissa désert ». Mais elle était destinée à un autre homme, Valancre. Le fiancé, ayant surpris les amants, fou de jalousie, a jeté à la figure de Meaume une fiole d’eau-forte . "A Bruges j'aimais une femme et mon visage fut entièrement brûlé" dit Meaume.
Nanni ne veut plus le voir, elle le trouve trop laid. Elle préfère épouser son agresseur. Alors, commence pour Meaume,"face de cuir bouilli", une longue errance qui s’achèvera sous la luminosité de Rome, celle que l'on retrouve dans les oeuvres de Claude Le Lorrain ( il apparaît dans le livre) .Le héros lui dit : "Vous êtes un peintre, vous n'êtes pas un graveur voué au noir et blanc. »

Il dit aussi : « Je suis un homme que les images attaquent. Je fais des images qui sortent de la nuit. J'étais voué à un amour ancien dont la chair ne s'est pas évanouie dans la réalité mais dont la vision n'a plus été possible parce que l'usage en a été accordé à un plus beau visage.»

Meaume finit par installer son atelier de gravure dans une maison de deux étages dont la terrasse couverte domine les pentes du Mont Aventin.Le graveur se livre à son intériorité. Le plus souvent dissimulé sous un immense chapeau de paille, il est tout à son œuvre, disant au fil des courts chapitres sa fascination pour l'opposition et la complémentarité du clair-obscur, ses blessures aussi, et parlant des grands artistes de son époque.

(Pascal Quignard dit s'être inspiré d'une nouvelle forme de gravure qui est apparu en 1642. Cette technique s'oppose à celle de la gravure traditionnelle car "Le blanc ressort du noir").



Je n’ai aimé que partiellement ce livre.
J’en ai apprécié l'écriture extrêmement dépouillée et néanmoins souvent poétique. Le thème avait tout pour me séduire mais je n’ai pas vraiment été émue par l’histoire du mystérieux Meaume. Son hermétisme nous accapare trop à certains moments : cela tient sans doute au fait qu’elle nous est dévoilée par bribes, dans un ordre non chronologique, au cours de chapitres très courts et sans lien nécessaire les uns avec les autres.

La structure du roman, tu fais bien de le souligner coline, est en effet atypique, en ce qu'elle n'est pas axée sur le déroulement de vie de Meaume.

C'est un coffre plein d'objet et de gravures, qui voient la lumière tour à tour. C'est comme cela que le récit est contruit, et j'avais trouvé que c'était une réelle épreuve de force que Quignard avait réussie là.

Chaque objet est une bribe de vie qui se révèle.

La technique de gravure dont tu parles, s'appelle la manière noire. Elle a été "inventée" par von Siegen. Elle est toujours pratiquée de nos jours. C'est une technique extrèmement exigeante, et physiquement épuisante, car comme tu le soulignes, il faut faire sortir la lumière du noir. C'est aussi comme cela que Quignard a travaillé pour écrire son livre, enfin c'est l'impression que j' en avais eu.

Les lieux tiennent une place importante aussi, Bruges, Abbeville, Quend, Rome, Amsterdam... Le chemin est tortueux il est vrai.

Ce roman est un régal pour pénétrer dans l'oeuvre des graveurs français du 17è. Certaines oeuvres du Lorrain sont aussi mises en lumière de façon magistrale. Et puis il y a tous les éléments qui font partie de l'univers de Quignard, que j'y avais retrouvés avec plaisir.

L'histoire d'amour que tu relates, bizarre, mais elle est totalement à l'opposé de la façon dont moi-même je l'avais perçue. A tel point que je me demande si on a lu le même roman. L'amour entre ces deux êtres est secret (puisqu'elle était fiancée à un autre), et ce secret n'a pas supporté la lumière du jour. Mais à mon avis, Nanni n'a pas choisi. L'amour et le mariage sont deux choses différentes.

colbrune a écrit:

L'histoire d'amour que tu relates, bizarre, mais elle est totalement à l'opposé de la façon dont moi-même je l'avais perçue. A tel point que je me demande si on a lu le même roman. L'amour entre ces deux êtres est secret (puisqu'elle était fiancée à un autre), et ce secret n'a pas supporté la lumière du jour. Mais à mon avis, Nanni n'a pas choisi. L'amour et le mariage sont deux choses différentes.

Je ne suis pas absolument en désaccord avec toi sur l'aspect secret de leur amour. Il l'est jusqu'au jour où:
"La croisée s'ouvre subitement faisant un immense bruit de tonnerre. Les amants, qui son en train de se chevaucher, sont soudain couverts des débris de verre qui retombent. Le commis de la ruelle de Jakobsz, qui s'appelle Vanlacre, s'est blessé en pulvérisant les carreaux de la fenêtre. Il titube. Sa lèvre saigne. Il ôte le bouchon en grès qu'il tient dans sa main..."

Tu as une vision très poétique, disant que leur "secret n'a pas supporté la lumière du jour". C'est tout à fait beau et vrai.

De même elle n'a certainement pas choisi Vanlacre par amour mais par obligation, comme il était de coutume à ce moment-là lorsque le mariage était prévu. Seulement, elle lui écrit tout d'abord:
"Vous êtes devenu affreux. De plus, j'ai songé en revoyant dans mon esprit votre prise de bec avec Ennemond que vous vous battiez très mal. Il n'est pas possible de se battre plus mal. Par-dessus tout, je me suis fait le reproche de m'être offerte à vous sans pudeur. J'y ai réfléchi et j'en ai vraiment du regret. Aussi je suis allée trouver mon père il y a une heure pour lui demander de hâter mon mariage...Ma portevous est à jamais fermée. Nous ne nous verrons plus. Nanni."

Puis, ellelui dit en le prévenant qu'il doit fuir:
"J'aimais votre ancien visage. Je suis triste que vous l'ayez perdu" (lui dit-elle en le prévenant qu'il doit fuir).
-Pourquoi faut-il que je parte tout de suite?
- Parce que je lui ai dit que je vous aimais".
...Je voulais qu'il vous tuât. Maintenant je ne veux pas qu'il vous tue."

Dans Vie secrète, "Sur le sentiment d'adieu" (chapitre XLIX)

Ce que j'ai aimé, quoique je l'aie toujours perdu, je l'aimerai toujours. On peut s'établir à demeure dans un coin sublime, d'une surprise constante, d'un rêve toujours renouvelé, et ce fut pour moi un coin où j'étais seul et où le langage se confiait tout entier au silence.

Se taire, aimer, écrire, c'est un perpétuel triomphe en toute chose de l'adieu.

colbrune a écrit:

Dans Vie secrète, "Sur le sentiment d'adieu" (chapitre XLIX)

Ce que j'ai aimé, quoique je l'aie toujours perdu, je l'aimerai toujours.

Colbrune, la lecture de "Tous les matins du monde" a été pour moi un ravissement!

J'ai envie de mettre en parallèle cette citation de Pascal Quignard avec ces vers de Fernando Pessoa:
"J'aime tout ce qui fut,
Tout ce qui n'est plus,
La douleur dont je n'ai plus la douleur,
L'ancienne foi erronée,
L'hier qui douleur a laissé,
Celui qui a laissé joie
Seulement parce qu'il fut, et puis s'envola,
Et qu'aujourd'hui déjà est un tout autre jour." (Cancioneiro)

La parenté entre le thème, un graveur qui fait surgir de l'obscurité une image et la manière d'ecrire est bien mise en valeur par Colbrune qui pourrait donner des references en scupture et eaux-fortes.

Citation :

"Homme âgé, les yeux fermés, à la barbe blanche, sur une terrasse à Rome, au crépuscule, dans la troisième heure du jour, dans le rayonnement d'or du dernier soleil, dans le bonheur d'être libre et dans celui de vivre, entre le vin et le songe".

Tel est Meaume, le protagoniste du roman, eau-fortier, ie graveur du XVIIe siècle, malheureux en amour, et dont Pascal Quignard délivre au compte-gouttes quelques rares confidences et quelques propos rapportés, glanés ici ou là.

Restent de lui quelques rares gravures : représentant des paysages, des souvenirs, ou des scènes érotiques. On tente de percer de faire la lumière sur son art et de percer le "secret de ses rêves",

Citation :

"Une femme jadis a été horrifiée en découvrant mon visage [...]Dans chaque rêve, dans chaque image, dans chaque vague, dans tous les paysages, j'ai vu quelque chose d'elle ou qui procédait d'elle. Sous une autre apparence je l'avais attirée et séduite".

Le récit est sec comme un gravure, silencieux comme la femme aimée, obscur aussi comme les paroles de Meaume confiées au peintre Claude Lorrain. Mais on sent dans cette évocation, l'émotion retenue de l'écrivain devant le destin d'un artiste malheureux.

L'inévitable question : Meaume a-t-il existé ? et ses gravures ? on dit que la plupart de ses cartes érotiques furent brûlées. Les autres sont-elles visibles ou n'existent-elles que dans l'imaginaire de Quignard - qui les décrit ou les invente ?

L'impression d'un personnage réél est donnée par ses paroles rapportées, les dates précises mentionnées, les relations fréquentées : Sainte Colombe, Abraham Bosse, Jacques Callot. Les trous dans la biographie passent pour des lacunes non comblées par une recherche.

Quignard crée donc un personnage qui aurait pu exister et qui prend ses traits à bien des artistes de l'époque. Sa formation itinérante ressemble beaucoup à celle de son contemporain Callot, par exemple.

J'ai commencé ce matin Le nom sur le bout de la langue ( Colbrune)
Pour le moment.... bonheur total...

alexnihat a écrit:

quel con mais j'ai 57 livres à lire encore

Ne pas hésiter, dans ce cas, à bien choisir UN Quignard (dans sa longue bibliographie) en feuilletant un peu...J'ai commencé "Ombres errantes" et il est encore bien différent des deux premiers que j'ai lus.
Ces 57 , tu les as choisis où leur lecture t'est nécessaire pour tes études?

alexnihat a écrit:

j'en ai une dizaine.. pour mon plaisir ...

Oh mais alors ce n'est rien!...Si tu voyais tous les titres qui m'attendent...déjà stockés chez moi, ou en liste prévisionnelle! ...Oui, bon, d'accord...moi je ne suis plus étudiante!

TOUS LES MATINS DU MONDE

« Tous les matins du monde sont sans retour. »

L'amour de la musique est le soutien même de ce récit. Tous les personnages ont un rapport avec elle: le professeur et compositeur Sainte-Colombe qui a amélioré la viole, Marin Marais son élève, les deux filles de Sainte-Colombe qui donnent des concerts avec leur père…
Pascal Quignard fait de Sainte Colombe une sorte de quintessence du musicien Son seul but est de perfectionner son Art. Méprisant les honneurs, il refuse de jouer à la cour du Roi Soleil. Son amour pour la musique est désintéressé et total.
Monsieur de Sainte Colombe a perdu son épouse et il élève ses deux filles Madeleine et Toinette dans l’amour de la musique et surtout de la viole de gambe. Souvent il s'isole pour jouer dans la cabane qu'il s'est fait construire dans les branches d'un mûrier. Là, il communique ainsi avec sa femme défunte.

Cet homme a existé réellement mais on sait peu de choses sur lui sinon qu'il a ajouté une 7e corde à la viole et a été maître de Marin Marais. Il a composé notamment leTombeau des regrets et Le Retour. Il est décédé vers 1700.

Marin Marais devient son élève très brillant mais il voit plutôt dans la viole un moyen de réussite sociale. Quand il ira jouer chez le Roi, Sainte Colombe ne lui pardonnera pas. Le maître ne renvoie pas l'élève par jalousie mais parce que ce dernier est trop porté du côté de la vie, des honneurs, de la gloire et des fastes de la cour, de la copie technique. Il ignore le caractère mystique de la création, la solitude essentielle à l’exercice de l’Art que défend Monsieur de Sainte-Colombe.
Plus tard, Marin Marais viendra écouter son maître en cachette.

Dans une gazette de 1732 se trouve une notice consacrée au musicien Marin Marais, notice qui est à l’origine du travail de l’écrivain Pascal Quignard.
A partir de 1676, il compta parmi les musiciens de la Cour notamment sous la direction de Lully, puis accéda à la fonction d'ordinaire de la Chambre du Roi pour la viole. Il était fort apprécié du Roi et de la Cour. Il dirigea souvent l'orchestre de l'opéra.
Marais composa, entre autres, quatre opéras pour l'Académie Royale de la musique et 5 livres de musique pour la viole de gambe.


Ce très beau roman, qui se lit agréablement et sans difficulté, est écrit dans une langue très pure, avec des phrases simples et un vocabulaire recherché et précis. C'est aussi un très beau roman d'amour.
L’ érudition de Pascal Quignard permet de placer l’histoire dans le contexte culturel de son époque. Jean Racine, par exemple, est évoqué à travers deux comédiennes qui récitent sur des tréteaux des vers de Britannicus. Le peintre Baugin également.



« -Que recherchez-vous, Monsieur, dans la musique?
-Je cherche les regrets et les pleurs. »
« La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler. En ce sens, elle n'est pas tout à fait humaine. «
(Tous les matins du monde)

Ce livre a été adapté au cinéma par Alain Corneau en 1991. Le synopsis est très fidèle au livre.

Nous voilà quignardisés ! cherchez le ou la coupable !

Pascal Quignard, Le nom sur le bout de la langue, POL.
2867443482

Une histoire d'amour.

Une jeune brodeuse, amoureuse d'un tailleur, doit créer pour lui une ceinture en tout semblable à un modèle. Travail difficile ! mais la récompense serait le mariage avec l'aimé. Arrive un seigneur qui peut la tirer d'embarras, mais elle doit souscrire à une clause impérative : se rappeler le nom du seigneur. Faute de quoi, quand celui se présentera dans un an, il l'emmènera avec elle.


C'est le début de ce récit de 50 pages, destiné à devenir un conte musical. La structure du conte s'y prête à merveille : épisodes parallèles avec variantes, phrases récurrentes, alternance d'épisodes bâtis sur le schéma - efforts, triomphe, échec final, autant de traits qui permettront le retour de thémes musicaux pour dramatiser l'histoire et individualiser les personnages.

J'aimerais bien écouter la composition musicale.

Le tailleur s'appelle Björn, prononcer Jeûne, et la brodeuse... Colbrune.

rotko a écrit:

Nous voilà quignardisés ! cherchez le ou la coupable !

C'est parce qu'on le veut bien...parce qu'on le vaut bien aussi sans doute!...
Colbrune a bien fait d'insister un peu...
Je viens de finir "Les ombres errantes"...très riche, très savant (trop savant pour moi dans certains passages!) ...Quelle culture ce Quignard! Quel talent!

rotko a écrit:

Nous voilà quignardisés ! cherchez le ou la coupable !

J'avoue que votre zèle va bien au-delà de toutes mes espérances. :king:

Mais continuez, continuez, ne vous souciez pas de moi. Et n'oubliez pas, à l'occasion, quelques Petits Traités (Petits Traités, Rhétorique spéculative, La Haine de la musique) ... c'est bon pour la santé !

Je viens de me faire "Terrasse sur Rome", je n'ai rien compris et même pas vu l'intérêt. A force de dépouillement, on touche à une symbolique confuse qui ne veut pas dire grand-chose. Je crois que Coline disait quelque part de Quignard qu'à force de sobriété, il en devenait hermétique. C'est bien mon impression, oui.

Dona, je te conseille d'enchaîner avec "Tous les matins du monde"...si tu ne l'as pas déjà lu bien sûr...
J'ai aimé lire ce Quignard-là...

Coline

Citation :

Tous les matins du monde J'ai aimé lire ce Quignard-là...

Et le nom sur le bout d e la langue aussi

Avis ! Avis!

Vendredi 24 Février aura lieu en Arte vers 23.05 un permis de penser sur le prix Goncourt 2002 Pascal Quignard.

A ne louper sous aucun prétexte.. même les jeunes femmes belges !!

Pour plus d'infos : voir le lien suivant :

http://www.arte-tv.com/fr/semaine/244,broadcastingNum=507935,day=7,week=8,year=2006.html

Bis:
ce soir vendredi, il y a un interview par Laure Adler de Pascal Quignard sur Arte à 23h

je dois sortir, tu en feras un petit compte rendu ? noraml depuis que Colbrune nous a quignardisés (rire)

J'ai allumé la télé, j'attend 23h05 pour voir si je vais attrapper la quignardite.

Alors, avez vous attrapé la Quignardite? ....

1ère réflexion, pas du tout littéraire, j'ai trouvé l'homme séduisant...Il a de très beaux yeux...

Ensuite, je me suis dit que si Colbrune n'avait pas insisté pour que nous le découvrions davantage, je serais peut-être passée à côté de la sortie de son dernier livre (dans les jours qui viennent)...C'est sûr, je vais le lire...
Un roman... Un personnage cette fois-ci tout-à-fait contemporain... Un sujet qui m'interpelle: constatant la liaison adultère de son mari, une femme choisit de disparaître de sa propre vie...Plus qu'en quête du bonheur, elle part en quête d'elle-même...
Beau programme, non?

Et comme ça, à brûle-pourpoint, quelques instants qui me restent en mémoire:

-Regardant le tableau de Buren (et ?) en train de se faire au cours de l'interview, Quignard dit que c'est lui qui a choisi la couleur noire qui s'écoule...Et arrive cette phrase, faisant allusion, à la nuit utérine: "Le noir est la couleur où l'on a été heureux."

-Des rappels de ses thèmes de prédilection: la lecture (raptus de l'âme), les angles, les grottes, le passé qui affleure dans le présent (le "jadis", un mouvement, une pulsion qui affleure sans cesse), la quête de l'image de notre conception...
La création qui ne vient qu'avec une distance prise avec la société, avec son regard, avec son jugement...

Ne pas être dans le couple mais dans l'amour...
Dé-fasciner notre regard...
Se dé-fasciner religieusement...

C'est un peu en vrac tout ça! ...


-

J'étais donc devant la télé, mais c'est un documentaire sur le blizzard qu'il y avait à 23h05. C'était "la 5" ; je pensais que la 5 et Arte se partagent le même canal. J'ai peu l'habitude de la télé, peut-être me suis-je trompé de chaîne.

troglodyte a écrit:

peut-être me suis-je trompé de chaîne.

c'est même sûr Troglo...
Dommage, tu as raté Monsieur Quignard...
Tu n'as qu'à nous ouvrir un fil sur le blizzard!

Petite séance de rattrapage...

http://www.arte-tv.com/fr/art-musique/permis-de-penser/1111558.html