Chroniques de Pierre B.

L'agressivité, à l'évidence, pointe sous la sollicitude. Comme l'histoire nous l'a enseigné, les femmes ont toutes les raisons de s'inquiéter lorsque les hommes se mêlent d'expliquer, sous couvert d'empathie ou de bienveillance, ce qui est bon pour les femmes "réelles" ou ce qui ne l'est pas. N'y a-t-il pas quelque paradoxe à penser que l'émergence de femmes "exceptionnelles et remarquables" puisse ne pas représenter un "quelconque progrès de la place des femmes dans notre société" ? Est-ce à dire que l'inégalité est encore telle que l'on puisse stigmatiser telle ou telle médiatisation, au prétexte qu'elle concerne un être humain de sexe féminin ?

Alors comment doivent faire les femmes ? Si nous n'existons pas sur la scène publique, ce qui fut le cas durant l'essentiel de l'Histoire, nous sommes condamnées à l'obscurité, la dépendance, l'infériorité. Et à peine quelques-unes d'entre nous émergent-elles que certains hommes jugent d'emblée que les femmes sont trop visibles et que cela ne peut que desservir leur cause. Quel choix reste-t-il ?

Les femmes occidentales sont loin d'être les égales des hommes, ne serait-ce que sur le plan économique et social ; ailleurs, sur l'essentiel du globe, elles restent des citoyennes de seconde classe. Dès lors, nous n'avons pas d'autre choix que d'être toutes des surfemmes. Il nous faut bien tenir l'équation complète : être femmes, être mères généralement, prendre la parole, prendre le risque d'une certaine fatigue, mais qui ne regarde que nous. Ce sera nécessaire tant qu'il y aura deux poids, deux mesures.

Avec quelle vitesse les discours masculins sur les femmes ont repris orgueilleusement le dessus, trente ans après l'émergence des élaborations féministes des années 1970 ! Il suffit de constater l'état du monde (rappelons que plus de 90 % des responsables politiques mondiaux sont des hommes), de voir où en sont encore les femmes - médiatisées ou non -, pour ramener ces fantasmes à leur juste mesure. Tout cela serait amusant si l'on ne sentait poindre une offensive très politique derrière le masque de la farce.

Bonjour,

Que pensez-vous des femmes qui, comme moi, ne sont pas féministes?
Qui pensent que , de fait, l'égalité homme/femme n'existe pas et n'existera jamais...
Pourquoi perdre de l'énergie à essayer de combler une différence anatomique?
Oui les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes et c'est injuste qu'à poste équivalent, une femme ait un salaire inférieur.
Mais avoir les mêmes droits c'est aussi avoir les mêmes devoirs...
Je prends un exemple: en faculté de pharmacie, au concours, il y a un numérus clausus ( comme beaucoup de concours médicaux et paramédicaux)et à la fin des études, beaucoup de femmes ne travaillent pas, elles voulaient juste avoir le diplôme pour le brandir lors de soirées entre amis. Mais elles ont " pris" la place d'hommes qui, eux, travailleraient effectivement.
Un commentaire?
Vera Lane, qui force un peu le trait pour faire réagir....
;-)

vera lane a écrit:

Un commentaire?

Dans ton exemple, les femmes ne sont pas féministes.

C'est pour ça que je suis féministe.

Aucune femme ne prend la place d'un homme au travail, et le numerus clausus ne se fait pas au détriment des hommes.

Si on l'admettait, il faudrait en revenir à la conception de chef de famille apportant l'argent et à la femme au foyer, soumise, ce qui n'est plus de saison, heureusement.

Je connais bien des exemples où une femme a pris le poste d'un homme...et en se servant d'atouts de femme !
:cyclops:
Sans aucuns scrupules...
Et si l'on examine de plus près le numérus clausus, il est souvent à l'avantage des femmes...
;-)
Vera

les resultats scolaires des filles sont meilleurs ; elles travaillent plus ! Dans le côté macho, il y a une prétendue superiorité revendiquée, un trait de l'esprit masculin courant (mais pas universel) qui leur fait croire à des dons innés. Hors à un certain niveau, sans travail, on se casse la figure.

C'est vrai dans des sections comme medecine ou pharmacie ou dans les classes preparatoires : ceux qui avaient de bons resultats sans effort, se ramassent des "taules".

Quant aux "atouts feminins" qui assurent la réussite, c'est un fantasme

Les atouts féminins qui assurent la réussite, cela s'appelle la promotion canapé et je peux vous dire que dans certaines administrations, ça marche plutôt bien puisque nombre de femmes incompétentes se retrouvent à des postes à responsabilité :-))

C'est le principe de peter qui precise qu'on atteint son apogée avec son niveau d' incompetence. Certain(e)s l'atteignent plus vite que d'autres

Le jour où un homme arrêtera de travailler pour être à la maison....là on pourra parler d'égalité sociale...
j'en connais un ! si, si , pas le mien :cry:
mon cher et tendre m'a dit : si tu arrêtes de travailler....moi aussi ! L'égalité c'est dans les 2 sens .....

Je remarque que les féministes
Sont rarement féminines

Je suis souvent en colère, car je connais pas mal d'hommes qui aimeraient partager, ne pas travailler le mercredi, travailler à mi-temps et qui ne le peuvent pas, les entreprises et ce dans divers métiers ne le comprennent pas. Un homme ça doit bosser, en plus en être fier !

Les seuls qui ont réussi un partage sont ceux qui ont arrêté de travailler un temps, puis leurs compagnes après ou avant, mais cela implique une vie de couple à l'inverse.

Troglodyte, mais où vas-tu chercher ces clichés et puis il n'est pas complet.. on dit aussi qu'elles sont lesbiennes et qu'en plus elles détestent les hommes, mais chutttttt ne propage pas cette rumeur

oui troglo, là tu tends la joue... mais on te connaît !

Je voudrais revenir sur la phrase de Vera : « Je ne suis pas féministe » pour remonter un peu le temps, tant que je ne suis pas encore une trop vieille rombière…



Dans la mouvance de l’après 68, il y a eu des groupes féministes purs et durs…de celles qui voulaient jeter le soutien-gorge et les porte-jarretelles aux orties et criaient haro sur les hommes…C’est encore aujourd’hui à elles que l’on pense (n’est-ce pas troglo ?) . On disait parce qu'elles forçaient le trait qu’elles étaient moins féminines…et, comme elles critiquaient le pouvoir masculin, qu’elles étaient aussi lesbiennes par la même occasion…

Préjugés (machistes ?) qui traversent les décennies…



Ces femmes avaient quelques années de plus que moi et si je ne me suis jamais identifiée à leur façon de se comporter et de revendiquer, j’ai pour elles une grande admiration pour les combats qu’elles ont menés…Ces combats qui furent en partie gagnés, et qui peut-être, aujourd’hui, permettent à des jeunes femmes de pouvoir dire, en France, « je ne suis pas féministe ! »…



D’une façon ou d’une autre, à l’époque, je pense que toute femme était féministe…parce qu’il y avait une vraie nécessité et une urgence à l’être…



Un peu plus de trois décennies depuis se sont écoulées…un siècle penserez-vous si vous avez vingt ans…Mais pendant ce siècle de trois décennies donc, un peu plus d’une génération, je n’ai pas vu le temps passer…Et je mesure, à repenser à cette époque, tout le chemin parcouru en faveur des femmes…chemin parcouru grâce aux femmes-aux féministes!…et à des hommes aussi qui ont compris et soutenu leur combat.



Quand je remonte le temps, trente années en arrière-hier donc!-je me revois dans l’impossibilité de demander, même à ma mère, de prendre la pilule…

Je revois la honte de mes parents et des parents de ma belle-sœur obligés d’organiser un mariage à toute vitesse parce que ma belle sœur est enceinte et que les deux familles sont déshonorées…

Je me revois, j’ai vingt ans exactement (il y a un an déjà que je suis mariée…pensez donc, si j’allais renouveler le coup du déshonneur une nouvelle fois sur ma famille !), je viens d’accoucher et je demande au médecin qui me suit qu’il me prescrive la pilule : je me fais injurier par lui et sortir de son cabinet avec pertes et fracas !...

Il s’agit là de contraception…Le combat est dur mais celui pour l’avortement sera bien plus dur encore…

Je revois Madame Simone Weill, en larmes, défendre à l’Assemblée son projet de loi sur l’avortement sous les huées et les quolibets de messieurs les députés…

Archives vidéo:
http://www.linternaute.com/savoir/video/IVG.shtml

Des « salopes » sont là dans l'assistance…de celles qui ont signé « Le Manifeste des 343 salopes »…et parmi lesquelles Catherine Deneuve, Marguerite Duras, Jeanne Moreau, Agnès Varda. ...343 femmes qui se risquent à oser dire « j’ai avorté » et dont l’aveu peut les faire tomber sous le coup de la Loi.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifeste_des_343_salopes

On pourrait encore évoquer d’autres féministes, les suffragettes…dont le combat était le droit de vote…obtenu seulement en 45 en France pour les femmes…avec le droit à l’éligibilité…

http://fr.wikipedia.org/wiki/Suffragette

Et depuis…depuis…il faudrait lister tous les progrès qui ont été réalisés pour la condition féminine. Ils sont innombrables, et dans bien des domaines…Il a fallu se battre pied à pied…Et il nous faut reconnaître à qui nous les devons…



« Je suis féministe ! »…féminine…et j’aime les hommes (enfin...pas les gros boeufs... )…

"Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours."
Benoite Groult (écrivain et féministe française)

Officiel:
En Espagne,des dizaines de femmes meurent chaque année, victimes de violences conjugales. En France, la situation n'est pas meilleure, avec 6 décès par mois. Les statistiques officielles européennes sont encore rares. Selon le Lobby européen des femmes, ce serait en moyenne une femme sur cinq en Europe qui serait victime de cette violence.

Ecoute, Coline, je suis completement deboussolée :
Quand j´etais etudiante, maman me conseillait d´aller demander conseil auprès d´un chirurgien esthetique, car mon nez etait trop grand.
J´ai dit " Non, car les garçons ne font rien, et ils ont des nez bien plus moches que le mien"
Le temps a passé, les voilà aujourd´hui sur le billard à se refaire le nez.
Et moi dans tout çà?
Je ne sais plus si je suis feminine, feministe. Au moins j´ai toujours le même nez.

swallow a écrit:

Ecoute, Coline, je suis completement deboussolée :
Quand j´etais etudiante, maman me conseillait d´aller demander conseil auprès d´un chirurgien esthetique, car mon nez etait trop grand.
J´ai dit " Non, car les garçons ne font rien, et ils ont des nez bien plus moches que le mien"
Le temps a passé, les voilà aujourd´hui sur le billard à se refaire le nez.
Et moi dans tout çà?
Je ne sais plus si je suis feminine, feministe. Au moins j´ai toujours le même nez.

Tu es toi-même...N'est-ce pas l'essentiel?
(On n'a jamais demandé à Gérard Depardieu de se refaire faire le nez...et pourtant Dieu sait qu'il est moche!... Je suis certaine que s'il avait été une comédienne, on lui aurait dit: "Non désolé...euh...votre nez...." et qu'il n'aurait pas fait carrière.)

De courageuses féministes d'aujourd'hui:
http://www.niputesnisoumises.com/mouvement.php?section=accueil

Coline a raison de faire ce rappel historique. Elizabeth Badinter dans X/Y met aussi les choses au point, ce qui est nécessaire pour qui manque de données historiques.

On ne peut masquer, sous des caricatures de détails, les indéniables et indispensables acquis des premières feministes, notamment le choix de la contraception, la liberté d'avortement dans des conditions précises, souvent oubliés par les jeunes générations, comme le precisent les journaux feminins.

Les jeunes femmes de ni putes ni soumises ont repris dans des conditions très difficiles la revendication d'être des femmes libres et respectées.
Esperons qu'elles feront changer les mentalités, comme ont pu les faire évoluer leurs aînées. Mais les dangers guettent toujours. Le progrès n'est pas lineaire et connait des retours en arrière.

Oui merci Coline, pour ce rappel historique. Je n'ai que quelques années de moins que toi, et j'ai vécu sensiblement la même chose !

Féministe oui, je l'ai toujours été, mais cela ne veut pas dire être en guerre avec les hommes, et vouloir l'égalité ne veut pas dire nier les différences !

En revanche, lire

Citation :

Je connais bien des exemples où une femme a pris le poste d'un homme

me révolte !
Dirait-on la même chose dans l'autre sens ?
Il n'y a pas plus d'évidence pour un homme à travailler que pour une femme.
Dans mon couple, nous avons travaillé à tour de rôle, justement. Et le choix de qui allait s'y coller nous l'avons fait ensemble

je pense que l'indépendance matérielle d'une femme est indispensable. De plus ça remet les pendules domestiques à l'heure, à tout point de vue ! partage des tâches, des responsabilités et des prises de décision. Cette autonomie empêche les abus de pouvoir.

Bonjour,

Ne pas être féministe ne signifie pas renier leur combat, c'est ce qui m'agace, ce " raccourci".
Et l'on peut défendre ses droits de femme au quotidien sans en faire un combat contre l'homme...

Et le rappel historique est important, n'oublions pas que le droit de vote pour les femmes ne date " que" de 1945...

Je rajouterai que chaque année 150 millions de femmes sont excisées dans le monde dont 30 000 en France...
C'est un combat qui me paraît plus essentiel que la répartition des tâches ménagères, et c'est en cela que le féminisme me gêne, dans ses priorités et ses extrêmes...
Pourquoi ne parle-t-on pas plus des mères incestueuses?
Pourquoi le rapport sur l'incidence du syndrome menstruel est passé aux oubliettes?
Oui, je maintiens, des femmes dont l'ambition est le seul leitmotiv prennent les postes d'hommes. Les femmes sont capables , comme les hommes, du meilleur comme du pire. C'est en cela que nous sommes égaux.
Pour le reste, l'homme aura toujours une supériorité de force physique et les femmes continueront à enfanter...
C'est en cela que l'égalité des sexes est un leurre...
Et désolée de choquer encore ;-) mais je trouve scandaleux qu'une femme taise sa grossesse lors d'un entretien d'embauche...
Vera

Nous sommes bien d'accord Véra Lane (sauf sur le fait de "prendre des postes d'hommes" )

Nous sommes presque d'accord sur tout !
;-)

c'est un peu naïf mais, qu'est-ce donc "prendre des postes d'hommes"

D'accord sur tout et notamment sur... les femmes battues et qui en meurent ! C'est grave dans nos nations dites civilisées.

Mais, un peu d'humour ne peut faire du tort :

qui peut m'expliquer pourquoi l'espérance de vie des hommes est inférieures de +- cinq ans que les femmes ? ? ?
Nous " useraient-elles " avant terme ( sic )