Qu'est-ce qu'un bon auteur ?

Dans la nuit du quatre au cinq janvier 2040, quelque part en Auvergne, entre les lieux-dits Col d'Eylac et Roc du Merle, une automobile gravissait avec peine la lourde pente d'une route escarpée de montagne.
Il neigeait.
L'automobile allait lentement, d'abord parce qu'elle était antique, ensuite parce qu'il y avait peu de visibilité. Ajoutons à ces inconvénients qu'elle s'apprêtait à doubler un col particulièrement difficile connu sous cette rubrique : Pas de Peyrol. Ce col est le plus haut passage carrossable de la région ; altitude : 1582 m. Il se présente comme une succession res-serrée de lacets en épingle à cheveux compliquée d'une forte déclivité. L'hiver particulière-ment le rend redoutable. La chaussée y est si peu large que deux véhicules de moyenne di-mension ne s'y croisent pas de front. Avec cela, route médiocrement balisée : s'il avait été jour, le chauffeur aurait pu apercevoir à sa droite le flanc noir et humide d'un empilement de rochers hauts de plus de vingt mètres ; à sa gauche, un à-pic profond du triple. Rochers et pré-cipice faisaient autour de lui une ombre gigantesque et menaçante.

Etonnant ce texte d'anticipation : je trouve à l'extrait un style ancien, presque désuet.

En changeant quelques mots, on dirait un texte de l'epoque de Balzac. C'est un peu raide, à mon avis ;

Merci Mimouset. On attend d'autres impressions ?

J'aime bien le paradoxe qu'il se dégage de ce texte : le style d'écriture que je trouve également ancien tandis que le texte (l'histoire) projette le lecteur dans le futur.
L'écriture est fluide et concise, ce qui est donc agréable. Mais il y a un plus, c'est que c'en est presque agaçant de lire quelque chose d'agréable où il se dégage un certain mystère et donne donc envie de lire une suite...

Il est certain que le style a un versant sur le XIXème siècle, plus d'ailleurs du côté de Hugo que de Balzac. Mais dans tout ce qui suit et qui demande de la précision, de la force d'expression et l'art de la métaphore, il est le seul capable d'affronter avec brio la description des pérégrinations du chauffeur en plein blizzard.
Désolé pour la suite, esta prohibida... Je suis autorisé à ne présenter que quelques extraits. Je n'ai pas voulu piocher au milieu du roman, à cause du manque de recul qu'on y aurait, aussi j'ai choisi le tout début.
Rassurez-vous, pour ceux que cette façon d'écrire gêne, l'ouvrage ne paraîtra jamais...

Un style "ancien" ? Moi, je le trouve neutre, presque sec. En tout cas, le texte ne suscite rien en moi : trop court peut-être ?

nicyrle a écrit:

Moi, je le trouve neutre, presque sec.

Normal, que ça paraisse sec : il faut adapter le style aux circonstances de l'histoire. Là, on se trouve avec un personnage qui s'apprête à affronter une tourmente hivernale. De ce fait, tout lyrisme s'exclut de lui-même. Dans d'autres passages, il s'épanche à loisir. L'auteur manie les couleurs comme bon lui semble et avec une facilité déconcertante. Il ne fait en quelque sorte qu'illustrer le distique de Boileau : Heureux qui dans ses vers sait, d'une voix légère,
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère

"sec", et "raide", ont des points communs. Il faudra lever un coin du voile ?

Quel voile ? Je ne comprends pas ce que tu veux dire...

qui c'est ?

Qui c'est, qui ? L'auteur ? Je l'ai dit, un obscur parmi les obscurs, un type qui s'est amusé à écrire et qui, une fois son devoir accompli, ne veut plus en entendre parler.

c'est de toi?

Alors, j'aurais un don d'ubiquité...

ça ne me dit pas s'il est de toi?

allez un autre texte,

mais évitez de prendre des extraits de vos propres textes ou chez des amis à vous !

par crainte de blesser, on devient prudent et peu sincère.

Il faut mettre des extraits d'auteurs connus ?
Il faut mettre des extraits pris au hasard sur le Net d'auteurs inconnus ?

Cela m'ennuie un peu de prendre un texte d'un auteur inconnu sur le Net... J'veux dire que si la personne tombe dessus, elle peut se sentir blessée aussi par la critique. Surtout si on prend le même style de texte que tu nous avais cité en amont... Il y a quand même pas mal d'artisan en matière d'écriture. J'trouve que cela peut-être constructif pour soi quand on présente quelque chose qui vient de soi. Mais quand c'est à quelqu'un à qui on n'a pas demandé son avis... D'autant plus que si on cite un texte, on est quand même amenés à donner la source...

Enfin je dis ça, mais j'ne dis rien...

Je partage le point de vue de Rosie. Mieux vaut se montrer prudent ! On peut, me semble-t-il, choisir un passage d'un auteur connu, présent ou passé, mais aussi, peut-être, celui d'un auteur moins connu ou connu d'un cercle relativement restreint (je pense par exemple à certains auteurs régionaux), qu'on aura soi-même remarqué pour une raison ou pour une autre.

Oui, comme vous voulez

«Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.»

darabesque a écrit:

«Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.»

Je crois que cet incipit de roman est trop connu pour pouvoir être encore analysé (sinon en classe ), outre qu'il faudrait avoir les lignes qui suivent pour se faire réellement une opinion quand on ne le connaît pas.

je vois que tu es connaisseuse !! laissons les autres "se faire les dents"

propose un autre texte, celui-là est très connu.

soit Rotko mais personne n'a dit de quoi il s'agissait

non je n'ai pas trop d'idées je vais vous lire lol

rotko a écrit:

propose un autre texte, celui-là est très connu.

C'est dommage, parce que moi je ne connais pas.

Ce n'est pas parce que c'est très connu pour vous que ça l'est pour tous. C'est quand même navrant, parce que du coup, ça bride l'accès à ceux qui aimeraient connaître et dire deux mots sur ce qu'ils en pensent. Enfin, je parle au pluriel, mais je devrais parler pour moi, avec un grand JE. Je suis quelqu'un de curieuse et j'apprends au jour le jour et chaque jour davantage. Et ça m'aide, primo parce que je peux essayer de donner un avis, secundo je peux vous lire pour voir ce qu'il en ressort d'autres.

Je sais, je conteste souvent, on m'appelle Rosie la pénible pour être polie. Mais moi j'adore contester. Non, en fait j'adore dire ce que je pense. Et puis c'est ce qui fait que je suis moi.

Mais, continuez... entre vous, faites comme si les autres n'existaient pas

Bon, dis-nous ce que tu en penses, et ça agitera bien des idées reçues, tant mieux.

moi je suis tout à fait d'accord avec Rosie, car ... je ne me souvenais plus du tout, il a fallu que je le revois sur le net . On ne peut pas tout savoir et tout se rappeler
bonne soirée je ferme