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 productions de Xian.

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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyJeu 09 Mar 2006, 08:01

Il y avait plusieurs femmes, ce qui semblait normal, c’était la journée de la femme. Pourquoi pas une journée de la femme, il y a bien une journée des handicapés.

— Les policiers, ils sont formels, répliqua celle qui l’avait intimement connu. Deux témoins ont vu un homme lui donner un coup d’épaule à la station Art-Loi, le faisant tomber sous la motrice qui arrivait. Il s’est enfui, sans qu’on voie son visage, car il était rapide et de dos. Les employés de bureau en fin de journée active étaient trop horrifiés pour le poursuivre.
— Eléonore, dit Zucco, si ce que vous dites est vrai, on l’a tué pour l’empêcher de faire des révélations sur le meurtre de ce ministre Clown. Je pense que la seule personne qui pourrait nous éclairer, c’est le petit juge d’instruction raffolant de spaghettis.

A cet instant, Henri Lundentreux écrivait dans son journal intime quelques notes éparses en souvenir du port aux perles attaqué le 7 décembre 1941, à l’aube.

C’est ainsi que l’on comprit dans les chaumières qu’une aventure policière se tramait dans la région de Flobecq, où Agatha avait enfanté. On sut qu’il s’agirait d’une mésaventure « noire » voire « gore » qui prendrait forme dès le 15 mars … enfin, le seize ou le dix-sept, on ne sait pas au juste quand frappe un assassin social.
Ce sera uniquement chez - Henri Lundentreux http://cderos.skynetblogs.be/
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyDim 12 Mar 2006, 08:49

Je vais passer ma journée à l’organisation de mon organiseur et de mon agenda électronique, inscription des numéros de téléphone auxquels j’ai accès et mise en place de quelques notes dans mes calepins. Sans doute cette méthode inverse de recherche me donnera des indications sur ce fameux passé auquel on ne veut me confronter, que l’on m’escamote, que l’on me dissimule et ce présent qui semble plus attrayant au dehors de ma vie qu’en dedans.
Je suis tout de suite très ennuyé avec mon patronyme, pourquoi m’éclabousse en flash violent le vocable guerre des trois Henri. A qui fais-je la guerre ? D’après la télé qui passe en boucle dans les salles auxquelles j’ai accès et d’après les douces qui me veulent du bien chaque soir et même pendant la journée, la guerre est une affaire d’Indiens et de Sarrasins, voire de rois esclavagistes lointains, cela ne devrait pas me préoccuper.
A
Ai-je des noms à placer en A ?
A zéro, boule à zéro, c’est pas un nom de chrétien cela.
Abdel, oui, j’ai souvenance d’un Abdel, pas plus chrétien que le précédent sans doute, il est mort, oui, celui-là se nommait Lejuste; je le vois encore en train de mourir, il a été militaire, il était au Tchad, ce n’est pas là qu’il est mort.
Abraham, ah ! oui, nom peu courant dans mon entourage, qu’ai-je à mémoriser d’un Abraham, deux même, sinon trois en comptant celui qui fit un barbecue sur le Mont Sinaï, oui, je vois un Berstein, Abraham Bernstein; dont le vrai nom était d’ailleurs Youri Yiélinski, espion soviétique à n’en pas douter, qu’ai-je à faire d’espionnage et de bolcheviques ? L’autre est plus typé, Dutuit ou Dutoit, on l’appelait Jo le gourmand, israélien sans discussion.
Adèle Braconnez; que l’on surnommait Blancsec, mais à part cela, rien, rien de bien, rien de mal, faut-il bloquer une ligne de A pour Adèle ? Adèle, cheveux, chapeau, jambes, moches, maligne et fouinarde comme une souris, malin une souris. Bien qu’à ce qu’on m’en dit, cela connaît-il réellement l’informatique ?
Parce que maintenant, pour être à la mode, il faut tout avoir de cette maladie-là.
Un peu l’air d’Hélène ? qui depuis quelques jours est devenue ma kinésithérapeute attitrée, on va dans le grand bassin ensemble, paraît que la natation et les massages devraient me redonner du tonus, Joseph me dit qu’Alcazar se baigne tous les jours, comme manie, pourquoi pas ? Hélène est charmante dans son maillot de bain rouge avec un petit sifflet à roulette comme celui de l’agent quinze de Quick et Flupke, mémoire, vision, voir, comprendre Quick n’est pas le concurrent d’un roi écossais fabriquant du bœuf irlandais moulu, voir, comment voir à l’intérieur de sa tête ? A. Je n’ai donc encore rien écrit à la ligne des A !

Adeline Katquart; du gâteau, de l’argent, de grosses fesses, organisation de la case quatre, mémoire, on s’était connu on s’était reconnu je m’appelle Henri.

Adeline sortant d’enfance, disait : Je n'ai plus le droit de jouer dans les terrains vagues de recevoir des messages d'amour des garçons de mon âge gravé à la pointe du canif sur les troncs des palétuviers, en fait de vieux sureaux faisaient l'affaire, pourtant on m'avait laissée tranquille, il n'y avait pas eu de mets ta culotte serre les genoux ôte tes mains de là, j’avais eu la paix et personne ne s'occupait de mes jeux avec les garçons, mais maintenant ce n'est plus pareil depuis que deux cailloux ont poussé sur ma poitrine les grands ont commencé à me faire des sourires idiots et à me parler du printemps et des bourgeons, les voici chuchotant autour de mes seins naissants sous mon chandail et autour de ce duvet brun qui court sur mon pubis, puis accourent toutes les cachotteries des bonnes femmes ombres chinoises derrière les portes en verre trempé opaque le mystère de la cuvette rouge, mon corps je n'y pensais pas les autres y songent pour moi, je les emmerde je suis bien.
Adeline Halliday ? Qu’est ce que ça veut dire Halliday, voconces lorsqu’on permute o et a. A Adeline
Adeline, d’adolescence. Voici un corps maigre un garçon ou une fille de quinze ans, le chemisier déboutonné laisse voir deux petits seins bien séparés l'un de l'autre, le pantalon collant montre une jolie paire de fesses, elle peut être prise pour une toute jeune fille et faire des études, garçon égale fille et inversement dans des circonstances réelles. Tout en me dictant le dernier cours à apprendre, je lui effleurais le sein, je la sentais frémir, la main descendait glissait sur le petit ventre rond puis descendait encore là ou le pantalon moulait le sexe, elle se trémoussait.

Je lui écrivais des billets puis un jour, fin d’après-midi, je l'ai attirée dans ma chambre où je me suis jeté sur elle. Elle s'est enfuie en criant pour l'amour de dieu et nous ne nous étions pas revu pendant plusieurs années.
Des années, des siècles, des filles des femmes des femelles, Joseph ! Joseph ?
— Monsieur.
— Joseph, avons-nous connu réellement une Adeline ?
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyMer 15 Mar 2006, 10:30

— Joseph !
— Monsieur.
— Joseph, qu’est-ce ce carton ?
— Une dame est passée, Monsieur, Une dame a laissé ce carton pour Monsieur.
— Joseph nous en avons déjà des cents et des mille
— Monsieur me pardonnera, j’ai cru bien faire, un air Rom peut-être mais une recommandation d’un Egon, cette dame portraitise.
— Joseph, trois antichambres et deux galeries nous comblent d’ancêtres.
— Ces jeunes d’aujourd’hui osent, peut-être pour le vestiaire ou la garde-robe, cette personne parlait de schématiser une Adeline de vos connaissances.
— Adeline ? Joseph, n’est ce pas aller à la catastrophe, comment expliquer leur non-présence à ces autres Amélie, Bernadette, Charlotte, Daisy, Emilienne, Fernande, ah, Fernande, Joseph ! quand je pense à Fernande ! Gabrielle, Huguette, Ischia, Joséphine, Klystra, Léopoldine, Marcelle, Ninon, Omphale, Pierrette, Joseph souvenez-vous de Pierrette ! Quetzy, Rolande, Sylviane, Thibaude, Ursule, Véra, Wapitoune, Xénia, Zoé et les autres, les autres, les autres ...
— Certes, certes, Monsieur, mais Henri de Navarenx a présenté Jean Loup, Henri Kiss a poussé cet emballeur de génie, chez les de Guise on orne avec des Léonard, on soutient une Académie, l’époque est au soutien populaire Monsieur, que Monsieur regarde attentivement, Séguéla lui-même est porté à bout de bras par la ferveur consommatrice rouge.
— Joseph, nous avons tout de même des principes, Joseph, je suis des amis de Stéphane et de ceux de Georges Rémy, Joseph, j’ai déjà fort à faire, le dîner du golf-club de Waterloo est à peine digéré, un Haddock est dans notre salle de marine, un Tryphon orne l’entrée de nos laboratoires, Bianca est à la porte de la petite salle de musique.
Bien que, oui, bien que, Joseph, lorsqu’elle repassera, dites lui donc de nous faire quelque chose, cela fera enrager cette clique, c’est Margot qui va râler !
— Monsieur se souvient de Margot, alors Monsieur se redécouvre.
— Pas tout à la fois, Joseph, pas toutes à la fois...

Je n’ai certes pas voulu tuer le temps, je pense que déjà... déjà j’ai tant de fois écrasé des mouches et des nuisibles, alors tuer, encore tuer ! Tout de même, j’imagine la scène de tous ces joyeux qui saississent leur livre de poche, le mien est à mon chevet, je le saisis donc pour saisir sur le clavier selon les instructions.

Nouveau petit Larousse illustré publié sous la direction de Claude Augé, à Paris, peu avant le passage éclair de Sioran, en 1936, tous droits réservés.
Le dernier paragraphe est formel, droits réservés, bien entendu, je ne conteste pas cette notion des choses, la rousse a tous les droits qu’elle désire.
Page 23, arbitrairement j’imagine.
Agraphie(fl) n, f. ( du gr. A priv. et graphein écrire). Impossibilité d’écrire, quoique le malade entende, comprenne et lise.
Publieder : sdpoikf+Qqqqzefd la maladie donc et puis Henri Henri mémoire relire finir par élise Elise Elise je t’aime, je t’aime je t’aime pourquoi m’as-tu quitté ?




— Tant d’intellectualisme me tue Joseph !
— Ce n’est pas le moment, Monsieur, je suggère à Monsieur de s’occuper un peu des B dans son rangement, de voir aussi les personnes qui seront en fin de mois au Conseil où des choses se décideront, j’en informerai Monsieur en temps utile et puis, mourir Monsieur, mourir c’est s’enfuir, s’échapper se tailler carapater Monsieur ne fera pas cela, Monsieur fera face !

Les b ? Alors qu’on a rien tiré des A, alors qu’il en reste de quoi emplir toutes ces pages entre ce fleuve côtier de France au nom germanique et ce peuple du Mexique qui écrivait en idéogrammes fleuris et géométriques, les b, de où et quand ? Où est Caen ? Dans le Calvados, B, boisson forte et fatalement Bébé pollutions nocturnes, masturbations sanguinaires c’est cependant à Babette que je pense d’abord.

A l'époque, je jouais au club de tennis du petit bled d'à coté (oui, il y a encore plus province que cette cité où j’ai vécu). J'aimais le jeu par lui-même, mais j'aimais surtout rencontrer ces gars et ces filles que je n'aurais jamais fréquentés si je n'y avais pas joué.
Je souriais souvent de voir, après un match, les filles tirant sur leur jupe pour s'asseoir, de peur que quelqu'un voie furtivement leurs dessous... Cinq minutes auparavant, sur le court, des dizaines de gens avaient pu les détailler parfois pendant des heures sans qu'elles s'en soucient un seul instant. J’aimais beaucoup les petites fesses rondes en culotte blanche de Babette, une joueuse de tennis courant dans la poussière, bousculant l’herbe ou la brique pilée, smashant sur le béton avec le même entrain et revenir vers les vestiaires de son talon sportif. Babette est à croquer, elle est irrésistible, elle est jolie, charmante, complètement craquante.

Oui, je mouille le bout du crayon et j’écris Babette, je l’appellerai. J’écris aussi Banania.
Banania est un Noir comme son nom ne l'indique pas (une banane n'est noire que pourrie !), il parcourt la cuvette centrale depuis des années dans une vieille Jeep qui a connu des jours meilleurs au temps de Rommel.
C'est un bon copain de Oudairwine, de temps en temps, ils font des coups ensemble.
Banania est Zaïrois (mais cela ne se dit plus), Oudairwine est Anglais (mais il préfère dire anglo-saxon) et Blackbelt est Belge (c'est-à-dire régionalisé trois langues, trois régions deux communautés mille et un sinistres ou secrétaires d’état, un gros Louis et un Flagada), ils sont présents dans ma mémoire des premiers jours, alors tout me revient, le passé explose en présent, à présent, au présent.
Georges Oudairwine et Jésus Banania enquêtent pendant que Bob reprend du service aux Comores. Bob avait télégraphié, perdu dans un désert australien où il négociait l'achat d'une mine d'or ou d'un club de vacances chez des autochtones, en mangeant du lézard cru; il s'était infiltré dans une horde primitive où les femmes dormaient nues dans des creux de poussière et migraient sans cesse, avec pour tout bagage trois calebasses et un tison charbonneux dont la braise amoindrie portait tous les espoirs de feu et de survie, que tout est prêt. Et Tex, ou Stany ou leur fils s'est saisi du pouvoir de la Kalachnikov en donnant un peu de verroteries aux singes. Bob vivait réellement les aventures que Tex rêvait et que Franz ratait, Franz si je me souviens bien, n'est-ce pas ce petit mercenaire qui collait toujours à Schramme ?
Bé, b, béa b de Bao Daï fut empereur du Vietnam, ça fait kitch après le colonel Sponz d’apocalypse now et pourtant le pays cochinchinois avait un empereur gras et souriant avant qu’Ho Chi Minh ne décide que l’ensemble des citoyens fasse une cure d’amaigrissement.
B a Béa Comme c’est curieux je ne vois aucune Béatrice, b se cache tellement que j’ai pensé un moment qu’Hollinx me l’avait enlevé, les b s’enchaînent en maillons pour se couler dans l’uniforme de la Navy entre le Yorktown et le Missouri. Buck Dany.
S’en souvient-il, lui de nos combats avec, je veux dire contre, les Viets... 7 FEVRIER 1968. Bien que militairement désastreuse, l'Offensive du Tet s'avère une réussite d'un point de vue de la propagande, les médias américains nourrissant sans le savoir le sentiment anti-guerre aux USA. Photos de cadavres de combattants dans le couloirs de l'ambassade US, film de l'exécution en pleine rue d'un suspect par le chef de la police de Saigon, photos de GI blessés dans les combats de rue à Hue... et, pour clore, l'interview par Peter Arnett (oui, le même qui couvrira plus tard la Guerre du Golfe pour CNN) d'un officier américain qui explique, dans une phrase devenue célèbre que "Afin de sauver la ville de Ben Tre, il a été nécessaire de la détruire intégralement".
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyJeu 16 Mar 2006, 07:11

— Je vois que Monsieur pense, réfléchit, écrit, Monsieur revoit, Monsieur revit ?
— Je ne sais pas Joseph, je flotte. Par contre, je trouve qu’il y a ici du laisser aller.
— Monsieur.
— Clarifions les choses Joseph ! Vous vous mettrez à l’ouvrage dès demain pour établir un règlement des visites, en particulier une sorte de va et vient acceptable des courtisanes, dressez, voulez-vous une sorte de comment dire, mode de fonctionnement de la maison, et pas seulement de la maison, j’aimerais qu’il y ait ordonnance de toutes les matières pour remettre ordre et police en cette demeure et celles que nous dominons, car nous dominons, n’est ce pas Joseph ?
Remettre en état la circulation des personnes et des denrées ici, comme cela devait être du temps des feus présidents François et Henri mes aïeuls et pères. Faites débourser madame mère et que l’on construise une balustrade dans la grande salle à manger et que l’on soit plus sélectif quant à l'accès aux appartements privatifs, n’est ce pas !
Et ces personnes, Joseph, ces personnes dont vous parliez... celles qui seront du prochain Conseil, Joseph, je veux leurs noms leurs promotions leurs grades de sadiques, leurs sécurités, leurs tantièmes tout en lettres d'or, en plein granit, dans la Sainte Chapelle, vous m’en ferez une vidéo, un listing, je veux connaître leurs maladies, les noms de leurs maîtresses et ceux des amants de leur femme, je veux leur état de fortune au centime près et la photo de leur maison, de leur voiture et de leur dernière déclaration d’impôts ! Et pas des trucs bidons, n’est ce pas Joseph, rien d’arrangé de caché de bidonné de bidouillé de cochonné !
— Bidonné, Monsieur ?
— Mais oui, comme le site bidon, vous voyez ce que je veux dire, n’est ce pas !
Certainement Monsieur, je vois très bien où Monsieur veut en venir, mais si Monsieur me permet, je voudrais lui dire de se montrer parcimonieux avec ses retrouvailles mémoristiques, on va croire que Monsieur simule. Monsieur devrais plus regarder le journal télévisé et la ferme, Monsieur devrait éviter de ressasser certaines vieilles rengaines, Brassens ou la guerre d’Indochine, Monsieur devrait se concentrer sur les happeur de pognon, les boit sans soif les conseilleurs qui ne sont pas les payeurs, Monsieur devrait fustiger les faux amis, arrêter de déconner Monsieur a connu le succès, peut-être est-ce dangereux d’en chercher un autre ou un suivant ? Tu Monsieur ne doit pas croire les Eliot, les de Guise les de Navarre, Monsieur doit observer ce qui se passe ailleurs , chez les Stuart qui disent que sans les lingots empilés au seul endroit connu de Monsieur, Monsieur serait oublié morfondu culdebassefossé ! Monsieur doit pensé que peut-être Cousin, de Gerpines comme dit la rumeur ne veut que les ors et les argents de Monsieur.
— Monsieur doit s’attentiver auprès de ceux qui disent que Monsieur n’entend que ce qu’il veut entendre, ne se souvient que de ce qui plaît à Monsieur, Monsieur doit montrer clairement que Monsieur ne joue pas avec le feu. Monsieur doit surveiller ses paroles, même s’il s’agit de souillons de servantes de basculs, de courtes cuisses, de Bécassine et autres bécasse, la gent féminine est de nos jours propice à la révolte, Monsieur a bien lu que Madame de l’oncle Linx fait la pluie et le beau temps auprès de la magistrature, Monsieur est un esthète qui aime regarder danser les petites filles, je dis alerte, on peut regarder mais pas toucher. Monsieur doit savoir que si le cheik Ramandan peut se permettre de répudier une vieille de vingt-six ans pour reprendre une jeune de treize, il n’en reste pas moins pieux et respectueux de la loi qui ne l’autorise pas à être l’époux de plus de quatre maritornes. L’époque de Monsieur a changé, la maréchaussée en casquettes pokemon arrête les excessifs de la route, l’on préfère en ces jours les nouilles aux repas pantagruéliques qui sont politiquement incorrects en ces temps où sœur Emmanuelle est sortie de son fauteuil pour dynamiser les loquedus. Elle se la joue d’ailleurs gros, les roquettes volent bas ! Monsieur doit canaliser, sélectionner, voir l’approche la plus favorable, sentir les amis qui sont nuls et ceux qui sont bien, découvrir les haineux et pourchasser les imbéciles !
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyVen 17 Mar 2006, 05:29

Ainsi donc, un texte prévu chaque jeudi ...

Ce jeudi, un cadavre gelé est découvert dans le bois de la Housse.
Point d’orgue ou point de départ ?
Quel commissaire s’occupera de l’affaire ?
On le saura jeudi prochain, si le printemps est arrivé.


uniquement à suivre chez http://cdrose.skynetblogs.be
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyVen 17 Mar 2006, 17:35

xian a écrit:
Ainsi donc, un texte prévu chaque jeudi ...

Ce jeudi, un cadavre gelé est découvert dans le bois de la Housse.
Point d’orgue ou point de départ ?
Quel commissaire s’occupera de l’affaire ?
On le saura jeudi prochain, si le printemps est arrivé.

Bonjour les fleurs et leur parfumproductions de Xian. - Page 3 Stink1bn
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyLun 20 Mar 2006, 10:46

— Que de travail Joseph ! Que de travail en perspective, la mémoire qui se reconstruit ne me claironne pas technicien de surface des écuries d’Augias ! Ne peut-on simplement faire un audit ? Ne peut-on réellement m’en laisser à mes adroites en amour, à celles qui en savent plus d’un tour, femmes d’atours, d’images et de mots de douceurs petits lokoums tendres, aisance de langue et seins palpitants, indécente à en faire mourir ce nouveau Ben oït qui cherche les jeunes chrétiennes ou qui sait, à le faire vivre ?
— Monsieur doit rester réaliste, Monsieur doit savoir que les gens jasent, se demandent pourquoi tant de facilités proposées au Conseil...
— C’est qu’ils ne s’aiment pas Joseph ! Devant la supériorité, disait Goethe, il n'y a de salut que dans l'amour. Si vous n'admirez pas, si vous n'aimez pas l'être en qui s'incarnent des valeurs supérieures, vous ne pourrez maintenir l'estime que vous avez de vous-même qu'en dénigrant tout ce qui se rattache, non seulement à cette valeur, mais à l'idée même qu'il puisse exister des valeurs supérieures. Il en va ainsi. Joseph, pour ce conseil de vendredi, je mettrai mon nouveau costume arrivé ce matin de Savile row bien que l’on dise que la Kublair a quelques difficultés.
— Citer Goethe et se préoccuper de la toile de ses fripes démontre à raison la supériorité de Monsieur.
C’est un mot final pour cet instant, Joseph, je me retire, déjà je le sais, l’une d’entre elles m’attend et cela vaut mieux sinon que la scarlatine, du moins que le rire bellâtre de Lundentreux.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyMer 22 Mar 2006, 15:20

Le Conseil aura donc lieu vendredi en huit et mon diaribouque n’est pas même à jour, j’en étais à la lettre B sans avoir complété les A, dites trente-trois, C comme conseil chambre chambre du conseil antichambre antipape soupape, on va pourtant voter des choses dit-on voter quelle curieuse manière de faire, je décide un point c’est tout et Mère approuve, Mère fait exécuter le bourreau exécute nous sommes tranquilles j’en étais aux cés.
Un lot m’en est venu tout à la fois, Clémence, Clément Marot, Clotilde et Clovis Noël, Colette Puratos et le célèbre Colinot, Connie et Constant et Cori le moussaillon, Cori Nadine, Cousin, Cousteau, Craquette, Crespel...
Et Camille, Camille Sigrand si je puis oser la citer, On ne parle guère de la famille Sigrand, dirigée par Camille Sigrand. Le groupe est pourtant un « grand » de l’industrie portuaire. Le groupe agit comme affréteur, chargeur, propriétaire de navires, exploitant de ferries, de lignes vers l’Afrique et l’Amérique latine, agent, transporteur de voitures et expéditeur. Quasiment une moitié de son chiffre d’affaires provient de la branche affrètement. Il gère une flotte de 9 bateaux dont 5 ferries et 4 cargos de vrac au départ d’Anvers et de Zeebrugge.
Camille adore être nue
Elle apparut un certain jeudi, vers midi et demi. C’est grâce au bœuf bourguignon, bien sûr, que je me souviens du jour et de l’heure.
Elle était grande et portait un manteau d’astrakan beige que sa chevelure blonde fermait d’une écharpe soyeuse. Ses lunettes de soleil interdisaient de saisir son regard et empêchaient même de distinguer les traits de son visage. On aurait dit l’un de ces «loups» de soie noire que les femmes portaient à Venise lorsque plus jeune j’allais au bal masqué ohé ohé, masque de toutes cachant les ridées mieux que Revlon, escamotant les grincheuses, livrant aux coquettes des instants de rencontres, des minutes de plaisirs interdits, de petites jouissances calmes sous couvert d’anonymat captivant.
J’étais dans un gîte relais mousquetaires en cuisine, quatre cents chevaux Rosa Testa rangés devant la porte, larbin de concours et de circonstance, le directeur de la masure accourut pour lui ôter son manteau comme l’eut fait un Giscard inaugurant une statue de la liberté. Mais il n’y eut pas de discours, que de la comment dire, rien, un moment de silence total. Du mouton noir bouclé et crêpé de Russie surgirent deux épaules indescriptibles sous un fin tulle écorce d’orange translucide et pas comme on en voit de nos jours en aubergine pourrie, ceinture de cuir à boucle d’or, jodhpur de lastex moulant hanches bassin et cuisses allégoriques. La féminité était entrée de plein dans mon champ de vision et celui de quinze à vingt dîneurs ébahis. Il serait malveillant d’expliquer ici comment elle fut amenée à s’asseoir à ma table, à me parler de sa vie à prendre le café en terrasse, à déguster des alcools fins et rares à l’étage, à s’allonger un moment pour reprendre ses esprits, j’avais perdu les miens ....

Je les recouvre, je revois des moments, je visionne des gestes, curieux l’amnésie ?
Se soigne-t-elle par les regards sur les cimaises d’ancêtres, sur les pages d’albums photos ? De Camille, Je n’ai gardé d’elle aucune photo alors que j’ai gardé celle du 1 FEVRIER 1968. Le deuxième photo la plus célèbre du Vietnam : alors que l'offensive du Têt fait rage et que le VietCong semble l'emporter, le Général Nguyen Ngoc Loan, directeur de la police nationale du Sud Vietnam invite des journalistes à une visite guidée de son secteur. Croisant une patrouille qui vient d'arrêter un civil anonyme, soupçonné d'être un chef communiste, Loan exécute le civil d'une balle dans la tête devant le photographe Eddie Adams et le caméraman de NBC Vo Suu qui immortalisent la scène. Le film de l'exécution passera en boucle à la télévision aux US et en Europe et la photo, sera publiée des millions de fois. Ils contribueront à monter l'opinion publique contre la guerre du Vietnam. Loan se réfugiera aux US, évitant un procès pour crimes de guerre grâce à l'entremise de Ronald Reagan. Il y mourra d'un cancer en 1998. Photo: http://www.wellesley.edu/Polisci/wj/Vietimages/vcexec.htm La scène figure même dans un jeu vidéo: http://whitelead.com/jrh/screenshots/saigon.JPG



Sûr que je n’allais pas conserver toutes les photos des courtisanes pour que vous convulsiez, que vous hihahaniez de mes saillies, plein votre tête, en parliez et même les reproduisiez, les lecteurs ne sont-ils pas un peu pervers ?



Huit demain matin avant ce conseil, qu’entends-je Joseph me dire d’à-propos d’agenda de noms de répertoire de mise à jour de la lettre D, dé six faces chiffrées six coups le seul sept coups de l’Arizona, dé, dédé, Dédée, Dédé d’Anvers.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyVen 24 Mar 2006, 05:01

Delphine dauphinou forme apocopée de adelphos le frère, Delphine, fut un moment comme une sœur mais en cette soirée d’été dernier, chaud, faut-il le rappeler, Madame de Staël nous servit l’apéritif au bord de la piscine, à l’ombre d’un gros figuier, parmi les géraniums en fleurs. Delphine troqua l’azur de sa robe contre celui de l’onde chlorée et mêla aux feux du crépuscule les flammes dorées de sa nudité.
J’aurais, me dis-je, pu rencontrer Delphine Seyrig, aurais-je pu lui jouer mes comédies ? ou Delphine Ingres, mais comment dévêtir une femme de peintre déjà nue sur les murs de plusieurs de mes amis, ou Delphine Miranda, mais baise-t-on les pieds les mains enfin tout de l’épouse dévouée d’un général en prison ?
Et puis, il y avait Céline, je ne pouvais tout faire... Céline, qu’est ce que cela, flashe, trombinoscope, lueurs hippiques, elleessedéiques, chandelliques, je vacille me rattrape de guingois entre la table chêne massif et une chaise qui se secoue me secoue m’échappe s’en court je suis à terre, je n’oserais appeler Joseph, que lui dire, j’ai vu le diable, cornu fourchu terrible c’est Line ? Line, je ne me souviens que d’une petite mignonne qui joua pudeur et jambes croisées auprès d’un boucanier... Line, non, le visage est estompé, le brouillard tenace soyeux fibreux lisse diffus vibré
Je me souviens
Vaguement mouvance de souvenirs images imaginées Chez Boris Viande à toute heure, il était peintre, non, en tous cas il gâchait de la gouache et de l’acrylique, il salopait ses tabliers, il en oubliait ses sauces, quelques tables des Messieurs pressés et d’autres furtifs, des habitués du bout de gras et des amoureux amoureux amour amours septième ciel sept cieux et sept mercenaires un bistrot un café un bar tabac Je m’appelle Henri la rengaine à la mode, le contreur de Mitterand, du vin messe curé pensionnat château ah tout de même château brouillard brume voile flou alcools bistrots bistrot café bar tabac Je m’appelle Charly et je m’appelle Lulu. On est sur M6 pour le Hit Machine le samedi en compagnie d’Irène et Jessy.
Le samedi en compagnie d’Irène et de Céline …Je m’appelle encore Charly et je ne sais plus je ne sais pas je ne sais rien on est sur le disque, pour faire la musique. Le mercredi on peut mais on est jeudi, bon sang, nous sommes jeudi et je m’appelle Henri !
Mardi, mercredi et jeudi, donc aujourd'hui, je suis allé à Belle île, je voulais rencontrer celle qui avait écrit : faire les magasins. Non pas pour céder à ma fièvre acheteuse, mais pour déposer des CV. Ce qui nous fait un total de 123 CV distribués en 3 jours ! Pas mal du tout! Ce matin je suis allée faire un tour à Belle Ile en Liège. Le plus gros centre commercial du coin. Je me suis trompé, je m’appelle Henri je suis allé à Belle île, en mer, du côté de Kim Wilde. J’aurais voulu la voir celle-là qui distribuait les chevaux, moi, j’en ai 300 dans la Testa rossa mais je crois que je vais la vendre, le cendrier est rempli et Joseph me dit que ce n’est pas de son ressort.
Tiens c’est un jeudi que la juge A. Jetée des référés du tribunal de Paris a confirmé l'annulation du spectacle que devait donner un dieu à l’Olympia sans se prononcer sur le principe de la liberté d'expression évoquée par le fils de la Bretonne et d’un Camerounais, je crois que j’aurais pas supporté moi, situation sensible non ? Qui me voit en fils de Bécassine ?
Une note est tombée, un post-it, peut-être une trace de mon passé, Jeudi 10 octobre 2002 :
Aujourd'hui je me suis levée vers 11h, j'ai pris mon petit déjeuner, ma douche et, après m'être fait un maquillage léger et avoir enfilé une jupe en jean avec un petit haut noir et marron avec bottines assorties, j'ai sauté dans ma Smart et je suis allée déposer ma candidature pour des petits rôles dans le cinéma ; puis je me suis occupée de répondre à mes e-mails et de préparer mes affaires pour mes spectacles de ce week-end. Demain, départ pour Forbach où je crois qu'il va faire très froid ; je dois penser à prendre ma lingerie en vinyle pour le spectacle, puis mes cuissardes, mes paillettes pour briller de mille feux. Bien sûr, je dois aussi préparer mes affaires de toilettes : string de rechange, nuisette, lait corporel, gel douche à la vanille, rasoir pour avoir les jambes douces pour mes fans lorsqu'ils me caresseront lors de mon show ; c'est vrai que quelquefois, ils ont le temps de toucher !
Patricia Fromage ? rien ne s’arrange, j’ai beau laisser tourner le moteur, j’ai beau avoir la cavalerie à mon service, des mousquetaires au couvent, des mignons dans les antichambres et des jardiniers anglais tressés de myosotis, je m’appelle Henri je m’appelle Henri je me le répète et ça ne sert à rien. Je n’y vois pas plus loin je n’y vois pas mieux je reste naïvement souriant.
Un autre post-it sur le coin du vaisselier d’étains qui parle d’Espagne et de guerre, je l’avais dit que cela tournerait mal avec ceux de Navarre, on ne m’écoute pas ici ! Aujourd'hui, dit mon ragusette, nous savons qu'à partir du jeudi 11 mars à 19h40, les enquêteurs espagnols savaient que l'explosif employé par les terroristes était de la gélatine de type "Goma 2". Nous savons qu’ils savaient que nous savions, de quoi s’en ponce pilater les mains ! Ils le savaient car ils venaient de retrouver dans un sac un engin explosif intact... C’est fou ce que les gens sont distraits, c’est dingue ce qu’on laisse traîner, à la portée des enfants, tiens, je traverse un parc pour rentrer, vous avez vu, avec la statue de Diane qu’à photographiée Alcazar, eh bien, voyant un emballage Quick Bacon, j’ai tout de suite pensé à un attentat ! Un gus qui avait perdu ça ne pouvait être qu’un attentiste. Pas un de l’ETA, c’est bien connu, les Castillans emploient des toros à petites cornes, les Basques sont plutôt suspendus à des méthodes plus anonymes, explosifs dans les bérets, pelote et autres matériaux, pourquoi changeraient-ils d’idée, ces gens-là, quand on a un bon fournisseur, on n’en change pas.
Ces considérations me rapprochent-elles d’Henri ou m’en éloignent-elle ? Quel sera l’ordre du jour du conseil de ce fameux vendredi, Joseph me dira tout samedi. Enfin, parole de Joseph !
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptySam 25 Mar 2006, 07:04

Vendredi 24
Une semaine avant le conseil vite la lettre E, y trouverai-je mieux qu’ailleurs, il me faut des mais pour me soutenir au conseil on va voter me rappelle Joseph !
Elle était en retard.
Comme d'habitude.
Allongé dans son lit étroit, les paupières à demi closes, je l'observais en secret.
Elle avait des gestes nerveux d'oiseau habile et pressé.
Elle commençait de se vêtir dans ce désordre qui lui était propre lorsqu'elle devina que je l'observais.
En deux bonds elle fut au pied du lit.
Mon coeur heurta ses cuisses nues qui me dédiaient un sourire cannibale.
Elle plantait son regard dans le mien.
" Tu m'aimes ?
Ce n'était pas une question.

Mais j'ai répondu oui.

Je suis certain qu’elle s’appelait Elisabeth et qu’il était Siam
L. Siam


Samedi
Donc, après l’éuh l’effe Leffe Dinant trappiste fromage santé, je relis une fois encore la lettre que le porteur de DHL a déposé en mes mains propres comme le figurait l’imposition sur l’enveloppe.
Monsieur Henri,


Je m’appelle Eugène Flahaut, comme mon ancêtre, je suis ingénieur et Français. Mon aïeul, avec son demi-frère Stéphane Mony, construisit la première ligne ferroviaire française: Paris-Le Pecq (près de Saint-Germain-en-Laye), en 1837, puis Paris-Rouen (1840) et Rouen-Le Havre (1842).
Personnellement, je me suis contenté d’un diplôme et de quelques années au service d’un industriel de Nancy. Plus tard, je suis rentré à la police scientifique et je suis devenu par le hasard des choses un collaborateur de la DGSE à moins que cela ne soit du CRN ou du KWIK, toutes ces abréviations ne veulent rien dire et n’ont d’utilité que de pouvoir nommer des fonctionnaires à des postes précédemment inexistants. J’ai arrangé une petite chose pour la fille du président de la république et c’est ainsi que je suis devenu un conseiller « dans l’ombre ». Grâce à cet appui occulte, j’ai obtenu un poste à la Gécamines.
Un peu après, j’ai été conseiller aux affaires africaines durant l’année 83. C’est alors que j’ai été au mieux avec Marius Jacob et André Clown. C’est aussi à ce moment-là que nous avons fait affaire avec vous. En ce souvenir, j’aimerais vous transmettre des documents qui vous seront fort utiles lors de la séance plénière de vendredi prochain.
Votre dévoué Flahaut.



C’est étonnant, je n’avais pas fini de lire cette lettre qu’un certain Alain Zucco, policier de la sûreté de l’état ayant récemment monté une affaire en épingle me fait tenir une courte note par porteur, enveloppe E/V.

A Monseigneur Henri,
Le thème du criminel qui a payé sa dette envers la société pour commencer une nouvelle existence en mettant son expérience du mal au profit du bien se retrouve chez Victor Hugo. Faisant la connaissance de Vidocq en 1849 au moment de la rédaction des Misérables, Hugo le dédouble dans les personnages antagonistes de Jean Valjean, ancien bagnard, et du policier Javert. A la générosité du personnage épique de Valjean qui renonce a sa vengeance, s’oppose la malfaisance de l’inspecteur, espion maniaque, enfermé dans une conception étroite et institutionnelle de la justice et de la Loi. Sans être un roman policier, Les Misérables valorisent la structure narrative du roman noir, la poursuite d’un ancien bagnard par un policier. Le cas de Monsieur Henri ayant habité au 349 Impasse Delarue relève d’un genre cynique proche. L’amalgame habituel belgicain risque de vous éclabousser. Le lieutenant Palumbo est toujours à la recherche dudit Henri et de ses femmes disparues. Vous pourriez être dans la tourmente, mais aussi l’éviter, pouvez-vous faire déposer une somme intéressante à mon adresse (au verso) en échange d’informations pertinentes démontrant votre totale innocence en cette affaire.

Votre serviteur,
Alain Zucco, retraité en résidence à LaRoche.



A l’instant où je pensais remettre à Sarco, valet de pied s’occupant des poubelles, ces chiffons de papier, un troisième message me parvient par le biais du Minitel.


Pour le Général Commandant Henri,
De Auguste Dupin

Mon Général,
J’ai bien retrouvé le témoin anonyme,
On pouvait espérer de sa part plus de précision. Rien n’est encore éclairci, et il faudra attendre, pour en savoir davantage, qu’un disciple, un témoin oculiste ou un descendant, enhardi se présente.
Je reste votre ordonnance active, tout est prêt pour vous recevoir, la maison d’en face est louée, la lumière sera allumée tous les jours à cinq heures.
Fin de message.



Un psychanalyste ne saurait mieux dire. La lumière sera allumée. Progressé-je, Joseph va-t-il me donner les explications manquantes ? Quel genre de week-end s’annonce ?



Rapport du détective Lestrapade. (parvenu à mon bureau par l’opération du saint esprit et d’une demoiselle de chambre qui fit oh quand je la retournai !)
Après avoir déjoué de nombreuses tentatives d’assassinat, je peux certifier que je n’ai trouvé aucune trace d’un mari quelconque officiel qui aurait été dans la vie de la dénommée Céline Fernand. Un homme, son mari légal mais dont aucune trace ne figure sur les registres d’état-civil de la commune de Stanleyville ( détruits par un incendie tribal ) où il serait né et où il aurait épousé ladite, a quitté la route, il y a moins d'un an le long d'une falaise de la côte entre Eze et Menton, léguant à la jeune femme un mas de belle taille, qu'elle ne semble pas décidée à quitter, dans le village situé à une dizaine de jets de pierre, en contrebas d'un enclos dissuadant les curieux et au bout d’un chemin en garigue qui semble être gardé sinon par un concierge attitré du moins par un garde chasse ressemblant à un garde du corps. Certains pensent que ce Melocake, c’est le nom du garde chasse, un écossais, est son amant, d’autres, dont la caissière du Super U voisin disent qu’au contraire elle a un amant en titre, un médecin, dit-on, d’autres au village dont la femme du garagiste affirment qu’elle se fait culbuter par les deux voire par mon mari quand il va chez elle pour des bricoles, comme il dit, je répare les bougie, je tripote sous le capot, enfin, les hommes ! Depuis la fin de l’hiver en tout cas, je peux dire que la vie affective de la dame Céline semble avoir trouvé un nouveau souffle. Deux fois par semaine en effet, on peut apercevoir une voiture rouge stationnée devant le poulailler jusqu'au lendemain matin.
Ma mission s’arrête ici, la dernière note de frais n’ayant pas été honorée.
Toutefois je peux ajouter que plusieurs témoins pourraient donner des informations capitales, le principal étant sans doute le tenancier d’un bar-tabac à Paris, près du canal de l’Ourcq.



Vais-je monter à Paris ? Vais-je en parler à Joseph ? Quelle conclusion heureuse attends-je de me retrouver ?
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyMer 29 Mar 2006, 18:24

Tethya
ben non, ça, c'est ailleurs... tailleur ?


Bien que je ne sache pas au juste qui et quoi, il est cependant nécessaire que je conserve mon incognito, je suis donc descendu en baskets souple, jean moulant et tee-shirt rose, j’ai cru comprendre d’une communication avec madame Valoo que le rose était la couleur parisienne, peut-être un point de ralliement.
On ne sait jamais, il va peut-être falloir séduire quelques indigènes, j’ai poussé dans le coffre d’une très anonyme Pijosimca aux ressorts dignes d’un lit français deux casques de chantier blancs (pour la visite des halles), quelques robes en diolène achetées en vitesse hier sur le marché de Maastricht (comme monnaie d’approche pour les autochtones que l’on dit peu farouches), trois revolvers à eau en plastique (pour leur marmaille), un gildwelle à longue lame dans son étui (pour la découpe des cuissots et des cuisseaux, lesquels sont les meilleurs d’après Mérimée ?) une paire de bottes (pour la visite des catacombes), de l’ail et deux citrons (contre les vampires et le scorbut), des chaînes d’acier trempé (pour attacher les porteurs récalcitrants), un coffre de verroterie (de chez Kruidtvat) et des bibles (illustrées imaginativement et abrégées), un petit fût de rhum (Negrita). Je trouverai certainement le reste sur place, un bidet pliant, un canot gonflable, du sérum contre le venin et une boîte de capotes.

Au sous-sol, je me suis senti l’âme de Henri Morton Stanley sur le chemin de Portsmouth. Sur la rampe j’ai accéléré pour passer à l’orange, j’ai viré sur les chapeaux de roue dans l’avenue encore sombre à cause du changement d’heures, j’ai vrombi tant que faire se peut des quatre cylindres de Sochaux, pilé au stop du boulevard du souverain pour laisser passer un curieux passant en slip de bain, j’ai franchement survolé le viaduc de béton mou, engagé la surmultipliée, dépassé un livreur en tricycle, poussé dans ses retranchements un facteur d’orgues, talonné un camion de TNT bourré à exploser, autostrade, bétonbahn, flash radar était là, je pompe je pompe je pompe j’entre dans la dixième province récente et encore endormie. Déjeuner frugal d’une tartine de beurre jambon sous feuille diaphane, café de la machine à vapeur, je dégaine comme le gaucher, pistolet de la pompe à essence, glouglouglouglouglouglou, ces vieux chevaux consomment, dis-donc, broum, vroom, crachotis, pétarades, La Louvière, visiter les ascenseurs, incroyable époque, de mon temps il y avait les musées ou les monuments, ça me rappelle irrésistiblement Viviane qui voulait toujours pousser sur le bouton arrêt, un gros bouton rouge, je lui avais dit je viens avec toi, au centre Martini, je te montrerai même mieux, il y a aussi un téléphone dans la petite cabine, incroyable dit-elle bon, on s’égare mais la route est monotone, Borinage, archéologie industrielle, monument à la gloire de Sogetra double face à Hensies, Valenciennes au loin, la Somme défile, laissant loin derrière moi les bêtises, le passé, justement, j’aurais voulu le retrouver, c’est le but de ce voyage, jonction avec la piste de bison futé venant de chez les Chtimis, gauche, droite, rien en vue, Péronne, au loin les tours de Senlis, file, péage ! On me l’avait dit, ils jouent les civilisés mais ne vivent que de rapines et de pots de vin, j’ai ce qu’il faut dans la malle arrière, des couteaux en plastique, une bouteille de Zizicoincoin, cela devrait suffire.

A ma droite le fameux château du général Alcazar, aux mille écuries, devant, les tours jumelles de la porte de la chapelle, le joint de culasse explose de joie dans le tunnel.
— Vieux connard ! crie un taximan qui me double tandis que je me range. Ainsi donc, même leur langue est fruste, je lui fais tout de même signe de la main, pas la peine de se fâcher avec les indigènes dès le premier contact. Dans la boîte à gants qui jamais n’en a contenus, je prends le manuel qui devrait répondre à mon questionnement.
Vérifier la carte verte, na transportez pas du vin sans un congé que vous devez obtenir sur place au moment de l’achat, ne stationnez pas devant les ministères, des hôtesses fournissent les prix des garages liste séparée, la priorité de passage est accordée aux ambulances, un document d’importation temporaire est nécessaire pour votre avion, si vous avez un accident...
Ce doit être la bonne rubrique, que faire, un garder son calme, deuxio rechercher un agent de l’autorité, ...
Précisément, en voilà à bord d’un véhicule assez surprenant surmonté d’une petite lampe bleue, ce n’est pas très joli.
— Ah messieurs, je vous salue.
Papiers, carte grise, z-êtes étranger ? les mains sur le toit du véhicule, écartez les jambes...
Je me suis invité dans la ville lumière, il n’est évidemment pas question de détonner, je suis les coutumes locales.



Rien n’a bougé depuis longtemps, ici rien ne bouge jamais, entre la société du gaz et les abattoirs, les immeubles sont restés, seuls les gens ont changé, et encore, pas tous, les habitués de chez Henri travaillent rue de l’Ourcq, rue de Cambrai, rue de Nantes, rue de Montaigu, rue de la digue. Autour de Saint Christophe se rassemblent des populations étranges venues des quatre horizons, on dit ici qu’il y en a de Belleville, que des Bretons se sont installés impasse de Joinville, que Désiré connaît Marseille. Des parfums d’Afrique montent du sol aux linges d’Italie pendus aux fenêtres.
Paris ressemble aux contes de mon enfance, toi la Maria, toi la servante...assis dans ma cage vitrée, j’observe le va et vient devant le bar tabac café brasserie restaurant coiffeur, je regarde impressionné l’enseigne peinte par un ancien décorateur qui faisait les affiches de cinéma du vendredi (les films changeaient le vendredi à dix heures et dans le quartier il y avait le Movy, je me souviens comme si c’était hier du Mariage à l'italienne (Matrimonio all'Italiana) de VittorioDe Sica).
Chez Henri.
Ainsi donc, ici, je trouverais, disent certains, toutes les réponses à mes questions. Sans doute est-ce beaucoup demander, si déjà je pouvais avoir des certitudes quant à mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs, oh oh ! Avec ces indications-là, je n’aurais pas l’air novice, collégien, puceau, vendredi prochain, grand jour du Conseil.
De l’autre côté du trottoir à côté d’une colonne Morris un kiosque étale des couvertures de magazine que ne regarde qu’un adolescent un peu pâle. Traîne le Elle ou Emmanuelle Béart est mi-nue, trempée dans l’eau jusqu’aux fesses, un vieux plan Hatier, le Paris-Turf, des seins marmoréens, des seins virginaux, maternels, érotiques voire historiques, tel celui d’Evelyne Thomas dont la manchette hurle « Elle crie au faux ! ». Le sein, compte tenu du nombre d’expositions dont il bénéficie semble être un objet de culte dans le quartier, peut-être appartient-il, il est vrai, au patrimoine national. Il est celui de Marianne avant d’être celui d’une quelconque dévergondée.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptySam 01 Avr 2006, 05:56

Marianne et la France, Marie de Clèves et Louise de Lorraine, Jeanne d’Arc, des noms de femmes me sautent au visage comme ces poitrines généreusement exposée chez le petit libraire, des formes, généreuses elles aussi, la Maria, elle me trotte, la Maria et puis Fabienne, Fabiola, Fatima, Géraldine, Germaine, Georgette, très généreuse, le cul large, des formes, pas de visages, des noms, pas d’époques, ...
Louise, Louise, vos démons ? Tina, Brooks, ...du café Henri entrent et sortent des dizaines de personnes, cela marche bien ce petit bistrot qui ne paie pas de mine.
Louise, Maria, c’est quoi, c’est qui d’où me viennent des images des mots, Maria toute noire à la Boule rouge, Maria, toi la Maria, toi la servante ...l’air tourne comme le moteur de cette camionnette qui vient me couper le champ de vision, n’est-ce pas étonnant que l’on puisse encore couper une vision à celui qui déjà ne voit rien.
Je crois bien que je l’ai déjà dit, mais ne peut-on, se bisser ? Je me d'mande si c'est la même qui nettoyait à La Boule Rouge, un bistrot huppé de Matadi, on lui disait souvent, regarde Maria, ici c'est pas encore propre et Maria se penchait se penchait se penchait s'épanchait, je l'aimais bien Maria, je lui disais tu dois encore laver ici et là, Maria....
Donc je suis allé à Matadi. C’est loin du canal de l’Ourcq. Ce café serait-il un rendez-vous d’anciens saigneurs, de mercenaires, de colons en panne ? Qu’ai-je à y voir, à y faire ? Y avait-il là une alcôve cachée dans la boiserie où la duchesse de Guise se pelotonnerait, un cabinet où l’on peut tout entendre, voir au besoin sans être vue. Par Notre-Dame ! c’est bien utile, un cabinet, pour les expériences politiques, pour de magiques opérations.


La camionnette s’en va en dégazant, c’est pestilentiel ! C’était une livraison pour le marchand de journaux, la dernière gazette du matin dont la manchette est : « Les chiffres ne mentent pas, trois mariages sur quatre terminent en divorce ». Cela m’incite à penser que tous ces Messieurs auraient plus simple à vivre s’ils épousaient directement leur quatrième femme.

— Maria. Oui, j’ai bien connu une Maria m’à raconté le marchand de chez Nicolas à qui j’achetais un litron pour écluser en attendant de décider, de décider de décider, ce qui n’est jamais simple !
La trace de Maria de Naglowska se perd au début de la guerre, n’est-ce pas mon pôv messieu, à mon avis, elle n’aura été qu’un de ces météores que nous fréquentons parfois et dont on ne peut mesurer la trajectoire que sur un parcours réduit. Elle était pauvre, et il est évident qu’elle aura succombé finalement à ses difficultés financières; les livres qu’elle préparait et annonçait comme la Messe d’Or ou la Victoire de la vie, le Bien et le Mal et Harmonie Nouvelle, n’ont sans doute jamais paru. A-t-elle pu rester à Paris durant l’occupation ; ou a-t-elle résidé dans une autre ville de France ? Comment savoir, voyez-vous ?
Je ne voyais rien du tout, une première piste sérieuse quant à mon passé, celle de Maria, s’effondrait-elle ? De la guerre j’avais gardé l’impression que, chaque nuit, je périssais dans les flammes d’un château de Touraine. Une image folle surgit d’un bout de Seine et d’une tour similaire à celle de ce château, la tour de Nesle.
Onze heures, je me décide, je m’arrache au cuir de skaï et je vais balancer mon grand corps beau et tout jusqu’à l’entrée du bar, j’y pénètre derrière un habitué qui jette à la ronde un « salut tous Henri, un demi ». Voix off relayée par un tonitruant un demi Maâmm Maria.
Des tables au formica pas trop propre, un bar rafistolé une vieille Faema du temps de Merckx, des chaises bancales, des tabourets, une barre, le zinc classique mais plus loin l’arrière salle meublée de tables couvertes de nappes à carreaux rouge et blanc. Ce café avait un bar d’habitués très occupés, trop pour se laver les mains entre chaque dégustation mais il s’y commerçait visiblement des plats du jour appétissants, le lunch ressuscitant, la cuisine de chez nous, cet établissement offrait des beignets au poisson, du punch planteur, des boudins créoles, du gumbo à l’acadienne au milieu de sa clientèle locale et celle glissant du périphérique par le boulevard Mac Donald, des hommes d’affaires, des directeurs bureaucrates, des voyageurs de commerce en tissus milanais, des plafonneurs sardes, des carreleurs calabrais, des maçons espagnols, de plombiers parisiens, des employés de la Lyonnaise des eaux et ceux de la banque Ben Tapijt, des marchands de charbon et vin auvergnats, un représentant en moutarde de Dijon, des agents d’assurances suisses, de midinettes du coin et de quelques présidents en costumes foncés. La cuisine, chez Henri était tenue par un Hamida fort en gueule et par une Mauricette de l’île Maurice qui vous plantait d’un regard assassin toute tentative de touche à mon et tu verras Montmartre et qui n’arrêtait pas de gazouiller.
Pour midi c’est complet annonça l’affichette à ceux qui se pointèrent trois minutes après le coup de gong. Chez Henri, la salle à manger s’ouvrait sur un coup de gong.


Le plat du jour, un demi de rouge, la cuvée du patron, un Henri de derrière les fagots, très gouleyant, une île flottante, un express.
Ronronnement de conversations multiples, voix qui s’entrecoupent, sonorités étranges et vocalises assourdies, eh oui hier, j’étais fatiguée ! Et c'est dommage parce que nous avions prévu avec mon chéri d'aller assister à un spectacle de piano de musique romantique et me voilà tellement fatiguée que je n’ai rêvé que d'une bonne douche chaude et de télévision bien au creux de coussins de soie, chez moi dit, une petite voix chaude, probablement la blonde assise au trois quart d’onze heures, direction fenêtre, une habituée sans doute, une dactylo qui lisse sa jupe en se levant, elle salue quelqu’un que je ne vois pas. Elle sort en lançant un au revoir Henri.
Je hoche la tête.
« Malgré son importance, la présence active de gros bonnets industriels et financiers dans les conseils d'administration des principaux groupes de presse ne justifie pas à elle seule la connivence systémique qui se développe de plus en plus entre les cercles médiatiques dominants et les milieux d'affaires ; le gratin du monde économique et financier cherche aussi à rencontrer l'élite des pouvoirs médiatique et politique dans des lieux privés, à l'abri des regards indiscrets. » Bon inintéressant, rien à voir avec moi.
Sur une banquette, un petit couple doux. Il avait l’air d’avoir trop chaud et transpirait abondamment, elle semblait avoir froid ou du moins tout juste. Elle avait bu un jus pêche abricot avec des glaçons, lui une bière pression. Sans doute parlaient-ils de tout et de rien, il lui caressait le dos à travers au moins deux pulls. Ses mains étaient peut-être froides car la fille frissonnait, Maria murmura le garçon, Henri répondit doucereusement la fille en grelottant de plus belle.
Il parla, disant des choses sur lui, comme on aime en dire de soi à la personne que l’on aime, il la prenait sous le bras, déposait sa tête sur son épaule large et solide. Tout à coup, ils se mirent sur pieds, salut la compagnie ânonnèrent-ils, soudainement les voilà pressés, une urgence d’amour sans doute.
En face d’eux absents désormais, un personnage dodelinait du chef, étrange ressemblance, du déjà vu, un Henri de ma famille, un beau-frère de Maria, non, mieux et pire, la mémoire est donc suprêmement sélective, j’avais devant moi attablé calmement le sosie – ou le vrai, Jean-Pierre Marielle peintre de natures, chercheur de la perfection faite fesse. Je fermai un moment les yeux pour me repasser sur l’écran noir la servante de l’hôtel baissant culotte, ah ! ha ! nom de dieu de bordel de merde quel cul mais quel cul.
Comme quoi la Bretagne n’a pas que des galettes et du chouchenne à proposer.
Et de Bretonne avant la bonne Bécassine, j’en ai connu l’une ou l’autre, souvenir vivace mais sans images d’Alexandrine que j’avais surnommée drinne-drinne, en raison de la petite secousse que je recevais chaque fois que je lui parlais. Ce fut elle qui me "prit en mains" à mon arrivée au cours de technologie maritime. Donc j’ai suivi un cours de ce truc là, je ne me souviens de rien, mais, c’est moins étonnant, peu d’élèves se souviennent des cours du secondaire évolué. Mais une fille, oui, elles font tout, maintenant, paraît-il, il y a même des chauffeurs routiers, chauffe Marcelle, que je fasse un pneu ! Ce ne fut pourtant qu’après un temps que je fus invité à passer l'après-midi chez elle, dans son grenier. On s'est éclaté comme des fous à réciter des poèmes et des fables, et à jouer aux chiffres et aux lettres. Puis je suis resté jusqu'à la fin de l'orage qui faisait rage à l'extérieur.
Je n'ai aucun autre souvenir d'elle.
Surtout que ça fait des années qu’elle est dans la chaussure, dit une voix grave à la table voisine (ce ne peut être qu’un code !).
Peux-tu nous parler de ta collection, “De l’huile sur le feu” dit un levantin un peu gras à une écolo à lunettes. Flash clache drache hache Henri reposa Céline à terre et prit ses deux mains dans les siennes. Un sourire éclatant illuminait son visage.
— Sortons Céline ! lui dit-il avec fougue.
— Je veux rire, m'amuser avec toi ! Je veux écouter les bruits de la ville en ta compagnie et croquer intensément chaque instant de la vie, de la ville. Nous avons tant et tant à rattraper !
Les lèvres un peu entrouvertes, Céline le regardait. Mal remise encore de l'émotion violente, du choc de la surprise, d'effroi et du bonheur intense qu'elle avait éprouvé quand elle avait cru le perdre et qu'elle s'était précipitée à sa poursuite pour le retenir. Elle tressaillait maintenant qu'il était devant elle, baissant les yeux devant ce regard persan qui la figeait.
Iranien eut mieux valu, cette estocade ne marquait qu’un passé ou un avenir sans forme, je tournai la tête en tous sens sans voir de Céline, sauf peut-être la grande brune au décolleté avantageux, un C était brodé sur son sein gauche. Moment de plaisir à regarder cette forme féminine, regard échangé, elle se lève mais son commensal aussi. Au revoir dit-elle en me fixant dans les yeux. Adieu Jean cria une voix depuis le comptoir à coquetèles. Ce C était d’une Cruche, Cruche , l’eau, allô ? Mauvaises nouvelles Madame le marquise, mauvaises ! rien ne marche, morbleu! nous sommes des conspirateurs à l'eau rose. Nous perdons le temps en fadaises politiques; nous courons de porte en porte pour faire signer l'Union. Par saint Thomas ! Vous n'avez qu'à vous montrer, monsieur le duc; quand ils vous regardent, les huguenots sont de la Ligue.

Le discours Dumassien était-il pour moi ?
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MessageSujet: BERLIN   productions de Xian. - Page 3 EmptyLun 03 Avr 2006, 15:47

BERLIN
(Nouvelle de Rebecca)



On leur avait fait tout croire et plus encore. Le grand Directeur avait annoncé dans la presse qu’elle serait chez eux demain, avec eux.

Trois hommes attendaient, comme on attend son tour chez le médecin, chez le dentiste. Et deux autres, comme on attend au Palais de Justice, sur le banc, précisément pour attendre, que Monsieur le Juge d’Instruction veuille bien vous recevoir.
Il s’occupera de votre cas.
Ces deux-là, feutre mou à large bord, manteau de couleur très foncée à la coupe rigide, ceinture étroite, souliers d’ordonnance, les mains dans les poches ne pouvaient pas dire qu’ils n’en étaient pas.
Il y avait cinq personnes dans cette pièce au mobilier un peu désuet.

Jacob n’avait pas saisi parfaitement ce que Rebecca lui avait raconté. Il n’était pas très au courant de toutes ce nouveautés que l’on voyait désormais tant dans les boutiques que dans les fêtes.

L’armoire était grande, et ne pouvait manquer de la contenir et pourtant quelle déception lorsque le spécialiste en ouvrit les portes.
Dans une lumière blafarde, à travers la lucarne, on la voyait, comme assez loin d’ici.
Elle souriait, elle tenait un accordéon dont on vit bien qu’elle en savait jouer.
Une mélodie s’échappa de la sorte de TSF qui était sous la lucarne.

A ce moment-là, Kurt demanda, si c’était bien elle Rebecca, fille de Jacob Goldestein.
Oui, c’est ma fille dit-il au même moment, il vit Madame Weiss pâlir.

Vous avez donc bien essayé de la cacher, on nous l’avait bien dit, mais avec nous point de cachettes qui nous résistent ! Au nom du Reich, moi feldgendarme Kurt Blummentritt, je l’arrête. Et il sortit son Lüger, et visant la jeune fille au centre de la pièce, il cria :

- Sale juive, vous êtes en état d’arrestation. Sortez de votre trou.

Comme la jeune fille ne faisait pas mine de l’entendre, il tira.
Le tube explosa et l’incendie provoqué détruisit quatre maisons. On ne retrouva pas autre chose que les corps de ces ennemis de la patrie et de deux héroïques gendarmes, décédés en mission.

L’Allemagne venait en 1935 de perdre son premier téléviseur.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyLun 03 Avr 2006, 16:28

Cher docteur Freud,

j'ai le plaisir de vous envoyer un de mes patients qui presente des troubles du comportement. Ce sera certainement pour vous l'occasion de decouvertes interessantes. Comme vous le verrez dans le texte ci dessus, il souffre de synesthesies

Citation :
un accordéon dont on vit bien qu’elle en savait jouer

Citation :
la jeune fille ne faisait pas mine de l’entendre

C'est dire à quel point ses sensations sont comme son accordeon, totalement desaccordées.

Je doute qu'on puisse le guerir, mais c'est un cas interessant à observer.

Nous sommes plusieurs psychiâtres à nous regaler des histoires qu'il invente de toutes pièces.

Il a peut-être un avenir comme ecrivain car actuellement sa renommée depasse déja sa Belgique natale.

Faites pour le mieux, cher Docteur Freud

votre dévoué,

Ali Bidaut.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptySam 08 Avr 2006, 15:59

samedi soir en embellies ... Henri Troyes laisse quelques lignes ...


(Note liminaire tardive, pour éviter d’être reconnu par un témoin Arlonnais ou Malthusien à la mémoire plus aiguisée que la mienne, il faut rappeler que tous les personnages qui apparaissent dans ce récit sont fictifs, y compris ceux qui occupent un poste officiel, et c'est bien fait pour eux, ah ah ah !)

Nicole, de Savigny, qui me revient-là ! Maîtresse d’un Henri, était-ce moi, longues cuisses blanches, épaules raides et dos droit, je ne sais plus le regard, je ne sais plus le coup de reins, elle met au monde un fils. Doutant d'en être le père, Henri ne le légitime pas. Ce nouvel être, Henri dira la mère, il s’appelle Henri, reçoit cependant le titre de comte de Saint-Rémy et trente mille écus. Une somme ! Ce fut, j’en suis certain, un parent de la comtesse de la Motte-Valois, impliquée dans l'affaire du collier de Marie Antoinette. A-t-on raconté cette affaire ? Le procès fut-il impartial, l’affaire du collier, qu’en disent Blake et Philippe Mortimer ? Oui, oui, je prendrai un autre petit café, dis-je à Maria, qui passe enlever le minuscule plateau, la soucoupe, la tasse vide.
— Table huit, un café et table deux aussi.
Je ne puis m’empêcher de tourner un peu la tête, une dame, la quarantaine un peu marquée, sac à main, serviette en cuir, beau, du veau retourné, un cadeau sans doute d’un mari attentionné aux premiers temps. Chef de bureau ? Enseignante ?
Quatre jeunes femmes discutent âpre derrière moi. « Le seul problème, ç'est que pour le moment, on n'a ni obtenu l'égalité ni la liberté. Et de toutes façons, comment peut-on envisager ne serait-ce que l'idée qu'une personne puisse être libre en système capitaliste ? C'est un non-sens. Les femmes peuvent, et doivent, obtenir l'égalité et le semblant de liberté que les hommes croient avoir. C'est indiscutable. Mais gardons à l'esprit que la véritable liberté, dans ce système, ne peut exister. L'un des principes-moteurs du capitalisme est aux antipodes du bonheur des personnes. Car des personnes malheureuses consomment plus que des personnes heureuses. » Allez, c’est l’heure dit la plus âgée des quatre en se levant.
— Voilà M’dame Jacqueline dit la Maria en déposant sous-tasse et tasse dangereusement près du bord de la table, table numéro deux.
Maria s’avance d’un bon pas vers moi, nous ne nous connaissons pas encore, elle parle à Madame Jacqueline, alors les deux enfants sont grands, maintenant, madame Jacqueline ! et sans attendre plus loin la réponse, elle dépose mon café, pivote sur les talons et annonce un pousse pour la deux, offert par la maison ! Je remarque que la dame s’est tournée légèrement vers moi, esquive mon regard, le reprend dans le miroir de la colonne. Elle baisse les yeux, peut-être parce que mon regard est descendu sur ses seins. Parce que les femmes ont une capacité de jouissance infiniment supérieure aux hommes et qu'il faut les tenir en laisse, on leur a inculqué la honte de leur corps, alors, elles baissent les cils, elles closent les genoux.
Suis-je venu ici pour découvrir Maria la servante, simple employée au fixe et au pourboire, syndiquée et couverte par la sécurité sociale, détecter des évaporées qui s’échappent aux bras d’amants pressés, trouver une Jacqueline de l’éducation nationale écrite alors qu’elle aurait pu être dessinée, je m’adosse et des yeux fait le tour de la salle à manger, n’y restent que six convives, trois jeunes cadres supérieurs ayant déposé leurs ordinateurs portables contre le radiateur, Jacqueline, une brune qui devait avoir été blonde comme c’est courant m’avait dit Joseph lorsque j’avais prétendu reconnaître une dame à ses cheveux... Perruques, shampooings colorants, bombes de laque à paillettes et artifices en série, Monsieur ne se rend pas bien compte de tout ce que ces dames nous cachent sans cesse, Monsieur doit bien comprendre qu’elles ne parlent pas toujours notre langue, qu’elles sont habillées souvent comme des hommes, qu’elles cachent leurs jambes et montrent leur derrière, qu’elles arborent des bijoux insensés aux endroits les plus ahurissants, que leurs pantalons en denim ne sont pas taillés pour aller à cheval mais pour épouser la forme de leur sexe, qu’elles se font refaire des nez, des seins, des hanches, elles se liftent se multipiqûousent anti cellulittement, elles boivent d’étranges liquides blanc visqueux en s’exclamant qu’on voit le bien tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, Monsieur ne doit ni sourire ni plaisanter à ce propos, Monsieur se ferait agonir !
Dans la salle une autre dame seule, elle se lève et va au comptoir, de l’autre côté-là où le bar tourne et devient bar tabac coiffeur, elle pose la main sur le comptoir et demande quelque chose à voix basse au barman, j’entends Henri, je vois que l’on me regarde. Je me lève et viens m’asseoir sur un tabouret étroit, à une encablure de la postluncheuse. Serait-ce une peritoinette ?
Joseph m’avait bien mis en garde, Monsieur monte à Paris, Monsieur prendra garde, à l’auberge de Meung, les rencontres étaient ferraillantes, aujourd’hui, des loubards vous escamotent pour moins d’une couronne ! Sitôt en ville, on ne trouve plus aussi facilement d’aimables lingères, les Constance se font rares en ces temps de wasserettes automatiques. Monsieur a peut-être tort de faire ce voyage avant vendredi, monsieur sera sans doute invité à y aller la semaine prochaine.
— Oui, sans doute mais encadré contrôlé visualisé, non non, je vais y aller seul toute la semaine, Joseph.
Jacqueline se lève, ne m’accorde pas même un coup d’œil, tête haute, talons claquants, elle quitte l’établissement sous le « à demain madame Jacqueline » hurlé par Hamida du fond de la cuisine.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyDim 09 Avr 2006, 05:38

Mercredi
J’ai rêvé un moment, le regard sans doute perdu au fond du miroir, derrière les bouteilles, il y a toujours un miroir... Monsieur Henri boira ? Le barman, un moustachu qui venait de prendre son service me regardait en souriant et redemanda : Je vous sers ?
Amaretto dis-je sans bien préciser, égaré dans des souvenirs portuaires. J’étais retourné au port. Je l'avais cherchée. J'avais fait tous les bars mal famés. J'ai retrouvé la chambre. Elle était close. J'ai attendu sans espoir. J'ai repris mon errance, dévisagé les filles, lorgné dans des bouges, bu dans des boîtes, assisté à des spectacles douteux et je suis rentré saoul à l'aube.
Il est mi-après midi, Maria balaye, le barman allume une gauloise disque bleue, je me tourne vers ma voisine de tabouret qui dit simplement : Tout va bien M’sieu Henri ?
Ils me connaissent donc tous ? N’y aurait-il que moi à ne pas savoir ce que j’étais venu chercher ici ?

La porte s’ouvre, dans mon dos, voilà bien quelque chose qui n’est plus arrivé depuis des lustres, ai-je oublié les consignes de mon parrain ? Un homme entre, s’avance côté bar-tabac, s'assied à l’autre bout du comptoir. Dans le miroir, je distingue une silhouette qui, après avoir observé un moment au travers de la vitre, se glisse dans la pièce et s’assied le long du mur, à gauche sous l’affichette de Ricard, je l’ai vu, je le dévisage, je le connais je ne sais pas qui il est. Il est vêtu d’un blouson un peu élimé. On voit la trame à zéro.
Je n’y suis plus, deux jours entiers à Paname ne m’ont ouvert aucune porte.
Je tressaille à l’interjection.
— Alors, Henri, du boulot ? questionne le barman en versant un petit blanc à l'inconnu.
— Eh non, Henri, répond le dénommé Henri après avoir éclusé aussi sec son dé à coudre. Tu sais, dans ma situation ...
— Ouais, pas évident ...
Sans attendre la commande de son client, le barman lui remplit son verre. Qui est aussitôt vidé. Verre après verre, l'homme au blouson déglutit une dizaine de blancs. Avais-je dit qu’il portait un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos. S’appellerait-il aussi Henri ?

Voici un autre buveur, je l’ai repéré hier, je quitte un moment ma voisine des yeux, portant mon attention sur celui qui va s’installer devant la fenêtre qui donne sur cour , un chauffeur de taxi qui va fumer sa huitième Gitane maïs espérant que ne tarde pas le client qui s’arrêtera devant sa voiture stationnée sous le porche, pour tromper son attente, il refeuillettera pour la soixantième fois un Playboy de mars l’an dernier, ponctuant sa lecture d’onomatopées aie, ouille oh oh , et j’écoute le barman déposer un muscadet devant l’homme : Voici Henri ! je te fais signe s’il y a quelqu’un... Je savais déjà qu’il s’appelait Henri...j’en perds un peu d’attentions pour ma voisine qui me parle, je lui souris, je ne sais pas ce qu’elle me dit, ...

M’aurait-elle accompagné hier ? Je suis content de la chambre où je loge, j’ai demandé à Henri, le garçon qui servait hier soir s’il connaissait un coin tranquille pour dormir, facile avait il répondu : Pour atteindre le dourmidou du gîte, tu dois prendre l'escalier extérieur, sinon tu passes dans le corridor des vaguemestres. Elles essayent toujours de se taper un nouveau lapin, si elles t’ennuient, tu déclares que c’est Henri qui t’a envoyé. Je vais téléphoner pour que ta cambuse soit retenue.

Dans ma chambre, je me suis déshabillé et précipité sous la douche, désireux de faire disparaître toute la poussière accumulée d’une longue journée, voiture, rues de Paris, petit moment d’observation, Henri pour l’apéro, Henri pour le repas de midi, Henri pour le pousse café, Henri pour la sortie des bureaux, Henri pour le dîner, Henri pour m’indiquer l’hôtel, oh ! pas loin, derrière le coin, là où il y a la camionnette d’Henri. Henri ? Oui, le plombier... La nausée...
Une serviette autour des hanches, je me suis dirigé vers le mini-bar et je me suis versé une bonne rasade de Haig 20 ans d’âge, sur 2 glaçons jetés négligemment au fond du verre…
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyJeu 13 Avr 2006, 08:46

Une dame avec cabas revenant du Super U entre et sans vergogne m’accoste, je suis une lectrice dit-elle. Ici le dialogue pourrait tourner vinaigre, pour s’en prémunir, nous tenterons la machine à zertie et moi d’en limiter le flot de paroles et de paragraphes, trop de paragraphes causent des perturbations dans le métro que doit se dépêcher de prendre tous les matins le représentant de la Spielberg, Crighton and co pour le remake de Kongo.
Ce n'est pas Henri que vous présentez, dit donc la lectrice, un peu haut, un peu hautaine dirais-je même, c'est votre propre conception d’une histoire sommes toutes sordide, qu’avez-vous fait de Corine, qu’est devenue Céline, un massacre et des assassinats, des religions d’amour qui sèment la haine et en plus de ....

L’auteur Xian face à la meute : (et qui d’autre pourrait répondre, Henri est hagard, d’ailleurs, il en laisserait là son carrosse pour descendre à Crimée, sauter dans la rame, remonter gare de l’Est, changer, pas même tant pis, la gare de l’Est, c’est bon, un billet Madame dirait-il au composteur, t’es nase répondrait un jeune homme en casquette inversée, ça cause pas, ça attend les pièces, c’est tout, un ticket pour pour enfin pour l’Est, Metz, Strasbourg, Bâle, Innsbruck, Zagreb, Belgrade, Istamboul...plus loin, encore plus loin...Plus loin c’est la guerre dirait l’autre jeune en blouson noir, les deux mains dans les poches, les santiags souillées aux pieds...)
Bien sûr, je veux dire sans doute, enfin, excusez-moi de demander pardon, d’abord m’asseoir à la place réservée pour les grands invalides, ensuite préciser que l’histoire est un genre essentiellement subjectif. L’auteur n’est pas responsable de tout, en plus on tente de l’égarer souvent vers de pervers chemins de traverse, par exemple hier, Xian Xian xian, le cri habituel de la belle en pamoison, l’auteur se précipite...
Il n’était question que d’édition de mots mis bout à bout annonçant une kyrielle de maux alors que l’émotion grandissait de plus en plus ! Qu’imaginer ? Donc me voilà parti à la recherche de la belle éliminant dans cet Etrimo de quartier la déplaisance, les odeurs de frites dans les couloirs, les inévitables exhibitionnistes tentant le coup à la Sifreddi, (dont même le correcteur orthographique de Windows ignore les syllabes !)
Traverser les ondes au langage Save My Soul, traquer les mauvais élèves du cours de Madame Francwès et ceux qui abusent de leur force pour ponctuer sans cesse.
Où se cache-t-elle, crier Xian et ne point rester, attendre, voir venir, à quel étrange supplice convie-t-elle le pauvre narrateur ? Il ne s'agit pas que mes demoiselles me jouent l'air. Serait-elle ici dit-celui-là en poussant une porte, non pas possible il n’y a que des mangas (le mot japonais assez banal signifie bande dessinée) crus comme les sushis, des écolières sans culotte, des infirmières à grosse seringue, des dragons à pénis exhaussés grâce à des machines que l’on vend à tour de bras. Ce palier ? Non, une carte de visite épinglée couverte de smiley’s, non, elle ne loge pas ici, du bleu la mer, cœur boum boum un appart prozac et un voisin qui cause de construction de blocs de logique de bogues n’arrivé-je pas au grenier, je vais tomber sur des en-manque, des nymphettes prépubères, qui sait un placard un cadavre, une chambre de bonne ou s’échine sur une vieille Remington un écrivaillon génialement incompris empilant des mouchoirs en papier dans la corbeille ad-hoc, jetant en boule par-dessus des dizaines de pages blanches, toujours la page blanche, virginale, jamais il n’a pu se décider à la culbuter, la prendre par l’autre face, qu’elle ne voit rien on peut tout faire, il existe même des gommes, du correctors, et l’on peut s’esquiver sans laisser de traces, mais précisément, précisément pleurerait-il, les gens vont dire qu’il se drogue, ma bonne dame dira l’une à l’autre, je le savais, je l’avais remarqué bien que tranquille savez-vous coi, il restait souvent coi. En fait, dans ce gros bloc d’interférence céleste, n’y aurait-il qu’un seul endroit où vivre ? La belle serait-elle allée se réfugier chez un nageur de notre connaissance ? Chez une demoiselle qui montre son dos, sa jambe sa cuisse sa nuque enfin beaucoup trop peu d’elle ? Auprès d’une autre qui serait ravie de dire du mal de son employeur, à moins qu’elle se planque dans l’étoile ?


Interloquée ! La dame au cabs, interloquée. Rarement un auteur prend à ce point l’initiative dans le récit. D’habitude le héros, enfin, il est vrai qu’ici le héros n’a pas toute sa tête, n’est-ce pas ?
Je me retourne vers Henri le barman et je lui dis pression, mon vieux, je m’équipe de pichets de bière. M’a donné le tournis, celle-là.
— Bah, laisse dire, on la voit souvent, elle passe, elle essaye de vendre des bricoles, elle surnage dans le monde cruel, elle va bientôt toucher la retraite, sans doute finira-t-elle à Benidorm où à Tenbel.

Et puis merde ! Y en a marre ! Je vais faire comme tout le monde, Henri, je suis entré, rengaine tes bières, éclabousse moi d’un Chivas Régal double, triple, file moi une clope, t’es con ou quoi, rien à en foutre de ta nationale, je veux une vraie extension phallique d’homme qui le vaut bien, j’ai accroché la longe de mon destrier à gauche de la porte double battants, mon colt est semi dégainé, t’as pas intérêt à me jouer un tour, alors aboule cette Marlboro !
Tout en sirotant nonchalamment mon verre, regarde Henri, regarde le geste, inspire-toi bon sang, t’en connais combien qui ont ma tenue, mon port élégant, t’as vu mon gilet violet, ma chemise à manchettes, regarde Henri barman, un jour tu seras peut-être client, regarde, je tourne lentement la tête, insensiblement, vers la créature de rêve à ma droite. La jeune femme n’en peut plus de ne voir que moi, de ne remarquer qu’un seul consommateur. Elle se tourne à son tour vers moi. Elle me dévisage lentement puis fixe mes yeux, son regard dans le mien, Folcoche et puis succion d’amygdales en vue. Regarde Henri, écoute barman, elle cause, elle jacte elle s’affirme :
— Ne nous sommes nous pas rencontré déjà ? Comment vous appelle-t-on ?
— Je suis dans les affaires et j’ai furieusement envie de vous.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyVen 14 Avr 2006, 16:05

Henri Troyes... un suivi est en ligne sur graindsel et ailleurs...

Grandes musiques, Wagner et tout glissade, Mozart … La complicité s’installe. On s’était connu, on s’était reconnu, on s’était perdu d’vue, on s’était retrouvé. Et à la fermeture de l’établissement elle va m’accompagner, cette jeune femme qui ne pourra lutter contre l’envie de s’offrir un dernier verre. Une fois passé le seuil de la chambre meublée, un lourd rideau de velours pourpre et or s’abat sur notre aventure qui annonce les amours les plus folles.


— Reste tranquille Magda, dit Henri le barman, t’affole pas, il cause seulement Monsieur Henri, il parle, c’est tout, quand il aura terminé son vittel-menthe, il rentrera s’allonger, c’est pas un client Magda !



Assis sur un petit banc , j’observe le petit peuple. Ensemble, nous prenons l’air au parc des buttes chaumont. Plus tard, je reviendrai lentement, me gorgeant d’images, par l’avenue Mathurin Moreau, la place du Colonel Fabian, direction Stalingrad, puis, je longerai le quai jusqu’à la place de Bitche. Je vais manger un bout puis j’irai me coucher, demain, je reprendrai la route pour m’en revenir affronter ce fameux conseil, demain à seize heures.
D’où je suis, j’observe des gamins qui jouent près du temple de la Sibylle. Cette prêtresse consacrée au culte d'Apollon, qui lui avait donné le pouvoir de prophétie, rendait ses oracles sous la forme d'énigmes écrites à Marpessos, près de Troie mais plusieurs lieux revendiquent la présence d'une sibylle, j’aurais aimé rencontrer celle d’ici.

Je vais rentrer dîner, chez Henri, Hamida et Mauricette ont prévu ce soir un de ces petits menus comme je les aime : petite salade de filets de truite aux pignons de pin arrosée d’une vinaigrette à l’huile de noisette accompagnée d’un château La Jauberterie 1996 un Bergerac de grand choix ! Ensuite un boudin de chapon de Berry aux endives belges purée de lentilles avec château Canuet (Margaux de cru bourgeois) pour terminer, croquettes de fraises au coulis de framboises.

Qu’aurai-je appris ici ? Qu’il y a plus d’un Henri.


A seize heures tapantes, Joseph en uniforme de grand chambellan m’introduisit dans la grande salle du Conseil qui était plus vaste que le public n’en a idée. Une longue table rectangulaire revêtue de feutre billard vert pomme habitait le centre de la pièce. Tout autour des chaises à haut dossier, chacune supportant un personnage important. Le long des murs, des stalles offraient des petits sièges basculants à de nombreux courtisans et membres du conseil de deuxième rang.
Des sous-main de cuir fauve, un crayon, une feuille aux armoiries de la famille complétaient la panoplie de chacun.

Lorsque Joseph fit refermer les deux vantaux, je m’avançai dans le local, suivi de mes deux gardes du corps, l’ensemble de l’assemblée se leva et me salua. D’un geste auguste je les priai de se rasseoir et pendant cet instant je mémorisai les visages, les regards.

Brouhaha, départ de conversations, interjections sourdes, petits gestes. Ainsi donc, face à moi, en bout de table, madame Mère, à ses côtés, le siège vide de François Doeuf, je l’ai su tout de suite, il ne pouvait en être qu’ainsi, à la vitesse de l’éclair je revécus les avatars de tante Marie qui bien que très belle finit très mal, le siège suivant était occupé par un personnage falot qui se présenta comme délégué de mon beau-frère, un capitaliste castillan qui ne pensait qu’à investir dans des usines flamandes, ces gens-là disait-il travaillent mieux que les esclaves et on les paye moins.

Claude, pâlotte, était assise sur le bord de son siège, comme si elle avait un train à prendre dans la minute, j’ai su plus tard qu’elle était arrivée de Lorraine le soir précédent et que sa santé déclinait, on a toujours été un peu fragile dans la famille. En face de chacun un conseiller pavoisant de la branche des de Guise. La chaise de Louis était occupée par un homme de loi, gestionnaire de biens et de fortunes que je devais déjà avoir rencontré puisqu’il me fit un grand sourire.

Mon regard se porta alors sur la droite de Madame Mère pour découvrir hautain et suffisant le président en exercice, Charles, dont j’espérai tout de suite qu’il soit venu avec Elisabeth, son épouse, une très belle femme qui m’avait toujours plu. Et si l’occasion faisait le larron, une réception était-elle prévue pour ce soir, c’était trop tard pour le demander à Joseph.
À côté de lui, découvrant sa poitrine jusqu’au nombril, Margot faisait son petit effet dans cette salle jésuitique.
Elle pelotait un peu le voisin d’Hercule – François qui semblait d’ailleurs s’en féliciter.

Dans les stalles, sur la première chaise de la première rangée, je reconnus tout de suite Némo qui, m’avait dit Joseph, avait été ma secrétaire la plus récente, derrière elle, Céline, qui n’avait pas l’air plus étonnée que cela de me voir, je me rendis compte alors que la plupart de ces sièges-là étaient occupés par des femmes que je ne pouvais qu’avoir connues, bien intimement.

Par ailleurs, des représentants de familles influentes, les Caponni, les Bettencourt, les Bloch, Cousin en personne raide comme un de ces clous qui, firent sa fortune raconte-t-il à tout le monde.

Les personnages proches me saluèrent gentiment et Joseph me présenta rapidement Perry Mason que j’avais bien reconnu, conseiller juridique assisté d’Henri Basnage de Beauval qui fut fort influent dans l’affaire de Lady de Nantes, un homme très cultivé à qui l’on doit un dictionnaire universel, recueilli et compilé par feu Antoine Furetière.

L’un des Henri (chaise de droite) commença à lire un interminable rapport d’activité d’une société patricienne mais dès avant d’en venir à la présentation des comptes, je fus très personnellement mis en cause par un représentant de la famille de Guise me traitant d’homosexuel, ce qui n’était évidemment pas le sujet du jour, oh le jaloux des avantages que j’avais accordés à quelques mignons qui, il est vrai avaient souvent couru à la faillite.

Un rapport complet allait être établi, dit-on, pour lundi concernant la gestion de madame Mère – en mon absence et je compris alors que des événements importants s’étaient déroulés, on disait ici clairement que j’avais joué au parrain, ordonné des éliminations, massacré mieux que certains concurrents lors d’une Saint Valentin passée, que j’étais un monstre et qu’en aucun cas on ne devait me laisser reprendre les rennes. Margot fut la plus virulente, je ne sais pas comment j’aurais pu répondre à tout cela, surtout que l’on parla d’un mariage, avec qui ? de la Pologne où il y aurait des loups, de gens qui meurent de faim et de collecteurs de fonds Unicef qui s’empochent de sacrées sommes.

Heureusement, Mason fit d’emblée le vide et se tournant vers le Guise qui se croyait procureur le remit vertement à sa place lui rappelant quelques aventures roses à Blois et quelques adresses d’auberges et de pavillons de chasses de banlieue.
C’est quand on parla de la tour de Nesle que le délégué de Buick voulait faire abattre pour y construire une grande surface avec parking que des images assez crues se firent jour en moi.

Malgré le soutien de quelques amis ayant lancé des anathèmes vengeurs, ou des mots gentils à mon égard, en dépit des mots d’un poète roumain, d’un général en exercice, d’une photographe liégeoise, d’une créatrice de petits miquets, aurai-je le courage d’attendre lundi la publication de ce qui fut décidé, il faut bien le dire sans moi, puisque je quittai la salle en traitant ces gens-là de petits valets de pieds et d’incapables !
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyLun 17 Avr 2006, 04:38

Il n’était pas question d’attendre quoi que ce soit, les visages m’étaient revenus, j’allais incessamment recouvrer ce qui avait fait, ai-je cru comprendre, de moi, un homme assez craint. Comme je le dis à Joseph qui montait dans le carrosse avec moi, si je ne puis me faire aimer, on va apprendre à me craindre !

J’ai quitté la salle du Conseil d’un air outré lançant à la cantonade un : « Je reviendrai » assez sonore. Je vis plusieurs dames qui pleuraient, Perry Mason qui jetait des articles de la loi en discussion, j’envoyai Joseph chercher deux gardes supplémentaires et ainsi équipés, nous prîmes la route d’un mien château fort agréable, en bord de Loire où, dis-je à Joseph, je vais me retirer jusqu’à l’automne, rassembler mes gens, reprendre mes affaires sous contrôle, réfléchir aux événements passés dont les mots Tour de Nesle m’avaient laissé entrevoir, il est vrai, quelques turpitudes de jeunesses. Margot m’avait souri, madame Mère aussi, je savais d’ores et déjà que j’avais deux appuis dans les salons parisiens où se font et se défont les auteurs, les ministres, les généraux.

J’ai donné ordre à un laquais de prendre la petite Némo et Céline sous sa protection dès la fin officielle du Conseil où tout un chacun allait de toute façon les oublier, les négliger, le sujet principal du jour étant l’élargissement du marché de la pomme de terre bintje que nous cultivons en famille de générations en générations.

La possibilité dès le premier mai de vendre notre spéciale frite jusqu’aux confins de la Lithuanie ou jusqu’au Péloponnèse ouvrait des avenirs ambitieux non négligeables. Mon aventure polonaise malheureuse, je me souviens de tout, tout à coup, je vous raconterai cela un jour prochain, il y a déjà tant et tant à raconter. Vais-je devoir réembaucher Némo ?

Enfin, voilà, évitant les tracés de mousquetaires et autres gardes, archers flasheurs, gens d’armes et de peu de sympathie, nous avons traversé bourgades et campagnes rapidement avant que les manifestations paysannes et ouvrières se mettent en branle. Curieuse coutume, curieuses habitudes dont on serait sans doute bien marri de connaître l’origine.

Toute la douceur des pays de Loire est ici concentrée, voici à deux pas des cousins Bretons et des Vendéens qui me soutiendront sans doute le petit castel où je vais me ressourcer. Joseph a tout organisé pour que dès lundi le petit personnel soit en place, nous ne manquerons de rien, le prévoyant chambellan a déjà invité des servantes, des cuisinières et des jardiniers, des hommes entraînés sont disposés pour assurer la sécurité, les terres qui entourent la demeure sont cultivées par des familles à notre dévotion, l’étang Montayer est gardé et l’eau assurée par le petit ruisseau qui le traverse depuis le bois de Brissac, augmenté d’ailleurs des eaux qui nous viennent de l’étang des Moines.
Ici donc, je vais préparer mon grand retour.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyMer 19 Avr 2006, 14:56

Grand retour, en route !



Je n’ai pas passé la nuit au château, dernier sursaut peut-être de celui qui va se prendre « en mains ».
Je me réveille et je suis seul. Elle ne m'a pas mis à la porte. Elle est simplement partie. Je m'étire. Je suis encore gluant. J'attends son retour. Le temps passe. Elle ne reviendra pas. Je me rhabille, tâte mes vêtements et vérifie que les trente mille écus sont toujours là. Ils ont changé de poche. Elle s'est servie. Elle n'a pris que quelques billets, le prix de son labeur. Une jeune fille honnête.

Il y en a encore ! Comme il y en a qui se souvient de Deneuve, de Sylvie Vartan heureuse avec Tony en Californie, de Mitterand, de Polak, Michou, Jackson, de Caroline faisant ses courses à Paris, de l'attentat fou de Longwy, de Jane Fonda superbaisable en body bleu, voici venu le joli mois de mai. Oui, en mai les souvenirs reviennent aux plus folles comme à celles qui font ce qui leur plaisent, grimaçant, se tordant le cul, voire la bouche, dans des parures superbes sur la Riviera qui se peuple de Ricains. Ah, le Festival de Connes ! Ah, Sophie Marceau ! Ah ! Adjani ! Ah, qui d'autres ? Souvenirs oui trop anciens ceux-là, Jeanne Moreau, oui, évidemment, être et avoir été. Tiens, l'autre-là, Virginie Ledoyen, elle rit, elle ne sait pas ce qui l’attend, elle ne sait pas que c’est épatant de perdre la mémoire, ainsi,
Ainsi,
On ne vieillit pas !
Un jour on se réveille pour voir des poufs en maillot qui les perdent devant des types déguisés en autofocus.

Un jour on sait Victor Hugo et Stendhal, mais aussi la princesse de Clèves et Nothomb, et puis c'est normal, les filles sont les premières de la classe depuis que je suis tout petit.

Le grand retour, cela se prépare sur tous les plans. Je sais. Quelques assurances d’abord, prendre contact avec des spécialistes du genre.
Je pense à Anna que je vais appeler personnellement.
Anna.

Un beau cul de fille dans la petite soie blanche d'un slip à jolie dentelle.
Anna Hallers a été, des années durant une des figures de proue du secteur financier anversois. Elle tenait salons tandis que son mari André Blèsent était, entre autres, président du VEW. Il a dirigé le groupe Van Teneuse qui repose sur deux grands piliers : la banque de Teneuse (absorbée récemment par le holding Acquerrons & van Harem) et la banque Dresse. À côté de cela, Van Teneuse est un leader du marché des courtiers en assurances. Van Teneuse est aux mains des familles Blèsent et Van Antwerpen.

La fortune d’André Blèsent provient de son mariage avec Anna Hallers, fille du propriétaire de l’agence portuaire Hallers and C°. En dix ans, Blèsent a développé Hallers pour en faire un groupe de navigation de 1.000 salariés. Ensuite, il a vendu 75% d’Hallers au groupe allemand Stipes. “Dès ce moment-là, l’argent est devenu un moyen et non plus un but” a-t-il dit par la suite. Tout comme le fameux Cousin, il cherchera à prendre des participations financières stratégiques où, avec un apport financier minimal, il pourra exercer un pouvoir maximal. Cela est apparu clairement lorsque le holding Gavait a été absorbé dans l’ensemble CBK.
Dans les coulisses, Blèsent tient un des grands rôles. Le fondateur de Gavait a passé le flambeau opérationnel à ses enfants. Son fils aîné Christian investit par holding personnel interposé dans de jeunes entreprises. Il se profile aussi en tant que politicien. Son frère Thomas est à la tête de ZHMUK. Il reprend également la tâche de son père au sein de la VULL qui édite un journal quotidien de bonne audience.
Bon, noter : appeler Anna, oui, c’est bien ça, ça conscientise, on se sent la tranquillité de celui qui achète à la FNAC les livres d'ATTAC distribués par Largadère & Fils.


La rencontrer, choisir une petite auberge pas trop loin d’ici, pas au château, c’est une envahisseuse ! La convaincre de m’aider, lui parler de la liberté, « La liberté est le crime qui contient tous les crimes, c’est notre arme absolue. », ça, ça va la séduire, et une petite note « d’autrefois », des quelques beaux jours passés, où était-ce encore, à Marbella, je crois.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyJeu 20 Avr 2006, 06:49

Le lieutenant Catherine Lemercier s’étira comme un chat et repoussa la couette. Par contraste, la fraîcheur toute relative sur son corps nu hérissa le duvet de ses bras et constella sa poitrine d’une chair de poule peu compatible avec la douceur des vingt-deux degrés ambiants.
Elle rétablit son équilibre thermique en se frictionnant vigoureusement les seins et consulta son radio-réveil.

Dix heures cinquante-cinq.
Elle avait réellement fait une super grasse matinée ! Elle ne rappelait pas s’être offert une sieste pareille depuis des lustres. Un véritable camouflet au pauvre monde besogneux. Pour des vacances, c’étaient des vacances.
Elle s’extirpa de son lit mais décida de ne pas se rhabiller, de déambuler nue dans son appartement et de tuer le temps en faisant semblant de ranger jusqu’à ce que la faim se manifeste. Mozart assassiné.
Le téléphone portable.

Seul Palumbo connaissait ce numéro-là.
Bonjour dit-il, alors on bronze ?
Je ne suis là pour personne dit Catherine.
D’accord lieutenant, mais comme votre repaire est à deux doigts du nid d’aigle de notre client, cela me ferait plaisir que vous y jetiez un coup d’œil, simplement en passant, comme ça pour voir quoi, rien d’autre…



Un incertaine s’imaginait le grand, voire le très grand retour, il faudra se contenter de bribes et décors durant quelques semaines, la mise en place des pions humains est plus délicate qu’il ne paraît. Jean-Pierre sait faire du bon café, mais ce n’est pas suffisant.

Hier, le soleil était un peu de la partie, j’ai demandé à Joseph que l’on installe quelques draps dans le champ qui jouxte les maïs transinternationaux, une variété que nous exportons aux États et que mon ami Caponni écoule dans les magasins de la French connexion.
J’ai passé une excellente après-midi, au bord de la petite rivière qui traverse notre propriété, ma propriété me rappelle Joseph qui précise : « Monsieur est aussi marquis de Caracas ». Déjeuner sur l’herbe très Renoir, Joseph, paniers pique-nique, jeunes femmes nues se dorant au soleil.

Une Marinette s’approche pour tâter un sandwich cornichon, 'Aï love you !'... lui crié-je !... c'est du Shakespeare répond-elle, la belle avait des lettres, je lui ai enseigné quelques nouvelles périphrases, lui démontrant que la langue est riche et habile pour qui sait entendre.


Renversé sur le dos, les bras enserrant les reins cavaliers de Marcelle, il la goûte, sa langue dessine la spirale autour de l’ombilic, repasse dans le pli des noces, le creux de l’aine et quantité d’autres replis...
Elle se cramponne à lui pour jouir... soumise, intimidée par cette ferveur...

— T’es meilleure que le pinard, meilleure que tout, j’ai jamais vu ça dit-il, lui qui a le plus souvent déjà vu ça, le Commandant Parmentier est de ceux que je dois convaincre, il faut qu’il soit de mon côté. Nous avons vécu quelques aventures, il y eut aussi plusieurs voyages de croisière, dont la curieuse entreprise du Thijsville reconditionné et celle de l’Olympic Wave avec la belle Jackie.
Quai 14 on tourne « Départ pour Kamatchka », un nouveau James Bond, c’est l’histoire d’une jeune professeur d’archéologie et d’histoire de vingt-quatre ans.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyVen 21 Avr 2006, 04:57

Une scène torride sera filmée dans une autre cité portuaire aux ruelles étroites puis le navire fera escale aux Canaries.

Le film est produit par Valérie Pèches animatrice de réality show télé et son oncle. Ce dernier est un grand ami de D’Avignon. Nous nous connaissons bien aussi, Alexandre et moi, ai-je dit que je m’appelle Alexandre, Henri n’est qu’un surnom, que j’aurais dit-on usurpé en allant en Pologne.

La bignole du petit restaurant nouvellement installé dans le virage à qui je racontais un peu le scénario me disait hier soir : oh oui, Monseigneur devrait faire venir cette dame de la télévision, nous aussi, dans la région on aimerait montrer nos animaux et ce serait l’occasion de créer des dialogues, peut-être en faire une bande dessinée. J’ai coupé court, l’idée est déjà venue à d’autres, il faudrait travailler, les femmes veulent-elles me faire travailler ? N’ont-elle pas lu le petit mot de Némo, en date de hier ?

Je me demande si elle a parlé à Céline, je pense à Némo, bien sûr, la petite Némo qui tapait les résumés d’aventures, les notes de frais et tous autres travaux comptables de la librairie où j’étais devenu le Barry Soccer, le Wonderboy, un moment de rap, de rabe un boni dans une vie tracée, rigide fermée… Némo, c’est quelqu’un de bien, Céline aussi, il faut le reconnaître et rendre à Césarine ce qui lui est dû.
Vais-je l’aimer ? L’ai-je aimée ? Amour toujours parcours détour …

L'amour est certes une émotion extraordinaire qui, selon les poètes, guiderait le monde vers un âge d'or nouveau. C'est oublier que l'amour suscite dès sa naissance tant d'autres émotions qu'il est autant fauteur de guerres sanglantes que de romans courtois.

La violence des hommes et leur amour a souvent le même but, en définitive : le sexe féminin.
La voie au sexe de la femme est une sorte d'accès mental à un pouvoir, seul pouvoir possible pour tant d'hommes au physique plus fort, à l'âme moins prude, plus rude.

Il faudrait que je recouvre toutes mes facultés et aussi que je sache exactement quel événement a causé mon état psychique actuel. Je n’ai rien dit mais j’ai découvert dans des malles empoussiérées, au septième étage, de nombreuses bandes dessinées, des journaux et des livres et plusieurs cahiers. Les journaux et les cahiers m’intéressent fort.

Seul, assis près du temple de Zeus, je prends un cahier toilé assez épais que j’ai caché ici sous une marche de marbre rose un peu descellée. Le cahier est en assez bon état, il doit contenir des écrits assez récents sommes toutes.

En effet, l’ouvrant au hasard, je lis :
Première semaine de mai 1989, mardi.
Jeanjean sort, lentement et sans mettre le moteur en route, la R5 Alpine de Bruno du garage. Cette voiture est une petite bombe sur roues, parfaitement au point. Jeanjean va la piloter, Jeanjean sait tout faire, il a même fait disparaître le grand danois hier au soir, pour l'envoyer faire un tour au Moyen Âge. Jeanjean a bricolé cette voiture en cachette de son oncle et de sa tante, grâce à des éléments retrouvés dans les affaires remisées d’Albert Paulien, récemment disparu, il a transformé la voiture mais évidemment, seul lui et moi le savons. Les commandes particulières sont dissimulées dans les interrupteurs et autres boutons habituels d’une full options transformée par le concepteur d’autos, comme le soutient la publicité.
Jeanjean aurait bien expédié le maître du chien aussi, mais il n'a pas osé, à cause du problème que pose le paradoxe de l’hyperbole sensible. Cette nuit, tout sera résolu. A 11h50, le grand voyage est prévu. La voiture est poussée devant la maison de Véronique et Bruno. Comme prévu, à cette heure-là, la lumière s'agite de la salle de bains à la chambre. Véronique va se coucher. Jeanjean a patienté un petit quart d’heure puis il ouvre la porte du véhicule.
Je m’assieds à côté de lui, nous patientons un moment puis Jeanjean démarre silencieusement, arrivé à l’entrée du petit bosquet de l’avenue des Arts, Jeanjean tourne dans le sentier et se gare là où seuls passent de rares piétons, le jour.
Encore cinq minutes, puis il appuie sur le petit switch, l’aiguille du tachymètre monte doucement jusqu’à vingt, puis trente, on ne voit rien dehors, c’est comme s’il pleuvait fort, ou plutôt c’est comme un crachin, Jeanjean transpire puis il n'y tient plus.
La portière s'ouvre dans un grincement. Jeanjean risque une tête à l’extérieur, et il respire profondément l'air de 1959 si semblable à celui de 1989, presque une déception.
Nous quittons la voiture, nous sommes sur une allée gravière, rien ne semble avoir vraiment changé en trente ans.

La page suivante est souillée, peut-être une tache de thé que quelqu’un aurait faite en écrivant ou en lisant, relisant ces pages.


Je continuerai ma lecture plus tard, j’entends des pas sur le gravier du sentier qui vient des écuries vers le petit temple de Zeus. Je me dissimule dans un buisson d’hortensias. Un prêtre passe, un prêtre, ici ? Il se dirige directement vers la petite porte latérale qu’il ouvre avec une clé accrochée à un trousseau suspendu à sa ceinture de soutane, une soutane rouge cardinalice ? Ici ? Chez moi ? Suis-je au courant ? Un prêtre entre dans le temple de Zeus, est-ce raisonnable ?

Doit-on vivre de raison ?
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyDim 23 Avr 2006, 05:24

Je poursuis mon enquête et j’interroge calmement, de-ci delà, des femmes surtout, elles parlent plus facilement, se posent en martyres ou en héroïnes, elles ont quelque chose à dire, à revendiquer, elles veulent s’exprimer, elles imaginent que leur voix compte sur la ligne du destin.

Rencontrer des inconnues vous place dans une situation assez inconfortable surtout quand Joseph qui s’occupe de tout n’a rien à en connaître. Les recoupements, les appels téléphoniques, le nouveau système électronique tout cela confine à l’art, et décider l’autre à venir se livrer n’est pas plus simple que de se décider à aller l’écouter. On passe du sourire niais à l’écoute de la déblatération abominable, aux pitreries pitoyables.
Cette autre, peut-être a-t-elle menti, n’a-t-elle rien à dire, peut-être pas. Arrivé au rendez-vous, s’éteint brutalement la lumière imaginaire et la barrière physique reprend ses droits, même lorsque, plaisamment, c’est une barrière particulièrement magnétique...
Je rencontrai à Angers, à deux pas du Concorde, une Martine qui avait été secrétaire d’un mien ennemi.

Celle-ci avait un peu peur, mais je suis arrivé à la mettre à l'aise tout en essayant de ne pas laisser ma raison s’abîmer dans la paire d'yeux félins qui se jouent de moi, je le remarque bien. Cette fois, je ne m’attendais pas à un tel ravissement. Le sourire ne quitte pas l’adorable minois de mon inconnue. Je me sens gauche. Elle me laissa pénétrer dans son logis, elle disait « mon studio ».
Je l’ai débarrassée de son grand manteau noir et de son écharpe, je lui ai pris les mains puis je l’ai serrée dans mes bras, je joue je module je nodule je parle bas doucement lentement ma voix est rassurante, sensible, émotionnée. Je lui dis des mots sans importance comme s’ils détaillaient mon âme, je la lâche, elle s’avance dans un intérieur très fille. Des photos de chanteurs et chanteuses au hit parade étaient punaisées au mur.
Des poupées chiffonnées voire qui perdaient leur molleton étaient arrangées avec soin sur son canapé-lit sur le côté, comme une sorte de loggia où elle tient bureau et elle me dit d’une voix profonde « C'est ici que ça se passe, que j'écris, rêve, aime virtuellement ».

C’est un appel, je ne résiste pas, je la reprends contre moi, l’entoure de mes bras chauds et solides, je l’embrasse dans le cou, ses lèvres s'égarent sur les miennes, sans insister. Quel baiser de feu, respectueux de l'autre, profond, simple, sans fioriture. Par–dessus son épaule, je regarde la chambre, grand lit, placards, je remarque l’oreiller solitaire.
Nous nous détachons, elle m’offrit un verre d’eau minérale bonne pour la ligne, le teint et l’épaisseur des cuisses, il n’y avait en fait rien d’autres à boire sinon un peu de lait concentré qu’elle nuageait dans son thé le matin et le soir.
Je la laissai parler et elle me raconta tout, que je ne pus entièrement comprendre. Il y eut beaucoup de moments tendres ce jour-là. Elle me parla de son amour pour le cinéma, les comiques de l’époque Bourvil de Funès, les comédies musicales américaines. Jaime tout cela et j’aime la vie, c’est à cause de cet amour que j’ai accepté de vous rencontrer, des personnes vous ont fait du mal, n’est ce pas, je n’aime pas le malheur, j’aime les gens qui aiment vivre, mes neveux et nièces, mes copines, les réunions de famille, les chanteurs pour le plaisir, le fun, Bécaud, Brel, Brassens, Ferré et puis Claude François, Aznavour, Fugain, Goldman, Le Forestier, Souchon , Voulzy … et la poésie, la lecture, les bouquins, les romans, et les biographies, l’amitié, les papotages, les radotages, les vieux meubles en bois que j’aimerais posséder, le vin rouge de bordeaux, les vases de Baccarat, les beaux verres, les belles tables, les bougies parfumées, les lumières tamisées. J’adore ma petite terrasse jardinée, oui, celle-là de deux mètres carrés entre le mur de la salle de bains et celui de la kitchenette, les bouquets de tulipes. C’est formidable de cuisiner pour les gens que j’aime. J’aime, je les aime, je les veux tendres, et des preuves de tendresse. J’affectionne les amoureux, je collectionne les dessous sexy, les câlins sous la couette… sur la couette… à côté de la couette... les câlins n’importe où. J’aime la vie et les couleurs, je raffole du blanc, du bleu, du jaune, du rouge et du noir. Je suis entichée de monopoly de scrabble, de tarots,. J’en pince pour une plage déserte, même en hiver au bout du monde, et dans les eaux plus clémentes, nager toute nue, bronzer sans rien.
Elle me laissa entendre aussi qu’elle aimait le petting, ce qui est, m’expliqua Joseph le soir même un pratique courante venue des états de l’ouest où la jeunesse circule beaucoup en grosses voitures, consistant en caresses sexuelles sur l'ensemble du corps, mais excluant le coït. Plus soft dit-il est le necking, pas besoin de grands dessins pour devenir clerc. Mais il m’annonça aussi dune nouvelle moins agréable, Bloch a racheté LE FIGARO, il a pris le contrôle à 80% de la Socpresse, deuxième groupe de presse français, ce qui ne laisse pas à Monsieur d’alternative, il faudra bien investir dans le premier si Monsieur veut aller réellement de l’avant.


Elle me raconta beaucoup de choses qui quelques fois me firent réfléchir. Elle aussi parla d’un grand drame, elle soutint que tout de suite après ce fut l’occiement national total de tout un tas de salopes, les aristos à la lanterne, les salopes à la boucherie !


Elle, il faut bien avouer qu’elle me fit un peu de charme et que j’aime ça.
Nous nous sommes revus plusieurs fois par la suite sans que cela porte à conséquences.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyMar 25 Avr 2006, 16:26

En rentrant, je passai dans quelques campagnes de betteraviers et m’informant auprès des betteravières reçu partout la même réponse : oui, oui, ces terres sont celles du Marquis de Caracas.


Jeudi
Je poursuis mon exploration et je pose calmement mes questions, de-ci delà, aux femmes surtout, elles parlent plus aisément, se pensent persécutées ou protagonistes, elles ont quelque chose à dire, à briguer, elles veulent se manifester, elles imaginent que leur sexe influe la ligne de vie.
Pourtant, ce matin, c’est un homme que j’ai rencontré d’abord.

Celui-là me raconta ... Je persiste et je signe ! J’ai vu, tout petit, la misère, mais je ne sais pas par quel mystère j’ai trop vite compris. Je venais d’avoir dix ans, c’était un matin après le p’tit déj'. Mon père a dit, comme il le faisait souvent avant de partir au boulot sur son vieux vélo, “Bon, allez ! J’vais au chagrin !” J’ai pris le chemin de l’école et j’ai vu un type en costard, cigare au bec, passer dans une voiture rouge, une Lamborghini. J’ai trouvé ça, comment dire… disproportionné, indécent. Le gars a garé sa belle bagnole, je suis passé à côté et quelques instants plus tard je suis revenu sur mes pas. J’ai réussi à forcer la portière, fauché cinquante francs, deux paquets de clopes et un stylo-mine qui traînaient dans la voiture et j’ai fait brossé les cours. C’est ce jour-là que je me suis mis en marge comme on dit. Voilà, c’est ce fond qui est inaltérable. Mais je ne pète pas plus haut que mon cul, j’ai aussi mes contradictions et je me soumets bien plus souvent que je ne me révolte. Je paie mes tickets de transport en commun, je ne mets pas un coup de boule dans la tronche du premier flic venu. Je suis donc insoumis et soumis.
Tu parles Charles ! M'est idée qu’il avait une foutue tête de syllabus de Freud donnant l'impression d'un cocu content, fier d'être enculé par la joie de vivre moderne médiatique et tellement peu en mesure d'accepter ceux qui pensent pas comme le chef de la meute voudrait qu’on pense ! Sifflet, salut au drapeau ! Les bons à gauches, les repentis à droite, les salopiaux au trou, la misère mon cul, ce petit baron de la chansonnette a le droit d'être heureux et de s’en satisfaire, de croire en l’ultime récompense, mais pourquoi emmerder les autres avec les paradis artificiels ? C'est ça le problème des gens, incapable d'accepter ceux qui ne pensent pas comme eux, des faux réfractaires, des voleurs à la tire juste bon à faire l’école buissonnière sous couvert de la Sécu.
Puis je rencontrai celle-là qui me parla de Marie de Clèves mais je la fis taire, de celle-là, je savais tout.
Et puis une autre me raconta une histoire extravagante :

Marie est très belle et comme le lui dit son compagnon, une fameuse beauté de deux mille ans.
C’est une manière à lui de parler comme cela. Il exagère toujours les choses. Il dit à propos d’un fait divers :
- Il y avait deux millions d’Egyptiens.
- C’est un hippie, pas vraiment. Il a dû être hippie quand c’était la mode. Il est doux, barbu, mal habillé. Il fait des petits boulots qui lui permettent de manger et de faire plus ou moins décemment vivre sa compagne.
- Du fait des fichiers de police, des impôts, des tracasseries administratives, ils n’ont pas décidé de se marier, enfin, de se marier en l’inscrivant sur un papier devant les édiles. Le mariage dit-il n’est pas un document, le mariage c’est le sentiment le plus beau d’un adulte vers un autre adulte, c’est avoir envie de vivre ensemble sans penser que cela s’arrêtera. C’est mettre en commun les ressources de ses bras mais surtout de son cœur. C’est aimer quelqu’un pour lui et seulement pour lui et pour le couple qui se crée. C’est devenir un seul devant le bien et le mal, dans le malheur et parfois le bonheur.
- Le mariage n’est pas un nom que l’on donne, un nom que l’on prend, ce n’est pas non plus prendre femelle pour l’engrosser. La filiation et l’enfantement ne sont pas les issues ou les buts du mariage. C’est une histoire d’homme et de femme, le mariage Les enfants, c’est naturels, c’est parce que dans cette histoire de femme et d’homme, il est difficile de ne pas se serrer l’un contre l’autre, il est difficile dans l’adversité de ne pas chercher refuge dans le corps de sa compagne, dans la force de son compagnon, il est difficile de ne pas caresser la beauté, de ne pas toucher le corps dans des moments de grand bonheur.
- Le mariage, pense Marie, c’est lui et moi, pour toujours.
- Qu’importe les âmes bien pensantes et les religions qui veulent que l’on sacralise, lui et moi, moi et lui.
- Le souci de Marie est ailleurs que dans l’amour de son homme.
- Hier, le gynécologue a été formel. Elle peut procréer, enfanter, concevoir. Pas comme cette autre patiente qui attendait comme elle dans le salon, qui venait voir le professeur pour parler des nouvelles méthodes. Hors les chemins artificiels, le corps de cette femme ne pouvait donner la vie. La femme avait longuement regardé Marie, parlé à Marie et puis après avec le Professeur. La beauté de Marie n’est pas une orchidée stérile comme celle de cette femme-là. Le gynécologue a été gentil, bien sûr, très psychologique, enfin quoi se dit-elle, cela veut-il dire que je n’aurai pas d’enfants donc que je ne peux lui donner l’assurance que sa propre vie perdure.
- Je n’ai pas moi, pense Marie ce tracas-là, ma vie est ma vie, mais lui, je le sais, souhaite que sa vie continue à l’infini, l’infini vrai, celui des mathématiciens qui vous montrent l’absurde et vous disent qu’il existe.
- Pour Marie donc le propos est de ne pas savoir comment dire à son compagnon, je n’ai rien, c’est toi qui est en cause.
- Le professeur Gabriel de l’Université reçut longuement sa patiente, lui explique les mécanismes du corps humain, lui fit des démonstrations éloquentes.
- Rendez-vous fut fixé à la semaine prochaine.
- Quand Marie sortit de son cabinet, le professeur Gabriel admira sa silhouette. Une bien belle fille pensait-il, douce et lumineuse. Lorsqu’elle avait été nue, pour l’examen, la première fois, au-delà de l’homme de l’art apparut l’homme, seulement l’homme. Des filles et des femmes, dans son métier, il en avait tant vues. Mais celle-là, elle avait un je ne sais quoi, elle était différente. Longues jambes minces, cuisses arrondies d’un galbe étonnamment parfait, des hanches de grâce, deux seins petits, hauts placés, très beaux. Et le visage. Un visage qui…
- Oui, je vous écoute dit-il à la patiente suivante. Et de se forcer de revenir à son travail de médecin.
- La semaine suivante, le fils du Comte de Saint-Esprit, époux de cette dame triste de ne pouvoir enfanter vint au cabinet. Il y rencontra Marie et l’on s’accorda sur les modalités.
- Fin février, on parla des conditions de l’intervention, du meilleur moment qui se situait entre la fin et la mi-mars.
- Le planning de chacun fut mis en place et il y eut incontestablement réussite.
- Les journalistes furent informés régulièrement et c’est vers la fin décembre que le résultat fut connu. Bien entendu, on avait suivi de tous les moyens scientifiques acquis le lent processus de la création.
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- Communiqué par la police.
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- Disparue de l’hôpital civil où elle était sous la surveillance d’une équipe de chercheurs, la dénommée Marie Vierge, domiciliée présentement rue de l’Etable 4 à Bayt Lahm. La dénommée Marie Vierge, âgée de vingt-cinq ans, bouche fine, pas de signes particuliers connus s’exprime aisément en notre langue et paraissait jouir de ses facultés mentales.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 3 EmptyMer 26 Avr 2006, 16:08

- Elle a quitté l’hôpital vêtue d’une longue robe bleu clair, elle ne semble pas avoir emporté d’autres effets si ce n’est une couverture bleue en laine angora dans laquelle se trouve un enfant auquel elle venait de donner le jour. Cet enfant, par contrat bien établi est la propriété des Vicomte et Vicomtesse de Saint-Esprit. Le prénom de l’enfant avait déjà été choisi :
- JESUS.
- Toute personne pouvant fournir des informations au sujet de la mère porteuse et de l’enfant volé doivent s’adresser au poste de police le plus proche.
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- Flash prio/police center.
- Re notre information concernant la dénommée Marie Vierge.
- Autorisation utiliser la contrainte par la force pour récupérer l’enfant Jésus, celui-ci doit être épargné pour être remis au Professeur Lepère de l’Université, pour une expérience prévue (subsides déjà accordés) qui doit durer une bonne trentaine d’années et qui portera le nom de code CROIX.Le gouvernement tient beaucoup à réaliser cette expérience qui permettrait à notre pays de faire faire à l’industrie de la production de cellules à tendance immortelle un pas décisif sur les pays concurrents et absorberait selon le calcul actuel de 12.025,3 à 14.524,78 emplois.





7 mai
Je poursuis mon exploration et je pose calmement mes questions, de-ci delà, aux dames surtout, elles parlent plus aisément, se pensent torturées ou vedettes, elles ont quelque chose à dire, à comploter, elles veulent se manifester, elles imaginent que leur sexe influence avenir et futur, elles oublient facilement que sans les fioritures masculines, les choses restent en l’état. Certaines viennent fleureter à deux pas de mes fenêtres, tandis que leurs baladins se gaussent de ma salle à manger.

Rentré de mon jogging quotidien et matinal, (d’autres vont à la piscine, certains restent au lit) je fouinai dans la grande bibliothèque, à l’étage, héritage cumulé de plusieurs générations de grands hommes, nous avons eu selon les tableaux qui pendent ici des abbés, des généraux, des maréchaux d’empire, des notaires, des hauts fonctionnaires, espérant dénicher des informations sur moi-même et quelques vérités de toutes choses... Je ne trouvais que des banalités.
Pas de traces d’histoires dans l’Histoire sinon dans celle des reines de France dans le lit desquelles j’aurais été, mais diable suis-je allé partout ? Pas de mystères dans les dictionnaires, on n'y trouve rien en phrases et rien en phase du sens caché des mots. Peut-être dans des partitions, des livrets du lyrique, de la poésie... clef des vérités de l’âme selon certains, du cœur selon d’autres auteurs ! Là non plus... Je consultai Joseph qui me conseilla la bécane Youlite paquard mais là, même Internet ne savait rien !

Bien que Joseph avait l’air soucieux en me disant que l'Espagne se prépare à lancer son Invincible Armada contre l'Angleterre d'Élisabeth, ma cousine, et qu’ici la lutte entre catholiques et hérétiques atteint son paroxysme, il est question de croix et de breloques, de foulards fichus et autres chapeaux avec ou sans plumes; Henri de Guise von Kubilair a négocié et échoué à procurer un aéroport sur la Manche à son allié irlandais. Ma situation semble incertaine, notamment à la bourse de Bruxelles, où les prédicateurs montés sur les marches excitent la population contre moi, soi-disant tyran de l’emploi, esclavagiste, fouteur de situation économique critique. Alors, fais-je de la finance, des affaires, de la politique comme on fait du solfège ? Comment sais-je que le résultat final de l'activité politique répond rarement à l'intention primitive de l'acteur.

Je me souviens... ils m’ont vraiment demandé de me souvenir, alors, doucement, je me souviens... J’ai interrogé, enquêté, causé, parlé, jacté, discutaillé, je me souviens ...
Je me souviens que j'avais absolument envie d'avoir 16 ans pour aller voir les films enfants non admis et je me souviens que le premier fut Arsène Lupin, savoureux Robert Lamoureux complimentant Liselotte Pulver dans le château du Kaiser Guillaume, savoureux et la question est restée sans réponse, pourquoi diable les enfants ne pouvaient-il regarder les exploits patriotiques du bel Arsène ?

Puis je rencontrai à nouveau celle-là qui voulait m’étourdir de Marie de Clèves mais je la fis taire, de celle-là, je savais tout.
Et puis une autre me raconta une histoire extravagante :
La lune dans l’eau. Tel était le titre du livre avec lequel elle s’était endormie. Par l’as de carreau des volets, le jour le soleil la vie resplendissante entraient, voleurs de sommeil dans la chambre ou Martine reposait, la tête noyée dans ses cheveux de blés et de lins sauvages. Le soleil tournant un peu alluma pendant quelques minutes une aisselle douce à touffe blonde.
Tiens ? C’est l’envers d’hier, pensa-t-elle.

Le soir précédent, au passage des mécréants dans le département de l’Isère, sur les chapeaux de roues et plein de mauvaises intentions, elle s’était avisée qu’elle était dans la pénombre et qu’ici, dans la montagne, sans neige car c’était l’été, le soir amenait une obscurité claire dont elle ne savait rien dans sa grand’ville.
Là-bas, il y avait sans cesse les Klaxons, les tramways, les hommes pressés et les mémères – bonnes et compréhensives, qui savent que Renaud n’est pas un voyou, que Sacha est bien malheureux et que c’est la faute à Rika si la saucisse de Strasbourg fait grossir et que le capricorne entre demain en sagittaire – menant faire pipi sur le trottoir un chien qui leur ressemble.
Elle avait lâché son livre à couverture glacée, violemment colorée et illustrée d’une de ces nanas comme il n’y en a que sur les livres des bibliothèques de gares et de supermarchés, à l’exclusion de toute rencontre au bureau de tous les jours – sauf Huguette qui est toute pareille avec son rouge à lèvres, son fard à sourcils et ses incroyables cheveux à la brosse, ils aiment ça les garçons, des cheveux comme ça où les mains n’ont aucun plaisir à traîner ?
Un coup de vent, pas vraiment le simoun, descendit du glacier là-haut sur la montagne si près si loin et la pinça en slip et soutien-gorge devant la fenêtre.
Allez, zou ! on ferme le vantail, brr le chaud, ici c’est froid, pensa-t-elle en regardant le soleil qui illuminait une gravure sur le mur d’en face.
Et elle se mit à songer quelques secondes que c’eût été mieux d’aller avec Huguette au camping des flots bleus, sur la côte, là où toutes les publicités disent qu’il n’y a jamais que le soleil chaud chaud.

Comme elle avait la peau moite, elle frissonna. Elle ferma la fenêtre mais pas tout à fait, l’air c’est bon pour le teint, et elle partit examiner un peu de rougeur qui s’était mise sur un bras. Elle frissonna à nouveau et courut se cacher sous le drap.

Les gangsters avaient décidé d’attaquer une banque et Radio Monte-Carlo disait que la journée de demain ce serait couci-couça. Ce qui l’étonnait dans ce qu’elle lisait c’était que la grande femme qui accompagnait…


Elle s’éveilla en sursaut, un bruit insolite, une odeur de café aussi et puis elle se rappela qu’elle avait tout mélangé, l’auto-stop, les gangsters de « La lune dans l’eau » quel drôle de titre pour un roman policier et le soir qui arrive sur la montagne où il n’y a pas de neige car c’est l’été, Gilles avait dit tout ça. Gilles, c’était le gentil monsieur qui avait bien voulu l’héberger cette nuit-là car sans sou … sans sous Madame Monsieur, sans sous on n’est rien.

Elle trouve à la patère une vieille veste de pyjama et s’en vêtit.
Dans la pièce cuisine salle à manger salon living et tout ce qu’on veut, atelier de plomberie même, au vu de tuyaux bizarres et d’une clé à molette, Gilles avait fait du café et il y avait du pain frais sur la table. Elle comprit que son cœur ce matin-là était un peu à lui. Après avoir dit bonjour comment allez-vous, il a dit :
Il y a du beurre, si vous voulez, et des couteaux dans la cuisine. Je pars au village faire quelques achats. Je ne savais hier encore que j’aurais une invitée. Je nous rapporte de quoi varier ces quignons et les carottes qui sont sur l'évier. Ne vous envolez pas le ventre vide, belle oiseau.
Il referma sur lui la porte de bois et elle entendit le bruit d’un Solex peut-être même d’une machine japonaise, le progrès est partout.

Le moteur ronronna du côté des grands pins, sauta le ruisseau, se perdit dans un creux, reprit sur une demi-colline mourut enfin après un virage masqué.
Elle s’étira, peigna ses cheveux à grands coups de mains, fi grimper un short le long de jambes très belles et sortit. Au bout de la terrasse, elle se mit dos aux pierres, chaudes du soleil déjà. Si elles étaient chaudes, le vrai soleil n’était pas encore tout à fait vrai. Il montait dans les ciel sans s’arrêter comme si quelqu’un le tirait vers là-haut mais on avait dû oublier d’allumer son feu.
A moins que ce ne soit le vent ? La pointe de ses seins s’érigea et il se fit de petits grumeaux tout autour de l’aréole. C’est une sensation qu’elle aimait bien, avoir froid aux bouts ; c’est chouette ça, on se sent vivre. Dans la cuisine, elle avait pris un couteau bien trop grand pour couper le pain. La montagne sous la lumière du matin qui bientôt serait midi prenait des reliefs et changeait de forme à chaque instant. Sur l’horizon, de grands nuages blancs étaient des montagnes. De grandes montagnes étaient des nuages.
Le bout de cette terrasse, là, un peu à l’abri, était un endroit rêvé pour un bain de soleil total. A la mer, même Huguette n’ose pas se mettre toute nue. Pourtant maintenant, dans les magazines, on ne voit que des dames aux seins nus sur les plages et il paraît que les gendarmes n’embêtent plus personne pas plus à Pamplonne qu’ailleurs, mais il faut oser. Ici, c’est extra.

Et elle fut nue en un instant.

Avant de s’étendre sur la veste disposée en coussin, elle se regarda, se trouva blanche et citadine.
Un peu de hâle sur les bras, un peu sur les jambes et un peu sur le haut de la poitrine que les décolletés de promenades avaient permis. Elle se livra au plaisir d’être parfaitement nue et vraiment nue.
Personne pour regarder si qui ou quoi que ce soit arrive, un petit coulis de vent, un bon soleil et toutes les pensées qui courent et le livre dont on ne tourne plus les pages. Elle se demanda à quoi pensent les autres filles lorsqu’elles sont nues ?

Elle ne connaissait qu’Huguette, et puis la vieille qui avait au moins trente-cinq ans, l’an dernier sur la plage. Huguette aussi, c’était à la plage, on avait la même cabine de bains. On se déshabillait ensemble et depuis quelques années, on comparait nos poitrines, on les touchait. Parfois même, on les embrassait, pour les réchauffer, parce que le petit bout était dur mais alors, on avait de plus en plus de frissons et le petit bout restait dur. Il y a deux ans, j’avais voulu savoir si vraiment une femme c’était comme moi et j’avais lancé mes mains pleines de doigts tout au bas d’Huguette. Elle avait fait l’horrifiée et l’indignée et elle n’a même pas ri quand je lui ai dit que je m’appelais Jules. Elle avait voulu crier et elle me mordait. Moi, j’étais déchaînée, je l’ai giflée à tour de bras. Je n’y voyais plus clair puis elle s’est mises à pleurer et s’est laissée faire.
J’étais chavirée par la douceur de sa peau, là au centre de son corps. Une peau encore tout mouillée du bain que nous avions pris, je l’appelais chérie et amour et elle ronronnait.
Mais en se levant, elle a dit, la sale garce :
— Je vais le dire à mon père.

Je l’ai coupée en tranches.

La vieille de l’autre fois, c’est sur la plage que je l’avais rencontrée, elle marchait lentement, insouciante, le long d’une bande de sable désert. Elle n’était ni laide, ni belle, simplement, elle était nue. Probablement mieux ainsi qu’habillée. Sa nudité la sauvait qui n’avait aucune classe sociale et aucun signe extérieur de plus ou de moins. Elle ramassait de temps en temps des coquillages et son derrière haut levé se reflétait dans l’eau stagnante d’une petite mare. On aurait dit la lune dans l’eau. Je me suis approchée et nous avons parlé. Elle était belle en souriant, en parlant des poissons et des objets que l’on découvrait le long de la mer. Elle était laide quand mes mains couraient sur sa poitrine et pinçaient les petits bouts rouges.

J’ai perdu mon Opinel dans le sable.

Voilà Gilles, mes petits bouts sont durs. Il manque un couteau à la cuisine.
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