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 productions de Xian.

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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyJeu 25 Oct 2007, 13:39

Suite en cours

On a su qu’un drame s’était déroulé, ce que l’on appela plus tard l’affaire Nihoul.

Quatre heures plus tard, le quartier était bouclé par la nouvelle police fédéralo-communale et, interviewé par RTL, le commissaire Jos fut péremptoire :

— Bien entendu, le suspect s’est échappé mais nous avons fait appel à la brigade spécialisée anti-tueurs du Brabant Wallon et un portrait robot a pu être établi.

— Comment avez-vous pu faire aussi vite, demanda Catherine Trahy.

— Eh bien, un de nos hommes fréquente assidûment le quartier, il vadrouille entre la rue de Stassart et la pâtisserie, il y aurait eu un témoin anonyme, lequel a permis au substitut de Jemappes de pouvoir affirmer :

— C’est un pet de nonne, c’est donc un attentat islamiste, cela relève de la brigade anti-terroriste, toute la lumière sera faite, une commission parlementaire se réunira.

— On murmure dit, l’interrogeuse télévisuelle, que le forfait aurait été perpétré par un membre d’une secte nouvellement installée, on parle d’Austo-Hongrois, pensez-vous que ce soit la filière des Estoniens ?



C’est ainsi que d’irascible tchatteur, je fus pris au sérieux par un groupe de rappeurs de betteraves fourragères qui se demandait en vain comment augmenter son potentiel de communication pour engranger des adcenses en us dollars qui valent moins que l’euro à la banque mais qui au change font meilleure figure quand, décidément on est attiré par les pays de l’est.


L’anonyme avait été bien informée, et les témoins plus protégés que jamais contre leurs débordements par Clint Boisdeste lui-même, d’ailleurs, les témoins n’ont rien d’autre à dire, jamais que ce que le chef de la police ( ou du parti, ou de la Camora ) leur dit de dire. Le témoin normal des trépassements sauf s’il est ordonnateur de pompes funèbres, ne s’habitue pas à l’événement surgi dans sa vie monotone, il en parlera comme de son affaire, hors, bien sûr ce n’est pas la sienne. Le témoin est ainsi parce qu’il ne s’attend pas du tout à ce qui lui arrive, on n’apprend rien à l’école, c’est connu.


Le témoin dira donc le plus souvent que tout cela s’est déroulé très vite, que c’est passé au-dessus de lui, que cela frappera peut-être les esprit mais qu’il n’a rien vu, rien senti, pas même un vent de panique... mais il est vrai que lorsque le flingue crache ses valdas, il n’y a rien d’autre à faire que se prendre la tête dans les bras et attendre que cela se passe.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyMar 30 Oct 2007, 14:38

Donc, le chef du groupe dont question ci-dessus, un australopithèque consensus bilingue invita le héros de cette pantomime à se rendre encore plus sur la toile, prendre des contacts et découvrir si possible le fameux Pédovillov, un suce pet recherché depuis des lustres, se cachant sous des pseudos divers et fantomatiques, même Interpol qui pourtant a des relations thaïlandaises n’y songe même pas, et qui harcèle de pauvres femmes, simples candidates ordinaires à la fameuse séance de psychomotricité d’un certain Jean-Luc Boulevard.


Foi d’Ostrogoth, mon gars, tu es le découvreur qu’il nous faut pour mettre notre association sur les rails de la célébrité, annonça Sarkostrogo à celle qui, travestie ?, se faisait appeler Ping lady pour les anglophones, plus terre à terre Pink Piggy sur les tchatches à tendances tendres.



— Bon voyage, soyez prudent et tenez-nous au courant déclara l’incitateur au départ.

— Allons, Médor, fais tes adieux à tous ces Messieurs, répondis-je en caressant la tête de mon quatre patte favori, un teckel à poil mou capable du pire.


Alors que s’ébranle le train, notre héros ouvre la fenêtre d’un coup de pic à glace et tirant son chapeau s’exclame :

— Je vous enverrai des cartes postales, de la vodka et du caviar ! à bientôt !!

— Bonne chance répondit le fils de Oi depuis le quai quatre.

Sitôt dépassé Schaerbeek, la campagne défile, Piggy ouvre son ordinateur portable et commence à expédier ses messages. D’abord quelques zwanzes dont elle est coutumière, l’annonce dans un pays surendetté de la création d’un ministère du nucléaire durable, la suppression de quelques centaines d’emploi dans les conserveries Gooduel et puis la charge de cavalerie...
From Pink Piggy to Ralflepointeur ... from Beauminou to Rousse affolante et d’autres attaques de plein fouet.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyMer 31 Oct 2007, 16:41

Nul besoin de s'appesantir, multiplier les exemples redonderaient. On comprend sans hésitation aucune que Pink Piggy, homme ou femme incertain manifeste au tapotage de clavier une ardeur singulière mise en avant par le zèle absolu des néophytes. Pink Piggy veut tout savoir des messageries, des webcams, des logiciels qui permettent de gagner plus et de vivre plus longtemps mais surtout, il veut bazarder aux chiottes tous ceux qui derrière leur écran se prennent pour des bons dieux. Il fonce à plein tube, aussi vite que l’express Berlin – Moscou dans lequel il déconne à pleine vanne. Quand il cherche un mot, il sourit à ce pseudo tombé du ciel qui lui ouvre les portes d’une intense vibration.

Au bout du compartiment, John Doe, militant pour le Che et ses descendants observe et rumine.

Une bourge avec un portable, c’est insupportable !
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyVen 02 Nov 2007, 07:51

Il faut dire que si tout devait se dérouler tranquille ce n’est pas ce qu’il se passa.
Le train frémissant de ponts en tunnels s’immobilisa un moment du côté de Soumagne , John Doe se sentit les nerfs à vifs et se tournant vers la banquette occupée par Pink Piggy, la vit confortablement installée avec son portable sur la tablette, ses jambes étendues, son chien sur la banquette ! Un chien sur la banquette était-ce possible ? Dans quel monde vivait-on, il n’avait pas même de muselière.

Un robot facilement reconnaissable à son nom (une petite plaquette plastique épinglée sur la poitrine disait : Ostrogonze, contrôleur) ouvrit la porte intermédiaire et entra dans le wagon avec un bruit de boggies secoués. On passait sur le viaduc, la gare de Verviers était en vue, il était temps d’agir.

L’ambiance se faisait lourde, il faut dire que Pink venait de découvrir un site où un Zorgostro se mettait à crier plus fort que José Appar Ratchik dont on allait encore parler, foi d’auteur bilingue !

Le contrôleur passé, John se leva et ceinturé de bouteilles de Spa gazeux se dirigea d’un pas martial vers Piggy absorbée par une nouvelle conversation avec « Tête de nœud » ...

Y eut-il lien de cause à effet, l’express international failli se désagréger et l’entrée en gare de Cologne vit des sbires douaniers et d’autres de la judiciaire envahir le wagon dans lequel notre héros tentait presque en vain de se prémunir des outrages que l’eau et le gaz jetés en abondance par cet excité de John Doe risquaient de produire aux circuits imprimé du Toshiba 68.

Le voyage commençait mal par un arrêt forcé, allait-on inculper Pink Piggy ?

— Vous auriez dû descendre à Herbestal marmonait le commisaire allemand.
— Je suis reporter pour une association caritative répondait Piggy.




Il n’était indiqué nulle part dans le manuel du capitaine von Keupenik qu’il fallait saisir le portable, Pink put donc conserver son appareil doté d’une de ces nouvelles batteries qui font courir les lapins durant plus de trente ans.

Un correspondais colonais du forum juridique de Maître Ayatholas intervint brillamment et une levée d’écrou fut simplement signée. Pink Piggy regrettant un peu la bonne bagarre qu’il y aurait dû avoir dans la geôle (tentative de viol, vol de portefeuille, destructions d’affaires personnelles, menaces racistes), il ne se passa que d’excuses en bitte cheune, on se reverra lors de votre retour, nous vous laissons aller vers l’Est, vous serez surpris, Berlin des années trente, schupo et frontières de barbelés.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyLun 05 Nov 2007, 10:47

Un nouvel incident ne manqua pas se produire avec un chauffeur de taxi qui sembla vouloir détrousser son passager transformiste. Il se retourna au mauvais moment, le taxi embarda sur un passage à niveau sans bulle d’air mais avec une Pacific 8350 fumant de toute sa chaudière.
L’accident était inévitable.
Le portable sauverait-il notre héros ?

Qu’est devenu le chien demanda une lectrice ?



Le chien s’en tirait fort bien, comme d’ailleurs notre héros. Le lieu de l’accident n’était pas désert, nécessité fait force loi, un autobus s’arrêta pour charger les malheureux qui se retrouvèrent ainsi en moins de deux à la frontière.

Un agent du guépéou se pointa pour demander « vos papiers », il est évident qu’en cette époque de conservation de la nature, les forêts déboisées ne sauraient l’être pour rien et que les documents doivent être préservés au sec et sous bonne garde de père de famille.

Pink Piggy sortit donc de la pochette qui était à l’intérieur du couvercle de l’ordinateur portable une carte de reporter sans frontière en bonne et due forme.

Une pâtisserie jouxtant le poste de douane, Pink s’y rendit en sifflotant. Deux éclairs au chocolat demanda-t-il, en tendant un à Médor qui tricotait de la queue.

Fallait-il croire que Pink pourrait s’installer à l’aise et débusquer sur ce territoire les fameux point com et point ru et cette organisation Mythic qui voulait débaucher la belle jeunesse occidentale vingt quatre heures sur vingt-quatre, allait-il s’asseoir et lancer ses moteurs de recherches ?

C’était sans compter sur José Appar Ratchik qui à cet instant précis dégoisait sur le journaliste et son chien.
Il faut les faire disparaître disait-il au lieutenant en poste, il le faut, ce sont des ennemis du peuple, je les ai vu parler avec Didjé Rain Derce.

Chacun sait que ce José est un mythologique parfait et que bien entendu Zorgostrogoth n’était qu’une invention de Choupine, le dirigeant bien connu et qu’aucun expert digne de ce nom n’aurait pris ces champignons des bois pour un reste de cervelle occidentale.
En realité, et tout simplement, notre Pink était entrée chez un Youp comme on appelle les tailleurs dans ces pays-là.

Pink Piggy se débarrassa rapidement de ses vêtements inadéquats pour les longs voyage et souillés par un baba au rhum qui avait dégouliné. Son choix se porta sur un très seyant bleu de travail, une paire de bottines à bouts ferrés et une casquette de rappeur qui se porte penne en arrière pour éviter que le cervelet reçoivent d’inopportuns coups de soleil.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyDim 02 Déc 2007, 05:54

suivi en cours...


Mon cher Médor, dit Piggy à son chien qui le suivait prudemment, mon cher, nous allons tout d’abord nous sustenter, manger quelque chose, il doit bien y avoir par ici un petit restaurant où la goulasch sera mangeable, ensuite, nous enquêterons.

Pink, sans remarquer un prudent suiveur qui se cachait de coins de rue en bordures d’avenues, se retrouva au centre de Mockba, capitale de par-là. Une enseigne laissait entendre que l’on servait à manger dans l’immeuble qui fait coin avec une agence de voyage proposant des parcours idylliques.

Un repas frugal arrosé de vin de Crimée, un dessert à base de latex gris, un café d’eau colorée marron, et hop, voilà Pink prêt à l’emploi.

Notre héros déplie son portable, pousse un peu les restes du déjeuner vers le bout de table s’installe au clavier.

C’est hallucinant, tout se passe comme si elles et ils n’attendaient que lui, Pink Piggy est en communication directe avec tous les assoiffés du sperme informatique, avec les rasées de la cafetière, tous ces altérés du lutrin reniflent l’arrivée de Pink Piggy sur le Net, c’est quoi le truc spécial qui les met dans tous leurs états dès qu’il active son pseudo et pire quand il passe la vitesse supérieure en s’appelant Peggy Hard.

Les voici toutes et tous comme la vérole sur le bas-clergé, tout cela serait rigolo s’il n’y avait les vrais monstres, les découpeurs de mômes, les salopards qui en veulent aux enfants des autres ou aux gros sous des veuves et des célibataires. Ça, ceux-là, Pink les sens, les hait, il s’est donné mission de s’en occuper et cela fait partie, dans sa tête, de l’enquête que lui a confiée Sarkostrogo.

( à suivre)
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyMer 30 Jan 2008, 05:18

Une piste se présente, cela serait un employé de l’usine HHPR (Vorochilov und Willem gmbh qu’on traduit ici par Société d’amis de l’état) si les moteurs de recherche d’IP et de Waitensi ne se gourent pas. La traque sur le Web s’est élancée, le sbire qui s’annonce Jolie Lolo treize ans et des poussières est quasi prêt pour le rendez-vous du moment que c’est en-dehors de son paradis rouge d’ouvrier obligatoirement syndiqué, d’ailleurs, ce n’est pas une petite main mais un cadre sup, il s’est trahi en parlant de la pluie et du beau temps, c’est comme cela que Pink les oblige à se dévoiler... et se dévoiler, ces salopiaux adorent cela, mais pour une fois la webcam est en panne annonce la correspondante Jolie Lolo.



Pour passer l’après-midi, Pink flane un peu dans les rues, regarde une fumée d’usine qui fume, pollution ou erreur d’époque, normalement, plus rien ne devrait fumer, c’est interdit, tout est délocalisé.
Un mendiant tend la main, il es t foudroyé du regard par Pink. Les mendiants, les pauvres, les chômeurs, les vagabonds, les hippies, les Pieds-noirs et les anciens du Vietnam, Pink peut pas les blairer. On a ses convictions qu’il dit quand on lui en parle.

Plus loin, un rassemblement, c’est un orateur grimpé sur un tabouret, il exhorte les passants à voter prochainement pour le parti qui apporte tant de bien, surtout aux handicapés et aux fonctionnaires, n’hésitez pas dit-il, l’orange violette apportera la fin de tous vos soucis et vous donnera les moyens de sauver la planète.

—Vous ne voulez pas que la planète meure, n’est-ce pas ?
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MessageSujet: L'étranger   productions de Xian. - Page 8 EmptyVen 18 Avr 2008, 07:59

L’étranger
(extrait de Érotiques et sataniques, avril 1987)


ben quoi ... on n'a pas toujours le temps de repenser à tous ces fantasmes qui nous hantent ...

Les fantasmes dont l’homme est à la fois l’artisan et la victime ne sont-ils pas l’antidote inconscient aux valeurs superficielles que nous offrent les civilisations techniques ? Peut-on s’empêcher de fantasmer sur la vertigineuse chute de reins d’une mère de famille qui attend l’autobus, patiemment dans la file des employés têtes baissées ?


On peut dire que Sidonie Duval ne passa pas inaperçue ce matin-là au marché bihebdomadaire de Saint Germain l’écluse. La vieille dame, mais qui savait son âge ?- arriva comme d'habitude Place du Général de Gaulle à neuf heures précise. Emmitouflée dans un manteau pur poil de chameau, brun passé, acheté aux Trois Suisses un peu avant la grande crise, elle trottinait dans de jolies bottines vernies noires. Son caddie roulait derrière elle, comme à l'ordinaire… sauf que ce n'était pas elle qui le tirait, mais bien le plus exotique des êtres jamais vus dans la petite ville de Saint Germain l’écluse.

Malgré la fraîcheur du printemps, l’homme ne portait qu'un curieux pantalon bouffant de couleur rouge, retenu par une large ceinture dorée en tissu. Ses babouches bleues claquaient sur le bitume. Il marchait torse nu, révélant ainsi le ton mat de sa peau et la puissance de sa musculature. Des enfants le prirent pour un célèbre catcheur américain, d'autres pour un basketteur à cause de sa taille, près ou plus de deux mètres !

Les adultes, eux, ne s'y trompèrent pas, et reconnurent en lui ce qu'il était réellement : un étranger au crâne rasé. Un grand anneau de cuivre à son oreille droite apportait une ultime touche exotique à l'extraordinaire accoutrement de cet individu non moins spécial. Le marché de Saint-Germain résonnait habituellement sous les clameurs des marchands, les conversations des ménagères, et les piaillements des enfants qui couraient de l'étal copieusement achalandé du poissonnier au véritable jardin luxuriant que constituait le stand du fleuriste, pour toujours revenir à l'antre merveilleux du confiseur. Mais lorsqu'ils virent Sidonie Duval et son étrange porteur, tous, petits et grands, baissèrent la voix, ralentirent ou s'immobilisèrent, louchant sur l'improbable couple. La vieille dame ne s'aperçut pas que tous les regards se braquaient sur eux, que dès qu'ils s'éloignaient un peu ils devenaient l'unique sujet de conversation. Toujours suivie de son porteur, elle fit le tour des commerçants dans l'ordre immuable qu'elle respectait depuis 30 ans. Seul le fleuriste, à la fin de sa tournée, prit l'initiative de lui demander l'identité de l'étrange acolyte : " Mais où avez-vous donc pêché ce grand escogriffe ? ", demanda-t-il en enveloppant ses fleurs. " Vous ne me croirez jamais " répondit la vieille dame en tendant un billet de cinquante francs. " Dans une lampe. ". Le fleuriste haussa les épaules et rendit la monnaie en grommelant des paroles inintelligibles. Et pourtant, Sidonie Duval n'avait dit que la stricte vérité : elle avait réellement trouvé son porteur de caddie dans une lampe. Quant à la lampe, vous vous en doutez, elle l'avait dénichée sur les étagères poussiéreuses de « Rome Inde et Pakistan Antiques furnitures » disait la devanture, rue Royale, près de la gare.


Au début, Sidonie avait été attirée par une petite licorne en faïence bleue. De l'autre côté de la vitrine, comme s'il voulait la briser, le bibelot exposé entre un vase qui était peut-être chinois et une cornemuse désaccordée dardait son appendice. Elle réfléchit quelques instants : le manteau de la cheminée, qu'elle n'allumait plus car c'était devenu trop d'entretien pour elle, servait d'arche de Noé à ses porcelaines animalières, cadeaux ou acquisitions personnelles.


Mais dans son bestiaire de céramique ne figurait point de licorne. La vieille dame poussa la porte du magasin qui s'ouvrit en grinçant. La bâtisse était sans doute plus ancienne encore que la plupart des objets mis en vente. Fitzegarld de Chassieux, le propriétaire, leva la tête. Le nez plongé dans un grand coffre en bois, il triait une litanie de vieux bibelots dénichés, expliqua-t-il à sa fidèle cliente et amie, la semaine passée chez un videur de greniers qu'il affectionnait tant. Sidonie désigna l'objet de ses désirs. Tandis que l'antiquaire emballait la licorne sous plusieurs couches de papier, elle plongea le regard dans le coffre et au beau milieu d'assiettes, de livres et de candélabres, elle remarqua une lampe, une vieille lampe à huile toute sale et recouverte de poussière. Pourquoi cet objet en particulier ? Il n'était pas plus séduisant que les autres, bien au contraire : son cuivre terni nécessitait un nettoyage vigoureux avant de mériter à nouveau d'être exposé aux regards. Pourtant, Sidonie s'en empara et le posa sur le comptoir. Une fois nettoyée, se dit-elle, la lampe trouverait sa place parmi les babioles rutilantes de sa cuisine. L'antiquaire passa l'index sur son épaisse moustache grisonnante.

- Cette lampe ? C'est que… Je n'en ai pas encore fixé le prix. Et vu son état, je ne suis d'ailleurs pas prêt de la mettre en vitrine…
- Peu importe, je la nettoierai moi-même. Alors, cher ami, combien ? L'index accéléra son mouvement de va-et-vient, puis s'arrêta brusquement.
- De toute façon, par les temps qui court, j'aurai toutes les peines du monde à vendre ce genre d'objet oriental… Allez, je vous la mets avec la licorne.
Il emballa donc le tout dans du papier journal qui relatait les dernières paroles de Chirac à l’Assemblée, celles de cosmonautes et entourait de rose un amoureux noir qui serrait une belle blonde. On apprenait en page arrière que Lee Marvin et Lino Ventura ne joueraient plus jamais la course du lièvre à travers champs tandis que l’on constatait que les couturiers découvraient les genoux.
C'est donc ainsi que Sidonie se retrouva légitime propriétaire d'une vieille lampe à huile qui semblait tout droit surgie d'un conte de fées.


De retour chez elle, elle posa son sac à main sur la commode, à côté de la photographie d'Émile, son défunt mari, là où auraient dû se trouver les photos des enfants qu'ils n'avaient jamais eus. Tandis que l'eau du thé chauffait dans la bouilloire, elle installa la licorne sur la cheminée, entre la tortue et une grenouille sur le point de bondir, puis elle déballa la lampe sur la table basse du salon. Un dépôt verdâtre, tirant par endroit sur le gris, la recouvrait entièrement : chaleur, fumée, manipulations, sans compter une absence d'entretien depuis sans doute de nombreuses années, avaient accompli leur œuvre. Sidonie versa le thé au jasmin dans une tasse en porcelaine et but lentement, tout en examinant sous toutes ses coutures sa nouvelle acquisition. Puis elle posa la tasse, s'empara d'un chiffon imbibé d'eau ammoniaquée et entreprit de frotter vigoureusement la lampe. La vieille dame poussa aussitôt un petit cri aigu. Elle lâcha la lampe, qui s'échoua sur le tapis. Une fumée bleue s'en échappait par le col avec un sifflement de bouilloire.


Bien qu’un retour en arrière ait été opéré subrepticement par l’électronique, un petit nuage d'un gris phosphorescent flotta au-dessus du guéridon. Le nuage commença à onduler, à prendre forme comme une boule de glaise pétrie par un sculpteur invisible. Puis soudain les choses s'accélérèrent : la lampe cessa de siffler, les formes se précisèrent. Le nuage ressemblait de plus en plus à un être humain, puis devint effectivement un être humain.
L'homme bras et les jambes en s'exclamant d'une voix basse et caverneuse :
— Dieu que cette ouverture est étroite ! J'avais oublié, depuis le temps. Réalisant qu'il flottait à un mètre du sol, il redescendit sur le plancher des vaches, regarda autour de lui, puis s'inclina devant la vieille dame. « Je vous salue respectueusement, Maîtresse, et vous rends grâce d'avoir fait appel à mes services. » Se demandant si c'était la police ou son médecin traitant qu'elle devait appeler, Sidonie balbutia « Qui… Qui… Qui êtes-vous, monsieur ? » On lui répondit assez simplement : Je suis Simbad, Maîtresse, votre humble serviteur. Je suis un djinn.
— Un djinn ?
- Un génie, si vous préférez.
- D'où… sortez-vous ?
- De la lampe. Vous avez frotté la lampe, et je suis apparu.
- Oh ? Comme dans les contes de fées, alors ?
— D’où venez-vous donc, jeune homme ?
—De Bagdad la Grande.
- Vraiment ? Et que désirez-vous de moi ?
- Je suis là pour vous servir. Vous avez acheté la lampe, vous m'en avez fait sortir. Désormais je suis donc votre serviteur.
- Et vous… Ça coûte cher ?
- Rien du tout. Vous ordonnez et j'obéis. Plus tard nous en reparlerons, il y a un sortilège évidemment qui m’a forcé à prendre refuge dans cette lampe et que nous romprons.
— Je suis une vieille femme. Je me contente de peu.
- J'ai servi des princes et des sultans dont la fortune dépasse l'imagination ; leurs désirs ne portaient pas nécessairement sur l'or et la richesse. N'avez-vous point d'ennemis à vaincre, des complots à dénouer, quelque caravane à guider à travers le désert ?
Sidonie secoua la tête en ajoutant que Saint Germain est une ville tranquille et même quelque peu ennuyeuse, bien sûr les couturiers découvrent genoux et cuisses, on parle de Ulla et Aznavour, de l’affaire Grégory, de Vanessa Paradis et de Shirley Mac Laine, de Lambert et un peu de la bourse, de Diana d’Angleterre et de Thierry le Luron, de l’Argentine et du football, mais, rien de très passionnant !

Voilà qui est bien fâcheux, Maîtresse, car la Règle m'oblige à vous servir.
- Évidemment, vous pourriez faire le ménage, m'aider à porter des objets lourds, ce genre de petits services. Mais vous ne trouverez pas cela très intéressant. Et appelez-moi donc madame Duval, ce sera beaucoup moins cérémonieux.
- A la bonne heure ! s'exclama le djinn, visiblement soulagé.
La lampe traînait toujours sur le tapis du salon. Il se pencha pour la ramasser s’exclamant qu’il allait la nettoyer.
Dans une petite ville comme Saint-Germain, les nouvelles circulent vite.
L'apparition de Sidonie et de Simbad sur la place du marché s'était propagée à une vitesse rarement égalée par le passé.
Témoins de la scène, Marguerite Antonin et Viviane Ménard s'étaient aussitôt données rendez-vous chez Paméla Guillaumat pour commenter l'événement. Qu’allait-il se passer, une affaire comme celle de ce fameux Budo Aikokaï ou encore du chanteur engagé contre les parachutistes ?


Vernon Sullivan s'est fait poursuivre, nos moralistes bien connus pour lécher le cul des archevêques dans les confessionnaux lui reprochant bien des lignes sinon des pages !
—Vous avez vu cet homme qui accompagnait madame Duval au marché, hier ?
- C'est la première fois qu'on le voit à Saint-Germain.
- Mais comment est-il ? demanda Paméla, la seule à n'avoir pas été sur place ce matin-là.
- Il m'a donné froid dans le dos. Un immense ostrogoth au crâne rasé. Il se promenait torse nu, vous vous rendez compte ? Il ne portait que des babouches et un pantalon bouffant trop grand pour lui.
- Il doit venir d'une de ces banlieues dites "défavorisées".
- Il portait une grande boucle à l'oreille. C'est peut-être un manouche ? - On n'a pas vu de caravane dans les parages…
- En tout cas il n'est pas de chez nous !
- Ça, c'est sûr qu'il n'est pas Français.
- Vu sa façon de s'habiller, il viendrait plutôt de l'autre côté de la Méditerranée… Les trois femmes s'observèrent en silence, comme si tout avait dit dans cette seule phrase : l'étranger était un étranger.
- Bientôt, on ne pourra plus sortir dans la rue sans se faire voler son sac.
- Ou se faire égorger !
- On n'est vraiment plus chez soi !
- Je n'ai rien contre les étrangers…
- Nous non plus. - … mais est-ce que moi je vais chez eux ?
- Bien sûr que non.
- En tout cas, ça n'a pas l'air très honnête. On a vu cet homme faire le ménage et tondre la pelouse ce matin chez madame Duval, et comme on ne l'a pas vu sortir de chez elle, c'est qu'il habite là-bas.
- Ce serait un clandestin ?
- Qu'elle ferait travailler au noir ?
- Peut-être un trafiquant de drogue, ou un terroriste !
- Mon neveu travaille à la Brigade des Mœurs, dit Marguerite Antonin. Je vais lui en toucher un mot.


la suite quelque part chez moi (adresse en www ci-dessous) mais il faut fouiller ... ou alors ...


Imaginez donc la chute que vous souhaitez ... fantasmez donc à votre guise ...
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chloé
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyVen 18 Avr 2008, 10:25

Je me suis régalée ! Merci !
Ta plume est alerte et très précise, je faisais mes courses sur le même marché, je les ai vus ! Cool cheese
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Syl
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyVen 18 Avr 2008, 11:18

Superbe Xtian. J'aime beaucoup ton style d'écriture. Et l'histoire me donne envie d'aller flâner chez les antiquaires (des fois que je trouverais un djinn désoeuvré !) lol
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rotko
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptySam 19 Avr 2008, 05:30

Dis moi, Xian, as tu un rapport avec les guerriers de Xian de la pinacothèque parisienne ?

productions de Xian. - Page 8 Xian10
clic !
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyLun 21 Avr 2008, 06:20

Bonjour à tous et bonne semaine ..

grand merci pour les fleurs...
je vous ferais bien parvenir des chocolats, qui sont moins périssables...

pour la suite, on peut lire celle que j'ai posée ici : l'étranger

et il y a certainement quelques liens par-là qui mènent aux guerriers de Xian ...

Mes biographes préférés écriront que le surnom de Xian m'a été donné par un de mes élèves le jour de 1984 où l'on a appris cette extraordinaire découverte faite au coeur de la Chine.

N'en tirons pas vanité, on ne dira pas Xian est un bel homme mais Xian est une ville étonnante.

Pour les Belgicains qui trouvent que Paris est le bout du monde, il faut leur dire que l'expo des guerriers de Xian se tiendra à Maastricht cet automne et que le prix de l'entrée sera moins cher, ce qui est surprenant chez les Hollandais...

oufti de quoi qu'on cause ...

à bientôt ...


Dernière édition par xian le Lun 21 Avr 2008, 15:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyLun 21 Avr 2008, 06:58

Xian exprimait sa vive reconnaissance !

Citation :
Merci Nestor d'avoir revu la mention des liens que j'avais cochonnée

de rien, de rien Razz
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyLun 21 Avr 2008, 11:37

Je ne trouve pas que Paris soit le bout du monde (je m'y rends régulièrement), mais c'est quand même avec plaisir que je lis que l'expo des guerriers de Xian se tiendra à Maastricht cet automne (parce que là, c'est à une petite trentaine de km de chez moi).

Comme je vais souvent à Maastricht, ça me comble d'aise ...

Merci de l'info Xian ! chapeau
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyLun 21 Avr 2008, 15:16

Nestor a écrit:
Xian exprimait sa vive reconnaissance !

Citation :
Merci Nestor d'avoir revu la mention des liens que j'avais cochonnée

de rien, de rien Razz


je dirais même plus, mince alors ces trucs qui ne fonctionnent jamais quand je les utilise ... comment est-ce possible, y a d'la magie dans l'air ...
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MessageSujet: P'tithom   productions de Xian. - Page 8 EmptyMar 22 Avr 2008, 07:33

Depuis que Véronique s’en était allée, il y avait dans la maison une odeur âcre et P’tit’hom n'aimait pas cela. Il aurait juré qu’elle venait de la cave et comme il n’aimait pas trop le noir, il n’aimait pas trop la cave et tout ce qui s’y passait.

Véronique avait parfois dit, laisse-le, il est en bas, il travaille ! en fait, P’tit’hom ne savait même pas ce que son père faisait en bas. La cave était le seul endroit interdit de la maison. Son domaine comprenait tout sauf cette cave. Parfois quand son père le laissait aller dehors, il allait le long du mur de la cave dans le jardin. Il y avait une petite fenêtre abattante d’où, le soir, s’échappait une vive lumière et puis, il y avait toujours cette odeur spéciale, une odeur forte, qui ressemblait à du pop-corn grillé qu’on aurait plongé dans du vinaigre, le père un jour avait appelé cela formol.

Oui, c'était cela, le formol empestait la maison. Même sa chambre ! P’tit’hom avait l'impression parfois qu’il sentait aussi le pop-corn grillé.

La cave. Il n'y était allé qu'une seule fois dans sa vie. Une seule et unique fois. C'était, il y a longtemps, à l'époque où son père aimait jouer avec lui et laissait parfois les gens de côté. Des gens, il y en avait beaucoup dans la cave. Beaucoup qui entraient dans des sacs noirs, parfois blancs. Ils ne ressortaient pas tous et ceux-là, uniquement dans des coffres en sapins qui sentaient eux aussi le formol. Certains même avaient l'odeur de viande pourrie. L'odeur de la terre mêlée à de la chair morte. A cause de cela, P’tit’hom ne voulait plus enterrer les objets qu’il souhaitait cacher.

P’tit’hom entendit son père remonter l'escalier de la cave et claquer la porte. Subitement l'odeur s'était répandue dans toute la maison et P’tit’hom manqua vomir. Son père ne semblait pas content. Il le sentait tendu. Cela arrivait parfois quand d’autre gens entraient dans la cave. De ces gens là, avaient été accompagnés cet après-midi par d'autres, qui eux, ne sentaient pas l'os pourri. Ces gens-là étaient normaux. L'autre par contre, était identique aux autres.

Son père et les autres gens avaient parlé très longtemps et ne s'étaient même pas occupé de lui. Il ne savait pas très bien de quoi il s’était s’agit, il faut dire qu’il comprenait assez mal le langage qu’il trouvait compliqué. Il comprenait parfois les conversations. Surtout celle où l'on parlait de lui ou même de nourriture. Les conversations sont parfois marrantes. Parfois violentes comme celle de la semaine dernière. P’tit’hom n'avait pas tout compris. Il y avait eu une femme à la maison. Elle était très belle puisque son père avait eu l’air très excité. Ils avaient mangé ensemble, elle et lui, sans penser à lui, et alors qui avait eu un malaise ? ils avaient fait un bouche à bouche, la femelle avait montré des documents à son père. C'était à cause de ces documents que le ton était monté. Son père s'était même battu avec la femelle et celle-ci était partie en claquant la porte.

P’tit’hom avait compris que son père avait des soucis. Il le suivit jusque dans le salon où son père pris le téléphone. " .nanana et nanana oui oui oui et enfin, oui problème, vous savez. de toute urgence. FBI aux fesses,. Na et nananaan, on va être découvert. Tant pis pour les besoins d'organe, et nanananan ! Je ne veux pas savoir, ce que. Oui, c'est ça. impérativement. Il est là, en bas et. merci.

Les hommes et en particulier son père, parlait trop vite.
P’tit’hom ne comprenait jamais tout. De toute façon il n’allait pas passer sa vie à écouter aux portes.

Il se promena un peu dans le living, un peu dans le salon, essaya plusieurs fauteuils et vit la porte entrebâillée, il faisait assez beau dehors, houp ! un bond au-dessus du perron et le voici dans la pelouse. Puis, il rentra et alla se coucher. Il fit des rêves assez agités peuplés de femelles.

Si l’une était professeur de dactylographie, de typographie ou simplement de français, elle lui aurait peut-être parlé des signes de correction.
Une porte. Une porte. Celle de la cave. Et la douce odeur printanière céda à celle plus forte du pop-corn grillé. La porte de la cave s'ouvrit. P’tit’hom emporté par son rêve s'agita dans son lit. Enfin. Enfin, il allait pouvoir pénétrer dans la cave. Un bruit. Un bruit, celui d'une bouilloire d'eau chaude hurla…

C'était dérangeant. Allez P’tit’hom, va pisser. P’tit’hom se réveilla et considéra son père qui lui avait ouvert la porte d'entrée comme chaque matin. Décidément même dans les rêves on n'est jamais tranquille, affirma P’tit’hom en courant dans le jardin, le poil encore chaud.

Dehors il faisait froid. Il fit le tour de la maison. C'était une habitude qu'il avait. Cela passait le temps et permettait de renifler d'éventuelles nouvelles traces laissées durant la nuit. Il remarqua que la terre du jardin avait été renouvelée comme les deux dernières fois. Maintenant, il n'en s'inquiétait même plus. Son père devait s'en occuper de la terre. La première fois cela l'avait inquiété. C'était deux jours après cette fameuse hausse de violence avec la belle femelle. Une autre était venue dans la maison et son père avait fait, il ne savait quoi avec elle si bien qu'elle s'était allongée sur le sol. Il l'avait reniflée quelques secondes et elle sentait bon. Mais il ne la revit jamais.
La petite fenêtre de la cave était ouverte et P’tit’hom alla y jeter un oeil. Il entrevit une forme sur la table au milieu de la pièce mais ne put y voir davantage. Il retourna à l'intérieur où son déjeuner l'attendait. Il mangea goulûment.


Tandis qu’il mastiquait, il remarqua la porte de la cave entr’ouverte. Il s'y dirigea. Son père était en haut. Sûr, il devait dormir. Quelle opportunité pour P’tit’hom.

Il ne savait pas si les grands avaient eux aussi des rêves prémonitoires comme lui. La cave. Il s'avança devant la première marche. Son cœur battait fort. Il se retourna. Personne. Il posa le pied sur la première marche. Puis les suivantes. L'antre sacré. La cave. L'odeur du formol le saisit si violemment aux sinus qu'il lui fallut quelques instants pour s'habituer. Il aurait dû remonter mais non, la curiosité n’est ce pas sœur Anne ! Il avança près de la table sur laquelle une forme était allongée, à peine y avait-il touché qu’un bras glissa vers le sol. Il y avait des marques bleues dessus. Il était froid et sentait l'os pourri. Il reconnut cette odeur particulière, celle qui se trouve sur ce qui ne vit plus, sur de la viande avariée. La mort. La cave. Il ne savait pas vraiment ce qu'était la mort, ni que ce qu'il fallait faire pour en arriver là, seulement, il en reconnaissait le goût, la sensation désagréable et il avait cette conviction que la mort arrêtait tout. Il décida que l’endroit était inhospitalier et s’en alla, hélas, tirant avec lui un bout du drap.

Le corps tiré par le drap chuta de la table et atterrit lourdement par terre. P’tit’hom reconnut la femelle qui était partie en claquant la porte la dernière fois. La belle femelle pour qui son père s’était senti si excité. Que faisait-elle ici. On entendit du bruit là haut, on s’agitait au-dessus ! Il sentit de l'agitation en haut. L’incident avait dû réveiller son père.

Il remonta l'escalier quatre à quatre et regagna son panier. Il frémit en repensant à ce qu'il avait vu dans la cave. Son père y descendit en claquant la porte puis il remonta. P’tit’hom n'eut que quelques secondes pour réagir avant que son père le frappe avec un balai. Il courut dans le jardin et se cacha sous une bâche. Surtout ne plus bouger, se dit P’tit’hom. Il resta toute l'après-midi sous la bâche à ne pas bouger. Il savait qu'il n’aurait pas dû descendre dans la cave. Ce n'était pas son domaine, c'était celui de son père, pas le sien. Pas le sien. Quand le soleil eut disparu et que la nuit masqua toutes les ombres, il sortit de sa cachette et décida d'aller directement à la porte. Cette dernière était fermée. Il gratta contre le bois. Son père ne lui ouvrit même pas. Il y avait pourtant de la lumière à l'intérieur. Mais personne ne vint lui ouvrir. Alors il retourna sous la bâche. Au moins dessous il aurait moins froid. Froid. Il fit un cauchemar et se réveilla à cause d'un bruit sourd dans la terre. Il vit son père dans le jardin sous la lumière blafarde d'une lampe électrique. Il semblait creuser la terre. Il se rapprocha.

Va-t-en P’tit’hom, lui ordonna son père. P’tit’hom regagna sa bâche et se rendormit. Le lendemain matin, beaucoup de monde s’agitait dans la maison et dans la rue des gyrophares balayaient la demi-obscurité. P’tit’hom sortit de sous la bâche et alla voir. Des gens en bleu renversaient tout à l'intérieur et dans la cave d'autres gens avec des appareils faisaient des flashs. P’tit’hom regarda son père qui lui sourit timidement. Mais son père semblait avoir des soucis car d'autres gens lui criaient dessus.

— Où est le corps de cette femme ? demandaient les gens.
— Je ne sais pas. Sais plus.

P’tit’hom comprit vaguement. Il comprit que son père avait égaré quelque chose. Mais lui il savait où cela se trouvait ! Il remua d'abord la queue puis aboya pour que son père le suive.
— Tais-toi P’tit’hom !

Mais P’tit’hom ne voulait pas se taire. Il sortit dans le jardin.
— Pourquoi votre chien aboie-t-il ?
— Je ne sais pas, moi !
— Répondez à mes questions : pourquoi les corps de trois personnes ont-ils disparu ?
— Je ne sais pas. Je suis que médecin légiste.
— Nous avons placé votre ligne téléphonique sur écoute et nous avons constaté que vous avez appelé Monsieur Martineau quatre fois. Pourquoi ? Où sont les corps ?
— Je ne sais pas.
— Vous savez très bien. Niez vous que vous faisiez du trafic d'organe !
L'agent de police griffonna quelques mots sur son carnet.
— Hem euh, chef.
— Oui ? Répondit l'agent de police à un auxiliaire qui rentrait dans la maison.
— Je crois que vous devriez venir voir dehors.
Le chef de police considéra son collègue qui continua timidement : Le chien. P’tit’hom remuait la queue. Il avait comprit que son devoir était d'aider son père, lui qui avait si bon avec lui, lui qui l'avait nourri et hébergé, protégé. P’tit’hom n'avait jamais su le remercier pour tout cela.

Il avait compris son devoir de bon chien. P’tit’hom remuait la queue. Il vit tout le monde autour de lui et surtout, le regard de son père qui s'effondra en la voyant se tenir fièrement à côté du bras ecchymosé de la femelle au parfum de rosée qu'il venait de déterrer.

(extrait de Érotiques et Sataniques Cdécritures201 avril 1987)
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyMar 22 Avr 2008, 08:55

Citation :

il y avait toujours cette odeur spéciale, une odeur forte, qui ressemblait à du pop-corn grillé qu’on aurait plongé dans du vinaigre,

Ca sent le pro !
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyJeu 24 Avr 2008, 08:26

Sur les marchés, tous les matins avec ma casserole et deux bassines, barbapapa 2€ seulement !
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MessageSujet: Retour inattendu   productions de Xian. - Page 8 EmptyMar 29 Avr 2008, 11:47

Depuis la mort tragique de mon associé il y a un an, je menais une vie tran-quille. L'entreprise avait doublé son chiffre d'affaires et je n'avais plus eu de tra-cas quant à mon avenir.

Or, un soir que je rentrais à pied de mon travail, une voix sortie de la nuit me menaça. Je ne suis pas peureux de nature mais quand je vis que j'étais seul dans la rue, et qu'il n'y avait absolument aucune autre présence que la mienne et mon om-bre, je pris peur et je me mis à courir comme un fou.

Essoufflé, l'estomac tiraillé par des élancements cuisants, je m'arrêtai net devant une maison qui m'horrifia.

J'avais atteint par hasard (mais est-ce bien un hasard) la demeure de mon ancien associé. Mes mains se mirent à trembler comme des feuilles mortes ballot-tées par le vent et l'odeur de ma transpiration me montait jusqu'au nez.

Instinctivement, je rejetai un coup d'œil derrière moi. Personne. Et pourtant, je le sentais là, proche, silencieux et terriblement dangereux.
Comment avait-il échappé au piège ? On l'avait enterré ! Il était mort. J'en étais certain. Alors ?


Et je le vis. J'aurais dû le remarquer depuis le début. Il n'avait pas changé. Il portait toujours son chapeau et ne me quittait pas d'une semelle. Combien de temps l'avais-je traîné ainsi avec moi ?
Mais cela n'avait plus d'importance maintenant puisqu'il était mon om-bre et que je suivais, impuissant, ses mouvements sur le mur de sa maison.

Je pouvais déjà entendre son ricanement alors qu'il se rapprochait iné-luctablement de moi.
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyMar 29 Avr 2008, 15:07

affraid ça va Xian? scratch super ton histoire mais ça fait peur et froid dans le dos. Et si tout le monde avait son ombre ainsi? Question Question
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MessageSujet: British week at Innovation Brussels   productions de Xian. - Page 8 EmptyJeu 01 Mai 2008, 09:44

British week at Innovation Brussels

Trop tard le mal était fait, les boiseries les faux-plafonds les penderies les breloques les fanions d’Eton de Cambridge d’Ascot et même un drapeau nazi qu’un farfelu avait accroché là pour se faire remarquer : tout flambait.


La suite : là . http://xianhenri.be/simple/index.php?page=british-week
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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 EmptyJeu 01 Mai 2008, 09:45

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MessageSujet: Re: productions de Xian.   productions de Xian. - Page 8 Empty

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