Balzac

je reponds sur ce que je ferais, avec ma propre expérience.

1 la recherche de l'absolu. tout m'y plaît, y compris le mobilier, et le destin de Claes est conforme à beaucoup de trajectoires balzaciennes.

2 Eugénie Grandet, ce fut sans doute mon premier Balzac et je l'avais trouvé si triste ... fruit de mon inexpérience

3 pas lu les autres, qui, je crois, sont des récits courts. Tu peux donc commencer par eux aussi

HonoredB a écrit:

j'ai une préférence marquée pour les Scènes de la vie parisienne mais, en fait, les Scènes de la vie privée contiennent quelques chef-d'œuvres. Et je ne crache pas non plus sur celles de la vie de province

ah ! nous y voilà

A vrai dire quand je lis Balzac, je ne le fais pas méthodiquement, je prends un de ses livres sans savoir, au moins au début, à quel ensemble il appartient. J'ai cru comprendre que Balzac remaniait certains textes pour mieux les intégrer à des desseins postérieurs, introduisant ici un personnage, là un passage reliant l'oeuvre à une section de la comédie humaine.

J'ai donc une connaissance de bric et de broc qui n'est pas globale. Fallait-il procéder de manière systématique, dans l'esprit d'un Balzac composant ses fresques ?

Moon a écrit:

Le problème avec Balzac c'est que je suis incapable d'écrire quelque chose sur le sujet. Lorsque je lis l'une de ses oeuvres, je peux en parler des heures mais figer mes impressions m'est extrêmement difficile: rendre compte de la richesse de l'oeuvre sans paraphraser l'auteur ou aligner les banalités est pratiquement mission impossible. Balzac demande le dynamisme d'un véritable échange.

Cette paraphrase serait en effet un écueil pour aborder et "faire passer" Balzac, me disait une prof de français, reprochant à l'auteur de "dire tout", par exemple les motivations d'un personnage ou le ton employé, ironique, dépité, etc.

je crois que la sacro-sainte explication de texte n'est pas très adaptée à Balzac, mais qu'il vaudrait mieux, pure hypothèse (!), ne pas se focaliser sur un texte d'une oeuvre, mais mettre plusieurs passages en parallèle, ce qui pourrait, mais je n'en suis pas sûr, rétablir une image globale de l'oeuvre.

Ceci dit, citer un passage vaut souvent mieux qu'une glose laborieuse.

rotko a écrit:

reprochant à l'auteur de "dire tout", par exemple les motivations d'un personnage ou le ton employé, ironique, dépité, etc.

Je crois vraiment que c'est un mauvais procès que l'on fait à Balzac. Nombre de ses textes sont beaucoup plus complexes qu'ils ne le paraissent. En témoignent ses "Études philosophiques", très profondes. J'ai le souvenir de plusieurs cours sur Le Chef-d'œuvre inconnu et Louis Lambert, et c'était loin d'être simple. Que ce soit l'abstraction ou bien l'influence de Swedenborg, tout cela tend à conférer une véritable profondeur à l'œuvre balzacienne.

rotko a écrit:

HonoredB a écrit:

j'ai une préférence marquée pour les Scènes de la vie parisienne mais, en fait, les Scènes de la vie privée contiennent quelques chef-d'œuvres. Et je ne crache pas non plus sur celles de la vie de province

ah ! nous y voilà

Oui, mais, bon. Les deux propositions qui suivent relativisent vachement la première

Citation :

A vrai dire quand je lis Balzac, je ne le fais pas méthodiquement, je prends un de ses livres sans savoir, au moins au début, à quel ensemble il appartient.

C'est, je pense, une bonne manière de faire. Du moins pas une mauvaise. Balzac les a-t-il tous écrits dans un esprit chronologique, je ne le crois pas. Tout finit par s'emboîter, plus ou moins heureusement.

Citation :

J'ai cru comprendre que Balzac remaniait certains textes pour mieux les intégrer à des desseins postérieurs, introduisant ici un personnage, là un passage reliant l'oeuvre à une section de la comédie humaine.

C'est notamment le cas des Chouans (ou la Bretagne en ?). Ouvrage retravaillé longtemps après pour y introduire des noms qui le connectent à la Comédie humaine. Pas vraiment son meilleur: "Dernier roman de jeunesse et premier roman de la maturité." Pourtant "premier" roman de la Comédie humaine, mais à mon avis pas le meilleur choix pour découvrir Balzac.

Citation :

J'ai donc une connaissance de bric et de broc qui n'est pas globale. Fallait-il procéder de manière systématique, dans l'esprit d'un Balzac composant ses fresques ?

Je suis d'accord.

P.-S. J'en profite pour demander aux gens qui l'auraient lu ce qu'ils pensent de cette biographie qui me tente vraiment beaucoup:

https://www.dailymotion.com/video/xfadox_francois-taillandier-balzac_news

Chez Folio tu ne seras pas ruiné.

je crois que personne n'a parlé de melmoth reconcilié sur de fil ...

Prince d'Aquitaine a écrit:

J'ai le souvenir de plusieurs cours sur Le Chef-d'œuvre inconnu et Louis Lambert, et c'était loin d'être simple. Que ce soit l'abstraction ou bien l'influence de Swedenborg, tout cela tend à conférer une véritable profondeur à l'œuvre balzacienne.

Le Chef-d'œuvre inconnu qui serait fortement inspiré d'une nouvelle d'un écrivain allemand, "Le joueur de violon" (si ma mémoire est bonne: je n'ai pas le livre sous la main. Aucun mérite: je l'ai lu il y a quelques semaines à peine). Une écriture assez au fait des concepts de la peinture, en effet. Impressionnant, comme souvent. (J'ai prévenu, hein: je ne parviens pas à être un tant soit peu objectif quand je parle de Balzac .)

rotko a écrit:

Chez Folio tu ne seras pas ruiné.

C'est pas faux, mais d'un autre côté, ce n'est pas la seule biographie de Balzac et, tant qu'à faire, autant lire la ou les meilleures plutôt que de les lire toutes, les bonnes comme les mauvaises. Je n'ai pas l'intention de devenir un expert en biographies de Balzac

Tu veux parler d'Hoffman ? je suis d'accord avec Prince à propos du chef d'oeuvre inconnu, une oeuvre somme toute assez mysterieuse, qui autorise des commentaires riches, comme celui de G. Didi-Huberman chez minuit.

HonorédB a écrit:

tant qu'à faire, autant lire la ou les meilleures

le dernier en date tire profit de ses predecesseurs...

rotko a écrit:

Tu me sembles un interlocuteur tout à fait intéressant

Il vous en remercie

Citation :

et je t'invite à continuer cet échange sur le fil Balzac où tu figures déjà

Oui, j'ai vu. Je n'ai pas encore tout lu, mais je le ferai, pour sûr.

Citation :

Pourquoi es-tu réticent aux Chouans, vois donc sur le le fil Balzac ce qu'on en dit, et si tu es d'accord ou non.

Avis subjectif, mais y'en a-t-il qui sont (soient?) objectifs? (Pouf, pouf.) Les Chouans m'ont passablement ennuyé. Pour te dire: une des rares choses qui m'ont enthousiasmé, ça a été (ce fut...) l'expression "contre-chouan"... que j'ai trouvée assez truculente... Et je n'avais pas compris grand chose à ses descriptions de la ville de Fougère, et ce malgré le plan qui figurait dans mon édition... (détail, peut-être imputable à une grande fatigue mentale lors de la lecture).

De plus, intrigue de qualité moyenne. Vraisemblance pas très vraisemblante.
Mais... mais qui suis-je pour juger mon maître!?

Citation :

On ne cherche pas l'unanimité inconditionnelle, rassure-toi

J'ai bien compris que nous étions entre gens de valeur, rassure-toi

rotko a écrit:

HonorédB a écrit:

tant qu'à faire, autant lire la ou les meilleures

le dernier en date tire profit de ses predecesseurs...

Convaincu. Je me rallie à ton étendard

HonorédB a écrit:

Une jeune fille (je suis pas vraiment vieux non plus, remarque; bientôt l'âge du Christ, amen) de vingt ans qui aime Balzac (enfin, femme, j'imagine: pas un participe passé pour en être sûr, en fait)!?

Tu as raison sur toute la ligne.

Citation :

Je n'avais pas accroché non plus lors des lectures scolaires obligatoires, quand j'avais 16 ou 17 ans. Faut dire que mon prof de français avait des goûts que, rétrospectivement, je trouve douteux, ou tout du moins pas très pédagogiques. Exemple: pour entamer Zola, il nous avait fait lire Thérèse Raquin. Je me souviens encore de l'impression qu'avait produit ce livre sur ma fragile personne: une microdépression, on peut le dire ;-)
Pour découvrir Balzac, il nous avait choisi Eugénie Grandet, si mes souvenirs sont bons. Pas un mauvais livre, bien sûr, mais qui n'a pas eu l'impact qu'aurait probablement eu sur moi, et à l'époque, Les Illusions perdues. Mais je rétrospective sec, là, et c'est pas forcément pertinent, en fait. Je serais exalté, je dirais qu'on découvre Balzac quand on doit le découvrir, mais ce serait cette fois en faire beaucoup trop!

On m'a fait lire à 13 ans Le colonel Chabert et j'ai vraiment détesté. L'année d'après, j'ai eu une prof de français absolument extraordinaire, qui nous a fait lire Adieu. Mais j'ai attendu la première année après le bac pour véritablement commencer à lire ses oeuvres et dans un cadre non scolaire; La duchesse de langeais, La femme de trente ans m'ont fait tomber dans la marmite.
Les scènes de la vie privée et de la vie parisienne restent mes préférées... mais je n'ai pas encore vraiment pris le temps d'explorer autre chose. En ce qui concerne la vie de Province, Les Illusions perdues sont grandioses même si à mon avis les scènes à Paris sont les plus passionnantes (Splendeur et misère des courtisanes est juste un pur régal). Cependant Eugénie Grandet m'a déçue. Peut-être qu'une relecture dans quelques années me fera changer d'avis. Pareil pour les études philosophiques, j'ai adoré La Peau de Chagrin, mais Gambara m'est rapidement tombé des mains, je n'ai pas réussi à dépasser le discours du tout début sur la musique. Balzac a de multiples facettes; et même si je n'aime pas inconditionnellement tout ce qu'il fait, je l'aime jusque dans ses défauts.

Citation :

Je l'avoue humblement, je n'ai pas encore lu l'entièreté de la Comédie humaine.

Moi non plus ! Et heureusement !

Citation :

J'ai de plus beaucoup de mal à parler de Balzac, tellement son génie m'écrase quand je le lis, ou quand j'essaye d'écrire autre chose que des traductions. Mais je serais tout de même ravi d'en parler avec toi.

Son génie est écrasant malgré tous les défauts apparents: ses opinions politiques, son ambition, ses raccords maladroits, ses descriptions des objets et des lieux tellement détaillées qu'elles en deviennent floues.

rotko a écrit:

je ne suis pas un pro, et je n'aime pas trop les oeuvres trop connues, qui bien que très riches comme le père Goriot de Balzac, réduisent l'auteur à des formules convenues, entérinées par la glose scolaire.

Lors de ma scolarité, je suis passée au travers des mailles du filet. J'ai un peu traîné des pieds avant de lire, justement car il est estampillé 'lecture scolaire'. J'ai donc attendu de tomber complètement pour Balzac. Ce livre est d'une richesse et d'une vivacité incroyable, la pension Vautrin est simplement un morceau d'anthologie.
(Je vous l'avais bien dit, je suis incapable de décortiquer du Balzac)

Citation :

J'aime bien la messe de l'athée.

Je ne l'ai pas encore lu celui là.

Citation :

Le monde de Balzac n'est pas constitué seulement d'arrivistes et de brigands, mais de quelques grandes figures morales comme Horace Bianchon, ou le chirurgien Desplein créé d'après Guillaume Dupuytren, souvent cité dans la comédie humaine.

On cite souvent Balzac pour ses portraits cruels et sans concession. A vrai dire ce que je trouve impressionnant, c'est sa capacité à dépeindre l'ambiguité des comportements et des motivations.

Dans la messe de l'athée, on trouve effectivement despleins/dupyuytren.

C'est curieux d'aller chez Balzac, on y retrouve des gens de connaissance dans des contextes différents. Encore que chacun garde sa personnalité malgré les aleas dont parle Moon : les personnages ne sont pas rectilignes, taillés d'un bloc, ils ont leurs failles, et des incidents de parcours.

Nestor a déplacé les posts de Moon et d'honoredB, du fil de présentation au fil Balzac. L'auteur aimant les digressions, il ne s'en offusquera pas

Pour les chouans, je précise seulment que du haut du jardin de Fougères, j'ai regardé le chateau en contrebas, et la scène de l'assaut des chouans m'a sauté à l'esprit, je dirais même visuellement !

j'invite donc HonoredB à partir illico à fougères pour faire amende honorable, puis à se rendre à Vitré avec Notre dame de Paris. Ces romans sont dans le paysage.


Lire à l'aller ou au retour Microlectures II : Pages paysages (Seuil, 1984), de Jean Pierre Richard.

j'appellerai desormais, sauf contre-ordre, honoredB, hdB ou hdb pour des raisons de clavier.

fin de ma parenthèse.

Je connaissais l'Avare de Molière, et je découvre l'Avare de Balzac, dans le début d'Eugénie Grandet, qui m'a fait rire comme je n'avais pas ri depuis longtemps d'une lecture.

Citation :

Jamais le maître n'avait reproché à la servante ni l'alberge ou la pêche de vigne, ni les prunes ou les brugnons mangés sous l'arbre. "Allons, régale-toi, Nanon", lui disait-il dans les années où les branches pliaient sous les fruits que les fermiers étaient obligés de donner aux cochons.

Et puis, Balzac, c'est un Orson Welles avant l'heure, inventeur du Balzacoscope, procédé cinélittérographique donnant à voir jusqu'au plus petit détail architectural et vestimentaire ! On en a toujours pour son argent avec un Balzac, c'est du grand spectacle !

Citation :

La description des autres portions du logis se trouvera liée aux évènements de cette histoire ; mais d'ailleurs le croquis de la salle où éclatait tout le luxe du ménage peut faire soupçonner par avance la nudité des étages supérieurs.

C'est vrai que l'humour pince-sans-rire de Balzac est très plaisant. Les circonstances de la mort du père Grandet valent également leur pesant de brugnons

prochaine lecture : l'auberge rouge de Balzac
le livre est en attente sur la table de nuit...

mazel a écrit:

prochaine lecture : l'auberge rouge de Balzac
le livre est en attente sur la table de nuit...

je suivrai, on le mettra sur un fil special, car le fil Balzac I est devenu un fourre-tout. on l'intitulera Balzac IV, et tu feras l'inauguration : à toi les honneurs,(= tu seras "Honorée")

Il faudrait mettre plusieurs liens pour Balzac, dans l'index, alors. Le pauvre est éclaté en plein de morceaux.

bonsoir : le "Lys dans la vallée" je l'ai et aimé de mème pour la "duchesse de Langeais" J'ai essayé d'ouvrir le site que tu signale Rotko, et je n'arrive pas à comprendre la méthode, page par page? de combien de pages se compose-t-il? Si c'est long je le laisse, malgré le beau titre. C'est plus facile en PDF?
merci pour la réponse

l'auberge rouge de Balzac

je te l'ai envoyé en format pdf. (1)

C'est un recit qui fait une quarantaine de pages, assez riche à mon avis, où on retrouve quelques interrogations balzaciennes, outre l'interêt de l'histoire.

(1) on peut agrandir le texte, ce qui est très confortable pour la lecture.

(il est livré en 15% >30 ou 45 % )


Ebook L'Auberge rouge Honoré de Balzac 1832-
www.livres-et-ebooks.fr/ebooks/L'Auberge_rouge-811/

un grand merci, Rotko, je le lirai avec plaisir, j'aime Balzac