balzac la recherche de l'Absolu

Je viens de terminer la lecture de " la recherche de l'absolu " , Balzac.

Un bon Balzac comme d'habitude , avec forces détails de caractères , un peu de longueurs nonchalantes dans les descriptifs , ce que je ne déteste pas !

Résumons : Baltazar Claës , un chef de famille impressionnant , est à la recherche de l'absolu. Il a épousé une femme douce , dévouée et aimante.

Malheureusement , après des années de nombreuses dépenses pour faire face à sa recherche de la pierre philosophale , il se retrouve ruiné et tous ses biens hypothéqués.

Evidemment les relations entre mari et femme vont se tendre , et toute la finesse de Balzac entre en jeu , dans ses analyses psychologiques et sociales , pour nous expliquer le drame qui se joue .

Le même phénomène s'introduit dans les relations entre Baltazar et ses enfants , partagés entre soumission et révolte ; sans parler du rôle obscure d'un serviteur dénommé " Lemulquier " , ça ne s'invente pas , et l'intervention d'un gendre bienfaiteur.

Je ne révèle pas la fin du roman , qui va cependant se terminer avec un " Eureka " !

Un bon roman , que j'ai eu plaisir à lire , mais dans lequel manque un peu le sel de l'aventure.


Merci Rotko pour le conseil

la recherche de l'absolu

Oui le début fait la part belle aux descriptions, de la maison, des boiseries, et des personnnages. ce qui me surprend - sans trop m'étonner de la part de Balzac, c'est la difformité de ses personnages : la future Mme de Claes, Josephine de Temminck, a une nature aimante dans un corps qui ne suscite pas l'amour :

Ne faudrait-il pas un livre entier pour peindre l'amour d'une jeune fille humblement soumise à l'opinion qui la proclame laide, tandis qu'elle sent en elle le charme irrésistible que produisent les sentiments vrais ?

Son expression triste et angoissée quand l'auteur la présente au debut du roman fait présager un drame, ce que confortent la concentration intellectuelle de Balthazar Claes, et ses réflexions totalement hors de propos.

Fou ou Génie ? on se doute bien que le décor immobile de cette maison, et de la ville de Douai - que Balzac ne connaissait pas, vont être mis à mal par la faute de ce penseur...

je n'ai pas encore lu ce Balzac, il va falloir y remédier..

Dans le fil sur l'alchimie les recherches de Balzac sont détaillées.

Comme souvent pour ses personnages, Balzac jette sur Claes un double regard : un irresponsable illuminé, mais aussi un génie.

Le romancier cherche aussi la source des personnages, les principes dont ils sont issus. Il les caractérise par des types : la Flamande etc..

D'autre part certains développements rappellent l'amour de Balzac pour les théories paranormales, surprenantes au premier abord mais dont on retrouverait des traces dans le positivisme, voire dans l'homme neuronal !

L'homme est un matras ( = une éprouvette pour la chimie). Selon moi, l'idiot serait celui dont le cerveau contiendrait le moins de phosphore ou tout autre produit de l'electro-magnétisme, le fou celui dont le cerveau en contiendrait trop, l'homme ordinaire celui qui en aurait peu, l'homme de génie celui dont la cervelle en serait saturée à un degré convenable (sic !). L'homme amoureux, le portefaix, le danseur, le grand mangeur, sont ceux qui déplaceraient la force résultante de leur appareil électrique etc.

A un autre point de vue, la notion de combustion plaît beaucoup au romancier : la passion use physiquement celui qui la nourrit, au détriment de son corps ; Claes dépérit sous l'influence de la Pensée, L'Amour excessif joue un rôle semblable pour Josephine.

Enfin Claes expose une idée du génie qui fait concurrence à Dieu... idée balzacienne sur le créateur de personnages...

Intéressant tout ça !

Je préfère néanmoins lire Balzac au travers de son potentiel psychologique , d'étude de la nature humaine.

Quand à sa philosophie ou ses convictions scientifiques , je reste très sceptique

La Recherche de l'Absolu

Étrange roman que la recherche de l’absolu où les larmes tiennent beaucoup de place (elles accompagnent la misère et les malheurs autant que les scènes de réconciliation), où on parle de l’amour conjugal, familial, filial et paternel, tout en examinant les factures. Si les personnages ont les yeux embués, le romancier évalue d'un oeil sec le montant des dettes. N’y a t-il pas du notaire, et du commissaire priseur chez Balzac ?

L’Absolu devient l’Inconnu, et on quitte la terre ferme pour s’élever dans les Cieux, ceux de la métaphysique, mais aussi de la Religion. L’enfer, c’est Balthazar qui veut faire concurrence à Dieu, sorte de sorcier orgueilleux et obstiné, et dont Lemulquinier sert d’assistant démoniaque : Le Chimiste (plus que père ou époux) sait être séduisant comme un Serpent ! Métaphore symbolique.

En face de lui, des Anges, sa femme certes, mais surtout Marguerite, "ange de force et de lumière", ainsi implorée par Balthazar.

C’est sous le signe d’un Ange, tableau de Guido, que les amoureux voient naître leur amour. Emmanuel de Solis, élevé par son oncle, l’Abbé de Solis, formé aux vraies valeurs, mérite bien son ascension sociale et chrétienne, à l’inverse de la chute progressive sociale et morale de Claès.

A tel point qu’on parlerait aussi d’angélisme pour les concessions imprudentes, voire fatales, de Marguerite et de son amoureux !

Au final, un grand récit sur l’addiction, qu’elle soit au jeu ou à la Chimie, qui bafoue les liens naturels, les serments présumés "sincères et définitifs", maladie qui a des rémissions ponctuelles et d’incessantes rechutes…

bon ! bah finalement je ne vais pas remédier à cette lacune, qui peut-être, finalement n'en est pas une.

Ysandre a écrit:

bon ! bah finalement je ne vais pas remédier à cette lacune, qui peut-être, finalement n'en est pas une.

j'aurais donc raté mon coup ?

j'aime bien Balzac, la recherche de l'absolu est un bon Balzac qui fait de Claès une figure grandiose et pitoyable. Un peu comme César Birotteau, il excite la dérision et une forme de sidération. Son entourage, à mon avis, serait moins convaincant, car trop angélique pour moi.

je ne sais si tu as raté ton coup, mais l'angélisme ambiant ne me donne pas envie de le lire !

Magnifique envolée Rotko , j'ai envie de le relire avec tout ça en tête !

La Recherche de l'Absolu de Balzac
commencé cet après-midi, j'arrive à la présentation de Balthasar Claës.
j'espère pouvoir vous rattraper demain,
bonne soirée

J'en suis à l'apparition de Marguerite...
Pour les larmes, un peu agaçante cette épouse soumise et considérant son époux comme un dieu,
ce pauvre Claës est un monomaniaque, mais il me semble que c'est un trait de famille, son père avait les tulipes, son grand père les tableaux, etc...

mazel a écrit:

J'en suis à l'apparition de Marguerite...
Pour les larmes, un peu agaçante cette épouse soumise et considérant son époux comme un dieu,
ce pauvre Claës est un monomaniaque, mais il me semble que c'est un trait de famille, son père avait les tulipes, son grand père les tableaux, etc...

oui, trop de faiblesse de la part des femmes, "angéliques". A remarquer aussi que Marguerite est dans la lignée de sa mère : dévouement, abnégation et recherche de solutions sans opposer un refus au "Génie"!

Effectivement, les Claes ont des points communs, en rapport avec les traditions de la Flandre ; mais où le père et le grand père agrandissaient le patrimoine, Balthazar engloutit tout dans sa manie. C'est un alchimiste à rebours, au lieu de "faire de l'or", il fait disparaître celui de la famille. L'idée de combustion m'a paru intéressante dans cette oeuvre.

j'en suis 45 jours après le décès de Joséphine...

L'idéalisation du "génie" par la mère me semble moins poussée par la fille qui semble vouloir protéger ses frères et soeur, mais le sens du "sacrifice" semble bien ancré dans sa mentalité, affaire d'éducation sans doute.

L'idée de combustion me semble également intéressante également, brûler de passion, que ce soit Balthasar pour la science ou Joséphine par son amour inconditionnel pour son époux. Même les torrents de larmes versés ne parviennent pas à éteindre ce feu dévastateur, ni la morale bourgeoise et flamande.

Pour le notaire, me demande si Balzac n'a pas eu quelques démêlée avec un tabellion, pas la première fois qu'il campe ce genre de personnage de la même façon.

mazel a écrit:

Pour le notaire, me demande si Balzac n'a pas eu quelques démêlés avec un tabellion, pas la première fois qu'il campe ce genre de personnage de la même façon.

pas impossible, ces gens-là connaissent surtout les chiffres... sans trop se soucier du coeur humain ou des misères matérielles. Pourtant Derville, qui est un avoué, est unpersonnage intègre qu'on voit au début du Colonel Chabert. Il fait ce qu'il peut...

rotko a écrit:

mazel a écrit:

Pour le notaire, me demande si Balzac n'a pas eu quelques démêlés avec un tabellion, pas la première fois qu'il campe ce genre de personnage de la même façon.

pas impossible, ces gens-là connaissent surtout les chiffres... sans trop se soucier du coeur humain ou des misères matérielles. Pourtant Derville, qui est un avoué, est unpersonnage intègre qu'on voit au début du Colonel Chabert. Il fait ce qu'il peut...

finalement, je vais devoir relire le Colonel Chabert, ne me reste que les grandes lignes de cette histoire. Triste cette mémoire infidèle !

la recherche de l'absolu, lecture terminée, contente de l'avoir lu ! mais terrible le dévouement de la mère et de la fille.

j'ai poursuivi avec :
l'illustre Gaudissart, très courte nouvelle ou pamphlet, assez réjouissant à lire.

un drame au bord de la mer, coup de coeur, comme pour El Verdugo, parricide pour l'un, infanticide pour l'autre.

par contre je laisse de côté Eugénie Grandet, je lirai les "gros romans" plus tard.

le mois prochain, je m'attaque au volume 8 : Gobseck, la fille aux yeux d'or, le contrat de mariage, Melmoth réconcilié

ah ! je t'admire ! lire systematiquement un auteur, c'est une épreuve pour moi, j'ai besoin de varier, de prendre un bol d'air avant de retourner en apnée.

j'ai lu ces trois là 1 Gobseck,

2 la fille aux yeux d'or,

3 le contrat de mariage,

Sur le 2, j'attends tes impressions, car Balzac, si prolixe parfois pour des explications qu'on juge maintenant inutiles, ne s'étend pas sur son dénouement. Tu me tiendras au courant.

je garde en projet un drame au bord de la mer. Dans Beatrix qui se passe dans la même région, Guérande-le Croisic, un amoureux mécontent de sa belle, d'un mouvement de colère veut la précipiter d'une falaise

et bien, non, pas une épreuve, du plaisir de retrouver des auteurs que j'ai aimé et passablement délaissés depuis fort longtemps. Un peu pour ça que je me les fait offrir dans la pléiade. Je compte attaquer Barbey d'Aurevilly bientôt également...

de grosses hésitations pour ceux que je vais faire entrer chez moi à l'occasion de la fête des mères ! André Gide - Voltaire - Franz Kafka - William Faulkner - Gustave Flaubert - Anatole France - Henry James - James Joyce - Guy de Maupassant - Prosper Mérimée - Henry de Montherlant - Edgar Allan Poe - Charles-Ferdinand Ramuz - Walter Scott ???

sans compter quelques autres...

pour en revenir à Balzac,
je noterai mes impressions.
pour Beatrix, et bien quand tu y seras, préviens moi, j'essaierai de le lire en même temps.

Je vais suivre la lecture de Balzac ......comme Mazel !

Quand à Barbey d'Aurevilly ....je ne connais que ses contes , mais j'aime beaucoup également !

merci mahiwan,
pour Barbey d'Aurevilly, pour l'instant j'ai le tome 1

Le Cachet d'onyx - Léa - L'Amour impossible - La Bague d'Annibal - Une Vieille maîtresse - L'Ensorcelée - Le Chevalier des Touches - Un Prêtre marié

si tu veux que nous lisions un titre ensemble, c'est possible bien-entendu

Merci pour l'invitation à la lecture.

Je veux bien continuer avec Balzac dans l'immédiat , peu importe le choix du titre.

Pour Barbey D'Aurevilly , je n'ai dans ma bibliothèque que Les Diaboliques , mais à l'occasion je peux trouver d'autres titres

mahiwan a écrit:

Merci pour l'invitation à la lecture.

Je veux bien continuer avec Balzac dans l'immédiat , peu importe le choix du titre.

Pour Barbey D'Aurevilly , je n'ai dans ma bibliothèque que Les Diaboliques , mais à l'occasion je peux trouver d'autres titres

Pour Balzac, Gobseck, la fille aux yeux d'or, le contrat de mariage, Melmoth réconcilié... le volume est déjà sorti... et flemme d'en sortir un autre, tu me diras lequel, d'ici une quinzaine de jours

Pour Barbey, idem mais si tu veux relire les diaboliques, je ne l'ai pas encore (attendre la fête des mères)

entre les deux je compte lire Stendhal.

Donc, ce sera suivant ce que tu trouves, pour moi ça me va de naviguer entre ces trois-la.
bonne journée

Mazel a écrit:

Pour Balzac, Gobseck, la fille aux yeux d'or, le contrat de mariage, Melmoth réconcilié... le volume est déjà sorti... et flemme d'en sortir un autre, tu me diras lequel, d'ici une quinzaine de jours

Pour Barbey, idem mais si tu veux relire les diaboliques, je ne l'ai pas encore (attendre la fête des mères)

sur les trois premiers ( Gobseck, la fille aux yeux d'or, le contrat de mariage) je peux suivre, je les ai lus.

Je rajouterai dès que possible un drame au bord de la mer

Quant aux diaboliques, ce sera pour moi, je crois, une première lecture.

les diaboliques, lu il y a fort longtemps, il me semble que j'avais aimé.
Bizarre cette grosse fringale que j'ai actuellement des classiques, mais que c'est bon de les redécouvrir ensemble,