balzac, ferragus

Belle collection qui en vaut la peine , avec des préfaces explicatives ! Je suis sûre que ces dettes littéraires en ont provoqués d'autres !!

Je suis donc dans la lecture de Ferragus .

J'ai trouvé un peu trop long l'introduction des Treize , au dessus des lois , et l'historique du chef des Dévorants , une tribu d'ouvriers chrétiens , reconvertit en Société de Jésus au profit du Diable .

Un peu perdu dans ces détails on a du mal à découvrir ici et là, le portrait de Auguste de Maulincour, chef d'escadron d'un régiment de cavalerie, ayant pour ami un vieux vidame de Pamiers , ancien commandeur de l'Ordre de Malte.

Quelques descriptions des rues de Paris " où toutes les portes bâillent ", toujours aussi intéressantes, mais surtout des réflexions que je trouve somptueuses.

Exemple , chez les femmes : " Les grandes passions sont rares, comme les chefs d'oeuvres. Hors cet amour, il n'y a que des arrangements, des irritations passagères, méprisables, comme tout ce qui est petit " . Que c'est bien dit !!

Autre exemple à propose de Auguste de Maulincour : " Il y avait encore de l'amour dans le si ...Le doute philosophique de Descartes est une politesse par laquelle il faut toujours honorer la vertu " . Avec de l'humour en plus !!

Bref , ce jeune officier aperçois la plus jolie femme de Paris, hélas mariée , et en tombe follement amoureux . Jusque là rien de neuf
Il la suit dans les rues et la voit sortir précipitamment d'une infâme maison rue de Sully.

Maulincour retrouve sa " belle " dans un bal , accompagnée de son mari Jules Desmarets.
" Ce dernier avait toutes les vertus républicaines des peuples pauvres, sobre, avare de son temps, ennemi des plaisirs. Il attendait . ....... Après avoir pâli sur les chiffres il devint Agent de Change "
Ces deux êtres s'aimaient religieusement.

On apprend tout de même avec surprise que le jour de son mariage , Madame Jules , n'avait pas d'état civil , mais son seul prénom Clémence ?

Pendant ce bal il questionne Madame Jules sur sa sortie précipitée de la rue Sully , ce qui provoque chez cette dernière un certain malaise.
Il résolut alors de se vouer à la recherche des causes de ce malaise, supposant une infidélité au mari.

Pour abréger, le " coup " de la lettre , que je ne vais pas dévoiler, me semble un peu tiré par les cheveux , mais provoque le début de l'intrigue.
Le doute s'installe chez Maulincour , veux t'on le tuer ?

Une enquête rondement menée malgré les changements de noms et d'adresses de Ferragus , nous rassure sur la mort de ce dernier.
Surprise , surprise, au cours d'un nouveau bal donné par le préfet de la Seine , Ferragus réapparaît !

Sur une révélation de Maulincour, un doute s'installe dans le couple Desmarets.
S'ensuit un long développement sur la psychologie du mensonge féminin , un vrai régal

" Le mensonge devient pour elles le fard de la langue , et la vérité n'est plus qu'une exception ; elles la disent , comme elles sont vertueuses , par caprice ou par spéculation "


Je vais avancer demain dans cette lecture que , je dois avouer , j'apprécie mieux que La Fille au yeux d'or.
Avec Ferrague Balzac est plus puissant dans son écriture , et l'intrigue policière me semble digne des Maurice Leblanc, Gaston Leroux ou encore Emile Gaboriau.

pour Mahiwan:
moi avec l'audace que donne l'ignorance, j'avais dit avoir lu tout Balzac (rire) quelle honte, je ne connais Ferragus, ni l'histoire des Treize, et "la fille aux yeux d'or, lue récémment,qui ne m'a pas emballée. Je ne lirai pas fFerragus, car je n'aime pas parler de ce que je ne connais pas. Je vais chercher un autre,

suis en retard ! vais mettre les bouchées double pour vous rattraper !
bonne nuit,

Le debut de Ferragus est symptomatique de Balzac :

C'est un mystère qui intrigue Maulincourt et l'incite à en savoir plus. Les raisons en sont multiples : fantasme masculin de découvrir une tache sur la réputation d'une femme convoitée,

par curiosité ? moyen de chantage ? envie de brûler ce qu'on adore ?
rôle de l'imagination :

Il se rencontre dans Paris des effets de nuits singuliers, bizarres, inconcevables. Ceux-là seulement qui se sont amusés à les observer savent combien la femme y devient fantastique à la brune. Tantôt la créature que vous suivez par hasard ou à dessein, vous paraît svelte : tantôt le bas, s'il est bien blanc vous fait croire à des jambes fines et élégantes : puis la taille...

L'intérêt est pictural, érotique, littéraire etc.

Amadak , à partir du moment ou l'ignorance provoque la curiosité, ça devient une qualité

mahiwan a écrit:

Amadak , à partir du moment ou l'ignorance provoque la curiosité, ça devient une qualité

même avis,

J'ai tout lu !

La description de " la grisette " et son " parler " ma beaucoup plu !
" De ce vaste portrait un peintre de moeurs ne peut rendre que certains détails, l'ensemble est l'infini "

Jules Desmarets va mener son enquête, retrouver la mère de cette Ida , et puis .......tout s’accélère

Avant d'aller plus loin ...où en sont les autres lecteurs ?

merci, Mahiwan, merci Mazel, je suis fière, d'après vous et grace à mon ignorance, je suis comblee de qualités; il faudrait lire quand même!!

mahiwan a écrit:

Avant d'aller plus loin ...où en sont les autres lecteurs ?

je te suivrai.

D'accord avec toi pour situer le récit du côté de Gaston Leroux. Balzac mêle le tragique et le farcesque avec la lettre d'amour mal orthographiée. je cite de mémoire car j'ai déjà lu l'oeuvre, je vais la refeuilleter ; tu mènes la danse, c'est bien et je rajouterai des commentaires à ce que tu dis.

Bon , allons , j’espère que Rotko arrivera à suivre ma pensée !!

Cette enquête , de Jules Desmarets donc , provoque la mort de Ida et la mort de sa femme .

Par un longue lettre qui lui est adressée elle lui explique en détail , ses origines paternels, ses peurs , les efforts des Dévorants pour lui construire un passé, un mariage heureux et une position sociale grâce à leur protection .

Son enterrement religieux , par treize prêtres , en latin bien sûre, au son d'un Dies irae, fait tonner Dieu dans toute sa force et sa grâce ...à faire pâlir Michel Onfray .

Il n'en est pas de même pour la pauvre Ida : " Elle fut jetée dans un coin parmi des ronces et de hautes herbes "
Inégalité devant Dieu et les hommes !

Alors quelle FIN pour passer au roman suivant : La Fille aux yeux D'Or ?

Très simple; Ce pauvre Jules court après Ferragus , car il a entrevu ce dernier à l'enterrement de sa femme.

Il retrouve Ferragus adossé à un arbre, vieilli , en train de regarder une partie de boules , mais il ne peut le rattraper...fatalitas ......

à suivre

Auguste de Maulincour (Auguste Carbonnon de Maulincour),
Il revient dans plusieurs autres romans:
Le Père Goriot
La Duchesse de Langeais
Le Contrat de mariage

Il est né en 1797, et perd presque toute sa famille pendant la révolution. Il est élevé par sa grand-mère, la baronne de Maulincour.

Il devient chef d'escadron dans un régiment de cavalerie de la garde royale, et passe lieutenant-colonel d'une compagnie de gardes du corps.

« Ce jeune homme pâle, long et fluet, délicat en apparence, homme d’honneur et de vrai courage d’ailleurs, qui se battait en duel sans hésiter pour un oui, pour un non, ne s’était encore trouvé sur aucun champ de bataille, et portait à sa boutonnière la croix de la Légion-d’Honneur ... La sensibilité de ce garçon, conservée pure, ne s’usa point au dehors, et lui resta si pudique, si chatouilleuse, qu’il était vivement offensé par des actions et des maximes auxquelles le monde n’attachait aucune importance. Honteux de sa susceptibilité, le jeune homme la cachait sous une assurance menteuse, et souffrait en silence ; mais il se moquait, avec les autres, de choses que seul il admirait1. »

Il habite rue de Bourbon (aujourd'hui : rue de Lille).

Après avoir courtisé sans succès Antoinette de Langeais, il tombe amoureux de Clémence Desmarets qu'il suit dans une ruelle sordide.

arrivée à : Maulincour retrouve sa " belle " dans un bal , accompagnée de son mari Jules Desmarets.

Ah Ah , Mazel au travail !

Il est intéressant de noter chez les autres lecteurs, ce que nous n'avons pas relevé

mahiwan a écrit:

Ah Ah , Mazel au travail !

Il est intéressant de noter chez les autres lecteurs, ce que nous n'avons pas relevé

Dans tout ce début de Ferragus, Balzac se montre plus voyant que réaliste, déduisant un gigantesque homard à partir de vues partielles de Paris, créant une Babel à trois étages avec des greniers occupés par les intellectuels désargentés, rappelant la scission entre le monde de l'argent - bal de banquier, dit-il, et le monde de l'aristocratie...

Il "voit", par le biais de Maulincourt, la personnalité d'une femme d'après son allure ou un fragment de son anatomie, et il "entend" même à distance une conversation privée entre Madame Desmarets et le fleuriste, démarche qui rappelle la confidence de Balzac dans Facino Cane

je m’amusais à suivre (des gens] depuis le boulevard du Pont-aux-Choux jusqu’au boulevard Beaumarchais. [...]. En entendant ces gens, je pouvais épouser leur vie, je me sentais leurs guenilles sur le dos, je marchais les pieds dans leurs souliers percés ; leurs désirs, leurs besoins, tout passait dans mon âme, ou mon âme passait dans la leur.
C’était le rêve d’un homme éveillé. [...] Quitter ses habitudes, devenir un autre que soi par l’ivresse des facultés morales, et jouer ce jeu à volonté, telle était ma distraction.

À quoi dois-je ce don ? Est-ce une seconde vue ? est-ce une de ces qualités dont l’abus mènerait à la folie ? Je n’ai jamais recherché les causes de cette puissance ; je la possède et m’en sers, voilà tout.

En même temps il introduit une distinction entre les vrais amateurs des rues de Paris et les simples promeneurs : c'est un avis au lecteur ! ce dernier devra être attentif à ce qu'on raconte sur Mme Desmarets, voir plus loin que son mari sur son "parrainage", ne pas être la dupe comme Maulincourt des mensonges assurés de Mme Desmarets.

A Balzac voyant, il faut un lecteur toujours éveillé, d'un esprit avisé qui traverse les apparences.

terminé hier soir, sur un grand moment concernant la mort, les cérémonies catholiques et le cimetière du Père Lachaise...

Je suis curieux de connaitre l'avis de tous sur la transition entre Ferragus et La Fille aux yeux D'Or ?

Mise à part un fond de secte qui persiste dans le second volet , sans aucunes précisions , je ne vois pas le, ou les liens ?

Peut être une explication finale dans La Duchesse De Langeais ?

Je commence d'ailleurs ce roman dès la semaine prochaine.

mahiwan
pas vu de transition entre les deux, sauf qu'au début il est dit que Ferragus à aidé Henri de Marsay lors d'une affaire.

Avant de commencer La Duchesse De Langeais, je fais une pause avec un autre roman (victorien) mais je devrai te rejoindre bientôt,

A mon avis tu ne trouveras pas de lien direct entre ces histoires, sauf à y voir des drames sanglants et bien parisiens.

Balzac soigne la tonalité picturale des descriptions faite pour ses lecteurs : à chaque fois, il invoque un artiste, mentionne même Charlet, et crée des tableaux parisiens :

les promeneurs sous la pluie, les différents mendiants, les grisettes, le "cajaboutis", des tableaux de genre faits pour distraire son lecteur, avec des franges de la population qu'il ne connaît pas et auxquelles le romancier donne une nouvelle dimension.

En même temps il excite la curiosité de son lecteur sur ce qui se passe dans les coeurs, toutes classes sociales confondues. Si Ida ignore l'orthographe et se méprend sur les mots, la musique de ses phrases n'est ni feinte ni artificieuse : c'est un poème inattendu.

L'amour Clemence/Jules est une passion idéale, dévorante, un miracle de sentiment qui ne dédaigne pas une sacralisation érotique célébrée dans la "chambre à coucher" de Madame Desmarets.

Autre aspect : les mystères de Paris avec les complots, les tentatives de meurtres masquées en accidents, les fausses morts, les personnages à multiples identités et aspects contradictoires, en bas comme en haut de l'echelle sociale, une contre-société, souterraine et toute puissante

En effet , belle analyse .
De toute façon , avec ou sans liens entre ces histoires , je trouve son écriture très agréable.

Je termine " La Duchesse " et je passerai à un autre auteur.

J'ai fini Ferragus, dont les rapports avec le père Goriot sont évidents.

Ferragus se divisera dans ce dernier livre en deux personnages : le Goriot, père sublime, et Vautrin, le forçat, chef de bande occulte et tout-puissant. L'enterrement au père lachaise termine les deux oeuvres.

Balzac a simplifié l'intrigue principale, tout en ménageant des intrigues secondaires : les excès de Ferragus sont gommés, au profit d'une complexité plus vraisemblable. Maulincourt en perte de vitesse dans Ferragus laisse la place à un Rastignac décidé à se faire une place au soleil parisien

bien envie de rester avec Ferragus, après La Duchesse De Langeais, je vous propose de passer au père Goriot.

Laissons Mahiwan respirer un peu, et dans quinze jours par exemple, je te suivrai sur le père Goriot que j'ai déjà lu.

rotko a écrit:

Laissons Mahiwan respirer un peu, et dans quinze jours par exemple, je te suivrai sur le père Goriot que j'ai déjà lu.

je pensais plutôt vers le mois de juillet... le temps de lire quelques nouveautés,

D'accord pour une pause sur Balzac !
Je reporte la lecture de " La Duchesse " que je reprendrai avec plaisir en même temps que les autres.

Je vais préparer Sophocle et son Antigone

mahiwan a écrit:

D'accord pour une pause sur Balzac !
Je reporte la lecture de " La Duchesse " que je reprendrai avec plaisir en même temps que les autres.

Je vais préparer Sophocle et son Antigone

grand bond dans le temps alors !
bonne lecture