Stefan Zweig [Autriche]

Il fallait qu'elle fasse entendre sa voix, qu'elle se confronte d'une certaine manière à l'homme qu'elle aime, qu'elle soit certes celle qu'il ne reconnait pas mais put-être aussi celle qu'il ne puisse oublier.

J'aime énormément l'écriture et le style de Zweig et surtout l'analyse qu'il fait de ses personnages. Il cherche toujours l'interprétation psychologique en s'attachant aux faits et aux sentiments.

Comme je vous l'ai dit dans ma présentation, j'aime les romans historiques et je ne pouvais que me tourner vers Marie Antoinette, écrit par ce cher Zweig.

Entre rigueur journalistique et historique et interprétation psychologique des faits, Stefan Zweig livre une très jolie biographie de Marie Antoinette, sans concession, sans chauvinisme non plus. il s'attache à comprendre qui était cette femme, pourquoi a t elle été tant aimée puis tant détestée de son vivant, qui étaient tous ces personnages obscurs qui l'entouraient à la cour ...

Stefan Zweig parle donc de la révolution française sous un autre jour. Il expose rapidement les problèmes sociaux et économiques qui ont mené notre pays vers la Révolution et s'attache à comprendre les actions du souverain et surtout de Marie Antoinette qui ont si rapidement entaché le respect que les Français avaient pour leur reine.

J'ai appris énormément de choses en lisant ce livre (surtout sur l'enfance de Marie Antoinette) et je me suis vraiment régalée.

Je conseille donc !

C'est vrai que Marie-Antoinette a été beaucoup malmenée, de son vivant et après, c'est toujours bien de s'approcher de cette femme qui fut une reine, et aussi, surtout, une femme.
J'aime son destin si triste et si beau, comme celui de son mari, deux êtres à côté de la plaque, mais tellement humains.(je ne dis pas qu'ils avaient tort d'être monarchistes, juste de l'être à ce moment là)
Je n'ai pas lu ce livre, mais il faudra que je répare cette lacune.

Idem avec la biographie de Magellan que j'ai trouvé passionnante.

j'ai un préjugé favorable pour Zweig; et un prejugé defavorable sur Marie-Antoinette. Je crains qu'il n'y ait là un equilibre qui me conduise au statu quo

Alors lis la biographie de Marie Stuart.
Cette femme devait également être très intéressante. Reine de France, elle aurait dû être également reine d'Angleterre si Elisabeth Ière n'était parvenue à l'écarter du trone sur lequel elle monta à sa place.

Le genre de destin fort peu commun !

Après le voyage dans le passé, nouvelle ressurgie l'année dernière je pense, un petit bijou dont je me suis délectée, pensez un inédit ! Et bien au-delà, le style de Zweig, cette mélancolie, cette écriture... Enfin, inutile de vous faire l'article !

Cette année, on recommence, une autre nouvelle, à croire que nous suivons le petit poucet !

Une centaine de pages également, franchement, j'accroche moins, c'est différent de tout ce que j'ai pu lire de lui jusqu'alors, très sincèrement je ne sais pas si sous un autre nom d'auteur je le lirai avec autant de gourmandise, question étrange mais n'empêche que je me la suis posée.
Bref malgré sa brièveté je traine en longueur, j'essaie d'y retrouver cet auteur que j'aime tant. Au point qu'avec mes quelques rudiments d'allemand je me tente à une lecture dans le texte.
Il n'en reste pas moins la beauté de son écriture.
Je ne pourrai que la relire, mais comme ça a pu transparaître dans mon tortueux écrit je ne sais qu'en penser.

Tellement tortueux mon écrit que je ne précise même pas que la nouvelle s'intitule : un soupçon légitime.

Elle est publiée chez Grasset en edition bilingue.

Les Derniers jours de Stefan Zweig, de Laurent Seksik Flammarion

j'emprunte det extrait à un article du figaro

La tonalité n'est pas la même chez l'homme qui retrouve le Brésil en août 1941 où il vit ses six derniers mois. Dans un récit biographique où la fiction a peu de part, Laurent Seksik s'est attaché à éclairer la lente descente dans les ténèbres de Stefan Zweig - jusqu'à ce suicide que beaucoup de ses amis restés en Europe ou exilés aux États-Unis lui ont reproché.

Le 22 février 1942, après avoir absorbé une puissante dose de véronal, l'écrivain a invité sa seconde épouse, Lotte Altmann, à le suivre. Ce qu'elle a fait. Cette femme qui s'était jurée de lui redonner goût à la vie était-elle aussi désespérée que son époux au foie noir ? N'est-ce pas Stefan Zweig qui a voulu imiter Heinrich von Kleist, un écrivain qu'il avait célébré dans son essai Le Combat avec le démon en entraînant une compagne dans la mort ?

tout l'article

Le monde d'hier

Stefan Zweig retrace 50 ans d'histoire, de la Vienne de la Belle Epoque, jusqu’à la veille de la deuxième guerre mondiale.
Errance d'un homme profondément attaché à son pays, à sa langue et à ses convictions pacifistes.
Amertume des années perdues pour ses écrits et à la fois prenant une part active à la littérature de son époque en homme libre et indépendant, ses voyages, ses rencontres avec des artistes tel que Rodin, des musiciens comme Toscanini et Richard Strauss, des amis écrivains tels Rilke , Verhaeren, Valéry et Romain Rolland, la description minutieuse et l’effroyable ascension et la souffrance d’un peuple sous la barbarie.

Un extrait que j’ai beaucoup aimé :

Même le poète, même le musicien ne pourra pas éclairer après coup l’instant de son inspiration.
Une fois la création achevée, l’artiste ne sait plus rien de sa genèse, ni de sa croissance et de son devenir. P.408

Un grand moment d'émotion, une belle écriture, très épurée et pathétique.

J'ai lu Les prodiges de la vie. C'est l''histoire d'une création d'un tableau et son pouvoir de séduction.

Un petit passage que j'ai relevé:

Citation :

"Le vieil homme contemplait ainsi qu'une apparition ces deux figures si étroitement unies par un fugace jeu de lumière et, comme surgi d'un rêve lointain, le portrait presque oubliée du peintre italien lui revint en mémoire, avec sa douceur divine. Il eut à nouveau l'impression d'entendre l'appel de Dieu. Mais cette fois il ne se perdit pas en rêverie; il mit au contraire toute son énergie au service de cet instant. D'un trait vigoureux il brossa le mouvement de ces mains d'enfant et la tendre inclinaison de cette tête de jeune fille, aux traits d'ordinaire si durs, comme s'il voulait les arracher pour toujours à la fugacité du moment qui les avait réunis. Il sentait en lui une force créatrice, tel un sang jeune et chaud. Toute sa vie était en cette minute semblable à un cours d'eau bruissant, elle absorbait la lumière et la couleur, elle n'était plus qu'une main qui, en dessinant, modelait et englobait toutes choses. Et en cet instant où il était plus près que jamais du secret des forces divines et de la plénitudes infinie de la vie, il ne songeait pas à ses prodiges et à ses signes; il les vivait, en les créant lui-même.

Il réussit à décrire l'instant magique de la force créatrice.

C'est en effet très beau : merci Cleo

Un soupçon légitime (Grasset éd., 2009, éd. bilingue) à lire pour ceux qui aiment Zweig, comme toujours, il nous mène exactement où il veut qu'on aille. Récit très bien mené.

De coup, j'ai peur de trop gâter mon chien chéri.

Citation :

j'ai peur de trop gâter mon chien chéri

Deux retraités, Betsy et son mari, mènent une existence paisible. Voilà que débarquent des voisins, John Charleston Limpley et Mrs. Limpley. John Limpley est hyperactif et pour canaliser son energie Betsy lui offre un chiot, et celui-ci prend l'ascendant sur Limpsey...

bonjour , je viens de lire tout le fil. Cet auteur de qui j'ai lus plusieurs oeuvres m'a toujours fascinée. Il m'en manque bien d'autres, mais j'ai lus "lettre d'une inconnue" "confusions des sentiments""amok", toute son écriture touche nos sentiments, une plume magistrale. J'aimerais lire ses biographies commençant par celle de Marie Antoinette, dont on m'a très bien recommandée.
question à part;
comment faire pour écouter des oeuvres en "livres audio"
je remercierai à qui pourrait m'expliquer, n'oubliez pas je j'habite en Argentine.
merci

tu as certains livres audio que tu peux écouter gratis sur ton ordinateur.

D'autres sont vendus, assez chers, chez les libraires et les sites en ligne.

tu peux les écouter sur des lecteurs de Cd, sur ordi ou non sur ordi

Rotko: merci beaucoup, Je choisis le fil que je peux écouter sur mon ordinateur, pour moi un vrai plaisir entendre le français, chaque fois je découvre plus de trésors sur Internet.

Je termine "la confusion des sentiments" et c'est sublime. Je me retrouve beaucoup dans ce genre de fascination pour certaines personnes. C'est une thématique que j'affectionne particulièrement.
J'ai beaucoup aimé ce livre, je trouve la description des sentiments très sobre et pourtant on ressent tout le trouble qui s'y loge.

Lettre d'une inconnue.

Une nouvelle tout à fait bouleversante qui pourrait avoir L'amour est cruel en sous-titre.
Un célèbre écrivain reçoit une volumineuse lettre d'une inconnue qui lui déclare sa flamme. Lettre posthume car l'inconnue déclare en préambule que ce courrier ne lui parviendra qu'après sa disparition.

Je me suis tout de suite demandé, mais pourquoi ?
Pourquoi envoyer une telle lettre si ce n'est dans un but cruel, avec la volonté de faire du mal ?
Pourtant, le début de la lettre est enflammé, passionné. La jeune défunte déclare ne croire qu'en lui, ne vivre qu'à travers lui. Pourquoi alors ?
Je crois entrevoir un élément de réponse à la moitié du livre. Mais non. Ce serait d'une cruauté encore pire.
Dès ce milieu de livre, j'en suis venu à me poser la question inverse : pourquoi s'être tu ?


J'ai l'impression d'un gigantesque gâchis, d'une vie hachée, piétinée, détruite.
Stefan Zweig, encore une fois parvient avec brio à décrire, à transmettre cette immense douleur. A nous la communiquer simplement, merveilleusement.

Je suis sous le charme.

tu n'as pas encore terminé la lettre d'une inconnue ?


Je signale un livre intitulé les derniers jours de stefan Zweig de Laurent Seksik chez Flammarion, 190 p environ., (de septembre à février).

Le sujet est dans le titre.

rotko a écrit:

tu n'as pas encore terminé la lettre d'une inconnue ?

Si !
J'ai eu des réponses à mes questions. Mais je ne peux pas les révéler.
Rester sur les questions appâte également le client.

rotko a écrit:

tu as certains livres audio que tu peux écouter gratis sur ton ordinateur.

D'autres sont vendus, assez chers, chez les libraires et les sites en ligne.

tu peux les écouter sur des lecteurs de Cd, sur ordi ou non sur ordi

Je te rejoins Rotko, sur le "assez cher", malheureusement, les livres audio gratuits sont parfois (ça n'engage que moi et je ne vais pas me faire beaucoup d'amis) à la limite de l'inaudible.
Dominique Blanc, Michel Vuillermoz, Mickael Lonsdale, Guillaume Gallienne, Denis Podalydes et j'en passe, sont ceux pour lesquels parfois on paie ce prix pour apprécier un texte.

Reste une option pour les chanceux habitant une grande ville, la médiathèque qui met à disposition ces fameux livres audio.

Amok.

Citation :

Amok, nom masculin.
Pulsion homicide se produisant en Malaisie, en Inde, en Sibérie, qui consiste à courir avec une arme à la main et à tuer toutes les personnes rencontrées.
Personne sous l'emprise de cette pulsion.

Si je fais l'impasse sur la biographie de Magellan que je mets à part, Amok est le 4e roman que je lis de Zweig. Et je retrouve avec bonheur son extraordinaire écriture et son thème favori qu'est la passion dévorante conférant à la folie.
Comme dans les 3 autres livres, le narrateur est un personnage extérieur qui, grâce au hasard d'une rencontre, reçoit les confidences douloureuses du héros, de celui qui s'est laissé dévorer.
Cette fois, c'est un médecin qui est au cœur de l'histoire. Un médecin allemand qui s'est placé au service des Pays-Bas pour partir exercer en Malaisie dans une station isolée. Sept années, il se tient à l'écart de la société coloniale. Sept années d'immersion dans le monde malais à ne côtoyer que les autochtones.
Jusqu'au jour où une anglaise débarque, rompant sa paisible solitude et son équilibre mental.

Si je vous dis que j'ai beaucoup aimé, j'aurais l'impression de me répéter.
Et pourtant, je suis obligé de convenir que ce 4e opus est à nouveau un enchantement. Folie et douleur nous sont décrite avec une telle verve (et pourtant si simplement) qu'on a véritablement le sentiment de vivre nous aussi les tourments que connait le héros.

Merveilleux !