Henry James

Autour d’Isella

Un américain aisé voyage en Europe. Il quitte la Suisse un peu trop aseptisée à son goût pour se rendre en Italie où il projette de retrouver sa fiancée. Ils doivent se marier prochainement. A Rome, peut-être. Dans une petite auberge sous le col du Simplon (sur le versant italien), il fait la connaissance d’une dame (italienne) qui semble pressée. A la suite d’un repas durant lequel l’hôtelier (entremetteur) est parvenu à les mettre en relation, la dame se confie à son vis-à-vis. Elle fuit un époux qui lui a été imposé et court rejoindre l’homme qu’elle aime et qui l’attend à Genève.
Une nouvelle empreinte de romantisme dans laquelle Henry James décrit la montagne avec lyrisme. Aucun temps mort dans ce cours texte au rythme aussi pressé que l’est la belle héroïne de mettre de la distance entre elle et son mari qui la poursuit. Et petite originalité, les deux protagonistes ne terminent pas ensemble (ni ne se marièrent, ni eurent beaucoup d’enfants).
Une nouvelle très agréable.

Harelde a écrit:

La Bête dans la Jungle.

Citation :

Sous ce titre métaphorique, Henry James devait composer en 1903 un très singulier colloque sentimental qui est, en même temps, l'une de ses nouvelles les plus abouties. Au hasard d'une rencontre dans une somptueuse demeure londonienne où rayonne la poésie de l'histoire, John Marcher éprouve soudain, face à May Bartram, le sentiment de retrouver le fil d'une histoire dont il aurait manqué le début. Pour quel mystérieux accomplissement Marcher a-t-il si soigneusement préservé sa solitude ? Quel secret s'apprête à surgir de leurs entretiens ? La révélation viendra, tardive, tragique, irrémédiable : " Les mots qu'elle avait dits lui revenaient, la chaîne s'allongeait indéfiniment. La bête avait été aux aguets, et la bête, à son heure, avait bondi ; elle avait bondi dans ce crépuscule d'avril frileux où, pâle, malade, minée, mais suprêmement belle et peut-être encore guérissable, May s'était levée de sa chaise pour se montrer à lui et l'inciter à deviner. Comme il ne devinait pas, la bête avait bondi ; elle avait bondi au moment où, perdant tout espoir, la jeune femme se détournait de lui. Il avait justifié ses craintes et accompli son destin ; il avait été défaillant, avec la dernière exactitude, partout où il était dit qu'il le serait ; et un gémissement monta à ses lèvres comme il se souvenait qu'elle avait prié le ciel de lui épargner de jamais savoir.

Si vous vous souvenez des mots de Flaubert

Citation :

Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut.

et que comme moi vous êtes à la recherche d'une telle oeuvre, je crois que La Bête dans la jungle est ce que j'ai lu de plus approchant jusqu'à ce jour.

Style magnifique ! Sur rien ! Et qui se tient.

N.B.: lu en anglais

je note, merci du tuyau.

La bête dans la jungle , [DVD] -- Henry James ; mise en scène Alberto Arias

je peux l'avoir en DVD de 85 minutes. je te tiendrai au courant.

ce serait donc une adaptation du récit de James ? vu ce que tu dis, ça n'a pas dû être facile à transposer....

Ah non pas du tout, j'ai tout simplement lu un livre ...

le film est de benoit Jacquot,

Avec Delphine Seyrig et Sami Frey
Histoire d'un amour inavoué dans l'Angleterre victorienne. Un homme passe sa vie, au côté d'une femme qui lui est chère, à attendre l'événement capital qui devrait changer son destin.

Dans la grande maison déserte, on voit le couple s'inventer un passé, vivre un présent mutilé par l'attente d'un futur incertain.

C'est une exploration des fantasmes, une analyse du langage qui renvoie au non dit, une rouerie qui fait découvrir trop tard un bonheur qui était là, sans avoir été saisi.

Telle est mon interprétation. Au départ du film Catherine, la femme, sort souvent du cadre, esquive des questions, alors que Henry refuse un engagement amoureux. Pourtant l'intimité existe, axée sur une attente : illusion ? prémonition ?

Les attitudes sont différentes, le réalisateur montre une femme disponible, à l'écoute, un homme centré sur soi. La lumière et la distance materielle et/ou affective (lointaine au départ, puis dans une proximité douloureuse) révèlent l'action du temps, maître de toute chose.

Une oeuvre originale, qui annonce l'année dernière à Marienbad pour une partie du décor, et l'invention d'un passé, et le désert des tartares ou d'autres oeuvres pour le thème de l'attente et du Temps.