Henry James

Après avoir été ravi des Européens, j'ai eu envie de lire de nouveau Henry James. Un peu au hasard, j'ai emprunté Washington Square à ma médiathèque préférée. Je n'ai pas été déçu : encore une excellente lecture que je n'hésite pas une seconde à vous recommander.

Washington Square est un roman qui serait très facile à adapter au théâtre : peu de lieux, peu de personnages. La majeure partie des chapitres du livre se présentent sous la forme de huis-clos : 4 personnages principaux évoluant principalement dans un vaste et riche appartement new-yorkais dans le quartier chic de Washington Square.
Un père, riche médecin renommé, trop tôt veuf et père d'une fille unique. Il est dit que le médecin, en plus d'avoir perdu sa femme a également perdu son premier enfant : un fils dont ce mâle dominant était très fier. Coup dur pour cet homme qui ne peut s'empêcher de regarder sa fille d'un oeil amer. Il l'aime mais ne la tient pas en grande estime : elle lui semble pâle, gauche, pas très intelligente et sans aucune vivacité d'esprit. Ce qui semble bien être le cas.
Le troisième personnage est une tante dévote, veuve d'un homme d'Eglise. Son frère l'a accueilli chez lui pour lui être agréable et surtout pour s'occuper de l'éducation de sa fille à sa sortie de l'enfance. Entremetteuse et versatile, elle joue un rôle essentiel dans l'histoire de coeur qui va bientôt bouleverser l'existence rangée de ce trio sans histoire.

Un jeune homme d'une grande beauté, s'immisce dans la pièce en éveillant les sentiments de la jeune fille (alors âgée de 17 ans). Elle en tombe éperdument amoureuse et pour la première fois de sa vie ose braver l'autorité de son père qui lui interdit de fréquenter cet éphèbe qu'il trouve arrogant, fier, beaucoup trop sûr de lui et qu'il accuse sans l'ombre d'une hésitation d'être un coureur de dot. La tante papillonne entre le père et fille et fait tout ce qui est son pouvoir pour rapprocher les jeunes tourtereaux.

Ce roman, tant par le thème que par l'écriture, m'évoque Jane Austen (que j'apprécie particulièrement, comme vous le savez) : les relations entre les personnages, l'évolution de leurs sentiments respectifs, la façon qu'à Henry James de décrire leurs aléas... J'ai souvent eu l'impression d'être à nouveau plongé dans Raison et Sentiments.

Je suis maintenant plongé dans Le Tour d'Ecrou. Un livre très différent de ceux de James que j'ai déjà lus.

Une jeune fille (dernière d'un pasteur peu aisé) devient institutrice comme beaucoup d'autres à son époque, dans sa condition. A 20 ans, elle part dans le comté de l'Essex prendre son poste dans un manoir isolé et quelque peu austère. Une petite fille sera son élève, ainsi que son frère. Ambiance Jane Eyre.

Mais très vite, le récit bifurque dans une autre direction. Virage à 90° : au bout de quelques semaines elle aperçoit, dressé au sommet de la tour du manoir un homme (un inconnu) qui la toise de façon hautaine. Il s'avère que l'homme est un ancien employé de la maison mort peu de temps avant son arrivée.

Jane Eyre est oubliée, la tension monte, les personnages s'agitent et s'inquiètent pour les enfants... Enfants curieux, trop parfaits qui ne se comportent décidément pas comme des mômes de leur âge...
Pour le moment, j'ai l'impression d'être dans le film de A. Amenabar (L'Autre) avec Nicole Kidman...

Très prenant !

J'ai fini le Tour d'Ecrou.
Un livre très différent de ceux que je connaissais de l'auteur.
Un livre qui vaut le détour.

Je dois être une des rares lectrices qui n'a pas apprécié ce livre. J'ai mis un temps fou à le lire alors qu'il n'est vraiment pas épais. Je ne sais pas si c'est le style de James ou la traduction mais je n'arrivais vraiment pas à accrocher.
A vrai dire, ça m'a découragée de lire cet auteur. Peut-être aurait-il fallu que je commence par un autre livre ...

Ce n'est sans doute pas un auteur facile, et si tu cherchais une lecture distrayante, tu es mal tombée.

On parle du tour d'écrou dans les pages précédentes, et pour moi la question demeure : qui croire dans cette histoire ? on en parle à la page 1.

Harelde a-t-il donné sur le tour d'écrou son avis "ferme et definitif" ?

sur Daisy Miller nous avions aussi des impressions différentes.

gentiane a écrit:

Je dois être une des rares lectrices qui n'a pas apprécié ce livre. J'ai mis un temps fou à le lire alors qu'il n'est vraiment pas épais. Je ne sais pas si c'est le style de James ou la traduction mais je n'arrivais vraiment pas à accrocher.
A vrai dire, ça m'a découragée de lire cet auteur. Peut-être aurait-il fallu que je commence par un autre livre ...

Non, je pense pas qu'il fut judicieux de commencer Henry James par le Tour d'Ecrou.
Essaie Washington Square ou les Européens.

rotko a écrit:

Harelde a-t-il donné sur le tour d'écrou son avis "ferme et definitif" ?

sur Daisy Miller nous avions aussi des impressions différentes.

Nous avions effectivement un différend quant à Daisy Miller que je vois moins, maintenant, comme une jeune fille insupportable. J'ai mis un peu d'eau dans mon vin.

Au sujet du Tour d'Ecrou, je n'ai pas donné mon impression finale... car mon coeur balance.
A priori, la jeune femme dit vrai. Elle n'a rien de folle et sauve bel et bien les deux enfants. J'ai également cru (après l'épisode de la petite fille qui nie voir quoi que ce soit) que James nous avait menés en bateau et la gouvernante était réellement paranoïaque. Mais le comportement du jeune Miles à la fin du livre accrédite, selon moi, la thèse du complot.
Et je reste sur une impression très favorable pour cette femme qui n'a jamais baissé les bras, même aux moments les plus difficiles.

Harelde78 a écrit:

Non, je pense pas qu'il fut judicieux de commencer Henry James par le Tour d'Ecrou.
Essaie Washington Square ou les Européens.

Tu as peut-être raison, je vais essayer d'en lire au moins un des deux. J'attendais beaucoup d'Henry James, je ne veux pas rester sur une mauvaise impression.

gentiane a écrit:

Harelde78 a écrit:

Non, je pense pas qu'il fut judicieux de commencer Henry James par le Tour d'Ecrou.
Essaie Washington Square ou les Européens.

Tu as peut-être raison, je vais essayer d'en lire au moins un des deux. J'attendais beaucoup d'Henry James, je ne veux pas rester sur une mauvaise impression.

Ma première expérience n'a pas été très heureuse non plus.
Mais j'étais décidé à lui laissé une seconde chance : j'ai bien fait !
Maintenant, je l'adore !

Le Menteur.

Nouveau roman de James, mon cinquième qui confirme lui aussi le profond engouement que je ressens pour cet auteur merveilleux (et que j'ai découvert grâce à GDS* ).

Oliver Lyon est convié dans le manoir de Sir David, très vieil homme riche et bon qui a décidé de faire réaliser son portrait par ce très célèbre et talentueux peintre. Autours de la table, beaucoup d'autres personnes sont réunis, hôtes du vieil homme pour la plupart. Lyon reconnait parmi elles une jeune femme qu'il a éperdument aimée et dont il n'a plus eu de nouvelle depuis 12 ans. Il lui avait demandé sa main. Main qu'elle lui a refusée, par orgueil nous dit-il. Elle est désormais mariée à l'homme qui lui fait face : le colonel Capadose. Elle est amoureuse et le peintre s'en aperçoit rapidement.
Il sympathise avec le colonel qui conte des récits merveilleux. Récits inventés de toute pièce apprendra-t-il plus tard : le mari est un menteur invétéré. Mais charmant car ses mensonges, nombreux et parfois énormes, ne nuisent à personne d'autre que lui-même.

Toujours amoureux, Lyon désire attirer l'attention d'Everina sur ce travers honteux de son époux et lui faire avouer qu'elle regrette son refus passé. Vœux qu'il nous dicte sereinement mais que personnellement je trouve très cruel et mesquin. Cela ressemble fort à une basse vengeance. Pour cela, il se propose de peindre le portrait du colonel en faisant en sorte que ce portrait révèle le véritable caractère de Capadose. Un portrait révélateur à la Dorian Gray qui réussira au-delà de ses espérances : Everina est choquée par le résultat. Le mari détruit l'œuvre alors que le couple se croit seul dans l'atelier du peintre. Mais celui-ci assiste à la scène sans se faire remarquer et se joue ensuite des deux époux : il oblige, pour le première fois, le mari a inventer un mensonge impliquant une tierce personne sur laquelle la faute est rejetée. Mais il est lui-même puni en voyant la jeune femme qu'il a tant aimé prendre fait et cause pour son mari et donner foi au mensonge de ce dernier.

Un petit bijou d'une cruauté savoureuse.

Pour ceux qui ont aimé The Europeans, j'ai assisté il y a peu à une comédie musicale tirée du livre, à Aix-en-Provence. C'était plutôt original.

Les Papiers de Jeffrey Aspern.

Citation :

Dans un palazzo de Venise, à moitié en ruine, la vieille miss Bordereau n'en finit pas de mourir. Elle a été, dans sa jeunesse, le grand amour de Jeffrey Aspern, célèbre poète anglais, et la rumeur veut qu'il lui ait légué de nombreux manuscrits inédits. Le narrateur, qui écrit un livre sur Aspern, est prêt à tout pour les acquérir. Prêt a tous les mensonges, toutes les bassesses, toutes les ruses, y compris tenter de séduire la malheureuse nièce de la vieille dame. Mais il n'a pas mesuré la force de celle qui, au fil des pages, devient peu à peu le plus redoutable des adversaires.

Un roman court et incisif qui aurait été digne de figurer dans le recueil de nouvelles de Barbey d'Aurévilly : Les diaboliques.
Le narrateur, un éditeur américain, est passionné par Jeffrey Aspern, poète de renom mort plusieurs décennies auparavant. Il admire l'œuvre mais également l'homme qu'il a sacralisé. Il dépense sans compter son temps et son argent (bien qu'il ne soit pas spécialement riche) pour recueillir ce qui lui appartenait (portrait, correspondances, manuscrits…) : de véritables reliques à ses yeux.
C'est la raison de sa présence à Venise. Dans une ambiance feutrée qui me rappelle le célèbre roman de Thomas Mann, notre homme pénètre l'intimité de deux demoiselles en retraite dans la cité des Doges. L'une est très âgée et au moins centenaire : elle n'est autre que la vieille bonne amie du poète. L'autre, plus jeune (mais plus toute fraiche) est sa nièce, ou petite nièce : le narrateur n’est sûr de rien. Elles auraient en leur possession des papiers. Que sont-ils réellement ? Sont-ils nombreux ? Existent-ils seulement ? Henry James laisse le doute planer mais le narrateur en est convaincu et va tenter de se les approprier, sans trop regarder les méthodes employées.

Un livre que j'ai trouvé magistral (n'ayons pas peur des mots). Un huis clos à la fois lent, sans une ride à l'image de la lagune en cet été du début de XXe siècle et haletant : impossible d'en prévoir l'issue. Le suspens reste entier jusqu'au dénouement final.

Superbe !

bonjour, j'etais sur le point de parler sur "les papiers d'Aspern" et me voillà devancée!! Mais tu sais que je dois traduire de l'espagnol donc il n'est pas étonnant que j'arrive la dernière.
très bon ton commentaire,
Je me prépare pour Martin Eden, on le commence quand?

Amadak a écrit:

bonjour, j'etais sur le point de parler sur "les papiers d'Aspern" et me voillà devancée!! Mais tu sais que je dois traduire de l'espagnol donc il n'est pas étonnant que j'arrive la dernière.
très bon ton commentaire,

Merci.
Mais n'hésite pas à nous laisser le tien. Je serai heureux de comparer nos vues.

Amadak a écrit:

Je me prépare pour Martin Eden, on le commence quand?

C'est commencé. Tu peux y aller !

La Bête dans la Jungle.

Citation :

Sous ce titre métaphorique, Henry James devait composer en 1903 un très singulier colloque sentimental qui est, en même temps, l'une de ses nouvelles les plus abouties. Au hasard d'une rencontre dans une somptueuse demeure londonienne où rayonne la poésie de l'histoire, John Marcher éprouve soudain, face à May Bartram, le sentiment de retrouver le fil d'une histoire dont il aurait manqué le début. Pour quel mystérieux accomplissement Marcher a-t-il si soigneusement préservé sa solitude ? Quel secret s'apprête à surgir de leurs entretiens ? La révélation viendra, tardive, tragique, irrémédiable : " Les mots qu'elle avait dits lui revenaient, la chaîne s'allongeait indéfiniment. La bête avait été aux aguets, et la bête, à son heure, avait bondi ; elle avait bondi dans ce crépuscule d'avril frileux où, pâle, malade, minée, mais suprêmement belle et peut-être encore guérissable, May s'était levée de sa chaise pour se montrer à lui et l'inciter à deviner. Comme il ne devinait pas, la bête avait bondi ; elle avait bondi au moment où, perdant tout espoir, la jeune femme se détournait de lui. Il avait justifié ses craintes et accompli son destin ; il avait été défaillant, avec la dernière exactitude, partout où il était dit qu'il le serait ; et un gémissement monta à ses lèvres comme il se souvenait qu'elle avait prié le ciel de lui épargner de jamais savoir.

Une lecture un peu plus difficile que celles que j'avais déjà eu l'occasion de lire. Les deux personnages (uniques) de cette nouvelle s'entretiennent d'un secret : c'est le secret de la vie de John Marcher. Secret confus qu'il n'identifie pas bien lui-même. Au cours de leurs nombreuses rencontres qui s'étalent sur plusieurs années, May parviendra à percer l'inconnu bien mieux que ne le fera l'intéressé lui-même. Conversations à mots couverts qu'il n'est pas toujours aisé de suivre. A chaque instant, on se demande de quoi ils parlent. On a des idées, des suppositions, mais rien de tangible à quoi se raccrocher. Puis vient le dénouement final où John Marcher comprends à son tour...

Un peu longuet jusqu'au magnifique final !

Henry James mérite une lecture attentive, car c'est un auteur difficile qui exige beaucoup du lecteur.
A l'instar de son récit, L’Image dans le tapis Editions du Rocher, qu'on traduirait aussi bien par "le motif dans le tapis", il demande parfois un décryptage.

L'Elève.

J'ai fini l'Elève et encore une fois, en refermant le livre, je me dis que Henry James est un écrivain fabuleux qui me touche particulièrement. L'Elève ne comporte pas 100 pages. C'est une nouvelle vite lue qui pourrait être intéressante pour découvrir l'auteur. L'élève, un jeune garçon de 12 ans accueille son nouveau précepteur avec lequel il va développer une relation très étroite. Nous ne verrons rien des leçons propres pour ne nous intéresser qu'aux liens unissant l'homme et l'enfant. Un enfant d'une maturité surprenante pour son âge. Un enfant d'une grande lucidité qui voit clair dans le jeu des siens, bohémiens cherchant à paraître ce qu'ils ne sont pas.

Les ailes de la colombe



Milly…

Personnage que je n’oublierai jamais de ma vie. A l’instar de tous héros de ce livre, je suis subjuguée et envoûtée par cette femme, qui a tout, sauf l’essentiel.

Dans une scène sublime, elle est comparée à un portrait de Bronzino. Belle, insaisissable, douce et pourtant distante et sombre comme son terrible secret : elle va mourir, le sait, et refuse qu’on le mentionne.

Elle veut vivre, c’est à dire aimer !

Ce livre est d’abord l’histoire d’un non-dit, pudique et douloureux, car il concerne la mort. Le lecteur ne connaîtra jamais sa maladie.

Autour d’elle, des tempéraments bien trempés, apparemment animés de bonnes intentions pour l’aider, voire la sauver, mais assez nuancés dans leur desseins secrets.

Les amies, comme Kate.

Kate, pauvre et dépendante d’une tante qui refuse qu’elle épouse celui qu’elle aime, un journaliste désargenté. Qu’à cela ne tienne ! Ils se cacheront pour se voir.

Non sans avoir préparé un plan machiavélique : tourner la tête de la riche Milly moribonde, pour hériter et être libres.

Le cœur de l’intrigue.

Le nœud.

Coulant…

S’ensuit une ronde de sentiments contradictoires, désespérés, exaltés, grands ou vils, que l’auteur décortique avec son écriture admirable (un scalpel de luxe…), nous présentant des personnages empêtrés et enchevêtrées dans un drame inévitable, qui transformera chacun irrémédiablement.

Des scènes inoubliables : comme celle de Milly, dans son palais Vénitien, errant parmi la profusion d’objets d’arts, sur fond azuré, mais rayé de sa prochaine fin…

Puissant.




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L’autre maison

Un plongeon abominable au cœur de la passion amoureuse !

Servi par une brillante mise en scène théâtrale, un huis-clos irrespirable entre deux jeunes femmes éprises du même homme, deux autres hommes « rôles secondaires », Mrs Beever, la terrible douairière qui perce tous les mystères, sauf l’essentiel de ce drame ahurissant.

Ainsi que le veuf.

Sa femme morte et son enfant (binôme indissoluble).

Enfin, le médecin de famille, personnage capital.

La trame est la suivante : Tony, heureux père d’un jeune enfant, perd sa femme Julia. Celle-ci lui a fait jurer solennellement et devant témoins, qu’après sa mort, il ne se remarierait pas. Sauf dans un cas : celui du décès de son enfant, le veuf sera alors libre.

Voilà le postulat.

Sauf que Tony suscite des ardeurs enflammées et violentes. D’autant plus violentes qu’elles sont réprimées, cachées et illicites.

Aucune femme ne peut donc l’épouser, sauf à contourner « l’obstacle » imposé par la défunte...

Quand on commence ce roman exclusivement basé sur des dialogues très littéraires, on a la sensation d’évoluer dans un brouillard d’émotions contradictoires, étranges et peu avouables. En plus, James est assez habile pour nous leurrer. Les personnages passent leur temps à se mentir, se provoquer, s’observer dans la limite de la décence imposée par les conventions strictes de la bonne société Anglaise.

Mais le lecteur étouffe, car s’il ne lit pas dans les cœurs, il en entend les pulsations effrénées et chaotiques. Comme l’idée qu’un volcan va se réveiller…

A aucun moment, on réalise dans quel abîme James va nous jeter. On est pourtant anxieux…

Le dénouement a lieu en fin de livre.

Fulgurant et horrible.

Le pauvre lecteur, déjà agonisant, se trouve saisi d’effroi. Happé par la flamboyance des sentiments humains, par leur pouvoir malsain et incontrôlable, il en perd toute raison.


Je frémis encore...

…de l’extraordinaire tension psychologique de ce livre…

…de l’extraordinaire talent de James…

…de l’extraordinaire histoire qu’il a imaginée afin que je n’oublie jamais la folie destructrice des inclinations humaines !

Daisy Miller

J'ai vu que ce livre a été l'objet d'une lecture commune. C'était mon premier livre d'Henry James et j'ai été assez déçue. Pourtant je dois reconnaître que le choc des cultures, entre le vieux continent et l'Amérique est bien relaté. J'ai vu Daisy comme une jeune fille habituée au flirt mais qui hélas aux yeux des vieilles bigotes coincées passe pour une jeune fille dévergondée. Winterbourne m'a agacé à calquer au fur et à mesure sur ce vieux monde. Lui qui est pourtant attiré par Daisy va peu à peu avoir un regard rigide et même injuste pour Daisy. Ceci-dit Daisy est trop écervelée pour moi et je n'ai pas été plus émue que ça par la fin du roman.

Mais je ne vais pas en rester là avec l'exploration des oeuvres d'Henry James puisque j'ai dans ma PAL Les papiers de Jeffrey Aspern.

A mon avis, comme tu le remarques, il ne faut pas en croire Winterbourne : il raconte l'histoire telle qu'il l'a vécue, sans la comprendre, et sans comprendre Daisy Miller, jeune fille moderne, victime des barbons et d'un amoureux borné. Au lecteur de comprendre ce que n'a pas vu Winterbourne :

Citation :

"Pour Winterbourne comme le lecteur peut s'en douter d'après les quelques indications que j'ai pu fournir sur son compte , la vérité était que Daisy Miller devait suivre les conseils de Mrs Walker".

l'auteur se désolidarise totalement de son narrateur, il en appelle au lecteur pour mieux juger Daisy et voir qu'elle meurt d'un amour non reconnu.

Cen'est pas une boutade de dire qu'on apprend continuellement à lire, notamment avec certains auteurs. Le titre de Henry James : le motif dans le tapis, dont il est question sur le fil, demande d'aller au-delà des apparences et des couleurs de surface pour voir le dessin en arrière-plan.

Les bostoniennes
Olive Chancellor est une "jeune vieille fille", qui voue sa vie à la cause des femmes. lorsqu'elle entend les discours de la très jeune Verena Tarrant, elle est sûre d'avoir découvert l'âme sœur, qu'elle va pouvoir former et avec qui elle va pouvoir travailler à cette juste cause.
A condition que la très jolie Verena ne soit pas tentée par le mariage... Or le cousin d'Olive, Basil Random, sudiste, ultra-conservateur et farouche opposant aux droits des femmes, en est farouchement amoureux.
Verena a deux amours mais elles sont inconciliables. D'un côté son amie très chère, Olive et leur cause ; de l'autre le beau Basil. Et Verena, qui est la générosité même et n'a d'autre volonté que de faire plaisir à ceux qu'elle aime, va pourtant les faire souffrir terriblement.


La description scrupuleuse des milieux bostoniens est un pur délice. Ironique et malicieux James insuffle pourtant beaucoup de tendresse dans ses personnages qui ne sont jamais complètement ridicules ou odieux. Ce livre est plein de vie, de soufle, d'affrontements intérieurs, de certitude bafouée. On suit Verena et Olive pas à pas, mot à mot, studieuses, complices sereines avant que la passion ne déferle sur les pages, et l'affrontement de deux intelligences aiguës.

Et comme le dit si bien Crevette

Citation :

Je frémis encore...
…de l’extraordinaire tension psychologique de ce livre…
…de l’extraordinaire talent de James…
…de l’extraordinaire histoire qu’il a imaginée afin que je n’oublie jamais la folie destructrice des inclinations humaines !

Quant à la fin, quelle fin !!!

Tchipette a écrit:

Les bostoniennes
Olive Chancellor est une "jeune vieille fille", qui voue sa vie à la cause des femmes. lorsqu'elle entend les discours de la très jeune Verena Tarrant, elle est sûre d'avoir découvert l'âme sœur, qu'elle va pouvoir former et avec qui elle va pouvoir travailler à cette juste cause.
A condition que la très jolie Verena ne soit pas tentée par le mariage... Or le cousin d'Olive, Basil Random, sudiste, ultra-conservateur et farouche opposant aux droits des femmes, en est farouchement amoureux.
Verena a deux amours mais elles sont inconciliables. D'un côté son amie très chère, Olive et leur cause ; de l'autre le beau Basil. Et Verena, qui est la générosité même et n'a d'autre volonté que de faire plaisir à ceux qu'elle aime, va pourtant les faire souffrir terriblement.


La description scrupuleuse des milieux bostoniens est un pur délice. Ironique et malicieux James insuffle pourtant beaucoup de tendresse dans ses personnages qui ne sont jamais complètement ridicules ou odieux. Ce livre est plein de vie, de soufle, d'affrontements intérieurs, de certitude bafouée. On suit Verena et Olive pas à pas, mot à mot, studieuses, complices sereines avant que la passion ne déferle sur les pages, et l'affrontement de deux intelligences aiguës.

Et comme le dit si bien Crevette

Citation :

Je frémis encore...
…de l’extraordinaire tension psychologique de ce livre…
…de l’extraordinaire talent de James…
…de l’extraordinaire histoire qu’il a imaginée afin que je n’oublie jamais la folie destructrice des inclinations humaines !

Quant à la fin, quelle fin !!!

Pas encore celui-ci.
Il a l'air sympa !

Le Tour D'Ecrou

Réalisé par :Rusty LEMORANDE
Avec :Patsy Kensit , Stéphane Audran , Julian Sands ...

je pense pouvoir me le procurer en DVd.

Il sera interessant de voir comment le réalisateur traite le thème specifiquement "Jamesien" du "narrateur ambigu", ici la nurse, ce qui ne doit pas être trop visible mais quand même présent. une vraie gageure !

je n'ai pas vu non plus le film Daisy Miller 1974 de peter Bogdanovitch avec Cybill Shepherd, Barry Brown

In this comedy of manners, the American Winterbourne tries to figure out the bright and bubbly Daisy Miller, only to be helped and hindered by false judgments from their fellow friends.

Selon un specialiste de la litterature americaine (Jacques Cabau dans la prairie perdue), l'oeuvre parfaite de James serait le tour d'écrou, susceptible de trois interprétations ainsi hiérarchisées :

- 1er degré, dimension surnaturelle avec deux spectres, puissances diaboliques.

- 2e niveau, dimension psychologique et morale : des enfants corrompus (notammnt par des pratiques sexuelles)

- 3e niveau : la gouvernante, seule à voir les fantôme (imagination névrosée d'une vieille fille refoulée, éprise de son séduisant mais lointain employeur.)

faut que je me procure ce DVD vu que j'ai lu et aimé le livre, écouté l'opéra de Britten, et que le tour d'écrou me paraît une oeuvre très riche, bien représentative de Henry James.