Tolstoi [Russie]

Irteniev dans le diable se pose aussi des questions :

Citation :

Deux vies sont possibles pour moi :

l'une est celle que j'ai commencée avec Lise : l'assemblée provinciale, la propriété l'enfant, l'estime des gens [...]

Et l'autre vie, c'est enlever Stepanida à son mari, ne plus songer à la honte, à l'ignominie et vivre avec elle ...

J'ai, pour ma part, dévoré Anna Karénine qui sait si finement allier chronique sociale et roman d'amour. Un chef d'oeuvre selon moi.
J'ai depuis acheté Guerre et Paix que je compte lire prochainement.

Le bonheur conjugal, la sonate à Kreutzer et le diable:



Une belle écriture chargée d'émotion comme tous les livres de littérature russe classique que j'ai lus jusqu'à présent.
Le point commun entre les trois nouvelles est le sujet de la relation homme-femme.
Le bonheur conjugal décrit l'évolution des sentiments d'un couple avant puis après le mariage.
L'auteur fait le parallèle entre les sentiments de l'homme et ceux de la femme et il le réussit avec brio.
La sonate à Kreutzer est plus terrible, plus puissante.C'est le récit d'un homme qui a tué sa femme et raconte les circonstances de ce drame à un passager dans un train.
L'angoisse du héros se communique au lecteur et on suit avec curiosité et même appréhension toutes les étapes de la germination du sentiment de jalousie dans son cœur.
Le diable est l'histoire d'un homme qui s'efforce d'être honnête , juste et fidèle à sa femme mais qui doit lutter contre l'instinct qui le pousse à la tromper.
La souffrance d'Ivanovitch (le héros) transparaît clairement dans le récit .C'est tellement bien exprimé !
L'ensemble des nouvelles est très moralisateur, surtout la sonate à Kreutzer à laquelle l'auteur a rajouté une postface dans laquelle il précise son opinion au sujet du mariage et de l'amour charnel.
Tolstoi prône l'idéal de la chasteté...On sent presque quelque chose de "personnel" et d'autobiographique dans ces récits.
Il est d'ailleurs intéressant de lire les différentes notices biographiques pour mieux situer ces nouvelles dans le temps et circonstances de vie de l'auteur.

rabiblio a écrit:

[b]Le diable est l'histoire d'un homme qui s'efforce d'être honnête , juste et fidèle à sa femme mais qui doit lutter contre l'instinct qui le pousse à la tromper.[...]L'ensemble des nouvelles est très moralisateur

oui, je vois ce que tu veux dire, mais lis la presentation que j'en fais, et en particulier la dernière phrase :

Citation :

Si Eugène Irténiev était fou, alors tous les hommes sont aussi fous ; et les plus fous sont indubitablement ceux qui décèlent chez les autres les signes de la folie qu'ils ne voient pas en eux.

A quoi sert la morale, si elle est inefficace ?

D'autre part les récits moralisants sont fastidieux, alors que le récit et le portrait d' Irteniev sont convaincants.

A mon sens , la sonate à Kreutzer est le récit le plus moralisateur.
Mais en général on sent dans les trois nouvelles que Tolstoi s'acharne à montrer les effets délétères de la passion charnelle qu'elle soit intra ou extra conjugale.
Le passage que tu cites m'a aussi interpelée et c'est tellement vrai...
Je ne sais pas si c'est correct, mais ce que j'ai compris c'est que les autres hommes pourraient considérer le héros comme étant fou ,alors qu'en fait le même mal qui l'a rongé les rongent aussi ;mais ils y réagissent peut-être différemment.
J'ai eu aussi le sentiment d'un certain fatalisme face à la tentation.
Oui, l'idéal c'est la chasteté , mais la tentation est tellement forte, tellement déroutante...

La sonate à Kreutzer

Je n'ai pas du tout aimé. L'histoire de cet homme, qui se traite lui-même de vieux libidineux, souffre de ses pulsions et prétend imposer à tous la chasteté, ne m'a absolument pas convaincue.

Que l'homme ait ses propres démons, ses propres contradictions, c'est clair (cette histoire est tellement marquée de notions autobiographiques, que le couple Tolstoï, subit de graves tensions après l'edition de cette nouvelle).

Mais pourquoi vouloir imposer aux autres un idéal que l'on crie ne jamais pouvoir "tenir" ?

Parce qu'après la sonate, la tentative de justification de Tolstoï est laborieuse, tirée par les cheveux.

Plus Tolstoï vieillit, plus ses écrits sont amers, il s'aigrit, s'irrite, essentiellement contre lui-même, contre ses propres démons.

Enfin quand même, il en arrive à prétendre que la musique devrait être régie par l'état, de façon à ce qu'elle n'exprime plus de sentiments, qui pourraient faire "fondre" Ivanovitch (et sûrement Léon lui même!)....

Je préfère le jeune Tolstoï, plus serein, plus indulgent, et ses magnifiques oeuvres...

le diable posait le problème d ela bonne conduite mais ne se faisait pas d'illusions. C'est d'ailleurs dans les écarts de conduite que le héros me plaisait le plus !!

Après avoir terminé les deux tomes d'Evguénia Guinzbourg, je vais sans doute me pencher sur Résurrection de Tolstoï. Ce livre est souvent cité par Guinzbourg.

Voici mon livre :

j'ai souvent cherché les ouvrages issus de la seconde partie de sa carrière. celle ou il a renié ses romans et commencé à écrire des essais. introuvable. si quelqu'un à une idée. je prend.

Tout comme à mon habitude, j'entre chez les auteurs par la petite porte, j'ai découvert Tolstoï par ses nouvelles, entre autres la tempête de neige et là, je suis au milieu de maître et serviteur : d'une tristesse !

Auteur: Leon Tolstoi
Titre: Le réveillon du jeune tsar
Editeur: Gallimard, collection Folio
Nombre de pages: 83







Présentation de l'éditeur: (Amazon.fr)

Après une longue journée de réunions, décrets et audiences, le jeune tsar s'endort en attendant sa femme pour le réveillon. Lorsqu'il rouvre les yeux, il n'est plus dans son palais mais à la frontière avec la Prusse et voit un soldat tirer sur un contrebandier. Toute la nuit, il voyage ainsi à travers la Russie et prend peu à peu conscience du poids des responsabilités qui lui incombent...
Des contes d'une vérité poignante, témoins d'une époque en train de disparaître, par l'auteur d'Anna Karénine.

Mon avis:

Ce petit livre comprend quatre contes, très agréables à lire, pleins de sens et pousse à réfléchir à certains sujets somme toute toujours d'actualité.
Encore une fois, ce grand écrivain ne m'a pas déçue même si je préfère ses romans et nouvelles.

rabiblio a écrit:

Auteur: Leon Tolstoi
Titre: Le réveillon du jeune tsar
Editeur: Gallimard, collection Folio
Nombre de pages: 83







Présentation de l'éditeur: (Amazon.fr)

Après une longue journée de réunions, décrets et audiences, le jeune tsar s'endort en attendant sa femme pour le réveillon. Lorsqu'il rouvre les yeux, il n'est plus dans son palais mais à la frontière avec la Prusse et voit un soldat tirer sur un contrebandier. Toute la nuit, il voyage ainsi à travers la Russie et prend peu à peu conscience du poids des responsabilités qui lui incombent...
Des contes d'une vérité poignante, témoins d'une époque en train de disparaître, par l'auteur d'Anna Karénine.

Mon avis:

Ce petit livre comprend quatre contes, très agréables à lire, pleins de sens et pousse à réfléchir à certains sujets somme toute toujours d'actualité.
Encore une fois, ce grand écrivain ne m'a pas déçue même si je préfère ses romans et nouvelles.

Un Tolstoi de moins de 1000 pages ?
Jamais lu cet auteur.
Mais j'ai Anna Karenine dans mes projets de lecture... pour découvrir.

Harelde78 a écrit:

Un Tolstoi de moins de 1000 pages ?
Jamais lu cet auteur.
Mais j'ai Anna Karenine dans mes projets de lecture... pour découvrir.

Il s'agit d'un recueil de 4 contes (normal que ce soit court), il n'a pas écrit que des gros romans...
Quant à Anna Karénine c'est un grand classique que j'ai lu il y a des années de cela.

rabiblio a écrit:

Harelde78 a écrit:

Un Tolstoi de moins de 1000 pages ?
Jamais lu cet auteur.
Mais j'ai Anna Karenine dans mes projets de lecture... pour découvrir.

Il s'agit d'un recueil de 4 contes (normal que ce soit court), il n'a pas écrit que des gros romans...
Quant à Anna Karénine c'est un grand classique que j'ai lu il y a des années de cela.

Et que tu me conseilles comme première approche de l'auteur ?
Ou y a t-il un roman plus typique ?

Je suis tentée de te recommander un recueil de nouvelles que j'avais beaucoup apprécié et dont on parle d'ailleurs sur ce fil: "Le bonheur conjugal, la sonate à Kreutzer et le diable".

rabiblio a écrit:

Je suis tentée de te recommander un recueil de nouvelles que j'avais beaucoup apprécié et dont on parle d'ailleurs sur ce fil: "Le bonheur conjugal, la sonate à Kreutzer et le diable".

Je vais jeter un oeil sur cette référence.
Merci Rabiblio.

Harelde78 a écrit:

Je vais jeter un oeil sur cette référence.
Merci Rabiblio.

Je t'en prie! tu me diras ton avis dès que tu l'auras lu.

rabiblio a écrit:

Harelde78 a écrit:

Je vais jeter un oeil sur cette référence.
Merci Rabiblio.

Je t'en prie! tu me diras ton avis dès que tu l'auras lu.

Et ce n'est pas pour tout de suite.
Il me faut terminer les livres non lus qi sont encore dans ma bibliothèque. Puis entamer le liste de mes souhaits qui est encore plus longue que la précédente...

Plusieurs vies.
Il me faudrait plusieurs vies.

J'ai lu Anna Karenine pendant les vacances de Pâques. Je suis assez déçue. Je n'ai pas retrouvé cette vivacité que j'avais aimé dans Guerre et Paix, ni sa manière de rendre compte d'une époque à travers une grande fresque.
Il est évident que c'est un grand livre mais qui n'atteint pas la hauteur de Guerre et Paix.

cleo a écrit:

J'ai lu Anna Karenine pendant les vacances de Pâques. Je suis assez déçue. Je n'ai pas retrouvé cette vivacité que j'avais aimé dans Guerre et Paix, ni sa manière de rendre compte d'une époque à travers une grande fresque.
Il est évident que c'est un grand livre mais qui n'atteint pas la hauteur de Guerre et Paix.

Ni l'épaisseur.
C'est qu'il fait peur Guerre et Paix avec ses 2000 pages.
J'en ai jusqu'aux vacances d'été (inclues...)

Ni l'épaisseur.
C'est qu'il fait peur Guerre et Paix avec ses 2000 pages.

Oui, mais étrangement je n'ai pas vu le temps passer en le lisant. C'est magique!

cleo a écrit:

Ni l'épaisseur.
C'est qu'il fait peur Guerre et Paix avec ses 2000 pages.

Oui, mais étrangement je n'ai pas vu le temps passer en le lisant. C'est magique!

Je vais peut-être changer d'idée alors.
Laisser de côté (pour le moment) Anna Karénine et me tourner vers Guerre et Paix et vers le livre que m'a conseillé Rabiblio.

Harelde78 a écrit:

cleo a écrit:

Ni l'épaisseur.
C'est qu'il fait peur Guerre et Paix avec ses 2000 pages.

Oui, mais étrangement je n'ai pas vu le temps passer en le lisant. C'est magique!

Je vais peut-être changer d'idée alors.
Laisser de côté (pour le moment) Anna Karénine et me tourner vers Guerre et Paix et vers le livre que m'a conseillé Rabiblio.

Une autre merveille de Tolstoi est "Anna Karenina"

Tolstoi, je viens de le découvrir, il y a peu de temps. Je viens de finir un petit volume regroupant La mort d'Ivan Ilich, Maitre et Serviteur et Trois morts. Donc sur un terme qui a de l'importance pour Tolstoi à savoir la mort.

Dans la mort d'Ivan Ilich qui m'a bien touché faut l'avouer, ce que j'ai aimé c'est sa façon de montrer que nos vie ne sont basées sur des apparences, des normes, et donc l'importance du regard d'autrui. Ivan Ilich dit à plusieurs reprises "comme il faut".

Citation :

Personne n'imagine sa mort (dieu merci) jusqu'au moment où il se retrouve en face et le bilan qu'il découvre sur sa vie, son entourage et toute la tromperie (? je sais pas le terme) qui l'entoure,

Oui exact, dans le texte c'est le mensonge, incarné par son entourage ses enfants sa femme et même les médecin ses amis etc...C'est quand la mort arrive qu'il se rend compte de ce mensonge qu'il ne peux le supporter.
Il y a un véritable parti pris de l'auteur dans la critique sociale qu'il fait puisque le seul à le comprendre, le seul qui échappe au mensonge c'est Guérassime le moujik.

J'ai bien aimé le paralléle assez drôle lors de l'annonce de la maladie peu claire d'ailleurs entre le verdict du médecin et le verdict que lui donnait quand il était juge, et la façon donc de se remmetre à une autre personne, de confier son destin à quelqu'un d'autre.

Dans Maitre et serviteur, la fin m'a bien bouleversé on va dire, je suis encore un peu sous le choc, et m'interroge pas mal!

Enfin ces trois courts récits m'invitent volontiers à explorer l'univers tolstoien!

Je lis Résurrection



Comme toujours, l'ami Tolstoi ne me déçoit pas. C'est superbe!
Nous sommes loin de ses héroïnes riches et/ou de familles nobles. Il nous raconte l'histoire d'une orpheline, fille naturelle, qui finit par devenir une prostituée accusée d'un meurtre.
Il dénonce l'hypocrisie et l'injustice de la société de son époque.
Comme toujours avec Tolstoi, je ne vois pas le temps passer et je dévore le roman.