Louis Ferdinand Céline

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Tu as un index pour retrouver les fils.

Nestor : j'ai rassemblé les derniers posts sur le fil Céline

Gemüth a écrit:

Quel est, au XXème siècle, l'auteur le plus remarquable?

Proust

Mais j'apprécie beaucoup Mort à crédit et le Voyage, ils font partie des romans qui m'ont vraiment marquée...
J'aimerais lire Nord ou Rigodon, mais je ne sais pas s'ils sont très abordables .

Ben, ici !

Gemüth a écrit:

Quelle oeuvre est supérieure au Voyage célinien? Je vous mets au défis mes chers frères, de trouver un livre aussi puissant, poignant...

Mais dans tous les cas, Voyage au bout de la nuit est meilleur que Mort à crédit (ce n'est pas que mon avis): plusieurs critiques et écrivains de l'époque ayant encensé Voyage ont été déçus par Mort à crédit, qui est un bon (voire trés bon) roman, mais pas autant que son prédecesseur.

Donc, comme je pense qu'on a plus de chance d'être marqué par Voyage au bout de la nuit, je le conseille, et je conseille Mort à crédit ensuite...

Je me méfie toujours de la soi-disant supériorité de la critique,qui sous prétexte qu'elle a préféré telle oeuvre à telle oeuvre, peut donner à son avis une valeur universelle...
Je ne dis pas qu'elle a nécessairement tort, mais l'argument est facile .

Et puis l'important est ce que l'on pense soi-même de l'œuvre. J'ai souvent été déçue par des livres ou films (comme Paris je t'aime: une nullité rarement atteinte à mon humble avis) qui étaient pourtant encensés par la critique.

Sinon pour revenir au sujet du fil, je n'ai lu que Le Voyage au bout de la Nuit. Je vais sans doute lire Mort à crédit dans les prochains mois. Le Nord m'attire aussi et les autres livres de Céline.
J'avais beaucoup aimé le Voyage. Je m'en souviens bien encore alors que ma lecture date d'au moins 10/12 ans.

Fais toi plaisir, lis Guignol's Band & Le pont de Londres !

Marie kiss la joue a écrit:

Je me méfie toujours de la soi-disant supériorité de la critique,qui sous prétexte qu'elle a préféré telle oeuvre à telle oeuvre, peut donner à son avis une valeur universelle...
Je ne dis pas qu'elle a nécessairement tort, mais l'argument est facile .

Je n'ai parlé des critiques que pour signaler que ce n'était pas qu'une préference personelle. Certains pourront snas doute preferer Mort à crédit, mais en toute objectivité, d'un point de vue purement littéraire, Voyage au bout de la nuit est l'oeuvre la plus puissante (langue, profondeur, récit, thèmes abordés) de Celine.

Personnellement je n'ai pas eu de difficulté à entrer dans son univers, dans le Voyage, et j'ai beaucoup aimé l'écriture (le mélange entre langage relevé et populaire est réussi).
La partie traitant de la période coloniale de Bardamu est celle qui m'a le plus marqué (en raison d'autres lectures sur le même sujet).
Cependant, malgré la peinture intéressante des différents milieux qu'il traverse, je suis resté un peu sur ma faim. On a l'impression que l'auteur a raconté des souvenirs de sa vie, les a mis bout a bout et, à la fin s'est levé de sa table comme Giscard et n'est jamais revenu (et heureusement, pour Giscard).
Je cherche peut-être un dénouement là où il ne peut pas y en avoir.
Je trouve dommage par contre qu'on s'appesantisse autant sur son antisémitisme. Il l'était, c'est vrai, et ça faisait de lui un être probablement infect et tout ce qu'on veut, mais il ne faut pas que cela nous empêche de le lire. Une fois qu'on l'a lu, on peut aimer ou ne pas aimer, c'est autre chose.
Cependant il ne fait pas partie de ceux que j'emmmenerai sur une ile déserte (mais sur le front, en guerre, peut-être, oui).

Je viens d'achever Mort à crédit, et c'est vraiment une œuvre complexe dans sa lecture puisqu'elle mélange argot et parler populaire.

Itinéraire d'un gamin du "Passage des Bérésinas" (Céline habitait Passage-Choiseul") qui va forger son expérience à travers petits boulots, séjour linguistique en Angleterre et installation à la campagne avec des Pereires et sa femme, la progression dans la vie de Ferdinand n'est pas sans embûches, on pourrait même dire qu'il n'y a que ça, des embûches.

Hantise du terme, sorte de fatalisme, passages pornographiques, moments lyriques... on trouve un peu de tout dans ce livre, qui m'a réconcilié avec Céline, qui finalement n'est pas si misanthrope que cela (cf. la grand-mère et l'oncle Édouard).

« Bagatelles pour un massacre » (1937), « l'Ecole des cadavres » (1938) et « les Beaux draps » (1941), virulents pamphlets antisémites, ont été écrits

Citation :

« en forme d'avertissement, d'appel à éviter de nouveaux massacres ».

bibliobs rend compte des surprenantes rehabilitations de Céline.

Et au passage la rengaine du bon docteur :

Citation :

« Le côté humain de Céline est ignoré. Il s'occupait des pauvres et des malades. Il se dévouait pour ceux qui étaient loyaux avec lui. La musique et la danse étaient sa passion ».

Sur les mensonges de Céline, je renvoie au livre d'Emile Brami qui ouvre ce fil, et n'est pas suspect d'hostilité à son égard.

Sur cet aspect raciste de Céline, il y a une tentative d'interprétation à la fin du reportage qui se trouve dans le DVD Céline vivant.

En gros, Céline aurait abhorré les juifs car ils représentaient son idéal humain : pouvoir, richesse, solidarité des juifs entre eux... Et on a aussi la volonté de se poser en victime de la part de Céline, victime de la puissance juive; et c'est lorsque les juifs eux-mêmes deviendront victimes (au cours de la guerre) que Céline cessera d'écrire des pamphlets antisémites.

Ce n'est peut-être pas la vérité, mais c'est une approche très intéressante.

Marie kiss la joue a écrit:

Et de toute façon, il est très court

C'est pour le moment, le seul rayon de lumière que j'ai dans ces ténèbres opaques et poisseuses.

Oui, ce n'est pas d'un optimisme à toute épreuve , et l'ambiance est très glauque...mais je n'ajoute rien car sinon on va déborder du fil

Marie kiss la joue a écrit:

Oui, ce n'est pas d'un optimisme à toute épreuve , et l'ambiance est très glauque...mais je n'ajoute rien car sinon on va déborder du fil

C'est la lecture commune de décembre. On aura donc l'occasion d'en reparler !

Les jacasseurs qui veulent démolir Céline n'ont rien comme oeuvre à opposer.

Céline est le maître littéraire inégalé, et inégalable.

Je prends tout de lui, sauf son antisémitisme qui je pense a été une maladie d'époque qui l'a contaminé, et lui même l'a diffusée.

Parce que son langage populaire, argotique, exprime la haine de la hiérarchie, donc de la mentalité bourgeoise.

Voilà pourquoi les précieux préfèrent la soupe bêtifiante mais si veloutée mondaine.

Le ton est catégorique et les phrases à l'emporte-pièce convainquent seulement qui les prononce.

Lis le début du fil, notamment, et tu verras qu'on peut échanger sur un écrivain, sereinement, après une étude serieuse des livres qu'il a écrits et des ouvrages qui lui sont consacrés.

Concrètement, de quel livre parles-tu ?

Oui à l'emporte pièce, et je cherche pas à convaincre, c'est mon style.

De quels livres ?

Mort à crédit bien sûr, mais aussi Voyage et Rigodon, puis un texte : L'argot est né de la haine.

Que préfères-tu ? Un ton mondain ? Parler comme sur France Culture se masturber le cerveau avec élégance ?

Je suis de classe populaire et mon ton aussi, mais ça ne veut pas dire que je respecte pas, mais c'est une façon d'être et d'écrire qui sera aussi dans mon livre en cours, tout ce qui effraie le bourgeois me fait jubiler !...

Red Lanar a écrit:

Tout ce qui effraie le bourgeois me fait jubiler !...

N'as tu pas peur de rater des choses merveilleuses en rejetant tout ce que le bourgeois aime ?
Et, pour toi, qu'est-ce qu'un bourgeois ?

Harelde78 a écrit:

Red Lanar a écrit:

Tout ce qui effraie le bourgeois me fait jubiler !...

N'as tu pas peur de rater des choses merveilleuses en rejetant tout ce que le bourgeois aime ?
Et, pour toi, qu'est-ce qu'un bourgeois ?
:

oH je ne m'en suis pas privé de lire des bourgeois, ou des nantis, et faut dire que des populos qui écrivent y en a pas des masses, et rien que ça c'est déjà révélateur d'un phénomène social pour qui sait observer.

D'ailleurs les bourgeois sont les meilleurs en pensées soutenues, normal, ils ont accès au savoir avec un grand S.

Mais ça ne les empêchent pas d'être tordus.

Puis pour la définition de bourgeois, c'est trop complexe, il m'a fallut des années pour comprendre, et c'est pas en un com que je vais l'expliquer.

Mais pour faire très simpliste : selon l'acception marxiste : ceux qui détiennent les moyens de productions, ceux qui ont le pouvoir de décision sociale. Il faut savoir que le simple fait de posséder une pharmacie c'est détenir un moyen de production et de décision.

Ne parlons pas, pour rester dans le même domaine, des actionnaires qui détiennent les capitaux des laboratoires et de l'industrie pharmaceutique.

Il y a plusieurs bourgeoisies.

Puis il y a l'aspect culturel, ceux qui détiennent les moyens symboliques, ceux qui ont les moyens médiatiques, éditoriaux d'imposer une vision du monde. Que ce soit par le cinéma, le livre, la télé, le théâtre, la radio, les salons, les conférences, etc...
Ca c'est selon Pierre Bourdieu.

Pose toi la question : pourquoi dans les cours de musique il n'y pas de fils et filles d'ouvriers ?!

Voilà.

C'est très court et pas assez objectif mais je ne peux pas faire plus, j'ai pas le temps, et le support mérite un document pdf !

On pourra t'ecouter concrètement en décembre puisqu'une des lectures communes porte sur les entretiens avec le professeur Y de Céline.

Quant aux écrivains populaires, Michel Ragon s'en est occupé avec ce titre.



L'histoire de Céline étudiant aux chiottes fait partie des mensonges dont il était coutumier, et que rapporte, preuves et precisions à l'appui, Emile Bramy, spécialiste et defenseur de Céline écrivain, dans l'ouvrage qui ouvre ce fil.

Ce soir, gros coup de fatigue : fin de journée + boulot + sinusite qui ne me lache pas...
Bref, j'ai craqué : j'ai envoyé balader Céline et son Casse-pipe infâme.

Je vais le remplacer par La Pierre de Lune de Wiljie Collins : un livre qui me conviendra mieux, je pense !

Je n'ai pas aimé Casse-Pipe : je l'ai envoyé dans les cordes au tiers du bouquin.
Je n'aime pas cette écriture hâchée, saccadée...
Et l'argot, j'ai du mal : je comprends un mot sur deux et suis vite largué.

Basta !

je crois qu'il faut recentrer la lecture de Céline sur les entretiens avec le professeur y comme on l'avait dit au début

Rotko,

je me le procurerai ce livre, ça a l'air intéressant.

Pour Céline... Même s'il n'a pas étudié aux chiottes, il a brassé du peuple et dans sa chair, de très très près.

Moi je suis un vrai gars du peuple, et comme tout gars du peuple, j'ai pas peur de dire des conneries !

Red Lanar a écrit:

Moi je suis un vrai gars du peuple, et comme tout gars du peuple, j'ai pas peur de dire des conneries !

entre nous, sur GDS*, on ne s'est jamais preoccupé de savoir l'origine sociale ou les eventuels diplômes ; D'ailleurs le peuple, on serait bien en peine de le definir, sauf à recourir à un concept romantique du XIXé (voir Prince (sic)pour les détails !).