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 Louis Ferdinand Céline

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marxou
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marxou


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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyLun 11 Jan 2010, 21:48

Une petite, de circonstance :

Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leur peine à un chacun, c'est entendu.
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Hexagone
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyJeu 21 Jan 2010, 22:35

A propos de cet entretien :
Jouissif certes, mais court, trop court. Ouvrage indispensable pour qui veut mieux comprendre Céline et accéder à sa forme de pensée. Déstabilisant par endroit, chaotique, argotique, interrogatif, subjectif, ironique, il foule aux pieds l'établissement des lettres et n'a pas dû se faire que des amis. Tout ça pour notre plus grand plaisir. Cependant le livre est moins accessible que ses autres ouvrages. On dirait que Céline a voulu condenser son style en quelques pages, offrir un échantillon sublime de tout son talent.
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Sève
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Sève


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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyMer 28 Avr 2010, 19:45

Inconditionnelle de Céline je suis. Je m'en tiens à tout ce qui ressort de ses écrits, toutes les polémiques autour de lui ne m'intéressent pas. Outre sa magnifique et richissime écriture, on retrouve dans ses oeuvres des odeurs, des images, des ambiances "brouillard" que je n'ai jamais trouvées ailleurs, et même de l'humour fabuleusement tourné.
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Sève
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyMer 28 Avr 2010, 20:18

Je n'ai pas de lumières à apporter mais ce que j'aime chez lui ça se passe au niveau du ressenti pur. Il arrive à combiner une rigueur extrême dans son écriture en y mettant régulièrement une touche d'humour de façon extrêmement subtile. Ca fait des années que je le lis et le relis sans me lasser avec toujours la même sensation qui me glace le sang et en même temps me donne énormément de plaisir. C'est un des rares auteurs de littérature qu'il est pratiquement impossible de lire dans le métro par exemple. Il vous oblige à ne vous consacrer qu'à lui, j'aime ce caprice là !
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyVen 13 Aoû 2010, 18:52

Je suis en train de lire " D'un château l'autre " et j'avoue avoir quelques difficultés. En avez-vous rencontré ?
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Prince d'Aquitaine
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 14 Aoû 2010, 08:55

Je n'ai pas lu D'un château l'autre, mais plusieurs autres textes. Je crois qu'il est normal de rencontrer des difficultés de lecture, notamment au niveau du vocabulaire. Céline parlait l'argot parisien des années 1930, qui nous est quasiment inconnu aujourd'hui. Et puis il a un style brut, très oral, qui nécessite une véritable adaptation.
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Hexagone
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 14 Aoû 2010, 17:58

J'a abandonné après environ deux cents pages. Le vocabulaire ne me gêne pas, c'est la structure. Et puis j'ai du mal à comprendre certains passages, notament celui du bateau mouche. C'est confus, je le garde sous le coude pour plus tard. Il me reste " Mort à crédit" mais je vais attendre un peu que cela se tasse.
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rotko
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rotko


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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 05:11


Celine est le personnage principal du roman de Mikaël Hirsch, « Le Réprouvé », L'Editeur.

le compte rendu de bibliobs
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Dindon
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Dindon


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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyLun 25 Oct 2010, 18:43

Voyage...


J’ai abandonné la lecture de Céline il y a quelques années. Il me semble qu’à l’époque, j’étais gênée par le style.
Aujourd’hui, avec plus de « tolérance littéraire », je m’enivre, je m’enivre du Voyage, sur la forme, sur le fond.


A part tout ce que vous avez dit, j’ai vraiment apprécié une thématique centrale, un leitmotiv si vrai : cette idée de carnaval permanent, cette vision de la vie comme un éternel jeu de rôles, avec décor monté, masque porté et tirades de circonstances.

Notamment, il excelle à décrire cela à propos de la mamie qu’on veut zigouiller.

Car je crois profondément que nous nous mettons tous en scène de la vie à la mort.

Pour masquer le néant et la pourriture. Et puis, pour avoir la sensation d’exister, d’être unique (!), d’être, tout simplement.

Il y a presque une dimension taoïste chez Céline. Un regard comme détaché des faits. Une dislocation des apparences. Il plane au-dessus de tout ça, tout en étant partie prenante de la grande farce...

J’ai beaucoup de mal à l’imaginer dans le rôle de salopard haineux qu’on lui prête.

L’était-il au fond de lui ?

On aurait envie de lui demander de laisser tomber ce masque là aussi...




---
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Serge ULESKI
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Serge ULESKI


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MessageSujet: Louis-Ferdinand Céline ou la littérature de l'échec   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyJeu 28 Oct 2010, 11:12



Louis-Ferdinand Céline ou la littérature de l'échec.

Si derrière un auteur et son œuvre, on trouvera toujours une blessure, car les gens heureux et ceux qui ont réussi n’écrivent pas... ou bien, des imbécilités sans nom et sans lendemain…

Quelles interprétations donner à la haine célinienne, et pas seulement dans les pamphlets ?

D’aucuns s’interrogent sans fin, les raisons à la fois inavouables et inconscientes de cette haine semblant échapper à l’auteur lui-même qui, sur le fond, ne s’en excusera jamais : « J’ai eu le tort de l’ouvrir ; j’aurais mieux fait de rester à ma place. Mais aujourd’hui encore, je défis qui que ce soit de m’apporter la contradiction sur ce que j’ai pu écrire à cette époque ».


Qu'à cela ne tienne !

Rien ne remplace une biographie ! Celle de l’enfance, sans oublier, en ce qui concerne notre auteur, la généalogie de la famille Destouches.




***


Fils de Fernand Destouches issu d'une famille de petits commerçants et d'enseignants, et de Marguerite Guillou, famille bretonne venue s'installer en région parisienne pour travailler comme artisans…

Le Père de Céline, homme lettré mais incapable d'épargner à sa famille la hantise du prochain terme à payer (hantise qui sera très longtemps aussi celle de Céline) était opposé aux études, gardant à l'esprit sa propre expérience : « Les études, c’est la misère assurée » disait-il à son fils.

Une mère dentellière, travailleuse indépendante qui vivra péniblement de son métier et de sa boutique…

Lourd de sens, Céline ajoutera : « On a toujours été travailleurs dans ma famille : travailleurs et bien cons ! » (c'est là un fils de commerçant qui s'exprime, et non un fils d'ouvrier ; distinction importante).



Certificat d’études en poche, un rien désœuvré, Céline joint l’armée très tôt, même si, en 1919, il reprend le chemin de l’école, passe son Bac - il a alors 26 ans -, avant d’embrasser la médecine, véritable vocation de Céline, et ce dès l’enfance ; il se dit « guérisseur dans l’âme ». Il étudiera la médecine dans les livres, seul, le soir, tout en travaillant le jour, même si jamais cette médecine ne lui permettra de joindre les deux bouts (… de payer son terme): il fermera son cabinet de Courbevoie très vite après son ouverture – fait lourd de conséquences.

Céline conjurera ce qui n’est pour l’heure qu’une déconvenue, en se lançant dans l’écriture, et entreprendra un long, un très long Voyage (1)

Il poursuivra sa vocation de médecin auprès des pauvres – dans les dispensaires -, non pas par charité mais tout simplement pour la raison suivante : de par son appartenance sociale, et après l’échec de son installation à Courbevoie, Cécile ne pouvait en aucun cas prétendre à une meilleure situation et à une autre clientèle.



1 - Il se vantera d’avoir écrit son "Voyage au bout de la nuit"… avec pour seul souci : être à l’abri du besoin, assuré qu’il était du succès de son récit : « cet ouvrage, c’est du pain pour un siècle de littérature, le prix Goncourt assuré pour l’éditeur qui s’engagera ».

Céline avait vu juste : ce sera le succès, mais le prix Renaudot pour consolation.



***



Hormis son appartenance de classe (on y reviendra plus tard), sur un plan générationnel, Céline demeure un pur produit de la France de l’après boucherie de 14-18, avec le traumatisme de la trahison de l’espoir et les humiliés de Bernanos ; génération sacrifiée dont nul n’attendait le meilleur ; l’époque l’interdisait : elle n’en avait plus besoin (à ce sujet, difficile de ne pas penser au père de Céline). Aussi, ce meilleur dont l’époque ne savait que faire, cette génération l’a accumulé jusqu’à devenir une force. Et quand cette force s’est libérée, de quoi a-t-elle accouché ? De quelles actions vertueuses ? Ou bien, de quels desseins monstrueux pour avoir trop longtemps macéré dans la frustration, le ressentiment, l’impuissance, la retenue et le dépit ?



Ce meilleur-là a alors donné naissance au pire qui est souvent, en littérature, le meilleur.


Céline se dit athée et mystique ; craignant sans doute tout autant l’étiquette d’humaniste que celle d’anti-humaniste, il revendique le fait de ne pas s’intéresser aux hommes mais aux choses. Ecrivain et chroniqueur, pour Céline, écrire c’est mettre sa peau sur la table : la grande inspiratrice, c’est la mort ; à la fois risque et certitude que cette mort.


Homme sans joie, chez Céline, le vulgaire, c’est l’homme qui fait la fête ; l’homme qui souffre est seul digne de considération ; et pour cette raison, rien n’est plus beau qu’une prison, puisque les hommes y souffrent comme nulle part ailleurs. Et son Voyage s'en fera largement l'écho... jusqu'au bout de la nuit...



Nuit noire... pour une littérature de l'échec : échec en tant que médecin (sa seule véritable vocation : on ne le rappellera jamais assez !) ; échec de la mère de l'auteur qui mourra épuisée et aveugle à l’ombre du ressentiment d’un mari déclassé...


Et si... avant de mettre le feu à la littérature, l’exercice de cette médecine qui ne le mettait nullement à l’abri du besoin a pu contribuer à son dégoût plus social qu’humain (Céline n'a pas toujours su faire un tel discernement) pour cette société dans laquelle on ne fait décidément que l’expérience de l’échec…

Dans les années trente, nonobstant le succès littéraire en 1932 de son Voyage (à la fois succès commercial et succès d’estime), Céline devra faire face à un nouvel échec : celui de son intégration sociale malgré sa tentative désespérée de rallier à lui les classes dominantes (ou pour faire court : toutes les forces qui combattront le Front Populaire) à coups de pamphlets antisémites - antisémitisme largement partagé à cette époque ; et plus encore, pendant l’occupation (2), en commettant l’erreur (3) de soutenir un régime et une idéologie par avance condamnés à l’échec - encore l'échec !



2 - On pensera au suicide social d'un Céline aveugle pour qui le peuple n'est qu'une masse sans forme et sans distinction "... dont le sadisme unanime procède avant tout d'un désir de néant profondément installé dans l'Homme... une sorte d'impatience amoureuse, à peu près irrésistible, unanime, pour la mort" ; et à ce sujet, il semble que Céline ait partagé ce désir et cette impatience.


Quant à ce monde dans lequel il n'y aurait rien à sauver... Zola dont Céline aurait très bien pu être le fils naturel - il en avait toutes les dispositions, du moins jusqu'en 1935 -, n'a-t-il pas su, dans le ruisseau de l'humanité, y chercher et y trouver de l'espoir et parfois même, du sublime ?


Au sujet de Zola, se reporter au texte de Céline : Hommage à Zola - Médan octobre 1933.


3 - Les ignorants plus que les imbéciles… osent tout ; c’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnaît ; ce qui, par ailleurs, n’empêche nullement l’expression et l’épanouissement de leur talent, voire de leur génie.

A la décharge de Céline... on précisera : erreur due à l’absence de culture politique et historique au sein d’une classe dépourvue des outils conceptuels propres à la compréhension de l’organisation d'une société.



***



Céline n’a jamais vraiment quitté son milieu familiale ni sa classe : il n'a jamais cessé de "penser" comme elle ; il n’a jamais su s’en affranchir.

L’aurait-il fait… nombreux sont ceux qui affirment qu’il nous aurait privés d’une œuvre incomparable. Certes !

Mais... échec après échec, ne sommes-nous pas aussi tout ce que nos prédécesseurs et nos contemporains ont tenté d'accomplir ? Pays, Etats, régimes, nations, continents, cultures, individus, seuls ou bien en grappes indissociables, nous tous, n'héritons-nous pas de leurs échecs comme de leurs réussites ?



Et si, pour citer notre auteur, l'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches, Céline n’a jamais cessé d’être ce caniche et tous ses personnages avec lui ; personnages pour lesquels le calice de la réussite est passé loin, très loin d'eux ; calice qu’il ne leur a jamais été permis d'entrevoir, encore moins de saisir, eux tous pourtant à la tâche, jour après jour, indéfectibles, comme d’autres... au temple, zélés et fervents...


Choisissant alors de retourner toute la violence de son échec et celle d'un déterminisme social dont les parents de l'auteur furent les victimes muettes et résignées, non pas contre lui-même - ce qui nous aurait privés de son œuvre -, mais contre ses semblables - ennemis humains ; et les heureux élus auront pour noms : les plus faibles - les pauvres qu’il a soignés sans profit ; puis les juifs – minorité de tout temps bouc-émissaire ; mais aussi.. communauté incarnant l’excellence artistique, scientifique et philosophique, et plus important encore : la réussite sociale ; et en médecine, cette communauté n’était pas non plus la dernière à s’imposer…


Violence donc… bientôt étendue à toute la société ; et pour finir : à tout le genre humain.



***

N’en déplaise à Nietzsche…

Et si le ressentiment à son paroxysme qu'est la haine était le sel de la terre, un moteur créatif sans rival et qui ne cessera jamais de nous surprendre ? Après Matthieu, Céline accouchant d’un évangile d’un nouvel ordre : un évangile vengeur... même privé d’une revanche digne de ce nom...



Car Céline est bien à l’humanisme ce que Sade (le marquis triste) est au romantisme : une fois déçus... parce qu'introuvables, amères, ils n’en sont et n'en demeurent pas moins, aujourd’hui encore, tous les deux, redoutablement les pourfendeurs impitoyables pour avoir été de ceux qui, à leur insu semble-t-il, auront longtemps poursuivi en vain une telle quête qui, nul doute, cache un besoin insatiable d'absolu dans une recherche effrénée de leur propre salut.


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MessageSujet: Louis-Ferdinand Céline ou la littérature de l'échec   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyJeu 28 Oct 2010, 16:40

Si derrière un auteur et son œuvre, on trouvera toujours une blessure, car les gens heureux et ceux qui ont réussi n’écrivent pas... ou bien, des imbécilités sans nom et sans lendemain…

Quelles interprétations donner à la haine célinienne, et pas seulement dans les pamphlets ?

D’aucuns s’interrogent sans fin, les raisons à la fois inavouables et inconscientes de cette haine semblant échapper à l’auteur lui-même qui, sur le fond, ne s’en excusera jamais : « J’ai eu le tort de l’ouvrir ; j’aurais mieux fait de rester à ma place. Mais aujourd’hui encore, je défis qui que ce soit de m’apporter la contradiction sur ce que j’ai pu écrire à cette époque ».

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Qu'à cela ne tienne !

Rien ne remplace une biographie ! Celle de l’enfance, sans oublier, en ce qui concerne notre auteur, la généalogie de la famille Destouches.




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Fils de Fernand Destouches issu d'une famille de petits commerçants et d'enseignants, et de Marguerite Guillou, famille bretonne venue s'installer en région parisienne pour travailler comme artisans…

Le Père de Céline, homme lettré mais incapable d'épargner à sa famille la hantise du prochain terme à payer (hantise qui sera très longtemps aussi celle de Céline) était opposé aux études, gardant à l'esprit sa propre expérience : « Les études, c’est la misère assurée » disait-il à son fils.

Une mère dentellière, travailleuse indépendante qui vivra péniblement de son métier et de sa boutique…

Lourd de sens, Céline ajoutera : « On a toujours été travailleurs dans ma famille : travailleurs et bien cons ! » (c'est là un fils de commerçant qui s'exprime, et non un fils d'ouvrier ; distinction importante).



Certificat d’études en poche, un rien désœuvré, Céline joint l’armée très tôt, même si, en 1919, il reprend le chemin de l’école, passe son Bac - il a alors 26 ans -, avant d’embrasser la médecine, véritable vocation de Céline, et ce dès l’enfance ; il se dit « guérisseur dans l’âme ». Il étudiera la médecine dans les livres, seul, le soir, tout en travaillant le jour, même si jamais cette médecine ne lui permettra de joindre les deux bouts (… de payer son terme): il fermera son cabinet de Courbevoie très vite après son ouverture – fait lourd de conséquences.

Céline conjurera ce qui n’est pour l’heure qu’une déconvenue, en se lançant dans l’écriture, et entreprendra un long, un très long Voyage (1)

Il poursuivra sa vocation de médecin auprès des pauvres – dans les dispensaires -, non pas par charité mais tout simplement pour la raison suivante : de par son appartenance sociale, et après l’échec de son installation à Courbevoie, Cécile ne pouvait en aucun cas prétendre à une meilleure situation et à une autre clientèle.



1 - Il se vantera d’avoir écrit son "Voyage au bout de la nuit"… avec pour seul souci : être à l’abri du besoin, assuré qu’il était du succès de son récit : « cet ouvrage, c’est du pain pour un siècle de littérature, le prix Goncourt assuré pour l’éditeur qui s’engagera ».

Céline avait vu juste : ce sera le succès, mais le prix Renaudot pour consolation.



***



Hormis son appartenance de classe (on y reviendra plus tard), sur un plan générationnel, Céline demeure un pur produit de la France de l’après boucherie de 14-18, avec le traumatisme de la trahison de l’espoir et les humiliés de Bernanos ; génération sacrifiée dont nul n’attendait le meilleur ; l’époque l’interdisait : elle n’en avait plus besoin (à ce sujet, difficile de ne pas penser au père de Céline). Aussi, ce meilleur dont l’époque ne savait que faire, cette génération l’a accumulé jusqu’à devenir une force. Et quand cette force s’est libérée, de quoi a-t-elle accouché ? De quelles actions vertueuses ? Ou bien, de quels desseins monstrueux pour avoir trop longtemps macéré dans la frustration, le ressentiment, l’impuissance, la retenue et le dépit ?



Ce meilleur-là a alors donné naissance au pire qui est souvent, en littérature, le meilleur.


Céline se dit athée et mystique ; craignant sans doute tout autant l’étiquette d’humaniste que celle d’anti-humaniste, il revendique le fait de ne pas s’intéresser aux hommes mais aux choses. Ecrivain et chroniqueur, pour Céline, écrire c’est mettre sa peau sur la table : la grande inspiratrice, c’est la mort ; à la fois risque et certitude que cette mort.


Homme sans joie, chez Céline, le vulgaire, c’est l’homme qui fait la fête ; l’homme qui souffre est seul digne de considération ; et pour cette raison, rien n’est plus beau qu’une prison, puisque les hommes y souffrent comme nulle part ailleurs. Et son Voyage s'en fera largement l'écho... jusqu'au bout de la nuit...



Nuit noire... pour une littérature de l'échec : échec en tant que médecin (sa seule véritable vocation : on ne le rappellera jamais assez !) ; échec de la mère de l'auteur qui mourra épuisée et aveugle à l’ombre du ressentiment d’un mari déclassé...


Et si... avant de mettre le feu à la littérature, l’exercice de cette médecine qui ne le mettait nullement à l’abri du besoin a pu contribuer à son dégoût plus social qu’humain (Céline n'a pas toujours su faire un tel discernement) pour cette société dans laquelle on ne fait décidément que l’expérience de l’échec…

Dans les années trente, nonobstant le succès littéraire en 1932 de son Voyage (à la fois succès commercial et succès d’estime), Céline devra faire face à un nouvel échec : celui de son intégration sociale malgré sa tentative désespérée de rallier à lui les classes dominantes (ou pour faire court : toutes les forces qui combattront le Front Populaire) à coups de pamphlets antisémites - antisémitisme largement partagé à cette époque ; et plus encore, pendant l’occupation (2), en commettant l’erreur (3) de soutenir un régime et une idéologie par avance condamnés à l’échec - encore l'échec !



2 - On pensera au suicide social d'un Céline aveugle pour qui le peuple n'est qu'une masse sans forme et sans distinction "... dont le sadisme unanime procède avant tout d'un désir de néant profondément installé dans l'Homme... une sorte d'impatience amoureuse, à peu près irrésistible, unanime, pour la mort" ; et à ce sujet, il semble que Céline ait partagé ce désir et cette impatience.


Quant à ce monde dans lequel il n'y aurait rien à sauver... Zola dont Céline aurait très bien pu être le fils naturel - il en avait toutes les dispositions, du moins jusqu'en 1935 -, n'a-t-il pas su, dans le ruisseau de l'humanité, y chercher et y trouver de l'espoir et parfois même, du sublime ?


Au sujet de Zola, se reporter au texte de Céline : Hommage à Zola - Médan octobre 1933.


3 - Les ignorants plus que les imbéciles… osent tout ; c’est d’ailleurs à cela qu’on les reconnaît ; ce qui, par ailleurs, n’empêche nullement l’expression et l’épanouissement de leur talent, voire de leur génie.

A la décharge de Céline... on précisera : erreur due à l’absence de culture politique et historique au sein d’une classe dépourvue des outils conceptuels propres à la compréhension de l’organisation d'une société.



***



Céline n’a jamais vraiment quitté son milieu familiale ni sa classe : il n'a jamais cessé de "penser" comme elle ; il n’a jamais su s’en affranchir.

L’aurait-il fait… nombreux sont ceux qui affirment qu’il nous aurait privés d’une œuvre incomparable. Certes !

Mais... échec après échec, ne sommes-nous pas aussi tout ce que nos prédécesseurs et nos contemporains ont tenté d'accomplir ? Pays, Etats, régimes, nations, continents, cultures, individus, seuls ou bien en grappes indissociables, nous tous, n'héritons-nous pas de leurs échecs comme de leurs réussites ?



Et si, pour citer notre auteur, l'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches, Céline n’a jamais cessé d’être ce caniche et tous ses personnages avec lui ; personnages pour lesquels le calice de la réussite est passé loin, très loin d'eux ; calice qu’il ne leur a jamais été permis d'entrevoir, encore moins de saisir, eux tous pourtant à la tâche, jour après jour, indéfectibles, comme d’autres... au temple, zélés et fervents...


Choisissant alors de retourner toute la violence de son échec et celle d'un déterminisme social dont les parents de l'auteur furent les victimes muettes et résignées, non pas contre lui-même - ce qui nous aurait privés de son œuvre -, mais contre ses semblables - ennemis humains ; et les heureux élus auront pour noms : les plus faibles - les pauvres qu’il a soignés sans profit ; puis les juifs – minorité de tout temps bouc-émissaire ; mais aussi.. communauté incarnant l’excellence artistique, scientifique et philosophique, et plus important encore : la réussite sociale ; et en médecine, cette communauté n’était pas non plus la dernière à s’imposer…


Violence donc… bientôt étendue à toute la société ; et pour finir : à tout le genre humain.



***

N’en déplaise à Nietzsche…

Et si le ressentiment à son paroxysme qu'est la haine était le sel de la terre, un moteur créatif sans rival et qui ne cessera jamais de nous surprendre ? Après Matthieu, Céline accouchant d’un évangile d’un nouvel ordre : un évangile vengeur... même privé d’une revanche digne de ce nom...



Car Céline est bien à l’humanisme ce que Sade (le marquis triste) est au romantisme : une fois déçus... parce qu'introuvables, amères, ils n’en sont et n'en demeurent pas moins, aujourd’hui encore, tous les deux, redoutablement les pourfendeurs impitoyables pour avoir été de ceux qui, à leur insu semble-t-il, auront longtemps poursuivi en vain une telle quête qui, nul doute, cache un besoin insatiable d'absolu dans une recherche effrénée de leur propre salut.


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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyMar 09 Nov 2010, 12:24

Inutile d'argumenter puisque je doute que l'auteur de ce message veuille converser. Beau texte, même si l'analyse est un peu trop marxiste (ou marxienne) à mon goût (ramener sans cesse l'auteur à sa culture de classe). J'aime surtout cette idée originale de la haine ou du ressentiment comme sel de la terre.
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ignatius
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ignatius


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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyVen 24 Déc 2010, 17:49

Je n'ai pas lu les 14 pages du fil, mais je l'ai survolé, en trouvant ça et là les éternelles questions qui enveloppent l'oeuvre célinienne et son personnage, questions qui souvent étouffent le juste propos, ou l'avis objectif.

Déjà, Céline est reconnu y compris par ses detracteurs comme un immense écrivain, peut-être, parmi les français du 20è, comme le meilleur. Ce jugement peut même s'étendre au-delà de la langue française.

Rotko a parfaitement raison quand il conseille de lire le Voyage et de passer ensuite à Mort à crédit pour apprécier l'évolution du style. Quelqu'un parle "D'un chateau l'autre", qu'il a trouvé hardu, j'en ai hélas peu de souvenir, mais je me rappelle avoir éprouvé moins d'intêret à sa lecture qu'à celle des deux premiers ou de Guignol's band, ce n'est sûrement pas son plus grand livre.

On se demande toujours si Céline était aussi abjecte qu'on nous l'apprend (quelqu'un sur ce fil pose la question). Ma réponse est, en gros, "oui". Après tout dépend de ce qu'on nous "apprend". Oui il était abominablement anti-sémite, pacifiste au point de préférer sa tranquillité et donc les Allemands à la guerre, misanthrope certainement. Non, à ma connaissance, il n'a jamais dénoncé de juifs, mais il a écrit contre eux dans des journeaux, et a composé ses célèbres pamphlets.

A-t-il éprouvé des remords? Pas vraiment, il a simplement, dans un interview assez connu, regretté de s'être (je cite) "mêlé de politique alors que ce n'est pas l'affaire des écrivains". L'homme était fier, y compris dans son erreur.

Sur ses pamphlets j'ai une petite théorie qui n'engage que moi: si il les avait écrits comme un journaliste, donc assez mal, on les aurait oubliés, et peut-être Céline, dans sa mort, serait juste un écrivain adulé pour le sublime de son style, et l'on passerait sur ses "excentricités" malsaines et nauséabondes. Hélas pour lui, "Bagatelle pour un massacre", "Les beaux draps", sont (à mon sens bien sûr) d'une puissance littéraire presque aussi prenante et assourdissante que ses romans, du moins les a-t-il écrits avec le même souci du mot fort, de "l'adjectif sûr", et donc le même talent. Ce qui les place dans son oeuvre, et nous interdit de les en exclure.

Après avoir lu Céline, chacun se fait son opinion, mais rares, très rares sont ceux qui en disent autant de mal après l'avoir lu qu'avant. Son talent oblige à dissocier l'homme de l'écrivain -même si c'est en légère contradiction avec ce que j'énonce juste au-dessus.

Pourquoi se priver d'un tel auteur sous prétexte qu'il a fait des choses pas jojo?

Il planera toujours un nuage noir, délétère et pestilenciel autour de cet immense auteur. Il l'a bien mérité, et nous, nous méritons de le lire.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyVen 24 Déc 2010, 18:02

rotko a écrit:

Citation :
il n'a jamais dénoncé de juifs

hélas, si ! pour prendre un poste de docteur comme précisé plus haut.

Hum? tiens. je vais vérifier de ce pas... Piquer une place dans la banlieue? quel con! ou avec son maître débile (j'ai oublié son nom...)?

En tous cas je vais verifier et corriger mon texte le cas échéant.

Merci de l'info

EDIT: première vérif faite, je ne trouve rien de cette histoire de médecin, et suis retombé sur des écrits documentés où est précisé que non il n'a jamais dénoncé de juif en nom propre, seulement "les juifs".
Après c'était une recherche de cinq minutes (hé oui moi aussi je vais fêter Noyel). Je me repencherai sur la question, mais pour l'instant je ne modifie pas mon texte de plus haut.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyLun 27 Déc 2010, 18:44

Rotko j'aimerai que tu me cites tes sources sur cette dénonciation, je ne trouve rien dans mes recherches (et pourtant les critiques sur Céline ne manquent pas...!), merci.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyMar 28 Déc 2010, 06:23

j'ai donné mes références plus haut, mais je poste à nouveau

En octobre 1940, alors qu’il cherche à se caser, il écrit au docteur Jacques Grasset, secrétaire d’Etat à la famille et à la santé : « Le poste de médecin du Dispensaire Municipal d Bezons (Seine et Oise) est actuellement occupé par un médecin étranger juif non naturalisé En vertu des récents décrets ce médecin doit être licencié »

L’emploi obtenu, il fait parvenir au conseil de l’ordre une déclaration sur l’honneur -c’est obligatoire- plutôt curieuse : « je soussigné» Destouches Louis Ferdinand (certifie)
1 que je ne suis pas juif
2 qu’installé à Bezons (Seine et Oise)déclare avoir pris connaissance du code de déontologie et m’engage sur l’honneur et par serment à observer les prescriptions du code
3 m’engage à faire crever tous les juifs et enjuivés de la médecine et d’ailleurs qui se foutent de nous plus que jamais
. »

Emile Brami Céline, edition écriture p 244 .

Les référence de ces documents sont données.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyMar 28 Déc 2010, 16:48

"j'aime beaucoup" le troisième point...
Merci en tous cas pour cette référence. Je vais pouvoir affiner mes recherches.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyLun 24 Jan 2011, 08:35


Moi je me sens devenir si pervers que ça me tourne en folie raciste. Et pas qu’un petit peu ! Raciste 100 pour 100 ! autant que communiste, sans les Juifs ! À l’heure où nous sommes, dans les circonstances si tragiques, l’indifférence n’est plus de mise. Il faut choisir, il faut opter pour un genre de perversion, ça suffit plus de se dire méchant, il faut avoir une foi terrible, une intolérance atroce, y a pas beaucoup de choix, c’est l’aryenne ou la maçonnique, juive ou anti-juive. Ça va nous donner vingt ans de rigolade. Je ressens, tellement je suis drôle, des choses encore bien plus perverses. Des véritables sadismes.

Je me sens très ami d’Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu’ils ont bien raison d’être si racistes. Ça me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c’est les Juifs et les francs-maçons. Que la guerre qui vient c’est la guerre des Juifs et des francs-maçons, que c’est pas du tout la nôtre. Que c’est un crime qu’on nous oblige à porter les armes contre des personnes de notre race, qui nous demandent rien, que c’est juste pour faire plaisir aux détrousseurs du ghetto.


Céline in l'école des cadavres.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptyLun 24 Jan 2011, 12:33

Il était sous l'emprise de la cocaïne, non ? Et depuis longtemps, il me semble.
Cela n'excuse en rien ces propos inadmissibles, mais peut en expliquer le délire. Il parait aussi que ce serait suite à un voyage en Russie (sous l'instigation d'Elsa Triolet) qu'il serait devenu antisémite etc...

Il a aussi écrit ceci dans wiki : "Son dernier roman, Rigodon, à considérer plutôt comme une chronique, puisqu'il s'y qualifie lui-même de : « Moi, chroniqueur des grands guignols », fut écrit à Meudon en 1960 et 1961. Son dernier livre fait figure de testament littéraire. En effet, le 1er juillet 1961, Céline prévient sa femme que l'ouvrage en question est achevé, écrit par ailleurs une lettre à Gaston Gallimard, et meurt le soir même, à 18 heures. De ce roman on retiendra le rejet intégral de l'Occident face au dégoût que peut inspirer son Histoire : les guerres, la colonisation, la décadence de l'Europe :
« Vous aimez trop les paradoxes ! Céline ! les Chinois sont antiracistes !... les noirs aussi !
— Cette fouterie ! qu'ils viennent ici seulement un an ils baisent tout le monde ! le tour est joué ! plus un blanc ! cette race n'a jamais existé... un “fond de teint” c'est tout ! L'homme vrai de vrai est noir et jaune ! l'homme blanc religion métisseuse ! des religions ! juives catholiques protestantes, le blanc est mort ! il n'existe plus ! qui croire ? »
« ... mais on a vu pire, bien pire... et on verra je vous assure encore bien plus chouette... les Chinois à Brest, les Blancs en pousse-pousse, pas tirés ! dans les brancards ! ... que toute cette Gaule et toute l'Europe, les yites avec, changent de couleur, qu'ils ont bien fait assez chier le monde ! ... elle et son sang bleu prétentieux, christianémique ! »


A propos que penser de son éditeur Gallimard ?
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 29 Jan 2011, 06:58


Céline, miroir du vingtième siècle

Un article avec des citations surprenantes :

source bibliobs.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 29 Jan 2011, 11:18

J'aurais dû citer comme ceci:

Citation :
...confrérie de petites gens ligués ensemble (à chaque époque) pour se prouver du talent

L'affaire Céline mise à part, c'est une belle description du petit milieu littéraire parisien où la congratulation réciproque règne en maîtresse (et permet sans doute de protéger son râtelier).

P.-S. Fausse manipulation, ai édité mon précédent message, perdu pour la postérité Happy
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 29 Jan 2011, 12:16


C'est une variante de la théorie du complot qui incrimine gratuitement un "lobby d'intellectuels", on ajoute en général, "germano-pratins", cheese pour désigner un "microcosme" plus ou moins fantasmé. En résulte aussi une pseudo victimisation Sad etc.

J'aime bien les échanges qui amènent à se documenter, à réfléchir, pour avancer dans la discussion. Sur internet, et pas sur GDS*, on trouve parfois l'emploi de termes virulents qui heurtent les personnes, et ferment la discussion ; dans ces cas-là personne n'y trouve son compte.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 29 Jan 2011, 13:21

Cette phrase me pose un problème : ' Alle Wahrheit durchläuft drei Stufen. Zuerst wird sie lächerlich gemacht oder verzerrt. Dann wird sie bekämpft. Und schließlich wird sie als selbstverständlich angenommen".
Wahrheit signifie la Vérité au sens Majuscule.. or, l'aphorisme aurait gagné en réalité en remplaçant "wahrheit" par "neue idée" ou "neuer gedanke" ?
Car la vérité avec un V majuscule, je ne sais pas ce que c'est. Et vous ? Cela fait un peu "homme rempli de certitudes", non ?
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MessageSujet: louis ferdinandCéline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 29 Jan 2011, 13:42

Sujet inépuisable, ce soir j'ai une réunion où on va commenter un article du "monde" Faut-t-il célébrer Céline? il y aura des controverses sùrement, mais mon point de vue est incontournable, toujours le même mépris. Je ne crois pas qu'il soit le plus gránd écrivain français, je crois que pour plus de raisons il n'a pas fait d'honneur à la France.
j'ai lu l'article proposé par,(pardon j'ai oublié le nom) où on parle de l'heureux éditeur qui a su retenir cette oeuvre sans pareil, ce monument capital de la nature humaine: Gallimard et le voyage.
et voilà le plus étrange :
Le nom de Celine appartient à la liberté
un grand philosophe avai dit que Hitler avait de belles mains ,sans dire ( teintes en sang)
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 8 EmptySam 29 Jan 2011, 15:02

IRIS a écrit:
Cette phrase me pose un problème : ' Alle Wahrheit durchläuft drei Stufen. Zuerst wird sie lächerlich gemacht oder verzerrt. Dann wird sie bekämpft. Und schließlich wird sie als selbstverständlich angenommen".
Wahrheit signifie la Vérité au sens Majuscule.. or, l'aphorisme aurait gagné en réalité en remplaçant "wahrheit" par "neue idée" ou "neuer gedanke" ?
Car la vérité avec un V majuscule, je ne sais pas ce que c'est. Et vous ? Cela fait un peu "homme rempli de certitudes", non ?
Vous m'en voyez désolé, mais plaignez-vous à Schopenhauer, pas à moi, merci. Et Wahrheit signifie ici "vérité" avec une minuscule, comme clairement induit par la construction de la phrase allemande. La Terre est ronde et non pas plate est une vérité; si vous avez encore des doutes, c'est que votre scepticisme est réglé un peu trop fort.

@Rotko: dans le genre induction abusive, ton dernier message est pas trop mal.

Sinon, après ma signature, on cause de quoi? Ma coupe de cheveux?
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