Evene prend trois exemples de romans ratés ou surfaits, c'est son avis, je précise.
Le plus baveux
Une semaine de vacances, Christine Angot, éd. Flammarion, 137 p., 14 €.
Au jeu des records, Christine Angot remporte une première victoire : celle du plus grand nombre de fellations dans le plus petit nombre de pages. Cette performance est admirable pour deux raisons. La première, c’est que ce sont des fellations créatives, agrémentées d’accessoires originaux tels qu’une tranche de jambon ou des quartiers de clémentine. La deuxième, c’est que toutes sont prodiguées par une fille à son père, ainsi qu’on l’apprend au détour d’un dialogue.
Le plus cliché
L’homme qui aimait ma femme, Simonetta Greggio, éd. Stock, 300 p., 20 €.
[i]Deux frères aiment la même femme. L’idée n’est pas neuve mais elle peut encore servir. Voici donc Yann et Alexandre, étudiants à Paris dans les années 1960. Ils rencontrent Maria, ils sont fous d’elle. Alexandre est littéraire et infidèle, Yann solitaire et romantique, Maria a une sœur nommée Bébé, tout ce petit monde couchaille dans l’ambiance libérée des années 1968
Le plus vide
Soins intensifs dandy, Claire Guezengar, Laureli / Léo Scheer, 92 p., 15,50 €.
Au début du roman, la narratrice se tient devant une porte : « Soins intensifs dandy ». C’est une école de dandysme où, sous la direction d’une prof nommée Brummelle elle apprendra les bonnes attitudes en toutes circonstances, ne serait-ce qu’en cultivant le détachement et en répondant « divinement bien » quand on lui demande si ça va. Et ensuite ? Rien. Ce volume de 100 pages très aérées (contenu de la page 71 : « Je choisis préalablement Samantha comme pseudonyme, au cas où ») se présente comme un roman mais c’est à peine un scénario, une esquisse, le début d’un livre.