Sandor Maraï [Hongrie]

Libération

1945, les russes bombardent Budapest ; Elisabeth est réfugiée avec plus d’une centaine de personnes dans une cave et y restera 24 jours ; tandis que les russes avancent et que les allemands tentent de résister et reculent, quartiers par quartiers, immeubles par immeubles. Au début du texte, Elisabeth veut rejoindre son père qui est recherché par les nazis et caché emmuré dans une cave d’en face ; on ne saura jamais qui est ce personnage qui semble éminent, ni pourquoi il est poursuivi ; le livre se termine sans que l’on sache si Elisabeth retrouve ou non son père. Car plus qu’un roman Sandor Marai nous livre un documentaire. A travers le regard d’Elisabeth, mais jamais à la première personne, comme pour un effet de distanciation, l’auteur dissèque les actions, les actes, les pensées, les sentiments, de ce groupement humain Le résultat est sombre : bassesse, versatilité, opportunisme, lâcheté ; aucun héros. Le style ajoute à la pesanteur ; dense et répétitif, pas ou exceptionnellement de dialogues, des paragraphes serrés ; une idée est avancée et les mêmes mots, les mêmes phrases seront reprises de façon partielle ou intégrale quelques lignes plus loin, quelques paragraphes, voire quelques pages après. Cela donne un effet lancinant et martèle l’esprit de façon implacable.
Sandor Marai a écrit cet ouvrage, à chaud, en quelques mois et n’a pas voulu le faire publier dans l’immédiat.
J’ai apprécié même si j’ai préféré "Les Braises" qui était pourtant lui aussi un livre quelque peu désabusé.

Les Braises est le seul roman de Sandor Maraï que j'aie lu, mais j'ai bien l'intention d'en lire d'autres...

C'est clair que ce sont des romans lents, sans action, avec beaucoup de dialogue et d'analyse des rapports entre les personnages. N'oublions pas qu'ils ont été écrits à une époque qui ne connaissait ni internet ni les textos ni le speed dating ni toutes ces choses d'aujourd'hui qui font qu'on n'a plus aucune patience, qu'on est toujours pressé d'être ailleurs, qu'on fait toujours 4 choses en même temps...

Ça fait du bien de temps en temps de se plonger dans un rythme un peu plus contemplatif... non?

Ceux qui ont lu des traductions datant de 1958: ça vaut la peine de chercher des traductions plus récentes. Un phénomène étrange veut que les traductions vieillissent bien plus vite que le texte original

Les Braises - je me suis depechee de lire ce roman avant de relire 'L'heritage d'Esther" en tant que lecture accompagnee.

Et je me prepare a ecrire ce post depuis une semaine. Vous connaissez le livre de Marai, je n’ai pas encore lu les posts, mais je sais qu’Amadak l’a aime, moi idem.

J’ai adore la maniere dont l’auteur entretient la suspense au cours du roman dans une athmosphere impreignee de nostalgie venant d’une epoque revolue avec sa belle ecriture elegante..
L’amitie, l’amour, la jalousie, la haine, la trahison, la souffrance, tous ces sentiments, au cours du monologue ressortent, se retirent, se modifient, mais ne disparaissent pas. J’ai egalement ete bien touchee par les reflexions sur l’education, la jeunesse, la solitude, la vieillesse.
Marai est un magnifique narrateur - quel contraste entre la si grave confrontation des deux protagonistes Henri et Conrad et le ton courtoi et soutenu !
Lors de cette nuit interminable de la recontre des deux amis, attendue plus de quarante ans, se devoilent des secrets, des verites apparaissent. Henri cherche a comprendre les causes, les motifs qui ont amenee a la destruction de cette amitie si profonde et solide. La confiance si totale entre les amis, est-elle capable de resiter aux temps et surtout aux secousses des circonstances et aux elans de l’ame? J’ai lu le livre en bulgare,mais voila une belle citation en francais

Citation :

" ... Je me suis souvent demandé si la véritable essence de tous les liens humains n'est pas le désintéressement qui n'attend ni ne veut rien, mais absolument rien de l'autre et qui réclame d'autant moins qu'il donne davantage."

Est-ce que les deux vieillards ont retrouve la serenite a laquelle ils aspirent avant la mort ? Est-ce vraiment necessaire ?

Pour moi, la puissance et la force de l’auetur, c’est dans sa maitrise de decrire la disparition de certaines valeurs avec le temps, la perte des illusions d’une epoque qui s’en va comme ces deux vieux si dignes pourtant. Tout passe, tout s’effrite, mais il y a des qualites morales eternelles comme la dignite ou l’honneur et Marait en fait une panacee dans son brillant roman.

Un Grain qui habite en Thrace et qui lit un auteur hongrois en bulgare....
et qui en parle ensuite en français sur un forum

C'est extraordinaire!

Vive la mondialisation!

Tres heureuse de lire ce que tu dis, Bridget! Merci!

Tous ensemble!

Est-ce que quelqu'un a commence a lire "L'heritage d'Esther"?

J'ai lu jusqu'a la page 80 pages et je retrouve le magnifique style de Marai et son incroyable maitrise d'edifier des portraits de personnages en deroute (j'ai lu recemmemnt "Braise") et compliques.

Esther, une femme entre deux ages, retiree dans sa campagne, dans une maison en mauvais etat, recois soudain un telegramme qui annonce l'arrive de Lajos apres 20 ans de silence entre eux. L'auteur devoile tres vite le passe - Lajos est un imposteur, et un escroc qui apres avoir faire tourner la tete d'Esther, epouse sa soeur et fait beaucoup de mal a la famille, deja ruinee.
Esther se doute du but de cette visite - Lajos va encore lui demander quelque chose de materiel sans se soucier de son comportement vis-a-vis d'elle. Et pourtant, elle et la domestique avouee Nounou preparent une reception de gala.
Esther est-elle une femme bete? Non, mais elle vit dans la fatalite qui la fera encore manipuler par cet malfaiteur.
"Car nous sommes lies a nos ennemis - et ceux-la, a leur tour, se montrent incapables de nous echapper".

Je ne connais pas cet auteur...du moins je ne pense pas.

Je file regarder sa biographie et bibliographie.

Maya a écrit:

Est-ce que quelqu'un a commence a lire "L'heritage d'Esther"?

J'en ai lu 5 chapitres, qui sont assez courts, une histoire qui se prête au théatre, une femme vieillissante qui se retourne sur le passé avec amertume.

soussou a écrit:

J'en ai lu 5 chapitres, qui sont assez courts, une histoire qui se prête au théatre, une femme vieillissante qui se retourne sur le passé avec amertume.

Cela se lit vite, pas aussi complique que le "Sanctuaire".
Oui, cela donnerait une bonne piece au theatre - c'est tout comme une tragedie (plutot drame) antique.

Moi je l'ai fini, je suis encore sous le charme, Sandor Maraï a le pouvoir d'atteindre les sentiments du lecteur. Commen faire pour lecture accompagnée: donner mon avis personnel ne serait pas adéquat, commencer la première je n'ose pas. Il me reste à attendre les premiers avis et je suivrais.

Amadak a écrit:

donner mon avis personnel ne serait pas adéquat, commencer la première je n'ose pas. Il me reste à attendre les premiers avis et je suivrai.

j'étais persuadé que tu avais déjà donné ton avis.

On est le 28 septembre, tu peux commencer à mon avis, OSE ! on échange toujours cordialement, non ? même quand on est d'un avis différent,

Dans le cas présent, l'impression générale semble être bonne.

poste ici

Au stade où j'en suis de ma lecture, c'est à dire une centaine de pages, tout l'intérêt réside dans l'écriture, et le style même.
L'histoire n'a rien d'extraordinaire, et est parfois confuse.
Mais, c'est extrêmement bien écrit.
Dire que cela me touche, et me parle....difficile à dire...pas vraiment en fait.

Par contre, je suis incapable de décortiquer; je ne suis pas, hélas formée pour cela.
Je suis plutôt sur une impression générale, que sur une foultitude de détail, qui de toute façon m'échappent car je ne les retiens pas et ne vois immédiatement qu'ils peuvent être déterminants dans un livre.

Et voilà ! la discussion commence

Au départ, l'arrivée de Lajos dans la maison familiale, essentiellement fréquentée par deux femmes, la narratrice, Esther, vieille fille comme elle l'avoue elle-même, Nounou, la compagne de toujours qui veille aux intérêts de la famille, elle aussi vieillie, et trois hommes, le frère d'Esther et deux amis de confiance.

On sent bien que beaucoup de choses ne sont pas dites clairement ; il y a du plaisir à revoir une vingtaine d'années plus tard, celui qui a su séduire la petite assemblée, lui donner de l'éclat, mais aussi des réserves, car chacun garde des éléments peu flatteurs au visiteur.

Chacun sait qu'Esther fut sentimentalement proche de Lajos, que ce dernier fut l'ami de lacy, le frère d'Esther, et pour ne pas froisser autrui, chacun surveille ses paroles ; Lajos sait mettre les gens dans sa poche, il conquiert les gens par la sympathie, une apparence de cordialité sans doute peu sincère.

Dans cette première partie, Maraï réussit donc à montrer l'ambiguïté des sentiments des partenaires, tout en donnant au lecteur des éléments concrets d'appréciation.

Ce soir, bien tard j'écrirai quelque chose, j'oserai,comme dit Rotko, mais n'oubliez pas que je dois traduire. Ce n'est pas le cas, pour être pressée d'enlaidir le texte par une mauvaise traduction.

Je devrais dire ce que Sandor Maraï représente comme écrivain pour la littérature, après son isolement de décennies d’années, interdit dans sa Hongrie natale et l’émoi qu’il nous livre en le lisant. Mais je laisse cela pour sa biographie, un vrai roman réel.
Je ne vais pas m’égarer du sujet, qui est maintenant « l’Héritage d’Esther »

Une femme vieillissante écrit un journal intime où page après page elle raconte sa vie, qui était devenue austère et paisible qui fut balayée, par la tempête déclenchée par le retour de Lajos, pour une seule journée, après vingt ans d’absence ;
Maraï dans ses livres, garde toujours, un silence, un mystère, un coin sombre, qui nous seront dévoilés plus tard.
Cette journée, résume toute la jeunesse d’Esther, ses souvenirs, son amour impossible, le mariage de sa sœur avec Lajos. Nous connaîtrons la personnalité, redoutable et attachante de cet effronté, que tous blâmaient et que lui savait séduire.

suivra qui voudra

C’est une heureuse découverte que j’ai fait là, avec cet auteur, dont l’écriture teinté de désuétude ne manque pas de charme, bien au contraire. Il n’y a rien de forcé, pas d’accumulation de formules, ni d’usage intempestif de temps de conjugaison quelque peu passés de mode ; juste ce qu’il faut.
C’est tout l’intérêt de ce court roman, plutôt que l’histoire en elle-même. Nous y retrouvons néanmoins toutes les complexités des êtres humains, qui ne sont jamais tout à fait blancs, ou tout à fait noirs, mais un mélange un peu compliqué de tout ça. C’est ainsi qu’Esther nous apparaît, avec ses contradictions, ses incohérences. Elle sait, pour Lajos, le connaît.
Esther, qui des années après, reçoit la visite de celui qu’elle a aimé, et qui tout au long de ces années l’a spoliée, trompée .Esther qui est bien décidée à ne plus céder, cette fois.
Esther qui le temps d’un retour non pas de l’homme prodige, mais de l’escroc prodige, se retourne sur un passé qu’elle croyait bien loin. Esther qui finit par renoncer et par céder.

C’est court, cela se lit facilement. L’écriture est délicieuse. Il règne une ambiance un peu particulière dans ce roman, une atmosphère lourde, renforcée par un huis clos, un nombre réduit de personnages, des fantômes qui ressurgissent. Mais une atmosphère allégée par ce style au charme d’autrefois, ciselé, sans fioriture, et, qui se laisse apprivoiser sans problème.

Excellente analyse Mimi54

Le livre raconte ce qu’est devenu sa vie après tout ce que Lajos leur avait quitté. Le beau jardin était devenu un petit verger et avec les amandiers plantés par la vielle Nounou, ils pouvaient pourvoir à leurs besoins. La vie d’Esther se déroulait en paix elle ne pensait plus à lui, mais l’annonce de sa visite eu l’effet de sortir de son esprit, ses angoisses, ses désirs longtemps engloutis dans sa mémoire et un secret espoir ; il revenait veuf dans la maison où il avait dit l’aimer,à`quoi venait –t-il pour un jour ? Son frère, son ami, le notaire, le tailleur tout le monde le connaissaient comme escroc, et personne ne pouvait se soustraire à son sortilège, car comme disait la vieille Nounou, il était le plus fort. Je trouve qu’il y a beaucoup à parler de ce livre, la personnalité de Lajos mérite une étude psychologique, celle d’Esther aussi, car manipulée par Lajos, de victime elle se sentira coupable


A suivre

l'heritage d'Esther

Les deux axes du livre sont tracés dès le début :

- la scélératesse de Lajos, dont les signes vont se multiplier et s’accroître en gravité,

- la faiblesse, l’indulgence excessive des différents partenaires, même de ceux qui, comme Laci, le frère d’Esther , ou Tibor , l’ami de la famille, n’ont pas pour Lajos l'intérêt amoureux d'Esther.

Cf p 33

Laci - Tibor

- A toi aussi il doit de l’argent ?

- Laissons cela, dit Tibor d’un ton maussade. Il y a si longtemps. Ça n’a plus d’importance.


Il m’a pris toutes mes encyclopédies. Je ne les ai jamais revues. Une autre fois, il voulu m’extorquer trois cent couronnes. Mais je ne lui ai rien donné, ajouta la voix avec une satisfaction puérile.

Plus calme, plus profonde, l’autre voix répondit, à la fois indifférente et modeste :
-tu aurais aussi bien pu les lui donner. Ce n’aurait été un grand malheur.

Le dialogue est entendu par Esther, la plus vulnérable, donc servira de caution à sa propre faiblesse.

Dès lors, le mécanisme est lancé, une tragédie dont les ressorts iront croissant, et elle repose sur les caractères : l’entremêlement du couple, scélératesse de Lajos/ lâche consentement des autres protagonistes.

Sandor Maraï maîtrise donc parfaitement sa machine tragique.

Lancée dès le départ, elle prendra inéluctablement de la force et de la vitesse jusqu’ au dénouement (je devrais dire dénuement) fatal.

Combien j’aime les romans de Maraï : il nous surprend, ses personnages tiennent beaucoup du tragique, torturés par leurs contradictions intérieures, même les plus sages et normaux, comme ici, le frère, l’ami et Esther qui veut nier tout ce qu’il représente pour elle, mais elle restera ancrée à la nostalgie du passé .Malgré qu’il avait escroqué tout ce qu’il pouvait à tous, montre d’or, encyclopédies et tout l’argent à chacun, histoire de la bague !! Dans son for intérieur, elle le défendait, car elle continuait à l’aimer.
Après les fleurs coupées pour le déjeuner, elle s’assit sur le banc au fond du jardin où vingt deux ans auparavant il l’avait demandé en mariage. Ëtait-t-il sincère en ce moment ? Au fur et mesure de la lecture la réponse nous surprendra.

une ambiance assez lourde, où les silences sont importants et peuvent durer des années. Le personnage le plus énigmatique reste Esther... je n'arrive pas à la comprendre. Comment peut-elle accepter de se faire dépouiller ainsi, alors qu'elle connaît la scélératesse de Lajos ? Veut-elle se punir ?

La question reste entière, comment peut-on accepter la manipulation de Lajos, il est pour ma part impardonnable, laisser Esther pendant des années pour compte, puis revenir pour encore mieux la dépouiller, je me suis maintes fois poser la question, quellel crédibilité peut-on laisser encore à ce genre de personnage sans scrupules, meme après avoir laissé connaitre cette lettre qu'il avait écrite sans avoir pu la lui faire parvenir?

Elle a eu raison de refuser son amour, quelle confiance pouvait-elle encore lui accorder?

C’est vrai les silences dans les livres de Maraï peuvent durer des décennies, qui a lu « les braises » a vu un silence qui a duré quarante années et la fin n’en reste pas moins tragique ,inoubliable. Dans L’héritage d’Esther, elle l’aime et elle le plaint, car il sait pleurer aussi bien et que ses larmes sont vraies. Le jour de son retour une révélation secrète, maintenue sous silence pendant des années, fera naître en elle un sentiment de culpabilité.
Je m’arrête sur un dialogue partagé.
Ils ne parlaient plus du passé, la lumière qui les avait illuminé était éteinte ; ils parlaient de la réalité maintenant, elle se sentait forte.
-Toi tu ne peux m’offrir rien, tu as tout pris, tu as ruiné tout.
.Il m’a répondu ce que je m’attendais de lui :
-C’est vrai.
J’ai frémi, quel personnage !
Il était tranquille, il regardait la maison avec l’objectivité d’un architecte, il y a de l’humidité dit-il, d’un ton réprobateur.

Il se rapprocha de moi, me regardant profondément dans les yeux. En silence un long moment. Nous nous regardions les yeux mi-fermés avec attention. Son visage reflétait gravité et dévotion.

-Permets moi une seule question Esther-me dit- t-il à voix basse, une seule-
Moi je suffoquais, j’avais le vertige. Ce vertige a duré quelques instants « maintenant il va me poser une question » Mon Dieu, une question, que va-t-il me demander. Peut-être pourquoi tout cela nous était arrivé ? Il me demandera si j’avais été lâche ?
J’ai soupiré et je l’ai regardé prête à lui répondre.

-Dis moi Esther il me demanda à voix basse, sur un ton d’intimité-
La maison continue libre d’hypothèques ?

J’ai choisi cet extrait par le choc qu’il a dû faire sur Esther et sur moi-même, combien de fois nous avons croisé dans la vie des escroc de ce genre, Sympathiques, séduisants, le sourire aux lèvres, vous connaissez un escroc qui ne le soit pas ?

Plusieurs grains ont remarqué l’aspect théâtral de ce récit, avec une scène capitale : le face à face entre Esther et Lajos. Tout ce qui précède nous y prépare et qui a lu les braises se rappelle aussi le dialogue percutant des deux protagonistes.

Pour faire bonne mesure, Maraï a eu soin de faire précéder cette scène par la découverte de lettres écrites et non reçues, mais changent-elles vraiment la donne ? Notre opinion est faite, et point n’était besoin de typifier les personnages en «  génie de la morale » contre « génie du mensonge ».(expressions du texte).

J’y vois une suite esthétique, plus qu’un débat moral :

les acteurs suivent leur pente respective, mais la morale n’y trouve guère son compte. Pour moi qui admire le savoir-faire de l’auteur, la précision de sa machine infernale tragique, les personnages, certes bien adaptés à cette fiction, ne tiennent absolument pas le rôle qu’on attendrait de personnes responsables dans la « vraie vie ».

Esther en écoutant l’histoire de sa nièce, éprouve un sentiment de culpabilité, après la mort de sa sœur , elle avait laissé les enfants seuls .et ils avaient traîné une vie malheureuse avec ce père insouciant. Eva va se marier avec un homme qu’elle n’aime pas tandis que celui qu’elle aime l’attend. Esther réprouve cette attitude, qui avait été la sienne, elle sait qu’avec une aide, de l’argent, elle pourra éviter un malheur, elle n’a plus la fameuse bague ; que lui reste-t-il sauf la maison. Autre chose qui la persuade, sont les trois lettres de Lajos, cachées pendant vingt-deux ans, les seules sincères qu’il ait écrites, lui avouant son amour, la veille de son mariage. Il avait besoin d’elle, de son caractère, qui aurait changé le sien. Il lui demandait de s’enfuir avec lui, n’importe où mais ensemble ; l’aurait-t-elle fait ? Mais c’est ce qu’elle conseille à sa nièce, et un secret remords la ronge, celui d’une perte.