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| | La MER QU'ON VOIT DANSER.... | |
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Auteur | Message |
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Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 21 Avr 2006, 11:18 | |
| - Citation :
- Sous le climat qui fait chanter tout le midi,
Sous le soleil qui fait mûrir les ritournelles, Dans tous les coins on se croirait au Paradis Près d'une mer toujours plus bleue, toujours plus belle Et pour qu'elle ait dans sa beauté plus de douceur Mille jardins lui font comme un collier de fleurs...
{Refrain:} Méditerranée Aux îles d'or ensoleillées Aux rivages sans nuages Au ciel enchanté Méditerranée C'est une fée qui t'a donné Ton décor et ta beauté Mé-di-terranée ! Tous les clichés les plus exaspérants sur le midi sont dans cette chanson ! Alors pour changer un peu de registre, un extrait de Kernok le Pirate, d'Eugène Sue (où l'on retrouve d'ailleurs un marin nommé Grain-de-sel !!! enfin.... pas dans cet extrait ) "- Capitaine, l'Anglais nous gagne.
- Je le vois sacrebleu bien, vieux sot ! nos avirons ne font rien, ils fatiguent inutilement nos hommes ; fais-les déborder, charger les caronades à deux boulets, placer les grappins d'abordage, mettre les pierriers dans les hunes ; car nous allons en découdre, et il n'y a pas à tergiverser. Fais aussi amener les perroquets et haler bas les bonnettes ; si la brise fraîchit, nous nous battrons sous nos huniers ; c'est la meilleure allure de L'Épervier." Quand la manoeuvre fut exécutée, Kernok harangua son équipage ainsi qu'il suit :
"Enfants, voici une corvette qui a les reins solides ; elle serre de si près L'Épervier, que nous ne pouvons espérer de gagner au vent ; d'ailleurs il n'en fait pas. Si nous sommes pris, nous serons pendus ; si nous nous rendons, ce sera tout de même ; combattons donc en braves matelots, et peut-être qu'en faisant feu, comme dit le proverbe, des quatre pattes et de la queue nous nous en retirerons avec nos culottes. Mordieu ! mes garçons, L'Épervier a bien coulé un grand trois-mâts sarde sur les côtes de Sicile, après deux heures de combat ; pourquoi craindrait-il cette corvette à pavillon bleu ? Songez aussi que nous avons dix millions à conserver. Cordieu ! enfants, dix millions ou la corde ! " | |
| | | swallow pilier
Nombre de messages : 820 Localisation : Espagne Date d'inscription : 16/03/2006
| Sujet: Arturo Perez Reverte Ven 21 Avr 2006, 13:40 | |
| Ces " Cordieu" "Sacrebleu" et "Mordieu" semblent tout droit sortis de la langue de Perez Reverte specialiste aussi en romans sur les corsaires et guerriers de toute sorte. Une langue virile et robuste persque toujours criée, aboyée par des hommes malmenés par la cruelle vie de combats, entre le sang et la mort. | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 27 Avr 2006, 20:51 | |
| C’est l’histoire tragique d’un brigantin, le Dei Gloria, qui faisait route vers l’Espagne avec une cargaison chargée, à Cuba, de coton, de tabac et de sucre. C’était en janvier 1767. A bord vingt-neuf marins et deux passagers. Après une traversée de l’Atlantique sans trop de problèmes, le navire se trouvait de l’autre côté de Gibraltar, début février, et mit le cap sur Valence. Le lendemain, une voile fut aperçue par l’arrière du brigantin. << ---Elle marchait rapidement en profitant du vent de sud-ouest et, tandis qu’elle se rapprochait, elle fut rapidement identifiée comme un chébec (…) L’autre amena son pavillon espagnol, affichant ainsi qu’il était un corsaire, et poursuivit sa chasse sans plus chercher à donner le change. C’était un navire avec des lettres de marque algéroises, familier de ces parages, qui changeait de temps en temps de pavillon et utilisait Gibraltar comme base. On a su parla suite qu’il s’appelait le Chergui et qu’il était commandé par un ancien officier de la Marine britannique, un certain Slyne, connu aussi sous le nom de Mizen ou Misian.>> Après une poursuite haletante, racontée avec beaucoup de brio par notre romancier, arrive le moment l’hallali. Il ne restait d’autre choix au brigantin que d’amener son pavillon. Mais : << Le capitaine Elezcano était un rude marin. Au lieu de se rendre, le Dei Gloria ouvrit le feu dès que le corsaire fut à portée de boulet. Le duel d’artillerie fut bref et violent, les vergues se touchant presque, et les hommes du brigantin, bien que n’étant pas gens de guerre, se battirent très résolument. Un tir heureux fit qu’un incendie se déclara à bord du Chergui ; mais le Dei Gloria avait perdu son mât de misaine et le corsaire chercha l’abordage. Des canons causèrent de grands dommages sur le brigantin qui, comptant beaucoup de morts et de blessés, faisait irrémédiablement eau. A cet instant, par un de ces hasards que réserve la mer, l’incendie fit que le Chergui, presque bord à bord avec sa proie, explose de la proue à la poupe alors que ses hommes s’apprêtaient à bondir. L’explosion tua tout son équipage et abattit l’autre mât du brigantin, accélérant le naufrage de ce dernier. Et tandis que fumaient encore sur la mer les débris du corsaire, le Dei Gloria coula comme une pierre.>>
Source « Le cimetière des bateaux sans nom » par Arturo Pérez-Reverte | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 04 Mai 2006, 20:36 | |
| Le bateau ivre (fragments)
La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits sans regretter l’œil niais des falots !
Plus douce qu’aux enfants la chair de pommes sures, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et de vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Dès lors, je me suis baigné dans le poème De ma Mer, infusé d’astres et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour ! -------------------------------------------------------------- J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : --Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles. Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?
Mais vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L ‘âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ö que ma quille éclate ! Ö que j’aille à la mer !
Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et humide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ö lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Arthur Rimbaud. Poésies. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 05 Mai 2006, 05:00 | |
| le vers que je prefère dans le bateau ivre, c'est
"Léger comme un bouchon j'ai dansé sur les flots"
et il me vient spontanément l'été quand la houle est ample. J'ai alors l'impression d 'être porté et soulevé par une respiration de la mer. | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 05 Mai 2006, 06:12 | |
| Retrouvé hier un vieux cahier où je notais des poèmes et des citations. Désolée, je n'ai pas les références de ces extraits !
... La perfidie amère des marées Les cheveux longs du flot des algues S'enroulent au bras du nageur Parfois la vague Musique du sol et de l'eau me soulève comme un plume En haut l'écume dans le soleil .... Louis Aragon
Le Golfe du Lion (Henri Bosco)
Le Golfe du Lion est piqué tout entier de balacelles roses qui trainent des filets immenses où se posent çà et là des nasses de fond. C'est le printemps, la mer est tendre, elle monte, elle va s'étendre jusqu'aux îles du Rhône où vivent les taureaux, puis sous les amandiers, les mûriers et les figues jusqu'à l'Etang de Berre où le bleu de ses eaux bat la colline des Martigues.
Dernière édition par le Ven 12 Mai 2006, 06:55, édité 1 fois | |
| | | swallow pilier
Nombre de messages : 820 Localisation : Espagne Date d'inscription : 16/03/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Sam 06 Mai 2006, 08:15 | |
| " Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l´etendue grise, de plus en plus bruyante et immense. Là, elle perdait non seulement se chants mais jusqu´au sentiment de son corps" ( Villa Amalia p. 264). | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 11 Mai 2006, 21:18 | |
| Vous êtes vous demandé pourquoi, sur le Vieux-Port de Marseille, les patrons des barques de promenade en mer ou leurs employés interpellent les passants en agitant une sorte de mouchoir douteux? Pourquoi ce mouchoir? Ces hommes refont exactement le geste des bonimenteurs du Moyen-Age agitant l'emblème de "la nave" à bord de laquelle ils voulaient attirer le passager éventuel Qui souvent était un pèlerin en route pour Jérusalem. Et parfois, bonne aubaine, les trois mille gamins de la "Croisade des enfants" que l'on put revendre comme esclaves chez les Maures!.... Et comme les bonimenteurs provençaux d'aujourd'hui, comme ceux d'alors, ils truffent leur langue d'oc de mots français, d'allemand, d'anglais et pourquoi pas de japonais. L'Histoire est un éternel recommencement dit-on.......... Source G.Blond « Méditerranée » | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 12 Mai 2006, 07:02 | |
| Je ne sais pas de quand date ce texte Aristarque.... ce qui est sûr c'est que cela ne se fait plus depuis longtemps D'ailleurs, les barques de promenade en mer ont presque toutes disparues. Il existait depuis longtemps un service de navette pour les îles de Marseille. Une famille du milieu, tout le monde le savait, assurait ce service. Récemment, ils ont été arrêtés (quelques malversations) : la mairie et les services de police découvraient qu'ils n'étaient pas tout à fait honnêtes. Et le service de navette a été confié à la société qui avait obtenu tout récemment aussi, quelle coïncidence, la gestion des nouveaux parking souterrains du centre ville, et qui avait racheté une partie de la SNCM (Société Nationale Corse Méditerrannée).... Le nombre de navettes par jour a considérablement diminué, pénalisant ainsi sérieusement les habitants de l'île du Frioul, notamment, ainsi que les commerçants et restaurateurs de l'île. | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 12 Mai 2006, 21:32 | |
| - Provence a écrit:
- Je ne sais pas de quand date ce texte Aristarque.... ce qui est sûr c'est que cela ne se fait plus depuis longtemps
.. Cette anecdote est rapportée sur l'édition Omnibus de 1995 pour la "Grande aventure des Océans" de G.Blond. Mais je me souviens que sur le Vieux Port, (je connais Marseille depuis le 10 mai 1945!..) les "bonimenteurs" étaient pour moi une attraction amusante!....Autant que les marchandes de poissons!.... | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 18 Mai 2006, 20:13 | |
| Joachim du BELLAY (1522-1560) a peu parlé des Océans dans son œuvre poétique. Seul, un sonnet, dans le recueil « Les Regrets » évoque les incertitudes et les dangers de la mer. Comme le marinier que le cruel orage A longtemps agité dessus la haute mer, Ayant finalement à force de ramer Garanti son vaisseau du danger du naufrage
Regarde sur le port, sans plus craindre la rage Des vagues ni des vents, les ondes écumer : En quel qu’autre bien loin, au danger d’abîmer, En vain tendre les mains vers le front du rivage : Ainsi mon cher Morel, sur le port arrêté Tu regardes la mer, et vois en sûreté De mille tourbillons son onde renversée ; Tu la vois jusqu’au ciel s’élever bien souvent, Et voir ton Du Bellay à la merci du vent Assis au gouvernail dans une nef percée.
Dans un autre sonnet qui commence par : Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage Du Bellay reconnaît qu’il aime : : Et plus que l’air marin la douceur angevine. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 19 Mai 2006, 03:04 | |
| bonne pioche, Aristarque ! voila une trouvaille. | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 25 Mai 2006, 20:40 | |
| Baleine droit devant !…….
Le Leviatan, navire baleinier commandé par le capitaine Julio Albarran et quatorze hommes à la manœuvre, navigue dans la zone des mers de Drake et de Weddell entre la pointe de la Terre de Feu et l’Antartique. « Un soleil pâle, diffus, émergea lentement de la ligne brumeuse de l’horizon et une faible lueur automnale se répandait sur la mer… » Tout à coup, un cri fut poussé par le guetteur juché sur la hune : -- Baleine droit devant !.. « Les ordres fusèrent sur le pont. La proue du Leviatan plongea en direction des jets aperçus par la vigie. Tout l’équipage avait bondi de ses couchettes et chacun était à son poste. (…) Comme si la nature essayait de protéger ses enfants, le soleil disparut dans un ciel menaçant, les premières rafales se firent sentir et une mer houleuse gonfla à l’horizon. Le Léviatan arriva bientôt dans la zone des jets… » Ce n’était que des cachalots !… « Tout à coup, plusieurs jets de vapeur s’élevèrent à la proue et la détonation sèche du canon retentit, enveloppant le pilote d’un nuage de fumée (…) Mais seuls cinq cents mètres de filin sortirent par tribord amures, car le dos du cachalot apparut bientôt à la surface au milieu de l’eau rougie Les nageoires caudales battirent l’air comme deux grands bras implorant la clémence sous un ciel bas et opaque. Puis l’animal agonisant se tordit dans des soubresauts violents et sa panse blanchâtre s’immobilisa sur les flots. Le cachalot était mort….Le harpon avait pénétré profondément dans le côté gauche, derrière la tête. La grenade avait du éclater dans la zone des poumons, car les évents avaient soufflé un immense jet de sang. »Quand ils eurent capturé huit cachalots (piètre moisson !…) une nouvelle proie se présenta : « Le baleinier fila droit sur une masse noire portée par la houle. L’équipage attendait, fatigué, mais encore avide de sang….Tout à coup la masse noire émergea à la proue et la détonation du canon retentit. Le cétacé ne broncha pas et l’équipage pensa que le pilote avait raté sa cible, mais brusquement l’animal sonda en entraînant la ligne. La ligne se dévidait à toute vitesse…Cinq cents, huit cents, mille, mille cinq cents mètres de filin qui se déroulaient du tambour en fumant….Quand la ligne fut complètement déroulée, les ressorts des amortisseurs grincèrent au fond de la cale. Et l’allure du bateau, dont les machines tournaient à plein régime, augmenta » Un moment plus tard, une gigantesque échine bleue souleva la surface et se courba en embraquant la ligne. "C’était un énorme animal qui se débattait contre l’emprise de la mort, mais subitement, les hommes stupéfaits virent un autre cétacé beaucoup plus petit qui rodait autour de la superbe baleine bleue tordue dans les derniers soubresauts de l’agonie : un baleineau d’environ sept mètres de long…. » Plus tard, dans la nuit, alors que le Leviatan rentrait au port à faible allure en remorquant ses prises, une ombre sous les eaux suivait le cadavre de la baleine bleue. Source : « Le sillage de la baleine » par Francisco Coloane Editions Phébus. | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 02 Juin 2006, 11:17 | |
| Fable de la sirène et des ivrognes
Tous ces messieurs étaient là-bas Lorsqu'elle entra complètement nue Ils avaient bu et commencèrent à lui cracher dessus Elle ne comprenait rien, elle sortait à peine du fleuve C'était une sirène qui s'était égarée Les insultes couraient sur sa chair lisse L'immondice couvrait ses seins d'or Elle ne savait pas pleurer c'est pourquoi elle ne pleurait pas Elle ne savait pas s'habiller c'est pourquoi elle ne s'habillait pas Ils la tatouèrent avec des cigarettes et des bouchons brûlés Et ils riaient jusqu'à tomber sur le sol de la taverne Elle ne parlait pas car elle ne savait pas parler Ses yeux étaient couleur d'amour lointain Ses bras bâtis de topazes jumeaux Ses lèvres se coupèrent dans la lumière du corail Et tout à coup elle sortit par cette porte À peine entra t-elle dans le fleuve qu'elle fut propre Elle resplendit comme une pierre blanche dans la pluie Et sans se retourner elle nagea à nouveau Elle nagea vers jamais plus, vers la mort. Pablo NERUDA (1904-1973) Prix Nobel de Littérature Prix Lenine pour la paix dans la même année 1971 | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 08 Juin 2006, 20:45 | |
| Circonvolution
Le 20 novembre de l’an 1519, à Séville, le gentilhomme portugais Fernand de Magellan, « Cheveux grisonnants, peau tannée comme un vieux cuir par le vent et le soleil, yeux sombres et brillants d’oiseau de proie, dont les mauvaises langues disaient qu’il avait été conçu par le diable, d’où une jambe difforme… », prenait la mer à la tête d’une flottille de cinq « caraques ». Sa mission était de trouver une nouvelle route vers les épices des Moluques, en passant par la pointe grand Sud des Amériques, par un hypothétique passage à découvrir. Son espoir caché : être le premier à boucler le tour du monde à la voile ! Le 4 septembre 1522, la « Victoria » était le seul des cinq navires à accoster, de retour de son long périple de trois longues années. Le passage avait été découvert, Les cales contenaient 520 quintaux des précieux épices dont la vente devait largement couvrir les huit millions de maravédis qui avaient été investis dans cette entreprise. Sur les 265 marins qui étaient au départ, Il y eut seulement 18 rescapés. Parmi eux Lombardo Antonio Pigafetta, embarqué en qualité de cuisinier de Magellan, devenu chroniqueur de l’expédition. Son livre « Premier voyage autour de Monde » constitue à ce jour le seul témoignage jugé digne de foi. Il a été réédité en français par Plon à Paris en 1923. Je n’ai pas lu ce livre. Mais j’en ai noté quelques extraits , glanés çà et là au cours de mes lectures.
Tout d’abord l’hommage que Pigafetta rendit à son héros : « Versé (Magellan) comme nul autre dans la connaissance des cartes maritimes, il possédait à la perfection l’art de naviguer, ainsi qu’il le prouva, en faisant le tour du monde, ce que nul autre avant lui n’avait osé tenter. Notre miroir, notre lumière, notre guide inimitable mourut le 27 avril de l’an 1521 » source :source: « Naufrages » de F.Coloane. La vision littéraire des terres découvertes est parfois déconcertante : « Un peu au sud de Java, se trouve une île que l’on appelle Ocoloro. Seules l’habitent des femmes qui conçoivent des œuvres du vent. Lorsqu’elles mettent leur enfant au monde, elles l’élèvent s’il s’agit d’une fille, mais si c’est un garçon, elles le suppriment. Tout homme qui débarque sur cette île est exécuté sur le champ….. » Parfois on découvre des observations scientifiques pertinentes : « Dans l’île de Cimbonbon, on trouve des arbres dont les feuilles, en tombant sur le sol, deviennent êtres vivants et se mettent à marcher. Ces créatures (car tel est sans doute le nom qu’il faut leur donner) n’ont pas de sang dans leur corps ; elles s’enfuient au moindre contact » NB : il s’agissait en fait de ces insectes que l’on nomme « phasmes » et qui ressemblent à s’y méprendre à des brindilles sèches. Source : « La route des épices » par J.V.Marshall.
Une encyclopédie « Découvreurs et Conquérants » éditée par Atlas cite aussi l’incontournable Pigafetta dans son chapitre consacré à l’épopée de Magellan. C’est la même histoire, en partant des mêmes sources. Mais pouvait-il en être autrement ? | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 15 Juin 2006, 21:12 | |
| Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants, Passer, gonflant ses voiles, Un rapide navire enveloppé de vents, De vagues et d'étoiles;
Et j'entendis, penché sur l'abîme des cieux, Que l'autre abîme touche, Me parler à l'oreille une voix dont mes yeux Ne voyaient pas la bouche:
"Poëte, tu fais bien! Poëte au triste front, Tu rêves près des ondes, Et tu tires des mers bien des choses qui sont Sous les vagues profondes!
"La mer, c'est le Seigneur, que misère ou bonheur, Tout destin montre et nomme; Le vent, c'est le Seigneur; l'astre c'est le seigneur, Le navire c'est l'Homme"
Les Contemplations: Avant-propos | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 16 Juin 2006, 06:25 | |
| Aristarque ! Merci beaucoup pour le poème de Neruda, que j'aime beaucoup. Je le connaissais, mais l'avais complètement oublié... | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 16 Juin 2006, 14:46 | |
| - Provence a écrit:
- Aristarque ! Merci beaucoup pour le poème de Neruda, que j'aime beaucoup.
Oui merci Aristarque de l'avoir posté. C'est un des poèmes de Neruda que je préfère... Pour toi, en espagnol: Fabula de la sirena y los borrachos Todos estos señores estaban dentro cuando ella entró completamente desnuda ellos habían bebido y comenzaron a escupirla ella no entendía nada recién salía del río era una sirena que se había extraviado los insultos corrían sobre su carne lisa la inmundicia cubrió sus pechos de oro ella no sabía llorar por eso no lloraba no sabía vestirse por eso no se vestía la tatuaron con cigarrillos y con corchos quemados y reían hasta caer al suelo de la taberna ella no hablaba porque no sabía hablar sus ojos eran color de amor distante sus brazos construidos de topacios gemelos sus labios se cortaron en la luz del coral y de pronto salió por esa puerta apenas entró al río quedó limpia relució como una piedra blanca en la lluvia y sin mirar atrás nadó de nuevo nadó hacia nunca más hacia morir. Pablo Neruda | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Sam 17 Juin 2006, 16:32 | |
| Grand merci Coline. J'ai pris grand plaisir à lire ce poème dans sa langue originelle. Sans la pratiquer couramment, je la lis beaucoup mieux que je ne la parle. Manque d'habitude peut-être. | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 22 Juin 2006, 21:46 | |
| Dépassée la galéjade de la « Sardine » qui, dit-on à Marseille, aurait bouché le port !…. Un conte provençal découvert dans un recueil « Contes populaires et légendes de Provence » va encore plus loin ! Oyez plutôt : << La « Patte Luzerne » était un navire qui fréquentait jadis les côtes de Provence. Il était tellement grand que lorsqu’il partait de Toulon, son arrière débouchait à peine de la rade tandis que son beaupré sortait déjà du détroit de Gibraltar. Il avait dans ses vastes flancs des champs de blé, des vignes, des arbres fruitiers de toute espèce et des plantes potagères, et tout cela en un assez grand nombre pour pouvoir nourrir un nombreux équipage. Ces champs étaient labourés par des bœufs qu’on employait aussi comme viande de boucherie, il y avait à bord de la volaille et du gibier. Les mâts étaient tellement hauts que les mousses qui montaient jusqu’au haut de la mâture et descendaient de l’autre côté avaient la barbe blanche en arrivant sur le pont. Chaque poulie refermait une auberge, une brasserie ou un café ; il y en avait même où se trouvaient des maisons de tolérance, afin de permettre aux matelots de ne pas trop s’ennuyer pendant leur long voyage. Pendant le siège de Rhodes auquel assistait ce navire, l’équipage se battit vingt-quatre ans sur le gaillard d’avant ; à l’arrière on n’en savait rien et l’on dansait toujours. Ce livre de contes a été publié par les « Presses de la Renaissance » en 1974 et repris plus tard par « France-Loisirs » | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Jeu 29 Juin 2006, 21:09 | |
| ODE à la MER (extraits)
Pablo Néruda a une façon particulière d'écrire de la poésie. Ce qui n'enlève rien à son talent!.......
Ici dans l'île la mer et quelle étendue! sort hors de soi à chaque instant, en disant oui, en disant non, non et non et non. Elle ne peut rester tranquille. (.........................) Ö camarade océan. ne perds ni temps ni eau, ne t'agite pas autant, aide-nous, nous sommes les petits pêcheurs, les hommes du bord, nous avons froid et faim tu es notre ennemie, ne frappe pas si fort, ne crie pas de la sorte, ouvre ta caisse verte. et laisse dans toutes nos mains ton cadeau d'argent le poisson de chaque jour. (.......................)
Père océan, nous savons comment tu t'appelles, toutes les mouettes distribuent ton nom dans les sables: mais sois sage, n'agite pas ta crinière, ne menace personne, ne brise pas contre le ciel ta belle denture, oublie pour un moment les glorieuses histoires, donne à chaque homme, à chaque femme et à chaque enfant, un poisson grand ou petit chaque jour. Sors dans toutes les rues du monde distribuer le poisson et alors crie, crie pour que tous les pauvres qui travaillent t'entendent et disent en regardant au fond de la mine: «Voilà la vieille mer qui distribue du poisson». Et ils retourneront en bas, aux ténèbres, en souriant, et dans les rues et les bois les hommes souriront. (…………………….)
D'abord les compliments et les remerciements. Et puis...... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Ven 30 Juin 2006, 05:01 | |
| beaucoup de chansons sur la mer, sur les flibustiers aussi, clique en haut a gauche sur la tache rouge
puis voir les thematiques : chanter la mer
sur http://www.languesdefranceenchansons.com/index_flash.html
ce site est indiqué par Francois Pecheux sur
http://fr.groups.yahoo.com/group/liensutiles/ | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Sam 01 Juil 2006, 15:35 | |
| Pendant la tempête
La barque est petite et la mer immense ; La vague nous jette au ciel en courroux, Le ciel nous renvoie au flot en démence : Près du mât rompu prions à genoux !
De nous à la tombe, il n'est qu'une planche. Peut-être ce soir, dans un lit amer, Sous un froid linceul fait d'écume blanche, Irons-nous dormir, veillés par l'éclair !
Fleur du paradis, sainte Notre-Dame, Si bonne aux marins en péril de mort, Apaise le vent, fais taire la lame, Et pousse du doigt notre esquif au port.
Nous te donnerons, si tu nous délivres, Une belle robe en papier d'argent, Un cierge à festons pesant quatre livres, Et, pour ton Jésus, un petit saint Jean.
Théophile Gautier | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Sam 01 Juil 2006, 15:37 | |
| Tristesse en mer
Les mouettes volent et jouent ; Et les blancs coursiers de la mer, Cabrés sur les vagues, secouent Leurs crins échevelés dans l'air.
Le jour tombe ; une fine pluie Eteint les fournaises du soir, Et le steam-boat crachant la suie Rabat son long panache noir.
Plus pâle que le ciel livide Je vais au pays du charbon, Du brouillard et du suicide ; - Pour se tuer le temps est bon.
Mon désir avide se noie Dans le gouffre amer qui blanchit ; Le vaisseau danse, l'eau tournoie, Le vent de plus en plus fraîchit.
Oh ! je me sens l'âme navrée ; L'Océan gonfle, en soupirant, Sa poitrine désespérée, Comme un ami qui me comprend.
Allons, peines d'amour perdues, Espoirs lassés, illusions Du socle idéal descendues, Un saut dans les moites sillons !
A la mer, souffrances passées, Qui revenez toujours, pressant Vos blessures cicatrisées Pour leur faire pleurer du sang !
A la mer, spectre de mes rêves, Regrets aux mortelles pâleurs Dans un coeur rouge ayant sept glaives, Comme la mère des douleurs.
Chaque fantôme plonge et lutte Quelques instants avec le flot Qui sur lui ferme sa volute Et l'engloutit dans un sanglot.
Lest de l'âme, pesant bagage, Trésors misérables et chers, Sombrez, et dans votre naufrage Je vais vous suivre au fond des mers.
Bleuâtre, enflé, méconnaissable, Bercé par le flot qui bruit, Sur l'humide oreiller du sable Je dormirai bien cette nuit !
... Mais une femme dans sa mante Sur le pont assise à l'écart, Une femme jeune et charmante Lève vers moi son regard,
Dans ce regard, à ma détresse La Sympathie à bras ouverts Parle et sourit, soeur ou maîtresse, Salut, yeux bleus ! bonsoir, flots verts !
Les mouettes voient et jouent ; Et les blancs coursiers de la mer, Cabrés sur les vagues, secouent Leurs crins échevelés dans l'air. Théophile Gautier | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... Dim 02 Juil 2006, 17:44 | |
| Une image pour changer un peu...Un tableau de Winslow Homer: (au Musée d'Art Américain de Giverny jusqu'en septembre) | |
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| Sujet: Re: La MER QU'ON VOIT DANSER.... | |
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| | | | La MER QU'ON VOIT DANSER.... | |
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