Marcel Proust I : A la recherche du temps perdu

le feuilleton public commencé en 2001 continue

"A la Recherche du Temps perdu" de Marcel Proust

à LA BELLE HORTENSE - 31 rue Vieille du Temple - 75004 Paris

dernière lecture de "La Prisonnière" : mardi 4 avril 2006 à 21h

avec Krystin VESTERALEN, Pierre CASADEI, Michel DERVILLE

début de la lecture de "Albertine disparue" : 18 avril 2006 à 21h

avec Krystin VESTERALEN, Pierre CASADEI, Françoise BLONDIAUX

6 € + consommation

Tro-glo...Tro-glo...Tro-glo!...

Il est passé où notre troglodyte?

c'est vrai, il nous manque, ainsi que bateman ! tous les jours, je pense à eux, mais je crois que certain(e)s d'entre nous ont des nouvelles + ou - fraîches

Eh oui!...Bat-man!...Bat-man!...Bat-man!...

Je suis là, toujours vivant, et un peu plus près de la mort.

troglodyte a écrit:

Je suis là, toujours vivant, et un peu plus près de la mort.

lecture publique de : « La Prisonnière, Albertine disparue »
rotko : pour les détails voir Chroniques litteraires

un site plein d'informations pour qui veut decouvrir la Recherche
http://gallica.bnf.fr/proust/

Quel bonheur de découvrir des gens qui aiment Proust, un de mes grands amours littéraires .
Je cherche le passage des asperges; est-ce Françoise qui les donne à éplucher à une malheureuse qui souffre d'allergie ?
Sorry, mes souvenirs sont lointains, mais pendant une année entière je n'ai lu que LUI

c'est dans Du coté de chez Swann à propos de la charité de giotto

Citation :

L'année où nous mangeâmes tant d'asperges, la fille de cuisine habituellement chargée de les « plumer » était une pauvre créature maladive, dans un état de grossesse déjà assez avancé quand nous arrivâmes à Pâques, et on s'étonnait même que Françoise lui laissât faire tant de courses et de besogne, car elle commençait à porter difficilement devant elle la mystérieuse corbeille, chaque jour plus remplie, dont on devinait sous ses amples sarraux la forme magnifique

.

Citation :

bien des années plus tard, nous apprîmes que si cet été-là nous avions mangé presque tous les jours des asperges, c'était parce que leur odeur donnait à la pauvre fille de cuisine chargée de les éplucher des crises d'asthme d'une telle violence qu'elle fut obligée de finir par s'en aller.

merci Rotko.
Et celle du Baron de Charlus (mas o menos): "je vous ai soumis à la plus cruelle des épreuves : celle de la trop grande gentillesse."

Je vais à Bruxelles et je reviendrai avec mon édition Bouquin de Proust que je me suis fait offrir pour pouvoir surligner mes passages préférés.


En fait, je m'étais cassé les dents plus d'une fois sur Proust jusqu'à ce que nous le traduisions en anglais à l'Uni et là, ce fut le coup de foudre.
Rien de tel que la traduction pour découvrir un auteur et l'interprétation simultanée pour démasquer les discoureurs de mots creux.

Çà y est, Annie. Tu as trouvé " la zone Proust". ( moi aussi )
Et puis tout le travail de Troglo, il nous epluche Proust et nous ouvre ses portes.
Je n´aurais jamais cherché PROUST dans " Statistiques". Heureusement que tu es arrivée Annie, et que tu t´es mise à la Recherche de cet auteur, c´est là qu´on a decouvert tout ce que nous avait preparé Troglo et qui etait sur le plateau depuis longtemps.
Attendons que tu te fasses suivre l´exemplaire de La Recherche, Annie, et nous pourrons continuer avec Marcel.
AH! Rotko, ces Forums sont de vraies poupées russes, et je ne vois que ce qui figure en premier plan !!!

je ne me repère pas encore très bien, mais c'est quelqu'un ici qui m'a signalé le fil
je suppose que j'aurais pu utiliser "rechercher".
+Troglo, une sacrée trouvaille.

Il y a aussi le passage où il parle de son homosexualité et comment il a été forcé de mentir à sa mère jusque sur son lit de mort.

et comment après une vie d'oisiveté, en trébuchant sur un pavé, tout lui est revenu, mais je n'ai jamas retrouvé ce passage.

Il doit y avoir 35 ans que je l'ai lu, mais il est inoubliable.

un livre paru recemment :Madame Proust par Evelyne Bloch-Dano
Biographie Grasset, 2004.

Evelyne Bloch-Dano est journaliste, elle collabore au Magazine littéraire. Elle a reçu le prix des lectrices de Elle pour "Madame Zola". (sic)

Madame Prost : Prix Essai RENAUDOT 2004.

je crois me rappeler que sur le "Salonproust" liste de diffusion ) on en disait du bien.
http://artslivres.com/ShowArticle.php?Id=408

il va falloir que je m'essaie à lire cet auteur , j'avoue que lorsque je suis en librairie je n'y pense pas. On m'en a dit tellement de bien de cet auteur. J'ai pu m'en rendre compte au travers d'extraits ect.)

Je l'ai dit : j'ai dû m'y reprendre à sûrement cinq fois, avant d'arriver à entrer dans Proust. Il m'ennuyait franchement.

Mais une fois que l'on passe ce cap, le lire devient une drogue.

Je vais demander à mon ancien prof de philo de me le prêter pour tenter.

Infusions

Thé, dans lequel le narrateur plonge la célèbre madeleine, ou tilleul qu'il prépare, enfant, pour tante Léonie.

M. Proust a écrit:

[...] et c'était moi qui étais chargé de faire tomber du sac de pharmacie dans une assiette la quantité de tilleul qu'il fallait mettre ensuite dans l'eau bouillante. Le dessèchement des tiges les avait incurvées en un capricieux treillage dans les entrelacs duquel s'ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale.

Les infusions inspirent les écrivains : voyez ce qu'un auteur français rapporte d'un auteur nippon :

P. Quignard a écrit:

Il aimait la pénombre que développe le thé dans son monde chaud et liquide.
Et les couleurs que la petite feuille roulée déploie en filaments dans l'eau avant de s'y mêler.
Et le déchet rougeâtre et à certains égards automnal qui vient peu à peu gésir au fond du bol de porcelaine.

annie a écrit:

et comment après une vie d'oisiveté, en trébuchant sur un pavé, tout lui est revenu, mais je n'ai jamas retrouvé ce passage.
.

c'est le passage des pavés inégaux de Venise

j’étais entré dans la cour de l’hôtel de Guermantes, et dans ma distraction je n’avais pas vu une voiture qui s’avançait ; au cri du wattman je n’eus que le temps de me ranger vivement de côté, et je reculai assez pour buter malgré moi contre les pavés assez mal équarris derrière lesquels était une remise. Mais au moment où, me remettant d’aplomb, je posai mon pied sur un pavé qui était un peu moins élevé que le précédent, tout mon découragement s’évanouit devant la même félicité qu’à diverses époques de ma vie m’avaient donnée la vue d’arbres que j’avais cru reconnaître dans une promenade en voiture autour de Balbec, la vue des clochers de Martinville, la saveur d’une madeleine trempée dans une infusion, tant d’autres sensations dont j’ai parlé et que les dernières oeuvres de Vinteuil m’avaient paru synthétiser.... [...]

La félicité que je venais d’éprouver était bien en effet la même que celle que j’avais éprouvée en mangeant la madeleine et dont j’avais alors ajourné de rechercher les causes profondes

Au fil des questions, on retrouvera facilement ces moments privilégiés de la recherche qui donnent envie de se plonger exclusivement dans Proust.

C'est pourquoi les messages de Troglo sont intéressants !

ils n'accablent pas de pedantisme, loin de là ! ils mettent en appétit.

A propos d'appétit, voici comment M. Proust m'a donné envie de dévorer des pages de St-Simon :

Citation :

Et ainsi [...] une vieille dame de province qui ne faisait qu'obéir sincèrement à d'irrésistibles manies et à une méchanceté née de l'oisiveté, voyait sans avoir jamais pensé à Louis XIV, les occupations les plus insignifiantes de sa journée, concernant son lever, son déjeûner, son repos, prendre par leur singularité despotique un peu de l'intérêt de ce que Saint-Simon appelait la "mécanique" de la vie à Versailles, et pouvait croire aussi que ses silences, une nuance de bonne humeur ou de hauteur dans sa physionomie, étaient de la part de Françoise l'objet d'un commentaire aussi passionné, aussi craintif que l'étaient le silence, la bonne humeur, la hauteur du Roi quand un courtisan, ou même les plus grands seigneurs, lui avaient remis une supplique, au détour d'une allée, à Versailles.

J'ai donc fait l'effort de tendre la main vers ma bibliothèque afin de chercher de quoi il s'agit, et en voici un exemple :

St-Simon a écrit:

J'entrai aussitôt dans le cabinet : j'y trouvai le Roi seul, et assis sur le bas bout de la table du Conseil, qui était sa façon de faire quand il voulait parler à quelqu'un à son aise et loisir. Je le remerciai, en l'abordant, de la grâce qu'il voulait bien me faire, et je prolongeai un peu mon compliment pour observer mieux son air et son attention, qui me parurent l'un sévère, l'autre entière.

troglodyte a écrit:

Infusions

Thé, dans lequel le narrateur plonge la célèbre madeleine, ou tilleul qu'il prépare, enfant, pour tante Léonie.

M. Proust a écrit:

[...] et c'était moi qui étais chargé de faire tomber du sac de pharmacie dans une assiette la quantité de tilleul qu'il fallait mettre ensuite dans l'eau bouillante. Le dessèchement des tiges les avait incurvées en un capricieux treillage dans les entrelacs duquel s'ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale.

Les infusions inspirent les écrivains : voyez ce qu'un auteur français rapporte d'un auteur nippon :

P. Quignard a écrit:

Il aimait la pénombre que développe le thé dans son monde chaud et liquide.
Et les couleurs que la petite feuille roulée déploie en filaments dans l'eau avant de s'y mêler.
Et le déchet rougeâtre et à certains égards automnal qui vient peu à peu gésir au fond du bol de porcelaine.

Chant du thé

"La première tasse humecte mes lèvres et ma gorge.
La deuxième bannit ma solitude.
La troisième dissipe la lourdeur de mon esprit, rendu confus par tant de lecture.
La quatrième exhale une légère transpiration, dispersant par mes pores toutesafflictions de la vie.
La cinquième me purifie.
La sixième m'ouvre le royaume des immortels.
La septième, ah! que n'en puis-je boire davantage!
Je ne perçois plus le souffle du vent qui enfle mes manches.
Transporté par cette douce brise, je gagne les cieux."

(Le poète Lu Tung)

Quelqu'un ici a déjà bu sept tasses de thé ?

troglodyte a écrit:

Quelqu'un ici a déjà bu sept tasses de thé ?

... Humm .. oui .... il y a un piège

troglodyte a écrit:

Quelqu'un ici a déjà bu sept tasses de thé ?

Je pense que cela a pu m'arriver...mais pas directement enchaînées tout de même...en une matinée ou un après-midi...