Marcel Proust I : A la recherche du temps perdu

Merci, c'est un tableau de Renoir comme tu l'avais peut-etre reconnu.

Mais oui! C'est ça, je me souviens maintenant! (en effet, c'est gros le Tadié )

Le Tadié est sorti en édition poche pour ceux que ça interesse.. Et à télécharger, sa conférence sur els brouillons de Proust sur le site de France Culture... Très intéressant, en fin de compte certains ont du mal avec la longueur de la Recherche, mais les brouillons de Marcel montrent qu'il aurait pû en mettre le double... Vive le perfectionnisme proustien...

le dossier proust de Tadié est chez Pocket 300 pages environ. c'est le petit tadié.

Le gros tadié, biographie, Marcel Proust est chez Gallimard 952 pages, et en folio en deux tomes.

Merci pour l'info, Jude, je vais de ce pas écouter la conférence.

Pour ce qui concerne la biographie, c'est vrai que c'est gros mais elle contient des photos magnifiques de la famille et de l'entourage de Proust: je n'ai pas regretté l'achat.

merci pour l'info sur gros Tadié... Vraiment ça fait plaisir de voir des gens parler de Marcel sans prétention et avec curiosité... C'est différent de bien des cercles étudiants ou adorateurs de la Recherche...

La rencontre entre le narrateur et le peintre Elstir est particulièrement intéressante je trouve (dans A l'ombre des jeunes filles en fleur, partie "Noms de pays : le pays")
Le langage de l'atiste est la métaphore et, en représentant des paysages qui font appel aux illusions des sens (trompe-l'oeil, perspective, etc) il représente la réalité de manière plus nette.

Citation :

Mais j'y pouvais discerner que le charme de chacune [les marines] consistait en une sorte de métamorphose des choses représentées, analogue à celle qu'en poésie on nomme métaphore et que si Dieu le Père avait crée les choses en les nommant, c'est en leur ôtant leur nom, ou en leur en donnant un autre, qu'Elstir les recréeait.

Citation :

Mais les rares moments où l'on voit la nature telle qu'elle est, poétiquement, c'était de ceux-là qu'était faite l'oeuvre d'Elstir.

Un nouveau livre sur Proust est sorti récemment, je crois qu'il s'intitule Le musée imaginaire de Proust, dans lequel on trouve tous les tableaux mentionnés dans la Recherche et les personnages auxquels ils sont comparés:)

Oui, c'est d'ailleurs dans Des plaisirs et des Jours je crois qu'on voit l'ébauche de cette rencontre, avec Ruskin-Elstir et Marcel- le Narrateur qui parlent de l'illusion de l'art, la mer et la montagne qui se confondent pour ne faire plus qu'un, qu'on rencontre à Balbec dans les Jeunes Filles...

A propos de l'humour pas assez souligné chez Proust, je suis entièrement d'accord. Il est malheureusement vu par beaucoup comme un auteur soporifique et trop compliqué alors que de nombreux passages sont à hurler de rire, comme celui, pour n'en citer qu'un, où la duchesse de Guermantes fait des jeux de mots pour ses invités et se moque de certaines autres dames en les comparant à des troupeaux de vaches tellement elles font du bruit, dans Sodome et Gomorrhe.

les personnages prêtent à rire avec leur langage et leurs manèges, on les rencontre dans la vie, quelle galerie !

lNorpois et son style ampoulé qui parle de choses insignifiantes sur le ton d'un homme d'Etat, une voix gaullienne,

et madame Verdurin qui joue la sensibilité nerveuse exacerbée devant les oeuvres litteraires et musicales, sans avoir de sens esthétique, experte en intrigues mesquines, pleine de préjugés...

Dans A l'ombre des jeunes filles en fleur, le baron de Charlus dit au narrateur de ne pas rajouter un second ridicule au premier, à savoir le fait d'avoir des ancres marines sur son slip de bain

Dans Sodome et Gomorrhe, il me semble que lors d'une réception située au début du volume, une des invitées se prend un jet d'eau et que sa belle robe est fichue ...et tout le monde rigole

Ce que j'aime beaucoup dans ce volume (entre autres choses...), parce qu'on ne le retrouve nulle part avant et après, c'est la relation trouble qui naît entre le narrateur et Charlus. On sent bien que Charlus est physiquement intéressé par Marcel, mais qu'il n'ose pas l'aborder franchement (exemple, quand il l'observe de loin devant le casino, et que Marcel ignore encore qui est cet homme). Le narrateur lui-même est un peu naif, et ne comprend pas les velléités du baron à son égard. Le mystère est accentué par les crises de colère de Charlus (passage hilarant je trouve quand il écrase son chapeau devant un Marcel médusé) qui alternent avec son caractère tout sucre tout miel. C'est assez troublant je trouve et ainsi, on partage nous-même la perplexité de Marcel, tout en se doutant de ce que désire Charlus. Du coup, c'est bizarre, ça m'a rendue presque triste quand, ensuite, Charlus se "fixe" sur Morel et ne pense plus du tout à Marcel.

Bulma, tu dirais que le "Je"=Marcel Proust? C'est vrai qu'à deux reprises dans la Recherche, le narrateur donne son prénom et qu'il s'agit de Marcel, mais je me suis toujours demandée si on pouvait en déduire que le narrateur était réellement Proust (enfin, j'ai toujours pensé que non, à vrai dire^^et c'est pas un scoop fracassant que de dire ça). Mais je trouve ça très intéressant...

Je dis Marcel, parce que le narrateur s'appelle effectivement Marcel dans La Recherche, son prénom est prononcé dans Du côté de chez Swann. Après, savoir s'il s'agit vraiment de Proust, c'est un autre débat qui pose le problème de l'autofiction, mot que je déteste d'ailleurs..

Citation :

Dès qu'elle retrouvait la parole elle disait: «Mon» ou «Mon chéri» suivis l'un ou l'autre de mon nom de baptême, ce qui, en donnant au narrateur le même nom qu'à l'auteur de ce livre, eût fait: «Mon Marcel», «Mon chéri Marcel».

la prisonnière

noter que Proust fait la différence entre les deux.

Au début de "Combray", sa mère l'appelle Marcel. Mais je suis d'accord, pour moi, il y a une différence entre Marcel Proust et le narrateur Marcel. (pas que pour moi d'ailleurs !)

Je me demande si Proust n'a jamais parlé de la Tour Eiffel dans la Recherche ou ailleurs. Je n'aime pas particulièrement ce monument, au contraire, mais du moment qu'elle est en train de se faire une beauté la question m'est venue à l'esprit. (Je me souviens bien du Trocadéro dans La prisonnière quand Albertine dit de s'y rendre, mais pas de souvenir de la Tour...)

Je crois qu'il ne l'évoque jamais..

pas trouvé non plus, mais les index de lieux dans la Pleiade ne mentionnent pas les quartiers ou monuments de Paris.

Il en parle une fois dans le Temps retrouvé, en évoquant Paris et les aéroplanes, au tout début de la guerre...Mais ce n'est qu'une allusion.

Je suis dans à l'Ombre des jeunes filles en fleurs, mais je n'ai pas trop peur de "découvrir la fin". Pour répondre à votre question, je l'espère, j'ai découvert dans le hors-série de Lire que Proust se disait être en grande partie le narrateur de ce livre, bien qu'il se fût inspiré parfois d'autres personnages.

Merci pour vos contributions.
On se demande pourquoi la Tour est presqu'absente dans la Recherche...

Modiano a écrit:

j'ai découvert dans le hors-série de Lire que Proust se disait être en grande partie le narrateur de ce livre, bien qu'il se fût inspiré parfois d'autres personnages.

Son prénom est mentionné à deux reprises, je crois, au cours de la Recherche, ce qui est très intéressant et trouble un peu plus encore l'identité du narrateur

Un petit intermède sur les aberrations de certaines parutions :

On connaissait le "Proust pour tous" version dont l'auteur, très satisfaite d'elle-même, se vantait d'avoir "dégraissé les digressions" (sic)

une autre aberration signalée par le salon proust :

les éditions Massin/Typographies expressives publient un texte intitulé "M. de Charlus" un montage suivi de tous les passages où apparaissent le baron. Une banderole annonce : "Le roman de M. de Charlus à travers l'oeuvre de Proust"....

Un autre volume est consacré, selon la même règle du stupide
découpage, à la sonate de Vinteuil : "La petite phrase".

Heureusement, remarque la liste de diffusion, ces montages sont tirés à peu d'exemplaires, sinon on les trouverait partout, suivis du "roman d'Odette" ou des "aventures de Cottard dans le grand monde"

rotko a écrit:

Heureusement, remarque la liste de diffusion, ces montages sont tirés à peu d'exemplaires, sinon on les trouverait partout, suivis du "roman d'Odette" ou des "aventures de Cottard dans le grand monde"

J'avoue de n'avoir pas lu chaque ligne de la Recherche, mais quand meme, ces publications...

J'ai été un peu effrayé de voir que le Narrateur parlait aux aubépines dans les Jeunes filles en fleurs. Et surtout... Que les aubépines lui répondaient.