Milena Agus [Italie]

Il me semble que l'on a déjà parlé de ce livre, mais ... peut-être dans ce fil justement.

Mal de pierres de Milena Agus

La narratrice relate l'histoire de sa grand-mère, mariée durant la guerre en Sardaigne.

voivi les premières lignes :

Citation :

Grand-mère connut le Rescapé à l’automne 1950.
C’était la première fois qu’elle quittait Cagliari pour
aller sur le Continent. Elle approchait des quarante
ans sans enfants, car son mali de is perdas, le mal de
pierres, avait interrompu toutes ses grossesses.

la suite de cet extrait.

Déçue par ce roman, trop court ou trop éparpillé pour le sujet traité.

Le style de Milena Agus est agréable mais j'ai trouvé trop d'ellipse dans la construction de cette histoire qui aurait mérité d'être plus ou mieux développée. L'auteur en dit soit trop, soit pas assez...

C'est vraiment dommage car les personnages sont très attachants et je me sens frustrée :cry:

Apparemment mal de pierres est une évocation par sa petite fille des amours de sa grand mère sarde.

On peut trouver le discours décousu, avec un mélange de tons
- qu'on attribue à la naiveté de la petite fille ou à un humour d'adulte.

J'ai été un peu dérouté par le mélange des liens de parenté, puisqu'on parle à la fois des parents, des arrière grand parents, et que la petite fille n'est pas l'unique repère des liens de familiaux.

On s'aperçoit assez vite que tout n'est pas simple et qu'on doit compter avec la ou les roueries d'un écrivain qui, comme dans un roman policier, réserve au lecteur une surprise en guise de dénouement.

Un petit passage qui montre que la traduction ne facilite pas la tâche.
Après avoir parlé de la mère, le récit se fixe sur la grand tante Lia :

Citation :

"Quand quelqu'un parlait d'une fille-mère en la traitant d'egua (1), Madame Lia utilisait elle aussi cette expression, et de retour chez elles, maman partait pleurer dans sa chambre.

(1) egua : jument ou putain)

Ce elles au pluriel surprend.

Présentation de l'éditeur : je la mets en spoiler pour ceux qui ne souhaitent pas connaitre le descriptif

Spoiler:

Je suis restée complètement hermétique : je n'ai décelé aucun intérêt dans cette histoire ; des propos par moment un peu vulgaires - ce que je déteste.

Rotko, tu l'avais lu me semble t'il : comment l'as tu trouvé ?

J'ai lu hier dans le train "Battements d'ailes" de Milena Agus ... et pour la suite, c'est le post juste au-dessus

j'ai rapatrié ton message car c'est sur ce fil d'auteur qu'on peut échanger.

Je n'ai pas été enthousiaste pour le mal de pierres dont je parle plus haut.

Mais d'autres lecteurs ont bien aimé ce même livre. Une lectrice m'a dit que ce livre était "dense" et que l'histoire n'était pas "plate" (sic)

Je n'ai pas lu celui dont tu parles.

katie a écrit:

Je suis restée complètement hermétique : je n'ai décelé aucun intérêt dans cette histoire ;

Idem pour moi Katie, j'ai lu jusqu'au bout (roman très court heureusement !) en espérant toujours mieux....

J'ai bien aimé ce livre court et dense.

Foisonnant et déroutant comme les pensées de la grand-mère qui ne sait transmettre ses sentiments qu'à sa petite fille. Une femme décalée, déplacée, qui tranche sur sa famille, sur la société sarde rurale et rude.

Et comme dit Rotko, un dénouement digne d'un polar.

Je partage l'avis de Tchipette sur Mal de pierres. Et pas du tout celui de Mona.

J'ai apprécié cette histoire narrée par la petite fille du personnage principal. Elle retransmet ce qu'on lui a raconté enfant, puis ce qu'elle a appris ou compris plus tard.

C'est vrai qu'il y a quelques ellipses un peu déroutantes, mais elle sont peu nombreuses. Le style est parfois aride, comme la Sardaigne, mais aussi empreint de la passion qui dévaste parfois les êtres.

Je viens de lire : Mal de pierres. En parcourant les posts qui précèdent le mien, je me dis que les avis contrastés s'expliquent fort bien car il faut "entrer" dans ce récit plus complexe qu'il n'en a l'air et pas forcément en accord avec ce que tel ou tel lecteur attend d'un roman.

Dans sa brieveté, il ne manque pas de charme à mes yeux. Grand-mère ne porte pas d’autre nom, elle est symboliquement un personnage qui vit à travers ce que sa petite-fille, la narratrice, en dit. Or cette narratrice est pleine de tendresse pour cette aïeule qui l’a élevée en grande partie, elle cherche à percer le mystère de cette femme fantasque qui l’a fascinée.

Ce qui m’a surtout plu c’est la façon dont l’auteur parvient à faire saisir la solitude d’un être rejeté de tous, en marge dans sa famille et dans une société restée rigide, la fatalité qui pèse sur elle :

Citation :

[…] dans une famille, le désordre doit s'emparer de quelqu'un parce que la vie est ainsi faite, un équilibre entre les deux, sinon le monde se sclérose et s'arrête. Si nos nuits sont sans cauchemars, si le mariage de papa et maman a toujours été sans nuages, si j'épouse mon premier amour, si nous ne connaissons pas d'accès de panique et ne tentons pas de nous suicider, de nous jeter dans une benne à ordures ou de nous mutiler, c'est grâce à grand-mère qui a payé pour nous tous. Dans chaque famille, il y a toujours quelqu'un qui paie son tribut pour que l'équilibre entre ordre et désordre soit respecté et que le monde ne s'arrête pas.

Avec son mari, grand-mère n’a jamais connu l’amour, seulement le plaisir. Toute sa vie, elle reste avec son désir éperdu mais éternellement voué à l’échec de rencontrer l’amour, ce qui rend la fin prévisible. On s'attendrait à ce qu'elle en soit malheureuse mais ce n'est pas le cas, elle le vit comme un état de fait.

J’ai aussi trouvé assez subtile la manière de rendre compte du mélange du vrai, du faux et de l’imaginaire comme s’il était impossible de voir clair dans le déroulement d’une vie. Jusqu’à la dernière page, le lecteur hésite à trancher dans ce qui lui est raconté, comme c’est le cas aussi pour la narratrice. Et même au moment de la révélation finale, surgit l’idée que peut-être bien l’imaginaire l’emporte-t-il sur le réel, dans la mesure où c’est ce qui marque le plus les personnages de la grand-mère et de la petite fille, voire du Rescapé. Ce dernier recommande à sa correspondante : « N’arrêtez pas d’imaginer. » et écrit quelques lignes auparavant :

Citation :

Vous m’avez inventé avec cette belle chemise blanche amidonnée et ces chaussures toujours vernies, et je me suis plu.

L’écriture est particulière : elle fourmille de détails infimes liés au quotidien mais les descriptions restent à l’état d’esquisses, ce qui finalement contribue à créer une atmosphère en accord avec les incertitudes et les fantasmes de grand-mère mais aussi avec l’austérité, la raideur de cette famille sarde dans une île aux paysages âpres, jamais vraiment décrits mais plutôt suggérés.