Ecrits de Pendantce

Je te cueille à l'orée de la nuit, comme un fruit perlé de lune, une dune bue par la nuit, et soudain le fruit se détache, et il tombe, formant un monolithe, et soudain la dune change de place, comme l'ivresse a son ennui, donnant lieu à des rapaces, qui s'agitent comme un malappris. Tu es insaisissable. A peine tu commences à parler, que les fourmis dansent, que les libellules s'affolent presque, autour de moi, dans l'invisible des mots d'un émoi silencieux, mort et pieusement piteux. Tu es mystérieuse. J'ai vu tout au fond du beffroi, de la bête, des haveuses qui savaient quoi chercher. J'ai vu dans des lagons transparents, à l'eau éclatante et dorée, des hommes qui préféraient la surface, tant ils respectaient la mélancolie mystique, luisant sur les derniers joyaux perdus de nos traces. J'ai vu des geysers, des fumeurs et des fumerolles sortir de l'enfer, là où plus personne, pourtant, ne s'immole. J'ai vu des pâquerettes, des rumeurs sortant du minois des rainettes, des lueurs qui perçaient la tomette, près du linge sec que le soleil berçait encore. Mais toi je ne te vois jamais. Même aux lieux de n'y point voir. Tu es aussi translucide que ce qui trucide. Tu es aussi éloquante qu'une absence d'éloquance. Et pourtant je sais que tu m'aimes, ne serait-ce que dans l'espèce de l'instant. Et pourtant je sais que tu es de celles qui s'enchantent, qui meurent même, de leurs plus vivaces néants.

Perdu dans la nuit noire
Je cherche en vain l'espoir
Qu'une silhouette exquise
M'embrase et d'un souffle me dise

Tu n'es pas seul
Tu n'es pas seul
Tu es né d'un linceul
Tu n'es pas seul
Tu n'es pas seul
Tu t'es fié à un seul

Pourvu qu'le ciel
Me taille les veines
De tout là haut

Pourvu qu'mes veines
S'achèvent au ciel
De très haut

Pourvu qu'un autre
Soit mon apôtre
S'il m'en faut

Mais ne m'appelle
Mais ne m'appelle
Plus mon ego

Qu'importe le temps
Qu'importe le vent
Chuis zéro

Qu'importe l'heure
Qu'importe l'horreur
Rien n'est de trop

Qu'importe mon or
Qu'importe mon sort

Mais ne m'appelle
Mais ne m'appelle
Plus mon ego

Perdu dans le cristal
Je cherche un piédestal
Qu'une ombre s'entr'ouvre en moi
M'embrasse et me dise " Et toi ? ... "

C'est dans l'air du temps
Âpre et vil miel
Qu'on va voir des con-
Certs industriels

C'est l'eau à la bouche
Qu'on lèche la louche
Mangeant, se gavant
Jusqu'à l'inox blanc

Elle s'est dispersée
La dignité
Elle s'est dispersée
La dignité

Dévorant l'acier
Des tridents magiques
Les derniers bébés
Des bombes et du fric

Aux feux d'artifices
Gisent les artistes
Merde cloisonnée
D'un écrin doré

Elle s'est dispersée
La dignité
Elle s'est dispersée
La dignité

De vieilles rengaines
Bercent les nigauds
Les coléoptères
Les bousiers bobos

Dans l'opale soyeuse
Se vautrent les ogres
Des proies sirupeuses
Louant là la morgue

Elle s'est dispersée
La dignité
Elle s'est dispersée
La dignité

Texte de Fabien Gourdel, inspiré par la chanson " Noces " de Brigitte Fontaine, Alb. Libido

Camisole de force
Relookée Crazy Horse
Je m'appelle Lola
Je suis une paria

Une moudjahida
L'alpha et l'omega
Ogresse seule et folle
Serpillère espagnole

Camisole de force
Relookée Crazy Horse
Menottée on me traîne
A Fleury et a Fresnes

Parce que j'ai volé
Des bifteks des poupées
Pour mes petits enfants
Aux yeux d'anges mourants

Camisole de force
Relookée Crazy Horse
Je subis tous les viols
Sévices sur le sol

Codétenues matonnes
Directeur et matrone
Me gavant en m'étouffant
De gros Tampax sanglants

Camisole de force
Relookée Crazy Horse
Pour calmer l'Armada
Je fais du close combat

Et je vais au mitard
Résidence au placard
Je suis inanimée
Sur le béton glacé

Puis je suis libérée
Un jour d'hiver givré
Mes enfants à la DDASS
Et mon coeur plein de glace

J'escalade un crassier
Je tue un négrier
J'erre dans les banquises
Je finis aux Assises

" Crazy Horse ", Brigitte Fontaine, Alb. J'ai l'Honneur d'Être

01- Elvira
02- Le Mac et la Jouvencelle
03- Gardienne Folle
04- After
05- Segnorita
06- Maëlisse
07- Une Vraie Femme
08- Femme nucléaire
09- Corps Billards
10- Misère Business
11- Emmanuelle
12- Arcs-en-ciel

Enki Bilal en fond, Elle, en burka sur un siège de dentiste.

Je préfère, ses vergers avec Areski, sous le buisson de roses. Ce doit être là, ma mélancolie.

01- Elvira, Alb. En Parlant de Vénus

Eblouïe
La lumière est en deuil
Premier cri
Mon linceul est seul
Dernière pluie
Les gouttes s'entremêlent
Petit bruit
Là sous mon étole

Il fait beau
Le ciel en est chaos
Il fait gris
La nuit s'agrippe aux
Vols des buis
Le naturel s'immole
Fol et drôle
Là sous la coupole


Elvira rêve
Elle vire
Elvira crève
Elle s' tire
Elvira blême
Chapitre
Elvira crème
Fuite

02- Le Mac et la Jouvencelle, Alb. En Parlant de Vénus

Une lolita
Une babouchka
Se farde et s'émancipe
Pour un pauvre type

Une damoiselle
Gériatre et pucelle
Se pare de ses bijoux
Pour plaire aux matous

Elle aime bien son mec
Elle en fait des tonnes
Au ras de son bec
Elle impose la donne

Cette jouvencelle
A cinquante trois ans
Elle aime bien les keums
Et les bubble gums
Elle a soif de rumsteak
Elle a faim de com's
Seule dans son triplex
Elle a soif des hommes
Seule dans sa foiridon
Elle se tape des cons

C'est comme un décalage
Elle abuse des pages
Elle se décatie
Au gré de l'oubli

Elle s'invente un monde
Fait de fausses ondes
Elle tombe sur un mac
Elle en fait crac crac

Ce mac la maquille
Comme une érudite
Elle a fait fausse route
Elle s'invente des croûtes

...

Une lolita
Une babouchka
Se farde et s'émancipe
Pour un pauvre type

Une damoiselle
Gériatre et pucelle
Se pare de ses bijoux
Pour plaire aux matous

03- Gardienne Folle, Alb. En Parlant de Vénus

Dans les églises de l'Antarctique
Les cathédrales en béton chic
Dans les temples, les synagogues tendres
Y'avait un livre de Georges Sand

Dans les mosquées de caramel
Les mausolées, les cloîtres de sel
Les basiliques tout en éveil
Feu la un cri de Simone Veil

Il faut bien
Que les femmes tiennent
La redingote et le pourpoint

Dans les églises de l'Antarctique
Les cathédrales en béton chic
Dans les mosquées de caramel
Les mausolées, les cloîtres de sel

Petit interlude " En Parlant de Vénus "

En écrivant cet album ( dont la totalité des musiques n'est pas de moi, puisque je ne suis pas musicien ), en écrivant cet album donc, et même avant de l'écrire, j'avais pour idée de vouloir parler des femmes. Mais quand l'idée du titre s'est imposée, j'ai préféré la légèreté et l'évasif, plutôt qu'un titre présomptueux du style " Les femmes ". L'idée de Vénus m'est apparut alors, et qui plus est la simple idée d' " en parler ", au lieu d'en faire un état de fait.

L'album comporte 12 pistes audio. Chacune d'entre elles ayant un rapport avec Vénus. Cela peut parler des femmes certes, d'une façon très crue, et drôle en même temps, mais cela peut également parler de petites histoires, narrées plus ou moins poétiquement, ou alors parler de certaines femmes, dans de certaines conditions, un peu comme des mini-manifestes.
Un certain nombre de thèmes sont abordés, d'une façon plus ou moins directe, tels que le viol, les cougars, la misère, la religion, le racisme ... et bien sûr et surtout, l'amour !

Même si les femmes sont critiquées plusieurs fois dans l'album, il n'en est pas moins que l'on comprend assez vite qu'elle sont aimables. Certaines paroles donnent une gifle, puis un bisou apparaît, soit explicitement, soit implicitement. Pour finir, je dirais que ... c'est à vous de commencer ^^

Merci Pendantce pour ce petit précis de ton travail de création, c'est intéressant de savoir.
Tendre et drôle, tes textes, même si oui bien cinglant avec la babouchka - ça m'a fait sourire (celui que je préfère pour l'instant).
La musique est plutôt bien choisie.

Continue !

merci Feral

04- After, Alb. En Parlant de Vénus

Matonne et coquine
Elle est dans son style
Matudinales cloches
Les anges se cachent
Il est un peu revêche
Elle est un peu fragile
Dans sa peau de pêche
Le désir se fâche
Avec ses arpèges
Il écrit des pages
Elle voudrait qu'il sèche
Dans son Grenache
Ah la grenadine !
Elle n'en est pas digne
Elle mérite mieux
Que dormir au pieu

Lassons le son
Laissons la laisse
Lacons la liesse
Laissons l'esse

Brumes et brouillard
Flûtes et guitares
S'entremêlent en somme
Les chouant dans les pommes
Draps froissés des moires
De la lune éparse
Laissant dans leurs têtes
Des alouettes
" On a vécu Dieu "
C'est mieux à deux

Oh ... merci !

05- Segnorita, Alb. En Parlant de Vénus

Segnorita
Segnorita
On veut du froid
On veut du froid
Segnorito
Segnorito
On veut du chaud
On veut du chaud
Segnorita
Segnorita
On veut du coi
On veut du coi
Segnorito
Segnorito
On veut du beau
On veut du beau
Segnorita
Segnorita
On veut du bois
On veut du bois
Segnorito
Segnorito
On veut des crocs
On veut des crocs

...

Segnorita
Segnorita
On veut du plat
On veut du plat
Segnorito
Segnorito
On veut des veaux
On veut des veaux
Segnorita
Segnorita
On veut tes bras
On veut tes bras
Segnorito
Segnorito
On veut du faux
On veut du faux
Segnorita
Segnorita
On veut des pois
On veut des pois
Segnorito
Segnorito
On veut des pots
On veut des pots

Maëlisse
Est une jolie métisse
Qui se souvient de loin de près
Comme si le destin la suivait

Maëlisse Maëlisse Maëlisse Maëlisse Maëlisse

Aussi fragile qu'on y glisse un kiss
Et les yeux lisses à en perdre son vice artificiel

Maëlisse, dans les bois elle s'eclipse

...

Maëlisse Maëlisse Maëlisse Maëlisse Maëlisse

Ausi fragile qu'un ange dans son lit
Elle déploie ses quelques ailes comme le soleil se luit


Elle trottine dans la boue sèche même en plein midi
Elle danse en allégresse dans le démon de midi là
Qui la suit


Elle y dandine sans bruit dans l'air ses cloches-mâtines
Elle se délècte alors de ses amis, de ses amants, de leurs vits

...

C'est une enfant
Elle aime cette vie faite d'insouciance et d'amants
Même dans le fort du vent


Elle trottine dans la boue sèche même en plein midi
Elle danse en allégresse dans le démon de minuit
Dans les bois où elle s'éclipse


Elle y dandine sans bruit dans l'air ses cloches-mâtines
Elle se délècte alors de ses petits amis, d'eux qui lui ...

Je me suis longtemps promené dans la prairie océane
J'y ai découvert des maisons de pierre et de lianes
Je me suis quelquefois perdu dans les méandres du temps
A contempler les jardins de corail suspendus aux courants

Je me suis souvent promené dans les dédales de l'enfer
Où bercé par mille et unes tortures les anges me disaient :
" Ne vas pas au-delà de la terre, par delà les nuages "
Depuis je me triture l'esprit de ces tendres et doux remuages

J'ai miré cependant tant de naufrages, tant de sarcophages
Que l'espace d'un instant je me voyais momie ou ravage
J'ai tant et tant donné de moi aux autres, ou si peu
Que les autres ne m'ont rendu de moi que le creux du feu

J'ai voyagé dans leurs âmes et trouvé tant de puanteurs
J'ai vogué par dessus les reflets de leurs tristes lueurs
Tant ! et tellement ! que j'ai fini par m'en mordre le coeur
Je n'avais pas compris que leurs heures étaient de lumière

Je ne parviens pourtant pas à y trouver ma chaumière
Autrui est si étranger que j'en frapperais mon toit
Et que de ce coup de tonnnerre il surgirait une loi :
" Aime autrui puisque les autres ne t'aiment pas ! "