Michèle Lesbre

Le Canapé rouge.

Goncourable...

Je trouve que les livres de cette éditrice (Sabine Wespieser) sont déjà de beaux objets...
Anne, la narratrice (et une "première personne" de plus !) prend le train pour la Sibérie où vit Gyl, son amour d'autrefois et dont elle s'inquiète de ne pas avoir de nouvelles. Gyl, c'est la nostalgie de la jeunesse, leur jeunesse déjà lointaine, des utopies et des luttes politiques des années 70. Plus que Gyl, c'est elle-même qu'Anne va chercher. Le train roule dans des paysages uniformes mais fascinants. On y fait des rencontres étranges, des hommes mystérieux qui parlent à peine, dont on croise juste le regard, qui s'appellent Igor ou Boris. Des hommes dont on imagine la vie, qu'on désire, plus ou moins... Et puis dans ce train, elle se souvient et pense beaucoup à sa vieille voisine, Clémence Barrot, ancienne chapelière qu'Anne regrette un peu d'avoir abandonnée. Clémence la reçoit toujours au fond de son couloir, assise sur un canapé rouge, dans lequel est cachée une photo ancienne, une photo de Clémence et Paul, en 1943, prise quelques jours avant que Paul ne soit fusillé pour faits de réisiatnce. Il avait dix-neuf ans. Anne raconte à Clémence la vie de femmes exceptionnelles, comme Marion du Faouët ou Milena Jesenska, lui lit des passages de leurs vies.
Anne ne verra pas Gyl, rentrera à Paris et ne verra plus Clémence... mais le message que sa vieille amie lui a laissé est pourtant un message d'espoir...
Voilà, c'est un roman un peu minimaliste, une jolie petite musique raffinée, nostalgique, érudite. Michèle Lesbre a du talent, pourtant je n'ai pas été vraiment touchée. Je ne sais pas trop pourquoi, sans doute y manquait-il un peu de passion...

les critiques de "tout arrive" étaient favorables, soulignant que la narratrice trouve sa voie, non pas auprès de cet amant qu'elle voulait rejoindre, mais en elle-même avec l'aide des "femmes remarquables" qu'elle sait évoquer.

C'est bien d'avoir des avis circonstanciés, parlant d'un "style minimaliste" et d'une "musique raffinée", car j'avais achoppé dans les comptes-rendus sur le voyage en transsiberien vers un amant, ce qui ne me paraissait pas si nouveau. D'un autre côté, le rappel de Camille Claudel ne me semblait pas original. Il s'agissait de préventions personnelles.

J'essaierai donc Michèle Lesbre dont le canapé rouge serait le plus abouti, mais dont la petite trotteuse avait plu à de nombreuses lectrices.

maïa a écrit:

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Voilà, c'est un roman un peu minimaliste, une jolie petite musique raffinée, nostalgique, érudite. Michèle Lesbre a du talent, pourtant je n'ai pas été vraiment touchée. Je ne sais pas trop pourquoi, sans doute y manquait-il un peu de passion...

Je dois dire que je partage l'avis de Maïa ;
J'ai lu Ce roman avec plaisir, mais l'impression générale une fois la dernière page tournée a été la même.
pourtant l'écriture est superbe, les descriptions fines et poétiques.
On parcourt ce beau livre d'images un peu ailleurs, dans un demi-songe, comme Anne. Mais l'émotion n'est pas là.
C'est un roman très subtil et élégant, mais il lui manque un peu de chair on va dire...
Un peu trop effleuré à mon goût

Le canapé rouge

Même impression que vous: je suis restée en surface tout au long du récit
Je me demande si l'érudition de Michèle Lesbre n'est pas la cause de cette distance entre le lecteur et la narratrice

comme je le disais sur ce fil
J'ai apprécié l'évocation de figures féminines peu connues élargissant l'horizon du roman et invitant à aller voir ailleurs

mais y ajouter une chanson tirée d'un film et un poème à la fin m'a donné l'impression d'être inculte et à côté de la plaque....

D'un point de vue purement littéraire, ayant lu La petite trotteuse, ce deuxième roman m'apparait nettement plus abouti : j'avais lu à grande vitesse la deuxième moitié du premier....

La rencontre d'une femme, en rupture de profession et de liens amoureux avec un homme en deuil de sa mère et de sa maison d'enfance. Les détresses se parlent et se disent de l'un à l'autre. En arrière plan, mais présents par le souvenir, des drames privés ou collectifs qui ont façonné les personnalités.

J'ai lu le livre à sa parution en 2009, il ne m'en est pas resté grand chose mais je l'ai lu en entier ce qui témoigne d'un certain attrait ...
mais pas lu le suivant Un lac immense et blanc

Michèle Lesbre avait recommandé la femme sans piano d'olivier Rebollo, et j'ai cru voir des ressemblances entre le film et son récit sur le sable.

Elle a parlé, à la demande du public, de ses romans (Sur le sable est son onzième opus) et insisté sur une idée : la romancière est aussi la femme qui a une expérience dans plusieurs domaines, ce qui se voit dans son oeuvre.

L'idée d'un auteur bien différent du personnage social, ou de la personne humaine, me paraît une idée reçue, bien commode, et en vogue actuellement. L'auteur peut développer d'autres virtualités que l' individu, voire dénoncer ses propres erreurs, mais dans le domaine des idées on voit mal un militant oublier ses convictions dans un récit ! à moins qu'on lise vraiment mal lire l'oeuvre en question.

Michel Lesbre revendique ses premières manifestations contre la guerre d'Algérie, elle a participé aux mouvements de 68, caricaturés et mis en accusation par la droite conservatrice actuelle, elle le dit, sans élever le ton, mais avec conviction.

Un auteur qui parle de son cheminement et qui plaide pour la sincérité donne envie de lire ses oeuvres.

Sur le sable chez Folio (et Sabine Wespeiser).

Les similitudes de départ entre le film de Rebollo, la femme sans piano et le livre de Michèle Lesbre sont patentes : une femme en « errance » rencontre un homme lui aussi à la dérive. Chacun d’eux traîne des souvenirs dramatiques, surtout l’homme qui se sert de la femme comme d’une écouteuse.

A vrai dire, elle se perd elle-même dans ses souvenirs, et depuis un certain temps vogue dans un monde irréel, engendré par la lecture des romans de Modiano. Tout le présent devient brumeux et ouaté, avec des drames passés, de mauvais souvenirs d'amours parentales, clandestines, mais devinées.

La narratrice donne à ceux qu’elle rencontre dans sa vie des patronymes puisés chez Modiano, elle se rappelle différents romans, les noms d’hôtels, les personnalités ambiguës aux rôles louches, et en même temps que ses propres souvenirs, reviennent des phrases, des titres etc. On révise son Modiano.

« J’ai de nouveau besoin de souffler, besoin d’une pause. Tandis qu’il rangeait les photographies de sa mère, je lui ai cherché un nom parmi ceux des personnages de mes lectures histoire d’ alléger cette interminable attente d’une fin quelconque à ses confidences. Mais je savais trop de choses sur lui, de sa vie, aucun ne me convenait et je ne le voyais pas trop non plus dans un roman de Modiano, trop de déballage. »

dit la narratrice, mais risque aussi de penser le lecteur...

Je crois que Michèle Lesbre a trop chargé sa barque : événements privés liés à l’histoire collective, drames de l’enfance maltraitée par le monde adulte, références explicites et implicites avec phrases en italiques.

Si les acteurs se perdent dans leur passé, le lecteur lui-même risque de s’égarer, à moins qu’il ne ressente l’envie d’aller prendre l’air…

Avant que le vieil homme ne se jette sur la voie en lui adressant son dernier sourire, la narratrice partait rejoindre l’homme qu’elle aime à l’hôtel des Embruns. Le choc a fait tout basculer.

Ce douzième livre a été inspiré à Michèle Lesbre par le « petit monsieur de la station Gambetta » à qui est dédié Le Canapé rouge (Sabine Wespieser éditeur, 2007).

le résumé de la petite trotteuse sur Evene

'La Petite Trotteuse' de la montre du père de la narratrice pourrait être sa "madeleine". Elle la fait revenir avant la disparition du papa en question, dans une enfance qui ne tourne pas vraiment rond, marquée par le manque d'amour entre les parents.

Ainsi, à travers la quête compulsive d'une maison idéale, l'héroïne évoque cette douloureuse figure paternelle qu'elle aimait au point d'être tentée, petite fille, de la materner. Quant à la mère, tout en indifférence, elle attend d'être libérée de son mari, et trouve dans le veuvage "plusieurs années d'euphorie, comme si, sans lui, elle était enfin dans sa vraie vie".

190 p chez Sabine Wespieser, chez Folio

Michèle Lesbre et Claude Batho, photographe, dans Ecoute la pluie


Je me suis souvenue alors du silence des photographies de Claude Batho, de ce qu’elle appelait « le moment des choses » . J’ai revu tous ces paysages noyés dans la brume ou dans le saisissement furtif d’une fragile lumière, j’ai revu L’arbre et l’oiseau, et l’une des dernières photographies prises à Héry, peu de temps avant sa mort, où le soleil ne parvient pas à percer un épais brouillard et rend tout espoir impuissant.

J’ai pensé à La Balançoire, toujours à Héry et datant de 1980, une campagne qui semble être de ces endroits élus et aimés où les enfants radieux grandissent en paix, où les objets témoignent de la vie, d’une présence humaine qui n’a nul besoin d’être visible pour être évidente, où derrière les voilages des fenêtres closes la nature continue de hanter les rêves et les cauchemars. Une nature où se promènent les morts bien après leur disparition.

La Balançoire, surtout, me touche infiniment. Il me suffit de l’évoquer pour que surgissent avec une précision presque parfaite les moindres détails de l’image. Elle est suspendue dans le vide puisqu’on ne peut voir ce à quoi elle est accrochée, immobile au-dessus d’une prairie en pente et voilée dans une brume qui mange un peu de ciel, bordée d’un chemin que de vagues buissons délimitent en s’accrochant aux piquets qui les tiennent. Un enfant venait-il d’en descendre ? Était-elle au contraire figée depuis des années ? Je ne peux m’empêcher de faire un lien entre cet objet immobile et l’envol de l’homme sur le quai du métro, un cruel raccourci entre l’enfance et le grand âge.

La Balançoire de Claude Batho s’est souvent faufilée dans les réminiscences de lointaines scènes de mon enfance, quand ma mère fredonnait, Une demoiselle sur une balançoire se balançait à la fête un dimanche et que j’imaginais ses jambes blanches sous le jupon noir. Il y avait dans ces mots, me semble-t-il aujourd’hui, une douceur érotique qui troublait la voix de ma mère chantant sur celle de Montand, qu’elle adulait.

Claude Batho : Photographe, femme de John Batho qu'elle a rencontré à la Bibliothèque Nationale où elle travaillait pour les archives. Elle apprend qu'elle est malade. Elle se met à garder des traces de tout ce qui l'entoure, dans le strict périmètre de sa maison. Son intérieur devient, d'une certaine manière, son espace ethnologique. Elle meurt en 1981, elle a 46 ans. Elle a publié un livre en 1977, 'Le Moment des Choses'.


et voici un Canapé ! (celui-là n'est pas rouge, comme chez Michèle Lesbre)

John Batho, époux de la précédente.

Pour photographier les endroits, les rues du ghetto, il passe par le négatif, ne voulant montrer que la trace, que l'envers des choses et se gardant bien de capturer quelque présence humaine en ces lieux : une rangée horizontale de ces photos du ghetto, en négatif, occupe le fond de la galerie. On y discerne parfois une bicyclette abandonnée, une vieille balançoire, ou, ci-contre,des boîtes à lettres sur un mur lépreux, qui nous disent que ces lieux furent autrefois habités, que des gens sont nés là, ont vécu là, s'y sont aimés, puis en sont partis pour un ailleurs sans retour (Ghetto Vilnius) (1).

article de lunettes rouges sur John Batho

(1) visite à Vilnius et histoire de la déportation des habitants du ghetto par les nazis.

Il est déja question du Canapé Rouge en première page

Quelques pistes pour Michèle Lesbre !

*Présence/absence

Anne, la narratrice, prend le transsibérien pour rejoindre Gyl, un être aimé dont elle n’a plus de nouvelles. Présent dans sa mémoire, avec son idéal, ses réflexions et les instants partagés, Gyl ne sait rien de ce rendez-vous projeté.
En montage alterné, Anne revoit sa voisine d’immeuble, celle du « canapé » : celle-ci évoque ses amours passées, surtout la figure de Paul, décédé, dont elle conserve la photo et des souvenirs permanents.

**Attente/déconvenue

Au voyage d’aller, Anne pense à tout ce qu’elle dira à Gyl, mais ce dernier, absent, ne répondra pas à ses attentes.
Au retour, elle ne pourra, comme c’était son intention, raconter son voyage à Clémence.
Tous deux, Gyl et Clémence, physiquement absents, ne l’ont pas attendue.

***Voyage, rencontres,

Le voyage n’est pas seulement un déplacement matériel, il se nourrit de souvenirs amoureux, culturels, idéologiques ce qui explique les nombreuses références dans le récit, de Dostoïevski à Tarkovski, de Batho à Alexandra Kollontaï.

Les rencontres se font en cours de route, brèves mais fécondes, puisque l’auteur invente « des vies, des amours » aux personnages de hasard.

Citation :

« N’avez-vous jamais croisé de ces êtres qui semblent ne pas se trouver sur votre chemin par hasard, mais par une sorte d’évidence si bouleversante que votre existence en est subitement transformée ? »

Voyage-bilan :

Citation :

« Ce voyage m’avait sans cesse ramenée à ma vie, à la simple vérité de ma vie. »

Qui se poursuit au retour :

Citation :

« Le voyage trouve sa place dans la mémoire, dans les jours ordinaires, tout s’estompe, reste l’essentiel, ces endroits où les souvenirs vont et viennent et nous entraînent dans des rêveries nomades. »

****Tout est signe.

- La silhouette, vue du train, d’un homme roulant une cigarette est un présage de la rencontre avec Gyl.

- La « décision » inexplicable de Clémence est un rendez-vous secret avec Anne la narratrice, et celle-ci devra le décrypter.

Citation :

« Ce n’était pas un accident, cette chute dans la Seine, c’était un rendez-vous, un rendez-vous que, d’une certaine façon, elle me donnait à moi aussi. »

Par bien des côtés, [intrigue, thèmes], Écoute la pluie, serait un miroir inversé du Canapé Rouge.

Je retiens et je découvre rotko, merci de toutes ces précisions ...

Arundathi a écrit:

Je retiens et je découvre rotko, merci de toutes ces précisions ...

Ce serait bien que tu lises cet auteur, ainsi que les Grains

Il y a beaucoup à dire sur la façon d’écrire de Michèle Lesbre, par exemple le passage entre un personnage , Ghyl, qu’elle va voir, et un personnage, Clémence, qu’elle vient de quitter, se fait par l’intermédiaire d’un couloir : le couloir du train lui rappelle le couloir de l’immeuble au bout duquel habite Clémence. Belle métaphore d’un passage, qui se révèlera plus tard être une impasse.

Il y a une interpénétration constante entre sentiments, paysages et personnages : Gorki, un homme du train lui rappelle Stalker de Tarkovski , elle mêle le passé de Ghil à un présent qu’elle imagine ; Son amour pour Ghyl est « un vieil amour qui regroupait tous les autres ».

Clémence s’attribue des « enfances rêvées », comme elle s’imagine en Marion du Faouët ou Milena Jesenska ; elle aussi confond ses amoureux avec Paul - qui fut le premier et devient, par capillarité(!), l‘unique.

Aux paysages entr’aperçus parfois dans la brume, se superposent des images de films [« la Zone » de Stalker], les bois de bouleaux, si fréquents dans le cinéma russe, les rappels de Dostoïevski et des réflexions sur les personnages admirés comme la « féministe communiste Alexandra Kollontaï » .

L’extérieur se confond avec un monde personnel dont on prend connaissance dans un monologue intérieur : là aussi est le voyage, en perpétuel continu : « le véritable voyage se fait au retour ».

Là gît le pouvoir de l’écriture :

- la narratrice donne des vies et des amours aux personnages rencontrés, ce qui sera le cas aussi dans Écoute la pluie.

- elle donne un sens et une densité à une existence : la fin décryptée/imaginée, et recomposée de Clémence satisfait la narratrice car elle convient aux rapports et points communs qu’elle avait avec Clémence, - et ses propres dispositions.

Je vais voir à la médiathèque dès que possible, j'ai déjà vu sur leur site qu'il était disponible, je le lirai rotko

Parfait ! moi je vais continuer mon exploration avec Ecoute la pluie, dont j'ai déjà quelque idée, et qui sera l'objet d'échanges avec des amis et l'auteur, plus tard.

Écoute la pluie, chez Sabine Wespeiser, 100 p.

En épigraphe, Marguerite Duras donne le « la »

« Quand j’écris sur lamer, sur la tempête, sur le soleil, sur la pluie, sur le beau temps, sur les zones fluviales de la mer, je suis complètement dans l’amour ».

Il faudra que l’amant de Nantes, ce grand absent du récit à qui la narratrice pense en continu, écoute et comprenne le message et les signes. Car l’homme du métro au début du récit est devenu un incontournable du couple, peut-être même le sinistre présage d’une union qui bat de l’aile, et qu’il serait temps de régénérer.

La narratrice sait bien, comme l’amant photographe, que « les mots ne sont pas à la hauteur », et elle propose des scènes visuelles pour être bien comprise : des tableaux de son enfance, indispensables pour bien la connaître, des clichés de Josette et André (mis aux « puces » ! ), des photos d’école où elle a du mal à repérer sa présence, mais au moins elle les a regardées…

Lui n’a pas fait une seule photo de l’hôtel des Embruns, leur nid d’amour, Elle, par contre, établit une « passerelle » entre le regard de son homme au banc, et celui de l’homme du métro. Sinon, elle ne photographiera son amant que de dos, sans rien lui dire…

Qu’il comprenne que la pluie extérieure est le visage de « sa pluie intérieure », qu’elle panique sans savoir quel chemin prendre, que le TU doit se transformer en NOUS, alors même que d’autres femmes disent bien le connaître.

Rappels de souvenirs communs, reproches d’absences prolongées, transmission de ses attentes, Écoute la pluie tient du message mis dans une bouteille….

C’est un ultimatum et une prière, la demande d’une rencontre fondamentale, après bien des rendez-vous manqués.

J'ai "Le canapé rouge" rotko ... et j'ai pu mettre en réservation "Ecoute la pluie" ...

Arundathi a écrit:

J'ai "Le canapé rouge" rotko ... et j'ai pu mettre en réservation "Ecoute la pluie" ...

Parfait ! ces deux livres forment à mon avis un tout, thème total dont on explorera les variations d'un titre à l'autre.

j'ai terminé "écoute la pluie" mais n'ai pas trouvé ( j'étais en vacances) le canapé rouge.


ce livre est vraiment un petit bijou tant en sa présentation qu'en son contenu.
Quelle belle histoire et racontée avec beaucoup de talent.
Cette auteure va faire partie de mes prochains achats.

j'ai .... largement entamé le canapé rouge, c'est magnifique !

j'ai terminé le canapé rouge j'en parlerai plus tard, il m'a un peu bouleversée.

J'ai terminé Le canapé rouge, court roman de 149 pages, publié en 2007
Présentation de l’éditeur (un peu longue, je trouve…) :

Citation :

Parce qu'elle était sans nouvelles de Gyl, qu'elle avait naguère aimé, la narratrice est partie sur ses traces. Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, Anne s'interroge sur cet homme qui, plutôt que de renoncer aux utopies auxquelles ils avaient cru, tente de construire sur les bords du Baïkal un nouveau monde idéal. À la faveur des rencontres dans le train et sur les quais, des paysages qui défilent et aussi de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées, qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu'elle a laissée à Paris. Clémence Barrot doit l'attendre sur son canapé rouge, au fond de l'appartement d'où elle ne sort plus guère. Elle brûle sans doute de connaître la suite des aventures d'Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, de Marion du Faouët qui, à la tête de sa troupe de brigands, redistribuait aux miséreux le fruit de ses rapines, et surtout de Milena Jesenskà qui avait traversé la Moldau à la nage pour ne pas laisser attendre son amant. Autour du destin de ces femmes libres, courageuses et rebelles, dont Anne lisait la vie à l'ancienne modiste, une belle complicité s'est tissée, faite de confidences et de souvenirs partagés. À mesure que se poursuit le voyage, les retrouvailles avec Gyl perdent de leur importance. Arrivée à son village, Anne ne cherchera même pas à le rencontrer... Dans le miroir que lui tend de son canapé rouge Clémence, l'éternelle amoureuse, elle a trouvé ce qui l'a entraînée si loin : les raisons de continuer, malgré les amours perdues, les révolutions ratées et le temps qui a passé. Le dixième livre de Michèle Lesbre est un roman lumineux sur le désir, un de ces textes dont les échos résonnent longtemps après que la lecture en est achevée.

C’est un livre empli de douceur et de mélancolie, avec une fin très émouvante.
Je me suis sentie bercée par une écriture fluide, parfois poétique, qui réussit à créer l’atmosphère très particulière d’un voyage intérieur. Car les paysages découverts par les vitres du transsibérien, suggérés plus que décrits, les personnages croisés furtivement, sont le prétexte à une introspection de la narratrice qui s’exprime à la première personne pour traduire sa quête de femme d’une cinquantaine d’années qui court après son passé ; elle trouvera finalement autre chose que ce qu’elle est allée chercher très loin. Ce n’est pas son amour d’autrefois qu’elle redécouvre, c’est plutôt elle-même et une forme d’apaisement, magnifiquement traduit dans cette jolie phrase de Robert Walser : « J'aime la vie, mais je l'aime parce que j'espère qu'elle me donnera l'occasion de la jeter dignement par-dessus bord. »
Des citations binevenues et frappantes, on en trouve beaucoup d’autres dans ce bref roman et l’on sent que l’auteur, à l’image de sa narratrice, est nourrie de littérature.
Ce qui m’a le plus touchée, c’est la relation tissée par Anne et Clémence, sa voisine, la vieille dame assise sur son canapé rouge. Une relation fondée sur une amitié sincère et complice, l'amour aussi de la littérature et des femmes d'exception qui ont jalonné l'Histoire. Clémence perd peu à peu la mémoire et Anne l’aide à se la répproprier toutes les fois que ses souvenirs la fuient. Je me sens plus proche de cette éternelle amoureuse qui a perdu son jeune amant communiste, jadis fusillé au coin d'une rue, que d’Anne pour qui j’éprouverais plutôt de la pitié : elle n’a pas su retenir le bonheur, quelque part (je n'ai pas retrouvé le passage !) il est dit qu'il faut du talent pour être heureux ; même si, à la fin, Anne semble avoir trouvé une certaine sérénité, j’ai le sentiment d’un immense et irréversible gâchis.
Un livre original qui me laissera, je crois, un doux souvenir fait d’éléments fugaces.

je prends la suite, ma Nic
J'ai d'abord aimé son style élégant, sa douceur et la poésie si présente dans son récit. Et puis son introspection, sa manière de penser aux auteurs qu'elle a lu, à les citer pour appuyer ses impressions personnelles.
Elle m'a touché, souvent... petite fille, je vivais dans la folle attente de la vie, je croyais qu'un jour, brusquement, la vie allait commencer, s'ouvrir devant moi ........ Il ne se passait rien et il se passait des quantités de choses, mais ce n'était pas ça, on ne pouvait pas dire que c'était la vie, et il faut croire que je persiste à être une petite fille car je continue à attendre cette vie qui va venir.
Les descriptions fugitives des paysages vus du transibérien sont d'une grande beauté. Cette impression d'immensité devant les plaines russes, elle la livre très bien, nous faisons avec elle le voyage en quelque sorte, l'ambiance des wagons, la promiscuité, la barrière de la langue, son désir de lier conversation avec certains compagnons de voyage, tout ceci est transcrit avec force.
J'ai préféré quand même le récit de son amitié avec Clémence, la vieille voisine. Moments empreints de douceur, de rires parfois, tendresse pour quelqu'un qui lui livrait un peu de son passé, qui l'attendait. J'ai pensé qu'Anne, n'avait rien su saisir d'important dans sa vie : un homme qu'elle avait aimé puis laissé partir, qu'elle voulait retrouver près du Lac BaIkal mais, trop tard. Il avait refait sa vie et attendait un enfant. Enfant qu'elle n'avait pas, elle-même. Tous ces actes manqués !
La vieille dame était en sorte une passeuse que le destin lui envoyait : Anne était seule, et il lui fallait sans doute quelqu'un pour l'aider à assumer cette solitude, ses échecs et accepter la vieillesse proche et l'idée de la mort.
Tu as raison, Nic

Citation :

il est dit qu'il faut du talent pour être heureux

, et puis, sans doute de la chance...