Javier Rebollo, la femme sans piano.

Femme sans piano, La mujer sin piano

Une femme, lassée de ses journées bien trop ordinaires, décide de fuguer pour vivre 24 heures extraordinaires.
{ Prix du Meilleur réalisateur au Festival International du Film de San Sebastián 2009. Meilleur Film et Meilleure Actrice au Festival de Tirana (Albanie).

En fait, il s'agit d'une fugue d'une nuit, où la femme se heurte à des attitudes d'incomprehension, et fait des rencontres, principalement celle d'un Polonais, décidé à réparer une faute commise en son pays. C'est son rôle, réparer ce qui est cassé, il repète et joue ce rôle, avec les appareils modernes, mais aussi, en l'occurence, et sans trop le savoir, avec cette épouse fugueuse.

le film a été choisi par Michèle Lesbre dans le cadre des rencontres féministes européennes.



Une salle d'attente de gare, grand lieu d'attentes, là où échouent ceux qui rêvent de partir pour de bon.

Que penser de Rosa, le personnage du film ? Elle fait « acte de courage » en fuguant, elle est « magnifique » ont dit les intervenants. Ouais.

Sa vie est monotone entre ses diverses occupations : mère de famille, épouse/cuisinière d’un homme qui ne parle pas, ménagère et patronne d’un institut d’épilation, là où parlent les femmes insatisfaites, dirait Françoise Jacob.

Plus que son cas individuel, le réalisateur présente des femmes soumises à leur fonction, sans compréhension : la guichetière refuse de donner un colis, la marchande de sandwich veut d’abord un ticket, la gardienne d’hôtel exige la remise des clés : aucune générosité,

A la différence de Rosa qui va prendre soin du Polonais en déroute, lui lavant son lige, lui servant les plats. Même dans un contexte différent, elle reste soumise, généreuse,... et fait le service.

Est-elle admirable ? J’ai eu l’impression qu’elle ne savait pas trop ce qu’elle voulait, sauf ce qu’elle ne voulait plus en quittant le domicile.(cf. lesdestinations à la gare, les sandwichs au bar)

Bref, elle parle peu cette nuit-là, le fera-t-elle au petit matin, on peut l’espérer.

Quant au titre, la femme sans piano, cela renvoie à une courte séquence où elle joue du piano sans trop y croire. ( en fait elle caresse les touches d’un mauvais piano d’hôtel). On y verra sans doute un besoin de beauté, le désir d’échapper à une banale laideur ambiante, à une surdité progressive, à une activité qui lui serait propre, culturelle et valorisante.

Tout cela est-il bien dit dans le film ?

Le débat qui a suivi a laissé le champ libre à des lectures bien diverses. L’actrice interprétait une femme ordinaire qui voulait autre chose...

Son mari et la société feraient bien d’y songer, en Espagne comme ailleurs.