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| | Victor Hugo | |
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Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Victor Hugo Jeu 10 Aoû 2006, 05:07 | |
| Parmi les écrivains de la mer, je mettrais au premier rang Victor Hugo avec "Les travailleurs de la mer". C'est grandiose ! des paysages rocheux, immenses et déchiquetés, où s'active Gilliat. On y verra tous les symboles possibles de l'action humaine.
Ce qui m'a séduit aussi, la force des vents, la rage des flots, toutes ces forces mouvantes auxquelles rien ne peut résister, et si mobiles qu'on ne peut les esquiver. Des Esprits Mauvais, mais qui parfois, comme des enfants (!), se paient le plaisir d'être ludiques ! Les géants s'amusent...
Dans les "Les travailleurs de la mer", on trouve des images et des scènes inoubliables : Gilliat, de la côte, entend sur le bateau qui l'emmène à jamais, la voix de sa bien-aimée. Elle a trouvé le bonheur avec un autre que lui.
Je me rappelle aussi ce rocher, en forme de chaise, où Gilliat va s'asseoir...Le rocher de Gild-Holm-'Ur.
Le lecteur risque d'être rebuté par la première partie, une quarantaine de pages, intitulée "l'archipel de la manche". Sautez-la, vous y reviendrez plus tard. Hugo a un tel souffle dans l'écriture qu'il a incorporé des passages entiers d'encyclopédies, à peine modifiés, et que les exégètes ont retrouvés. Emportés dans la prose hugolienne, ces passages pédants ont pris des ailes et de l'élan ! Mon édition préférée : le troisième tome (Roman III) dans la collection bouquins chez Robert Laffont. Outre "Les travailleurs de la mer", vous aurez aussi "l'homme qui rit" et "Quatrevingt-treize". | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Victor Hugo Jeu 10 Aoû 2006, 05:09 | |
| Victor Hugo, Quatrevingt-Treize, livre de poche. 1793, La terreur. - Citation :
- "A l'exterieur la coalition, à l'interieur la trahison",
résume Danton. Année terrible, moments horribles, et hommes inexorables. Avec Hugo les mots entrent en fanfare, et la geste devient épique. Sur la terre bretonne, les bleus, republicains, se preparent à une guerre de buissons. En mer, le chef des blancs, le marquis de Lantenac, prépare son débarquement pour prendre la tête de l'insurrection chouane. Au centre de la tourmente, trois enfants, c'est l'avenir et l'enjeu. Hugo prend sans cesse le lecteur à contrepied, force l'admiration ou attendrit. Des morceaux de bravoure : le combat de l'homme contre une caronade qui, détachée, joue les béliers sur une corvette balancée par la houle. Mais tout le livre résonne du choc des formules et des symboles. On lit l'ouvrage à plusieurs niveaux sans jamais l'épuiser. Quel homme ! quel écrivain ! | |
| | | H. P. pilier
Nombre de messages : 31 Date d'inscription : 17/05/2006
| Sujet: Re: Victor Hugo Jeu 18 Jan 2007, 23:38 | |
| Ah je n'avais pas vu ce fil. Décidément rotko, t'es un vrai ogre. De reste, je me demande comment vous faites pour avoir autant de temps pour lire. | |
| | | Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 20 Juil 2007, 11:45 | |
| Les Misérables - Citation :
Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l'oeil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta: On est laid à Nanterre, C'est la faute à Voltaire, Et bête à Palaiseau, C'est la faute à Rousseau. Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta: Je ne suis pas notaire, C'est la faute à Voltaire, Je suis un oiseau, C'est la faute à Rousseau. Une cinquième balle ne réussit qu'à tirer de lui un troisième couplet: Joie est mon caractère, C'est la faute à Voltaire, Misère est mon trousseau, C'est la faute à Rousseau. Cela continua ainsi quelque temps. Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. (...) Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaisa. Toute la barricade poussa un cri; assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter: Je suis tombé par terre, C'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à ... Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 17 Oct 2008, 05:06 | |
| PARIS AU TEMPS DES MISERABLES DE VICTOR HUGO - Musée Carnavalet - Citation :
- L’exposition du musée Carnavalet présente une lecture inédite des Misérables où Paris se révèle être le personnage principal du roman de Victor Hugo.
Telle une enquête itinérante, elle suit la trame et la chronologie de l’œuvre et plonge le visiteur au cœur de l’intrigue sur les traces de Jean Valjean, Cosette, Fantine ou encore Marius… Le Paris des années 1815 à 1833 resurgit, évoqué par un ensemble d’environ 220 peintures, photographies, cartes, gravures et objets d’art, issus presque tous des riches collections de Carnavalet. Inlassable piéton de la ville, Victor Hugo connaît bien ses quartiers et monuments LES MISERABLES, UN ROMAN INCONNU ? - Maison de Victor Hugo - Citation :
- L’exposition de la Maison de Victor Hugo propose de rendre la réalité du roman. Bien sûr, tout le monde connaît Les Misérables : Jean Valjean, Javert, Fantine, Cosette, Gavroche… Surprenante et inattendue, cette exposition mêle histoire et fiction, émotion et réflexion, œuvres des XIXe et XXe siècles, pour mieux appréhender la polyphonie de ce roman dont Victor Hugo disait lui-même qu’il était « l’un des principaux sommets, si ce n’est le principal de mon œuvre ».
Au fait, l'avez-vous lu ? | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Victor Hugo Sam 18 Oct 2008, 19:34 | |
| Oui, j'avais quatorze ans. J'étais encore plongée dedans à onze heures du soir. J'avais école le lendemain. Je lisais en cachette. Ma mère m'a surprise en train de lire. Je me suis fait eng.euler et elle m'a pris mon livre. Je l'ai détestée. | |
| | | fontelle pilier
Nombre de messages : 2068 Age : 77 Localisation : Anjou Date d'inscription : 15/06/2006
| Sujet: Re: Victor Hugo Sam 18 Oct 2008, 20:08 | |
| Non, pas lu.... Pas envie, gavée par la propagande autour et les extraits "obligés" de la scolarité...
J'ai adoré pendant mon adolescence "Notre Dame de Paris" et "L'homme qui rit"
Les "Chansons de rues et des bois"et "Feuilles d'automne"
Le reste de son oeuvre, j'en connais ,mais pas accroché, trop grandliloquent pour moi....
MAIS ses dessins à l'encre, j'en suis fana... | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Victor Hugo Sam 18 Oct 2008, 20:48 | |
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| | | Aède pilier
Nombre de messages : 89 Age : 53 Date d'inscription : 27/09/2008
| Sujet: Re: Victor Hugo Dim 26 Oct 2008, 20:16 | |
| - rotko a écrit:
- Parmi les écrivains de la mer, je mettrais au premier rang Victor Hugo avec "Les travailleurs de la mer". C'est grandiose ! des paysages rocheux, immenses et déchiquetés, où s'active Gilliat. On y verra tous les symboles possibles de l'action humaine.[/b]
c'est mon roman préféré de Victor Hugo également... Hugo qui est mon écrivain culte par excellence ! Démesuré et sublime ! En poésie ce que je préfère de lui c'est la Légende des siècles. | |
| | | Ephémère habitué(e)
Nombre de messages : 22 Age : 30 Localisation : entre deux mondes Date d'inscription : 16/03/2008
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 07 Nov 2008, 20:20 | |
| pour moi, victor hugo est d'abord un poète. ses vers sont superbes.
ensuite, j'ai du lire "claude gueux". c'est un pauvre qui vole un morceau de pain, est envoyé au bagne, persécuté par le dirlo qu'il tue, du coup se fait guillotiné.
c'est un plaidoyer contre la peine de mort. mais j'ai trouvé ca mal approprié - ben oui, chacun son avis, au détriment de ma prof de francais- parce que cet homme tue une personne en toute connaissance de cause, est jugé et mis a mort. et on devrait trouver ca révoltant. en effet ca l'est, je suis contre la peine de mort, mais on devrait trouvé justifié que Claude gueux tue, mais que la justice mette à mort, non.
alors, vraiment, ca m'a échappé. je sais bien que l'idée n'est pas ca, mais l'exemple est assez ... mal choisis à mon gout. ^^ | |
| | | Le mouton sauvage pilier
Nombre de messages : 1680 Localisation : Au Sud de la Frontière, à l’Ouest du Soleil Date d'inscription : 04/12/2007
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 28 Nov 2008, 08:44 | |
| Qui suis-je ? (faut bien rigoler, c'est la crise, mais on n'est quand même pas en récession) - Citation :
- Que peut-il ? Tout.
Qu'a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l'Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c'est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! Cette roue tourne à vide.
L'homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.
Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde, d'un homme médiocre échappé ". Victor HUGO, dans " Napoléon, le petit " - Edition Actes SudVous pensiez peut-être à quelqu'un d'autre | |
| | | Cécile pilier
Nombre de messages : 467 Date d'inscription : 03/05/2007
| | | | Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 19 Déc 2008, 16:53 | |
| Je suis entrain de lire L'Homme qui rit. J'ai l'impression de redécouvrir la littérature. Quelle puissance dans les mots ! Je n'ai lu qu'une centaine de pages pour le moment, mais j'ai déjà envie de citer une foule de phrases. Je vais me limiter ! Le livre I est époustouflant. Cet enfant qui marche dans la nuit, et la vision du gibet ! Ensuite il y a le livre II et la tempête, je me suis arrêtée pour vous retranscrire un petit dialogue (ils sont assez rares) : - Citation :
- (première version en basque)
"Laboureur de la montagne, quel est cet homme ? - Un homme. - Quelles langues parle-t-il ? - Toutes. - Quelles choses sait-il ? - Toutes. - Quel est sont pays ? - Aucun, et tous. - Quel est son Dieu ? - Dieu. - Comment le nommes-tu ? - Le Fou. - Comment dis-tu que tu le nommes ? - Le Sage. - Dans votre troupe, qu'est-ce qu'il est ? - Il est ce qu'il est. - Le chef ? - Non. - Alors, quel est-il ? - L'âme.
Dernière édition par Moon le Ven 07 Mai 2010, 21:39, édité 1 fois | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 19 Déc 2008, 17:22 | |
| Le debut de l'homme qui rit est un vrai plaisir. Pourtant la suite me semble-t-il en fait un roman assez ardu, et je crois, le plus difficile de Victor Hugo. | |
| | | Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 19 Déc 2008, 17:40 | |
| Je verrai en temps et en heure et je te dirai ce que j'en pense. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Victor Hugo Ven 19 Déc 2008, 17:57 | |
| oui, je pense que beaucoup de choses me sont passées au dessus de la tête, Hugo est si riche ! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Victor Hugo Sam 20 Déc 2008, 06:56 | |
| suites des misérables
les livres de François Cérésa édités chez Plon, Cosette ou le temps des illusions et Marius ou le fugitif, sont autorisés à paraître.
Se mesurer à Hugo, faut oser !! | |
| | | Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 17:06 | |
| L'homme qui rit - rotko a écrit:
- Hugo est si riche !
C'est le moins qu'on puisse dire ! Le partie centrale du livre est plutôt ardue. Les deux premiers livres se lisent avec délice et facilité - même s'il sont extrêmement riches du point de vue des images, du sens... - mais après il faut s'accrocher. Victor Hugo nous propose une peinture de l'Angleterre du début du XVIIIe siècle extrêmement complexe : il explore aussi bien une partie des moeurs de la noblesse que la vie des plus misérables, sans oublier qu'il dépeint avec minutie les hommes de l'ombre (bas courtisans, agents de la justice, comprachicos...). Hugo, étant ce qu'il est, en met parfois un peu trop. La digestion est souvent difficile. Ce livre en scène l'histoire de plusieurs personnages. Il y a les saltimbanques : Ursus, Gwymplaine et Dea (je n'oublie pas Homo) et la haute noblesse : La reine Anne qui est davantage évoquée que réellement présentée, la princesse - demi-soeur morganatique de la reine - et son fiancé, le batard d'un lord exilé... Au début on a du mal à voir le rapport entre les deux sphères mais lorsque l'on se rapproche de la fin on comprend. Toujours est-il que pendant environ 400 pages Hugo présente ses personnages dans différentes situations, décrit leur psychologie, les liens qu'ils ont entre eux, la manière dont ils voient le monde. Grâce à ce procédé ils acquièrent une vraie profondeur. On comprend petit à petit qu'il est rare qu'une chose soit évoquée au hasard. Par exemple la liste des lords qui se trouve dans la green box d'Ursus. Tout ceci est monté en vue des 250 derniers pages. A partir de la page 500 le livre devient atrocement palpitant. Le ciel tombe sur la tête du lecteur... Je n'ai pas fini, je ne peux donc pas vous dire ce que je pense de la fin, mais je reviendrai... Désolée pour ce commentaire sur le vif, horriblement bordélique. | |
| | | Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 19:01 | |
| Je le connais bien plus en tant que poète que romancier, pour avoir lu Les Feuilles d'Automne, Les Orientales, Les Contemplations, et des extraits d'autres oeuvres, Les Châtiments notamment . Accessoirement, il y a eu Claude Gueux, qui m'avait bouleversée dans mon jeune temps. D'autres aussi, notamment une version des Misérables (abrégée, malheureusement, j'y ai été contrainte par les cours...). Hernani, aussi. Et l'incontournable préface de Cromwell. En seconde, j'avais dû acheter les Contemplations pour un devoir. Il fallait trouver un texte...et je l'ai dévoré toute la nuit. Une grande passion pour cet auteur. Passion qui s'est largement calmée quand je l'ai étudié plus sérieusement dans les années qui ont suivi. C'est un grand, un meuble, un indétrônable, je lui reconnais d'innombrables qualités, j'adore sa prolixité, son caractère romantique qui le faisait foncer dans tout ce en quoi il croyait (même si ça changeait tout le temps!), ainsi que son apport majeur à la littérature. Mais deux choses me dérangent désormais dans son oeuvre : son caractère mégalomane et incroyablement prétentieux, et son rapport à Dieu qui ne m'enchante pas (non en temps que croyance mais en tant que rapport à la foi). Un texte dont je raffole, dans Les Contemplations : Paroles sur la dune- Spoiler:
Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau, Que mes tâches sont terminées ; Maintenant que voici que je touche au tombeau Par les deuils et par les années, Et qu'au fond de ce ciel que mon essor rêva, Je vois fuir, vers l'ombre entraînées, Comme le tourbillon du passé qui s'en va, Tant de belles heures sonnées ; Maintenant que je dis : - Un jour, nous triomphons ; Le lendemain, tout est mensonge ! - Je suis triste, et je marche au bord des flots profonds, Courbé comme celui qui songe. Je regarde, au-dessus du mont et du vallon, Et des mers sans fin remuées, S'envoler sous le bec du vautour aquilon, Toute la toison des nuées ; J'entends le vent dans l'air, la mer sur le récif, L'homme liant la gerbe mûre ; J'écoute, et je confronte en mon esprit pensif Ce qui parle à ce qui murmure ; Et je reste parfois couché sans me lever Sur l'herbe rare de la dune, Jusqu'à l'heure où l'on voit apparaître et rêver Les yeux sinistres de la lune. Elle monte, elle jette un long rayon dormant A l'espace, au mystère, au gouffre ; Et nous nous regardons tous les deux fixement, Elle qui brille et moi qui souffre. Où donc s'en sont allés mes jours évanouis ? Est-il quelqu'un qui me connaisse ? Ai-je encor quelque chose en mes yeux éblouis, De la clarté de ma jeunesse ? Tout s'est-il envolé ? Je suis seul, je suis las ; J'appelle sans qu'on me réponde ; Ô vents ! ô flots ! ne suis-je aussi qu'un souffle, hélas ! Hélas ! ne suis-je aussi qu'une onde ? Ne verrai-je plus rien de tout ce que j'aimais ? Au-dedans de moi le soir tombe. Ô terre, dont la brume efface les sommets, Suis-je le spectre, et toi la tombe ? Ai-je donc vidé tout, vie, amour, joie, espoir ? J'attends, je demande, j'implore ; Je penche tour à tour mes urnes pour avoir De chacune une goutte encore ! Comme le souvenir est voisin du remord ! Comme à pleurer tout nous ramène ! Et que je te sens froide en te touchant, ô mort, Noir verrou de la porte humaine ! Et je pense, écoutant gémir le vent amer, Et l'onde aux plis infranchissables ; L'été rit, et l'on voit sur le bord de la mer Fleurir le chardon bleu des sables. Je ne m'en lasse pas.
| |
| | | Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 19:06 | |
| Au fait, à propos des Travailleurs de la mer, je me souviens d'un livre que j'avais vu qui combinait des photos de la mer avec des citations extraites de ce livre...Un petit bijou. Un dessin de Victor Hugo fait pour ce livre...magnifique. Sinon, un autre texte que j'ai adoré, jeune, et qui m'a profondément touchée, c'est celui là, paru dans Les Châtiments : - Spoiler:
Souvenir de la nuit du Quatre
L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche
Pâle s'ouvrait ; la mort noyait son œil farouche ;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : - Comme il est blanc ! approchez donc la lampe !
Dieu ! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! -
Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre ; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- II faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer,
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ! monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ? Je vous demande un peu :
II jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
II passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;
Cela n'aurait rien fait à monsieur Bonaparte
De me tuer au lieu de tuer mon enfant ! -
Elle s'interrompit, les sanglots l'étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l'aïeule
- Que vais-je devenir à présent toute seule ?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd'hui.
Hélas ! je n'avais plus de sa mère que lui.
Pourquoi l'a-t-on tué ? je veux qu'on me l'explique.
L'enfant n'a pas crié vive la République. -
Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas,
Tremblant devant ce deuil qu'on ne console pas.
Vous ne compreniez point, mère, la politique.
Monsieur Napoléon, c'est son nom authentique,
Est pauvre et même prince ; il aime les palais ;
Il lui convient d'avoir des chevaux, des valets,
De l'argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses ; par la même occasion, il sauve
La Famille, l'Église et la Société ;
II veut avoir Saint-Cloud, plein de roses l'été,
Où viendront l'adorer les préfets et les maires ;
C'est pour cela qu'il faut que les vieilles grand-mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps,
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans.
Jersey, 2 décembre 1852. Moon en mode modo : j'ai mis le texte en spoiler car il y a un fil consacré à la poésie d'Hugo. Je reposte le texte là-bas. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 19:43 | |
| Lula disait à propos de son amour pour Hugo - Citation :
- Passion qui s'est largement calmée quand je l'ai étudié plus sérieusement dans les années qui ont suivi. [...] Mais deux choses me dérangent désormais dans son oeuvre : son caractère mégalomane et incroyablement prétentieux, et son rapport à Dieu.
je serais tenté de dire le contraire. Plus on se penche sur Hugo, plus on a le vertige. Prends n'importe quel roman, mettons Notre Dame de Paris, réputé le plus abordable, et on découvre une avalanche d'images et de thèmes qui s'enchevêtrent. La préface de Maurel dans le livre de poche en donne une idée. Dans Quatre-vingt treize une échelle toute simple donne lieu à des résurgences programmées. Quel chef d'orchestre ! Son orgueil ne me gêne pas, pas plus que son rapport à Dieu qu'il devait prendre pour une de ses créations | |
| | | Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 19:51 | |
| Je trouve la personnalité de Victor Hugo fascinante. Je comprends tes réticences Lîlâ mais j'aurais plutôt tendance à réagir de la même manière que rotko. Son changement de bord et son engagement politique sont passionnants. Dans le film Adèle H de Truffaut on perçoit l'influence que V.Hugo a pu exercer sur sa famille ou sur ses contemporains.
Dernière édition par Moon le Mer 14 Jan 2009, 20:05, édité 5 fois | |
| | | Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 19:54 | |
| Je préviens tout le monde que Lîlâ n'est pas Lilas et je me retrouve avec Lula. Ceci étant, disons que son rapport à la poésie est très marqué par son rapport à Dieu. Et nombreux sont les textes où il devient Dieu à force d'être prêt de lui...Un peu de modestie ne fait pas de mal parfois. Immense, Victor Hugo a malheureusement trop eu conscience de son génie (indéniable), et a un peu beaucoup pris la grosse tête...Dommage, à mon sens. Car du coup, ses textes (notamment poétique) y perdent en pureté par moments. Après, pour la richesse des images, des symboles, la production effarante d'oeuvres, je ne nie rien...Disons que j'ai cessé d'être une fanatique de Victor Hugo pour devenir une simple admiratrice capable d'être touchée par lui ! Autre chose qui me fascine : sa vie, tout simplement. Un destin hors du commun, à la hauteur de son oeuvre... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 20:06 | |
| Quel courage il lui a fallu pour accueillir les communards à Bruxelles en dépit des injures : Barbey d'Aurevilly écrivait dans le figaro contre lui "Ecrivez votre prochain livre en allemand !" George Sand l'appelait le vieux toqué, et Montepin le traitait officiellement de "souteneur d'une secte d'assassins". On imagine mal la haine dont sa générosité fut l'objet. | |
| | | Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
| Sujet: Re: Victor Hugo Mer 14 Jan 2009, 21:05 | |
| Il ne pouvait qu'attirer haine, critiques et injures, puisqu'il était célèbre, puisqu'il avait des positions très fortes et des actes marquants qui dérangeaient par ce qu'ils révélaient et ce à quoi ils renvoyaient pour ses contemporains. Il a souvent mis le doigt là où ça faisait mal, et il a aussi, que ce soit sur la scène politique ou littéraire, osé foncer, tenter, agir.
ça ne pouvait que susciter des réactions extrêmes... L'homme étant malheureusement ce qu'il est. | |
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