Charles Dickens [Angleterre]

Pour Utopie qui désirait voir un fil sur Dickens, j'obéis en l'inaugurant avec une oeuvre mineure, à mon sens.

Wilkie Collins a écrit deux romans en collaboration avec Dickens, Le voyage paresseux de deux apprentis désoeuvrés ( the lazy tour of two idle apprentices)1857 et Voie sans issue (No thorougfare)1867.
Charles Dickens,Wilkie Collins, voie sans issue, les belles lettres.

Les bons sentiments triomphent, non sans mal !

A Londres, une jeune femme a confié son enfant aux Enfants Trouvés. Il sera ensuite adopté, héritera d'une jolie fortune, mais les hasards de la vie feront que, suite à une méprise, il s'en découvre l'indigne héritier. Plus tard, les véritables identités seront découvertes, et le bonheur sera le lot de qui le mérite. Mais au terme de longues aventures et tribulations entre l'Angleterre et la Suisse montagneuse.

C'est ici une sorte de roman pour adolescents, un peu dilué, dont certaines scènes frappent quand même l'imagination, notamment une tentative de meurtre en pleine montagne. Beaucoup de péripéties, un être vil, intelligent et méchant, et des amoureux qui se blottissent l'un contre l'autre dans l'adversité.

On préfèrera nettement les grands Dickens : David Copperfield, Les grandes espérances, La maison d'âpre-vent (bleak house).
Au passage, on préfèrera les traductions de Sylvère Monod, disparu cet été, et dont les préfaces, commentaires et appareils critiques dans la Pleiade sont essentiels.

Sylvère Monod était, en effet, un immense spécialiste de Dickens (et pas seulement), je recommande, en plus des 9 volumes de la Pléiade, son Charles Dickens romancier que l'on peut trouver en occasion.
Bleak House ( dont le titre est doté d'une TRES BELLE traduction française : La maison d'âpre-vent) est le roman le plus étrange de Dickens, peut-être mon préféré, mais également le moins "abordable" de front et le plus massif. A la fois écrit à la première personne du singulier et d'une manière impersonnelle, le roman relate - entre autres ! - le récit d'un interminable procès pour l'obtention d'un héritage (le procès Jarndyce contre Jarndyce). Beaucoup considèrent que Bleak house est le meilleur roman de Dickens et je suis presque de ceux-là. Disons que je mets ce livre à part, parce qu'il est échevelé, palpitant, noir et très collinsien. Sa tructure est extrêmement complexe. Dickens tire tant de fils autour de ses personnages- marionnettes que l'on a presque peur qu'il ne finisse pas ne plus retrouver LE fil conducteur. Bien sûr, cette crainte est infondée, car Dickens est le meilleur. Je doute plus de Dieu que de lui. Beaucoup d'images sont gravées dans mon esprit lorsque l'on nomme devant moi La maison d'âpre-vent. Tout le monde se souvient, au moins, de cette intrigante mort par "combustion spontanée" !

Et c'est Sylvère Monod qui l'a traduit, ce bleak house et qui en fait une preface-étude dans la pleiade.

Oui, j'aimerais le relire ! je l'ai lu dans une bibliothèque car ce livre ne devait pas sortir, et j'avais déja imaginé des ruses pour aller plus vite : me cacher dans les toilettes par exemple à l'heure du repas.

Mais le ciel m'a preservé de séjours prolongés en des lieux malodorants : une tempête de neige avait suspendu pendant huit jours toute activité, et j'ai pu me consacrer à plein temps à la lecture...

Dickens est le père du Roman. J'aime tout de lui.
Le Grillon du foyer, par exemple, contient certaines idées qui me hantent encore.
Est-ce le sujet approprié pour parler de ses adaptations cinématographiques ?

Merci Rotko pour avoir initier ce fil, je vous lis et me demandais par quel livre commencer ...

Pour commencer, David Copperfield ou De grandes espérances me paraît un excellent choix.
Sur l'un des personnages du second roman, la célèbre Miss Havisham, j'avais écrit un petit truc, si cela peut t'aider dans ton choix :
http://rosesdedecembre.blogspot.com/2005/09/miss-havisham-ou-linconsole.html
Dickens, c'est un univers poétique, un sens du récit exceptionnel (une force vous oblige à tourner la page), de la cruauté, de l'humour et des personnages inoubliables. On ne se trompe jamais en choisissant de lire un roman de Dickens.

J'aurais une préférence pour de grandes espérances car la scène d'incipit est tellement inattendue, qui fait intervenir un forçat. Par la suite on se demande toujours d'où vient l'aisance dupersonnage principal - Pip.

En fin des considérations sur la justice/l'injustice, le sentiment de culpabilité donnent d el'envergure à un récit palpitant.

Merci bien à vous deux, bien je vais voir en bibliothèque ce qu'ils ont et suivre vos idées, j'ai un paquet de livres en attente, je donnerai suite sans faute mais peut-être pas tout de suite !

Je suis justement entrain de lire De grandes espérances de Dickens et je suis très prise dans l'histoire mais il y a un petit bémol : la traduction de Charles Bernard-Derosne n'est pas franchement excellente.

Je relis un peu par hasard Oliver Twist, qui me rappelle ce jugement de Dostoievski : "Coeur de glace sous l'effusion des sentiments".

L'impression qu'il ne souffre pas avec ses personnages. Il y aurait d'ailleurs une lecture "sadienne" de l'oeuvre de Dickens, fondée sur le sentiment qu'il se délecte de scènes particulièrement humiliantes.

Je suis preneur de ces éléments.
Si tu peux fournir les références, ça m'intéresse.

Il est vrai que certaines peurs de l'enfance paraissent anodines à un lecteur inattentif de Dickens, alors qu'il s'agit de véritables cauchemars. Ainsi Peggotty dans David Copperfield n'est sans doute pas aussi bienveillante qu'on le croit, ou qu'elle s'imagine.

Je pense à une scène dans une église, en particulier, mais je n'ai pas un souvenir assez précis du passage.

Nestor a écrit:

Au passage, on préfèrera les traductions de Sylvère Monod, disparu cet été, et dont les préfaces, commentaires et appareils critiques dans la Pleiade sont essentiels.

A propos de Sylvère Monod, la préface et la traduction des Grandes espérances chez Folio sont également de lui. Au début j'avais commencé ma lecture sur une vieille édition livre de poche de la bibliothèque et finalement je me suis achetée le livre en Folio.

Au passage j'avance dans ma lecture, toujours aussi passionnante !

Portrait de Scrooge dans un chant de Noël de Dickens.

Citation :

Le vieux pendard savait mieux que personne pressurer, tordre, gratter et tondre. Dur et tranchant comme un silex, un silex dont jamais acier ne fit jaillir une étincelle généreuse ; secret, renfermé et aussi solitaire qu’une huître.

Le froid qui l’habitait glaçait les traits de son vieux visage, pinçait son nez pointu, fripait sa joue, rendait sa démarche roide, ses yeux rouges, ses minces lèvres bleues ; et s’exhalait en âpreté dans sa voix grinçante. Un givre blanc couvrait sa tête, ses sourcils, son menton maigre.

Il transportait partout avec lui sa propre température à frimas; il glaçait son bureau pendant la canicule et ne le dégelait pas d’un seul degré à Noël.

J'aime bien cette volonté de Dickens dans un chant de Noël de faire une thérapie de choc pour Scrooge, homme au coeur sec, dont l'evocation des Noëls passés de l'enfance ont pour but sa rééducation.

On remonte ainsi aux sources de son manque de generosité. L'amener à regarder ses semblables, y compris le regard qu'ils peuvent avoir sur lui-même, devient une entreprise salutaire quand Scrooge est devenu mécanique et destructeur, agent de la méchanceté ambiante.

Il ne faut certes pas lire une "adaptation" de Dickens comme c'est très souvent le cas, mais le texte complet. Il est dans la Pleiade dans le tome de nicolas Nickleby, avec des notes qui éclairent quelques allusions contemporaines.

Le chant de NOEL a été publié à Noel 1843.

C'est un conte oral - avec reprises et prises a témoin de l'auditeur, en 5 couplets. Dickens y attaque comme dans Oliver Twist la loi des pauvres de 1834 qui supprimait les secours à domicile et dans les hospices rendait obligatoire la séparation des époux.

C'est allucinant je ne trouve pas un Chant de Noël ! Ni dans ma librairie, ni à la fnac, ni à la bibliothèque. Desespérant!

Sinon pour ce qui des Grandes espérances, c'est un livre absolument bouleversant. J'ai adoré les derniers chapitres. C'est un livre cruel, mais au fond pas autant que j'avais pu le craindre. Un livre à lire sans aucun doute !

prends le ici chefs d'oeuvre universels gallimard jeunesse
A la fnac ils proposent deux auteurs et je crains un adaptation
Un chant de Noël
Charles Dickens Patrick James Lynch.

Il s'agit en, fait d'annotations à son exemplaire d'un roman de Dickens. J'essaierai de te fournir les références précises mais là je suis débordé.

Dickens et le Kent

c'est à Chatham, dans le Kent, que la famille Dickens s'installe cinq ans après la naissance du jeune Charles, en 1812. Et c'est à Gad's Hill, sa maison de Rochester, que l'écrivain terminera sa vie, en 1870.

A Broadstairs se trouve Dickens House Museum, un cabinet de curiosités situé dans la belle maison de style Tudor où vécut Mary Pearson Strong, la femme qui servit de modèle au personnage de la tante Betsey Trotwood, dans David Copperfield.

Sur une falaise, se dresse un manoir majestueux. Datant des années 1790, la bâtisse s'appelle Bleak House, comme le roman de Dickens (connu en français sous le nom de La Maison d'Apre-Vent). C'est là que ce dernier séjournait quand il ne pouvait descendre à The Albion, son hôtel favori à Broadstairs.

Chatham est devenue le siège du Dickens World, le tout nouveau parc d'attractions entièrement basé sur son oeuvre.

Rochester a servi aussi de cadre aux grandes espérances et au mystère d'edwin drood

Merrill Turner, in lemonde.

Dickens... un de mes auteurs préférés. De grandes espérances et David Copperfield sont des chefs d'oeuvre. Je me suis plongée avec délectation et plaisir dans ces aventures. Il y a un mélange étrange de tristesse, de joie, de peur, d'effroi, de mélancolie surtout, que je n'ai jamais retrouvé ailleurs, en tout cas sous cette forme. Les personnages sont tous très riches, jusqu'aux personnages secondaires, à qui Dickens confère une véritable épaisseur. Une des 1ères citations que j'ai apprise dans ma vie, dans David Copperfiled : à l'heure et au lieu précités, on pourra trouver les vestiges de ce qu'il reste d'une tour écroulée. (M. Micawber) Je trouve cette phrase extraordinairement belle, tant dans le sémantisme que stylistiquement.

Je suis plongé depuis hier soir dans les Grandes Espérances et je me régale.
Et dans le chapitre 7, je tombe sur le texte suivant (dialogue entre le héros Pip et Joe, son beau-frère forgeron) :

Citation :

« Ta soeur s’est adonnée au gouvernement.
Adonnée au gouvernement, Joe ? repris-je étonné ; car il
m’était venu la drôle d’idée (je craignais et j’allais même jusqu’à
espérer) que Joe s’était séparé de sa femme en faveur des Lords
de l’Amirauté ou des Lords de la Trésorerie.
– Adonnée au gouvernement, répéta Joe ; je veux dire par
là qu’elle nous gouverne, toi et moi.
– Oh !
– Et elle ne tient pas à avoir chez elle des gens instruits,
continua Joe, et moi moins qu’un autre, dans la crainte que je
ne secoue le joug comme un rebelle, vois-tu. »

Texte qui me paraît très actuel, non ?
Notre société est toujours régie sous ce même principe !

Je viens de terminer De Grandes Espérances.
C'est un pavé dans lequel on ne s'ennuie jamais. Pleins de rebondissements, et de suspens, on passe de la joie à la souffrance, de l'espérance aux désillusions, en passant par l'indignation, la colère, les regrets, les remords, le soulagement...

Un grand roman (mon premier de Dickens) qui me donne envie de creuser encore un peu de l'autre côté du channel.
Que j'aime la littérature de l'Angleterre du XIXe siècle...

Je suis aussi plongée dans cette grande fresque. Quelle atmosphère, quelle imagination mais surtout quelle violence entre les personnages.
On a l'impression que l'amour est un concept de notre siècle.

Notamment l'amour des enfants.

On revient de très loin.

A suivre...

Je viens de terminer Voyage en Amérique sorte de carnet de voyage de Dickens en Amérique en 1842. Comme beaucoup de carnet de voyages, le livre en dit plus sur l'auteur que sur le pays, même si Dickens essaie de rendre compte de façon précise de ses visites.

Il raconte les différents moyens de transports, avec beaucoup d'humour, les visites dans les écoles, les prisons, les maisons pour handicapés.
On trouve de nombreuses pages indignées, pour protester contre l'esclavage.

un extrait sur la secte de Shakers:

"Les shakers tiennent leur appellation de leur façon particulière de révérer la divinité, façon qui consiste en une danse exécutée par les hommes et les femmes de tous âges, qui à cet effet se disposent en deux groupes se faisant face: les hommes commencent pas ôter leur chapeau et leur veste, qu'ils suspendent au mur avec gravité avant de se livrer à la cérémonie, puis ils entourent leur manche de chemise d'un ruban comme s'ils allaient se saigner. ils marmonnent alors une sorte de bourdonnement, de vrombissement, et dansent jusqu'à épuisement une sorte de fox-trot."

Je viens de terminer Les Aventures d'Olivier Twist, je trouve l'histoire très attachante.
Et comme il a été dit précédemment (pour un autre ouvrage de Dickens) :

Harelde a écrit:

Pleins de rebondissements, et de suspens, on passe de la joie à la souffrance, de l'espérance aux désillusions, en passant par l'indignation, la colère, les regrets, les remords, le soulagement...