Charles de Gaulle, homme de lettres...?

Ces fameuses mémoires ne concernent que la 2nde guerre mondiale ? Ou le général aborde t-il aussi la question de l'Algérie ?

Pfiou, nourrir l'attachement à la patrie... Je vais avoir du mal, personnellement. J'aurai plutôt envie de leur dire : "Vous vivez dans un monde pourri, géré par des pourris, essayez au moins de survivre..."
Enfin bon. Ce monde me désole.

En tant que professeur de français, c'est surtout en vantant la littérature française, d'ailleurs, la grande majorité des oeuvres étudiées sont d'écrivains français.

De fait, petit à petit, nait dans l'esprit des enfants, élèves, étudiants, qu'il y a une grande littérature, celle de la France, les autres pays ont aussi de bons écrivains mais cela n'arrive pas au niveau...

Et, encore une fois, c'est pareil dans tous les grands pays... Russie, États-Unis, Angleterre, Espagne, Italie...

C'est une propagande passive, c'est par le programme et son déroulement que les axiomes se construisent d'eux-mêmes...


En Histoire et en Géographie, le professeur doit davantage s'impliquer, on ne passe rien sous silence mais le volume horaire alloué fait que l'on parle pendant la moitié du temps de la France, puis 40% Europe (avec surtout la place de la France) et 10% reste du monde... et on parle surtout des éléments qui la mettent en avant.

Na pas le faire serait aller contre les programmes (L'inspecteur ne te manquera pas) et aller contre la mission de formation de futurs citoyens libres certes, responsables certes mais aussi attachés à leur patrie (bis repetita).

Kervinia a écrit:

Pfiou, nourrir l'attachement à la patrie... Je vais avoir du mal, personnellement. J'aurai plutôt envie de leur dire : "Vous vivez dans un monde pourri, géré par des pourris, essayez au moins de survivre..."
Enfin bon. Ce monde me désole.

Tu peux dire cela tant que dans ton acceptation du monde, il n'y a pas la France... ^^


Et puis, tu seras professeur de français, tu n'auras pas besoin de t'impliquer dans un sens comme dans un autre, juste respecter le programme. Ne t'inquiète pas...


Pour en revenir au sujet, je trouve que ce n'est pas, a priori, une mauvaise chose, cela va permettre de construire bien de ponts entre le programme d'histoire et de français.

Harelde78 a écrit:

Ces fameuses mémoires ne concernent que la 2nde guerre mondiale ? Ou le général aborde t-il aussi la question de l'Algérie ?

Monsieur Harelde plaisante

Citation :

Tome 3, Le salut : 1944-1946

quelle question algérienne ? "l'Algérie, c'est la France" !

mais..... les massacres de Setif ont lieu en 1945.

Dans les départements français d'Algérie, certains musulmans espèrent que sera mis en application le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Parmi eux Messali Hadj, chef du PPA (Parti Populaire Algérien), interdit depuis 1939.

Messali Hadj ayant été jeté en prison, 20.000 de ses partisans défilent le 1er mai 1945 à Alger en sa faveur. Le matin du 8 mai, une nouvelle manifestation survient à Sétif aux cris de «Istiqlal , libérez Messali».

Les militants du PPA ont reçu la consigne de ne pas porter d'armes ni d'arborer le drapeau algérien mais un scout musulman n'en tient pas compte et brandit le drapeau au coeur des quartiers européens.

La police se précipite. Le maire socialiste de la ville, un Européen, la supplie de ne pas tirer. Il est abattu de même que le scout. La foule, évaluée à 8.000 personnes se déchaîne et 27 Européens sont tués dans d'atroces conditions. L'insurrection s'étend à des villes voisines, faisant en quelques jours 103 morts dans la population européenne.

La répression est d'une extrême brutalité. L'aviation elle-même est requise pour bombarder les zones insurgées. Après la bataille, les tribunaux ordonnent 28 exécutions et une soixantaine de longues incarcérations. Officiellement, les autorités françaises estiment que le drame aura fait 103 morts chez les Européens et 1.500 chez les musulmans. Les autorités algériennes parlent aujourd'hui de 45.000. Les historiens spécialistes évoquent quant à eux 8.000 à 20.000 morts


source : le site hérodote

Pour ceux qui se posent la question, on passe, en histoire, environ 2h sur la question algérienne en terminale S. (Si cela n'a pas changé en 3 ans, après, même si, on peut toujours en parler comme étude de cas).

Le numéro d'aujourd'hui de La Croix propose une intervention très intéressante d'Antoine Compagnon, qui justifie le choix des Mémoires de De Gaulle au programme de terminale.
Le début de l'article :" J'ai lu d'un bout à l'autre les Mémoires du général De Gaulle il y a une vingtaine d'années avec un immense intérêt. Je ne vois pas pourquoi leur troisième tome, sur les années 1944-1946, ne pourrait pas être étudié comme un texte littéraire. Ces Mémoires sont d'(ailleurs disponibles dans la Pléiade. Publiés il y a plus de cinquante ans, ils font incontestablement partie de notre patrimoine littéraire. Il n'y a donc rien de choquant dans cette proposition".

Une phrase me paraît particulièrement riche de sens : "Je crois même que si lon lit bien De Gaulle, on mesurera encore mieux toute la distance qui sépare le style du Général de celui du président actuel".

Les mémoires de De Gaulle incluent-elles la décolonisation ?
Je pense que Rotko avait compris la question, non ? et qu'il se moque une nouvelle fois ?

Doit-on éviter de lire (et faire lire) une oeuvre parce qu'elle est tendancieuse (ce qui est évidemment le cas ici) ? Parce qu'elle présente un point de vue personnel et orienté sur la période envisagée ? La lecture de De Gaulle empêche-t-elle les professeurs de nuancer ses propos, et même souvent de les corriger, en s'appuyant sur la recherche historique et d'autres témoignages ? Les qualités stylistiques de l'auteur sont-elles en cause ? Est-il inenvisageable qu'un gouvernement de gauche puisse adopter la même mesure ?

Bien sûr, on peut tout étudier, et tout support peut faire réfléchir ou provoquer des réflexions annexes, des compléments critiques, si le volume horaire est suffisant, et la participation acquise.

Le tout est de savoir si, au niveau littéraire, les Memoires de De Gaulle ouvriront l'esprit de lycéens -qui ne sont pas tous motivés, sur la litterature et l'art d'aujourd'hui.

Je suggère donc, dans l'esprit gaullien, de faire un referendum :

voulez-vous étudier les écrits de Charles de Gaulle ou de Jack Kerouac ?

La motivation ne joue-t-elle pas un rôle ?

Sans compter que les lycéens verraient que certaines idées babacool circulant sur Kerouac, (l'appel de la route, la drogue et le mysticisme par exemple), gagnent à être examinées au contact de ceux-là mêmes qui sont supposés en être les initiateurs.

Harelde, nulle moquerie à ton égard, mais de l'ironie sur la supposée acceptation officielle de sujets sensibles de la part d'un gouvernement (1) qui voulait un enseignement positif de la colonisation, qui organise des manifestations contre le film Hors la loi etc.

(1) en l'occurence, pour le film de bouchareb, un député et un préfet relevant de la majorité sont des personnages officiels.

rotko a écrit:

Harelde, nulle moquerie à ton égard.

:cho:

J'ai eu du mal à trouver les prix littéraires obtenus par le général de Gaulle,

- sauf qu'il avait postulé pour et obtenu le prix Marcellin Guérin de l’Académie française.A l'académie française on trouve, c'est vrai, des généraux et des prélats qui n'ont pas eu leur place ailleurs.

Franchement, que font les jurys de concours littéraires !

Ignorer aussi longtemps un homme aussi en vue !

Pourtant ce ne sont pas les courtisans qui manquent, et s'il fallait décerner un prix aux courtisans, le jury aurait du pain sur la planche.

C'est sans doute pourquoi ce prix n'existe pas.

On a eu récemment un prix Nobel. Ils ne sont pas si nombreux à être nobélisés, les Français.

On pouvait donc s'attendre à un Claude Simon au bac, par exemple...

Autrement, j'aurais bien vu Le Clézio avec deux livres : le rêve mexicain ou désert, qui allient la qualité littéraire aux disciplines historiques et à l'anthropologie.

rotko a écrit:

On pouvait donc s'attendre à un Claude Simon au bac, par exemple...

Eh bien bon courage aux élèves ; C. Simon n'est déjà pas facile à étudier à la fac, alors en terminale, je n'imagine même pas...

et Le Clezio ?
d'accès relativement facile, il se révèle riche à l'étude, litteraire autant qu'interdisciplinaire...

Je me demande d'ailleurs s'il n'a pas déjà été étudié au bac.

Alors, mettons Julien Gracq qui a refusé d'entrer à l'academie, alors que contre tout protocole, et chacun sait que les protocoles dans cette institution... Jean Mistler était allé le solliciter à saint-Florent-le-vieil, que Mitterrand s'invitait chez lui où il se rendait avec helicoptères et escadrons de gendarmerie etc...

Julien Gracq, compagnon du surréalisme, refusant le Goncourt et la legion d'honneur, universellement admiré alors qu'il ne se prêtait pas aux consécrations, ne serait-ce pas le moment de l'ancrer dans le patrimoine littéraire ?
l'homme s'effacait devant son oeuvre, faisons-la connaître, il y a de quoi dire...

Marie kiss la joue a écrit:

rotko a écrit:

On pouvait donc s'attendre à un Claude Simon au bac, par exemple...

Eh bien bon courage aux élèves ; C. Simon n'est déjà pas facile à étudier à la fac, alors en terminale, je n'imagine même pas...

Alors, là, je suis du même avis. ^^''

Le Clezio, je ne le connais que de nom. =X

rotko a écrit:

Julien Gracq, compagnon du surréalisme, refusant le Goncourt et la legion d'honneur, universellement admiré alors qu'il ne se prêtait pas aux consécrations, ne serait-ce pas le moment de l'ancrer dans le patrimoine littéraire ?
l'homme s'effacait devant son oeuvre, faisons-la connaître, il y a de quoi dire...

Le problème avec Gracq, outre la difficulté de l'œuvre, c'est la disponibilité. Gracq est seulement édité chez José Corti, qui ne propose pas de livres de poche...

Oui, et faut penser aux petites bourses. ^^'

Le Clezio et Gracq figurent depuis longtemps dans les listes d'auteurs conseillés officiellement au lycée.
Connaissez-vous Lullaby ? C'est une très jolie nouvelle de Le Clezio que je faisais lire au collège. D'autres nouvelles comme La ronde et autres faits divers arrivent aussi à plaire aux élèves de lycée.

j'appuie Nicyrle : La ronde et autres faits divers se prêtent bien à une lecture approfondie.

les propositions que je faisais visaient à untegrer d'autres disciplines comme l'histoire ou l'anthropologie ou les arts visuels.

Bien que l'on s'éloigne un peu du sujet, je suis bien d'accord avec vous deux dans un sens donné.

On arrête pas de nous dire qu'il faut des oeuvres adaptées au niveau des élèves mais la collection de Monsieur Petit n'est pas assez diffusée pour servir en terminale...

De fait, je pense qu'il faut renverser la nécessité et au contraire, amener des élèves vers des oeuvres toujours plus complexes qu'ils comprendront car ils auront fait l'effort...

Je suis d'accord Merwyn, mais je pense quand même qu'il tâcher de concilier, dans la mesure du possible, difficulté et intérêt de l'oeuvre. Etudier Claude Simon, par exemple, n'est pas du tout sans intérêt, au contraire, mais je doute que cela puisse passionner sur le long terme des élèves de 17-18 ans. Et pour cause : pas de réelles péripéties (je n'ai pas tout lu de C.Simon, loin s'en faut, je déduis cela d'après ce que je connaîs de son oeuvre), pas de "fil conducteur". Je ne dis pas qu'il ne faut pas être ambitieux, mais juste réaliste. Après, évidemment, tout dépend de l'enseignant, qui saura rendre intéressante l'étude de l'oeuvre.

je crois possible l'étude de la route des Flandres;

c'est d'ailleurs le seul que j'aie lu, et ma lecture demanderait à être rafraîchie.
Cette approche de la guerre et des combats, littérairement intéressante, avec des accents de Stendhal et de Céline, n'a rien d'un topos de stratège officiel.