Philippe Besson

Philippe Besson, L'arrière-saison, Julliard.
2260016103
Un monde distant et quelque peu désenchanté.

Le tableau d' Edward Hopper, The nighthawks, sur la page de titre, cible essentiellement la situation et les personnages, quand l'autre moitié du tableau, sur la quatrième de couverture, introduit la distance, comme un au-revoir. Ainsi à la lecture du livre, on vit avec les personnages dans le café "chez Phyllis", et à la fin nous les quittons quand ils sortent du café, et se séparent.
Chacun découvrira l'histoire. Ecoutons pourtant les dialogues échangés :

-"Rachel ne t'a pas accompagné à Hyannis ?
- Rachel et moi, nous sommes séparés."

Concision des paroles qui fait contraste avec les turbulences intérieures qu'elles déclenchent. Sur les visages rien ne transparaît, mais l'essentiel se joue à l'intérieur. On pense être sur la terre ferme, mais "du café dont deux fenêtres sont ouvertes, on croirait entendre l'ocean qui gronde, les vagues qui roulent et se jettent contre les falises, le choc de l'eau et du granit en contrebas."
Dans le silence et l'indifférence affichée des attitudes, chacun décrypte intérieurement les significations et les souvenirs, analyse les paroles et les mimiques.
Drames de personnages somme toute assez ordinaires, évocations de ruptures et des cicatrices laissées, précarité des couples ; la tranquillité apparente cache encore l'inévitable déclin de "l'arrière-saison". Philippe Besson sait choisir ses titres.

j'ai adoré ce livre...
j'ai lu du même auteur UN GARCON D'ITALIE : "L'action se passe à Florence. Trois personnages : deux hommes Luca et Léo et une femme Anna. La mort de l'amant des deux autres est au coeur du roman et prétexte à une quête d'identité. Un roman âpre et fort, l'auteur est comme ses personnages sur le fil en quête d'équilibre.

Mon premier Ph. BESSON : EN L'ABSENCE DES HOMMES

Eté 1916, un jeune aristocrate Vincent de l'Etoile né avec le siècle (20ème) trouvera l'amour dans les bras d'un jeune militaire Arthur Valès né de père inconnu qui sera malheureusement tué à la guerre de 14. Le confident de cette "amitié particulière" se révèlera être un écrivain du nom Marcel Proust. Celui ci lui offrira une écoute attentive mais lorsque Vincent découvre après la mort de son amant la véritable identité de cet ami, il ne pourra que trouver la paix dans la fuite...

Une fiction où intervient le personnage de Proust, une lecture dont on ne ressort pas indemne...

J'avais lu L'Arrière saison à sa sortie...

Et je n'avais pas du tout aimé.
Si je reconnais pas mal de qualité à l'écriture, je n'ai pas du tout accroché, l'histoire m'a ennuyée.
Mais je ne suis pas objective ! J'adore Hopper, et pour moi ce tableau, c'était tout autre chose, et je ne retrouvais rien de tout cela dans le roman.

MerlineM a écrit:

j'ai adoré ce livre...
j'ai lu du même auteur UN GARCON D'ITALIE : "L'action se passe à Florence. Trois personnages : deux hommes Luca et Léo et une femme Anna. La mort de l'amant des deux autres est au coeur du roman et prétexte à une quête d'identité. Un roman âpre et fort, l'auteur est comme ses personnages sur le fil en quête d'équilibre.

Personnellement je n'ai pas aimé "un garçon d'Italie".

rotko a écrit:

Personnellement je n'ai pas aimé "un garçon d'Italie".

Par une belle nuit d'insomnie comme cette nuit, j'ai fini Delerm (qui a bien failli réussir a me rendormir) et commencé Un Garcon d'Italie de Besson (qui a bien failli m'empecher de me rendormir lui)

J'ai lu une soixantaine de pages et pour le moment, je suis sous le charme... j'attends la suite :-)

Roudi

bien ! je vous laisse donc lire en paix le "garçon d'Italie", et je donnerai mon avis ensuite. Je ne suis pas étonné de n' être pas tombé sous le charme d'un "garçon", même d' Italie, mais ce n'est pas, je crois , la maifestation d'un prejugé homophobe.... bonne lecture !

Je n'ai pas lu L'Arrière-saison.

En revanche, Un garçon d'Italie et Un instant d'abandon, qui m'ont porfondément déçue. Début à chaque fois très prometteur, pour ensuite me laisser assez perplèxe.

Bon voilà, j'ai fini "Un Garcon d'Italie" .. ce livre est je trouve construit d'une maniere originale (un livre écrit à trois voix).. il est aussi découpé en trois morceaux (ou quatre ? j'ai déjà oublié ) : le premier m'a vraiment emballé, le second était longuet à mon sens, et le troisième m'a réconciliée avec le livre...

En conclusion, je ne sais pas encore si j'ai aimé ou pas (l'opinion final viendra avec le recul), en revanche, il ne m'a pas laissé une aussi belle impression que "Son frère" qui m'avait beaucoup touchée.

je peux y aller avec mes impressions sur un garcon d'Italie, sans risque de deflorer une lecture en cours ?

pour moi oui :-)
hate de lire ce que tu en as pensé !

J'ai lu, en très peu de temps, avec un peu d'ennui et de déception, "Les jours fragiles" où Philippe Besson donne la parole à Isabelle Rimbaud, soeur d'Arthur bien sûr.
Elle évoque les derniers jours de la vie du poète. Elle les passe à ses côtés.

Citation :

J'avais lu L'Arrière saison à sa sortie...

Et je n'avais pas du tout aimé.
Si je reconnais pas mal de qualité à l'écriture, je n'ai pas du tout accroché, l'histoire m'a ennuyée.
Mais je ne suis pas objective ! J'adore Hopper, et pour moi ce tableau, c'était tout autre chose, et je ne retrouvais rien de tout cela dans le roman.

C'est exactement ce que j'ai dit à Philippe Besson quand je l'ai rencontré Il a tiré la gueule alors que je lui avais dit auparavant avoir été touchée par d'autres livres qu'il avait écrit. J'ai ajouté qu'il avait fusillé mon Hooper, et qu'en sortant de la lecture de son livre je lui en voulais beaucoup, et que depuis, je m'étais fait une raison

rotko a écrit:

je comprends que Besson n'ait pas été content si tu as usé a son endroit des termes utilisés sur ton billet !

Un bel hommage à la peinture d'Edward Hopper.

Dans ce roman dédié à Patrice Chéreau - qui a mis en scène le roman "Son frère", Philippe Besson axe tout sur le visuel ; par exemple des "arrêts sur image", que les flash back lestent d'une signification dramatique.
Ou des scènes d'intérieur quand le regard de chacun des trois protagonistes principaux se pose sur l'autre qui est "la moitié d'un couple", d'amants ou d'amis.

Voila des exemples précis;

Dans les notations extérieures du roman, le lecteur retrouve des tableaux de scènes de rue,

http://www.ibiblio.org/wm/paint/auth/hopper/street/ ou de paysages
http://www.ibiblio.org/wm/paint/auth/hopper/landscapes/ et l'atmosphère d'un "Cape Cod Afternoon".

Excellente introduction dans l'univers de Hopper.

D'un livre à l'autre, l'auteur peut se montrer plus ou moins inspiré, ou..... le lecteur plus ou moins réceptif !
J'avoue - sans me sentir coupable, n'avoir pas aimé de Philippe Besson, Un garçon d'Italie, (Julliard).

"qu'est-ce que je fous-là ?" me suis-je dit :-) Voici pourquoi :

- "

Citation :

Je me demande comment je peux appartenir à ce monde-là, de la délinquance, de la dérive."

s'écrie Anna p 85. Pour moi c'est le signal du départ, et j'abandonne ma lecture ! :-)

Résumé des épisodes précédents.

Luca est mort, sa compagne Anna apprend la nouvelle et connaît le vide de l'absence. Leo, le jeune homo, se rappelle un ami très intime. Ces troix voix alternent dans des chapitres très courts, d'une page et demie à trois pages maximum.

L'ensemble est écrit correctement,les petites nuances d'ironie chez Luca - le mort parlant, les interrogations d'Anna, le désarroi de Leo, j'étais prêt à les accepter.

Mais ne voir que de temps en temps la compagne aimée, vivre une liaison homosexuelle avec un qui tapine régulièrement à la gare, ce n'est pas mon monde. Je me sens bien extérieur à toutes ces pratiques. Pour moi, le texte reste froid, et le retour mécanique des trois interlocuteurs ne crée pas d'émotion.

Voilà donc pourquoi j'ai boudé ce livre !

Citation :

Mais ne voir que de temps en temps la compagne aimée, vivre une liaison homosexuelle avec un qui tapine régulièrement à la gare, ce n'est pas mon monde. Je me sens bien extérieur à toutes ces pratiques. Pour moi, le texte reste froid, et le retour mécanique des trois interlocuteurs ne crée pas d'émotion.

j'ai lu ce livre voici deux ans...
Je ne suis pas d'accord avec ton raisonnement, est ce qu'il faut appartenir à une société, à un monde pour pouvoir juger ou être en adéquation avec ce dernier ? Je ne suis pas homo et tant bien que même ce n'est pas une honte ni une maladie et je ne me suis pas sentie gênée pour autant..Certes les passages sont froids mais à l'image de cet amour tarifé, froid et mécanique...Je me sens moi même extérieures à ces pratiques mais elles existent, elles font partie de la société et même si nous ne sommes pas en adéquation on ne peut les nier...je suis allée au bout de ma lecture car je voulais savoir pourquoi Luca était mort...Cette double vie ne m'a pas gênée, elle est le fruit d'une vie , la sienne double comme parfois peut l'être l'Homme (l'être humain).

oui, je sais bien que ces pratiques et ces amours existent, mais je me sens pas concerné par ce monde là qui n'est pas du tout le mien ! je ne crois pas que ce soit un moralisme deguisé, mais si le sujet m'est complètement étranger, je décroche.

Et puis oui, je suis choqué qu'on aime un tapineur. C'est une conception de l'amour qui n'est "pas mon genre".

Citation :

mais si le sujet m'est complètement étranger, je décroche.

je comprends ton point de vue mais je ne le partage pas et c'est chouette car ca permet le dialogue et la discussion...j'aime bien parfois être confrontée à des sujets qui me sont étrangers ca me permet parfois de ne pas porter de jugement de valeur et d'avoir une certaine empathie pour l'autre...parfois ca passe parfois non...

Citation :

Et puis oui, je suis choqué qu'on aime un tapineur. C'est une conception de l'amour qui n'est "pas mon genre".

ce n'est pas ma conception non plus mais je la tolère...pourquoi stigmatiser cet homme ? il ne commet pas de crime...si ce n'est au nom de la sacro sainte morale ?!!!

rotko a écrit:

Et puis oui, je suis choqué qu'on aime un tapineur.

Je n'ai pas non plus aimé ce roman. Et puis il y a trop longtemps pour que je m'en souvienne avec précision, mais il me semble quand même que le lecteur recevait peu d'indices sur "l'étoffe" de la relation entre le mort et le tapineur.

Dans mon souvenir toutefois, il y avait au moins eu échanges sur des lectures, cfr. le volume que l'on retrouve après la mort et qui met Anna sur la piste de cette relation parallèle.

Elle n'est donc pas - malgré tout le mal/bien que l'on puisse penser de cette 'conception de l'amour' - réductible à un simple "échange entre 'cueilleur' et tapineur".

Mais qu'est-ce qui persiste d'une telle lecture ? Là est mon problème avec ce genre de romans, aussitôt refermés on a envie de les oublier.

colbrune a écrit:

Mais qu'est-ce qui persiste d'une telle lecture ? Là est mon problème

Ca depend de chacun, il y a un coefficient personnel de receptivité de chaque lectuer à un roman, on le verra dans "Comment lisez-vous" in forum "pratiques culturelles"

c'est marrant les perceptions différentes qu'on peut avoir d'un livre... moi le côté tapineur, homo, m'a absolument pas gênée voire meme je m'en fichais un peu.. homme / femme - homme / homme - tapin / pas tapin...
tout ca m'est passé à côté.. j'ai plus retenu le côté : "j'entretien une relation avec qqun assez conventionnelle, et j'entretien une relation amitié forte avec qqun d'autre mais cachée de tous... " "mon jardin secret" , donc j'ai juste vu un dialogue a trois voix plutot que le contexte , meme si ca joue beaucoup évidemment...
enfin bref
(c'est pour ca que je relis, paske je passe a coté de tout plein de choses a chaque fois )

Citation :

, donc j'ai juste vu un dialogue a trois voix

c'est exactement ce que j'ai ressenti Roudita, un dialogue à trois voix et surtout l'amour du même homme...


On ne peut pas dire que cela soit de la grande littérature mais je trouve que l'idée de faire parler un mort avec le vocabulaire idoine était une bonne idée, j'ai aimé la fin aussi, on ne s'attend pas à une mort aussi commune...

Mais comme aurait dit Coluche en parlant de goûts et de couleurs...

Citation :

Mais qu'est-ce qui persiste d'une telle lecture ? Là est mon problème avec ce genre de romans, aussitôt refermés on a envie de les oublier.

Oui Rotko tout dépend de la réceptivité du lecteur pour tel ou tel sujet...ou à l'écriture...J'aime pour ma part l'écriture de Besson, j'aime son univers et ses mots...un auteur que j'aimerai rencontrer...

2 ans que je l'ai lu ce petit livre et en discutant avec vous, je me rémémore certains passages et l'atmosphère du livre me revient...Si j'avais à mettre une couleur sur les mots de Besson dans ce livre ils seraient verts, mauves et ocre....

Pour ma part comme dirait la chanson d'Aznavour , je n'ai rien oublié

MerlineM a écrit:

Si j'avais à mettre une couleur sur les mots de Besson dans ce livre ils seraient verts, mauves et ocre....

La couveruture était bien choisie alors