Peut-on écrire sans lire ?

JulieB a écrit:

Je pense que même quelqu'un qui ne lit que très très peu peut se mettre à écrire mais à mon avis, le développement de son style en pâtira...Cela dit, la qualité du peu de livres lus vaut bien mieux qu'une grande quantité de navet de littérature je pense.

Mais quelqu'un qui a l'habitude de lire pourra avoir une plus grande richesse de vocabulaire à mon avis.

Par exemple, comment une personne qui veut se lancer dans l'écriture de poèmes peut-elle écrire un véritable poème sans en avoir lu aucun? Il ne connaîtra pas les différents types de figures de styles et de construction poétique des grands auteurs et créer ensuite son propre style en partant sur des bases il me semble. Il en est de même pour les romans, les nouvelles etc.

Pour reformuler en gros, selon moi, toute personne peut écrire sans avoir lu beaucoup mais ses écrits resteront assez basiques mais quand on commence à parler des personnes qui veulent créer via l'écriture, elles se doivent d'avoir une bonne liste de références littéraires dans leur esprit en amont, afin de mieux développer leur style.

Et quel écrivain, journaliste ou chroniqueur n'a jamais lu un livre ou un journal ou des chroniques de sa vie ? (Si c'est le cas, je serai curieuse de savoir lequel...^^)

Effectivement l'auteur se nourrit de ce qu'il lit. La lecture d'autres écrivains lui apportent un vocabulaire, une manière de décrire un personnage ou un paysage, de faire monter le suspense dans un roman, etc. Dans la poésie, c'est pareil.
Mais, je pense aussi, que l'écriture et la poésie doivent venir de l'imprévu, du coeur, du rêve et pas de l'intellect à 100 %. Un livre où tout est parfait n'est pas un bon livre pour moi car il a perdu son côté faillible donc humain. Le style reste personnel. Il y a des auteurs qui écrivent leurs phrases sans "." à la fin. D'autres qui écrivent des phrases de 3 km de long. C'est le style qui donne l'âme du roman, plus que l'histoire ou que les personnages en eux-mêmes. Ce qui n'est pas dit, les silences sont plus importants que ce qui est écrit car le lecteur, pour moi, il est acteur de ce qu'il lit.

Je m'aperçois que beaucoup d'auteurs contemporains tiennent un blog où ils parlent de leurs lectures, et pas seulement de leurs états d'äme !

c'est quand même interessant de voir ce que les autres ont à dire, et surtout leur manière de le dire. Je les imagine facilement le crayon à la main, isolant un passage ou notant des "procédés" d'écriture...

Je crois qu'il est essentiel de ne pas être étriqué dans son petit univers. La lecture d'auteurs de tous les horizons permet un élargissement.
C'est ce qui arrive aux américains du nord qui se sont refermés sur eux-même, et c'est pourquoi l'académie des nobels ne les considèrent pas comme de potentiels lauréats du prix de littérature.

A part les génis, même si aujourd'hui un écrivain ne lit plus, il aura lu avant. Il faut bien se nourrir de quelque chose, ne serait-ce que des contes que nos parents nous lisaient les soir).

Dreamland a écrit:

Je crois qu'il est essentiel de ne pas être étriqué dans son petit univers.

Je partage cette idée. Écrire sans lire, c'est finir - tôt ou tard - par tourner en rond et donc devenir ennuyeux, pour les autres mais aussi pour soi-même.

Et il y faut aussi la vie et toutes les formes d'art et de pensée (musique, peinture, discussions, observation...).

Luca a écrit:

Dreamland a écrit:

Je crois qu'il est essentiel de ne pas être étriqué dans son petit univers.

Je partage cette idée. Écrire sans lire, c'est finir - tôt ou tard - par tourner en rond et donc devenir ennuyeux, pour les autres mais aussi pour soi-même.

Et il y faut aussi la vie et toutes les formes d'art et de pensée (musique, peinture, discussions, observation...).

Parfaitement, je crois que l'avenir de l'ecriture sera dans l"elargissement photo, tableaux; performances
comme chez Robinson.

D'autre part il faut mener des enquêtes, se documenter, et maîtriser sa documentation, ce qui suppose un certain niveau de methodologie et de culture, sans que les autodidactes soient pour autant exclus du jeu ! mais ils rament, ce qui peut leur être bénefique, paradoxalement, puisqu'ils sortent des sentiers balisés.

Oui certes mais bon quand même il ne faut pas qu'écrire devienne un " pensum " non ?
bon SF fantasy etc ...lol

Cela dit, ce n'est pas parce qu'on lit qu'on peut écrire. Il y'a aussi une part de talent et d'habiletés naturelles.

L'émission de France-culture, du grain à moudre,

16.08.2012 - Du Grain à moudre l'été
Ecrire : pourquoi en rêvons-nous?

sera disponible en podcast demain sur ce lien. On écoutera des opinions d'auteurs avertis disant

1) que ne pas lire pour un écrivain amateur est redhibitoire
2) que les auteurs reconnus sont toujours des lecteurs attentifs
3) qu'il existe deplus en plus en France des ateliers d'écriture, très utiles,
et 4) qu'il existera à la rentrée universitaire un master en écriture

j'ai pris l'émission au vol, voici quelques renseignements sur ce lien..

N'oubliez pas le podcast annoncé plus haut.

un exemple précis de la technique du rappel dans un récit : elle ne s'improvise pas et on remarque aussitôt si ce rappel est bien mené ou maladroit.

J'écouterai dans le weekend quand j'aurais plus de temps.

J'espère que le lien est permanent.

Je suis vivement intéressée moi aussi mais je n'ai pas du tout le temps en ce moment ; j'espère, comme toi, Aglaé, que le lien va rester.

Voila le lien pour le podcast de 44 minutes.

Avec :
Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L) : éditeur, après avoir travaillé chez Flammarion et fondé sa collection P.O.L chez Hachette Livre, il a créé la maison d’édition P.O.L en 1983.

Gisèle Sapiro : sociologue, directrice de recherche au CNRS et directrice d’études à l’EHESS, elle dirige également le Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP-Paris). Elle a publié au Seuil, en 2011 un ouvrage intitulé « La Responsabilité de l'écrivain ». Elle prépare un ouvrage sur la professionnalisation du métier d’écrivain.

Philippe Delerm : écrivain, longtemps professeur de lettres en Normandie, il publie au Seuil à la rentrée « Je vais passer pour un vieux con ». Dans « Ecrire est une enfance » (Albin Michel, 2011), il est revenu sur ce qui a motivé son désir d’écrire.

Philippe Ripoll : auteur, à la croisée des chemins entre création littéraire et médiation sociale et culturelle, il a publié dernièrement « Saint Denis, Théâtres intermédiaires » en deux tomes chez l’Harmattan (2011 et 2012) dans lesquels il s’est entretenu avec des habitants de Saint Denis et leur trajet vers le théâtre. Il a été chargé de coordonner le master de création littéraire qui s’ouvre à la rentrée à l’Université du Havre et à l’Ecole supérieure d’art et de design Rouen-Le Havre.

Pour ceux qui en douteraient encore...

je reste convaincu que la meilleure école d'écriture se fait par la lecture. C'est en lisant qu'on apprend à écrire. Les bons livres forment le goût. Nos sens s alors bien aiguisés. on sait quand une phrase sonne juste parce qu'on en a lu souvent des bonnes. Le rythme et la musique finissent par courir dans nos veines

Journal d'un écrivain en pyjama, Dany Laferrière, chez Grasset. p 31

Rotko a écrit:

je reste convaincu que la meilleure école d'écriture se fait par la lecture

moi itou !

rotko a écrit:

on sait quand une phrase sonne juste parce qu'on en a lu souvent des bonnes. Le rythme et la musique finissent par courir dans nos veines

J'aime beaucoup cette réflexion.  

rotko a écrit:

Pour ceux qui en douteraient encore...

je reste convaincu que la meilleure école d'écriture se fait par la lecture. C'est en lisant qu'on apprend à écrire. Les bons livres forment le goût. Nos sens s  alors bien aiguisés. on sait quand une phrase sonne juste parce qu'on en a lu souvent des bonnes. Le rythme et la musique finissent par  courir dans nos veines

Journal d'un écrivain en pyjama, Dany Laferrière, chez Grasset. p 31

Moi aussi je suis convaincu que la meilleure école d'écriture se fait par la lecture, lire permet de photographier les mots, mais c'est pas toujours le cas, un de mes fils qui lisait beaucoup petit n'était pas très fort en orthographe - pourtant je lui faisais faire des petites dictées tous les soirs entre 6 et 7 ans - alors que son frère qui lisait peu était assez bon en orthographe, sans doute il avait plus la mémoire des mots.

Je pense aussi que la lecture aide l'écriture, bien sûr. Nous n'avons rien inventé les mots, les expressions, tout cela nous l'avons lu ou entendu quelque part. Du moins je pense?

mais je comprends Marion33 pour ses fils.

par contre, on peut très bien écrire, avoir des idées, de l'inspiration, et ne pas être fichus de faire deux lignes sans fautes d'orthographe. Et ce sera de pire en pire maintenant avec les logiciels correcteurs.
cela n’empêchera pas de faire connaitre des chouettes histoires mais il faudra aimer corriger les livres ou les tablettes   

Quand on veut écrire c'est bien de choisir un écrivain qu'on aime et de lire tout ce qu'il a écrit p 156

laferrière insiste sur la totalité, que ce soit dans l(ordre (préférable) ou dans le désordre.

c'est bien pour cela que j'ai lu tous les SK, tous les San Antonio et tous les Zola mdr

Rotko a écrit a écrit:

Pour ceux qui en douteraient encore...

je reste convaincu que la meilleure école d'écriture se fait par la lecture. C'est en lisant qu'on apprend à écrire. Les bons livres forment le goût. Nos sens s alors bien aiguisés. on sait quand une phrase sonne juste parce qu'on en a lu souvent des bonnes. Le rythme et la musique finissent par courir dans nos veines

tout à fait d'accord.

en primaire j'ai eu le 1° prix d' orthographe ..je doute encore l'avoir à mon âge et pourtant je lis beaucoup mais je fais des fotes.