Charles Robinson

a-t-on "affaire" à un écrivain ou à un plasticien ? ou plus simplement à un artiste qui puise dans tous lesmoyens d'expression à sa disposition pour "rendre le réel" ?

un petit aperitif pour commencer, avec Ultimo aux editions ere.

des jeux à contrainte : il s'agit de prendre dans un dictionnaire le mot en haut à gauche, puis lemot en bas à droite, et de grapiller les definitions "diverses et variées" qui sont entre les deux, dans le texte.

On aboutit ainsi à des rencotres surprenantes et inventives, comme l'auteur l'a montré avec le mot roman.

Mais là n'est pas à mes yeux l'important.

passons au plat de résistance


528 p.

Une cité HLM dans une ville nouvelle. 322 appartements promis à la destruction dans le cadre d'un projet de rénovation urbaine.

Un ethnologue est envoyé en mission dans le quartier. Il marche sur les traces de son adolescence amoureuse elle s'appelait Bach Mai : Vietnamienne, surdouée, et un modèle d'intégration contrariée. L'ethnologue doit ramener de beaux et instructifs portraits qui aideront à caler les discours officiels quand les bulldozers débarqueront.

Très vite, il se trouve plongé dans un puissant maelström de rencontres, où les grandes questions ne portent pas sur l'urbanisme, mais sont plutôt : L'adolescence est-elle une maladie honteuse ? Faut-il avoir peur du travail ? Comment sauver les arbres sinon par la lutte armée ? Qui réceptionnera la prochaine livraison de coco pour Mong Mong ? La minijupe en jean, too much avec les sandales bleues ? Où a fugué cette fois la fougueuse Bégum ? ...

Pour en avoir une idée complète, aller sur le blog de l'auteur et cliquer sur les podcasts.

C'est impressionnant de voir et d'entendre. Pour moi, c'était en direct avec Charles Robinson en récitant qui scande son texte comme du rap, et joue des mains comme un batteur ou choregraphe !

Dans les cités

l'auteur a écrit tout ce qui lui venait en tête sur le sujet, et une fois le materiau complet, il s'est demandé comment le mettre en forme demanière convaincante.

Avec la video, voici les paysages : façades d'immeubles, allées boisées, tunnels, terrains vagues, travaux des grues, mairie et services sociaux, jeux videos,

luttes entre membres de la famille, scènes de coït sur bruitages et rythme musical, parfois une musique douce en contraste avec un contexte violent.

Oui, cette lecture m'a fait penser à une performance du style de Howl d'Allen Ginsberg, poème chorégraphique et musical pour rendre cette zone d'activités multiples, où la langue de bois côtoie le cri et la rumeur.