Peut-on écrire sans lire ?

En même temps, ça lance un beau débat.


Peut-on écrire sans lire (ou en lisant très peu) ?





(Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer les écrivains comme des lettrés. C'est peut-être un préjugé.)

Perso, je pense que oui ... Pas besoin de lire pour écrire !

Pour moi, pour écrire, il faut juste deux choses... s'émanciper (très difficile) et savoir mette un mot derrière l'autre (très facile) !

S'émanciper de tous les petits censeurs qui brisent les instincts créatifs : je pense à certains profs de français des collèges, aux examinateurs de tous poils, à certains profs de philo étriqués et dogmatiques... A ces connards des académies qui décident des titres des livres à lire durant la scolarité des enfants...

Quant à lire, on s'en fout !
D'autant que des auteurs peuvent être carrément "polluant"...
Un "Marc Lévy" et pan, t'es inhibé à vie car tu sais que que tu n'arriveras jamais à faire aussi poncif et lénifiant que lui...
Alors du coup, tu te dis, si c'est ça les clés du succès... j'suis mort !

Non écrire c'est s'affranchir !

Juste un point de vue.

Gin

Crevette a écrit:

En même temps, ça lance un beau débat.


Peut-on écrire sans lire (ou en lisant très peu) ?





(Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer les écrivains comme des lettrés. C'est peut-être un préjugé.)

Pour moi, écrire sans lire, équivaudrait à conduire une voiture sans même savoir passer les vitesses.

C'est une belle comparaison Rotko.

Je pense également qu'il est difficile d'écrire sans lire : il faut qu'il y ait un maximum "d'entrées" pour qu'il y ait des "sorties".
Il est important de " se nourrir" des oeuvres des autres pour trouver son propre style, une inspiration, une bonne argumentation etc...

Le point de vue de GIN est intéressant.

Cette idée d'émancipation.

S'affranchir de ce qui est officiel.

Si on veut être soi-même, on doit peut-être garder certaines distances face aux grands modèles.

?


Il y a pas mal d'écrivains qui lisent peu. Là, sur le moment, aucun nom ne me vient en tête...


A creuser.

Difficile, mais pas impossible.

Quand j'étais en terminale, j'avais lu des propos tenus par Tonino Benacquista, affirmant qu'il ne lisait quasiment pas, mais était au contraire très influencé par la télévision. Cela dit, il ne se considère pas tant écrivain que romancier, considération qu'il tient peut-être de ce qui précède. Mais pour ma part, je trouve qu'il écrit très bien, et ses bouquins peuvent être bigrement passionnants. ^__^

Il me semble qu'on peut certainement écrire sans lire, mais écrire quoi??
Notre créativité s'enrichit par les autres, par ce qu'on a lu, oublié, relu. maintenant, on peut puiser ses sources ailleurs que dans la lecture: musique, ciné, peintures, paysages, rencontres...
L'imprégnation des œuvres des autres me semble malgré tout incontournable, et n'empêche pas d'être différent, et de parler avec sa propre voix.

Citation :

Tonino Benacquista, affirmant qu'il ne lisait quasiment pas, mais était au contraire très influencé par la télévision.

Sans doute, mais les feuilletons policiers à la télévision, ou les films offrent des modèles d'intrigue, ou de description de milieux. Telle est la formation avouée par Christian Gailly.

Citation :

Il y a pas mal d'écrivains qui lisent peu. Là, sur le moment, aucun nom ne me vient en tête...

Ce n'est pas facile à trouver, évidemment. D'autre part s'ils lisent peu actuellement, n'ont-ils pas eu une formation de base à partir de la fréquentation des écrivains ?

Prenons des cas précis :

- la présentation des personnages. On ne peut que s'enrichir à voir comment s'y prennent les prédécesseurs et les contemporains : introduction, description, dialogues etc.

- La conduite de l'action : William Faulkner a influencé Kateb Yacine et Driss Chraibi, par exemple.

rotko a écrit:

Citation :

Tonino Benacquista, affirmant qu'il ne lisait quasiment pas, mais était au contraire très influencé par la télévision.

Sans doute, mais les feuilletons policiers à la télévision, ou les films offrent des modèles d'intrigue, ou de description de milieux. Telle est la formation avouée par Christian Gailly.

Bah bien sûr, oui, mais je n'ai jamais dit qu'on pouvait partir de rien. x)

J'ai bien compris, Kervinia.

je doute seulement de l'amalgame destructeur (et confortable !) qui consiste à pousser tout le monde à la poubelle

Citation :

tous les petits censeurs qui brisent les instincts créatifs : je pense à certains profs de français des collèges, aux examinateurs de tous poils, à certains profs de philo étriqués et dogmatiques... A ces connards des académies qui décident des titres des livres à lire durant la scolarité des enfants...

et à ne prendre que des exemples négatifs (Marc Levi).

Concrètement, qui trouve grâce à tes yeux, et pour quelle raison ?

parce que la création ex nihilo, je ne connais pas.

C'est comme affirmer que l'expérience de la vie suffit comme source de création.

C'est sans doute vrai.

Mais quel niveau technique atteint-on alors ?


Je veux dire : peut-on trouver spontanément le grand chemin de la Littérature ?

La vraie, avec un grand L !

Citation :

Non écrire c'est s'affranchir !

S'affranchir ce n'est pas rien connaître de ce qui existe c'est s'en défaire.

Citation :

parce que la création ex nihilo, je ne connais pas.

Si ! il y en a un qui fait ça dans la bible mais c'est peut-être un autre débat...

cafeine a écrit:

Si ! il y en a un qui fait ça dans la bible mais c'est peut-être un autre débat...

oui,

mais dans le domaine de l'ecrit, c'est une autre histoire : il faut mettre en forme, et le conteur original a besoin de l'écrivain aguerri pour transmettre ses histoires.

Dans les sociétés de l'écrit, mais pas dans les sociétés de l'oral.

Là aussi, dans les sociétés de l'oral, il y a des conteurs professionnels, avec des techniques que tu connais mieux que moi, les formules stereotypées qui permettent de se reconcentrer pour trouver la suite, les dialogues d'extension variable etc.

pour Albert : je trouve que ce que tu dis, est justement ce que je pense, on se nourrit de ce qu'on a lu, relu mème oublié: écrire sans avoir lu je crois que c'est du travail bâclé.

De toute manière, un écrivain passionné est d'abord un lecteur passionné.
Le débat peut-être élargi par la question : comment être amené à l'envie d'écrire sans jamais avoir eu l'envie de lire avant ?

C'est une très bonne problématique Harelde !
En effet, tout repose là dessus !

Est-ce qu'on peu devenir un grand chef cuisinier sans aimer manger ? Telle est en somme la même question.

cafeine a écrit:

Citation :

Non écrire c'est s'affranchir !

S'affranchir ce n'est pas rien connaître de ce qui existe c'est s'en défaire.

Je suis entièrement d'accord avec toi cafeine. Pour s'affranchir, il faut savoir de quoi on s'affranchi.

Je trouve cela bien prétentieux d'affirmer que l'on créer sans rien devoir à personne. Tous les écrivains ont une dette envers leurs prédécesseurs.

GIN a écrit:

savoir mette un mot derrière l'autre (très facile)

Non justement. Le choix des mots est primordial. Il ne suffit pas de les mettre les uns derrière les autres. Pour moi c'est le résultat d'un travail qui passe d'abord par la lecture. Après je peux comprendre qu'un écrivain ne fasse pas de la lecture sa source d'inspiration principale.

Crevette a écrit:

C'est comme affirmer que l'expérience de la vie suffit comme source de création.

C'est sans doute vrai.

Mais quel niveau technique atteint-on alors ?


Je veux dire : peut-on trouver spontanément le grand chemin de la Littérature ?

La vraie, avec un grand L !

Bien d'accord !

J'appuie ce que dit Moon (je suis un fervent disciple de Moon ).

Goethe (ça en jette plus que "rotko dit" !) ironisait sur les ceux qui croyaient que la Création commençait avec eux.

Là-dessus on peut nuancer avec ceux qui se specialisent dans un type de lectures et/ou un genre d'écrivains. A chacun sa mine d'or.

Ah oui ? ! Pas de chance pour moi.

rotko a écrit:

J'appuie ce que dit Moon (je suis un fervent disciple de Moon ).

Citation :

Ah oui ? ! Pas de chance pour moi.

Et pourquoi donc Panta ?

Pantagruelle a écrit:

Ah oui ? ! Pas de chance pour moi.

que veux-tu dire ? tu veux aussi des disciples à tes pieds ?

Je crois qu'on peut aimer la cuisine sans être un acharné de la table : le plaisir d'offrir et de réussir quelque chose de délicat.

OUI, JE LE VEUX votre Majesté.
Cela dit, c'était juste une question que je me posais. Il n'y a pas de quoi en faire des tonnes.

Ma professeur de Lettres d'hypokhâgne nous a soumis un jour un bon mot, qui je crois n'était pas d'elle et dont j'ai oublié l'auteur, mais qui m'a semblé à la fois efficace et élégant dans sa formulation :
" On écrit toujours adossé à une bibliothèque ".