George Eliot [Angleterre]

Tu le lâches à cause de nous ?

Ou parce qu'il te déplaît fondamentalement ?


Mince, si j'avais su, j'aurais été plus discrète (c'est la première fois que je fais une lecture commune).

Je n'ai pas non plus l'habitude des lectures communes, désolée, j'ai l'impression de mettre souvent les pieds dans le plat... J'éviterai les lectures communes à l'avenir.

Inutile de culpabiliser!! Je crois que Soussou nous dit bien qu'elle n'a pas aimé le livre dès le début! Après si on ne veut rien savoir sur le livre, il suffit de ne pas suivre le fil....

Les échanges en cours de livres n'ont pas été inutiles pour soutenir le rythme jusqu'au bout, de ceux qui ont continué. C'était bien une lecture accompagnée, donc à faire en compagnie.

Quand j'ai posté hier soir, je ne voyais pas le message de Soussou Mais bon, ça me rassure !

Je n'ai quand même pas l'impression que ce livre vous a transportés.

J'avoue que les 50 premières m'ont semblé lentes, mais après, j'ai vraiment été dépendante.

Il est très difficile d'enchaîner d'autres livres après.

J'ai laissé tomber un prétendu chef d'oeuvre : Roman avec cocaïne d' Aguéev. N'y ai trouvé aucun intérêt.

Quand j'ai terminé Middlemarch, j'ai eu une envie folle d'autres romans britanniques du XIXe, une vraie droguée

Perso j'adore George Eliot, au point que j'aimerais pouvoir la lire dans le texte... J'ai terminé il y a peu le Moulin sur la Floss, et une fois de plus j'ai été émerveillée par son acuité littéraire et stylistique.. Il y a peu j'ai découvert qu'elle était l'écrivain anglais préféré de Proust, d'ailleurs dans Middlemarch il y a une allusion à une certaine lanterne magique, comme celle du Narrateur dans le premier tome de la Recherche...

As-tu lu Daniel Deronda ?

Je vais bientôt l'acheter.

Non, pas encore. Je l'ai vu à la médiathèque mais lui ai préféré Scènes de Vie du Clergé.. Tu me diras ce que tu en as pensé ?

Oui, oui.

Et Moulin sur la Floss, ça parle de quoi ?

Le héros du livre ce n'est pas vraiment le Moulin, ni le meunier, mais la fille de ce dernier, Maggie Tulliver (un personnage très inspiré de la vie de l'auteur) qui, comme George Eliot, a un frère qu'elle adore autant qu'elle adore jouer dans la nature au lieu de rester bien sagement à prendre le thé avec ses horribles tantes.. Un peu une Alice notre Maggie. C'est la première des choses que j'aime chez cet auteur, c'est l'ambiance victorienne de ses livres, une sorte de paradis perdu de l'Angleterre où il y a peu de miséreux et où les braves gens sont des amateurs éclairés de thé et de littérature... Eliot a aussi un don pour décrire l'enfance avec ses joies et ses malheurs, une enfance très réaliste comme si l'auteur venait de la quitter.
Après, Maggie grandie et bien sûr son existence ne se déroule pas bien tranquillement mais ce que je peux dire c'est que ce livre est passionnant et pas du tout convenu pour un roman sentimental du XIXè siècle...

Crevette a écrit:

Je n'ai quand même pas l'impression que ce livre vous a transportés.

J'avoue que les 50 premières m'ont semblé lentes, mais après, j'ai vraiment été dépendante.

Il est très difficile d'enchaîner d'autres livres après.

J'ai fini Middlemarch il y a deux jours, et j'ai l'impression d'être la retardataire Enfin, j'ai quand même adoré, hormis les 100 dernières pages qui m'ont semblé être les 100 pages de trop Finalement l'impression générale est quand même très positive pour ma part. Le style est définitivement unique, les personnages sont complets... On a vraiment l'impression de partager la vie à Middlemarch le temps de la lecture, et non d'être de simples observateurs.

J'ai donc bien envie de lire Moulin sur la Floss, histoire de prolonger le plaisir

Daniel Deronda




Je n’ai pas de mots pour qualifier ce que j’ai ressenti à la lecture de ce livre lumineux.

Les larmes me sont venues plusieurs fois.

Daniel Deronda.

Ou l’histoire d’une quête d’identité et d’une (re)naissance spirituelle.

L’histoire d’un homme arraché à son destin (à son peuple, les Juifs) mais appelé à retrouver son origine sacrée par un chemin sinueux et ascensionnel.

Grâce à son empathie et à des rencontres.

Celle de Mirah, qui allait se suicider.

Celle de son frère, Mordecaï, qui allait révéler Daniel à lui-même.

S’y ajoute le personnage archétypal de Gwendolen.

Sot et égoïste en début de roman, puis éveillé doucement vers une conscience universelle faite de bonté, de bien et d’amour désintéressé.

Certains retiendront le militantisme sioniste.

C’est très réducteur.

C’est une œuvre mystique, emplie d’Amour.

Si je lui donnais un titre, ce serait « en route vers le Divin... »

J'ai emprunté "Adam Bede" à ma bibliothèque et quand j'ai ouvert le livre, il y avait une annotation au crayon de papier sur la page de titre : "magnifique" ! Ca commence bien

Sur Georges Eliot , il n'y a rien non plus, c'est incroyable, Le 20 Avril nous aurons la "foire du livre" j'y serai sans doute et je vais chercher en Français ou en Espagnol
Je ne manquerai pas la présence de Vargas LLosa, j'espère qu'il n'y aura pas
d'émeutes, pour beaucoup il n'est pas le bienvenu.

Alors, cet Adam Bede ?




J'ai dans le coin de mon lit "Le moulin sur la Floss" qui m'appelle...

Je vais bientôt succomber...

Je viens de le terminer ce soir, la critique devrait suivre... dans quelques jours

Euh...

Je voudrais pas avoir l'air d'insister, mais ta critique m'intéresse...

Oups, j'avais zoublié... Je ne l'ai pas encore rédigée, le bouquin est resté sur mon bureau, je vais tenter de rattraper ça bientôt ("bientôt", c'est pas compromettant, comme date, hein ?) Un livre magnifique qui ne m'a pas déçue par rapport à Middlemarch, je peux déjà dire ça

"Adam Bede"

Bon, je tente une critique rapide (j'ai déjà lu 7 ou 8 bouquins depuis et n'ai pas pris de notes...).

Au village de Hayslope, endroit très rural qui n'a pas été encore touché par la modernité, se trouve toute une communauté gravitant aux côtés de la famille Bede. Dans la famille Bede, il y a le père, ancien excellent ouvrier ayant sombré dans l'alcoolisme, la mère, excellente femme mais encline aux jérémiades continuelles, le fils aîné Adam, jeune homme solide et entreprenant sur lequel reposent les espoirs et attentes de toute sa famille, et son frère cadet Seth, rêveur et attiré par une belle prédicatrice méthodiste.
Comme dans Middlemarch, nous avons droit à une description incluant de nombreuses personnalités du village, même si dans ce roman, je trouve que l'auteure explore plus le monde paysan et artisan. Il y est beaucoup question de religion, ce qui m'a fait un peu peur au départ - je ne suis pas très religieuse. Mais le dessin des personnages, leur évolution, leurs aventures, leurs réflexions, l'humour de George Eliot et son habileté à nous conter de passionnantes histoires ont fait que je n'ai pas vu passer les pages de ce roman (plus de 570 dans mon édition).
Tout comme dans Middlemarch, je trouve que certains personnages s'en tirent bien par rapport à l'énormité de leurs actes (un meurtre impuni dans Middlemarch, une conduite extrêmement légère ayant conduit à... certains événements dans Adam Bede), mais après tout, c'était peut-être le cadre de l'époque et reflétait une vérité contemporaine ?
C'est le deuxième roman de George Eliot que je dévore, je sens que ce ne sera pas le dernier.

2 extraits qui m'ont beaucoup plu, dont un savoureux dialogue dont je ne note qu'une partie :

"Le loisir s'en est allé ; il s'en est allé où sont partis les rouets et les chevaux de bât, les lents chariots et les colporteurs qui venaient commercer à votre porter par les après-midi ensoleillés. D'astucieux philosophes vous expliquent peut-être que le grand avantage de la machine à vapeur est de procurer du loisir à l'humanité. Ne les croyez pas. Elle ne fait que créer un vide dans lequel se précipite la pensée insatiable. Même l'oisiveté se montre insatiable aujourd'hui. Elle a soif d'amusements, de trains d'excursion, de musées d'art, de littérature périodique, de romans captivants et même de théories scientifiques, et de rapides observations au microscope. Le vieux Loisir était un personnage bien différent. Il ne lisait qu'un seul journal vierge de tout éditorial et n'était pas encore victime de ce retour régulier de fortes impressions qu'on appelle l'heure de la poste. C'était un monsieur contemplatif, plutôt corpulent, à la digestion excellente. Avec ses perceptions calmes, peu incommodé par les hypothèses, il se satisfaisait de son inaptitude à connaître les causes de toutes choses et préférait connaitre les choses elles-mêmes. Il vivait surtout à la campagne, dans de plaisantes et vastes demeures, aimait à flâner le long du mur où les arbres fruitiers poussaient en espaliers, à humer le parfum des abricots tiédis par le soleil du matin ou à s'abriter sous les ramures du verger à midi quand les poires de la Saint-Jean tombaient." (Ce texte date de 1859...).

"Ah ! dit Bartle en ricanant, les femmes sont assez promptes, bien assez promptes. Elles savent les bons côtés d'une histoire avant de l'avoir écoutée, et peuvent vous dire les pensées d'un homme avant qu'il les aie eues.
- C'est assez probable, dit Mme Poyser, car les hommes sont si lents que leurs pensées les dépassent, et qu'ils ne peuvent les raccrocher que par la queue. Je puis compter les mailles de mon bas pendant qu'un homme retourne sa langue pour parler ; et quand, enfin, sa phrase arrive, il y a peu de profit à en faire. Ce sont les oeufs clairs qui sont couvés le plus longuement. Cependant, je ne nie pas que les femmes ne soient des sottes ; le Dieu tout-puissant les a faites pour convenir aux hommes.
- Convenir ! oui, comme le vinaigre convient aux dents. Si un homme dit un mot, sa femme aura une contradiction toute prête ; s'il a envie de viande chaude, elle lui servira du lard froid ; s'il est en train de rire, elle sera à se lamenter. Elle lui conviendra comme le taon convient au cheval : il a justement le venin qui doit le mieux l'irriter... le venin qui doit le mieux l'irriter.
- Oui, dit Mme Poyser, je sais bien ce que les hommes aiment ; une pauvre innocente qui leur sourit comme à une image du soleil qu'ils fassent bien ou mal ; qui les remercie pour un coup de pied et qui prétende qu'elle ne savait pas s'il fallait se tenir sur la tête ou sur les pieds, avant que son mari ne le lui eût appris. Voilà ce que les hommes désirent, pour la plupart, dans une femme ; ils veulent s'assurer d'une imbécile pour qu'elle leur dise qu'ils sont des sages. Mais il s'en trouve qui peuvent se passer de cela ; ils ont déjà si bonne opinion d'eux-mêmes ! C'est pourquoi il existe des vieux garçons."