Patrick Modiano

Ce livre réserve bien des surprises, et la suite nous éclaire sur les ombres du début, sans tout révéler.

Je me demande comment le réalisateur de l'adaptation télé pourra
transmettre les résonances entre le passé du narrateur et notamment le présent de son histoire.

Affaire à suivre.

le téléfilm "Des gens qui passent" , adaptation du roman « Un cirque passe » du réalisateur Alain Nahum, m' a paru fort interessante, et fidèle à l'esprit comme à la lettre au roman.

Il est plus explicite sur les dates : 1959, les manoeuvres de l'OAS, quelques références à Vichy, dans un climat commun de racisme, de dénonciations : climat oppressant, menaces diffuses sous de multiples formes.

le personnage du co-locataire est plus nettement dessiné sous le trait d'un mythomane-impresario magouilleur, quant à la chanteuse, l'interprétation de "A la claire fontaine", façon précieuse et jazzy, va bien avec le monde et le demi-monde des boîtes.

Comme je m'y attendais, le rapport au passé est le point délicat :

- on perd la distance du récit retrospectif, par le ton de la voix et les incises du narrateur,

mais le réalisateur a trouvé une solution originale :

- la présence chez le narrateur d'un projecteur, et de films qui retracent l'enfance du narrateur, donc ses souvenirs.

L'interprète principal restitue bien l'image d'un jeune homme embringué dans des histoires d'adultes qu'il ne comprend pas totalement.

Les décors et vues de Paris, très soignés, sont aussi un mérite de cette adaptation intelligente.

Patrick Modiano annonce pour début mars pour lire L'Horizon, chez Gallimard.

l'histoire se passe entre Paris et Berlin. Un certain Jean Bosmans note dans un carnet ses souvenirs de jeunesse, et tente de retrouver une femme.

aperçu d'un "style modianiste":

Citation :

De nombreux changements de sujet, des lacunes narratives et descriptives, l'absence de guidage de la part du narrateur donnent seulement en apparence un aspect décousu aux romans de Modiano. En réalité de nombreux moyens grammaticaux, sémantiques et syntaxiques assurent la cohésion non seulement entre les parties du même texte, mais aussi au niveau intertextuel, contribuant ainsi à l'unité suprême de l'oeuvre.

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bonne nouvelle !

un compte rendu de « l'Horizon »

Son roman se déroule en effet au début des années 1960.

C'est une histoire d'amour entre un garçon qui travaille dans une librairie ésotérique et une secrétaire employée à Richelieu Interim.

C'est surtout une histoire de panique. Peut-être ces deux-là ne s'aiment-ils qu'à proportion de l'inquiétude qui en même temps les saisit.

Jean Bosmans et Margaret Le Coz ont l'impression d'être harcelés. Lui, par une mère aux cheveux rouges qui l'insulte et le rançonne. Elle, par un inconnu à la peau grêlée et aux mains énormes

tout l'article de bibliobs.

Pourquoi est-ce si étouffant ? Modiano s'explique,

Citation :

« Cela tient à ma naissance, en 1945, à mes origines pas claires, au marché noir dont mon père juif a vécu pendant l'Occupation, à ses affaires douteuses d'après guerre et à la mort par leucémie de mon frère Rudy, en 1957.
Au début des années 1960, j'étais en pension en Haute-Savoie, et je me souviens que, dans un de ces palaces suisses où se déroulaient les négociations franco-algériennes, j'allais retrouver mon père. Il traficotait avec un type bizarre, un certain Annet Badel, le patron du Vieux Colombier, qui était poursuivi par le fisc et avait fui la France... »

Un long entretien de patrick modiano ( de 1 à

à trouver sur cette page.

une autre video sur l'incertitude de l'écrivain (attendre quelques secondes)

https://www.dailymotion.com/video/xcgz6b_modiano-quot-l-incertitude-de-l-écr_news

Modiano est un auteur qui revient très souvent sur GDS*.
Et c'est aussi un auteur que je ne connais pas.
Un titre à me conseiller pour commencer ?

Je n'ai lu que Dora Bruder, mais il me paraît bien pour commencer car il reprend vraiment les thèmes de l'errance, de la perte de l'identité, chers à Modiano .

moi aussi, je trouve que Dora Bruder est un bon choix.


à conseiller aussi à Amadak.

Marie kiss la joue a écrit:

Je n'ai lu que Dora Bruder, mais il me paraît bien pour commencer car il reprend vraiment les thèmes de l'errance, de la perte de l'identité, chers à Modiano .

Je trouve aussi, je dirais même que Dora Bruder est à mon sens le meilleur Modiano (peut-être avec Livret de famille)

L’Institut de France vient de décerner le prix mondial 2010 de la Fondation Simone et Cino del Duca à Patrick Modiano pour l'horizon.

Le jury, composé de membres de l’Académie française, de l’Académie des sciences, de l’Académie des sciences morales et politiques et de l’Académie des inscriptions et belles lettres, récompense ainsi plus de quarante ans de carrière et une œuvre de plus de trente-cinq romans, récits, scénarii et livres pour enfants.

Dora Bruder
Ce récit qui tient de la biographie, de l’historique et de la mémoire. Modiano avec une écriture sans pathos, mais émouvante nous décrit la France de l’occupation . Beaucoup d’années après sa disparition et avec le seul renseignement d’un filet dans un journal, il va à la recherche de ce qui est arrivé à Dora Bruder, française âgée de 15 ans et demi dont le malheur venait de vivre à cette époque affreuse. « tout lui était hostile et voulait sa perte . seize ans elle avait le monde entier contre elle, sans qu’elle sache pourquoi. »

Modiano qui connaît Paris comme la paume se sa main, parcourt les mêmes rues, les mêmes lieux où elle habitait avec ses parents , qui ont subi le même sort outrageant des Juifs, français ou étrangers. Il cherche ses traces partout , un témoignage, bien qu’il soit le moindre, tout a été détruit.
,Il dit qu’écrivant ce livre il lance « des appels comme des signaux de phare qui puissent éclairer la nuit. »

Les deux fugues de Dora l’intriguent et le renvoient à son propre passé, une fugue est une forme de suicide, et sa vie à lui n’était pas heureuse dans son contexte familial, mais à une époque bien différente. Il commence à écrire « Voyages de Noces » où il y a un parallélisme avec Dora Bruder, mais ici c’est un roman très intéressant et on s’aperçoit que les années de plomb de la France de l’occupation le hantent toujours Il se souviens de tout, il sait qu’il existe encore de vieux collaborateurs, il voudrait leur river leur clou, mais il est arrivé trop tard.

Il parle d’écrivains de cette époque , moi aussi j’ai fait quelques recherches, pour voir s’ils ont vraiment existé, je m’arrête sur le Français Roger Gilbert Le Comte, poète mort de chagrin, sa femme juive envoyée à la mort. Il avait publié un recueil de poèmes qui s’appelait « La Vie, l’Amour,la Mort,le Vide et le Vent. ».

Toutes ses enquêtes aboutissent à la fin redoutée mais impitoyable, Les Tourelles, Drancy, je fais appel à ma mémoire où ai.je vu ce nom de Drancy, que je ne connaissais pas et je me souviens que lors de nos références sur Victoria Ocampo, on avait parlé de Drieu La Rochelle qui s’était marié par intérêt avec une femme juive qui avait un enfant, évidemment il ne l’aimait pas, était divorcé, mais sachant qu’elle et son enfant étaient à Drancy´il a fait tout pour les délivrer, Je pense donc que s’il a été capable de faire ce geste tout n’était pas corrompu dans son for intérieur, quand on sauve une vie on sauve plusieurs générations.

J’aime beaucoup l’écriture de Modiano, un style concis et particulier,où ses sentiments sont décrits à leur juste valeur.
Les deux livres que j’ai lus sont tristes, mais on ne voit pas couler le sang , il laisse au lecteur s’imaginer la suite. Avec des écrivains comme lui, comme Semprun, comme Primo Levi, Daniel Mendelshon avec «Les Disparus » et le cineaste Lanzman dont j’ai vu à la télévision de mon pays sur la chaîne française « la Shoa » Je ne pouvais suivre les émissions sans prendre un Valium, je répète avec les écrivains de cette taille, l’oubli de ces atrocités n’arrivera jamais.

Aucun mot n’est assez puissant pour décrire cette obscure page de l’histoire de France et de toute l’Europe´.

« jamais plus »

Si vous voulez un peu découvrir Modiano, il y a cette jeune archive de l'émission la grande librairie, 1 heure avec Modiano, il faut bien ce temps pour se laisser prendre par sa diction hésitante, pour se caler à sa pensée.
Modiano semble être un être étonnamment pudique lorsqu'on lui parle de lui, il répond l'autre, bref il laisse le lecteur le découvrir par ses écrits.


http://www.france5.fr/la-grande-librairie/index.php?page=article&numsite=1403&id_rubrique=1406&id_article=15581

bonjour, merci, j'ai vu cette émission, c'est vrai qu'il parle lentement, pour moi c'est mieux , je ne perd aucun mot!! son écriture s'avance aussi à pas lents, j'aime beaucoup Modiano.

Modiano est mon écrivain préféré, j'ai un rapport très particulier avec cet auteur, j'ai lu tous ses livres, pour ceux qui ne l'auraient jamais lu, je conseille:la place de l'étoile, les boulevards de ceinture, villa triste, rue des boutiques obscures, et tant qu'à faire le dernier, "l'horizon".

J'ai lu récemment mon deuxième livre de Modiano : Voyages de noces L'histoire d'une femme, d'une recherche d'un passé révolu, d'une fuite du présent vers le passé.
On retrouve les thèmes chers à Modiano : Paris comme héroine toujours et encore du récit, les fugues, la réflexion sur le passé dans le présent, la quête du passé.
J'aime beaucoup cet auteur. Il arrive très bien à traduire les sentiments que nous avons tous en nous un jour ou l'autre :

Citation :

"Peu importent les circonstances et le décor. Ce sentiment de vide et de remords vous submerge, un jour. Puis, comme une marée, il se retire et disparaît. Mais il finit par revenir en force et elle ne pouvait pas s'en débarasser. Moi non plus."

J'éprouve souvent cette sensation. J'aime quand l'art réussit à peindre sans artifice nos sentiments.

Je ne vous parle pas de l'histoire de ce livre. Je pense pas qu'elle soit importante pour choisir de lire Modiano. Son sujet n'est que pretexte à parler du passé dans le présent. Bien que l'histoire soit belle, cela dit.....

les dimanches d'Août chez Folio.

1/2

Il suffit d’une rencontre inattendue pour faire ressortir les fantômes du passé. Toute la mémoire se met en branle pour juxtaposer le passé et le présent, dans la langue du narrateur comme pour le lecteur.

« Tout finit par se confondre. Les images du passé s’enchevêtrent dans une pâte légère et transparente qui se distend, se gonfle et prend la forme d’un ballon irisé, prêt à éclater. »

C’est pourquoi Modiano aime les voix brouillées, les photos anciennes retrouvées, les parfums insidieux et ambigus, infimes traces de ce qui fut.

« je sentais la présent diffuse de Villecourt. C’était comme l’odeur de moisissure dans la chambre, quelque chose dont nous ne nous débarrasserions jamais. »

Les couples pourraient être interchangeables, à la dimension temporelle près, et même les personnages se ressemblent,

« Le blue-jean délavé de Barbara Neal était identique de forme et de couleur à celui de Sylvia. Et comme elles se tenaient l’une et l’autre dans la même attitude indolente, je constatai qu’elles avaient la même taille fine qui faisait ressortir la courbe des hanches, si bien que j’aurais été incapable, à la vue de leurs hanches et de leurs tailles, de les différencier l’une de l’autre. »

On a une perception trouble de leur rôle équivoque, dans la mesure où ils veulent donner le change, abuser les partenaires.

Affaires louches, comportements suspects, tout Modiano est là, qui du polar retient plus l’atmosphère que les indices et la déduction : on écoute dans le brouillard la voix incertaine d’un témoin qui n’est plus sûr de rien.

rotko a écrit:

les dimanches d'Août chez Folio.

C’est pourquoi Modiano aime les voix brouillées, les photos anciennes retrouvées, les parfums insidieux et ambigus, infimes traces de ce qui fut.

« je sentais la présent diffuse de Villecourt. C’était comme l’odeur de moisissure dans la chambre, quelque chose dont nous ne nous débarrasserions jamais. »

Combien de fois a-t-il écrit Livret de famille ? (je plaisante parce que j'adore Modiano )

quelques titres dont on a parlé (liste non exhaustive)

La place de l'Etoile (1968)

Livret de famille (1977)

Rue des boutiques obscures (1978)

Une jeunesse (1981)

Mémory Lane (1981)

Dimanches d'août (1986)

Voyage de noces (1990)

Un cirque passe (1992)

Dora Bruder (1997)

Dans le café de la jeunesse perdue (2007)

Dimanches d'août

2/2

Plus qu’une confrontation passé/présent, il s’agit, me semble-t-il, d’une interrogation sur le passé, qui implique le narrateur :

« Je ne peux pas tout dire. Je garde certaines choses pour moi. Souvent, je pense à cette vieille affiche de cinéma dont quelques lambeaux demeuraient sur une palissade. Il était écrit : LES SOUVENIRS NE SONT PAS A VENDRE. »

Réserve bien compréhensible, puisque les personnages, comme le narrateur, ont le sentiment d’éprouver
«  un sentiment diffus de culpabilité » et le besoin de « fuir quelque chose sans très bien savoir quoi. »

La recherche terminée, il reste un goût légèrement amer dans la bouche, celui d’une déception, d’avoir été trompé quelque part par ces personnages mythomanes et calculateurs qui, comme des ombres, parcourent le récit. Ou pour parler avec cette pointe d’argot qu’affectionne Modiano, « d’avoir été floué. »

J'ai lu Rue des boutiques obscures

Après un début assez difficile, j'ai apprécié ce récit assez original.
L'histoire d'un homme qui a perdu la mémoire et qui enquête pour retrouver son passé. Par moment, il a des moments de lucidité et peu à peu il retrouve une trace de son histoire..... C'est superbe!

Un passage où on retrouve l'univers de Modiano :

Citation :

"Jusque-là, tout m'a semblé si chaotique, si morcelé.... Des lambeaux, des brides de quelque chose, me revenaient brusquement au fil de mes recherches.... Mais après tout, c'est peut-être ça, une vie....."

parution d'un cahier de l'Herne sur Modiano

Le dossier sur Dora Bruder, publié en 1997, est exemplaire. Modiano lit un entrefilet, dans un journal de 1941, sur une fugue de la jeune juive qui sera déportée avec ses parents. Serge Klarsfeld l’aide à en rechercher les traces. On lit les lettres qu’ils échangent, la manière dont l’écrivain, séducteur bouleversé, utilise sans relâche l’enquêteur-archiviste.

Le numéro analyse à fond ses liens avec les villes, les noms, les faits divers, le cinéma. Des textes de l’écrivain sur Julien Gracq, Joseph Roth, Marcel Aymé, découvrent un lecteur précis, concis, sans effet...

in l'article de Libé.

J'ai lu en une traite, Jeunesse de Modiano.

Le récit raconte la jeunesse d'un couple dont la femme fête ses 35 ans, entourée de ses deux beaux enfants.
On apprend leur rencontre et leurs déboires dans le Paris de leur 20 ans.
On retrouve donc les fils conducteurs classiques des oeuvres de Modiano : Paris, les souvenirs, le temps qui passe..... C'est toujours la même chose mais on ne s'en lasse pas. En connaissant bien Paris, je peux vraiment imaginer les pas des héros dans ce Paris du passé, comme quoi la ville n'a pas tant changé que ça.

Je n'avais pas apprécié plus que ça L'Horizon (oui, même moi).

A mon avis, il peine à se renouveler.

Or en octobre sort L'Herbe des nuits.

J'avoue que je suis méfiant. Pas vous ?

Je suis loin d'avoir lu tous les Modiano, mais le résumé de son nouveau me fait penser à Dora Bruder (et ce ne serait pas un mal car j'avais beaucoup aimé ce roman).

Je suis toujours enthousiaste face à Modiano, alors sans doute peu objective; ). J'ai fini il y a peu La ronde de nuit, que j'ai trouvé éblouissant. C'est très difficile de faire tenir autant de choses et d'émotions en si peu de pages...