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| | Philippe Claudel | |
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Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mar 18 Mar 2008, 06:08 | |
| Il y a longtemps que je t'aime (1) raconte l' histoire émouvante, celles de retrouvailles entre deux soeurs qui vont réapprendre à vivre ensemble, après un drame qui les a empêchées, l'une comme l'autre, de mener une vie normale. j'avais l'occasion de le voir, je n'y suis pas allé à cause d'une mauvaise critique. Petite fabrique des rêves et des réalités, de Philippe Claudel (Éditions Stock),raconte le tournage du film. (1) avec Kristin Scott Thomas, Elsa Zylberstein et Serge Hazanavicius. voir les avis sur le film | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mar 22 Avr 2008, 22:14 | |
| - maïa a écrit:
- rotko a écrit:
- Quand il dit renoncer à ce travail, ne conforte-t-il pas les lecteurs dans l'idée, si courante, que les gens là-bas sont irrécuperables ?
je comprends bien qu'un ecrivain ne doive pas donner a priori une vision optimiste à tout crin, "positivante" comme on dit, mais doit-il pour autant, conforter les lecteurs dans les idées négatives, couramment admises ? Il a simplement dit qu'il ne pouvait plus rien pour eux, lui... nuance. J'ai trouvé au contraire qu'il décrivait les prisonniers sans démagogie mais avec beaucoup d'humanité. Je ne comprends pas ce que tu appelles "idées négatives couramment admises". Un auteur doit-il se retenir de décrire un monde pourri, doit-il mentir, embellir ? Ce n'est pas son rôle. Et tant qu'il reste dans les limites de la loi (qui interdit les attaques antisémites ou les incitations à la pédophilie, par exemple) je ne vois pas ce qu'on devrait lui interdire. Déjà qu'il faudrait supprimer Nabokov à cause de sa Lolita
Zola peint des ouvriers alcooliques, Flaubert des femmes adultères hystériques, Maupassant des paysans cupides et stupides. Je pourrais continuer longtemps. Ils confortent donc le lecteur dans des idées négatives etc... ??? J'avais lu ce topic il y a quelques temps, je m'étais souvenu de cet échange d'arguments et je viens de relire un texte de Stendhal qui m'y a fait repenser : "Eh, monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l'homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d'être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier et plus encore l'inspecteur des routes qui laisse l'eau croupir et le bourbier se former." | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 23 Avr 2008, 07:21 | |
| oui, oui, j'entends bien mais de là à donner vent arrière aux idées reçues... voyons les choses un peu brutalement, mais telles que je les ai reçues (peut-être a tort, je veux bien l'admettre). je ne parle pas des autres livres de Claudel que j'ai lus et appréciés, comme on le voit plus haut dans le fil. Ces points posés, j'examine ces deux livres : le bruit des trousseaux : j'ai ouvert le fil avec ce livre. qu'en ressort-il ? qu'il n'y a pas grand chose à attendre d'un travail en prison, que le milieu est dur - ne le savait-on pas ? qu'on est payé d'ingratitude et de menaces. conclusion ? laissons-ces gens là dans le placard on sera plus tranquille ! - Citation :
- Au 1er septembre 2007, les prisons françaises comptaient 60 777 personnes détenues pour 50 731 places opérationnelles. 140 établissements, ou quartiers de détention, présentaient une densité carcérale supérieure à 120 %.
dit l'observatoire international des prisons (OIP, organe officiel) J'abandonnetitre évocateur. Le narrateur ne veut plus être une hyène, le mot n'est pas anodin ! une hyène est un charognard. Or que fait-il ? il essaie de convaincre les parents de céder un corps pour une transplantation d'organes. Métier répugnant !? Or les Français sont réticents à ces dons, - Citation :
- Dans l'Hexagone, les sondages ont révélé que les Français sont plutôt favorables au don d'organes lorsqu'il s'agit de soi-même. Par contre, au moment du décès d'un être cher, plus de
40 % refusent l'acte en faveur d'un demandeur. et les demandeurs de transplantation sont en attente, au péril de leur vie. Ce récit ne peut que renvoyer à la population le reflet de ses réticences à donner un organe, le tout auréolé du prestige actuel de philippe claudel ; - Citation :
- Aujourd’hui, plus de 5 500 malades sont en attente d’une greffe de rein
Les demandeurs pourront lire en attendant le livre de Claudel ? voyez le site pour ce seul secteur du rein. | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 24 Avr 2008, 15:07 | |
| - Citation :
- Les demandeurs pourront lire en attendant le livre de Claudel ?
Rotko! ce n'est pas le message du livre! Il raconte surtout qu'il n'en peut plus, qu'il n'arrive plus à faire face, qu'il ne peut plus demander à des gens dans la peine de faire encore un effort de plus Enfin moi c'est ainsi que je l'ai pris ce livre? Cela dit, c'est effectivement horrible que des gens soient payés pour "enturlupiner" et réussir à arracher u n consentement qui devrait faire partie des "obligations naturelles" en cas de décès Merde on ne s'offusque pas de la facture des pompes funèbres! qui elles aussi profitent dans u n but lucratif du malheur! Cela devrait être dans nos moeurs, mais ne l'est pas .on ne peut que le regretter. | |
| | | mona pilier
Nombre de messages : 752 Age : 65 Localisation : Morbihan Date d'inscription : 18/08/2006
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 24 Avr 2008, 20:48 | |
| - marie chevalier a écrit:
-
Rotko! ce n'est pas le message du livre!
J'ai vu un parallèle entre ce médecin veuf depuis peu, élevant son enfant au jour le jour et cette femme qui vient de perdre sa fille et à qui il est demandé l'autorisation de prélever ses organes... Je crois que le don d'organe n'est pas le thème du livre mais la souffrance de l'absence et l'incommunicabilité de celle-ci à moins que l'autre ne souffre lui même d'une absence comparable | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Philippe Claudel Ven 25 Avr 2008, 18:06 | |
| Oui aussi Mona on peut voir ce roman ainsi je n'y avais pas pensé | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: rotko les àmes grises Sam 17 Mai 2008, 22:53 | |
| bonjour Rotko, je suis vers la moitié de ce livre de Claudel ,il me plait et j'ai un autre de Michel Folco: Dieu et nous seuls savons, il me semble que celui là doit ètre terrifiant ,Qu'en penses-tu? je le laisse? D'autre part pour les auteurs Russes contemporains ici ils n'éxistent pas.Si j'en trouve au moins un je participerais à la lecture commune,sinon je parlerais des anciens qui sont trés bons, aussi.mème si les sujets ne sont pas actuels,Je pense qu'un Tchejov, Gogol ou d'autres sont toujours intéressants A bientòt Amadak nb je pourrai faire comme Bayard, j'ai lu un fragment de la "modification" | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Dim 31 Aoû 2008, 09:34 | |
| J'ai lu J'abandonne le mois dernier sans me souvenir que c'était ce roman qui avait fait l'objet d'une discussion sur ce forum. Je me souvenais d'un point du débat portant sur les "hyènes" qui viennent voir les familles éplorées pour leur demander de prélever des organes sur le corps de leur proche qui vient de décéder. En lisant les commentaires de Rotko sur ce sujet, je m'étais demandé de quoi il parlait. Les personnes chargées de ce travail traitaient-elles les cadavres de manière indigne ? J'imaginais des scènes horribles. Je n'ai pas bien compris finalement en quoi le comportement des "hyènes" est scandaleux. Que leur reproche-t-on ? leur insensibilité ? leur manque d'empathie ? Je trouve cela normal : quand on fait un tel métier, il vaut mieux être léger, insensible ou s'enfermer dans une carapace sinon, c'est impossible de le faire. C'est ce que nous prouve d'ailleurs le narrateur : le décès de sa femme l'a fragilisé et il ne peut s'empêcher de se mettre à la place de la mère qui a perdu sa fille et qu'il est chargé de "travailler" pour obtenir un don d'organes et il ne peut plus faire ce métier. Je n'ai pas bien vu où était la manipulation. C'est vrai que les méthodes des "hyènes" m'ont rappelé le temps où je faisais de la téléprospection et où j'essayais de vendre des cuisines, des méthodes très commerciales donc mais leur but, c'est quand même d'être efficaces, pas de consoler les gens. Le mort se moque bien de ces méthodes, il est mort et si les cadavres sont désacralisés dans notre société, c'est qu'on le veut bien, ça ne me choque pas. Les méthodes commerciales des "hyènes" ne sont finalement qu'une conséquence de cette désacralisation. Ca ne me choque pas non plus. Et je ne me souviens pas avoir lu dans le roman que ces méthodes aggravent la douleur des personnes en deuil. Ce serait pour moi le seul argument qui me prouverait que ces méthodes sont répréhensibles. En revanche, il est bien clair que celui qui attend un foie ou un rein ne peut qu'être heureux de cette efficacité. Une vie de sauvée, c'est tout ce qui importe. Le narrateur, si humain et si sensible, pourrait y songer... Qu'il n'ait pas songé une seconde en revanche à changer de baby-sitter m'a paru bien plus choquant. Je veux bien qu'il soit à la ramasse, mais quand même, il y a des limites. Encore un qui ferait mieux de balayer devant sa porte avant de s'occuper de celle des autres (oui, oui, je sais, ça ne fait pas très "critique universitaire" de porter un jugement moral sur un personnage). Je n'ai pas bien compris par ailleurs pour qui Claudel écrivait : pour nous ? pour la postérité ? En général, les écrivains souhaitent s'adresser aux hommes d'aujourd'hui et à ceux de demain mais en général aussi, c'est sans en avoir l'air. Dans ce roman, la question du destinataire me paraît essentielle. J'ai eu le sentiment qu'il voulait laisser à la postérité le témoignage de la vulgarité de l'époque mais ce témoignage se résume à un catalogue. Comme peinture d'une époque, c'est assez affligeant. Comment peut-on après des prédécesseurs comme Balzac ou Proust ? Il ne faut vraiment avoir honte de rien. Et qu'a-t-il à dire à ses contemporains ? La vulgarité de l'époque, on la connaît, il est des jours où l'on s'en accomode et d'autres où on s'en désole. Parfois même, on y participe. Je sais bien qu'il ne faut pas confondre auteur et personnage mais l'auteur semble vraiment de connivence avec son personnage. Or, d'aucuns peuvent considérer que vivre à Dombasle quand on pourrait vivre ailleurs, c'est très vulgaire. Enfin bref, à quoi sert la vision de ce personnage qui joue sa mijaurée tout au long du roman ? Oui, c'est vrai, les sketchs et les affiches de Bigart sont affligeants et alors ? Et puis je n'aime pas trop les prescripteurs de bon goût. Pour notre personnage, Céline Dion, c'est vulgaire, il faut vraiment avoir mauvais goût pour aimer. Et comment nous le prouve-t-il ? Pendant que l'on enterrait sa femme, quelqu'un a fait gueuler, fenêtres ouvertes, un album de Céline Dion... Bashung en rechanche, c'est très bien, faut écouter. Si on aime, on a bon goût. Et comment veut-il le prouver ? Une chanson de Bashung a constitué un moment de complicité entre lui et sa femme tant regrettée. Pas très rationnel comme argumentaire et pas très honnête comme procédé. Et j'aime mille fois mieux une chanson comme "Vole" de Céline Dion que "Gaby, oooooh Gaby" de Bashung. Quelle horreur ! Comme je suis vulgaiiiiire ! | |
| | | Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 26 Nov 2008, 23:08 | |
| J'abandonne - Solweig a écrit:
- Je n'ai pas bien compris finalement en quoi le comportement des "hyènes" est scandaleux. Que leur reproche-t-on ? leur insensibilité ? leur manque d'empathie ? Je trouve cela normal : quand on fait un tel métier, il vaut mieux être léger, insensible ou s'enfermer dans une carapace sinon, c'est impossible de le faire.
Personnellement je peux comprendre que les personnes en charge de ce "travail" éprouvent un malaise, quelles que soient la noblesse et l'utilité du résultat recherché. Le simple fait de mettre en oeuvre des stratégies sur la façon d'annoncer le décès aux proches, de guetter le moment le plus opportun pour formuler la demande de don, pour les cueillir en quelque sorte au moment où ils sont au fond de leur douleur, a quelque chose de pesant, voire malsain. Le narrateur ayant lui-même subi un deuil, il n'éprouve que plus durement ce malaise (et aurait dû, soit dit en passant, demander sa mutation dans un autre service). J'ai trouvé que cette partie-là du roman était plutôt réussie. - Solweig a écrit:
- Qu'il n'ait pas songé une seconde en revanche à changer de baby-sitter m'a paru bien plus choquant. Je veux bien qu'il soit à la ramasse, mais quand même, il y a des limites. Encore un qui ferait mieux de balayer devant sa porte avant de s'occuper de celle des autres (oui, oui, je sais, ça ne fait pas très "critique universitaire" de porter un jugement moral sur un personnage).
tout à fait d'accord, ce qui transpire, c'est surtout sa haine des jeunes, de la musique, de tout ce qui n'est pas "propre" et bien rangé. - Solweig a écrit:
- Et qu'a-t-il à dire à ses contemporains ? La vulgarité de l'époque, on la connaît, il est des jours où l'on s'en accomode et d'autres où on s'en désole. Parfois même, on y participe. Je sais bien qu'il ne faut pas confondre auteur et personnage mais l'auteur semble vraiment de connivence avec son personnage. Or, d'aucuns peuvent considérer que vivre à Dombasle quand on pourrait vivre ailleurs, c'est très vulgaire. Enfin bref, à quoi sert la vision de ce personnage qui joue sa mijaurée tout au long du roman ? Oui, c'est vrai, les sketchs et les affiches de Bigart sont affligeants et alors ? Et puis je n'aime pas trop les prescripteurs de bon goût. Pour notre personnage, Céline Dion, c'est vulgaire, il faut vraiment avoir mauvais goût pour aimer. Et comment nous le prouve-t-il ? Pendant que l'on enterrait sa femme, quelqu'un a fait gueuler, fenêtres ouvertes, un album de Céline Dion... Bashung en rechanche, c'est très bien, faut écouter. Si on aime, on a bon goût. Et comment veut-il le prouver ?
oui, il y a un côté extrêmement déplaisant dans la façon dont le narrateur (ou plutôt l'auteur car comme dit Solweig, c'est manifestement Claudel qui s'exprime, il n'est que de l'écouter dans ses interviews) attribue les bons et les mauvais points. Au final il reste un livre bien écrit, qui se lit facilement, mais assez antipathique dans sa démarche.
Dernière édition par Seb le Mar 02 Déc 2008, 17:40, édité 1 fois | |
| | | Bernique pilier
Nombre de messages : 2029 Localisation : complètement à l'Ouest Date d'inscription : 03/01/2008
| Sujet: Re: Philippe Claudel Ven 28 Nov 2008, 16:55 | |
| De P. Claudel je n'ai lu que La petite fille de Monsieur Linh dont j'ai apprécié la délicatesse. La chute finale éclaire d'une autre lumière toute l'histoire. Et même si colbrune a dit - colbrune a écrit:
- D'accord Maïa, mais il est un peu décevant quand tu comprends d'emblée, ce qu'il te cache... Dommage ! et je suis restée sur ma faim, mis à part le rêve conjoint que font les deux hommes ...
la relecture rend cette histoire encore plus émouvante, le regard porté sur le vieux Linh plus humain. La narration simple sert le propos de cet homme simple qui découvre un nouveau monde incompréhensible pour lui, ignorant de la marche du monde occidental. Peu d'information précise sur les lieux, pas de nom de ville ou de pays, ce qui rend ce récit universel : que de M Linh ont vécu l'exil poussés par des guerres, par la folie humaine. Que de M Linh qui n'ont jamais perdu leur âme, accrochés aux souvenirs sensoriels et sensuels de leur pays. Pour compléter votre lecture, je vous conseille de faire un tour sur le site du port-musée de Douarnenez qui présente en ce moment une exposition sur l'histoire des boat-people. | |
| | | Ephémère habitué(e)
Nombre de messages : 22 Age : 30 Localisation : entre deux mondes Date d'inscription : 16/03/2008
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mar 02 Déc 2008, 14:55 | |
| de meme, je n'ai lu que la petite fille de monsieur linh, et j'ai vraiment beaucoup aimé.
c'est a la fois léger dans la facon d'ecrire l'histoire, triste, et beau. ^^ | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Sam 06 Déc 2008, 21:26 | |
| Je suis allée à Nancy cet après-midi avec des Allemands. Pour y aller, on contourne en général Dombasle mais une amie, fan de Claudel, tenait absolument à leur faire voir la petite ville du "grand écrivain". Dombasle, lieu de pélerinage, vraiment, ça me fait rire. Ca me fait songer aussi qu'une collègue à la retraite qui a eu Philippe Claudel comme élève m'a dit qu'il ne se prenait pas pour la queue de la mirabelle (pour utiliser une image locale). Bon d'accord, cette collègue est un peu langue de vipère, j'en conviens mais comme j'en ai un peu marre de cette Claudelmania et que je me suis encore fait tanner cet après-midi pour lire Le Rapport de Brodeck ("Comment ? T'as pas encore lu Le Rapport de Brodeck !!! Mais il faut absolument que tu le lises !!! Vraiment, c'est un roman exceptionnel ! " et patati et patata jusqu'à Saint-Nicolas de Port), j'ai envie de me défouler un peu ici. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Claudel Dim 07 Déc 2008, 08:04 | |
| J'aime bien ton expresssion "se prendre pour la queue de la mirabelle" où le pittoresque l'emporte sur le dénigrant. J'ai commencé le rapport de Brodeck , mais j'ai dû rendre le livre pour cause de départ. Le pessimisme de Claudel (voire une écriture épaisse parfois) me rebute un peu, mais tout dépend des livres. certains livres me déplaisent | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Lun 08 Déc 2008, 11:39 | |
| Les mirabelliers en fleurs sont très beaux autour de Dombasle. Les a-t-il seulement décrits dans un de ses romans ?
J'ai un texte de lui dans une collection du Mercure de France. Cette collection regroupe des textes qui parlent tous d'un même lieu : Le goût de Prague, Le goût du Rhin , Le goût d'Athènes, Le goût du Mont Saint-Michel, etc. Ce n'est pas mal du tout comme petite collection. Je les ai presque tous. Ils permettent quand on voyage de confronter sa vision d'un lieu avec celle d'un écrivain. Evidemment, j'ai Le goût de Nancy avec un texte de Victor Hugo, de Stendhal ou de Simone de Beauvoir par exemple. Et il y a aussi un texte intéressant de Philippe Claudel où il commente Les canotiers de la Meurthe, un tableau d'Emile Friand. C'est intéressant parce que c'est une interprétation sur une interprétation, une vision sur une vision.
Cela m'avait fait un peu le même effet quand j'étais allée visiter le château de Vascoeuil en Normandie avec son parc parsemé de statues de Braque, Vasarely, Dali, Folon, Székély par exemple. Je lisais en même temps les commentaires de Philippe Delerm sur ce parc et ses statues. | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Philippe Claudel Lun 08 Déc 2008, 11:55 | |
| Je ne crois pas qu'il s'agisse de "claudelmania" ce qui serait très péjoratif pour l'auteur. On aime ou l'on aime pas sa façon d'écrire, mais sauf erreur je ne crois que ce soit un poète qui décrit les jolis paysages et les petits oiseaux ? du moins je n'ai pas retrouvé cet aspect dans "j'abandonne" dans "les âmes grises" ni dans le "rapport de Brodeck". Cela dit, nous sommes sur un fil qui lui est consacré donc il me semble logique que chacun y donne ses idées, d'autre part, que ton amie ait trouvé qu'il ne se prenait pas pour la queue d'une mirabelle, cela n'enlève en rien son talent "ou non talent" selon ses lecteurs ! si nous devions retirer les prétentieux de nos lectures, il y aurait des livres sur le pavé ! | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Lun 08 Déc 2008, 12:15 | |
| "L'été lorrain des chaleurs verticales, qui casse la nuque et les épis de blés, l'été des élytres frottés dans les soupirs d'un vent de Sahara qui verse parfois, comme une poussière d'ange,un sable rouge sur les campagnes piquetées de mirabelliers, l'été des cailloux blancs sur les chemins de calcine. On boit l'ombre des murs de chaux. La main rêveuse se coule dans le ventre glacé d'une fontaine. Le bronze des cloches s'épuise à lancer les heures. Les jours durent plus que les jours. Le temps devient une fièvre."
Philippe Claudel Au revoir Monsieur Friant | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Philippe Claudel Lun 08 Déc 2008, 12:50 | |
| très joli en effet donc cet homme sait écrire beaucoup de genres . je le découvre en tant que "poète" merci Solweig | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 10 Déc 2008, 11:51 | |
| Parlez-moi d’amour, édité chez Stock, créee en octobre 2008 à la comédie des Champs-Elysées, est à mes yeux, une première pièce réussie . Derrière la scène de ménage du couple qui s’envoie par la figure toutes les méchancetés possibles, se dessine tout un style d’existence : celui des carriéristes à tout crin, des bourgeoises caviar peu scrupuleuses sur l’idéologie, des adeptes des pratiques à la mode. Le style est décapant dans la mesure où il fait sauter le vernis policé pour révéler, à vif, les personnages et toute une clique dirigeante. On rit aussi des « valeurs » proclamées, et selon les interprétations, la pièce sera plus ou moins satire ou comédie. La Femme : - Citation :
- Tous ceux que tu me ramènes depuis trente ans ont fait l’ ENA ! Tu parles d’une denrée rare ! Vous êtes tous de la même niche et aucun n’est parvenu à casser sa laisse ! Vous vivez ensemble collés les uns aux autres comme les poils d’un même balai de chiotte !
[…] vous savez tout sur tout sans jamais sortir de vos bureaux ! Vous avez le même air hautain qui vous fait regarder les gens comme s’ils étaient des merdes et vous des créatures supérieures. Même dans votre façon de serrer les mains, on voit que vous avez peur de vous salir ! | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 10 Déc 2008, 11:57 | |
| je vais me laisser tenter par "parlez-moi d'amour" j'aime beaucoup P.Claudel. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 10 Déc 2008, 12:06 | |
| C'est du théâtre et pas un recueil de poésies | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| | | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 11 Déc 2008, 07:46 | |
| C'est une pièce qui rappelle par certains côtés qui a peur de Virginia Woolf ? d' Edward Albee où un ménage se déchire.
Il n'y a aucune indication scénique, sinon à "la toute fin". | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Philippe Claudel Dim 11 Jan 2009, 14:23 | |
| Parle-moi d’amour Pièce de théâtre écrite par Phillipe Claudel Comme souvent les pièces de théâtre à deux personnages, i l s’agit d’une très forte scène de ménage entre deux « quinquas », mariés depuis des années mais où les vieilles rancœurs, les vieux reproches enfouis depuis des années, surgissent à l’occasion d’une soirée d’où ils reviennent un soir. Elle lui reproche ses ambitions et son parcours professionnel : - Spoiler:
… Tous ceux que tu me ramènes depuis trente ans ont fait l’ENA ! Tu parles d’une denrée rare ! Vous venez tous de la même niche et aucun n’est parvenu à casser sa laisse…
… Vous avez le même air hautain qui vous fait regarder les gens comme s’ils étaient des merdes et vous des créatures supérieures…
(je vois Rotko que ce passage nous a interpellés ) ses idées politiques : - Citation :
- Lui :
Mais je suis socialiste !
Elle : Très profondément alors ! et tellement en profondeur que c’est devenu imperceptible ! C’est pour ça qu’après avoir léché les pompes à Ségolène, tu serais prêt aujourd’hui à lécher toutes les marches du perron de l’Elysée si le nouveau pensionnaire te le demandait….
Lui :
La politique ça te dépasse ! Tu ne sais même pas que le meilleur moyen de faire triompher ses convictions, c’est de s’éloigner de l’arène et de prendre du recul ?… Il lui reproche de « cracher dans la soupe » : - Citation :
- Bien sûr ! Facile à dire ça, très facile, Tu craches dans la soupe mais tu la manges tous les jours ! Madame se fait coiffer deux fois par semaine, papouiller les mains et les pieds tous les vendredis…..
Ils parlent de leurs enfants, chacun a son reproche à faire à l’autre, ils parlent de leur vie sentimentale, là encore la jalousie réciproque leur fait dire des horreurs ! Bref on arrive au bout de cet échange, un peu fatigués, mais aussi parfois gênés : on se dit comment peut-on en arriver à se dire de telles horreurs tout en s’aimant… encore.. A lire si votre couple fonctionne parfaitement et que vous pouvez sourire en lisant ça comme une petite histoire sans importance. Phiplippe Claudel nous fait découvrir encore une face de son écriture, qui n’est peut-être pas la meilleure mais la plus vraie et cruelle à la fois… | |
| | | leutchi pilier
Nombre de messages : 109 Age : 62 Localisation : Crolles (Grenoble) Date d'inscription : 07/05/2009
| Sujet: Brodeck ? Bof. Ven 08 Mai 2009, 06:37 | |
| Premier grain de sel au goût amer. Sur un Rapport de Brodeck qui est une de mes plus belles déceptions de l'année passée. D'autant que ce roman était porté par un bel enthousiasme et que je me suis laissé aller aux conseils de ma libraire. Et là, patatras! Dans un premier élan je n'ai pas pu dépasser la page 23. Ce n'est pas le fond mais la forme qui m'accable. Page 20, 7 métaphores en six phrases et pas des plus sobres. Deux pages plus loin, la triple répétition de la conjonction "comme" dans une description de 3 lignes a définitivement plombé ma lecture. C'est trop de mots, trop lourd, trop d'effets accumulés les uns après les autres. Je pose le livre quelque temps. Je n'aime pas cette sensation de pouvoir passer à coté de quelque chose par manque de persévérance. Il est des romans qui méritent que l'on surpasse l'écueil de premiers chapitres un peu difficiles pour accéder au meilleur de ce qu'ils peuvent offrir. Ce "rapport" en fait peut-être partie. Je le reprends où je l'avais laissé. Le fond pourrait-il racheter la forme ? Je m'efforce de passer au-dessus des effets de style pour trouver ce qui fait la force de ce roman tout en sachant combien Il est ardu de faire abstraction de manies d'écriture une fois celles-ci mises au jour. C'est comme au cinéma, lorsque qu'on ne peut pas "entrer" dans un film à cause des intentions trop visibles du metteur en scène. Après, je ne sais que décrypter, je vois trop l'écrivain derrière son texte. Résultat, impossible d'aller plus loin que la page 54! C'est finalement le fond de ce rapport/fable qui m'a fait renoncer définitivement et sans le moindre regret. Je ne suis pas – plus - client des démonstrations avec groSS ficelles et gros sabots. J'ai vu venir la fable moralisatrice avec un certain effarement, tout comme les personnages caricaturaux et les situations improbables. Par ailleurs, je n'ai pas besoin qu'on m'expose les turpitudes de l'homme en long en large et en travers pour y croire. Que Brodeck s'en soit sorti parce qu'il a fait le chien, m'a accablé. J'ai été sidéré par la description de l'antre de l'ogre avec table de 4 mètres en bois massif, grand couteau et servante aveugle au visage de vierge, arggh! - servante dont j'imagine le funeste sort, re-arggh! Mais Qu'Orschwir soit un gros pourceau éleveur de cochons m'a achevé. Et je passe les frangins auto-explosés avec une grenade (n'en jetez plus!) sans avoir fait la guerre (y'a de la signification dans l'air).
Ce roman a plu à un large public, notamment aux lycéens (prix des lycéens 2007 je crois) soit, mais il est pour moi bien trop MANICHÉEN…
Ce qu'il y a de bien avec la littérature, c'est que chacun peut y trouver son bonheur… ou pas. Eric Tchi. | |
| | | Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Philippe Claudel Ven 08 Mai 2009, 08:23 | |
| Merci Leutchi pour cet avis intéressant. Effectivement, le fond et la forme sont difficilement dissociables. Et sur l'horreur et la monstruosité, d'autres ont fait beaucoup plus profond et beaucoup mieux écrit que Claudel et Littell (par exemple Tournier dans Le roi des Aulnes). | |
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| Sujet: Re: Philippe Claudel | |
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| | | | Philippe Claudel | |
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