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 Les délires de Marie Chevalier

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troglodyte
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyJeu 13 Avr 2006, 19:34

Serait-ce l'introduction d'un roman figurant une relation sadomasochiste teintée de fétichisme bucco-dentaire ?
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Claudy
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyDim 16 Avr 2006, 05:26

On s'attendait bien à autre chose Happy mais dure fut la chute ... pour les curieux affraid affraid affraid
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swallow
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MessageSujet: La chute   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyDim 16 Avr 2006, 16:31

Marie, je suis aussi tombée dans ton piège...mais en grand fou rire. Enfin, normalement en ce qui concerne les pages d´érotisme, je suis de celles qui aiment que çà y aille pour de bon.
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rotko
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyDim 16 Avr 2006, 16:34

voila pour Marie l'occasion de faire une histoire avec plusieurs fins Laughing
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyLun 17 Avr 2006, 12:21

Et oui merci à vous tous ! je ne sais pas écrire "érotique" dommage car j'aime le lire sunny sunny
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swallow
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyLun 17 Avr 2006, 16:51

il faut lier le cru et l´elegant.... pas facile, je reconnais, Marie.
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyLun 17 Avr 2006, 18:31

Exact et c'est un art que je laisse aux artistes !! sunny ma nouvelle était un pari rigolo "écrivons un truc érotique" comme je ne le sentais pas j'ai fait cette petite nouvelle mai je ne regrette pas car elle en a leurré plus d'un mdr sunny
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marie chevalier
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MessageSujet: Lise   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptySam 06 Mai 2006, 16:11

LISE




Lise avait froid. Recroquevillée sur le canapé, les pieds sous les fesses elle pleurait. Elle tremblait de tous ses membres et regardait sans voir un reportage à la télévision. Seul, un nom prononcé par le présentateur avait fait basculer sa joie dans une sorte de désespoir sans fond : Laurent D.

Mais pourquoi s’était-elle vautrée devant ce téléviseur ! elle qui normalement avait décidé de ne plus regarder ni reportages ni variétés ni rien d’autre que certains films choisis par elle, enregistrés à l’avance et qu’elle visionnait quand elle le souhaitait ! Pourquoi avait-il fallu que la chaudière s’éteigne ? Pourquoi avait-il fallu qu’elle décide de s’installer dans la salle où elle avait préparé du bois pour faire un feu de cheminée ? Pourquoi, tous ces concours de circonstances qui l’avaient amenée à regarder ces informations ? Elle qui les fuyait encore plus depuis que Laurent était parti de chez eux, sans laisser d’adresse. Laurent son frère, son ami, son amant, son compagnon, celui avec lequel elle avait depuis dix années tout partagé.
Il était parti il y a une semaine en l’embrassant tendrement et en l’assurant que là où il allait il ne pouvait rien lui arriver, et qu’il l’appellerait tous les jours, il avait promis.

En effet, il avait téléphoné tous les matins pendant six jours…sauf hier… mais bon, il n’avait peut-être plus de batterie, il était peut-être dans un endroit où les ondes ne passent pas, bref pas grave, une journée sans nouvelles était supportable. Ce matin, par contre, elle avait un peu angoissé : dix heures, onze heures, puis midi, rien encore. Préoccupée par sa chaudière en panne elle s’était affairée pour amener du bois, faire du feu et puisqu’il faisait maintenant une température un peu plus agréable, elle avait décidé de rester là et de regarder un peu la télévision. C’est vrai, cela faisait un peu bizarre de ne pas s’intéresser au monde, il se passait chaque jour quelque chose quelque part et elle était rarement au courant. Elle avait toujours vécu en dehors du temps, ce qui agaçait parfois Laurent.

Le présentateur continuait de parler, parler, et Lise n’entendait plus rien. Seul le prénom de Laurent sonnait, résonnait dans sa tête ! Laurent était porté disparu ! Laurent avait eu un accident de voiture et il était « porté disparu » quels termes affreux ! on ne peut pas porter quelqu’un « disparu » cela n’a aucun sens ! Cette phrase comme un leitmotiv lui martelait la tête.
Mais comment est-ce arrivé ? Ils étaient partis à dix en excursion dans les Alpes, du moins c’est ce qu’il lui avait dit. Rien de méchant, ils avaient l’habitude, ils adoraient faire de l’escalade, et étaient chevronnés. Jamais eu un accident d’une prudence presque maladive et là un présentateur de télévision annonce que Laurent D. est « porté disparu » lors d’un carambolage sur l’autoroute du Sud ! Pourquoi la police ne l’avait-elle pas prévenue ? Pourquoi n’avaient-ils pas prévenu ses parents ?

On ne disparaît pas comme cela en France à la suite d’un accident de voiture !

Epuisée, lasse, n’ayant même pas le courage de se lever, elle s’était endormie, broyée, rompue de fatigue.
Quand elle s’éveilla le feu était éteint. Tout lui revint en pleine figure, et son cœur lui fit mal, physiquement mal. Elle avait un poids dans sa poitrine et il fallait qu’elle agisse. Quoi faire ? elle n’en savait rien encore mais elle ne pouvait pas rester les bras croisés à attendre .

Elle alla prendre une douche, s’habilla, sortit et se dirigea vers le commissariat le plus proche. Il fallait qu’elle signale la disparition de Laurent ! il fallait qu’ils le recherchent ! il fallait qu’ils le retrouvent !

Puis, de plus en plus lasse, elle prit un taxi et se rendit chez Gilles qui faisait partie de leur bande. Lui aussi avait entendu et n’en croyait pas un mot. Il la rassura du mieux qu’il put en lui affirmant que jamais Laurent n’aurait disparu sans lui donner signe de vie. Le présentateur avait voulu faire du zèle et avait raconté n’importe quoi uniquement pour faire de l’audimat ! :

« Enfin Lise un carambolage sur un autoroute fait des morts hélas, mais on retrouve toujours le corps! surtout à cet endroit où les montagnes étaient dépassées, presque plat, sans ravins, donc, il fallait attendre et Laurent, sûrement quand même un peu assommé, allait se manifester et la rassurer. »

Elle rentra chez elle un peu moins inquiète et se disant qu’effectivement Laurent avait dû avoir un choc et allait se rappeler qu’elle existait et l’attendait.

Plusieurs jours passèrent d’angoisse, d’espoir puis de déprime pour Lise. Aucune nouvelle ne parvenait de personne ni des gendarmes, ni des hôpitaux ni de la famille. Son téléphone restait muet.

Un soir qu’elle était rentrée plus harassée et plus lasse que d’habitude, elle eut un malaise sur son palier. Elle tomba en syncope et c’est grâce à un voisin qu’elle fut conduite rapidement à l’hôpital et sauvée.
Hélas, son cerveau n’avait pas suivi. Elle ne se souvenait plus de rien, ni de Laurent, ni de sa disparition ni des angoisses ni de sa peine. Aussi quand un jeune homme vint la voir à l’hôpital et lui dit :

« Chérie je n’ai pas pu faire autrement tu es vraiment malade.. »

Elle ne comprit pas un mot ni le sens de ses paroles.

Quand un infirmier vint la chercher et l’enferma dans une chambre toute blanche toute capitonnée et sans meuble elle s’assit par terre, se balança et murmura :

« Laurent, pourquoi tu ne m’emmènes pas avec toi… »

Et elle entendit clairement Laurent lui répondre :

« Mais parce que je ne veux plus de toi mon ange, tu es folle … » Et Lise répétait :

« Je suis folle…folle…folle.. »

Laurent après avoir signé les papiers nécessaires à l’internement, regarda le spécialiste et lui dit :

« Il n’y avait pas d’autres solutions n’est ce pas ? »

« Non vous avez très bien fait il fallait déclencher la crise sinon cela l’aurait prise à n’importe quelle occasion et vous n’auriez pas été là pour la sauver, votre idée de disparition était une très bonne idée.

Laurent sortit de l’hôpital, abattu, une jeune femme lui sauta au cou et l’embrassa !

« Alors ? » lui demanda-t-elle

« Alors ? Laura, Ca y est …. Nous sommes libres…. et il se mit à pleurer.


Dernière édition par le Dim 07 Mai 2006, 13:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptySam 06 Mai 2006, 18:53

affraid
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptySam 06 Mai 2006, 19:54

C'est noir comme du boileau-narcejac mais avec une pointe d'humanité.

un beau moment, parmi d'autres, mais l'épisode du reveil me plaît particulièrement.
Citation :
Quand elle s’éveilla le feu était éteint. Tout lui revint en pleine figure, et son cœur lui fit mal, physiquement mal
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marie chevalier
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MessageSujet: Il est LUI et pas NOUS   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyMer 12 Juil 2006, 18:25

IL EST LUI ET PAS NOUS…



Vous êtes ici ce soir mes amis pour fêter un événement rare et qui n’arrive qu’une fois, précisa-t-il dans un sourire, mais qui devrait vous surprendre et nous l’espérons, vous faire plaisir.
Nous fêtons nos cinquante ans et nous avons pensé qu’il serait bon de vous avoir tous autour de nous. Eh oui, la vie nous a souvent séparés pour des raisons professionnelles et familiales et ce soir, vous avoir tous autour de cette table nous fait chaud au cœur.

- Il me fatigue pas toi ?

- Si mais bon c’est un ami.

-Non. Tu parles pour toi ; moi c’est un homme qui m’a laissée tomber et qui me considère aujourd’hui comme quelqu’un qu’il n’a jamais connue.

- Mais pourtant il t’a invitée ?

- Ne crois pas cela, en fait c’est Roland qu’il a invité pas moi.

- Oh arrête de râler et écoute plutôt ce qu’il a à nous dire.

- Je sais d’avance qu’il va nous annoncer qu’il part à l’étranger au soleil, avec la prime de départ qu’il s’est touchée, il peut crois-moi !

- Ah c’est vrai tu travaillais avec lui toi !

- Enfin pas vraiment j’étais surtout copine avec sa secrétaire.

- Et ?

- Et quoi ?

- C’était sa maîtresse ?

- Lui ? une maîtresse, tu veux rire, il n’a jamais dévié du droit chemin.

- Mais alors avec toi ?

- Oh avec moi si je te racontais !

- Eh bien raconte !

- Non pas ici, quand il aura fini son discours on sortira près de la piscine, il fait super beau ce soir et on discutera je te raconterai.



µµµ

- Tiens ! Bonjour Lisa tu es venue, nous sommes content de te rencontrer car au bureau, tu donnes l’impression de nous fuir, je me trompe ?

- Complètement alors là si vous saviez comme vous m’êtes indifférent, vous seriez gêné d’avoir eu cette idée.

- Dis moi il faut que l’on parle tous les deux. Nous pensons qu’il y a un quiproquo entre nous et comme nous ne sommes pas prêt de retourner au bureau, nous aimerions qu’on règle cela. Que dis- tu de tout à l’heure, quand tout le monde sera à l’aise et au buffet, nous pourrions aller nous asseoir au bord de la piscine et parler un peu, qu’en dis-tu ?

- Pas de problèmes à tout à l’heure.

- Que tu es distante ! nous ne te reconnaissons plus, que t’avons-nous fait ?

- Vous me le demandez ?

- Nous vous laissons, nos invités nous demandent, à tout à l’heure ma douce.

Et il me laissa là, plantée au milieu de l’immense salon ou une centaine de personnes parlaient de lui comme d’un disparu : ils m’énervaient tous et je pris le parti d’aller visiter le jardin. Les énormes lampadaires disséminés partout dans le parc (le mot convient mieux que jardin) diffusaient une douce lumière, et ma foi le temps était très agréable pour faire une sortie nocturne.
Je ne regrettais pas d’avoir pris cette initiative.

On n’entendait que le doux bruissement des feuilles de peupliers, légères et argentées qui scintillaient sous toutes les lumières.
J’attendis une demi –heure, assise au pied d’un arbre, là où il y avait un peu de mousse et ayant pris la précaution d’y étaler deux serviettes en papier prises au buffet.

Je m’endormis, bercée aussi par la musique très classique que jouait la fille du maître de maison au piano. La pauvre elle devait vraiment s’ennuyer, cela faisait une heure, sans relâche, depuis que son auguste papa avait fait son « speach », qu’elle jouait. Etait-elle écoutée ? J’en doute mais bon, dans ce monde, il faut jouer du piano. Chez moi, dans ma famille, lors d’une réunion quelle qu’elle soit, on met des 33 tours et on danse sur du rock, ou sur des valses. Ici, on reste le « cul serré » en grignotant des petites cochonnailles disposées en cœur, en carré en triangle pour que ça fasse joli.
Des femmes de cuisine avaient été « prêtées » par le traiteur afin d’aménager ce buffet qui, évidemment aurait fait baver n’importe quel prolétaire du coin !

Mais qu’importe la question n’est pas là.

Il faut absolument que je parle au maître des lieux et malgré son rendez-vous, cela fait une heure que j’attends et je ne le vois pas arriver.

Je me lève donc, tapote ma jupe longue et reviens lentement dans l’allée qui remonte à la maison.

Ah ! ça y est les chouettes se sont éveillées : elles s’envoient des messages de jardin à jardin : que c’est drôle, la nuit comme tous les bruits paraissent intensifiés !
Ces bestioles, on les croirait derrière moi, me suivant dans l’allée, et pourtant, elles sont là ou les arbres sont les plus hauts, dans le demi bois qui fait suite au parc.
Bref je ne vais pas faire la description des lieux, simplement vous expliquer comment j’ai pu discuter et surtout comment j’ai pu intéresser moi, faible femme un homme de cette envergure. Je veux dire par là en position sociale, pas physiquement car, si l’on peut dire qu’il n’est pas trop moche, on peut dire aussi qu’il fait partie de la moyenne et que je ne me relèverais pas la nuit même s’il me le demandait !
Mais voilà il ne me le demande pas et pour cause…

- Eh ! tu es là ?Lisa ?

- Oui et vous, je ne vous vois pas ?

- Près de toi ma douce

- Ah oui ?comme d’habitude, vous arrivez toujours en catimini, un peu comme au bureau quand je suis à la photocopieuse.

- Tu ne t’en es jamais plainte …

- Mais aujourd’hui si, je vais me plaindre et je voudrais que nous parlions tous les deux.

- Et de quoi grands dieux qu’avons-nous en commun ?

- Rien justement rien ; et c’est de ce rien que je voulais vous parler : vous avez deux minutes ? Alors allons nous asseoir sous la véranda c’est le seul endroit de la maison qui n’est pas allumé ! Quelle note d’électricité vous devez payer dis je -en éclatant de rire.

- Nous ne savons pas, en fait ce n’est pas nous qui nous occupons de ce genre de problèmes.

- Je sais puisque cela passe dans les frais et la comptabilité du bureau et que c’est moi qui m’en occupe.

- Ne t’avise surtout pas de redire devant personne ce que tu viens de nous dire là, d’accord ?

- Ne vous fâchez pas je plaisantais…

-Et bien pas moi c’est trop grave pour que nous en riions. Bref que voulais-tu nous dire exactement ?

- En fait je me demande depuis que je vous connais si vous faites bien partie de notre monde ? je veux dire de notre terre ?

- Ah ! nous nous y attendions à celle-là ? Qui a parlé de cela avec toi, et dans quelles circonstances ?

- C’est Jeanne, mon amie et une sœur de votre secrétaire.

- Elle travaille avec nous ?

- Non pas du tout mais votre secrétaire lui a raconté des trucs qui l’ont étonnée et forcément, elle m’a demandé de voir de plus près. Et l’occasion de cette réception est idéale non ?

- Sans doute, mais qu’est ce qui choque ton amie ou sa copine ?

- Ben voilà, vous avez une drôle de façon de parler, vous ne prononcez jamais le mot je mais toujours nous.

- Et ?

- Nous voudrions quand même savoir pourquoi, tout simplement ! Mais moi je veux en savoir plus pour des raisons que vous devinez peut-être, je suis fortement attirée par vous mais vous me faites un peu peur.

- Nous n’avons pas l’impression de t’effaroucher quand nous venons derrière toi doucement et que nous t’embrassons légèrement dans le cou, tu te souviens ?

- Justement, c’est aussi à ce propos que je veux des explications avant que vous ne quittiez définitivement la région.

- Vas-y nous t’écoutons et si nous pouvons répondre, nous ne ferons.

- Je vais avoir l’air gourde, mais figurez-vous que lorsque vous êtes derrière moi et que comme vous le dites, vous m’embrassez dans le cou, je ne sens rien…

-Continue…

- Je ne sens rien vous di-je ! rien pas un frisson, mais ça encore admettons, je ne suis pas amoureuse de vous alors vos baisers me laissent indifférente mais quand je vous dis je ne sens rien, c’est rien, pas un souffle, pas vos lèvres, rien ! d’ailleurs vous me demandez parfois si j’aime, admettez que je vous réponds toujours évasivement genre bof ou un peu …

- Et ?

- Vous voyez là, comme vous me parlez, vous me faites presque peur, vos yeux dans le noir commencent à briller et ça je ne supporte pas, seuls les yeux des animaux font cela pas ceux d’un être humain…

- Continue.

- Mais dites-moi quelque chose au moins ! je parle seule depuis tout à l’heure, c’est très désagréable.

- Donc vous ne sentez pas nos baisers et alors ? Où est le problème puisque vous n’en voulez pas ?

- Mais vous le faites exprès !

Là je commençais sérieusement à être mal à l’aise. Il me regardait, plutôt non me transperçait du regard et je frissonnai tout à coup. Ses mains se crispaient et se décrispaient et tout son corps était tendu. Il se mit debout devant moi, et, est-ce l’effet de l’obscurité je le trouvais beaucoup plus grand qu’en réalité. Il s’approcha de moi et son visage, sans expression vint très près du mien. Il ne souriait plus, au contraire, il avait l’air fou de rage.
Je me reculais vers le fond de la véranda tout en me rendant compte que je faisais une énorme bêtise, car il n’y avait plus de lumière à cet endroit.

- Alors, notre Lisa a peur ? Notre Lisa se demande ce que va lui faire le grand méchant loup ? Notre Lisa se dit qu’elle est seule face à cet homme qu’elle n’a jamais voulu regarder car il était le patron, n’est ce pas ? Dis –le que c’est la seule raison ? Allez !

- Non car ce n’est pas la seule raison, la vraie raison est que je pense que vous n’êtes pas un être humain, vous voyez ? Je dois lire trop de romans de fiction.

- Et ?

- Et rien ! Simplement, ce soir je voulais vous demander vraiment qui vous êtes et pourquoi vous dites toujours nous et jamais je ! Voilà c’était tout ce que je voulais savoir, mais arrêtez, vous me faites mal !

- Comment cela nous te faisons mal ? C’est incohérent ce que tu dis là, puisque tu ne sens pas ce que nous te faisons, n’est ce pas ?

- Mais là si, je sens votre main qui me serre le cou et vous m’étouffez, arrêtez ou je crie.

- Qui t’entendra pauvre folle, ricana-t-il.

Je commençais à étouffer sous la pression de sa main mais en même temps, je me disais que ce que je ressentais était étrange : un mélange de peur panique mais aussi de grande chaleur intérieure. En fait, cet homme, j’en avais envie depuis que je le connaissais et aujourd’hui, je l’avais à moi complètement à moi. Personne ne pouvait nous voir ni nous entendre.
Je risquais le tout pour le tout et lui dis :

- Embrasse-moi, Inconnu, que je sache si je sens ton baiser.

- Alors là, vous ne me croirez pas...il se pencha, et tomba raide par terre. La main devant ma bouche pour étouffer un cri, je me penchais et la terre s’ouvrit si comme je vous le raconte, un immense trou nous engloutit tous les deux. Nous descendîmes très longtemps et nous nous cognames contre un sol brillant, comme de l’argent.

Et là…

L’homme que je regardais comme un être d’un autre monde, se releva, des hommes et des femmes vinrent vers lui, s’agenouillèrent devant lui, lui caressant les jambes et chacun lui dit :
Oh maître que nous sommes contents de vous voir de retour comme ce voyage sur terre nous a fait peur !

Chacun l’un après l’autre répétait cette phrase. Tous disaient aussi nous et non je.
Par contre, aucun ne s’occupait de moi. J’étais restée au sol et je sentais arriver une très grosse envie de pleurer, car ils étaient des dizaines maintenant, et LUI leur demandait dans une langue complètement inconnue de me préparer à être des leurs. Comme je ne savais pas ce qui m’attendait je me mis à crier sans retenue.

Je n’aurais jamais du perdre mon sang-froid : cela leur fit plus peur qu’à moi, mes cris les effrayèrent à un point qu’ils partirent tous en courant dans tous les sens. Ils tournaient sur eux-mêmes, lui essayait de les calmer, il n’y arrivait pas.

Puis, il y eut un coup de tonnerre très fort : ils s’arrêtèrent tous, se placèrent tous autour de lui en rond et se mirent à avancer en se tenant la main ? des numéros apparurent sur leur torse : 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12.

Deux hommes qui n’avaient pas bougé me prirent sous les aisselles m’allongèrent au sol face à lui, nos pieds se touchant, et un grand cri s’éleva : Bravo ! Il est six heures pile, un miracle on a réussi ! Leur taille tombe juste !

Et oui vous avez bien tout compris : il était la grande aiguille d’un cadran immense sous terre et ils avaient besoin de la petite pour avoir l’heure !

Le problème devint crucial quand nous commençâmes à tourner j’attendais avec énormément d’appréhension le moment où, obligatoirement nous nous retrouverons l’un sur l’autre, forcément. Je le voyais arriver vers moi, alors que nos pieds étaient toujours joints. Quand il fut à une minute de moi, j’essayais de me relever, mais je n’y arrivais pas, ils m’avaient vraiment collée sur le cadran, je ne pouvais que m’éloigner tout doucement et immanquablement nous allions nous toucher.

Ce fut fait et nous fûmes secoués par un énorme gong qui retentit très fort sous la voûte. Il était six heures et demi et nous nous retrouvions…lui sur moi. Je sentis son poids, et je n’osais pas le regarder, car je savais qu’il avait gagné. Mais moi aussi j’avais raison, cet homme, je l’avais senti dès le début n’était pas un être humain, mais un vulgaire bout de ferraille qui marquait l’heure pour le monde entier : un valet de l’univers.




µµµµ



Les invités quittaient la résidence, il les raccompagnait jusque sur le perron et les remerciait de leur visite : revenez quand vous voulez vous êtes ici chez vous bla .bla.

- Lisa ! Lisa ! Où es-tu ? Je te cherche depuis une demi-heure, n’avions-nous pas rendez-vous ?

- Oh ! C’est vous ! Quelle heure est-il ?

- Tu n’es pas gentille, tu dors dans le bois pendant que je t’attends près de la piscine et la première chose que tu demandes en te réveillant c’est l’heure ?

- Vous ne pouvez pas comprendre…

- En es-tu certaine, lui répondit-il en détournant le regard, et en souriant.

- Si vous saviez ce qui m’est arrivé !

- Mais nous savons ma douce, nous savons…

Je me relevais promptement, et courut en direction de la salle de réception : C’était un énorme voûte et un gigantesque cadran sur le sol en terre battue, marquait l’heure : il était six heures et demie du matin….


µµµ

Marie Chevalier 20 mars 2006
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coline
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyJeu 13 Juil 2006, 13:19

Marie...ou l'art de nous surprendre...
Je me crois sur un chemin, et pourtant tu m'as emmenée sur un autre!...
Là, j'avoue, j'ai eu un peu de peine, à cause des JE et des NOUS... Happy
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rotko
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rotko


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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyJeu 13 Juil 2006, 13:33

coline a écrit:
Marie...ou l'art de nous surprendre...
Je me crois sur un chemin, et pourtant tu m'as emmenée sur un autre!...
Là, j'avoue, j'ai eu un peu de peine, à cause des JE et des NOUS... Happy
c'est pourtant tout simple Wink

Citation :
Ben voilà, vous avez une drôle de façon de parler, vous ne prononcez jamais le mot je mais toujours nous.

d'où le titre:
Citation :
IL EST LUI ET PAS NOUS

Pour moi la surprise vient de l'histoire, mais je ne vais pas vous dire la chute qui... que... cheers
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marie chevalier
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MessageSujet: la vengeance de la tulipe   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyVen 01 Sep 2006, 16:03

J'ai eu envie de vous faire un cadeau ( Marie dont les chevilles enflent)

La vengeance de la tulipe


Je regardais le ciel et me disais que cette pluie ne finirait jamais.
Depuis deux mois, il ne se passait pas une journée sans que des averses accompagnées de vent viennent interrompre le peu de temps que je passais dans mon jardin.

Nous étions en mars et dans ma région, il n’est pas question de commencer des plantations en pleine terre. Seuls, les patients qui ont fait l’acquisition d’une serre s’en donnent à cœur joie et palabrent devant nous, pauvres parisiens en retraite chez eux : – vous avez vu, ce sont mes premiers radis, tenez goûtez- moi ça, c’est quand même autre chose que ceux des marchés de Paris hein ? Ou des grandes surfaces –

Et gentiment nous remercions ces braves gens, et après avoir bien lavé, plutôt deux fois qu’une, ces petits légumes si jolis à l’oeil nous pensions qu’il était quand même bien agréable d’avoir ses légumes sous la main et si tôt en saison.

Tout cela pour essayer de vous faire comprendre le plaisir que nous-mêmes éprouvions, dès que notre jardin se réveillait.


Je suivais à la trace le persil de l’an dernier qui avait pris un bon coup de gelée, et pensais qu’il allait falloir en semer de nouveau si nous ne voulions pas l’acheter au marchand de légumes de la ville voisine.

J’avais conservé un coin « fleurs » où je mettais tous les ans des oignons que l’on me donnait ou des petites fleurs que je trouvais dans d’autres jardins.

J’avais un beau rectangle bien garni maintenant il faisait environ dix mètres sur deux et ma foi en plein mois de Juillet et Août, de jolis coloris agrémentaient ce coin sombre du jardin. J’avais mis de tout : des crocus, des violettes, des pensées, des marguerites, de la julienne, des roses trémières, des narcisses, des giroflées, des asters, bref tout ce que je pouvais trouver, je plantais et quand arrivait la pleine floraison c’était réellement un plaisir des yeux.

En ce moment les pauvres crocus, cassaient par le poids de la pluie et ça me fendait le cœur. On les retrouvait complètement fanés, trempés, et ne tenant plus aux pieds. En fait, ces crocus on ne les voyait bien souvent que deux ou trois jours dans l’année, car ils sortaient malheureusement, toujours au moment des pluies de Mars et d’Avril.

A la même saison, les tulipes commençaient à montrer leurs longues feuilles d’un beau vert tendre. Quelle merveille de les voir arriver doucement, enveloppées dans leur cocon, puis un matin, les retrouver épanouies, en corolles, de véritables vases plus beaux les uns que les autres. J’en plantais des dizaines et des dizaines, de forme et de couleur différente. J’avais abandonné depuis quelques années, les traditionnelles fleurs jaunes et rouges très hautes sur tige, qui ployaient au moindre vent et perdaient leurs pétales très vite.

Non je choisissais des variétés, blanches toutes simples, noires « perroquet », ou d’autres, presque de la forme d’une rose. J’aimais beaucoup aussi, les petites orangées très courtes sur tiges… Bref vous l’avez deviné j’adorais les tulipes. Je dis j’adorais je vais vous expliquer pourquoi je parle de mon engouement au passé.

Un matin donc, c’était vers mi- avril, j’allais comme tous les matins, faire mon petit tour dans le jardin composé d’une pelouse, d’un potager, d’un verger et de plusieurs parterres de fleurs…
J’étais restée en robe de chambre et en pyjama, ma tenue préférée pour profiter au maximum du jour, de l’air et du ciel souvent nuageux, il est vrai mais tellement apaisant.

Je me penchais vers une violette, arrachais une mauvaise herbe, coupais un narcisse fané et surtout m’extasiais devant plein de petites plantations qui sortaient du sol et allaient me procurer dans un mois un énorme plaisir : des fleurs partout qui embaumeraient, raviraient mon regard et suffiraient à mon bonheur.

Bien sûr les reines du jardin en ce moment étaient les tulipes ! Se dressant toutes plus belles les unes que les autres, semblant s’accoupler, puis se détacher l’une de l’autre en fonction de la petite brise de ce matin, elles étaient tout simplement superbes ! Du velours presque noir, du rose pâle, du blanc nacré, de l’orangé : magnifique ce parterre un immense bouquet de tulipes !
Je m’arrêtais devant et m’en imprégnais, subjuguée devant tant de beauté : quelle merveille !

Hélas, cette émotion ne dura pas longtemps.
En me penchant un peu plus, je faillis hurler de peur. En effet, je n’avais jamais vu une chose semblable.
Il me faut retrouver mon calme pour vous expliquer.

En fait, ces tulipes qui étaient si jolies, si éclatées dans le matin ensoleillé, ces tulipes dis-je, se parlaient entre elles. Si si je vous assure. Incroyable ! Elles parlaient notre langue et ce qu’elles se disaient était effrayant :

—Vous l’avez vue ? Oui ? Êtes-vous prêtes les filles ? cela ne peut plus durer, il faut profiter de sa venue et surtout profiter de son air ahuri : il ne faut pas lui laisser le temps de réfléchir sautons-lui tout de suite à la gorge et étouffons-là !

—Oui ! Hurlèrent toutes les autres…

Ne me croyez pas ; je sais que c’est invraisemblable, mais elles s’arrachèrent de la terre et traînèrent l’oignon qu’elles avaient aux pieds ( vous voyez je dis les pieds comme s’il s’agissait d’êtres humains !). Elles le traînaient comme un boulet de bagnard, avant de s’envoler lourdement. Elles étaient des dizaines de toutes les couleurs à me tourner autour, je recevais sur le visage des soufflets qu’elles me prodiguaient toutes avec leurs feuilles ; d’autres me lacéraient les joues avec ces mêmes feuilles. Mon Dieu ! Je tombais à genoux et là ce fut pire :

Elles s’abattirent sur mon dos, sur ma tête et accompagnant leurs coups de petits cris aigus, elles me griffèrent le visage et ne me laissèrent par terre que vraiment lorsqu’elles virent que j’étais évanouie, voire morte.

Pourquoi cette haine, vous demandez-vous ?

Je ne sais quoi répondre. Peut-être simplement ne voulaient-elle plus de la vie que je leur imposais ? Il est vrai que peut-être se sentaient-elles reniées, exclues quand je les parquais toutes ensemble, sans contact aucun avec d’autres fleurs ? Ont-elles vu dans cette séparation, une sorte de ségrégation ? Je n’en sais rien.

Il est vrai que je les laissais passer tout l’hiver dans la terre, elles avaient beau se recroqueviller et ne plus rien laisser sortir, il arrivait parfois qu’elles mouraient en terre de froid. Et il est vrai aussi, que je regardais cela avec indifférence, en me disant, tiens au printemps il faudra que je rachète des tulipes blanches j’en ai perdu pas mal cette année.

Ce que je n’avais pas compris et elles se sont chargées de m’éduquer, c’est que les fleurs vivent, respirent et doivent être traitées comme des êtres vivants et non comme une chose. C’est ce que je me disais, en reprenant mes esprits, endolorie et surtout le visage en sang. Je me soulevais sur un coude et qu’elle ne fut pas ma stupéfaction quand je vis mon mari, leur parler les attacher toutes ensemble par leurs tiges et en leur murmurant : – ne vous inquiétez pas elle n’est pas prête de vous remettre en terre, j’ai coupé tous vos liens les oignons resteront en terre mais vous, mes belles vous allez fleur notre table de salon–

Quel magnifique bouquet de tulipes s’exclameront nos amis, et vous seules, saurez que c’est moi qui vous ai permis d’être admirées enfin toutes ensemble et non pas à la sauvette en passant dans le jardin.
A ce propos, vous savez que les glaïeuls veulent se révolter aussi ?

Il n’eut pas de réponse, car à ce moment précis, je me levais pour aller vers lui mais je fus immédiatement cramponnée puis terrassée par deux hommes en blanc qui me forcèrent à remonter les marches d’une grande maison pleine de fenêtres.

Dans ma petite chambre, dans laquelle ces messieurs bien gentils me raccompagnèrent trônait un énorme bouquet de tulipes jaunes et rouges !

—Ma chérie, coucou tu vas bien ? Je t’ai apporté des tulipes je sais que tu les adores.
—Tu les as cueillies dans le jardin ?
—Bien sûr, elles demandaient de tes nouvelles je leur ai proposé de venir avec moi, elles étaient ravies.
—Elles vont me tuer
—Bien sûr mon chat ; elles sont dressées pour cela, me répondit-il en riant.

Mon mari sortit de ma chambre mais je voyais bien qu’il avait les larmes aux yeux et je ne comprenais pas pourquoi : il parlait aux tulipes et moi je me faisais agresser par elles. Ca y est ! J’ai tout compris, elles sont jalouses de moi, et lui est de connivence : elles avaient leur accord pour essayer de me traumatiser, voire me rendre folle.

—Docteur c’est intenable, comment va-t-elle s’en sortir ?
—Ne vous faites pas trop de soucis, mais aussi pourquoi avez –vous mis un micro-ordinateur dans ce plant de tulipes pour examiner les réactions de celles-ci à la voix des hommes, vous deviez vous douter que fragile comme elle était nerveusement, elle allait sombrer.
—Et si je l’avais fait volontairement, Docteur pour me débarrasser de cette gourde, qui m’étouffe et m’empêche de vivre ?
— Mais vous auriez pu partir tout simplement non ?
— Je ne pouvais pas, les tulipes avaient besoin de moi voyons !
— Ah oui bien sûr, je n’avais pas pensé à cela !


***

—Bon coupez…. On refait la scène, personne ne vous croira, vous n’êtes pas crédibles ! Insensé ce que vous pouvez jouer de travers aujourd’hui ! Comment allez-vous expliquer que le mari aussi est fou et parle aux tulipes ? Vous me prenez vraiment pour un abruti avec votre scénario de merde !

A ce moment un pot de tulipes venu de l’on ne sait où, tomba sur la tête du metteur en scène et lui fendit le crâne.

Quelqu’un murmura, ce devait être l’héroïne : – bravo les filles, super, vous nous avez bien vengés, on va enfin faire ce film comme nous voulons ! –

Les tulipes qui se pavanaient dans un pot sur une table près de la scène, s’inclinèrent toutes comme pour saluer. Etonnant non ? Qui osera dire après cela que les fleurs ne sont pas des êtres vivants ?



***


















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MessageSujet: brouillard et panique   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyLun 30 Oct 2006, 11:00

un petit texte très récent je vous l'offre en pâture!



Brouillard et panique




Ca y est l’automne était là. Se levant comme tous les matins depuis plusieurs années vers sept heures, Emma ouvrit la porte de son jardin et un brouillard très épais l’empêcha de voir la grange à dix mètres de là.
Elle n’aimait pas cela car l’imagination aidant, elle croyait souvent voir une ombre sortir par la grosse porte en chêne de cette grange qui datait de 1850, année où fut construite sa maison.
Des dépendances, des coins, des recoins, des poulaillers, des cages à lapins et plein de choses encore rappelant qu’il s’agissait d’une ancienne ferme, c’est tout cela qui les avait emballés lors de l’acquisition ; ils eurent vraiment un coup de cœur et signèrent, heureux de pouvoir posséder enfin un endroit pour vivre et oublier le stress de Paris.

D’ailleurs, ils avaient retrouvé des mangeoires, des râteliers et même des boulets de charbon dans ces étables.
Ils avaient tout nettoyé, tout rangé, tout blanchi et assaini. Ils étaient enfin chez eux. Emma avait trente cinq ans et Julien quarante deux. ils formaient un joli couple disaient les voisins, qui au début de leur installation restaient prudents voire distants. Mais depuis cinq ans qu’ils étaient là à demeure, beaucoup s’étaient rendu compte, que sans être vraiment intégrés au village, ils faisaient partie des gens sympas que l’on saluait quand même au passage.

Il faut dire qu’ils rencontraient peu de monde. Leur résidence était située tout en haut d’un vallon dans un bois et les arbres cachaient sa vue de la route.
Pas un bruit, pas un moteur de voiture ne les dérangeait. A tel point que parfois ce silence était pesant. Emma en profitait pour mettre des cd et monter un peu trop la sonorité quand Julien partait en déplacement, elle avait ainsi l’impression d’être moins seule.

Il avait trouvé un emploi de commercial dans un garage Citroën et se déplaçait fréquemment dans d’autres garages de la région en tant qu’expert. Il lui arrivait souvent de passer un ou deux soirs par semaine à l’hôtel et de ne rentrer que le WE.

Emma qui s’ennuyait souvent souhaitait avoir un animal.
Un chien par exemple, cela serait une bonne idée, elle pourrait faire de la marche avec lui, car seule, elle ne s’en sentait pas le courage. Et puis dans ce grand bois très dense et très touffu, un chien pourrait la prévenir si, on ne sait jamais, un rôdeur venait à passer pour on ne sait quel motif !
Julien de son côté avait refusé cette idée. Il s’était même mis en colère :

- Il ne manquerait plus que cela ! déjà, que nous ne pouvons aller nulle part car ta mère est toujours dans nos jambes, alors un chien , tu dérailles complètement ma pauvre Emma, comment ferons-nous si nous voulons partir quelques jours ?

- Mais tu sais très bien que depuis que nous avons cette maison, nous ne sortons plus, tu n’es jamais disponible même le week-end !

L’ambiance tournait régulièrement à la dispute dès que ce sujet était abordé.

N’empêche, pensait Emma en regardant vers la grange entre le brouillard et la nuit qui n’est pas encore levée, être seule dans ce bois, cela fait froid dans le dos.

Et puis elle n’osait imaginer ce qui arriverait si elle avait un malaise. Le téléphone n’était toujours pas installé sous prétexte qu’ils avaient chacun un portable. Mais tout le monde savait par expérience, que ces engins-là ne fonctionnent jamais ou réceptionnent très mal quand on en a besoin. D’ailleurs c’est pour cela que Julien ne l’appelait pratiquement jamais, sauf vraiment en cas d’urgence.

Elle pensait à tout cela en resserrant sa robe de chambre. L’humidité de ce brouillard pénétrait à travers le vêtement et elle eut soudain envie de se faire une petite « flambée ». Cela allait lui occuper l’esprit et faire le plus grand bien à cette maison qui devenait de plus en plus humide et ce, malgré tout le mal qu’ils s’étaient donné pour isoler du mieux possible. Mais il n’y avait pas de secret : à part tout détruire et reconstruire, ils n’arriveraient jamais à tout calfeutrer.

Il aurait fallu faire effectuer de gros travaux d’isolation mais ils en avaient reporté l’idée, car Emma ne travaillait plus et même si les revenus de Julien étaient confortables, ils ne pouvaient faire face aux devis insensés que leur proposaient les entrepreneurs. La maison n’était pas finie de payer, le crédit courait encore sur dix ans !
Quand elle pensait à tout ceci, elle devenait morose et inquiète : avaient –ils bien fait de se mettre ce « truc » sur les épaules ?

Pendant qu’elle cherchait désespérément une allumette pour faire prendre les journaux qu’elle avait tout d’abord posés dans la cheminée avant d’y installer des brindilles puis des bûchettes, Emma cru entendre comme un miaulement. Elle se releva, tendit l’oreille mais ne perçut que le journal qui se défroissait doucement dans la cheminée.

Comment en était-elle arrivée à sursauter au moindre mouvement de feuillage alors que tout le monde disait d’elle qu’elle était une femme forte, équilibrée et qui n’avait peur de rien ? La preuve, ajoutaient-ils tous, rester dans cette vieille maison sans chien et seule, c’est qu’elle était courageuse ! Beaucoup de gens du village ne le feraient pas.
Elle en prenait consciente devant les regards étonnés lorsqu’elle leur disait : il faut que je rentre assez vite car la nuit va tomber et je suis seule.
En se remémorant tout cela, elle réalisa qu’elle avait été un peu imprudente dans cette affaire : elle ne devrait pas ameuter le village en racontant à qui voulait bien l’entendre qu’elle était souvent seule. Un jour un homme mal intentionné ou voire même plusieurs, lui rendrait visite pour lui voler le peu qu’ils avaient de biens, et elle serait la première à regretter d’en avoir trop dit.

Bon, je ne vais pas me mettre à trembler parce que j’ai cru entendre un miaulement, nous sommes à la campagne et des chats ce n’est pas ce qui manque ! Remue –toi ma grande, finis donc d’allumer ce feu et prends un café cela ira mieux dans ta tête ensuite.

Voilà ce qu’elle se disait à voix presque haute quand soudain, celle fois elle en était sûre, on marchait au premier étage. C’était nouveau ça pensa- t- elle, cette fois fort inquiète, il ne manquait plus que cela !

Non je ne monterai pas, cela doit être un rat ou une souris , enfin peu importe il ressortira par où il est entré.

Mais comment avait-il pu entrer ? par les gouttières, par le toit, par la cheminée ? Mais dans ce cas il ne serait pas au-dessus de sa tête mais dans le grenier. C’était à n’y rien comprendre…

Doucement , elle prit le tisonnier dans sa main gauche et ouvrit la porte de l’escalier. Elle s’arrêta, écouta : plus rien, quoique peut-être un genre de respiration ? Oui c’était cela quelque chose respirait de plus en plus fort d’ailleurs !

Si j’étais raisonnable je partirais de cette maison en courant, se dit-elle en commençant à monter les premières marches, le tisonnier toujours à la main .

- Il y a quelqu’un ?

Pas de réponse…

- Dites-moi qui vous êtes ? vous êtes monté pendant que j’allais chercher du bois, ce n’est pas sympa de me faire peur ainsi !

Ce bruit était de plus en plus proche, du moins ce qu’elle pensait être une respiration. Plus de doute, quelqu’un haletait là, pas loin d’elle, peut-être même l’attendait-on en haut de l’escalier. Elle mettait le tisonnier en avant et montait maintenant de plus en plus vite : il fallait qu’elle sache.

Tout à coup la lumière de la cuisine en bas s’éteignit et elle se retrouva dans le noir complet. La faible lueur qui l’aidait à se diriger lui manquait. Elle avait beau connaître cet escalier par cœur, elle n’avait pas compté les marches et ignorait totalement à quelle distance de la pièce du dessus elle se trouvait. Elle craignait de se cogner la tête contre les pieds de quelqu’un qui d’un coup, pouvait la faire dégringoler en bas sans problèmes.

Elle redemanda plus doucement :

- Il y a quelqu’un ?

Mais en se traitant de niaise intérieurement car s’il y avait quelqu’un il aurait répondu tout de suite sauf s’il venait faire un mauvais coup !

Pendant tout ce temps où Emma se demandait si elle avait peur ou bien si au contraire, elle n’avait qu’un souhait : voir enfin ce qui l’effrayait, sa chatte Moumoune, une vieille chatte aux trois couleurs la regardait, assise sur un fauteuil dans le salon.
Emma ne voyait que l’éclat de ses yeux car il faisait terriblement sombre dans cette maison ! mais il n’empêche que le fait que Moumoune ne bouge pas le bout de la queue la rassurait. Cette chatte trouillarde comme pas une ne supportait pas un bruit inconnu et courait se réfugier sous le lit, or là , elle restait attentive certes mais d’apparence sereine.

Emma tremblait de tous ses membres. La peur la tenaillait maintenant de plus en plus et elle transpirait. Une sueur mauvaise, âcre lui brûlait les yeux : Moumoune ? Moumoune appela-t-elle doucement… Rien ne bougeait. Cette chatte si vive habituellement pour répondre aux appels n’avait pas bougé d’un pouce. Au milieu de cet escalier, le tisonnier à la main, elle se sentit tout à coup idiote et dans une position indigne d’elle. Enfin voyons, il fallait qu’elle se reprenne et surtout qu’elle monte à l’étage, là où se trouvaient les bougies, sur le petit guéridon ,en bois d’ébène que lui avait offert Julien pour ses trente ans. Elle aimait les beaux meubles.
Quand elle atteignit la dernière marche, elle se mit debout très droite, et ses yeux commençant à s’habituer à l’obscurité, elle crut deviner une ombre au fond de la pièce palière.

- Julien ?
- …..
- C’est toi je le sais alors arrête de faire l’enfant et de me faire peur, tu as gagné j’ai vraiment eu la frousse de ma vie, mais maintenant, réponds – moi, cela a assez duré.

- …

Emma, n’eut pas le temps d’en dire plus, une main s’accrocha à son bras et la serra très fort. Elle eut un gémissement de douleur et en même temps, elle sentit tout son corps écrasé, serré, ses os craquèrent, et elle ne pouvait plus respirer.

- Mais pourquoi gémit-elle dans un souffle, sans comprendre vraiment ce qu’il lui arrivait.

Une lueur soudain illumina la pièce, les lampes s’allumaient les unes après les autres, la pièce se mit à tourner , et les meubles à se caler contre le mur, libérant un grand espace au milieu de la pièce. Et là, malgrè la forte douleur dans tous ses membres, elle eut le courage de crier : Oh non pas ça !!!

Devant elle, surgissant de nulle part, un cochon se dressait sur ses pattes avant et tournoyait au son d’une vague musique venue de loin. Puis des lapins se mirent à sautiller, s’arrêtant soudain et se dressant eux aussi sur leurs pattes avant.

Puis, ce fut le tour des poules, des canards, des pintades, toutes plus caquetants les une que les autres, une énorme rumeur maintenant se fit entendre couvrant le mugissement d’une vache qui venait de s’introduire par la fenêtre et prenait à elle seule toute la place disponible. Une belle charolaise à la robe marron, au poil épais venait vers elle, la bave au museau.

Mon dieu, mon dieu ! ne faisait que répéter Emma, mais c’est un cauchemar !

Quand tout ce petit monde fut dans la pièce, une voix s’éleva soudain demandant le silence.
C’était Moumoune, du moins elle le pensa.

- Emma, demande pardon à mes camarades, exigea-t-elle d’une voix sévère.
- Mais pourquoi ?
- Simplement parce que je te le demande …
- Mais Moumoune, je ne t’ai jamais fait de mal ? explique- moi je t’en supplie !

- Tous les animaux que tu vois viennent venger leurs amis que tu as osé manger depuis que tu peux te payer de la viande ; tu l’as toujours fait sans état d’âme sans te demander si ces animaux avaient une mère, une famille si quelqu’un allait souffrir de leur absence, de leur mort devrais-je dire pour que tu t’empiffres et que tu dises à la fin du repas : c’était bon mais ce lapin était un peu dur non ? ou alors mieux ! ce boudin était bon mais je le trouve un peu fade , j’en passe et des pires par respect pour mes amis.

- ???

Quand Emma sentit s’abattre sur elle un sabot qui lui fendit le crâne, elle accusa immédiatement la vache, forcément et pourtant non. Il s’agissait de Julien qui l’assommait avec le tisonnier qu’elle avait posé par terre.

Les animaux comme par enchantement disparurent et Emma dans un dernier souffle les vit se ratatiner et s’écrouler comme des baudruches sur le sol. Il ne resta d’eux que du plastique et des ficelles… Julien ramassa le tout, l’enveloppa dans un sac poubelle et donna un coup de pied rageur dans les reins de sa femme qui gisait à terre.

- Crève ! lui murmura-t-il en se penchant sur elle.

Avec un sac plastique, il la bâillonna jusqu’à ce qu’il sentit qu’elle se détendait et devenait identique aux animaux gonflables qui lui avaient tellement fait peur.

Il ramassa le petit magnétophone, se retourna , pour jeter un dernier coup d’œil sur la pièce et se dit qu’il avait réalisé le crime parfait.

C’était sans compter sur Moumoune qui avait tout vu, tout suivi. Quand il fut en bas de l’escalier, prêt à partir, ses valises étant déjà dans l’entrée, elle miaula si fort et si longtemps qu’il revint vers elle pour l’assommer, elle aussi. Hélas il n’avait pas pensé au téléphone qu’il n’avait pas raccroché lors d’un appel passé à la femme qu’il devait rejoindre. Quand elle entendit Moumoune, affolée elle eut très peur pour Julien et appela immédiatement la police.

Julien est en prison.

Moumoune est maintenant sur les genoux d’Emma, qui la caresse toute la journée, l’œil éteint. Elle ne bouge un peu que lorsque les infirmières lui demandent si elle a faim.

- Oh oui mais que des légumes s’il vous plait…. Répond-elle régulièrement…


Marie Chevalier

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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyMar 14 Nov 2006, 21:49

ça y est j'ai pris le temps de bien lire ton texte marie. J'ai été un peu longue désolée...

Je le trouve vraiment très intéressant, un début classique, et petit à petit la tension qui monte, l'étouffement. La panique. Et puis le coup des animaux, là franchement je me suis dit : quoi !! ?? mais qu'est ce qu'il se passe ?
Et la fin!!! trop bizarre, je ne suis pas sure d'avoir tout compris, mais en tout cas ça tombe comme un couperet
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyMer 15 Nov 2006, 02:32

pig :monkey: Les délires de Marie Chevalier - Page 2 3280tq2 Les délires de Marie Chevalier - Page 2 5008bs3cat Les délires de Marie Chevalier - Page 2 3304pj3.........:face: Je ne mange pas de viande :face: ............Les délires de Marie Chevalier - Page 2 3183yo5Les délires de Marie Chevalier - Page 2 Bestiole2ja6:alien: albino Les délires de Marie Chevalier - Page 2 3198lw7pig


J'ai bien aimé et le coup des animaux m'a affraid, par contre dès le début on enfin je sentais que le mari là...evil hummm pas un bon gars, peut-être trop d'indices sur son comportement, enfin je dis ça mais c'est juste une impression de "fillequin'yconnaitrien" en écriture pas en "bon gars"Razz.

Il se trouve que je connais une ancienne ferme comme ça et j'ai bien ressenti le silence, avec tous ses bâtiments, ses bruits furtifs, les bois, endroit que j'adore mais qui peut être impressionnant surtout par temps de brouillard, tu l'as très bien rendu.
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyJeu 16 Nov 2006, 10:54

Happy merci à vous deux de l'avoir lue et j'aime bien vos commentaires. Basketball
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MessageSujet: le petit chef   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyDim 10 Déc 2006, 19:18

LE PETIT CHEF




Yvan est un beau garçon de trente cinq ans aux yeux gris très doux voilés, portant des lunettes très discrètes qui ajoutent encore de la profondeur à son regard.
Nous l’aimons tous, il a du charisme, des compétences et une honnêteté qui nous séduisent et que nous apprécions beaucoup. Nous sommes une vingtaine de jeunes femmes sous ses ordres et toutes sous le charme de notre « petit chef » c’est ainsi que nous l’appelons entre nous.

Nous travaillons dans une compagnie d’assurances et sommes préposées à la correction de certaines erreurs de dossiers passés préalablement et enregistrés en informatique. Notre travail consistait à rétablir manuellement les bonnes données omises ou non programmées dans le système.
Yvan est donc notre hiérarchique direct. Oh ! Il en a l’étiquette, il en a les compétences mais ses propres patrons dont le Directeur général, lui reprochent sans cesse son laxisme, son manque de fermeté dans son « management ».

- Regardez Madame D. qui vous demande toutes les semaines l’autorisation de partir à 16heures sous prétexte qu’elle possède une maison de campagne à cent kilomètres, croyez-vous normal de lui octroyer systématiquement ? Pensez-vous vraiment que cela est correct vis-à-vis des autres collaborateurs ?..

- Mais elle arrive une heure plus tôt le matin trois fois par semaine….

- C’est son problème Pas le nôtre, nous ne lui avons rien demandé alors dorénavant, elle fait ce qu’elle veut le matin et vous ne lui accordez plus rien le vendredi soir, c’est bien entendu ?

- D’accord Monsieur le Directeur…

Et c’est ainsi à chaque fois, incapable de prononcer une parole de plus, il devient livide, transpire et cela se termine toujours par : « Oui monsieur le Directeur.. »

Il reste assis à son bureau, ne dit plus un mot de plus et tremble de la tête aux pieds de colère contenue. Mais jamais il n’élève la voix, pour protester. Certaines le trouvent lâche et il est vrai que son attitude ne le sert pas. Mais nous ne lui en voulons pas trop car il est très conciliant, il nous traite toujours avec courtoisie et gentillesse: jamais une remontrance, jamais une réflexion. Si parfois l’une d’entre nous l’interpelle un peu plus violemment pour lui demander une intervention concernant notre travail, il reste impassible et souriant.

- Mais remuez-vous ! c’est vous le chef quand même, vous êtes payé aussi pour faire remonter notre mécontentement sur tel ou tel problème concernant le travail auprès de votre hiérarchie ! ce que vous pouvez être mou mon pauvre Yvan !

Et il est vrai qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’il soit interpellé parfois assez violemment mais avec surtout beaucoup d’impatience devant ce que l’on appelle entre nous sa force d’inertie. Quelques collègues même méprisent un peu et ne le cachent pas.

Quand il se fait bousculer verbalement et même violemment par un hiérarchique, il attend quelques minutes sans broncher, puis il se lève et se dirige vers les toilettes. Des mauvaises langues n’hésitent pas alors à ricaner et à murmurer : « tiens donc ! il va encore aller pleurnicher dans les toilettes !.. » ce qui nous fait rire bien entendu.

Et puis un jour qu’il venait une fois de plus de sortir du bureau du Directeur, livide, et qu’il se dirigeait vers les toilettes, Nadine se mit à le suivre, avec des mimiques idiotes, le doigt sur la bouche, marchant à reculons, et riant silencieusement. Nous pouffons toutes.

« - Oh ! elle est gonflée Nadine, il va se rendre compte qu’elle le suit !!

- Oui mais c’est drôle, au moins on saura ce qu’il va faire dans les toilettes dès qu’il vient de se faire engueuler ! ricana Marie qui ne pouvait pas supporter Yvan ! »

Une demi-heure s’écoula et ni l’un ni l’autre ne revenait. Tout le monde s’était tu et personne ne se sentait vraiment à l’aise. Il faudrait peut-être aller voir ce qui se passe non ?

Le temps de prendre cette décision, nous les voyons réapparaître au fond du couloir. Tous deux semblent avoir pleuré, leurs yeux sont rouges et Yvan retire ses lunettes qu’il essuie avec son mouchoir d’un geste mécanique.

Il retourne à sa place, Nadine à la sienne sans un mot. Nous sommes toutes sur des charbons ardents et impatientes d’en savoir plus. Nous le saurons sans doute à la pause de déjeuner mais pour cela il nous faut encore attendre une bonne demi-heure.
Mais à cette pause, il ne se passe rien malgré les coups de pieds sous la table pour faire parler Nadine, elle reste muette.

Le soir, vers dix- sept heures, alors que nous préparons à partir, Yvan nous demande notre attention. Il se serre les mains l’une contre l’autre, il est très pâle, signe chez lui d’un très grand énervement.
Nous nous levons toutes quand il commence son discours. Nos chuchotements et nos rires cessent immédiatement.

Il transpire et les mots ne sortent pas de ses lèvres.

Nadine vavers lui, lui tapote l’épaule et nous dit : « Yvan ne peut pas parler, il est trop ému, je vais le faire à sa place… »

Et là, il se redresse vivement et d’une voix ferme annonçe : « Non merci Nadine, je vais le faire, je dois le faire… »

Et il continue…

« Je sais ce que vous pensez toutes de moi. Non non ! ne protestez pas, laissez-moi terminer, c’est assez difficile comme cela ! Voilà…je suis désespérément timide et complexé et quand je dois m’exprimer, je crève de peur…les mots ne veulent plus sortir de ma bouche…

- alors pourquoi avoir accepté ce poste de management ? très difficile lorsque l’on a des problèmes de communication ? intervint Nicole.

- Justement j’avais pensé que cela pourrait peut-être m’aider. Je suis conseiller par un psychologue en ce moment et il me dit que pour m’affirmer, il me faut accepter et surtout oser prendre des responsabilités. Il faut aussi que j’arrive à vaincre ma peur des autres et surtout penser que je ne leur suis pas inférieur.

- Enfin vous vous en sortez très bien, on ne voit pas où vous pensez avoir un problème si ce n’est la peur de votre hiérarchie et ça ce n’est pas un complexe, c’est de la lâcheté cria Maria, qui ne pouvait pas supporter les faibles se considérant, elle-même largement au- dessus de tous ces « minables peureux et trouillards ! ».

- Oui, comme vous le soulignez, avec vous ça va mais avec mes hiérarchiques, je m’abaisse, j’ai l’impression de ne plus savoir parler, d’être leur inférieur, de ne pas être à la hauteur, alors je dis « amen » à tout ce qu’ils me disent. Mais ce n’est pas de la timidité, c’est de la lâcheté, vous avez raison Maria. Appelez cela comme vous voudrez, mais je suis dans un carcan et je ne pourrais jamais m’en sortir, alors je vais donner ma démission. C’est cela que je voulais vous annoncer ce soir. Nadine a essayé de me dissuader mais je crois qu’il vaut mieux pour tous que je parte.

- Vous pensez que la fuite est une solution ? que cela va vous aider à vous sortir de vos complexes ? permettez-moi de vous dire que vous faites une énorme erreur ! s’écria Maria, ils n’attendent que cela et vous leur ferez le plus grand plaisir en baissant les bras, ainsi , vous leur donnez raison.

- Je ne me sauve pas, je fuis, je ne veux pas en crever et c’est ce qui m’arrive depuis que j’ai pris ce poste. Je me rends malade et ils le savent, ils en profitent.

- Mais ce sont eux les lâches, intervient Nadine qui n’avait plus rien dit depuis qu’Yvan avait commencé sa confession car il s’agissait bel et bien d’une confession devant toutes ses employées qui le regardaient et l’écoutaient, dites voir vous toutes, vous êtes d’accord pour qu’Yvan nous quitte ? et que l’on nous mette quelqu’un d’autre à sa place ? Un type que l’on ne connaîtra pas et à qui en plus, sans doute, il nous faudra montrer le boulot pour qu’il puisse mieux nous engueuler ensuite à la moindre erreur ? Moi je ne suis pas d’accord !

- Nous non plus ! Protestèrent-elles toutes ensemble ! Mais que faire ?

- Alors j’ai une solution et je lui en ai parlé longuement ce matin. Dans un mois ont lieu les élections de délégués du personnel. Yvan est syndiqué au même syndicat que moi, pourquoi ne pas le mettre sur sur nos listes ?

- Mais je serai incapable d’assumer !! hurla Yvan.

- Si au contraire, vous allez vous retrouver deux fois par mois minimum, face à vos « tortionnaires » d’aujourd’hui dans des réunions et vous verrez qu’ils changeront d’attitude avec vous. Vous ne serez plus le « sous-brigadier » de service, mais leur « partenaire social ». Ils seront obligés de vous écouter, obligés de tenir compte de vos remarques et surtout obligés de vous répondre.

Quant à vous, c’est vrai, au début, vous allez patauger un peu, mais quand vous aurez vos collègues derrière vous qui vous demanderont de les représenter pour défendre leurs revendications, leurs besoins et même parfois leur dignité, votre trac s’envolera et vous aurez le courage de vous battre. En fait c’est pour vous que vous ne voulez pas faire d’efforts, par contre vous êtes parfaitement capable de défendre la cause de l’une ou plusieurs d’entre nous si vous estimez notre demande justifiée. En fait nous vous faisons toutes confiance, n’est ce pas les autres ?

- Oh oui ! elle a raison Nadine, on sait qu’avec vous nous serons bien défendues et représentées, allez ne vous faites pas prier, acceptez !

Et c’est ainsi, qu’Yvan, le plus complexé des petits chefs devint un véritable délégué du personnel, digne de respect et surtout compétent et apprécié de tous ses collaborateurs, employés et cadres. Il se fait un point d’honneur à être à la hauteur, a passé des jours et des jours sur des textes de loi, de code du travail, etc.. et maintenant quand on le croise dans les couloirs de l’entreprise, il n’est pas rare de le voir en grande discussion avec un Directeur, contrit mais au pied du mur, devant une réflexion pertinente et sensé de ce « pauvre Yvan ».

Bien sûr, Yvan n’a pas encore vaincu tous ces complexes, mais il arrive quand même maintenant à prendre sur lui, et surtout à ne plus pleurer quand une phrase l’a blessée. Ces employées le soutiennent toujours et ne manquent jamais une occasion de lui faire remarquer qu’il est bien plus sympa quand il « ose » leur dire qu’il n’est pas d’accord avec elles.



LE 25 MAI 2003
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sousmarin
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyDim 10 Déc 2006, 22:39

Un « petit » texte bien intéressant qui devrait nous faire réfléchir sur les qualités que nous devrions rechercher chez nos élites…quel qu’en soit le niveau…
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queenieinlove
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyLun 11 Déc 2006, 09:37

... ben alors il faisait quoi dans les toilettes à chaque fois ?? - je le voyais déjà s'auto flageller moi :silent:
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rotko
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyLun 11 Déc 2006, 10:29

ouais ! s'autoflageller dans les toilettes, pas facile, il ne peut pas prendre d'élan.

Il est sympathique ton "petit chef", et le titre ne lui convient qu' à moitié.
les "petits chefs", dans mon esprit, sont des individus sortis du rang et qui veulent asseoir leur pouvoir sur une attitude exclusivement autoritaire.
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyLun 11 Déc 2006, 10:49

Non non moi dans mon esprit , un "petit chef" cela a un côté un peu trop bon pour l'être justement ! bien gentil tu vois?

de plus Queenie, il ya des hommes très très timides dont les larmes de vexations montent très rapidement aux yeux ou qui ont envie de hurler, alors ils s'isolent pour reprendre leur respiration et ne pas faire voir leur émoi et trouble lol

cette nouvelle fait partie d'un recueil collectif dont le thème était :

d'un complexe à l'autre !


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marie chevalier
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MessageSujet: l'assainissement   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyDim 07 Jan 2007, 21:23

L’ASSAINISSEMENT

Depuis quelques jours, Jacques et Mathilde avaient fait l’acquisition d’une magnifique petite maison, cachée au milieu d’un village. Elle était en retrait et de la route, on ne voyait que le grand jardin en friche. Au milieu, sur deux étages, trônait une gentille fermette de cent mètres carrés au sol, avec, en plus un étage et un grenier. Le grand luxe pour nos deux parisiens qui n’aspiraient qu’à une chose : se reposer et se défouler dans des travaux de jardinage, défrichage qui les changeraient bigrement de leurs routines d’employés de bureau.
Jacques avait retroussé ses manches et demandait à Mathilde, non pas de porter des choses lourdes mais au moins de lui faire un sandwich pendant qu’il essayait de tracer un chemin pour arriver jusqu’à la porte de la maison. Il était en sueur et se demandait si la tâche à laquelle il s’était « attelé » le matin n’était pas trop importante pour un week-end. Il aurait dû attendre ses vacances, car il se rendait bien compte qu’il était complètement inexpert en la matière, et ne savait même pas de quel outil il fallait se servir pour enlever toute cette végétation !
Mathilde, quant à elle, fidèle à son image, était toute « pomponnée », maquillée et vêtue d’un survêtement rose saumon. Elle était ravissante et Jacques la regarda venir vers lui avec attendrissement. Peut-être était-elle inconsciente ? Peut-être ne se rendait-elle pas compte à quel point cette maison était sale et surtout à restaurer. Non, elle se comportait comme à l’hôtel, s’étirant, et baillant en lui disant : « Ce que l’on est bien ici, n’est ce pas chéri ? L’air est pur et tu entends ? On dirait des oiseaux ?
- Et oui, Mathilde, ce sont des oiseaux, nous sommes à la campagne, au cas ou tu aurais oublié !
- Mais non je n’ai pas oublié mais c’est joli, non ? Et puis c’est agréable de travailler avec le chant des oiseaux, ce n’est pas au bureau que cela nous arriverait ! Lui cria t-elle en repartant vers la maison.
- Et mon sandwich, il vient ?
- Deux minutes, je regarde si j’ai quelque chose dans la glacière ! Nous sommes partis tellement vite hier que je ne suis pas sûre d’avoir du pâté !
- Mais je m’en fiche ! Donne-moi du fromage, ou une boite de sardines, n’importe quoi, j’ai faim.
- Mais moi aussi, j’ai faim et je pense que tu vas m’emmener au restaurant ce midi, car il n’est pas question que je fasse à manger ici, ah non alors !
- Pourquoi ?
Mais parce qu’il y fait froid, parce que ce que tu fais peut attendre et parce que je n’ai rien du tout pour préparer un repas ! Cela te suffit comme explication ?
- D’accord, tu as raison et puis cela nous fera du bien de nous détendre un peu. Nous l’avions dit, tu te souviens, il ne faut pas que cette maison nous « bouffe » nos loisirs, c’est une détente, cela dort rester une détente, d’accord ?
- Tu me dis cela à moi, tu sais très bien ce que j’en pense ! Moi j’aurais fait construire alors, tes travaux, ils commencent déjà à me fatiguer !
- Ne revenons pas là-dessus s’il te plait, nous ne sommes pas là pour nous engueuler et va t’habiller, on va aller voir la ville et chercher un petit resto sympa.

Deux heures après ils rentrèrent, heureux, détendus et tout à fait prêts à conserver cette maison et à la trouver sympa.

***

C’était sans compter avec tous les inconvénients d’une vielle maison.
Tout d’abord, toute la nuit, ils entendirent un bruit bizarre dans le grenier mais aucun des deux ne voulut prendre le risque de monter voir, leur excuse étant qu’il n’avait pas de lampe et qu’ils ne verraient rien ! Ce qui n’était pas faux.
Puis le matin arriva enfin et Jacques se dévoua et monta. Rien sinon des petites graines noires au sol. Il en parla au voisin qu’il rencontra en allant chercher du pain et celui-ci ricana en lui disant : « Faudrait peut-être penser à prendre un chat, car vos petites graines noires sont des crottes de souris m’est avis ! » Et il rigola.
Ni Mathilde, à qui il raconta l’anecdote ni lui-même d’ailleurs n’eurent envie de rire. Que pouvaient-ils faire devant une invasion de souris ? Car elles devaient être très nombreuses, ces bestioles, elles avaient tenu éveillés les deux parisiens pendant toute une nuit !
Un peu las, et surtout très déstabilisés par cette histoire de souris, ils rentrèrent tôt dans leur banlieue parisienne et prirent plaisir à prendre un bon bain chaud. Ah ! La campagne c’est quelque chose quand même, qu’est-ce que l’on y est bien, hein Mathilde ?
- Ah ! Oui alors, pas un bruit, pas un chien qui aboie, le pied, le rêve, un silence ! Ah ! Ils sont heureux les gens de là-bas, n’est ce pas ? Pas de problèmes de loyers, ils ont tous une maison, un héritage, tu penses toute leur famille est sur place. Et pourtant, à les entendre, ce sont nous les rois, les plus avantagés, les plus riches, etc. Ils sont envieux tu n’as pas trouvé chéri ?
- Si si, c’est vraiment le ressenti que j’ai eu en parlant avec ce voisin. N’empêche que sous ses airs malins, il n’a pas été capable de me dire ce qu’il fallait faire contre les souris, à part se foutre de ma gueule en me disant de prendre un chat !
- Remarque ce n’est pas une mauvaise idée, maintenant que nous avons une maison ?
- Ah non ! Il va falloir que tu attendes ! Tu ne te rends pas compte que la maison n’est pas clôturée et que ton chat, les chiens de ce bouseux n’en feront qu’une bouchée, c’est ça que tu veux ? Que je commence à faire le fossoyeur des bestioles que, inconsciemment, car tu es inconsciente, tu va nous ramener, un oiseau blessé, un chat trouvé, un chien errant, et puis quoi encore ?
- Mais je n’ai pas dit cela du tout, Jacques, ce que tu peux être nerveux !
- Je suis fatigué, tu peux comprendre, fatigué ! Evidemment, toi, cela peut aller, tu n’as rien touché pendant ce week-end, à part te préparer pour aller au resto, d’ailleurs je me demande si tu n’as pas fait exprès de ne rien acheter pour qu’il n’y ait plus que le resto comme recours.
- Bon Je me tais, mais réfléchis bien Jacques, si cette maison doit devenir une source de querelles entre nous, il faut la revendre ! Tu comprends, il faut la revendre.
- Allez laisse, on est fatigués, on en reparlera demain.
Ils allèrent se coucher et Jacques s’endormit immédiatement. Quant à Mathilde, après avoir pleuré doucement, s’être énervée toute seule, s’être tournée et retournée dans le lit elle sombra dans le sommeil tard dans la nuit.

***

Les jours et les semaines passèrent et la maison commençait à prendre tournure. Mathilde mettait maintenant sa touche personnelle, en peignant les volets de couleur voyante, en installant des petits rideaux à toutes les fenêtres, bref cette maison allait sans aucun doute devenir leur « havre de paix » dont ils aspiraient tous deux depuis longtemps.
Ils n’avaient pas encore fait installer tout le confort et surtout la lessive et la toilette restaient rudimentaires. De l’eau froide sur l’évier, qu’ils faisaient chauffer sur la cuisinière à gaz butane et tout allait bien. Ils savaient que leur appartement était confortable alors, le week-end était vraiment une détente.
Un jour, Mathilde, qui voulait jouer à la fermière et surtout se passionnait pour le travail des femmes d’antan, se mit dans la tête qu’au lieu de ramener le linge sale à laver à leur appartement, elle pouvait très bien faire cela dans cette maison. Nous étions en été, le soleil était encore très chaud à certaines heures de la journée et comme elle l’avait entendu dire, le linge sentait bon quand il séchait dehors.
Donc, elle se munit au supermarché d’une énorme bassine en plastique et décida de faire une vraie lessive « à l’ancienne » comme elle disait.
Elle fit chauffer beaucoup d’eau dans des casseroles, son faitout, ses cocottes et mit tremper ses beaux draps blancs, venant de sa grand-mère. Quand tout fut prêt, elle demanda à Jacques s’il n’avait pas une planche lisse, en bois, et avec une brosse en chiendent, elle commença à brosser allégrement son linge.
- Ah ! Disait-elle à Jacques quel plaisir de retrouver les gestes de nos aïeules ! Quel plaisir de sentir ce linge sous les mains !
- Je te fais remarquer que toi, tu mets des gants de caoutchouc et que tu fais cela pour la première fois, elles, elles faisaient cela toute leur vie ! Tu verrais si c’était le cas, tu en aurais vite assez !
- Ce que tu peux être moralisateur, et ronchon !
Quand ses draps furent lavés, elle décida de les mettre dans de l’eau javellisée pour les assainir, dit-elle à Jacques.
Puis, elle eut soudain une idée qu’elle qualifia de génie !

Le devant de la maison n’avait pas encore été transformé en terrasse, ils devaient faire cela au printemps prochain. Pour l’instant il n’y avait que des briques enfoncées depuis des années dans la terre très serrées les unes aux autres. Parfois un brin d’herbe poussait dans les interstices et Mathilde pestait en les arrachant. De plus, dès qu’il pleuvait, on glissait sur la mousse qui les recouvrait. Elle n’avait pas encore trouvé la solution pour nettoyer correctement cette avancée.
Mais là, aujourd’hui, avec sa bassine pleine d’eau javellisée, elle se dit que cette terrasse pouvait être bien plus propre, la mousse allait sûrement crever et au moins cet espace où l’on marchait juste avant d’entrer dans la maison serait assaini.

Elle commença doucement à verser avec une petite cuvette, l’eau sur les briques et elle s’accroupit pour effectuer le nettoyage avec une brosse dure. Elle en fit plus de la moitié ainsi, une cuvette, un coup de brosse, quand elle se releva en se tenant les reins et recula d’un pas pour mieux voir son travail. Les briques avaient retrouvé leur belle couleur et Mathilde ne regrettait pas son idée. Elle fut un peu intriguée quand elle vit un ver de terre puis deux, sortir à travers la terre mais sans plus, elle eut même un sourire et se dit : « en voilà qui n’aiment pas l’eau ! »
Comme elle voulait rincer, elle entra dans la maison et remplit de nouveau des casseroles d’eau pure qu’elle balança à toute volée. Et tout à coup elle réalisa, ce n’était plus un mais dix, cent, mille vers de terre qui pointaient entre les briques et qui recouvraient maintenant la terrasse. Ils grouillaient de partout, il y en avait de plus en plus, ils allaient entrer dans la maison ! Elle hurla, ferma la porte, monta sur une chaise et regarda le spectacle terrifiant par la fenêtre de cuisine. Et Jacques qui était parti faire des courses ! Et la maison qui n’avait pas de téléphone, encore une idée de génie de Jacques, puisque nous avons UN portable, nous n’avons pas besoin de ligne ! Mais il était parti avec ! Elle était là, hébétée, tétanisée, elle avait horreur et une peur irraisonnée de ces bêtes rampantes, elle les craignait pire que tout. On avait beau lui répéter qu’ils ne pouvaient pas lui faire de mal, elle éprouvait une véritable répulsion. Un quart d’heure passa et il en sortait encore, ils se tortillaient, ils étaient en train de crever, c’était l’eau de javel qui les tuaient, Mon Dieu quelle horreur ! Et pourtant elle restait derrière la vitre. Puis tout à coup elle eût un trou noir, elle tomba de sa chaise, évanouie.
Jacques qui rentra une demi-heure plus tard appela immédiatement les pompiers qui, à coups de jets libérèrent la terrasse, pendant que d’autres emmenaient Mathilde à l’hôpital.

- C’est grave Docteur ? Interrogea Jacques ;
- Pas vraiment, physiquement, elle n’a rien, elle a eu de la chance, elle est bien tombée, elle aurait pu heurter un coin de meuble.
- Pourquoi dites-vous physiquement ?
- Et bien, je vais être franc : Les phobies, Monsieur, sont incontrôlables, qu’elles soient la peur du vide, la peur de la foule, la peur des araignées…ou la peur des vers de terre !
- En fait, vous essayez de me dire que ma femme est devenue folle !
- Pas vraiment, nous allons tout faire pour la tirer de là, faites-nous confiance.

Jacques rentra chez lui et téléphona à l’agence immobilière pour lui demander de mettre la maison en vente.
Mathilde sortit quelques mois après cette tragédie, mais elle n’était plus la même. Personne autour d’elle ne prononça plus jamais le mot assainir .

septembre 2002
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MessageSujet: Re: Les délires de Marie Chevalier   Les délires de Marie Chevalier - Page 2 EmptyMar 09 Jan 2007, 00:57

Ton bonhomme, c'est un vrai ronchon !!! Et sa dame devrait supprimer l'eau de javel et l'écologie alors !!!
J'ai bien aimé l'envahissement par les vers, ça me fait penser à Hitchcock et peut-être aller plus loin, passer carrément dans une fiction d'horreur. Peut-être pas facile puisque tu n'aimes pas ces bêtes ?

J'espère que tu ne fais pas de mauvais rêves avec ton histoire Wink

Et pour les souris hop ! un chat cat mince j'aime bien les souris aussi pale
La vie est un dilemme !!!
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