Sade

Très bon bouquin qui peut choquer, je le comprends. Mais bon nous sommes capables de prendre du recul non ? Au delà de l'aspect très sexuel de l'oeuvre, Sade prend position dans son siècle "des lumières" à sa façon: éloge du corps, dégoût pour les bigots obscurantistes, Sade nous délivre son obsession pour la liberté au dessus de tout (même celle de tuer pour s'assouvir), sa vision de la bêtise humaine, des guerres idiotes....Si vous n'avez pas aimé, relisez le plus tard (d'ici quelques années peut-être) et essayer de ne pas y voir que le sexe omnipotent certes mais qui, au delà de ça, délivre un formidable message. Certes il peut paraitre excessif mais dans le contexte sclérosé de la monarchie, quel modernisme. Un auteur à découvrir et à relire

j'avais lu et j'ai relu dernièrement Sade et ce qui me tourmente ( en ce qui concerne mon mental) c'est que je l'ai trouvé enfant de choeur à côté de tout ce qui s'écrit maintenant sur la folie et le sexe.

Les Vies de Sade. I. Sade en son temps. Sade après Sade II. Sade au travail de Michel Delon, chez Textuel.

A la fois biographie et étude de la reception de ses oeuvres, cet ouvrage montre l'écrivain au travail.



A noter que Michel Delon est un specialiste de la litterature sulfureuse du XVIIIe siecle. Chez Folio il publie de Sade, Ernestine, les crimes de l'amour, les nuits de paris, de restif de la bretonne, etc.

Ayant récemment vu le film Sade avec Daniel Auteuil (dans le film, pas dans la salle) je suis reparti dans mes méditations au sujet de cet auteur.
Bien qu'il faisait proférer à ses personnages de nombreux blasphèmes, je suis de plus en plus convaincu que Sade était croyant à sa façon, ou du moins que la question de la religion l'a taraudé toute sa vie.

j'ai dans ma biblio perso la philosophie dans le boudoir, je vais l'ouvrir pour suivre ce fil.

Je l'ai lu presque deux fois et vais le voir bientôt au théâtre !

http://tns.fr/FR/605

mon edition a une preface d'yvon belaval.

La mienne aussi. Je me demande comment les acteurs vont s'en tirer sur scène, car c'est long, notamment dans le cinquième dialogue où il y a une "tirade" d'environ 70 pages !
Et je me demande aussi comment sera la mise en scène des ébats.

A vrai dire, mon cher Troglo, c'est moins le respect de la tirade qui me preoccupe que, comme toi, la mise en scène (rire).

j'ai lu hier soir trois dialogues, avec des indications précises, sur les gestes des acteurs et leurs positions.

tu nous diras tout ?

Bien sûr, on peut toujours tricher et présenter des gadgets, mais susciter le rire ne me paraît pas le but de Sade.

Une question juridique s'impose : des acteurs se livrant nus sur scène à des ébats feints ou non commettent-ils un attentat à la pudeur ? Peuvent-il se parer d'une autorisation préfectorale, ou ministérielle ?

Je vous narrerai comment ils s'en sortent.

Ecoute Troglo dans les années 65/70 (1900!) je suis allée voir "le marquis de Sade" au théâtre du Chatelet
je ne te dis pas ce que j'ai pu voir sur scène !!! et les tollés des journaleux ! et pourtant tout se passait en mi ombre et les acteurs étaient formidables. Personnellement j'étais très jeune (si si ) et même pas choquée tellement les scènes étaient discrètes
cela représentait Sade faisant jouer des fous dans un asile, ce qu'il a fait je crois?

marie chevalier a écrit:

cela représentait Sade faisant jouer des fous dans un asile, ce qu'il a fait je crois?

Il semble qu'à la fin de sa vie, interné dans l'asile de Charenton, il ait effectivement fait jouer des fous.

Oui voilà c'est donc cela qui a été représenté au théâtre

j'ai vu recemment une pièce avec Sade faisant jouer les fous de charenton, mais il n'y avait rien de scandaleux. Dans la philosophie dans le boudoir, les scènes, d'après le texte, sont très éxplicites.

Ah ! te voila sur la pênte du péché
alors que la bibliotheque nationale sort les livres de l'enfer,
celui-ci s'ouvre à nouveau,
sous les pieds de Troglo.

Et si des spectateurs, n'y tenant plus, grimpent sur la scène et s'immiscent dans les orgies, y aura-t-il des policiers pour les appréhender ? Vivement demain soir que j'aie la réponse à toutes ces questions.

Tu nous feras u n compte rendu Troglo trop bien ça !!

La pièce que j'ai vue l'an passé, c'etait

« La persécution et l’assassinat de Jean-Paul Marat représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de Sade »

de Peter Weiss avec une mise en scène de Christophe Rouxel. J'avais bien aimé cette représentation.

Citation :

Philosophique, politique et érotique, notre ouvrage veut être libre de dire son mot aux geôliers du sexe (« la cartographie de la sexualité est mensongère » dit Claude Régy) et du bien pensant. Les malades de Charenton matés par les polices laïques et religieuses n’ont pas même de bulletin de vote pour se défendre ! Qui représentent-ils le temps de leur révolte et de leur sous-mission d’exclus dans le zoo des hommes fous ?

Christophe Rouxel.

Ici mon compte-rendu :

https://grain-de-sel.1fr1.net/scenes-et-treteaux-f14/la-philosophie-dans-le-boudoir-sade-christine-letailleur-t3165.htm#67905

jamais lu Sade mais on m'en a prêté un qui prend la poussière dans ma bibliothèque (Justine ou...)
vais-je le sortir un jour?

Rotko a écrit:

A ton avis quel dialogue exprime le mieux la pensée de Sade dans la philosophie dans le boudoir ?

Parmi les sept dialogues certains sont très longs et d'autres très brefs. Le découpage de l'oeuvre en dialogues repose sur les entrées et les sorties des personnages, et les six premiers se valent puisque tous les personnages que l'on y voit avancent dans le sens de la débauche. Dans le dernier apparaît Mme de Mistival, la maman d'Eugénie, qui vient pour soustraire sa fille à l'influence de ces instituteurs dont elle perçoit rapidement l'immoralité. Elle est la seule personne de la pièce qui tente de s'opposer à la dépravation, mais elle est rapidement submergée par le groupe. Son rôle est infime, elle n'a même pas le temps d'opposer de solides arguments aux théories malfaisantes de Dolmancé. Les libertins triomphent totalement par la conversion d'Eugénie qui participera activement à la sévère punition infligée à sa mère.

Eugénie est initialement présentée comme étant une presque pure jeune fille à initier. Là où l'on pourrait s'attendre à des réticences de sa part on ne trouvera que de l'entrain, voire des prises d'initiatives, à un tel point que bien souvent on a du mal à la distinguer, de par son comportement, de ses lubriques initiateurs.

Dans le cinquième dialogue la lecture de la brochure Français encore un effort si vous voulez être républicains prend 70 pages du livre ! Cette brochure expose, soutenues par des sophismes, de nombreuses théories prenant le contre-pied de la morale chrétienne. Il semblerait que cette partie fut ajoutée au reste du texte après quelques années. Je n'ai pas envie d'entrer dans le vaste sujet du traitement de la religion et de la morale par Sade ; tout au plus je donnerai un exemple d'une chose qu'il juge révoltante : selon lui, alors que le meurtre d'un homme par un autre à titre privé, bien qu'étant une horreur, ne soit pas un crime puisque c'est la nature qui a poussé l'homme à le commettre, le meurtre d'un homme par un autre à titre public, c'est-à-dire dans le cadre légal de l'application de la peine de mort, est un crime odieux puisque reposant sur la loi froide.

Ce qui frappe dans cette oeuvre - et semble-t-il dans toutes les autres de Sade - c'est que l'ensemble des personnages voués au vice tiennent tous les mêmes propos, ils ne sont que différentes voix du même esprit, différents instruments se répondant dans une symphonie. On ne les voit pas regretter leurs actes, presque pas hésiter avant de les commettre, et c'est en quoi ils ne sont pas vraiment humains. De même qu'un moralisateur va censurer tout propos inclinant au mal qui pourrait s'échapper de ses lèvres, eux vont censurer tout propos inclinant au bien. C'est probablement cela qui dérange le plus, d'ailleurs : on est dans l'attente perpétuelle d'un repentir ou d'un châtiment de ces coupables. Il y a là une angoisse à se trouver toujours poussé dans le dos vers de plus en plus de mal, sans aucun garde-fou, d'autant plus que bien souvent, chaque lecteur, selon ses affinités, se sentira attiré par telle ou telle branche de ce mal.

La lecture de Sade à petite dose peut être amusante, éveillante. Mais à forte dose elle épuise, car l'auteur ne semble jamais se lasser de ressasser toujours les mêmes pseudo-démonstrations, il n'a de cesse de nous asséner le spectacle de toutes les lubricités concevables ainsi que celui de leurs combinaisons par lesquelles, comme les ingrédients d'un plat, elles exacerbent leurs saveurs.

J'ai lu (en diagonale...) les Cent vingt journées de Sodome...
C'est assez épouvant à lire, c'est le moins qu'on puisse dire ,et j'avoue avoir du mal à comprendre comment l'on peut se passionner pour ce livre, m'enfin...
J'ai aussi parcouru la philosophie dans le boudoir, qui m'a semblé plus "facile" à lire sans ce sentiment de dégoût omniprésent dans Sodome.

j'ai pas lu mais j'ai vu le film de PAsolini, Salo ou les 120 journées de Sodome
A vomir
le film est très bien fait, mais c'est insoutenable
j'avais 18 ans à l'époque, et j'en suis encore marqué

SLT!
moi j'en ai lu "LES CRIMES DE L'AMOUR",et sincérement,d'un point de vue assez rationnel, j'ai beaucoup apprécié cette manière de dire les choses et de les appréhender, j'ai surtout aimé ce dégout de l'autre, ce mal qui est propre aux Humains !
SADE m'inspire énormément et me fait penser à la seconde dimension,autre facette de la litterature que certains auteurs n'ont pas su exprimer !

Je viens de terminer "Justine ou les malheurs de la vertu" de Sade.
Excellent livre pour moi , à part la fin dont je ne saisis pas trop la portée.Juliette se repent et rentre au couvent , Justine meurt frappée par la foudre (Décidément il ne lui sera jamais permis d'être heureuse).
Alors que tout au long du roman , Sade nous démontre comme il est difficile d'être vertueux et comme le faible est toujours exploité par le fort tout en mettant constamment en doute l'existence d'une providence qui protège le faible et ceci bien entendu de la bouche des personnages libertins du roman, la fin est presque une excuse!
L'auteur demande pardon pour "les crayons peut-être un peu forts que l'on s'est trouvé contraint d'employer".
Je ne sais si c'est plus dû au désir de ménager la sensibilité du lecteur
ou à la censure ?? car Justine la vertueuse meurt pourtant foudroyée...La question posée dès le début du roman demeure donc ouverte: Vaut-il mieux suivre la voie du mal plutôt que celle du bien?
Le récit est mené habilement par une constante opposition de la vertu
(principalement incarnée par Justine) et de la perversion (incarnée par beaucoup de personnages que Justine rencontrera pendant son périple), chacun donne des arguments pour justifier sa façon de penser.
Certes, certains événements sont invraisemblables tels que les constantes évasions mal expliquées de Justine ainsi que ses guérisons rapides et même l'acharnement féroce du destin contre elle! Mais le but du roman est plus de pousser à réfléchir sur le fond de la nature humaine.
L'homme est-il bon ou mauvais de nature? N'est ce pas la loi de la jungle qui règne? Le fort n'a -t-il pas toujours raison du faible?
Ce qui m'a frappée c'est que quoi qu'écrit il y a plus de 200 ans , ce livre, de part les questions qu'il pose est presque d'actualité...