Sade

Oui on peut effectivement parler de surenchère pour les 120 journées de sodome... Après réflexion je me dis que sade devait s'emmerder dur pour écrire ce genre de chose, vu qu'il a passé une bonne partie de sa vie en prison ça devait être effectivement le cas.

si je devais comparer les 120 journées à la philosophie dans le boudoir, c'est que dans ce dernier il y a une progression narrative, on va de choses relativement anodine à des choses de plus en plus trash et d'un humour noir très jouissif, le tout émaillé de considération philosophique inquiétante. Alors que dans les 120 journées de sodome ce n'est pas vraiment le cas on assiste (d'après mes souvenirs) à une répétition de scènes ou les héros se gavent de merde et sodomisent des gosses, allant jusqu' au meurtre. C'est une lecture assez éprouvante au final.
faudra que je réessaie un jour de le lire pour voir si ça passerais mieux.

styx a écrit:

Alors que dans les 120 journées de sodome ce n'est pas vraiment le cas on assiste (d'après mes souvenirs) à une répétition de scènes ou les héros se gavent de merde et sodomisent des gosses, allant jusqu' au meurtre.

styx a écrit:

C'est une lecture assez éprouvante au final.
faudra que je réessaie un jour de le lire pour voir si ça passerais mieux.

D'un autre côté, il y a tellement d'autres choses à lire...
Ce serait dommage de perdre ton temps !

ben ça m''est déjà arrivé de pas savoir lire un truc, et après avoir laissé passer du temps, je reprend le bouquin, j'ai un regard neuf et je trouve le bouquin super.
Parfois c'est soi qui faut mettre en cause, on étais pas prêt pour ce genre de choses.D'ailleurs j'avais garder un bon souvenir de la philosophie dans le boudoir qui est loin quand même d'être une bleuette , la jsais pas avec celui là gros blocage.

En plus j'aime bien souvent relire les livres que j'ai lu, je suis loin d'être un boulimique de lecture, je préfère lire lentement, peu, et tirer d'un livre toute la quintessence qu'il peut renfermer, bien sur il faut que l'auteur soit bon, et je pense que sade est un bon auteur.

Eikichi-Onizuka a écrit:

"une raison bien simple, c'est qu'il est parfaitement impossible de croire ce qu'on ne comprend pas. Entre la compréhension et la foi, il doit exister des rapports immédiats; la compréhension n'agit point, la foi est morte, et ceux qui, dans tel cas prétendraient en avoir, en imposent." Le moribond.

Voilà je ne comprend pas pourquoi il affirme qu'il est impossible de croire ce qu'on ne comprend pas.
En effet, lui même dit qu'il ne comprend pas le soleil, pourtant il y croit. Bien sûr c'est aussi parce qu'il a l'occasion de le voir : "Je crois le soleil parce que je le vois". Donc une phrase plus juste serait : il est impossible de croire ce qu'on ne comprend pas ou ce qu'on n'observe soi même.
Mais croire ce que l'on observe n'est pas toujours raisonnable (mécanique des illusions physiques et psychologiques), donc il faut tant l'observer que le comprendre pour y croire et être certain de sa réalité. Croire au soleil en l'observant et sans le comprendre est alors juste une histoire de foi.
"la compréhension n'agit point, la foi est morte"... pourtant sans le comprendre il a la foi de l'existence du soleil. Ne se contredit-il pas ?

Mais quel texte magnifique ! Des paroles fortes, notamment le passage sur le déterminisme laplacien.

Je ne suis pas d'accord avec le fait que la compréhension de ce que l'on voit soit nécessaire pour croire en l'objet.

Non seulement je vois le Soleil, mais les autres le voient aussi. Je ne peux donc pas le nier. Même sans le comprendre, je dois admettre qu'il est (qu'il existe). Pour les illusions d'optique 1- souvent elles se contredisent d'elles-même par la suite (en changeant l'angle de regard) 2- pour ce qui est du Soleil, je pourrais le croire petit (et me tromper) ; aujourd'hui les scientifiques me disent qu'il est grand alors je peux soit considérer que je comprends l'astronomie et le croire grand ; soit remettre cela en question et me contenter de croire qu'il existe, sans y apposer de connaissance autre que celle de sa seule présence.

En revanche, pour ce qui est immatériel, pour une idée, ma compréhension de ce qu'elle représente est nécessaire à ma foi. Je crois que la douleur existe, parce que je l'ai expérimentée (et que je comprends le cause à effet blessure -> douleur ou mal -> peine...). Je crois que la liberté est possible parce que j'ai conscience des chaînes à rompre pour l'atteindre. Je peux croire dans les lois de la nature parce que j'observe que chaque chose autour de moi évolue d'une manière précise, toujours la même ; selon un ordre que l'homme peut comprendre (travaux de la biologie sur plusieurs siècles, par exemple). Cela ne prouve pas l'existence d'un dieu, mais celle d'un ordre immuable (celui de la nature) ; bien que je n'en observe que les effets et pas l'instigateur. Je comprends qu'il existe quelque chose qui régisse la nature ; donc je ne peux vivre sans aucune foi (croire en ce monde est déjà acte de foi). (C'est justement la nature en elle-même que Sade défend).

En revanche Dieu est par excellence (il est question ici du dieu chrétien) l'être imaginé de toutes pièces sans observation préalable, ni sans la moindre compréhension logique de ce qui justifierait son existence en tant qu'être particulier supérieur à l'homme et au monde entier. Les préceptes catholiques ne se justifient pas non plus rationnellement. La foi est donc aveugle.

Et pour faire plus simple : le prêtre donne des ordres qui ne sont que les répétitions de ce qu'on lui a inculqué ; sur lesquels il ne s'est pas posé de question (on lui a dit "ceci est la morale" et il l'a pris pour argent comptant). Le moribond parvient à le déstabiliser parce que sa foi, ainsi admise sans remise en question, est tangible. Qui est Dieu ? Pourquoi serait-il ainsi et par autrement ? Pourquoi la nature aurait-elle besoin d'un soutien, de quelqu'un d'autre qu'elle-même ? Qui a imposé les préceptes moraux ?
(Répéter des notions de bien et de mal que l'on a apprises n'est-ce pas être dépossédé de toute notion morale finalement ? Ne pas porter en soi la loi morale mais s'en décharger au nom d'un être sans substance ? Si le prêtre suivait ses propres instincts moraux ne serait-il pas en mesure de convaincre le moribond ? Il y a bien une différence entre tuer un homme et avoir une vie sexuelle dissolue ; cependant dans le discours du prêtre ils sont deux péchés égaux -> cela ne tient pas la route ! comment peut-il donc s'en sortir, tant qu'il est caché derrière son Créateur aux "voies impénétrables" ?...) -> Bon là je me lâche un peu...


Je n'ai pas relu le Dialogue pour répondre : c'est donc spontané et personnel...

styx a écrit:

la jsais pas avec celui là gros blocage.

Comme tu le dis la lecture est "éprouvante" dans certains passages, et même pas qu'un peu. (j'imagine ceux qui voulaient se faire plaisir comme en lisant un Playboy... haha ! si si, cela existe, des lycéens trop contents de voir qu'un auteur pornographique est au programme.......)

Je n'ai d'ailleurs pas lu les 120 journées... Je ne sais pas si je le ferai. Un bon commentaire des idées développées peut suffire, je pense ?!

Je préfère lire ses textes où les passages d'argumentation sont au moins aussi nombreux que les scènes de perversion sexuelle.

Mais Sade, "bon auteur" ou non (question de goût je suppose) est en tous cas très intéressant.

Vraiment passionnant, ce fil que je viens de parcourir.
J'ai peu lu de Sade, plutôt des extraits et pages de ci-de là, à part le "Juliette", dont les thèses philosophiques m'ont interpellé lors de mes études.
Par ailleurs, ce sont les commentaires de Sophie que j'ai trouvés les meilleurs, et comme elle je dirais "auteur intéressant" !! auteur agréable à lire, je n'irais pas jusque là...
Si j'ai le temps, je reviens, pour parler philo (et parler de Juliette ).

Le marquis de Sade...l'un de mes auteurs favoris...
Comment passer à côté...?
Liberté d'écriture, audace, style énergique et puissant et surtout la beauté de la langue mise à nue...
Son oeuvre ne peut laisser indifférent son lecteur.
Augustine de Villeblanche, Justine, la philosophie dans le boudoir, Histoire de Juliette...tant de pépites!!!!

Comment révéler l'horreur qui sommeille en chacun de nous!
Sachons néanmoins rester éloigné à la fois de la vertu mais également du sadisme pur et simple!!!!

Ecrivain français, philosophe, libertin et athée. Donatien Alphonse François, marquis de Sade est né dans une vieille famille aristocratique. Entré à 14 ans dans une école militaire, il revient à Paris en 1763 comme capitaine. Il montre, en fréquentant les actrices et les courtisanes son goût pour la luxure, qui lui vaut, l'année même et peu de temps après son mariage, un premier séjour en prison pour "débauche outrée".

Après une seconde incarcération de six mois en 1768 pour flagellation, il est accusé en 1772 d'empoisonnement pour avoir rendu malade une prostituée à qui il avait fait prendre des dragées aphrodisiaques. Il est condamné à mort par contumace. Arrêté, puis évadé, il est finalement repris et, sous le coup d'une lettre de cachet, incarcéré successivement à Vincennes, à la Bastille et à Charenton. C'est pendant cette longue période d'emprisonnement que Donatien Alphonse François de Sade commence à écrire pour dissiper son ennui. Il est libéré en 1790 par la Révolution comme toutes les victimes de lettres de cachet.

Pendant la Révolution, ses deux fils émigrent, sa femme obtient la séparation du fait de ses violences conjugales. Ses biens en Provence ayant été pillés, sans ressources, le Marquis de Sade essaie de faire jouer ses pièces de théâtre pour pouvoir survivre. Bien qu'ayant milité dans une section révolutionnaire de quartier, il est condamné à mort en 1793. Il échappe à la guillotine à cause d'une erreur administrative. Il vit alors modestement de ses publications. Il est arrêté en 1801 à cause de ses écrits outrageux et de leur violence pornographique et interné par décision administrative à l'asile de fous de Charenton. Bien que totalement lucide et malgré ses protestations, il va y rester jusqu'à sa mort. Il aura passé 30 années en prison.

Maîtrisant parfaitement la langue française, le Marquis de Sade alterne dans ses ouvrages les scènes pornographiques souvent extrêmes et les dissertations philosophiques. Dans "Dialogue entre un prêtre et un moribond" (1782), il affirme un athéisme absolu et ne laissera plus passer une occasion de l'afficher dans ses écrits. Ce n'est qu'à partir du milieu de XXe siècle que son oeuvre, longtemps interdite et diabolisée, sera redécouverte et réhabilitée. Elle n'est plus lue sous le seul angle superficiel du "sadisme" et de la pornographie, mais sous sa fonction libératrice en s'attaquant aux hypocrisies de la société et à la pensée dominante. Le marquis de Sade défend les vices au nom de la nature, en en faisant apparaître les contradictions. Son imagination souvent outrancière est perçue comme le désir de libérer l'homme de ses contraintes. Il peut être considéré comme l'un des grands écrivains français et un philosophe qui va jusqu'au bout de ses pensées et aux limites de leurs conséquences logiques.
Principales oeuvres : L'inconstant (comédie, 1781), Dialogue entre un prêtre et un moribond (1782), Le prévaricateur (tragédie, 1783), La folle épreuve ou le mari crédule (comédie, 1783), Les 120 journées de Sodome ou l'école du libertinage (1785), La vérité (1787), Aline et Valcour, les crimes de l'amour (1786, publié en 1795), Historiettes, contes et fabliaux (1788), Les crimes de l'amour (1788), Les infortunes de la vertu (1ère version de Justine, 1787), Justine ou les malheurs de la vertu (1788, publié en 1791), Eugénie de Franval (1788), Catalogue raisonné des Œuvres de M. Sxxx. (1788) , La philosophie dans le boudoir (1795), La nouvelle Justine (1797), L'Histoire de Juliette (1797).

Introduction de "la philosophie dans le boudoir"- 1795
"AUX LIBERTINS


Voluptueux de tous les âges et de tous les sexes, c’est à vous seuls que j’offre cet ouvrage ; nourrissez-vous de ses principes, ils favorisent vos passions, et ces passions, dont de froids et plats moralistes vous effraient, ne sont que les moyens que la nature emploie pour faire parvenir l’homme aux vues qu’elle a sur lui ; n’écoutez que ces passions délicieuses, leur organe est le seul qui doive vous conduire au bonheur.
Femmes lubriques, que la voluptueuse Saint-Ange soit votre modèle ; méprisez, à son exemple, tout ce qui contrarie les lois divines du plaisir qui l’enchaînèrent toute sa vie.
Jeunes filles trop longtemps contenues dans les liens absurdes et dangereux d’une vertu fantastique et d’une religion dégoûtante, imitez l’ardente Eugénie, détruisez, foulez aux pieds, avec autant de rapidité qu’elle, tous les préceptes ridicules inculqués par d’imbéciles parents.
Et vous, aimables débauchés, vous qui, depuis votre jeunesse, n’avez plus d’autres freins que vos désirs, et d’autres lois que vos caprices, que le cynique Dolmancé vous serve d’exemple ; allez aussi loin que lui, si, comme lui, vous voulez parcourir toutes les routes de fleurs que la lubricité vous prépare ; convainquez-vous à son école que ce n’est qu’en étendant la sphère de ses goûts et de ses fantaisies, que ce n’est qu’en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d’homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie."

Cent-Vingt journées de Sodome fait toujours scandale et le CSA a "averti" France culture.

Spoiler:

J'ai lu les Infortunes de la vertue... Je m'attendais à du très gore, j'ai été déçue de ce côté là. Néanmoins j'ai été bluffée par l'aspect philosophique de l'oeuvre et la fin magistrale. Je l'ai dévoré.

Comprendre SADE, Marie-Paule Farina, Yves Rouvière,
éditions Max Milo, collection Essai Graphique,
126 p., 9,90 €


Coup de coeur pour ce petit essai plein d'intelligence ,de culture et d'humour ( on rit beaucoup dans ce livre aussi instructif qu'il est drôle ) qui réhabilite l'homme tout en redonnant à l'oeuvre de Sade sa portée littéraire , politique et philosophique !

Comprendre Sade est un petit livre magistral - écrit par un ancien professeur de philosophie spécialiste de cet auteur depuis sa thèse universitaire - qui me semble s'imposer à tout néophyte comme préalable indispensable à la lecture de Sade.
Publié dans la collection Comprendre/Essai graphique, il est illustré par Yves Rouvières dont les dessins humoristiques pertinents soulignent de manière saisissante les propos de l'auteure .

http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/article-comprendre-sade-de-marie-paule-farina-109701581.html

29 octobre 1763. Détention de Sade pour éjaculation sur un crucifix et autres blasphèmes
 
[SADE] la fait passer dans la pièce voisine dont les murs sont couverts de verges, de martinets, de Christ en croix et en estampes. Tout cela au milieu de dessins et gravures pornographiques. C'est alors qu'il lui demande de le fouetter avec un martinet en fer rougi au feu et qu'il lui rendra la pareille avec le fouet qu'elle choisira. Elle refuse énergiquement, ce qui le met dans une forte colère.
 
les frasques du divin marquis

Un recueil de textes de Maurice Heine, qui était un fervent admirateur de Sade, au point d'aller acheter le manuscrit des 120 journées de Sodome à un Allemand, qui en avait fait une édition truffée de fautes, pour le ré-éditer méticuleusement. Des préfaces, des conférences, une chronique de la vie de Sade, des procès-verbaux d'instruction pour les deux principales affaires de débauche outrée dans lesquelles DAF avait trempé (l'affaire Rose Keller et les bonbons cantharidés de Marseille).

Le livre est rassurant, on sent que l'auteur a passé toute sa vie sur le sujet ; il approche la zone la plus intrigante : qui était Sade dans le fond ? Quelle était sa position par rapport à Dieu, à la religion, au bien, au mal ? Etait-il fou ou pas ?

je me suis toujours méfiée de lui. Je n'aimais pas les martinets !