Balzac II, le contrat de mariage , les proscrits.

Autant ouvrir un nouveau fil qui permettra à HdeB de donner toute sa mesure.

Le contrat de mariage (1835)

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Je dédie ce compte rendu à Albert, vu que Balzac parle de « la grande comédie qui précède toute vie conjugale, », « scène négligée par les auteurs dramatiques, quoiqu’elle offre des ressources neuves à leur verve ».

Ce récit ne convaincra pas les lecteurs réfractaires à Balzac puisqu’il se lance dans des considérations financières absconses, de longs assauts de finesses entre notaires, des lettres prolixes précédées de préambules « pourtant bien nécessaires à l’intelligence de cette histoire » .

Cependant les admirateurs de Balzac y retrouveront leur auteur favori, avec ses qualités de construction :

- Au début Félix de Marsay essaie en vain de dissuader Paul de Mannerville de ses projets de mariage : l’homme est faible, il ne sait pas ce qui l’attend,
- et à la fin du livre, il parachèvera cette leçon par des révélations fracassantes.
- Entre temps, de petits morceaux de bravoure sur la nécessité « du poignet de fer » de l’homme dans son couple :

Citation :

« La crainte inspirée par l’amour, est un instrument infaillible pour manier l’esprit d’une femme. Qui aime craint ; et qui craint est plus près de l’affection que de la haine. »

Le contrat de mariage (1835)

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Mannerville, fortuné et intelligent - mais amoureux, n’écoute ni les conseils de son ami parisien, ni les mises en garde de son notaire.

Il accumule aussi les gaffes, comme de susciter à son insu la haine de sa belle-mère (pensez donc une Créole mâtinée d’Espagnole ! Autant nourrir un serpent dans son sein !), et d’avoir demandé et obtenu « la main d‘[un] petit crocodile habillé en femme. »

Les portraits et analyses des personnages sont vigoureux : « la belle-mère, voilà l’ennemie ! », car elle joue toujours le rôle de sa fille, et si, de plus, elle veut nuire à son gendre, celui-ci tombe dans un piège fatal.

A bon entendeur, salut !

Balzac aura prévenu les hommes, et donné aux femmes des consignes concrètes et efficaces pour mener leur vie, matérielle et amoureuse, au mieux de leurs intérêts.

rotko a écrit:

Autant ouvrir un nouveau fil qui permettra à HdeB de donner toute sa mesure.

Je vais tapoter devant vos yeux ébahis une sentence qui va certainement faire date dans l'histoire des études balzaciennes. Accrochez-vous, ça va décoiffer: "Je n'ai pas lu ce livre."
Mais, mais bien sûr, le thème pourrait me plaire, je ne vous le cache pas.

Balzac n'est pas compliqué à lire pour un amateur (comme moi)?

C'est qui "balzaciennes"?

bon ok, je me pends. Couic.

je crois quand même que d'autres livres de Balzac sont plus accessibles.

J'ai lu le contrat dans une édition sans notes, et les précisions financières sont un peu rebutantes, la conversion des livres et francs en écus, assez ardue

Ceci dit, quand on aime Balzac, on prend plaisir à ses manies :

son portrait de Madame Evangelista, séductrice, brûleuse de fortunes, croqueuse de diamants, hypocrite et rancunière, en fait une belle-mère satanique.

D'un orgueil démesuré elle a le sens de sa caste (sans doute fantasmée, je la verrais bien mythomane et mégalomane) et elle hait Jean-Jacques Rousseau à qui elle adresse des reproches totalement déplacés.

On voit aussi des silhouettes connues, Jacques Colin, la société des Dix Mille, (le monde de Vautrin) Felix de Vandenesse, Maxime de Trailles, Madame de Sérisy, peut-être des noms rajoutés après coup.

L'action se passe à Bordeaux, dans le petit monde cancanier de la province, dont se moque Balzac. On voit aussi le goût pour les terres qui rapportent, et les transformations de la société à travers les deux types de notaires.

Mme Evangelista

La créole est une nature à part qui tient à l’Europe par l’intelligence, aux Tropiques par la violence illogique des passions, à l’Inde par l’apathique insouciance avec laquelle elle fait ou souffre également le bien et le mal ; nature gracieuse, mais dangereuse…

Comme un enfant elle mettrait le feu à une maison pour cuire un oeuf.

On étudierait avec profit les femmes étrangères (des pays chauds) dans la littérature du XIXe : je pense à Thèrèse Raquin et à Jane Eyre, entre autres.

les Proscrits

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mazel a écrit:

Challenge Balzac : terminé les proscrits, moyennement aimé

Avec les Proscrits,(1831) Balzac s’aventure à ses risques et périls au Moyen Age, en suivant la pente illuministe qu’il affectionne, et qu’il développera dans Séraphita (1835) présenté ici en menu allégé et en menu complet

Évidemment, on n’est pas obligé de suivre Balzac sur ce terrain, où il brasse les idées avec un enthousiasme et un style ronflants (CF. les Sphères, les Immensités, les Cieux et la Lumière occupent toute la scène, dans les paroles du Vieillard-Dante, et de Sigier, le maître en cours de mystique auxquels Balzac emboîte le pas).

Les critiques ont beau jeu aussi de déceler des inexactitudes historiques, de graves erreurs de dates etc. dans ce récit qui débute en 1308.

Pourtant on reconnaît, là encore, la méthode balzacienne, ie la présentation mensongère des deux personnages principaux, le vieillard et le jeune Godefroid, par leur logeurs Jacqueline et son mari le sergent Tirechair, d’esprit obtus.

Les deux personnages se révéleront bien différents de leurs ragots et de leurs craintes. L’auteur se livre aussi à un inventaire foncier et mobilier des lieux et des personnages.

les Proscrits

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Ce regard terre à terre ne convient évidemment pas pour ces géants de la pensée, qui sont bien au-delà du domaine terrestre, et dont Balzac rend compte essentiellement par deux moyens :

- des Allégories qui situent la Connaissance à trois niveaux : la Science, la Poésie et le Sentiment, ou La Pensée, l’Amour et la Foi, avec des personnages en rapport : le Prophète ou l’Ange.

- des portraits et tableaux emblématiques qui relèvent de la représentation religieuse : le vieillard a « la face ardente, la main levée, le visage transfiguré », et les paysages célestes avec couchers de soleil et débauche de lumière nous introduisent dans la peinture du royaume des Cieux, des Enfers ou de la Jérusalem Céleste.

A remarquer le terme employé pour le discours du Mystique Sigier : « il peignait ».

Dernier tableau : Godefroid dans une représentation de la Maternité.

Enfin, si Balzac prend très au sérieux les envolées mystiques et ce qui touche au génie littéraire ( dans la fille aux yeux d’or, il pense être le peintre des cercles de l’Enfer parisien, donc l’égal de Dante), il se montre narquois sur les tentatives de Godefroid pour atteindre le Royaume des Cieux.

La conclusion du livre pourrait être : aux génies de la pensée la Création et l’aventure spirituelle, que les autres se contentent de plaisirs terrestres et de l’Action.

Sur les guelfes et les gibelins, et sur Dante :

Spoiler: