Balzac

le lys dans la vallée

Certaines lectures du "lys dans la vallée" paraissent tirer l'oeuvre vers une pureté "mystico-religieuse".
Voyons un peu cela…
Au début du livre, le paysage : "

Citation :

Là se découvre une vallée qui commence à Montbazon, finit à la Loire, et semble bondir sous les châteaux posés sur ces doubles collines ; une magnifique coupe d'emeraude au fond de laquelle l'Indre se roule par des mouvements de serpent. A cet aspect, je fus saisi d'un étonnement voluptueux [...]- Si cette femme, la fleur de son sexe, habite un lieu dans le monde, ce lieu, le voici ?".

On conviendra que l'écrin est effectivement voluptueux.

Les dernières paroles de Mme de Mortsauf :

Citation :

"ils croient que mon plus vif désir est la soif. Oh oui, j'ai bien soif mon ami, l'eau de l'Indre me fait bien mal à voir, mais mon coeur éprouve une plus ardente soif. J'avais soif de toi, me dit-elle d'une voix plus étouffée en me prenant les mains dans ses mains brûlantes et en m'attirant à elle pour me jeter ces paroles à l'oreille : mon agonie a été de ne pas te voir ! Ne m'as tu pas dit de vivre ? Je veux vivre. Je veux monter à cheval aussi, moi ! Je veux tout connaître, Paris, les fêtes, les plaisirs."[...]

Citation :

"Oui, vivre ! dit-elle en me faisant lever et s'appuyant sur moi, vivre de réalités et non de mensonges. Tout a été mensonge dans ma vie, je les ai comptées depuis quelques jours, ces impostures. Est-il possible que je meure, moi qui n'ai pas vécu ? Moi qui ne suis jamais allée chercher quelqu'un dans une lande [...] Félix ! Les vendangeuses vont dîner, et moi, moi, dit-elle d'une voix d'enfant, qui suis la maîtresse, j'ai faim. Il en est ainsi de l'amour, elles sont heureuses, elles!".

La page 4 de couverture dans le livre de poche reprend une citation de Balzac :

Citation :

"Les femmes les plus vertueuses ont en elles quelque chose qui n'est jamais chaste

".

Felix de Vandenesse, dit notre commentateur, souffre de la réserve d'Henriette et tue pourtant cette femme en l'idéalisant à son corps défendant, en lui imposant une pureté contre laquelle elle se révolte au moment de son agonie [...] La nouvelle maîtresse déconstruit l'architecture mystico- religieuse échafaudée par Félix".

"Le Lys dans la vallée est le roman de toutes les ambiguïtés."

Rotko a écrit:

Voila Brantôme qui fait sentir ses premières influences, hein Troglo ?

Je ne sais si l'on trouve l'expression de la "beste à deux dos" chez l'aventurier Brantôme, mais en tout cas elle figure chez le médecin Rabelais.

oui, mais je voulais dire qu'à lire les historiettes coquines et ragots d'alcôve de Brantôme, tu voyais beaucoup d'activités nocturnes

Balzac, Gambara. GF (avec le chef d'oeuvre inconnu)

Quel bonimenteur, ce Balzac ! On suit un jeune homme sur les traces d’une jolie femme, on arrive dans les bas quartiers, et on se retrouve confronté au problème du génie méconnu !

En fait, deux artistes : l’un innove en cuisine aux dépens des estomacs, l’autre crée des musiques qui tantôt séduisent , tantôt écorchent les oreilles. Faut-il suivre l’inspiration et chercher les idées, ou obéir à la raison pour se limiter aux sensations ?

Les premiers s’abandonnent à une imagination délirante, qui les conduit à la folie, les seconds risquent de n’être que des faiseurs, il est vrai, appréciés et à la mode.

Par moments, on se dit que Balzac tombe dans les travers qu’ils dénoncent, que ses théories sont trop fumeuses pour figurer dans un roman. Mais d’un autre côté il ne perd pas le sens des réalités et nous sert une histoire réaliste, un « drame moderne », comme il dirait.

A fréquenter Balzac, on l’aime jusque dans ses défauts. Que d’idées dans sa tête ! Mais quelle assise !

Balzac, Sarrasine, Mille et une nuits, la petite collection

.Surprises et violences de l'amour.

Invité dans un bal à l'hôtel de Lanty, le narrateur - il dit "je", plongé dans une étrange rêverie, voit à la fois le salon du bal somptueux de l'hôtel, et l'obscurité quasi macabre du jardin.

Double tableau contrasté aussi à l'intérieur du salon où un vieillard hideux côtoie la jolie héritière de Lanty. Quel est ce mystérieux vieillard pour qui les riches Lanty redoublent de prévenances ?

Le narrateur le dira à sa cavalière, si elle vient chez lui le lendemain. Habile prétexte pour revoir cette femme qu'il entend séduire
Il lui raconte alors la passionnante histoire d'amour d'un sculpteur pour une merveilleuse cantatrice.

Chez Balzac, gare aux femmes aimées qui jouent avec le coeur de leurs amants ! Ceux-ci pourraient se venger comme de la duchesse de Langeais ou de la fille aux yeux d'or.

Violence des passions, étrangeté des situations, cette nouvelle de 50 pages étonnera plus d'un lecteur !

le premier livre de balzac que j'ai lu était les chouans, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, en particulier à cause des surnoms mais en fin de compte c'est une très belle histoire d'amour

whiterose a écrit:

le premier livre de balzac que j'ai lu était les chouans, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, en particulier à cause des surnoms mais en fin de compte c'est une très belle histoire d'amour

je partage ton point de vue, et cette histoire d'espionne/espionnage a de quoi surprendre. La topographie des lieux, la ville de Fougères, est bien mise en scène dans le roman. Si tu as l'occasion d'y passer, relis auparavant la scène finale, et installe-toi dans le parc qui surplombe les restes du chateau. Tout ce cadre prend alors une valeur dramatique.

Quant à l'apparence des protagonistes bretons, elle vaut son pesant de sel ! Balzac ecrivait pour les Parisiens et entendait faire "exotique et local". les Bretons sont comme les Indiens de fenimore Cooper, et leurs surnoms, similaires. La messe dans la lande, quel morceau de bravoure !

Balzac était déjà baratineur : spéculer sur la place idéale pour stocker le fumier et exposer son point de vue, le plus sérieusement du monde, dans un roman, c'est bien dans sa manière.

A comparer les Chouans avec le quatre-vingt treize de Hugo on voit nettement les ideologies et les écritures specifiques des deux romanciers.

Extrait de "Le Lys dans la vallée" de Balzac
" A Madame de Mortsauf

"Combien de choses n'avais-je pas à vous dire en arrivant, auxquelles je pensais pendant le chemin et que j'oublie en vous voyant! Oui, dès que je vous vois, chère Henriette, je ne trouve plus mes paroles en harmonie avec les reflets de votre âme qui grandissent votre beauté; puis, j'éprouve près de vous un bonheur tellement infini, que le sentiment actuel efface les sentiments antérieurs. Chaque fois, je nais à une vie plus étendue et suis comme le voyageur qui, en montant quelque grand rocher, découvre à chaque pas un nouvel horizon. A chaque nouvelle conversation n'ajoutai-je pas à mes immenses trésors un nouveau trésor? Là, je crois, est le secret des longs, des inépuisables attachements. Je ne puis donc vous parler de vous que loin de vous. "... " Sachez bien cette constante ivresse pour m'en pardonner les erreurs. "..."

rotko a écrit:

le lys dans la vallée

Certaines lectures du "lys dans la vallée" paraissent tirer l'oeuvre vers une pureté "mystico-religieuse".
Voyons un peu cela…
Au début du livre, le paysage : "

Citation :

Là se découvre une vallée qui commence à Montbazon, finit à la Loire, et semble bondir sous les châteaux posés sur ces doubles collines ; une magnifique coupe d'emeraude au fond de laquelle l'Indre se roule par des mouvements de serpent. A cet aspect, je fus saisi d'un étonnement voluptueux [...]- Si cette femme, la fleur de son sexe, habite un lieu dans le monde, ce lieu, le voici ?".

On conviendra que l'écrin est effectivement voluptueux.

Les dernières paroles de Mme de Mortsauf :

Citation :

"ils croient que mon plus vif désir est la soif. Oh oui, j'ai bien soif mon ami, l'eau de l'Indre me fait bien mal à voir, mais mon coeur éprouve une plus ardente soif. J'avais soif de toi, me dit-elle d'une voix plus étouffée en me prenant les mains dans ses mains brûlantes et en m'attirant à elle pour me jeter ces paroles à l'oreille : mon agonie a été de ne pas te voir ! Ne m'as tu pas dit de vivre ? Je veux vivre. Je veux monter à cheval aussi, moi ! Je veux tout connaître, Paris, les fêtes, les plaisirs."[...]

Citation :

"Oui, vivre ! dit-elle en me faisant lever et s'appuyant sur moi, vivre de réalités et non de mensonges. Tout a été mensonge dans ma vie, je les ai comptées depuis quelques jours, ces impostures. Est-il possible que je meure, moi qui n'ai pas vécu ? Moi qui ne suis jamais allée chercher quelqu'un dans une lande [...] Félix ! Les vendangeuses vont dîner, et moi, moi, dit-elle d'une voix d'enfant, qui suis la maîtresse, j'ai faim. Il en est ainsi de l'amour, elles sont heureuses, elles!".

La page 4 de couverture dans le livre de poche reprend une citation de Balzac :

Citation :

"Les femmes les plus vertueuses ont en elles quelque chose qui n'est jamais chaste

".

Felix de Vandenesse, dit notre commentateur, souffre de la réserve d'Henriette et tue pourtant cette femme en l'idéalisant à son corps défendant, en lui imposant une pureté contre laquelle elle se révolte au moment de son agonie [...] La nouvelle maîtresse déconstruit l'architecture mystico- religieuse échafaudée par Félix".

"Le Lys dans la vallée est le roman de toutes les ambiguïtés."

alex_dufer a écrit:

dès que je vous vois, chère Henriette, je ne trouve plus mes paroles en harmonie avec les reflets de votre âme qui grandissent votre beauté.

la rencontre de Félix avec Madame de Mortsauf est moins édulcorée

Citation :

Mes yeux furent tout à coup frappées par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j’aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie. Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main.

Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d’une gaze,mais dont les globes azurés et d’une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelles.

[…] Après m’être assuré que personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère, et je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête. Cette femme poussa un cri perçant, que la musique empêcha d’entendre.

On pourrait mettre ce passage sur le fil érotique, non ?

Rotko, quand tu cites BAlzac:

"Les femmes les plus vertueuses ont en elles quelque chose qui n'est jamais chaste"
Je comprends bien ce que Balzac veut dire, mais il faut dire que la perversité d´une Mme de Mortsauf ( dansla jouissance) est encore plus accentuée par la lecture d´aujourd´hui,.
Ce genre de martyre qui trouve finalement plus de plaisir dans la retenue et le sacrifice que dans l´assouvissement n´a plus trop la cote.
Je la trouve bien differente d´une autre "mal mariée" comme la Princesse de Clèves.

Au moment où sort ne touchez pas la hache de Jacques Rivette avec depardieu, on peut se rappeler la duchesse de langeais de Balzac, à l'origine de ce film.

La duchesse de Langeais fait partie de "l’histoire des treize", une trilogie avec Ferragus et la fille aux yeux d’or) où treize amis forment une société secrète : issus de milieux différents, mais influents, ils jurent de se prêter secours, quelle que soit, au regard du droit et de la morale, l’affaire que veut dénouer l’un des leurs.

Ici, le général de Montriveau se plaint d’une duchesse qui encourage ses assiduités - sans jamais se livrer à lui. Passons sur les détails. Il faut dans un premier temps se venger de la perverse coquette, puis donner l’assaut à un couvent espagnol où elle s’est retirée.

A part une tartine sur la société parisienne (digression de 11 pages, je crois), La duchesse de Langeais est un récit passionnant :

Un début inhabituel chez Balzac, en plein cœur de l’action. Montriveau, général victorieux de l’armée napoléonienne entre dans une cathédrale espagnole. La musique d’orgue est si puissante et si belle qu’elle ravive en lui des souvenirs d’amour : seule la duchesse de Langeais peut jouer de cette façon.

Il décide de l’enlever du couvent. Entre temps le lecteur apprend tout de ses amours, de ses incroyables péripéties, mais aussi des souffrances et des résolutions du général, qui est, disons-le, un fauve dans sa catégorie.

Personne n'a lu les tristes mésaventures du cousin Pons ?
Pov type, y'en a qui n'ont pas de bol :| ...c'est un des livres de Balzac qui m'a le plus touchée.

rotko a écrit:

A part une tartine sur la société parisienne (digression de 11 pages, je crois), La duchesse de Langeais est un récit passionnant :

Un début inhabituel chez Balzac, en plein cœur de l’action. Montriveau, général victorieux de l’armée napoléonienne entre dans une cathédrale espagnole. La musique d’orgue est si puissante et si belle qu’elle ravive en lui des souvenirs d’amour : seule la duchesse de Langeais peut jouer de cette façon.

Il décide de l’enlever du couvent. Entre temps le lecteur apprend tout de ses amours, de ses incroyables péripéties, mais aussi des souffrances et des résolutions du général, qui est, disons-le, un fauve dans sa catégorie.

Dans mon souvenir, elle ne jouait pas de l'orgue, elle chantait - et sa voix était comme un fil d'or dans le tissu plus rêche de l'ensemble du choeur. Mais ma lecture est bien lointaine, je ne me souviens plus du tout de cette histoire de confrérie des 13, de l'assault du couvent, etc. Alors il se peut qu'en fait, je mélange avec une métaphore lue ailleurs.
De même pour "Le lys dans la vallée". Je l'ai lu si jeune que je n'y ai probablement rien compris, et je me souviens seulement que c'est affreusement triste.

L'histoire des treize, c'est un preambule + 3 romans, la duchesse, ferragus, et la fille aux yeux d'or

Dans le preambule, treize hommes influents dans des domaines différents constituent une société secrète d'entraide totale, sans souci de la moralité ou de la justice. Ils se dévouent corps et âme à leurs amis, quel que soit l'appel à l'aide qu'il demande ! Ils interviennent dans les trois romans mais de manière rapide et masquée.

Quant à la fille aux yeux d'or, c'est le plus court et celui que je préfère : sulfureux et concis, à comprendre à demi-mots.

Lis-le, une merveille.

"Le cousin Pons "et "La cousine Bette"....
les deux Balzac qui m'ont le plus marquée.

ekwerkwe a écrit:

La duchesse de Langeais

Dans mon souvenir, elle ne jouait pas de l'orgue, elle chantait - et sa voix était comme un fil d'or dans le tissu plus rêche de l'ensemble du choeur. Mais ma lecture est bien lointaine, je ne me souviens plus du tout de cette histoire de confrérie des 13, de l'assault du couvent, etc. Alors il se peut qu'en fait, je mélange avec une métaphore lue ailleurs..

Pas grave c'est l'occasion de relire ces pages splendides

Dans ce roman dédié à Franz Liszt, le général de Montriveau, à la tête d’une armée napoléonienne, entre en vainqueur dans une église de Gibraltar. La vigueur du Te Deum lui rappelle une femme qui lui « était plus chère que la vie et plus précieuse que l’honneur ».

Citation :

« Au Te Deum, il lui fut impossible de ne pas reconnaître une âme française dans le caractère que prit soudain la musique. Le triomphe du Roi Très chrétien excitait évidemment la joie la plus vie au fond du coeur de cette religieuse. Certes elle était Française.

[…] Le général était sorti pendant le Te Deum, il lui avait été impossible de l’écouter. Le jeu de la musicienne lui dénonçait une femme aimée avec ivresse, et qui s’était si profondément ensevelie au cœur de la religion et si soigneusement dérobée aux regards du monde qu’elle avait échappé jusqu à des recherches obstinées adroitement faites par des hommes qui disposaient et d’un grand pouvoir et d’une intelligence supérieure (1) ».

(1) les fameux Treize !

ekwerkwe a écrit:

rotko a écrit:

Un début inhabituel chez Balzac, en plein cœur de l’action. Montriveau, général victorieux de l’armée napoléonienne entre dans une cathédrale espagnole. La musique d’orgue est si puissante et si belle qu’elle ravive en lui des souvenirs d’amour : seule la duchesse de Langeais peut jouer de cette façon.

Dans mon souvenir, elle ne jouait pas de l'orgue, elle chantait - et sa voix était comme un fil d'or dans le tissu plus rêche de l'ensemble du choeur.

Je suis entrain de lire le passage et il s'agit d'un orgue : "La soeur qui touchait l'orgue excita un si vif enthousiasme qu'aucun des militaires ne regretta d'être venu à l'office". "Le jeu de la musicienne lui dénonçait une femme aimée avec ivresse".

La voix vient en deuxième, le général a déjà reconnu la femme qu'il aime : "il entendit résonner près de lui la voix de la personne qu'il adorait, il en reconnut le timbre clair". "Elle faisait à l'âme [la voix] l'effet que produit aux yeux un filet d'argent ou d'or dans une frise obscure".

Ma réconciliation avec Balzac progresse. La duchesse de Langeais est un merveilleux récit tout en finesse et avec quelques surprises. Les pages sur "saint-germain" sont un peu longues, mais le reste se lit avec beaucoup de plaisir.

Continue avec la fille aux yeux d'or puisque je le vois dans ton exemplaire. c'est un autre épisode des treize, et une oeuvre originale que je vante avec ardeur (sans grand succès d'ailleurs !)

whiterose a écrit:

le premier livre de balzac que j'ai lu était les chouans, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, en particulier à cause des surnoms mais en fin de compte c'est une très belle histoire d'amour

J'ai aussi lu "Les Chouans" assez tôt dans mon itinéraire balzacien. Je l'ai relu il y a peu de temps. Ce qui m'a frappé, c'est la construction, avec un montage très cinématographique. C'est peut-être le premier roman écrit avec cette technique ? Qu'en pense notre spécialiste ?

Si c'est moi que tu décores du mot de "specialiste", je te décerne le prix de l'humour !
C'est vrai que Balzac sait être très visuel, dans les portraits des Chouans, pittoresques à souhait, et même proches de la caricature grotesque.
Quant à la scenographie de l'assaut, elle doit beaucoup au site même de Fougères.

Certains te diront peut-être qu'il faut attendre Flaubert pour des procédés "dits cinematographiques". Il faudra leur demander, je ne connais pas assez ses oeuvres.

Pour moi, les deux grands écrivains visuels sont Victor Hugo et André Malraux.

Hugo qui dessine tout avec des lettres, qu'il s'agisse de la façade de Notre dame de Paris (le H pour les tours, le V inversé pour les portes, comme par hasard initiales du maître) ou pour décrire la bataille de Waterloo.

Malraux, adepte des lignes, traduit dans le film l'espoir ce qu'il avait écrit à propos de l'enterrement (la foule descend en procession par un chemin sinueux).
La description du bombardement de Madrid mêle heureusement les verticales, les horizontales et les obliques.

Moon refaisant surface, confiait dans un souffle, avant de repartir dans les profondeurs :

Citation :

je suis plongée dans des Balzac. J'ai fini La Femme de trente ans, lu Eugénie Grandet et suis en train de lire Une ténèbreuse affaire.
J'ai du mal à quitter son écriture et l'atmosphère de ses livres

il faudrait que je relise cette ténébreuse affaire qui meritait bien son titre !

Encore une manipulation à la Fouché pour détruire des ennemis politiques, comme dans l'affaire de l'attentat de la rue Saint Nicaise.
C'est la droite qui fait le coup, et la gauche qu'on pourchasse.

Paraîtrait que Balzac avait des tuyaux précis sur l'affaire de Clement de Ris, certes, mais à première lecture, je n'y avais vu que.... beaucoup d'obscurités.

J'ai laissé la ténébreuse affaire en Bretagne (le livre n'étant pas à moi) et du coup je ne l'ai qu'entamé.
Le livre qui m'a pour le moment le plus touché est la femme de trente ans. On perçoit dans les cinq tableaux de femmes, par la suite réunis en un seul personnage, une profonde compréhension.