balzac III, La fausse maîtresse.

La fausse maîtresse:

Petit roman lu très rapidement et qui m'a permis de me replonger le temps d'une soirée dans l'ambiance de la comédie humaine balzacienne.
Dans ces quelques pages il s'agit d'amour. Un amour très particulier auquel on a peur de céder. Alors, tous les stratagèmes sont bons pour éloigner l'être aimé alors que c'est plutôt le contraire que l'on voudrait.
Il semblerait qu'il y ait au moins une note autobiographique dans "la fausse maîtresse", faisant référence à une histoire d'amour compliquée vécue par l'auteur lui-même.
Fidèle à lui-même Balzac fait de belles descriptions, pas forcément longues cette fois-ci. Après avoir bien posé le cadre historico-politique du récit, il décrit les lieux et les personnages avec la minutie à laquelle il nous a habitués.

Très bonne idée d'ouvrir les impressions sur cette nouvelle. Nestor déplace ton message pour créer un fil particulier.

j'ai plaisir à retrouver Balzac prenant ses précautions contre le lecteur :

- il n'est pas inutile de faire observer...

- Ce préambule était nécessaire pour déterminer la sphère...

- Ce serait une assez sotte chose que de glisser des discussions politiques dans un récit qui doit ou amuser ou intéresser.

On devine les reproches qui lui sont adressés, mais il n'est pas du genre à se plier devant le public.

Il a besoin de ces préambules pour situer son récit, pour "chauffer sa plume" et "chauffer son public" avec des personnages hors du commun : "une des plus charmantes actrices, une des plus habiles diplomates, une des plus illustres familles de Pologne etc.",

un côté bonimenteur qui brocarde le régime plat ("bourgeois", dit-il) de la monarchie de Juillet (1830-1848) auquel il dit ses quatre vérités, sans pour autant brûler ses navires.

Balzac écrit dans l'actualité, il n'entend point renoncer à son franc parler

Au bout de 30 pages, c'est d'un ennui plus que mortel.......j'arrête, et reprendrai peut-être plus tard, le style me rebute complètement........

mimi54 a écrit:

le style ne rebute complètement........

Balzac, le style, rebuter?
Quelqu'un serait-il assez aimable pour me refiler le lien idoine permettant de télécharger l'œuvre du génie: je me sens d'humeur paresseuse aujourd'hui...
J'ai horreur des lectures sur écran, comme j'ai en sainte horreur tous les supports "e", mais je vais faire une exception, ici.
Attention, Zorro arrive

voici le vrai lien de la fausse maîtresse.

le style ?

c'est la manière de commencer de Balzac qui est en cause, souvent (car il ya des esceptions comme dans la duchesse de Langeais où on démarre en fanfare - à l'orgue, en fait !)

voilà les repères qu'on trouve souvent : l'excuse du préambule

Citation :

- ce preambule était nécessaire

une petite digression sur l'architecture qui continue le "préchauffage" de l'action, de l'auteur et du lecteur, et le vrai début :

Citation :

- Par une matinée, Clémentine se donnait l'air de réfléchir

Ensuite le texte coule de source reprends ta lecture à cet endroit, tout va bien


Quand on est habitué à Balzac, on repère vite ces balises du récit, dont Camus se moquait avec Grand dans la Peste

Citation :

" Par une belle matinée du mois de mai, une élégante amazone parcourait, sur une superbe jument alezane, les allées fleuries du Bois de Boulogne."

Ici le pastiche de Balzac est pour moi patent.

quelle page?

car j'ai perdu 1h30 pour 30 pages, et là ma seule envie est de la passer par la fenêtre, tellement c'est insupportable à lire.

2 ou 3 pages après l'excuse du préambule, je ne peux être plus précis, j'ai les oeuvres complètes de Balzac (rire)

c'est un début de paragraphe, le § suivant commence par

Citation :

le comte et la comtesse venaient de déjeuner

Ainsi on s'entraide pour aborder une oeuvre, c'est l'essentiel à mes yeux.

Et une entreprise de familiarisation avec Balzac, excusez du peu

Pour répondre plus précisément à Mimi 54, voici précisement le début :

d'abord la fin de la dernière digression, bien balisée elle aussi


Tel est un boudoir en 1837, un étalage de marchandises qui divertissent les regards, comme si l'ennui menaçait la société la plus remueuse et la plus remuée du monde. Pourquoi rien d'intime, rien qui porte à la rêverie, au calme ? Pourquoi ? personne n'est sûr de son lendemain, et chacun jouit de la vie en usufruitier prodigue.


puis le début proprement dit, Balzac entre dans son sujet

Par une matinée, Clémentine se donnait l'air de réfléchir, étalée sur une de ces méridiennes merveilleuses d'où l'on ne peut pas se lever, tant le tapissier qui les inventa sut saisir les rondeurs de la paresse et les aises du far niente . Les portes de la serre ouvertes laissaient pénétrer les odeurs de la végétation et les parfums du tropique. La jeune femme regardait Adam fumant devant elle un élégant narguilé, la seule manière de fumer qu'elle eût permise dans cet appartement. Les portières, pincées par d'élégantes embrasses, ouvraient au regard deux magnifiques salons, l'un blanc et or, comparable à celui de l'hôtel Forbin-Janson, l'autre en style de la renaissance. La salle à manger, qui n'a de rivale à Paris que celle du marquis de Custine, se trouve au bout d'une petite galerie plafonnée et décorée dans le genre moyen-âge. La galerie est précédée, du côté de la cour, par une grande antichambre d'où l'on aperçoit à travers les portes en glaces les merveilles de l'escalier.

Le comte et la comtesse venaient de déjeuner, le ciel offrait une nappe d'azur sans le moindre nuage, le mois d'avril finissait. Ce ménage comptait deux ans de bonheur,

Au cours des échanges, on reviendra, si vous voulez, sur les références d'actualité( d'où les dates !) de ce récit paru en 1841 dans le journal le Siècle et sur les vraisemblables intentions personnelles de Balzac qu'esquissait anharmo.

Merci Rotko

Je crois que je vais en rester là, ce style est insupportable à lire,même 96 pages. Je pensais pouvoir lire ça, mais non, pour l'instant je le laisse

Parler de “la fausse maîtresse »
Je pense qu’il mérite avant, que je dise quelques mots sur lui, et les souvenirs que sa lecture évoque en moi. Pas lu toute la « Comédie Humaine » la vie entière ne suffirait. Mais ceux que j’ai lus sont inoubliables, LePère Goriot, le Lys dans la vallée, Eugénie Grandet, Peau de Chagrin, le Colonel Chabert et d’autres dont je me souviens pas à ce moment Sarrasine parmi les plus courts, etc… Un géant d’imagination qui a trouvé une place dans le Panthéon de la littérature Française. Ses personnages avaient laissé une telle empreinte, que dans son lit de malade, sur le point de mourir il appelait le Docteur Bianchon, personnage qui apparaît dans plusieurs de ses romans.
A la suite je vais poster une biographie de Balzac écrite par Stefan Zweig, en 1942, avant de se donner la mort.
A la suite mon avis sur « la fausse maîtresse »

Balzac est un enfant triste et maladivement timide, se sentant abandonné car mis en nourrice dès sa naissance loin de tout amour maternel (il considère sa mère comme un monstre), passant ensuite son enfance enfermé dans un pensionnat où seuls les livres, les rêveries et son immense imagination le sauveront de la solitude. Promis à une carrière dans la lignée paternelle, il lutte pour s'inscrire en droit et faire fortune dans la littérature. Une seule ambition : spéculer en créant, devenir écrivain et, grâce à ses futurs chefs-d'œuvre, se rendre indépendant, riche et célèbre. Il commencera comme scribe (nègre) et travaillera comme un forcené. « Toujours passe à travers sa vie cette ligne fine comme un souffle qui sépare la raison de la folie. » Balzac, en un mot, c'est la démesure provocatrice qui passe par le snobisme vulgaire ! Accablé de dettes, immergé dans un titanesque labeur d'écriture, mort à cinquante et un ans, juste après son mariage avec celle qu'il avait si longtemps attendue, le romancier de La Comédie humaine incarne un mythe, celui du créateur rivalisant avec Dieu et foudroyé comme Prométhée...

Pour retracer l'existence de Balzac, ce géant de la littérature, il fallait, plus qu'un biographe, un véritable écrivain. Immense personnalité des lettres de ce début de siècle, Stefan Zweig avait la stature requise pour une entreprise de telle envergure. D'ailleurs il le dit : « Aucun contemporain ne pouvait écrire sa biographie, ses œuvres l'ont écrite pour lui. » Loin d'être au second plan dans son oeuvre, cette biographie, publiée après sa mort, l'occupa, lui et sa femme Lotte Zweig, dix années durant. Et c'est toute son expérience d'homme et d'écrivain que résume Zweig dans cette passionnante évocation de Balzac en qui il voyait l'un des phares de la littérature européenne. Bien plus qu'une biographie, ce livre est un roman balzacien d'une grande justesse, avec toute la richesse d'une plume exquise, d'une analyse sociale et politique de l'époque.

Zweig a su se glisser dans la peau de ce personnage hors du commun. Il a écrit le portrait d'un créateur et d'un précurseur de génie dont l'oeuvre monumentale fut charnière dans l'histoire littéraire, mais aussi celui d'un homme de fougue, absorbé par son oeuvre et dans ses propres rêves, qui connut les splendeurs et les misères de la fortune, de l'amour et de la gloire. On suit Balzac pas à pas, on vit sa vie éreintante et on ne s'étonne plus que la mort soit venue le cueillir si jeune. En plus du roman exaltant, Zweig réveille un désir enfoui de découvrir des œuvres balzaciennes moins connues et pourtant superbes d'après lui. Ce roman reste un livre de référence admirable et jamais égalé que je vous encourage vivement à lire.
.Source
Pascale Arguedas.

Mon avis

Cette petite nouvelle appartient à une série de nombreux écrits , courts, où l’on reconnaît immédiatement le style balzacien. Ces minutieuses descriptions de l’ambiance et des personnages charismatiques qui comblent « la comédie humaine », une histoire d’amour concernant deux amis et la femme mariée à l’un d’eux.

L’illustre Polonais capitaine Paz, dévoué en cœur et âme à son ami et bienfaiteur le comte Adam, éprouve une ardente passion pour Clémentine. Pour ne pas trahir son ami, il doit cacher cet amour fou, et il ne trouve rien de mieux que de s’inventer une fausse maîtresse.

Clémentine commence à s’intéresser à Paz ,il est beau, galant, elle devient jalouse de la fausse maîtresse. Paz pour s’éloigner décide de s’engager dans l’armée et une tristesse s’empare d’elle, elle l’admire et l’amour naît de l’admiration, c’est une vérité irréfutable.

Balzac ne raconte pas la fin de l’histoire ,mais nous connaissons bien que si une femme s’obstine à séduire un homme,tout peut arriver.

Un joli conte, oú comme d’habitude chez Balzac des personnages présents dans « la comédie humaines » nous les retrouvons ici, Rastignac, Maxime de Trailles et les jeunes et belles parisiennes, la fine fleur qui embaumait les salons de l’époque
.
Nous voyons aussi dans le conte des situations déjà vues et lues dans d’autres histoires : ici la poignante abnégation de Paz et Clementine, sans répit, jour et nuit essayant de guérir Adam malade. On connaît une situation similaire dans les pages du « Lys dans la vallée » où Félix et Henriette agissent de même manière pour arracher à la mort le comte de Mortsauf.

Je ne me prive pas de relire Balzac, ce sont des moments de vrai plaisir.

Merci, Amadak,
à ce point pénétrée de Balzac que tu reprends à juste titre ses expressions comme "la fine fleur". Bravo !

un grand merci, cher ami, j'ai toujours aimé Balzac ,l'homme souffrant et l'écrivain singulier de son siècle.
Hugo, Maupassant,Balzac ont été les maîtres avec qui j'ai appris le français et je ne
néglige pas les Rabelais, les Molière, les Corneille etc..

le contexte historique de la fausse maîtresse

On y voit des allusions au choléra qui a touché sévérement Paris et dont Hugo parle dans les misérables, notamment parce que les quartiers les plus touchés fourniront les effectifs des insurgés de 1832, dont Gavroche.

Le plus notable est la position de la France face à la Pologne. A la fausse rumeur que les Russes obligeraient les Polonais à mâter la révolution de Juillet de 1830, qui inaugure le règne de Louis Philippe, les Polonais se soulèvent contre les Russes.

La France, ingrate, se garde bien de venir au secours des Polonais écrasés par les Russes, et même semble applaudir à la répression russe, avec la formule officielle qui a scandalisé à juste titre : "l'ordre regne à Varsovie" : voir cette page.

10.000 patriotes polonais sont contraints à l'exil et beaucoup se rendent en France, au nom de la vieille amitié entre les deux pays. Parmi eux figure Frédéric Chopin (20 ans). Le musicien apportera une contribution majeure au mouvement romantique.

Balzac a raison de dire que l'accueil des étrangers répond aux considérations politiques opportunistes du moment :

Citation :

"La bourgeoisie accabla de ses ignobles dédains le Polonais que l'on déifiait quelques jours auparavant".

Le contexte personnel de Balzac semble aussi évident cf. cette page.

On peut imaginer que Balzac - dont la fidélité n'était sans doute pas exemplaire, se défend aux yeux de Madame Hanska en imaginant un ami totalement dévoué et qu'on créditait à tort d'une liaison.

Cette piste mériterait sans doute une exploration plus précise...

la situation politique entre la Pologne et la France, je ne la connais pas, mais elle me semble importante pour le cours historique. Sur les émigrés Polonais déçus, Balzac dit avec justesse:
"on porte son pays et ses haines avec soi".

La fausse maîtresse, c’est de l’amour courtois en plein XIXe siècle ! D’où le côté insolite de cette nouvelle, l’invraisemblance de l’histoire qu’elle raconte mais qu’importe : il me semble que, plus le texte progresse, plus on est sous le charme. Certes, on peut être rebuté par la mise en place très balzacienne des premières pages mais on peut aussi la lire comme un modèle du genre dans la présentation minutieuse d’une époque, d’une société, d’un contexte historique. Et quel humour pince-sans-rire ! Personnellement j’y suis très sensible et je me dis, en lisant, que l’auteur a dû bien s’amuser en écrivant :

Citation :

Ce serait d’abord une assez sotte chose que de glisser des discussions politiques dans un récit qui doit ou amuser ou intéresser.

Citation :

Sans vouloir offenser des bannis, il est permis de faire observer que la légèreté, l’insouciance, l’inconsistance du caractère sarmate autorisèrent les médisances des Parisiens qui d’ailleurs ressembleraient parfaitement aux Polonais en semblable occurrence.

Citation :

Les hivers sont pour les femmes à la mode ce que fut jadis une campagne pour les militaires de l’empire.

La fin de l’histoire est, à mes yeux, un pur chef-d’œuvre, avec son effet d’accélération juste après les deux lettres de Thaddée à Cémentine et à Adam et surtout la chute, presque cocasse ; les deux dernières phrases – que je ne citerai pas pour ne pas gâcher la lecture de ceux qui ne l’auraient pas achevée – pleines d’humour, sont savoureuses. Je ne comprends pas qu’on puisse dire, comme je l’ai lu, que la fin est esquissée en vitesse.

Citation :

quel humour pince-sans-rire ! Personnellement j’y suis très sensible et je me dis, en lisant, que l’auteur a dû bien s’amuser

Quand une Anglaise n’est pas très belle, elle est horriblement laide, et le petit comte Adam appartient à la seconde catégorie. Sa petite figure, assez aigre de ton, semble avoir été pressée dans un étau Son nez court, ses cheveux blonds, ses moustaches et sa barbe rousse lui donnent d’autant plus l’air d’une chèvre qu’il est petit et maigre, et que ses yeux d’un jaune sale vous saisissent par ce regard oblique etc.

Il y aurait "toute une étude à faire" (expression très balzacienne !) sur le bestiaire de Balzac.

J’avais lu les problèmes que cela posait pour certaines traductions, notamment en chinois, où la comparaison dévalorisante avec des animaux n’avait pas la même valeur selon le pays. Il faut alors pour respecter l’esprit de la comparaison changer d’animal ou d’insecte.

Dans la fausse maîtresse, il est question d'une amitié, et ce thème revient constamment chez Balzac;

Dans le père GoriotRastignac est l'ami de Bianchon, cetétudiant intègre dont le soutien est sans faille pour qui demande de l'aide.

Vautrin fait l'eloge de l'amitié de pierre et jaffier, avec une tonalité homosexuelle bien marquée.

Citation :

« Eh bien ! pour moi qui ait bien creusé la vie, il n’existe qu’un seul sentiment réel, une amitié d’homme à homme. Pierre et Jaffier, voilà ma passion. Je sais Venise sauvée par cœur. »

Rien de tel dans l'histoire des treize 3 romans, qui repose sur l'indéfectible soutien des TREIZE entre eux, quelle que soit la mission à accomplir, morale ou non, comme l'enlèvement d'une religieuse dans un couvent (la duchesse de Langeais)

Dans le cousin Pons :

En 1835, le hasard vengea Pons de l’indifférence du beau sexe, il lui donna ce qu’on appelle, en style familier, un bâton de vieillesse. Ce vieillard de naissance trouva dans l’amitié un soutien pour sa vie, il contracta le seul mariage que la société lui permît de faire, il épousa un homme, un vieillard, un musicien comme lui. Sans la divine fable de La Fontaine, cette esquisse aurait eu pour titre les Deux Amis.

Balzac, que ce thème enthousiaste, consacre toute une page pour convaincre ses lecteurs des bienfaits de l'amitié :

Schmucke ne croyait pas plus qu’il pût exister un Pons, que Pons ne se doutait qu’il existât un Schmucke. Déjà, ceci suffirait à peindre ces deux braves gens, mais toutes les intelligences ne goûtent pas les brièvetés de la synthèse.

Une légère démonstration est nécessaire pour les incrédules

Quand Balzac tient son os...

La fausse maîtresse

Je retrouve bien Balzac dans ce court récit dont Nicyrle a bien montré le côté pince-sans-rire.

Balzac sait en effet allier le sublime et le grotesque, on le voit partout y compris dans ses titres (César Birotteau) où l’empereur César se trouve joint au parfumeur Birotteau ( ).

- Le sublime : l’amour quasi divin de Paz pour son ami et l’épouse de celui-ci. Si Goriot était le Christ de la Paternité, Paz est celui de l’Amitié et de la Reconnaissance :

Citation :

« Dieu me récompensera d’avoir souffert en silence ».

dit Thadée Paz.

Et Balzac de renchérir comme à son habitude :

Citation :

« Rien en ressemble plus à l’amour divin que l’amour sans espoir ».

Citation :

« Thaddée était en amour ce que nous connaissons de plus grand dans les fastes du Génie ».

Par certains côtés Paz est l’anti Dom Juan, le premier ne cherche qu’à conquérir, quand lui élabore une stratégie qui vise à déplaire et à se faire rejeter, martyr de son propre choix.

- Quant au grotesque, voir les tableaux prétendument flatteurs de la Malaga, et sa lettre d’amour grotesque, si comparable à celle reçue par Ferragus, bourrée de fautes d’orthographe. Pourtant cette dernière traduisait-elle un amour vrai puisqu elle signait un adieu avant le suicide.

Grandeur et décadence de l’amour !

Paz avait tour plaire à Clémentine, physiquement et moralement, y compris dans l’art militaire : tous deux sont des stratèges, l’une pour conquérir Paris, l’autre pour à la fois obtenir le désamour de celle qu’il aime et faire le bonheur du couple de son ami rival.

rotko a écrit:

La fausse maîtresse
Paz avait tour plaire à Clémentine, physiquement et moralement, y compris dans l’art militaire : tous deux sont des stratèges, l’une pour conquérir Paris, l’autre pour à la fois obtenir le désamour de celle qu’il aime et faire le bonheur du couple de son ami rival.

Oui, et elle passe à côté, incrédule même à la fin :

Citation :

Ne serais-je pas victime d'une mystification sublime ?

Son côté égocentrique est d'ailleurs souligné avec une certaine cruauté par Balzac (comme dans toute bonne nouvelle, chaque détail a son intérêt !) :

Citation :

- Si mon pauvre Adam dit avoir perdu un ami, qu'ai-je donc perdu, moi ? se dit Clémentine en restant abattue et les yeux attachés sur une fleur de son tapis.

Après le pseudo-départ de Thaddée, elle se complaît visiblement dans un amour qu'elle croit peut-être avoir sublimé en se passionnant pour les "expéditions de l'empereur Nicolas", en devenant "Russe de coeur", nouveau trait acéré de l'auteur à l'égard d'une héroïne qu'il définit indirectement comme indigne d'un tel amour. Et il en va ainsi jusqu'à la dernière ligne : pas de cadeau pour Clémentine qui, dans le fond, n'est que l'une de ces Parisiennes "prétendues (à tort évidemment ) si perspicaces et si spirituelles." !

J'admire l'homme de lettres mais l'homme tout court me semble particulièrement misogyne au moins dans cette histoire !

Bon, finalement j'ai trouvé comment lire à l'écran sans trop fatiguer mes yeux.

J'ai donc commencé la lecture de ce court récit.
Première impression : une fois dépassé l'écueil de l'exposé de la parentèle de ses personnages principaux, je me suis laissée prendre par l'humour qui règne manifestement dans ces pages.
Je vais sans doute le finir ce soir et en tous les cas avant le 31.

Un grand merci pour m'avoir amené à lire ce livre. Je ne l'aurai jamais lu sans vous.

IRIS a écrit:

Bon, finalement j'ai trouvé comment lire à l'écran sans trop fatiguer mes yeux.

J'ai donc commencé la lecture de ce court récit.
Première impression : une fois dépassé l'écueil de l'exposé de la parentèle de ses personnages principaux, je me suis laissée prendre par l'humour qui règne manifestement dans ces pages.
Je vais sans doute le finir ce soir et en tous les cas avant le 31.

Un grand merci pour m'avoir amené à lire ce livre. Je ne l'aurai jamais lu sans vous.

C'est l'un des multiples intérêts de ce forum : donner des idées de lectures auquelles on n'aurait pas pensé puis échanger ses impressions et, par conséquent, continuer à s'enrichir de la pensée d'autrui. A bientôt, Iris...

Un point qui m’intrigue : Paz prétend retrouver un grade de capitaine dans l’armée russe. Sans doute un mensonge cousu de fil blanc, car on voit mal un exilé polonais à la suite de la répression russe, retrouver son grade, ou désireux de rejoindre ce qu’il a combattu.

On sait que Balzac aimait bien la classification de Geoffroy Saint Hilaire pour les animaux. Ici il s’en donne à cœur joie pour ses personnages de Parisiennes, et différents modèles de Polonais, comme des types sociaux du Cirque, notamment, en passant par la concierge, entremetteuse et opportuniste.

Du côté polonais, on n’est pas en reste, on sait tout de leurs caractéristiques morales, y compris des vêtements, comme la redingote avec des fanfreluches appelées « polonaises ».

Balzac est peut-être misogyne, selon Nicyrle, mais Adam n’apparaît pas comme le mari idéal : dépensier, ruineux, débauché, ses visites à l’écuyère ne visaient pas à lui soutirer des renseignements sur son ami…