La mer et les bateaux

Certains de ces bateaux font partie de notre imaginaire, appartiennent à notre culture. Démantelés, abimés, abandonnés, ils me font toujours rêver.

Vous ne la reconnaitrez sûrement pas, mal en point comme elle était à son arrivée, tirée par Hercule, le remorqueur. Pourtant toute la ville était là, vieux marins, ouvriers des chantiers, badauds ; les chalutiers ont fait vibrer leur sirène, les canots sautillaient tout autour, applaudissements. Accueil bouleversant pour une vieille dame qui a fait rêver les enfants que nous sommes tous restés.

je vois ce type de bateaux presque tous les jours, et c'est toujours avec émotion qu'on les voit quitter le port, une fois achevés.

Le mythe démantibulé.



"La Calypso" hors d'eau, échouée à sec au fond d'un hangar



3e tranche des travaux, il ne reste plus que la membrure



l'étrave

Bien que j'ai déjà posté ceci dans la rubrique expo, je ne peux pas ne pas le rappeler ici.


Le Port-musée de Douarnenez (Finistère) est unique en Europe et peut-être au monde.
C'est à la fois un musée de la marine, un conservatoire de bateaux, un atelier de restauration. Son existence est menacée parce que non rentable. Mais sans ce musée à ciel ouvert, à même la mer, bien des vieux bateaux, derniers vestiges d'un passé maritime extraordinaire, auraient disparu.
Rien que pour cela, ça vaut la peine de faire la route.

Cette année, le Port-musée présente une grande exposition qui doit durer encore un an (ne pas se fier à ce qui est annoncé sur le site) : Voyage au bout de la mer, Boat people, hier, aujourd'hui.

Construite autour d'un sampan qui avait permis à 86 personnes de fuir le Viet-Nam, l'exposition raconte la plus grand migration maritime de l'histoire. Documentaires, témoignages, film, photo ... tout est mis en œuvre pour nous faire comprendre l'origine de cette catastrophe humanitaire et pour nous faire saisir l'urgence qu'il y a à tenir compte de la détresse des populations chassées vers l'occident par la misère, le dérèglement climatique, le rêve de réussite.

Au cours de la visite on comprend comment ces errants de la mer sont passés du statut de victimes à celui de clandestins, illégaux et sans-papiers.

Bien sûr, il y a un fil sur la mer. Mais que voit-on sur la mer ?

C'est pour cela que j'ai décidé de placer ici une visite du salon du livre maritime de Concarneau qui fêtait ses 25 ans cette année.

A tout seigneur, tout honneur :

Le corps des Ecrivains de Marine a été fondé en 2003 à l'initiative de Jean François Deniau, en partenariat étroit avec la Marine nationale. Il a pour vocation de favoriser la propagation et la préservation de la culture et de l'héritage de la mer. Le corps des Ecrivains de Marine est constitué de vingt membres hors du commun et d'une déléguée, Marie Dabadie.

L'insigne





Oui, c'est bien lui, le sourire cathodique en moins.
10 mn plus tard, il dédicaçait avec un sourire désarmant, un billet d'entrée à une vieille dame qui lui expliquait qu'elle avait très envie de le voir mais qu'elle avait juste assez de sous pour payer son entrée mais pas pour acheter un de ses livres.


Jean Rolin, une espèce d'ours mal léché, qui commence par renauder quand quelqu'un lui pose une question, puis fini par y répondre avec beaucoup d'humour. (Lire Terminal frigo)


Pierre Schoendorffer qui pense peut-être indiquer l'ouest, mais lui tourne le dos et madame qui se fait les ongles.


Decoin a sorti l'uniforme. Déjà que ça vous pose un homme, alors un écrivain, pensez donc !


Pendant que Michel Déon cause, Raspail retape sa mise en plis.


Pendant que PPD cause, M Déon compte les secondes puis les minutes ; Raspail se frise la moustache.
Je les ai même surpris, l'un à regarder sa montre, l'autre à se frotter les yeux.


Gireaudeau et Autissier.
Il n'est plus tout jeune, il a des rides et des lunettes, mais qu'est-ce qu'il est beau ...
Elle, ben ... elle a toujours des pulls d'enfer. Espérons que le déchiffrage des cartes marines lui pose moins de problèmes que le papier qu'on lui tend.


Ciel, j'ai été découverte et je ne m'en suis pas rendu compte ! Même pas dit bonjour au monsieur, même pas dit merci pour la pose.
Hervé Hamon, président du jury du prix Henri-Queffelec décerné par des lecteurs.
Finalement, c'est lui qui remporte le prix du plus beau pull.

Prix décerné à Claudie Galay pour Les déferlantes


Et pendant ce temps les goélands s'ébattent et les poissons poissonnent.




sculpture de Jean Lemonnier
(suite de notre promenade demain)

Jean Yves Delitte, accessoirement peintre de la marine belge (ça ne fait pas sérieux "marine belge" ; chocolat belge, pot belge, bière belge, chanteur belge, BD belge oui ; mais pas marine belge, allez savoir pourquoi ...)



clan des louveteaux : Sandro (1e plan) et Briac


Chabouté dont l'album Seul a reçu un prix.



Chloé Cruchaudet




Quelques affiches de compagnies maritimes exposées à l'occasion de la présentation du superbe livre de Gabrielle Cadringher, collectionneuse.

beau reportage d'actualité marine - ou maritime. Tu mérites la medaille de la mer.

Une oreille qui traine, un bout de phrase entendu au passage.

"On a été poussés pas la vague de cul, j'te raconte pas !"



"J'étais dans ce bordel au milieu des déferlantes" raconte en souriant Jourdain à Autissier, comme il aurait parlé de faire ses courses au supermarché du coin.

"Ouais, moi ces types j'les connais ; tu parles, c'est marins à voiles ; moi j'te dis je l'ai fait une centaine de fois la transat. J'en ai vu d'autres ! A voile et à vapeur, tous ces mecs, j'les connais"
Le pas tangue, la voix est épaisse, le nez bien fleuri...


Yann Queffelec et l'un des avocats des familles des marins perdus.
"Merci Monsieur Queffelec de soutenir notre cause parce qu'on a voulu faire du Bugaled Breizh* une affaire bretonne. mais c'est une affaire européenne ... le gouvernement français sait, le gouvernement anglais sait, l'Europe sait. Mais on ne nous dira jamais ce qui s'est vraiment passé."



*Rappel : le Bugaled Breizh est un chalutier qui a coulé mystérieusement en janvier 2004.
Le mystère tient au fait qu'il a sombré en une quarantaine de secondes, par temps calme, emportant par le fond une partie de l'équipage. Renfloué, le bateau présente d'étranges déformations de la coque qui ne peuvent avoir été causées par un choc sur le fond sablonneux de la zone.

Il a fallu du temps avant que l'Angleterre reconnaisse qu'il y avait des exercices navals dans les parages. Bizarrement personne n'aurait entendu la balise de détresse malgré les sonars hyper sophistiqués des sous-marins en manœuvre. délit de fuite ?

Les fortunes de mer ont toujours existé. Ce que veulent les marins, c'est que l'accident soit reconnu, mais le dossier navigue d'un tribunal à l'autre, comme s'il fallait éviter de creuser.
Silence, complot, rumeur ... j'ai bien compris que la blessure était loin d'être refermée.

Heureusement nous sommes élevés aux contes de Dahud-la-Belle et de la ville D'Ys et de l'Homme qui Rit de Hugo...
Ces tragédies ne seront jamais prises en compte. Il aurait fallut que Patrick Le Lay rachète la Bretagne dans les années 70. Mais la Bretagne ne se laisse pas acheter et doit en payer le prix... Sans tomber dans les extrémismes à la Adsav'....

Bachelard dans L'eau et les rêves : Essai sur l'imagination de la matière mentionne deux caractères de l’eau, à la fois transparente et trouble, rassurante et menaçante.

Dans l'enfance, que ne rêve-t-on pas des "petit bateaux sur l'eau" ?


Picasso, le bateau de Maia.

Les marins ont (ou avaient) aussi leurs croyances :


Observés dans certaines conditions atmosphériques et favorisés par les effets de pointe, les feux de Saint Elme sont des décharges électriques se manifestant par des pointes lumineuses colorées (bleu, violet).
Observés typiquement par temps d'orage (celui-ci ionisant l'air par son champ électrique) sur des extrêmités comme les flêches de clocher ou les mâts des bâteaux, leur nom vient de Saint Elme, saint patron des marins 1. En fait la croyance des marins, qui qualifiaient aussi le phénomène de "saint corps" (corposant), était que la lumière affichée était le corps de Saint Elme.

rotko a écrit:

Les marins ont (ou avaient) aussi leurs croyances […]

Tout le monde connaît la croyance au vaisseau fantôme — quelques exemples ici — mais on n'en a jamais vu car un navire abandonné en haute mer coule très vite, sauf dans quelques cas d'épaves à flot.

la barque de Rê, qui transportait les morts dans les croyances egyptiennes.
la variété moderne est le vaisseau des morts de B. Traven, un livre (et un auteur !) remarquable.

rotko a écrit:

la barque de Rê

On peut voir la vraie ici, un musée lui est consacré ; elle a plus de 40 mètres de longueur. Sa signification est sujette à interprétation : soit elle transportait le Soleil autour de la Terre expliquant ainsi le cycle des jours et des nuits, soit elle ramenait l'âme du roi vers le dieu Râ à sa mort, ou plus « démocratiquement », les âmes des morts vers l'au-delà. Quoi qu'il en soit cette barque est très élégante.

Maintenant, il y a un pont. C'est plus pratique.

Mile a écrit:

Maintenant, il y a un pont. C'est plus pratique.

Beaucoup de fraîcheur dans la femme ailée, de Izumi Kyokâ récit fait par un écolier. Il vit avec sa mère du droit que doivent acquitter ceux qui passent sur le pont.

Dante et Virgile dans la barque de Charon par Delacroix.

rotko a écrit:

Mile a écrit:

Maintenant, il y a un pont. C'est plus pratique.

Beaucoup de fraîcheur dans la femme ailée, de Izumi Kyokâ récit fait par un écolier. Il vit avec sa mère du droit que doivent acquitter ceux qui passent sur le pont.

La prochaine fois que j'y passerai, je demanderai le nom du péagiste.

Un autre navire littéraire, sainte Ursule.


La légende de sainte Ursule, et des onze mille vierges ses compagnes, est due à une coquille d’un traducteur. Le texte latin portait que sainte Ursule et sa compagne Undecimile avaient été martyrisées le même jour. Le traducteur, étonné de rencontrer le nom Undecimile, excessivement rare, supposa que le texte était altéré et qu’il fallait lire undecim millia c’est-à-dire onze mille.
— Eugène Boutmy, Dictionnaire de l’argot des typographes, 1883

Guillaume Apollinaire fait une allusion à cette coquille dans le titre de son récit érotique [très cru] Les Onze Mille Verges (1907), en faisant volontairement une autre coquille.

Beau billet

Citation :

onze mille vierges

on comprend que dans ces conditions, Apollinaire, si émotif sur ce chapitre, n'ait plus su où donner de > la tête.

rotko a écrit:

Beau billet

Merci. Ursule et ses compagnes sont fascinantes, un idéal féminin au XV^e siècle, je dirais.

rotko a écrit:

on comprend que dans ces conditions, Apollinaire, si émotif sur ce chapitre, n'ait plus su où donner de > la tête.

Surtout qu'il avait été blessé à la tête… mais ça n'a pas de rapport.

Après l'exposition créee par la bibliothèque nationale, paraît l'Ouvrage collectif, Édité par Bibliothèque Nationale De France/Seuil / Seuil

les différentes représentations de la mer dans la littérature, entre peurs anciennes et décotes scientifiques.

les textes nous invitent à excursionner dans la littérature scientifique ou la littérature d'imagination, à la recherche des sensations fortes [...] On voyage donc, à travers ce thème de la mer, dans les représentations littéraires, qui semblent balancer entre l'attraction et la répulsion pour un milieu hostile, et la lente mais sûre progression des connaissances des espaces océaniques et des milieux marins. Les "mers" de Michelet, de Hugo, de Jules Verne sont l'occasion d'extraordinaires bouffées lyriques

Jean-Marie CHOURGNOZ - peintre - photographe titulaire de la Marine nomme en 1983.

Encore un bateau qui vient polluer les côtes bretonnes !

cliquez,

http://philip.plisson.over-blog.com/article-etel-08h45-samedi-16-novembre-philip-plisson-est-le-premier-sur-le-site-92817363.html