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 Jérôme Ferrari

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MessageSujet: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyDim 31 Jan 2010, 14:11

jerôme ferrari - Jérôme Ferrari 27121

Né en 1968, Jérôme Ferrari est professeur de philosophie à Ajaccio
Il a reçu le prix Landerneau 2009 pour son dernier roman Un dieu un animal (Actes Sud 2009).
Un début de reconnaissance un peu tardif pour un écrivain qui avait publié auparavant un recueil de nouvelles plus que prometteur – Variétés de la mort, Albiana 2001, épuisé – ainsi que trois magnifiques romans : Aleph zéro (Albiana,2002), Dans le secret (2007) et Balco Atlantico (2008) chez Actes Sud.

Ce jeune auteur dont la beauté du style et la maîtrise de la construction éblouit tisse une oeuvre d'une grande cohérence.
Ses romans sont certes sombres mais aussi lumineux et témoignent d'une grande sensibilité et d'une profonde vitalité.

Un écrivain à découvrir absolument et je conseille à ceux qui ne le connaissent pas encore de commencer par le premier de ses romans.

réédité le 30/09/10 : Son sixième livre ( et cinquième roman) , sorti en août 2010, Où j'ai laissé mon âme , a été très remarqué et unanimement salué...
réédité le 15/11/2011 : Je signale également que son premier livre Variétés de la mort est de nouveau disponible chez Albiana
Réédité le 28/10/12 Sans oublier le dernier , Le sermon sur la chute de Rome , sorti en Août 2012, qui rencontre un grand succès populaire. Jérôme Ferrari est par ailleurs depuis septembre 2012 professeur au Lycée français de Abu Dhabi.


Dernière édition par ECaminade le Mer 19 Déc 2012, 10:35, édité 8 fois
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyDim 31 Jan 2010, 14:23

jerôme ferrari - Jérôme Ferrari Aleph
Jérôme Ferrari, Aleph zéro, Albiana 2002, 112 p.

Dans Aleph zéro - titre faisant référence notamment à la nouvelle de Borgès L'aleph - quatre protagonistes font le bilan de leur vie en s'interrogeant sur l'existence et leurs réponses respectives résument la seule alternative qui s'offre à l'homme : vivre pleinement en risquant et assumant des choix, y compris celui de hâter sa mort, ou se couler dans le moule d'un conformisme apparemment plus rassurant.
C'est un roman qui incite à ouvrir des yeux étrangers sur notre monde familier, sur un monde qui court à sa perte, où, derrière l'illusion des apparences, règne l'indifférence, et qui n'aura bientôt plus rien d'humain .
Un livre court mais dense et magnifiquement écrit. Sombre et drôle, intelligent et lucide, débordant d'énergie et de sensibilité.

EXTRAIT :
Ch.1 La théorie de Wigner, p.12/13

(...)
«Je suis le soutien-gorge d'Anna». Voilà ce que je deviens au restaurant, après une dizaine de bières, deux whiskies, et une bouteille de vin du Cap lourd et sombre comme du bitume. Anna et Jean sont en train de discuter et moi je ne dis rien du tout. Je regarde, pour commencer, parce que je me rends compte que j'aime la regarder. Elle a une chaîne d'or autour de la cheville et ça me donne chaud.Et puis je vois la dentelle blanche de son soutien-gorge, un petit bout, et c'est une bonne idée pour cesser d'avoir des idées érotiques absolument dégueulasses qui la forceraient à me détester si elle savait, alors, comme je ne peux pas chasser ces idées, je me chasse moi et je me laisse devenir tout doucement le soutien-gorge d'Anna. Je suis beau et souple, une pièce rare, et j'ai coûté la peau du cul. Qualité artisanale : esthétique et efficacité. Je suis écrasé par le poids de ses seins, le gauche surtout, qui est un peu plus gros que l'autre, et au centre de mon corps de dentelle, je sens une pointe de chair qui me pique délicieusement, et je suis chaud et humide parce que c'est l'été, une humidité charmante et parfumée, si parfumée que moi-même je sens bon, et je ne pense pas, je remplis bêtement et parfaitement ma tâche d'être rempli, dans le bonheur et le silence, rempli aussi d'une haine inoffensive pour la main qui me retirera, sauf si c'est sa main à elle, et j'en pousse un tel soupir que Jean et Anna me regardent d'un seul coup et me propulsent à ma vraie place. Je leur fais signe de ne pas faire attention et je me dis que j'étais idiot, que j'ai mal joué mon rôle et qu'un soutien-gorge ne gémit pas. Donc plus de soutien-gorge. Je suis la culotte d'A... Non ! Il faut arrêter ça tout de suite. Je suis moi et je n'ai pas fini mon assiette. Je n'aime pas Anna.
(...)


( Pour ceux que ça intéresse, on peut lire 2 autres extraits de ce roman sur L'or des livres.)


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MessageSujet: Jérôme Ferrari/ Dans le secret   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyMar 02 Fév 2010, 13:11

jerôme ferrari - Jérôme Ferrari 9782742765546
Jérôme Ferrari,Dans le secret, Actes Sud février 2007, 185 p.

Dans le secret est le troisième livre de Jérôme Ferrari.
C'est un somptueux roman philosophique d'une maturité impressionnante, un roman sombre où percent cependant quelques rais de lumière.
L'auteur y explore l'histoire d'une famille corse dans une construction en écho habilement maîtrisée où les évènements se répètent et les rêves se répondent. Grâce à la puissance poétique de son style, il nous fait entrer dans un univers onirique mystérieux et nous plonge au plus secret des êtres.
Deux frères y sont brutalement confrontés à leurs mensonges et contraints , dans un face à face angoissant avec eux-mêmes, à endosser pleinement leur responsabilité, ne pouvant plus dissimuler leur incapacité à faire des choix et à tenir leurs engagements derrière la soumission à un destin rêvé par d'autres ou une construction délirante de l'esprit...

2 EXTRAITS :

p.11/12
(...) Du fond de son indécision, il regarde ce crépuscule obstiné qui pend au-dessus du golfe depuis des heures et ne laisse pas tomber la nuit. Il entend le silence qui coule comme de la gelée par la porte ouverte de la maison à la place des voix familières. Il va se dire que quelque chose ne va pas quand son attention est attirée par l'aspect de la terre : elle est rouge mais il comprend que le soleil sur l'horizon n'en est pas la seule cause. Un liquide épais suinte autour de ses chaussures comme une éponge qu'on presse. Dans les racines des lauriers roses, il aperçoit d'abord une main d'enfant et puis partout autour de lui, remontant à la surface du sol, des membres, des chairs, des ligaments et des viscères écarlates qui exhalent un parfum de fleurs et de basilic, comme les stigmates des saints – et il se rappelle en quoi consiste son travail. Il ne sait plus avec précision depuis combien de temps il enterre ses victimes dans cette cour mais il peut facilement deviner que c'est sans doute depuis toujours et qu'aujourd'hui la terre ne peut plus garder leurs restes. Il comprend aussi qu'il n'entendra plus la voix des siens et il peut même se revoir, comme de l'extérieur, passer d'une pièce à l'autre de la maison, les yeux pleins de larmes, avec sa fourche, et y installer le silence. (...)

p.48/49
(...)Et sais-tu ce que j'ai entendu ?
- Non, dit l'enfant plein de curiosité, dites-le moi.
- Eh bien, ils étaient quatre à chanter mais j'ai entendu, et tous les chrétiens réunis ce jour-là l'ont entendu comme moi, une cinquième voix ...
- Est-ce possible ?
- Je l'ai entendue. Tu as confiance en ma parole ?
- Oui, oui, bien sûr.
- C'était une cinquième voix qui planait bien haut au-dessus des autres. Les confrères la nomment sa quintina. C'est une voix d'une pureté bien au-delà des capacité de l'homme, déchu et cependant pas tout à fait abandonné. Et pourtant, sais-tu ce que raconte le psaume ?
- Non, je ne m'en souviens pas.
- C'est le chant du roi David qui demande pardon à Dieu pour un très grand péché qu'il commit lorsque son âme fut ensorcelée à la vue d'une femme nue se baignant sur un toit dans la nuit de Jérusalem et qu'il la convoita au point d'envoyer son époux légitime à la mort, afin de s'unir à elle. C'est de cela qu'il demande pardon dans ce psaume, c'est pour cela qu'il implore la pitié de Notre-Seigneur et c'est une telle confession qui fut, ce jour-là en Sardaigne, comme agréée par la voix angélique dont je te parle. Comme si Dieu demandait pardon avec lui.
- Et moi, je ne pourrai pas l'entendre ?
Guido se mit à rire en caressant les cheveux de l'enfant. Il s'accroupit près de lui.
- Quand un accord est parfait, cette voix se fait entendre.Si nous réparons cet orgue comme il le faut, si nous travaillons bien, alors, quand je poserai mes mains sur ces quatre touches, là, tu entendras toi aussi la cinquième voix. Mais il faut que tout soit parfait, veux-tu que nous essayions ?
L'enfant répondit oui.
(...)


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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyMar 02 Fév 2010, 13:23

je note, et je pourrai me procurer Un dieu, un animal chez Actes Sud 2009. 109 p.

Un roman aux accents mystiques dans lequel l'impossible avènement de l'amour entre deux êtres signe la bouleversante faillite de la souveraineté de l'individu dans l'exercice de sa liberté.
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MessageSujet: Balco Atlantico / Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyMer 03 Fév 2010, 12:59

jerôme ferrari - Jérôme Ferrari Balco

Jérôme Ferrari, Balco Atlantico, Actes Sud , janvier 2008, 186 p.


Balco Atlantico, quatrième livre et troisième roman de Jérôme Ferrari est à mon sens un pur chef-d'oeuvre – qui ne reçut pourtant aucun écho critique dans la presse écrite nationale lors de sa publication.

La beauté de la langue frappe dès les premières lignes et l'on peut affirmer qu'il existe bien un « style Ferrari », une écriture fluide, très visuelle, qui donne non seulement à voir mais à entendre, à sentir et à ressentir. L'auteur y confirme également son talent à maîtriser harmonieusement une construction éclatée, sa capacité à adapter la forme au fond...

Balco Atlantico est un livre lumineux, malgré la violence implacable qui s'y déroule. C'est un roman empli d'humanité dans lequel l'auteur porte un regard respectueux et empathique sur ses personnages, sans hésiter à recourir à l'humour qui rend leurs destins d'autant plus poignants.

Le roman - qui s'ouvre sur un violent fait divers – s'inscrit dans le milieu nationaliste corse et s'articule autour de la thématique de l'identité, dans son rapport à l'altérité et à la mémoire.
C'est aussi un roman empreint de la nostalgie de l'exil, une méditation sur le temps et sur la beauté salvatrice ...
Je ne vous raconterai pas l'histoire et ne vous conseillerai pas de lire la longue analyse que j'ai consacré à ce livre sur mon blog avant d'en entamer la lecture .
Vous pouvez vous reporter à l'article de François Xavier, un lecteur tout aussi enthousiaste, mais dont la critique me semble moins « déflorer » le roman. Et puis, bien sûr, vous pourrez lire les extraits que je vais donner ci-dessous.



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MessageSujet: Balco Atlantico / Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyMer 03 Fév 2010, 18:26


jerôme ferrari - Jérôme Ferrari 9782742771622

Balco Atlantico de Jérôme Ferrari


Trois extraits :


EXCES DE MEMOIRE (octobre 2000),
p.13/14 ( Premières pages du livre )

Oh, maman, maman, j'en mourrai aussi, finit par dire Virginie dans un sanglot si déchirant qu'on aurait dit que des stylets minuscules lacéraient ses poumons, oh, j'en mourrai, maman, et Marie-Angèle, qui aimait sa fille beaucoup plus fort qu'elle n'avait jamais été capable de haïr quiconque, raffermit son étreinte en détournant son regard de la socquette blanche tachée de boue et de sang et lui dit, oui, tu en mourras, je sais bien, et Virginie sanglota de gratitude et dit encore, maman, ma vie est terminée, et Marie-Angèle approuva, oui, ma chérie, ta vie est terminée, elle est terminée, et Virginie insista, je l'aimais tant, maman, je l'aimais tant, et Marie-Angèle lui dit, oui, tu l'aimais, mon coeur, et tu l'aimeras toujours, tu n'oublieras jamais, ne t'en fais pas, tu n'oublieras jamais. Personne ne souhaite entendre qu'il guérira d'un tel chagrin : la perspective de la consolation peut être intolérable et Marie-Angèle le savait bien. Elle serrait sa fille contre elle, en pinçant le nez, comme si l'épouvantable odeur de merde qui s'exhalait du cadavre par longs effluves réguliers et sucrés les avait poursuivies dans la maison, et elle savait que, dans quelques mois, Virginie aurait repris goût à la vie, même s'il était impossible de le lui dire. Oh, tu en mourras, ma chérie, chuchotait Marie-Angèle, ne t'inquiète pas. Puis elle lui donna un calmant, lui retira sa socquette avec une grimace de dégoût et la mit au lit. J'attendis dans le salon que Virginie se soit endormie, hypnotisée par la voix vibrante d'amour et de charité qui lui répétait qu'elle allait mourir.Pour toutes les choses qui ne laissent pas d'autres traces que dans notre mémoire, je ne peux jurer de rien. Pourtant, j'entends encore cette voix avec la même clarté que si elle résonnait encore près de moi.(...)




UN REVE DE JEUNE-FILLE ( 1985-1991),
p.45-46

(...) Des années plus tôt, en rentrant de l'océan Indien, il n'avait d'abord ressenti pour eux que de l'incompréhension et du mépris. Leurs actes lui semblaient simplement si stupides et autodestructeurs qu'il était incapable d'éprouver la moindre compassion envers eux : ils ne lui apparaissaient que comme des adolescents attardés et arrogants, si peu doués pour la vie qu'ils méritaient bien ce qui leur arrivait. Et puis, de plus en plus distinctement,dans le bruissements des vagues, dans le silence des villages en hiver, dans les commandes de tournées hurlées au comptoir, dans les gesticulations hystériques, il avait commencé à entendre les pulsations d'un coeur sombre et profond, un coeur maléfique charriant des flots de tristesse et d'ennui auxquels, désespérément et sans le savoir, ils essayaient tous d'échapper. C'était ainsi que l'un d'eux s'était amusé, pendant des mois, à aboyer contre les gendarmes de la brigade d'Olmiccia; il guettait leur passage sur la place du village pour courir après leur fourgon en aboyant et en bavant comme un chien; s'il repérait une 4L bleue postée le long d'une route pour un contrôle, il s'en approchait silencieusement, plié en deux pour ne pas se faire repérer dans le rétroviseur, et surgissait brutalement au niveau de la portière en aboyant ouah! ouah! ouah! à l'oreille du conducteur terrorisé avant de s'enfuir en s'étranglant de rire; quand un flic plein de bonne volonté tentait de fraterniser avec les autochtones en venant prendre un café au bar, il jappait plaintivement depuis le fond de la salle et venait renifler d'un air désolé le képi posé sur le comptoir; (...)

DERRIERE VOUS LA
MER,
p. 158-159

(...)
Après m'avoir laissée pour toujours, sans le savoir, tu es allé boire un thé avec Ryad. Puis, vous êtes partis travailler. Dans la cuisine, vous étiez de bonne humeur et vous avez beaucoup ri. La soirée était calme et vous avez pu vous coucher tôt. Vous étiez allongés, chacun sur votre lit. Ryad pensait à son voeu, au soulagement de sa mère, et c'est ainsi qu'il pouvait sourire.Toi, si tu me permets de le croire, tu rêvais que tu te promenais avec moi sur Balco Atlantico, et que nous regardions le coucher de soleil le plus somptueux que Dieu ait fait descendre sur la terre depuis la création du monde. Et c'était une telle merveille que tu cessais de voir des murs partout. Pour la première fois, tu voyais les chalutier silencieux, tout en bas, qui rentraient au port, l'horizon flamboyant, la douce lumière du phare qui s'allumait. Tu rêvais. Le monde était plein de beauté et moi, j'étais ta soeur aimante. Et voici que Dieu a retiré Sa main de dessus vos têtes. On a frappé à la porte de votre chambre. Dieu a retiré Sa main, mais je veux croire que, dans Son immense miséricorde, il vous a épargné la peur. On frappait si doucement.(...)
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyVen 05 Fév 2010, 15:16

Tu as bien présenté Jérôme Ferrari, et je confirme ce que tu as dit des talents de l’ écrivain.

J’ai lu le début de Un Dieu un animal, chez Actes Sud, récit où on sent une plume ferme et une écriture dense.

On pourrait vanter les scènes initiales, dire qu’elles sont inoubliables, c’est vrai.

Mais encore faut-il les lier entre elles, ce qui est réussi avec maîtrise vu que les scènes ou plans sont dissemblables.

Je vois donc dans ces premières pages un regard cruellement lucide sur le monde qui nous entoure et qui finit par nous incorporer dans son tissu, qu’il s’agisse de l’armée avec le narrateur -ou du moins celui qu'il tutoie, ou celui de Magali qui se fait phagocyter par le milieu des consultants d’entreprise.

Il faut être complice de l’écrivain pour trouver dans sa relation des évènements une vision caustique à laquelle rien n’échappe, mais qui évite la caricature ou la mise au pilori des individus.

Ferrari a du souffle et de l’envergure, telles sont mes premières impressions à lire ce court « roman ».
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyVen 05 Fév 2010, 18:47

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Jérôme Ferrari, Un dieu un animal, Actes sud, janvier 2009, 109 p.

Avec Un dieu un animal, Jérôme Ferrari propose un très court roman à la forme originale. Il opte en effet pour une narration à la deuxième personne sans autre respiration que quelques rares paragraphes, un pur récit - exempt de dialogues - au rythme régulier et bien ponctué, écrit dans une langue limpide et fluide qui nous fait passer imperceptiblement d'un lieu ou d'un personnage à un autre.
L'auteur y fait un parallèle entre la violence meurtrière de la guerre et la cruauté du monde de l'entreprise, soulignant le pouvoir de fascination quasi mystique exercé par cette violence.
Il nous fait nous interroger sur la liberté et la responsabilité de l'individu et sur le rapport entre l'homme et Dieu, sur son besoin de quelque chose de plus grand que lui pour vivre...
C'est un livre puissant qui chemine encore longtemps après sa lecture.

Extrait p.33/34:


(...)Car toutes les nuits du monde sont propices à l'oubli. Mais son coeur bat toujours trop fort, sa bouche a le goût du sang, elle se sent coupable d'un crime abominable qu'elle devra expier et elle ne peut pas s'enfuir. Cet homme l'a ouverte en deux comme une carcasse d'animal, une carcasse impudique exhibée sur un étal sanglant sous ses propres yeux horrifiés, et elle n'arrive pas à se défaire de la certitude que jamais auparavant elle n'a posé sur sa vie un regard aussi lucide. Si fort qu'elle se débatte, tous les chemins la conduisent finalement ici ou dans une chambre semblable. Elle se retourne sur le dos et se force à écarter les bras et les jambes et à respirer lentement en gardant les yeux ouverts sous l'oreiller. Elle renonce à se défendre contre les soubresauts de son esprit jusqu'à ce qu'il soit l'heure de prendre le train, d'appuyer sa joue sur la vitre froide et d'échapper à la laideur poignante des campagnes mouillées en cherchant ta lettre au fond du sac. Elle regarde à nouveau ton écriture ronde et maladroite d'enfant illettré, les phrases surchargées et incohérentes où se bousculent des oiseaux morts et des maisons qui sont comme des tombeaux, une chose étrange qu'on ne peut pas perdre mais qu'on finit par perdre quand même, des guerres perdues depuis mille ans, des jambes fragiles, brisées par l'impitoyable intégrité de l'amour, et la fraîcheur d'une fontaine dans la lumière de l'été qui ne finit pas. Elle relit tout avec attention et elle pense qu'elle devra relire encore, autant qu'il le faudra, jusqu'à ce qu'apparaisse la vérité de ce que tu as voulu lui dire et qu'elle finisse par se rappeler ton visage comme tu te rappelles maintenant le sien en regardant le feuillage sombre des oliviers onduler dans la dernière clarté du ciel. Le chien a posé sa tête sur ta cuisse. Tu n'as pas retrouvé son propriétaire et, s'il se manifestait aujourd'hui, tu ne le lui rendrais plus. C'est ton chien. Tu ne lui as pas donné de nom mais ça semble lui convenir.(...)




Pour prolonger :

une intéressante critique , assortie d'extraits différents sur Lily et ses livres
et ma critique personnelle (avec un extrait supplémentaire) sur L'or des livres

Deux interviews de Jérôme Ferrari : ici et là
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptySam 06 Fév 2010, 13:14

Voilà qui devrait donner envie à nos amis grains de découvrir cet auteur dont tu parles avec pertinence.

Quoi dire de plus ? rien Razz

Toutefois l'exergue et quelques pages du livre font allusion à Hussein Mansour AL-HALLAJ, auteur de poèmes mystiques parus chez Actes Sud.

D’origine persane, Hussein Mansour al-Hallâj est né en 857. Après avoir longtemps vécu auprès des maîtres soufis, il rompit avec eux et prêcha sa propre doctrine mystique, suscitant l’hostilité des autorités politiques, mais aussi des théologiens et même des soufis. Il fut condamné à mort en 922 et affreusement torturé, crucifié, décapité et brûlé.

Est-ce pour ces références qu'on parle des "accents mystiques " de ce livre ? je ne connais pas le courant soufi, et suis peu porté sur le mysticisme, mais enfin j'isole quelques citations pp 54-55.

Citation :
« Les hommes ont besoin pour vivre, de quelque chose de plus grand qu'eux et , en désignant ce qui est grand, ils ne donnent que leur propre mesure ».
(1)

Citation :
« Ils ne sont plus des individus, ils sont les organes provisoires d'un être supérieur ».
(2)

La première réflexion (1) montre une aspiration des hommes, mais qui porte leur empreinte, rien de plus. Le besoin de croire n'établit pas l'existence de l'être ou de l'objet de la croyance.

La deuxième (2) aurait une teinte spinoziste, mais le contexte montre la dépersonnalisation acceptée des individus au profit de l'Entreprise : on parle ici de Magali, dans une tonalité que je trouve très ironique.

Pour en avoir le coeur net, je relève ces réflexions p 109, d’autant plus importantes qu’elles se situent à la fin du livre.

Citation :
« Si durement qu'on juge le monde, on n'en est qu'une partie et il faut l'accepter car, hors du monde, il n'y a rien, nul repos, nulle bonté, nulle échappatoire, et on ne peut s'échapper hors du monde ».

Constat final qui, à mes yeux, n’a rien de mystique puisqu’il détruit l’idée même d’une transcendance.
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MessageSujet: Jérôme Ferrari / Undieu un animal   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptySam 06 Fév 2010, 13:53

@ rotko

Ce qui me semble mystique , c'est le regard porté sur cette violence.
La puissance de cette dernière exerce une sorte de fascination mystique car elle cesse d'être un moyen, au yeux de ses victimes, pour devenir l'objet d'une adoration.
Un peu comme les premiers hommes faisaient de la violence du tonnerre et des éclairs, ou des différents cataclysmes naturels, des divinités réclamant des sacrifices ...
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MessageSujet: Jérôme Ferrari / Undieu un animal   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptySam 06 Fév 2010, 14:01

@ rotko

Et en complément de ma réponse, un peu basique, celle de Jérôme Ferrari qui a une toute autre ampleur ( cf la première interview précédemment citée ) :

E.C.
Dans votre livre, le rapport de vos personnages à la violence est ambigu. Il y a une sorte de sacralisation de cette violence associant l'amour à la souffrance, une approche difficile à comprendre.
Pouvez-vous éclairer ce point ?

J.F.

C’est ce qui caractérise la vision mystique, l’union des contraires, non leur disparition, au sein d’une unité mystérieuse. Hallâj, qui joue un rôle très important dans le roman, explicite constamment cela dans ses magnifiques poèmes. Dans l’un d’eux, il parle d’un hôte qui accueille son invité avec une grande bienveillance et le fait exécuter au matin.
J’ai la conviction intime que Hallâj a compris sa propre exécution comme l’expression la plus haute de l’amour de Dieu. L’étreinte d’un être qui nous dépasse infiniment ne peut que nous détruire. Je ne suis pas moi-même mystique mais c’est vraiment quelque chose que je respecte beaucoup. J’y vois une tentative désespérée et magnifique de voir le monde tel qu’il est et de préserver malgré tout la possibilité de l’amour.
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptySam 06 Fév 2010, 15:27

je vois que tu possèdes bien ton sujet Smile je vais lire les entretiens.
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyDim 07 Fév 2010, 09:24

J'ai donc lu les entretiens où tu as posé de très bonnes questions qui nous valent des éclaircissements.

Toi qui as lu très attentivement un dieu, un homme et connais les autres écrits de Jérôme ferrari, tu pourras peut-être débroussailler les pensées qui me sont venues ce matin au réveil Happy

J'ai vu beaucoup d'ironie et de causticité dans les rapports de Magali avec son milieu professionnel, mais je rate un peu le côté mystique d'ibn-Mansur-el-Hallaj tel qu'en parle l'auteur :

Citation :
Hallâj a compris sa propre exécution comme l’expression la plus haute de l’amour de Dieu. L’étreinte d’un être qui nous dépasse infiniment ne peut que nous détruire

Or on parle d'ibn-Mansur-el-Hallaj pp 59-60 alors même qu'un berger, muni d'explosifs, a été contraint de commettre un attentat contre le check-point. Le rapprochement est délicat. Deux hypothèses :

- le terroriste pouvait se sentir dépersonnalisé au profit d'une cause qui le dépassait et entraînait sa propre destruction.

- 2e hypothèse : l'auteur aurait reculé devant cette interprétation, suggérée au lecteur, mais il l'atténue avec un berger tenant un rôle de terroriste auquel il fut contraint.

Ce ne sont pas des questions-pièges, mais des hypothèses.

Après tout, le climat actuel est différent de celui où on admirait dans la condition humaine le révolutionnaire qui se jetait sous la voiture du général avec une charge d'explosifs...
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MessageSujet: Jérôme Ferrari / Undieu un animal   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyDim 07 Fév 2010, 13:37

@rotko

Je suis ravie de confronter si précisément nos lectures, mais avant de me livrer à cette "explication de texte" - bien éloignée de mes méchants souvenirs scolaires du Lagarde et Michard -, j'aimerais préciser que je suis une élève/lectrice comme une autre et non l'assistante du Professeur Ferrari, seul à savoir ce qu'il a voulu dire !

Le fait d'avoir lu toute son oeuvre ne me confère aucun savoir et j'ajoute même que mon ignorance de la philosophie m'empêche de re-situer clairement , comme il le faudrait, cette oeuvre dans ce contexte ...

Ma lecture reste toute intuitive, nourrie de ma fréquentation -lacunaire- de la littérature, du cinéma, de la musique et de la peinture, ainsi que de mon histoire personnelle, bref, de tout ce qui constitue un imaginaire ...


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MessageSujet: Jérôme Ferrari / Undieu un animal   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyDim 07 Fév 2010, 14:05

Prenez votre livre Un dieu un animal p. 59/60 !

Qu'est-ce qui différencie le berger d'un terroriste ?

Le berger, ce pauvre bougre contraint - par torture morale- à se transformer en kamikaze, se pense innocent , non responsable de l'acte qu'on lui impose.

Le terroriste a, lui, vocation au martyre. Il pense que Dieu, en lui donnant l'occasion de sacrifier sa vie, le choisit , lui manifestant ainsi son amour. C'est pourquoi il se sacrifie avec bonheur et n'hésite pas à tuer pour son Dieu. Et il ne se sent pas plus coupable que le berger.
Nous appelons ces kamikazes " terroristes" , mais eux se nomment "martyrs". Et on peut les comparer à tous ces martyrs , chrétiens ou autres, qui se sacrifiaient avec délice pour leur Dieu.
Ca m'évoque Le dialogue des carmélites, la pièce de Bernanos - que je connais surtout via le superbe opéra de Poulenc - ce désir de martyre de Mère Marie qui supplie Dieu de bien vouloir lui permettre de lui sacrifier sa vie...

Berger "innocent" ou terroriste "coupable" ne veut rien dire. Peu importent les motivations, d'ailleurs : l'acte de tuer est le même et chacun des deux en est responsable, chacun a le choix, celui de dire non.
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyDim 07 Fév 2010, 19:47

oui, je suis d'accord avec tout ce que tu dis, et je vais essayer d'être plus clair.

Jérôme Ferrari dit comprendre (ce qui ne veut pas dire approuver) la conduite du mystique, et admirer d'ibn-Mansur-el-Hallaj.

le rapprochement d'ibn-Mansur-el-Hallaj et de l'acte terroriste laisse entendre que l'auteur de l'acte terroriste obeirait lui aussi à sa vocation de martyr, y compris dans sa propre destruction.

Or Jérôme ferrari présente un terroriste contraint.

Ferrari botte-t-il en touche, manquant de l'audace qui ferait intervenir un martyr enthousiaste, descendant moralement direct d'ibn-Mansur-el-Hallaj ?

Bien sûr que Ferrari n'a pas l'exclusivité des questions/réponses à son roman, le texte appartient aussi au lecteur.

S'il avait présenté un martyr volontaire et enthousiaste au lieu du berger contraint, le lecteur occidental aurait été choqué, mais pas le lecteur palestinien par exemple.
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MessageSujet: Jérôme Ferrari / Un dieu un animal   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyLun 08 Fév 2010, 07:34

Je pense que les choses sont beaucoup plus simples.
A mon sens, Jérôme Ferrari ne cherche pas à démontrer - et ne botte donc pas en touche, n'osant pas aller jusqu'au bout de sa démonstration...
Il donne à voir la complexité des choses : les actes "terroristes" peuvent aussi bien être l'oeuvre de fous de Dieu sereins que de kamikazes terrorisés ... La réalité de l'acte est la même mais, pour leur auteur, la représentation de cette réalité est différente.
Le rapprochement, à ce moment-même, avec Ibn-Mansur-el-Hallaj ne me semble pas signifier autre chose ...

Il me semble que ce qui attire l'auteur chez les mystiques c'est leur représentation du monde qui intègre le mal comme manifestation de l'amour de Dieu, transcendant le problème de l'innocence ou de la culpabilité. ( Le mystique souffre et fait souffrir ceux qu'il aime- peut briser les jambes de son enfant -, sacrifie sa vie et celle de ceux qu'il aime pour l'amour de Dieu ).

C'est une représentation harmonieuse du monde, profondément apaisante ( à laquelle me semble accéder le héros à la fin du livre ). Et cette profonde harmonie des contraires ( l'amour et le mal, la mort, le plaisir et la souffrance ...), cette harmonie entre le mystique et le monde recèle une certaine beauté.


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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyLun 08 Fév 2010, 18:49

ECaminade a écrit:
( Le mystique souffre et fait souffrir ceux qu'il aime- peut briser les jambes de son enfant -, sacrifie sa vie et celle de ceux qu'il l'aime pour l'amour de Dieu )..

je comprends mieux pourquoi, à ma première lecture, j'ai esquivé, voire contesté, la piste mystique Smile
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MessageSujet: ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyMar 09 Fév 2010, 15:28

texte étrange et diffiile à comprendre, berger et terroriste les deux coupables et invoquer Dieu comme justification me semble offensif. Rien à voir avec le texte de Malraux sur la condition humaine. De nos jours le mysticisme aveugle, nous ferait retouner au Moyen Age.
Heureusement il y a tant de beaux livres pour notre plaisir.
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyMar 09 Fév 2010, 15:59

Le livre opère en douceur, et chacun retient la part qui lui convient. Ne pas croire que Ferrari fasse une apologie de quoi que ce soit Wink
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyMar 09 Fév 2010, 16:14

Amadak a écrit:
texte étrange et diffiile à comprendre, berger et terroriste les deux coupables et invoquer Dieu comme justification me semble offensif. Rien à voir avec le texte de Malraux sur la condition humaine. De nos jours le mysticisme aveugle, nous ferait retouner au Moyen Age.
Heureusement il y a tant de beaux livres pour notre plaisir.

Je ne comprends pas votre commentaire et pense qu'il ne peut s'agir de celui de votre lecture de la p. 59/60 de Un dieu un animal ? Avez-vous lu le livre ?

Sans doute le" texte étrange et difficile à comprendre" est- il celui de nos propres commentaires - de lecteurs/élèves , je le rappelle, et visiblement pas très doués s'ils suscitent chez vous cette réaction !

Si vous voulez comparer Ferrari à Malraux , faites-le en partant du livre de Ferrari ...
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MessageSujet: Jérôme Ferrari / Un dieu un animal   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptySam 13 Fév 2010, 12:03

Pour éclairer la discussion sur Un dieu un animal , sur cet aspect mystique difficile à comprendre, je vous renvoie à une nouvelle publiée par Jérôme Ferrari dans la revue corse Fora intitulée La nostalgie du présent.
Ce texte, très court, qui personnellement me touche beaucoup, propose en effet en exergue les mêmes vers que dans Un dieu un animal, ceux du poète mystique soufi Ibn-Mansur-el-Hallaj :
http://www.revue-fora.org/Documents/Nostalgie_present.pdf
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptySam 13 Fév 2010, 12:37

Très beau texte. D'après ce que je lis de toi, tu es très "branchée" dans la culture corse ? c'est nouveau pour moi, et je suis content que tu nous la fasses découvrir.

En musique, je mets a filetta que tu connais certainement.
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MessageSujet: Jérôme Ferrari / Un dieu un animal   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptySam 13 Fév 2010, 13:17

rotko a écrit:
Très beau texte. D'après ce que je lis de toi, tu es très "branchée" dans la culture corse ? c'est nouveau pour moi, et je suis content que tu nous la fasses découvrir.

En musique, je mets a filetta que tu connais certainement.
C'est uniquement grâce à Un dieu un animal que j'ai, de fil en aiguille, via certains échanges sur la toile, été amenée à découvrir une littérature de qualité fort peu médiatisée et parfois même occultée ...
Je connais très peu la musique corse, ma passion dévorante pour l'opéra reléguant au second plan de nombreux types de musique, que j'apprécie, mais pas avec la même intensité. ( Les journées sont trop courtes ! )
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MessageSujet: Re: Jérôme Ferrari   jerôme ferrari - Jérôme Ferrari EmptyDim 14 Fév 2010, 19:36

En réponse à Rotko, concernant l'accès à la littérature corse, qui est difficile en règle générale, même dans l'île, on peut voir les sites internet de plusieurs maisons d'édition :

Albiana (la principale, qui depuis 25 ans a créé des collections, suscite des textes, découvre des auteurs, a un site très riche, a notamment publié les premiers livres de Jérôme Ferrari, et publie entre 50 et 70 livres par an, dont 30 % en langue corse), Clémentine, Anima Corsa, Dumane, Acquansù, Colonna.

(D'autres maison d'édition qui produisent ne sont pas présentes sur Internet : Piazzola, Sammarcelli, DCL). Il y a aussi des blogs et forums, qui abritent des créations littéraires corses, mêlées à d'autres littératures ou non : Terres de femmes (d'Angèle Paoli), Gattivi Ochja (de Stefanu Cesari), Corsicapolar (d'un collectif), Gazetta di Mirvella (d'un collectif autour de Marcu Biancarelli, auteur ami de Jérôme Ferrari, très important dans la littérature corse contemporaine), Isularama (de Xavier Casanova), Pour une littérature corse (animé par moi-même).

Excusez-moi, je me permets de charger la barque vers d'autres sites du fait de la grande difficulté à simplement prendre connaissance des publications corses (car il n'y a pas que les auteurs publiés par les éditions du continent : Jérôme Ferrari et Jean-Baptiste Predali chez Actes Sud ; Jean-Noël Pancrazi et Marie Ferranti chez Gallimard ; Angelo Rinaldi chez Fayard maintenant ; Marie Susini, autrefois, au Seuil ; etc.).

Bonne navigation ; je reviendrai pour participer d'une façon plus littéraire !
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