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| | Tahar Ben Jelloun [Maroc] | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Dim 23 Sep 2012, 17:06 | |
| - Amadak a écrit:
- Chère Nicyrle, je j'avais pas le livre sous la main, j'ai seulement parlé de mes souvenirs mitigés, mais même si je l'avais eu, mon commentaire ne serait arrivé à vos chevilles. Aglaée , ce que tu as écrit est une analyse lucide du roman, dans ses moindres détails
ton rapport m'a emerveillée, ce n'est pas la première fois que ta capacité saute aux yeux,c'est le cas de le dire, quand â Nic yrle, chère amie, écrivain toi même, tu as recontruit le livre, en lisant ton commentaire, je vois la distance qui me sépare de vous, je ne suis pas jalouse, au contraire je me félicite que GDS*ait de tels participants qui rehaussent le prestige du forum. Tu es très généreuse dans les compliments, pourtant c'est juste que la lecture est très fraîche |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Dim 23 Sep 2012, 17:58 | |
| Je rajoute une petite interrogation par rapport à ce que je dis dans le post précédant. - Citation :
- L'érotisme des corps a été assez particulier, mais surtout j'aurais souhaité un érotisme des sentiments au moins pour rendre l'initiation de Zahra plus accomplie.
Je trouve que Ben Jelloun a exclu le registre de l'amour, un peu attendu dans un parcours aussi tortueux. Peut-être que c'était voulu par l'auteur? |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Dim 23 Sep 2012, 21:06 | |
| - Aglaé a écrit:
- Je rajoute une petite interrogation par rapport à ce que je dis dans le post précédant.
- Citation :
- L'érotisme des corps a été assez particulier, mais surtout j'aurais souhaité un érotisme des sentiments au moins pour rendre l'initiation de Zahra plus accomplie.
Je trouve que Ben Jelloun a exclu le registre de l'amour, un peu attendu dans un parcours aussi tortueux. Peut-être que c'était voulu par l'auteur? J'étais sur le point de répondre à ton post précédent, riche et intéressant, quand j'ai lu celui-ci. Je crois en effet que gommer l'aspect sentiment est voulu par l'auteur, comme si c'était hors de son propos. Comme à toi la relation entre Zahra et l'aveugle m'a paru peu crédible mais là encore je pense que c'est voulu par l'auteur, on est dans l'apparence ; l'aveugle le comprend peut-être avant elle car il s'éloigne le premier. En somme, Zahra a parcouru un chemin initiatique dans ce livre, elle a appris à s'accepter telle qu'elle est, androgyne d'une certaine manière, elle a aussi appris à accepter son passé, son présent et, pourquoi pas, son avenir. Il n'est plus question d'enterrer quoi que ce soit, sa vie forme un tout comme son être, d'où, je crois, cette sensation finale d'accomplissement, " tout devenait clair dans [son] esprit" et elle comprend que " le mensonge tissait ses fils entre la réalité et l'apparence, le temps n'étant qu'une illusion de nos angoisses". Décidément, un très beau roman, d'une richesse qu'on n'a pas fini de découvrir ! | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: tahar ben jelloun- page 6 Dim 23 Sep 2012, 21:45 | |
| un plaisir à vous lire Aglaée et Nicyrle, je rejoins cette analyse magistrale, qui me donne envie de relire le livre, j'aimerais lire aussi "partir" et "dernier ami" de cet auteur. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Lun 24 Sep 2012, 10:30 | |
| - nicyrle a écrit:
- Je crois en effet que gommer l'aspect sentiment est voulu par l'auteur, comme si c'était hors de son propos. Comme à toi la relation entre Zahra et l'aveugle m'a paru peu crédible mais là encore je pense que c'est voulu par l'auteur, on est dans l'apparence ; l'aveugle le comprend peut-être avant elle car il s'éloigne le premier.
Je ne sais pas si on est dans l'apparence mais en tout cas on reste à la surface des peaux. Je trouve que négliger l'aspect sentiment justement dans cette histoire est dommage, parce que s'il y a une chose qui, dans toutes les sociétés, fait libérer les corps et les mentalités, c'est bien l'amour. Je ne goûte pas au sentimentalisme systématique mais là vraiment ça aurait été salvateur. En plus Ben Jelloun lui-même présente l'amour et la sensualité comme le moyen de définir ou d'exprimer son identité. Je pense à la première scène d'amour entre l'aveugle et Zahra dans laquelle elle dit: "J'étais heureuse que le premier homme qui aima mon corps fût un aveugle, un homme qui avait les yeux aux bouts des doigts et dont les caresses lentes et douces recomposaient mon image. Ma victoire je la tenais là ; je la devais au Consul dont la grâce s'exprimait principalement par le toucher. Il redonna à chacun de mes sens sa vitalité qui était endormie ou entravée. Le miracle avait le visage et les yeux du Consul. Il m'avait sculptée en statue de chair, désirée et désirante. Je n'étais plus un être de sable et de poussière à l'identité incertaine, s'effritant au moindre coup de vent. Je sentais se solidifier, se consolider, chacun de mes membres. Je n'étais plus cet être de vent dont toute la peau n'était qu'un masque, une illusion faite pour tromper une société sans vergogne, basée sur l'hypocrisie, les mythes d'une religion détournée, vidée de sa spiritualité, un leurre fabriqué par un père obsédé par la honte qu'agite l'entourage. Il m'avait fallu l'oubli, l'errance et la grâce distillée par l'amour, pour renaître et vivre. " Pour ce qui est de l'errance je suis d'accord, mais pour ce qui est de l'amour, je ne l'ai vraiment pas ressenti comme ça. |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Lun 24 Sep 2012, 11:08 | |
| - Citation :
- j'ai vu deux personnages perdus qui se font mutuellement du bien pendant un temps, mais je n'ai pas vu de personnages amoureux.
vos commentaires sont vraiment très intéressants à lire, et dans ce livre le désir comme l'amour connaissent leurs limites. Une femme excisée et un homme aveugle, voilà bien des obstacles. J'aurais assez vu Zahra comme plus amoureuse, notamment dans son désir de comprendre, - (voire de s'introduire dans), l'univers du Consul en se faisant aveugle elle-même. Quant à la fréquentation du bordel par le consul, à ce qu'on m'a rapporté, non sans colère,, Tahar ben Jelloun ne voyait pas d'autre solution pour un aveugle que d'aller voir des femmes vénales. Comme la lecture de Leila sebbar avec Isabelle Eberhardt m'est plus proche maintenant que celle de Tahar Ben Jelloun, je me demande si une femme androgyne ne serait pas une sorte d'ideal tronqué (l'excision) pour certains. Pour les salles souterraines de torture, plus ou moins cachées, je me suis demandé s'il n'y avait pas une allusion à la prison bagne de Tazmamart. je n'ai jamais bien compris les positions de ben Jelloun face au Maroc, et son titre Partir ne m'a pas éclairé du tout ! | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: tahar ben jelloun- page 6 Lun 24 Sep 2012, 23:14 | |
| Je lis avec intérêt tous vos commentaires, moi j'avais dû me taire, car le livre je l'ai lu il y a longtemps, mon souvenir de son exotisme , leurs habitudes et traditions avaient une certaine fascination , et pour moi l'aveugle et l'héroïne partageaient une histoire d'amour. Alors maintenant j'ai appris qu'il faut être bien renséigné avant d'écrire et pourtant le livre m'a plu!!! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Mar 25 Sep 2012, 11:18 | |
| - Amadak a écrit:
- Je lis avec intérêt tous vos commentaires, moi j'avais dû me taire, car le livre je l'ai lu il y a longtemps, mon souvenir de son exotisme , leurs habitudes et traditions avaient une certaine fascination , et pour moi l'aveugle et l'héroïne partageaient une histoire d'amour. Alors maintenant j'ai appris qu'il faut être bien renséigné avant d'écrire et pourtant le livre m'a plu!!!
Oui Amadak, le livre est intéressant, même si je ne suis pas une grande fan de Ben Jelloun. Toi et rotko voyez de l'amour du côté de Zahra. Peut-être! Effectivement, la volonté de se bander les yeux serait un moyen de vivre l'aveugle et de se mettre dans sa peau. Pourtant elle est la narratrice, on aurait pu s'attendre à des discours plus intimistes, avec un lexique des sentiments plus prononcé. Je ne sais pas trop quoi penser de la fin, avec le retour de l'Assise et la présence de l'Aveugle dans le rôle du Saint. |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Dim 07 Oct 2012, 10:11 | |
| On a très peu parlé de ce livre : " Cette aveuglante absence de lumière " qui en fait n'est pas a proprement parlé un roman, mais un témoignage de la condition de vie dans les geôles marocaines. C'est la transmission d'un survivant de cette lourde période de sa vie. C'est très poétiquement écrit et plein de compassion.
A lire à mon avis.
"" Il fallait être indifférent tout en réagissant quand c'était nécessaire. L'indifférence n'était pas l'absence mais la répudiation de tout sentiment." | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Dim 07 Oct 2012, 10:39 | |
| Merci Sapho je ne crois pas avoir lu Cette aveuglante absence de lumière mais je vais le rechercher: le sujet m'intéresse et je suis très sensible à l'écriture de Ben Jelloun. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Jeu 25 Oct 2012, 16:27 | |
| Je reviens sur Cette aveuglante absence de lumière que j'ai lu grâce à Sapho. Je précise d'abord, et c'est important, qu'il s'agit bien d'un roman et non d'un témoignage, même si, à l'origine, l'auteur s'est inspiré du vécu d'un homme. - Citation :
- « Longtemps j'ai cherché la pierre noire qui purifie l'âme de la mort. Quand je dis longtemps, je pense à un puits sans fond, à un tunnel creusé avec mes doigts, avec mes dents, dans l'espoir têtu d'apercevoir, ne serait-ce qu'une minute, une longue et éternelle minute, un rayon de lumière, une étincelle qui s'imprimerait au fond de mon œil, que mes entrailles garderaient, protégée comme un secret. Elle serait là, habiterait ma poitrine et nourrirait l'infini de mes nuits, là, dans cette tombe, au fond de la terre humide, sentant l'homme vidé de son humanité à coups de pelle lui arrachant la peau, lui retirant le regard, la voix et la raison » Tahar Ben Jelloun
Ce roman est tiré de faits réels et inspiré par le témoignage d'un ancien détenu du bagne de Tazmamart. Telle est la 4e de couverture du roman publié en 2001 aux Editions du Seuil. A la lecture, c’est l’œuvre littéraire que j’ai appréciée. J’y ai vu la dénonciation de l’horreur vécue par des prisonniers politiques au Maroc (patrie de l’auteur) sous le régime d’Hassan II. Y sont décrites minutieusement la mort lente infligée aux malheureux mais aussi l’absence totale d’humanité de gardiens qui se contentent d’obéir aux ordres sans état d’âme ou si peu et que l’auteur se garde bien de juger. Le plus intéressant, à mon avis, est ailleurs, il réside dans l’habileté à expliquer comment un homme, le narrateur, parvient à faire abstraction du délabrement progressif de son corps, à accepter l’absence d’espoir et même à tout oublier de sa vie passée puisqu’il sait qu’il est là jusqu’à ce que mort s’ensuive ; est mise en oeuvre uniquement la force de sa pensée, laquelle devient toute puissante et lui permet, en fin de compte, de survivre pendant 18 ans. Les faits les plus atroces sont dits sans détours mais sans insistance non plus et ce qui ressort le plus c’est finalement la dignité, la grandeur de celui qui dit « je » et de plusieurs de ses compagnons dans le malheur ; c’est aussi, de façon paradoxale puisque nous sommes engloutis avec les prisonniers dans l’obscurité sordide du bagne de Tazmamart, l’évidence « aveuglante » tant elle est lumineuse que l’humanité est toujours là, indestructible, grâce à la puissance de la spiritualité. - Citation :
- Pour résister il faut penser.
Je compris que la dignité, c’était aussi le fait de cesser tout commerce avec l’espoir. Pour s’en sortir, il ne fallait plus rien espérer. Prière à Dieu : - Citation :
- « Aide-moi à renoncer à cet attachement qui m’encombre, à sortir en douceur de ce corps qui ne ressemble plus à un corps, mais à un paquet d’os mal formés ; dirige mon regard sur d’autres pierres. Cette obscurité m’arrange ; je vois mieux en moi-même, je vois clair dans la confusion de ma situation. Je ne suis plus de ce monde, même si j’ai encore les pieds gelés sur ce sol en ciment mouillé. J’ai mal à la nuque à force d’être courbé. Non, je n’ai pas mal. Je suis sûr que je n’ai pas mal. Je ne ressens plus rien. Ma prière a été entendue. Je ne suis pas malade. Ici je ne le serai jamais, quelle que soit la souffrance.
Tout souvenir est chassé de la mémoire sauf celui des livres lus, des poèmes appris ; les raconter, les dire à ses compagnons, c’est ce qui aide le héros à lutter et lui permet aussi d’entretenir la fraternité. Le style reste sobre mais un je ne sais quoi fait qu’on retrouve le Ben Jelloun qu’on connaît, son sens de la pudeur, sa poésie même : - Citation :
- Le vent qui poussait mon esprit vers l’est s’était immobilisé. Plus rien ne bougeait. Aucune feuille ne tremblait. C’était le signe du retour. Fin du voyage.
Tombé du ciel, comme un message ou une erreur. Un pigeon ou une colombe s’était glissé dans le sas central et était tombé dans le silence de notre obscurité épaisse. Toute une polémique s’est développée autour du livre de Tahar Ben Jelloun. À vrai dire, j’avoue que cela m’importe peu. Comme je l'ai dit plus haut, ce n’est pas un témoignage, d’ailleurs celui dont l’histoire a servi de point de départ au roman a écrit son propre récit. Ce que je retiens de l’ouvrage, c’est sa valeur littéraire et sa portée universelle car il dépasse largement le fait historique terrifiant qui lui sert de base. L'auteur dit lui-même dans une interview qu’il a réinventé la réalité et je suis d’accord avec lui que c’est là le rôle d’un romancier digne de ce nom, quand il s’agit de dénoncer la barbarie en faisant vibrer les lecteurs. À mon sens, il a pleinement réussi. | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Ven 26 Oct 2012, 08:28 | |
| Félicitations Nicyrie pour ton analyse du livre. Elle est parfaite, toute en nuances et en profondeur. J'espère que cela encouragera quelques grains à le lire aussi. Bien à toi, et à te lire encore de nombreuses fois! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Ven 26 Oct 2012, 09:02 | |
| A noter que les motifs de la lumière et de la cécite sont récurrents chez Ben Jelloun.
Oui, merci Nic pour cette belle analyse qui me donne l'impression que ce texte est supérieur à La nuit sacrée. |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Ven 26 Oct 2012, 10:50 | |
| Sapho, Aglaé, merci Ce livre mérite vraiment le détour. Il est différent évidemment de La nuit sacrée que j'avais aimé aussi. Par ailleurs, on retrouve partout la petite musique de Tahar Ben Jelloun même si dans Cette aveuglante absence de lumière le style est plus dépouillé pour un thème qui le demande. Comme toi, Aglaé, je suis frappée par les motifs récurrents chez cet auteur de la lumière et de la cécité. | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Mar 16 Avr 2013, 13:01 | |
| Beaucoup de grains ont déjà posté des commentaires concernant le livre PARTIR de ben Jalloun... Je me contenterai de quelques passages que j'ai appréciés.
" Cher pays, Aujourd'hui est un grand jour pour moi, j'ai enfin la possibilité, la chance de m'en aller, de te quitter, de ne plus respirer ton air, de ne plus subir les vexations et humiliations de ta police, je pars, le coeur ouvert, le regard fixé sur l'horizon, fixé sur l'avenir.............., je suis prêt à entreprendre des choses qui feront de moi un homme debout, un homme qui n'a plus peur............, qui n'aura plus besoin de montrer son diplôme pour dire qu'il ne sert à rien............, ma terre n'a pas été clémente , ni avec moi, ni avec ma génération, nous croyions que les études nous ouvriraient des portes, que le Maroc en finirait enfin avec les privilèges, avec l'arbitraire, mais tout le monde nous a lâchés......... Je ne te quitte pas définitivement, tu me prêtes seulement aux espagnols, nos voisins, nos amis. Nous les connaissons bien, longtemps ils ont été aussi pauvres que nous, et puis, un jour, Franco est mort, la démocratie est arrivée, suivie de la prospérité et de la liberté. ( à remettre dans le coNtexte de 2006 ). Oh mon pays, ma volonté contrariée, mon désir brûlé, mon regret principal! Tu gardes auprès de toi ma mère, tu es mon soleil, ma tristesse..........je reviendrai, mais débarrasse-nous de ces voyous qui te saignent parce qu'ils trouvent des protections là où ils devaient rencontrer la justice et la prison............." | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: Tahar ben Jelloun- page6 Ven 19 Avr 2013, 17:50 | |
| C'est avec une grande émotion que j'ai lu ce fil sur un écrivain que j'admire. Le livre "Partir" et les épreuves subies par les émigrés en Espagne. Leur déception est toujours actuelle ,on espère la liberté et le malheur attend. Aujourd'hui ce sont les Espagnols qui cherchent une place au soleil. Outre son talent d'écrivain, Ben Jellun est un homme d'honneur, qui mérite nos éloges. | |
| | | Clertie pilier
Nombre de messages : 404 Age : 32 Date d'inscription : 11/08/2011
| Sujet: Le racisme expliqué à ma fille Ven 30 Aoû 2013, 14:36 | |
| - Amadak a écrit:
Le racisme expliqué à ma fille Bien qu'adressé aux enfants, ce livre n'a aucun effet nocif sur la santé intellectuelle des adultes Je confirme ! (perso j'ai même appris des choses sur l'histoire du Maroc). La forme en dialogue est très stimulante (Socrate quand tu nous tiens ). Tahar Ben Jelloun nous rappelle que la lutte contre le racisme nécessite une vigilance constante, d'abord de notre langage. Et pour répondre aux questions d'un enfant, il vaut mieux savoir ce qu'il y a derrière chaque mot ! Comme dit l'auteur : "Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. On ne triche pas avec les questions d'un enfant." | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: Tahar ben Jelloun- page7 Ven 30 Aoû 2013, 19:26 | |
| J¡aime bien cet écrivain, depuis le premier livre que j'ai lu de lui; je poste l'un de ses articles, vraiment judicieux, si je l'ai envoyé dans le passé,excuses, mais toujours bon à relire. VIVRE ENSEMBLE AVEC NOS DIFFERENCES
Chaque visage est un miracle
Un enfant noir, à la peau noire, aux yeux noirs, aux cheveux crépus ou frisés, est un enfant. Un enfant blanc, à la peau rose, aux yeux bleus ou verts, aux cheveux blonds et raides, est un enfant. L’un et l’autre, le noir et le blanc, ont le même sourire quand une main leur caresse le visage, quand on les regarde avec amour et leur parte avec tendresse. Ils verseront les mêmes larmes si on les contrarie, si on leur fait mal. L’enfance est ainsi ; elle est encore innocente. Elle garde en elle la vérité des choses. C’est une lumière. Il faut savoir la préserver, la protéger et la maintenir dans cette vérité que ne souillent ni mensonges ni trahison. Ces deux enfants ont des couleurs de peau différentes, mais le même sang coule dans leurs veines. Lorsque le Professeur Barnhart eut besoin d’un coeur à transplanter, ce fut un homme noir qui offrit le sien pour sauver la vie d’un blanc. Peut-être que le cœur d’un voisin blanc n’aurait pas convenu. Seules les apparences physiques diffèrent. Dans chaque cage thoracique, un cœur bat ; il est irrigué par le sang ; le sang peur être diffèrent, peut être d’un autre groupe ; et pourtant il a la même couleur. Un enfant ne naît pas raciste. L’enfance est disponible aussi bien au rejet qu’à l’amour et l’amitié. L’enfant est incapable de violence et de méchanceté. Il suffit pour cela qu’on lui inculque des non-vérité comme par exemple: le Noir est inférieur au Blanc. L’Arabe est sale ; Le Juif est méchant. Même étonné, l’enfant ne cherchera pas á rétablir la vérité. Il faut pour cela une contre-éducation. Lutter contre le racisme c’est commencer par démolir les préjugés, les jugements subjectifs sans fondement. Comment ? en montrant qu’ils ne tiennent pas, qu’ils sont stupides, irrationnels et dangereux. Ils peuvent: se retourner contre celui qui les utilise. Tout se joue à l’école et aussi au foyer familial. La nature ne peut créer des êtres identiques. Elle crée des différences ; la société transforme ces différences en inégalités qu’elle essaie de justifier par des lois et des règles qui ont l’apparence de la science. Juste l’apparence. Rien d’autre. Il n’existe pas deux visages absolument identiques. Chaque visage est un miracle. Parce qu’il est unique. Deux visages peuvent se ressembler ; ils ne seront jamais tout à fait les mêmes. La vie est justement ce miracle, ce mouvement permanent et changeant et qui ne reproduit jamais le même visage. La race pure est impossible. La vie vient du mélange des êtres et des couleurs. Si on veut garder une race totalement pure, l’humanité deviendra folle: elle me pourra plus se reproduire. Hitler a déjà tenté cette absurdité. Pour cela il a tué six millions de Juifs, de Gitans et s’il n’avait pas perdu la guerre, il aurait continué à exterminer tous les êtres qui n’appartiennent pas à cette race pure : les Arabes, les Noirs, les bruns, etc. Son projet signifie l’élimination de l’humanité entière moins quelques très rares individus. Le racisme peut mener à la folie la plus meurtrière. Absurde et bête. Ceux qui sont intelligents et racistes, en même temps sont dangereux car ils savant que leur attitude est basée sur quelque chose de faux. La haine de celui qui est différent rabaisse celui qui l’exprime. Il croit que mépriser l’Autre est une victoire. C’est une bassesse. Humilier celui qui ne peut se défendre est une lâcheté. Le racisme est une forme meurtrière de lâcheté. N’oublions jamais qu’un visage est un miracle. A chaque fois que nous sommes émus par un visage, c’est de l’amour qui nous est donné. Vivre ensemble est une aventure ou l’amour. L’amitié est une belle rencontre avec ce qui n’est pas moi, avec ce qui est toujours différent de moi et qui m’enrichit. Tahar ben Jelloun | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Ven 30 Aoû 2013, 21:51 | |
| Un très beau texte, merci Amadak de nous l'offrir... même si certains l'ont déjà lu, le redécouvrir est un plaisir renouvelé que tu nous offres. | |
| | | Clertie pilier
Nombre de messages : 404 Age : 32 Date d'inscription : 11/08/2011
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Sam 31 Aoû 2013, 07:03 | |
| Magnifique merci Amadak | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Sam 31 Aoû 2013, 08:16 | |
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| | | Clertie pilier
Nombre de messages : 404 Age : 32 Date d'inscription : 11/08/2011
| Sujet: La nuit sacrée Sam 21 Déc 2013, 09:14 | |
| Je reviens sur La nuit sacrée, que j'ai terminé il y a quelques temps déjà Le sujet était très délicat de la quête d'une identité volée, et le récit flotte entre le réel et l'onirique. J'avoue ne pas avoir percé la signification de l'enlèvement par le "prince" au début, qui l'emmène dans un royaume merveilleux peuplé de nains, dont elle est chassée à peine arrivée. Peut-être Ben Jelloun veut faire passer l'idée que Zahra devra toujours flotter entre masculin et féminin ? ou alors c'est une allégorie de la Chute (si jamais il existe dans l'islam une parabole comparable) ? Toujours est-il que, pour reprendre vos discussions sur y a-t-il amour ou pas, je crois que la relation entre le consul et Zahra est passionnée, et placée sous le sceau de la reconstruction, mais aussi de l'éternel. La marche dans le désert et dans la lumière à la fin du roman n'est-elle pas le moment où Zahra rejoint le consul ? La mort apparaît alors presque comme une délivrance pour celle qui a dû se battre pour exister telle qu'elle était. La scène finale me rappelle un peu un vers de Khalil Gibran : "Car qu'est-ce que mourir sinon rester nu dans le vent et fondre dans le soleil ?" | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Mar 07 Jan 2014, 18:06 | |
| Jour de silence à Tanger TAHAR BEN JELLOUN RESUME : A Tanger, dans une grande maison vide et délabrée, par un jour de vent et de solitude, un vieil homme s'ennuie et se souvient. Visages, voix, bousculades des voisins d'hier, chevelure de femme. Une vie entière tient dans une seule journée de silence. Faut-il accepter d'être vieux ? Dans ce récit contenu que domine l'image du père, le narrateur est sans complaisance. Alors, de loin en loin, le vieil homme prend la parole pour lui répondre et murmurer ce qui, jamais, ne fut dit. L'image du père souffrant de sa solitude et de son enfermement est rendue plus hermétique par l'absence de communication avec son entourage. Le père est vraisemblablement piégé par les vestiges de son image et son autorité. Ainsi est-il le portrait type d'une génération décadente tout en étant un être à part qui observe les autres par dessus le monde. C'est également un être qui attend avec angoisse et lassitude une fin toujours différée. L'image du père incarne ainsi l'ennui d'une vie morose et quasi végétative. Diminué par les insuffisances d'un corps en souffrance, le père se retourne alors vers un passé dont il feuillette quelques moments gravés dans sa mémoire. Souvenirs qui le laissent dans l'insatisfaction. Il a le sentiment que le monde lui échappe ou même qu'il le fuit. D'une certaine manière, il a l'impression d'avoir été trahi. Il se rend compte qu'il n'est plus lui-même qu'un détail parmi tant d'éléments de décors. Le regard qui scrute et interroge le passé est doublé par des incursions dans le présent insipide et monotone. Le temps devient pesant et semble même narguer l'impuissance du père enfoui dans le passé et pourtant encore impliqué dans certaines basses besognes de la vie quotidienne. Le présent est d'ailleurs gravé d'une série d'images négatives: les réticences de l'épouse qui ne joue pas le rôle de l'amie, les enfants absents et qui ne perçoivent le père que de l'extérieur, les rapports avec l'entourage marqués par les convenances et l'artifice... Le présent est aussi fait de regrets. Regrets d'avoir quitté Fès et amertume de l'exil à Tanger parfois vécu comme une malédiction. Cependant, l'image du père qui se consume entre la maladie et les souvenirs ternes est de temps à autre revalorisée par certains côtés qu'on peut considérer comme positifs. Aussi le père est-il par moments présenté comme une espèce d'intellectuel un peu poète, jouant avec les mots. A d'autres moments, c'est le côté artiste de l'ex-commerçant manipulant les étoffes avec une dextérité qui lui a valu une réputation exceptionnelle. Le roman se constitue de micro-récits qui racontent l'histoire d'amis tels que Moulay, Ali, Touizi, Bachir, Allam, Abbas, Larbi, Hassan, Zrirek, Krimo... et bien d'autres figures dont le souvenir est inoubliable. Ces récits qui apparaissent de manière désordonnée empruntent leur cohérence à la mémoire du père. Une petite part d'imagination quant à l'avenir ou le devenir hypothétique des figures connues autrefois permet de temps à autre une certaine dérive vers la fabulation. Il s'agit de scruter un passé monocorde, d'où les effets dominants de la description qui met en évidence un mode de vie marqué par la sérénité, l'ennui et une existence morose. Le rituel d'une vie uniforme est scandé par la monotonie d'une écriture qui simule ce rythme lent et pesant. Entre le passé plutôt terne, un présent ressenti comme immobile et un avenir sans issue au regard du père, l'histoire piétine et tournoie dans le cercle vicieux d'une vieillesse mal vécue. | |
| | | galysse pilier
Nombre de messages : 41 Age : 52 Localisation : 04 Date d'inscription : 19/11/2013
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Jeu 09 Jan 2014, 02:24 | |
| Tahar ben jelloun trempe sa plume dans la mémoire orale du Maroc, c'est presque des contes. En le lisant j'ai l’impression d'être assis dans le sable chaud. Les statues de sel, et Moah le sage Moah le fou, ont laissé des traces fugitives sur les vagues de sable blond. Enfin amis d'Orange et d'ailleurs restons conscient, c'est encore du travail d'Arabe, au même titre que l'Alembra de Seville. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] Jeu 09 Jan 2014, 07:02 | |
| je ne sais pas quel sens tu donnes à "travail d'arabe"; elle désigne, ironiquement,en Afrique du Nord, un bricolage peu soigneux, ce qui convient mal pour l'Alhambra. L'Alhambra de Grenade est un des monuments majeurs de l'architecture islamique et l'acropole médiévale la plus majestueuse du monde méditerranéen. C'est avec la Grande mosquée de Cordoue le plus prestigieux témoin de la présence musulmane en Espagne du VIIIe au XVe siècle (voir péninsule Ibérique ou Al-Andalus)On aura l'occasion de reparler de Tanger. Pour les contes oraux, penser à Mohammed Mrabet, à Tanger, précisément. | |
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| Sujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc] | |
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| | | | Tahar Ben Jelloun [Maroc] | |
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