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 La Bretagne au coeur

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Ysandre
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Ysandre


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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 29 Juil 2013, 09:21

Concarneau ? oui, bien sûr ! et Lorient, Quiberon dans le Morbihan. Quand je faisais de la planche à voile, je traversais la baie de Guidel (morbihan) et de l'autre côté, j'étais dans le finistère ! J'ai visité aussi le centre de la Bretagne, les monts d'Arée, le lac de Guerlédan, la pointe du Raz pour finir. Les iles d'Ouessant, de Sein, etc...Tout est magnifique !super 
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Ysandre
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 29 Juil 2013, 09:26

ton Excellence, je me suis mélangé les pattes avec ta question : "dans le Finistère ?" c'est à Sapho que tu t'adressais !
ce n'est pas la pointe du Raz ?
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rotko
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rotko


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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 29 Juil 2013, 09:27

non, le cap frehel.
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Ysandre
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 29 Juil 2013, 09:32

celui-là, je ne le connais pas.
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Sapho
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Sapho


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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 29 Juil 2013, 18:44

Eh oui, nous allons chaque année en Bretagne depuis18 ans. Nous en sommes tombés amoureux. Nous l'avons sillonnée de long en large, du Finistère, au Morbihan, à la côte d'Armor, en Ile-et-Vilaine.........Le seul endroit où nous ne sommes pas encore allés, c'est le Cap Fréhel ( comme ROTKO l'a bien trouvé )
Sûrement que nous y verrons plein de merveilles!!!super super super
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rotko
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyMar 30 Juil 2013, 05:08

je tombe par un demi-hasard sur ce roman qui se passe au Cap-Frehel.

La Bretagne au coeur - Page 12 He11

300p chez Fayard.

Qui aurait pu imaginer une telle excentricité ? Monter un bordel à Fréhel, dans les Côtes-du-Nord ! Un bordel pour dames, enfin pour quelques amies triées sur le volet. Ce fut pourtant l'idée de Diane, qui monta très discrètement sa maison, en 1957, au bord de la Côte d'Émeraude, avec laide de son amant, Victor, et de sa bonne, Junon. Les choses pourtant devaient mal tourner.

Et ce qui n'aurait pu être qu'une ambiance à la Feydeau, avec toutes ces " chéries " qui piaillaient dans la villa tourna vite au vinaigre. Car bientôt devait s'installer à la villa Dora, la fille de Diane, une môme de vingt ans, affranchie et sans scrupules, qui mit le feu aux poudres. La maison de Fréhel ne brûla pas, mais ce fut quand même, dans cet été chaud de 1957, quelque chose d'atroce.
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soussou
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyMer 21 Aoû 2013, 16:30

Un joli texte de Georges Dubosc sur la moisson
Citation :
La moisson, les « aoûteux »
par
Georges Dubosc
~*~

Chaque été, dans nos campagnes normandes, la moisson bat son plein, et les champs, au matin, se couvrent de travailleurs se hâtant pour profiter du ciel bleu et du soleil d'août. C'est le grand acte de la vie rurale, c'est pour ainsi dire le dernier tableau de tout un drame du travail, qui, depuis des siècles, se joue chaque année.

Elle était bien curieuse, la moisson au moyen-âge, surtout en Normandie, où les baux à ferme s'étant développés dès le IXe siècle, permirent à l'agriculture, en dépit de toutes les guerres, de toutes les exactions, de prendre son essor. Les champs de blé, les blairies, comme on disait, qu'ils appartinssent au seigneur ou aux vilains, étaient entourés de beaucoup de soins et fort bien tenus, quoi qu'on en pense. Après la Saint-Jean, par exemple, commençait le sarclage des blés, fait généralement par les femmes, qui, armées d'une petite fourche, arrachaient les chardons ou, à coups de
faucilles ordinairement fournies par les tenanciers, coupaient les yèbles, une espèce de sureau herbacé qui poussait alors dans les champs. C'est ainsi que le sarclage des blés qui, parfois, commençait à la Pentecôte, nous est représenté dans de nombreuses miniatures, comme celle du psautier de Louterell : c'est une corvée imposée aux vilains et dont on trouve mention dans les cartulaires de Saint-Georges-de-Boscherville et de Préaux.

La plupart du temps, les champs de blé, contrairement à l'usage actuel, étaient entourés, surtout quand ils se trouvaient dans le voisinage des forêts - alors très nombreuses - par une véritable enceinte de rameaux qui servaient à les protéger des incursions des animaux. Ainsi en était-il, par exemple, à Grand-Couronne, dans le voisinage de la forêt de Roumare ou de Brotonne, où les champs de blé étaient ainsi défendus par des haies factices de houx, de ronces ou d'épines.. De là, une sorte de droit de ramage que les ramagers ne se faisaient point faute d'exercer, aux mois de mars et de septembre, pour clore leurs moissons.

Il serait très important d'avoir des documents sur l'époque générale d'ouverture de la moisson ; ils sont bien rares, cependant, et, comme aujourd'hui, suivant les variations de la température, la date du sciage des blés devait souvent varier. Dans le pays de Caux, au IXe siècle, on commençait généralement la récolte des blés le 21 juillet. Bien entendu, en ce bon vieux temps trop vanté, c'était, pour les vassaux du seigneur, une obligation, une corvée qui rentrait, avec bien d'autres, dans la série des droits seigneuriaux. On l'appelait l'aoûtage, - le droit de sciage ou la corvée de faucille d'août, - qu'on trouve souvent mentionnés dans les actes publics, dans les baux à métairie ou à ferme ; il se compliquait de services similaires pour la récolte, l'engrangement, le vannage, le tassage. Quand arrivait l'époque de la moisson, on « criait » cette obligation. A Perriers-sur-Andelle, au XIIIe siècle, au commencement du mois d'août, on annonçait que tous les habitants eussent à se rendre à la « sciée des blés » des moines de Saint-Ouen, qui se contentaient de regarder... le travail des autres. Tous les jours, un veilleur sonnait du cor pour prévenir les moissonneurs improvisés, et gare à celui qui manquait à l'appel ! Il était frappé d'une amende.

Ajoutons que ces prestations n'étaient pas complètement gratuites : les scieurs avaient droit à un salaire, soit en nature, soit en argent. En nature, c'était généralement la neuvième gerbe, parfois la dixième qui leur revenait ; parfois aussi, ils recevaient une somme d'argent... bien modique, il est vrai ! Ils avaient aussi parfois d'autres droits, comme le droit de prendre les gerbes déliées pendant le transport, et ce qu'on appelait les mérils, c'est-à-dire les épis restés dans le champ, sur la place où l'on avait réuni les gerbes.

D'après le Livre des Jurés de Saint-Ouen, espèce de code des droits de la célèbre abbaye rouennaise, ce privilège revenait au bouvier qui conduisait les « charrettes à gerbes », à Bouclou, par exemple, hameau du canton de Boos, près de Quevreville-la-Poterie. Il en était de même à Tourville, mais avec cette réserve bien normande que les gerbes déliées appartenaient aux vilains « quand elles ne peuvent être rencloses dans les liens », ce qui devait être bien rare ! Beaucoup de monde de toute condition faisait alors le mois d'août ; dans un très grand nombre de contrats d'apprentissage, en effet, ou encore dans les contrats de louage des domestiques, on trouve stipulée la réserve de mois d'août, c'est-à-dire le droit d'aller travailler à la récolte des blés. Généralement, dans les contrats, cette mention est ainsi libellée : « Guillaume, Pierre ou Jean : par an, 14 francs, son août et son ardoir », c'est-à-dire le droit de prendre ce qu'il lui faut pour son chauffage. En dépit de tous ces droits, le sort des moissonneurs, obligés et contraints de se soumettre à toutes ces corvées, n'était pas très heureux, et un poète du XIIIe siècle, dans Le Conte des Vilains de Verson, se fait l'écho de leurs plaintes :

Et voici le mois d'août,
Un service qui ne vous faut.
C'est qu'ils doivent la corvée
Ell'ne doit pas être oubliée.
C'est qu'ils doivent, les blés scier,
Aüner et appareiller,
Et tasser au milieu du champ ;
Ainsi firent leurs âncesseurs (ancêtres),
Tel service font au seigneur.

Pour couper les blés, on se servait alors, soit de la faucille, soit de la faux. La faucille ou le faucillon représentés dans de nombreux manuscrits, reproduisait exactement la forme de celle usitée aujourd'hui dans nos campagnes. Souvent elle était fournie par le seigneur ; il est vrai qu'elle ne coûtait pas cher, car dans les comptes de l'abbaye de Montivilliers, on la trouve mentionnée comme valant 2 sous. Dans un missel du XVe siècle de notre Bibliothèque de Rouen, dans le Psautier de Louterell, les scieurs sont ainsi représentés coupant le blé, comme aussi dans les bas-reliefs de l'Hôtel du Bourgtheroulde. A moitié baissés, ils tiennent le blé à couper, à cinquante centimètres au-dessus du sol, serré dans la main gauche, la paume de la main tournée en dehors ; ils devaient manoeuvrer la faucille de la main droite, comme en se servant d'une faux. C'était un peu la façon d'opérer qu'ont gardée les Anglais et les paysans bretons, et qu'ils appellent crételer.

Mais au moyen-âge comme de nos jours, on se servait surtout de la faux qu'on trouve partout représentée dans les psautiers, dans les missels, dans le
Bréviaire d'Amour de Béziers et qui apparaît absolument semblable à celle que nous connaissons. Bien souvent même, Jacques Bonhomme révolté se servit de ces fauchards, au temps des jacqueries, comme d'une arme redoutable qu'il savait admirablement manier. Les faux, fabriquées par les faiseurs d'allumelles ou de couteaux, valaient de 6 à 10 sous.

Quant aux faucheurs, ouvriers alloués, soit pour la moisson entière, soit à la journée, leur salaire, qu'on trouve mentionné soit dans les comptes du manoir de l'Archevêque de Rouen à Déville, soit dans les comptes de l'abbaye de Saint-Amand, varient beaucoup. En voici qui, pour faucher des prairies, du 20 avril à la Saint-Jacques, reçoivent, en 1399, 60 sous et une paire de souliers. En voici d'autres, à Déville qui, payés à la journée, touchent 4 sous pour faucher de l'avoine. Quand ils sont nourris, les faucheurs touchent pour leur journée, 4 sous 10 deniers à Montivilliers ; parfois aussi, soit qu'ils scient les blés à la faucille comme à Déville, ou sur les biens de l'abbaye de Saint-Amand, ou qu'ils fauchent comme à Montivilliers et au Prieuré de Grandmont, ils sont payés à l'acre, à la tâche. A Sierville qui faisait partie des biens du Chapitre de la Cathédrale, ils recevaient en plus la treizième gerbe comme salaire.

D'autres récompenses attendaient aussi les faucheurs « d'août ». Pendant ces rudes travaux, comme on le faisait pour les vignerons, au début ou à la fin de la moisson, on leur distribuait du vin, et maintes fois, dans les comptes de l'Archevêché entr'autres, on trouve cité « le vin des faucheurs, des scieurs et des lieurs ». Une autre redevance était aussi le don d'une paire de gants, offerts principalement aux charretiers, aux valets, aux portiers, à la mi-août, pour les récompenser des derniers travaux de la récolte, de la rentrée des gerbes. Parfois, comme au prieuré de Grandmont, on donnait aux aoûteux des bonnets et des couteaux. C'était, pour ainsi dire, un droit que les ouvriers exigeaient, car on voit en 1456 qu'un paysan d'Ancourt, près d'Envermeu, furieux qu'on ne lui ait pas donné ses « gants » pour son « août », s'appropria et délia six gerbes de la dîme du curé d'Inerville.

Quand le blé était scié ou fauché, restait à réunir les javelles, à les gerber et à les transporter dans la grange. Très souvent, cette opération, comme de nos jours, n'avait pas lieu immédiatement, et pendant ce temps il fallait la garder. C'était l'affaire des messiers, sorte de prévots spéciaux chargés de la surveillance des moissons, armés d'un droit appelé de bedellerie, origine de nos bedeaux d'église ; les vilains étaient appelés à tour de rôle à remplir cet office qui, sur les terres de l'abbaye de Saint-Ouen, par exemple, se poursuivait même la nuit. C'était un peu le même service que celui rempli par les saltuaires dans les colonies agricoles gallo-romaines. Pour cette corvée, les moines de SaintOuen - toujours généreux ! - donnaient un denier par nuit.

La gerbe était, comme aujourd'hui, liée avec des liens de seigle ; mais parfois on la liait avec de la corde, ainsi que cela se faisait encore précédemment dans quelques communes de l'Eure ; mais liée ou pas liée, la gerbe demeurait souvent sur le champ, car la perception de la dîme et surtout du champart mettait de grands obstacles à l'enlèvement rapide des récoltes normandes.

Ah ! le champart, parmi tous les droits exécrés du paysan, était un des plus incommodes et des plus vexatoires ! Il consistait dans les tenures, dites à champart, où le seigneur était pour ainsi dire associé au laboureur, dans un droit pour le premier de prendre une part sur le total des gerbes récoltées. Ici le sixième de la récolte, là le dixième ou le onzième, car le champart se liait pour sa perception avec les dîmes. Avant de rentrer sa récolte, il fallait que le paysan attendît la visite des champarteurs, et ceux-ci étaient parfois en retard. Le blé resté sur terre, exposé aux pluies et aux orages, se détériorait; il n'en fallait pas moins qu'avant de s'occuper de sa propre récolte, le virant se mît tout d'abord à porter à la grange les gerbes du champart.

Son blé resté de l'autre part
Qui est au vent et à la pluie
Au vilain malement ennuie
De son blé qui gist par le champ,

dit encore le poème sur les vilains de Verson. Il était si ennuyeux ce droit de champart, que ceux qui lui étaient soumis, comme certains vassaux de l'Abbaye de Saint-Ouen, préféraient s'en acquitter par une rente appelée l'arrière-champart.

Quand le blé était mis en gerbe, on en faisait quelquefois des mullons, mais la plupart du temps, les paysans étaient tenus à une nouvelle corvée, celle de charrier, d'engranger les récoltes dans ces superbes et vastes granges dîmeresses, vrais monuments en pierre dont il nous reste tant d'exemples, comme à Bonneville, à Quittebeuf et ailleurs. C'était ce qu'on 'appelait la « corvée de tasserie ». Là se terminait la besogne, et, les champs ainsi dépouillés, on pouvait se mettre à glaner, mais le droit de glanage était souvent bien illusoire. On avait, en effet, au moyen-âge, conservé l'habitude romaine de couper les blés en deux fois : la première, on coupait seulement les épis, la seconde, on enlevait le chaume resté sur pied, le conservant par cela même en bon état, ce qui était fort nécessaire à une époque où on couvrait beaucoup en paille.

Cet enlèvement du chaume, c'est ce qu'on nommait le gluage, le glu, la « paille de glu ». Les gluaces de seigle qu'on abandonne encore actuellement comme cadeau, aux aoûteux du pays de Caux, portent encore ce vieux nom français. Le chaume resté sur pied, et que nos paysans normands nomment encore les étaux, s'appelait les éteubles : le seigneur avait seul le droit de les abandonner à qui il voulait. Une des foires de Bayeux, la foire Sainte-Croix, je crois, portait encore avant la Révolution, le nom de Foire aux Etaux, parce qu'à l'époque où elle avait lieu, le 14 septembre, le blé ordinairement était coupé. Quand les grandes « charrettes à gerbe », traînées le plus souvent par des attelages de cinq à six boeufs, étaient rentrées, le brave paysan pouvait regagner sa chaumine, s'il habitait dans les environs.

Si c'était un Breton, comme il en venait beaucoup alors pendant la moisson et comme il en vient encore en Basse-Normandie, il regagnait sa lande fleurie de bruyères et d'ajoncs. A son retour, que lui restait-il ? Pas grand'chose. Il avait vécu assez bien, car seigneurs, abbayes et prieurés ne se montraient pas trop chiches sur le lard, les pois, le hareng, les galons de vin ou de cidre. C'était le meilleur de son lot. Pour le reste, écoutez ce que disait au XVIe siècle La Barre dans son Formulaire des Esleus :

« Si véritablement le laboureur prenoit garde quand il ensemence sa terre pour qui il sème, il ne semeroit pas. De son travail, il jouit le moins ; la première poignée de grain qu'il jette en terre est pour Dieu, ainsi la dévoue-t-il librement; la seconde ne suffit pour les oiseaux ; la tierce pour les cens et rentes du trefoncier ; la quatrième pour la dîme ; la cinquième pour les tailles, impôts et subsides. Et quoy tout cela se prend devant qu'il n'y ait rien pour lui. Et il a à travailler jour et nuit, à veiller sur ses bestiaux et domestiques, se lever le premier, se coucher le dernier, soigner pour tous, en toutes saisons, occupé à faire valoir sa terre, à guéreter, à recouper, à biner, à composter, à cirer, à semer, bercer, sercler, scier, faucher, moissonner, reserrer, mettre en la grange, entasser, battre, moudre et boulanger, avant qu'en goûter. »

Qu'est-il demeuré de toutes ces coutumes et de ces traditions qui accompagnaient la moisson au moyen-âge ? Bien des usages sont restés et demeureront encore particulièrement dans le pays de Caux, véritable pays de la grande culture normande. Aujourd'hui, presque partout, la moisson, la récolte des blés, se fait à forfait par contrat passé entre les fermiers ou les propriétaires et un entrepreneur qui se charge, sous certaines conditions déterminées, de faucher, gerber et engranger la récolte dans un laps de temps déterminé. C'est l'entrepreneux ou le maître alloueux, véritable chef de l'entreprise, qui, généralement, aux premiers jours de l'année, se met en mesure de recruter les aoûteux, les aoûterons, les gens d'août, suivant les vieux termes de l'ancien langage français, qui, hommes et femmes, par couple, se chargeront de faire « l'août ». Le dimanche après la messe, souvent au cabaret, parfois à la halle, on fait l'alloû, on débat les conditions qui comportent généralement une somme d'argent comme salaire, et la nourriture et le logement assurés pour la durée du travail, environ quatre semaines. Si, par suite d'intempéries ou pour toutes autres causes, la moisson se prolonge, tant pis pour l'alloueux et pour ses ouvriers ! C'est un des risques de son contrat.

Bien entendu, les salaires changent avec la condition de l'aoûteux ; les faucheurs gagnent généralement de 80 à 90 francs et sont mieux payés que les ramasseurs, appelés en certains coins de notre département les brocards ou les raccommodeux, qui gagnent de 50 à 60 fr. La nourriture, dans un pays où les grands mâqueux n'ont jamais manqué, joue un grand rôle dans l'affaire et l'ordre et la nature des repas sont déterminés avec une rigueur toute protocolaire : ils sont, du reste, fournis aux frais du maître alloueux.

Le fermier généralement ne fait que prêter gratuitement le « four », maintenant abandonné dans la plupart de nos campagnes, - car on ne cuit plus - et où la « fille d'août », solide gaillarde délurée, qui ne craint pas les galants propos, « affète » les plats et installe sa popotte. Souvent aussi le fermier donne plusieurs sacs de blé, calculés d'après le nombre des travailleurs, et le cidre, - tant de litres par acre, - tous ces pots de « gros beire » qu'entonne la soif inextinguible des moissonneurs. On ne sait pas ce que peut avaler un aoûteux sous le grand soleil de messidor ! Quant au café, bien « consolé », avec sa rainchette, sa surainchette, et son « coup de pied »... final... on n'en donne qu'aux jours de dimanche et de fête !

La nourriture ! mais elle consiste en toute une suite de repas. Le matin, sur le coup de cinq heures, pour « abattre le brouillard », avant le départ pour les champs, c'est un premier déjeuner frugal : une bouchée de pain, un coup de cidre ; vers huit ou dix heures, c'est une collation dans les champs, avec le pain, du fromage, des radis ; à midi, à l'Angelus sonnant, c'est le dîner à la ferme, repas plus copieux et plus solide, que suit parfois un moment de repos et de sommeil, la Méjsienne, la Mérienne, la sieste ou méridienne, d'après un vieux mot qu'on trouverait encore dans les poèmes de Guillaume de Normandie. Vers quatre ou cinq heures, c'est la collation, en campagne, où les dorées de beurre sont dévorées de bon appétit, arrosées de nombreuses accolades au pichet de cidre. Le soir, quand il fait beau, le travail se prolonge, après l'Angelus du soir tintant au clocher, et il est parfois neuf heures quand les « aoûteux » s'attablent à la ferme, pour le souper final, où l'on avale la soupe et quelques plats de légumes.

Le logement ! Il est, la plupart du temps, offert par le fermier. On n'est point difficile, du reste ; les moutons, à cette époque, sont pour la plupart aux champs, et on gîte les aoûteux dans les bergeries vides, où ils installent tant bien que mal la literie qu'ils ont apportée. Et puis une bonne couche de paille fraîche est peut-être le meilleur lit pour les travailleurs harassés S'ils habitent dans le voisinage, les aoûteux du pays, comme dans la chanson de Malborough, s'en retournent chez eux avec leurs femmes. Les autres se logent comme ils peuvent dans le cabastère, ainsi qu'on dit en plein pays de Caux, d'après un vieux terme normand qui, je crois bien, vient du verbe cabasser, entasser, serrer, empaqueter comme dans un « cabas! »

Et, dès l'aube, par la grande plaine où les blés dotés, les blés aorés, se balancent, on se met à la besogne. Le fauqueux a monté sa faux, disposé les « pleyons » ou les « doigts » de son gavelier, cette espèce de ratelier léger disposé le long de la lame et destiné à recevoir les épis pour les coucher sur le sol. Maintenant, voilà qu'il la rebat avec ses battements, son marteau frappant sur son enclumeau. Puis, dans le buhot, la corne de boeuf qui pend à sa ceinture, il saisit la pierre à aiguiser qui trempe dans le cidre et en passe quelques coups pour lui donner du morfil. Un coup de rifle, cette espèce de tape en bois, et voilà la faux affutée pour le travail. N'est pas faucheur qui veut ! Il faut de la vigueur et de l'entrain, de solides poignets, pour balancer « à fleur de bras », comme on dit, la hanse et la faux abattant les javelles ; il faut du coup d'oeil pour couper droit, bien également, les tiges, et la besogne se complique parfois quand le vent incline les blés ou quand ceux-ci sont versés, couchés. Il faut alors ôter le gavelier et couper à faux nue, comme pour les fourrages et les menus grains.

Bien souvent alors le faucheur est obligé, au bout de chaque ondain, d'interrompre le travail pour rebattre la faux ! On ne fait plus maintenant souvent appel aux ouvriers étrangers, aux horzains, venus des Flandres ou de l'Artois, mais le travail de ces sapeurs picards était pourtant bien curieux. Ils se servaient, en effet, d'une sorte de crochet emmanché à un bâton, pour maintenir les tiges à couper, qu'ils tranchaient avec la sape, une espèce de faux à lame un peu recourbée et à manche court.

Derrière les faucheurs, qui, rangés par échelon, attaquent le champ, marchent les ramasseuses, les gaveloteux, qui réunissent les javelles et en forment de petits monceaux, ce qu'on appelle les hauviaux, ou pour parler avec l'accent cauchois, les hoviâs. Presque aussitôt, avec plusieurs gerbes, on formait les demoiselles en ayant soin de faire une capote avec une gerbe coiffant les autres, les épis en bas. C'est ce qu'on nomme aussi les vieillottes ou veuillottes, vieux mot de patois normand, qui n'est qu'une forme diminutive altérée du mot vielle, qui s'est dit pour « meule », et que je trouve dans le Journal du sieur de Gouberville : « Je fys mettre du foin en petite vielle ». Le mot moyette, dont on se sert également, n'est, lui aussi, qu'un diminutif du mot moie, qui veut dire une « meule de paille ».

Au bout de huit à dix jours, on lie le blé ainsi déposé, suivant que les autres travaux de la moisson ont retenu plus ou moins longtemps les moissonneurs, car le blé bien enveillotté par les « valets d'août » peut supporter les intempéries. Dans le pays de Caux, la coutume est venue de lier le blé, à la fin de la journée, aussitôt qu'il est coupé, et de disposer quatre ou cinq gerbes qu'on recouvre avec une autre, l'épi en bas. C'est ce qu'on appelle un cosaque. Suivant la tradition, ce mode serait venu de prisonniers ou de soldats autrichiens ou russes qui, sous l'Empire, auraient introduit dans nos pays normands cette façon de disposer les gerbes. Parfois aussi, on endelize les gerbes, c'est-à-dire qu'on les dispose par dix, en dizeaux, ou bien encore en onzains ou en septias. Une fois liées, les gerbes sont placées sur la grande « voiture à gerbes », non sans mal car il faut de vigoureux gaillards pour enlever les gerbes au bout de la fourquière.

Toute cette besogne se fait rapidement, alertement, mais à la campagne comme ailleurs, il y a toujours des gens qui ne se pressent pas et dont la récolte est en retard. Autrefois, on leur faisait une bonne farce : on disposait dans le champ un bonhomme de paille, faucille ou f aulx en main. C'était l'épleteux, du mot « épleter », qui est resté en anglais to expleit, aller vite, qui fournissait aux retardataires une aide... un peu ironique. Les charrettes chargées, les tasseux se mettent à engranger sans perdre de place, en réservant tout au plus une petite, la battière, quand on battait encore en grange, au fléau. Souvent aussi, quand les granges sont pleines, on dresse dans les champs mêmes, en choisissant bien l'orientation et la situation, de grandes meules de blé circulaires, disposées sur un solage de bourrées ou de raptis de paille de colza, et ce n'est pas une mince besogne que de monter ces gerbes de blé bien d'aplomb de former ensuite le lermier et de coiffer le tout d'un de ces grands toits de chaume qui pointent sur l'horizon de la campagne dénudée.

Bien des fêtes, bien des traditions, non encore perdue, ni oubliées, se rapportent à la moisson dans notre région normande. La messe d'août, qui réunissait tous les moissonneurs, n'existe plus, mais les grandes réunions et les fêtes, prétextes à réjouissances et à plantureux repas, ne chôment pas. La première est l'Entrée d'août. Avec la grande charrette à gerbes de la ferme, prêtée par le fermier, le maître alloueux va chercher dans leur logis tous les aoûteux, dont il transporte la literie ; l'équipage est brillant, conduit par le charretier, monté sur le cheval de timon, et se rend ainsi à la ferme, où un bon repas attend les compagnons. Le dimanche suivant « l'entrée » le commencement de la moisson, devient, particulièrement dans le Pays de Caux, la fête du Plus aisé ! « Le plus aisé! » vous ne comprenez pas ! Eh oui, « le plus aisé », suivant la malice paysanne, le « plus facile » des travaux à entreprendre... c'est de manger et de boire. Et on ne s'en prive pas ; on fait honneur au gigot, à la pièce de veau, aux légumes offerts par le fermier ou « l'alloueux » le tout arrosé de nombreux trous normands, car « on ne peut s'en aller sur une gambe », et l'on mange jusqu'à ce qu'on « rebouque », sans avoir besoin de réforcer les convives ! Et les conversations marchent ! Et les récits se suivent, émaillés du fameux « I m'dit, qui dit, dit-i ! » des Cauchois.

La fin de la moisson est encore célébrée par d'autres fêtes. C'est d'abord la Dernière gerbe, « la gerbe à la maîtresse », la « queville à la maîtresse », la « dernière poignée », car les termes changent un peu, suivant les terroirs. La dernière gerbe est une poignée de blé ornée de fleurs, réservée dans le champ et que la fermière, surtout autrefois, devait couper elle-même avec une faucille enrubannée qu'on lui présentait, au bruit des coups de fusil tirés par les moissonneurs cachés dans les javelles. La dernière gerbe n'était pas toujours facile à couper et chacun disait son mot: « La « faucille ne coupe pas », « le mois d'août ne se ferait pas vite de ce pas-là. » - « Il y a du sorcier ! » La gerbe coupée et liée avec la queville, c'était au fermier à la placer sur le haut de la dernière charrette, et la tâche n'est parfois point commode, car la gerbe à deux liens est lourde. Le même jour également a lieu la dernière fête de la moisson, dont le nom change un peu suivant les régions.

C'est la repassée d'août ou la passée d'août ou plutôt, étymologiquement, la parcie, vieil usage cité dans Ducange, en 1416, - ce n'est pas d'hier, - et dont le nom est formé de par, superlatif, et de recie qui s'est dit pour « goûter ». En d'autres endroits du Pays de Caux, la même fête prend le nom de caudet ou chaudô. D'où vient le mot ? On n'en sait trop rien. On pourrait croire que le véritable nom serait plutôt co-dret ; « le coq droit », car les moissonneurs ont l'habitude de porter au bout d'une perche ou d'une fourche, le coq ou la volaille dont on leur a fait don pour le grand repas du soir.

Il y a, en effet, pendant toute la journée, une véritable promenade des gens d'août, rubans à la casquette, bouquets à la boutonnière, montés sur les grandes charrettes dont les limoniers ont revêtu leurs harnais de fêtes, à sonnailles et à pompons. On va par les chemins et les routes, sonnant du cornet ou de la conque, chantant les vieilles chansons rustiques comme celle-ci qui est populaire :

Voici le mois d'août venu.
Grande réjouissance !...

ou bien encore celle-ci, qui se chante à Villerqueville :

Là-bas, dans la plaine,
Ferdindi, ferdindon !
Faisons la moisson.
Le maître vient dire :
Hardi, compagnons !

On rapporte à la maison les calits et les paillasses, et cette fête, qui rappelle un peu le tableau de Léopold Robert, le Retour des Moissonneurs, se termine par un repas gargantuesque où l'on dévore coqs, poules, oies et canards, et où l'on fête la fin de la moisson.

Maintenant, dans les champs dénudés, les vieilles gens, la troupe des gamins et des fillettes peuvent, sous la conduite du garde champêtre, aller glaner et ramasser les derniers épis ; échappés aux râteleurs, et toute cette grande série de travaux agricoles si vaillamment supportés se termine en faisant un peu de bien aux humbles et aux pauvres !.
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyMer 21 Aoû 2013, 17:18

Très intéressant ce texte SOUSSOU, j'ai beaucoup appris merci merci
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyVen 23 Aoû 2013, 14:39


Si vous avez la chance de venir vous ressourcer en Bretagne pour vos vacances d’été, vous ne passerez sans doute pas à côté des sites symboliques et insolites que ce soit en pleine nature ou sur le large des côtes bretonnes et vous visiterez sans doute de nombreux monuments historiques.

Mais n’oubliez pas de découvrir et déguster les meilleures spécialités bretonnes histoire de faire saliver votre entourage en leur racontant vos escapades culinaires Alors voici pour vous le top 10 des spécialités emblématiques de la Bretagne :


1.Le Kouign-Amann :

Le gâteau breton

Le far breton


Le caramel au beurre salé

5.Les crêpes et galettes

6.Le kig-ha-farz

ici tout est dit
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyVen 23 Aoû 2013, 16:22

Ne pas oublier de tremper une galette grillée dans un bol de lait ribot !  

Succès garanti !  Razz  Razz
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyVen 23 Aoû 2013, 16:52

ou de boire le lait ribbot en dégustant une "couple" (double garnie de beurre salé ou complète avec œufs, jambon ou saucisses etc..) à Quimperlé au bord de la Laïta, Mahiwan miam 
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptySam 24 Aoû 2013, 10:27

Allez , on rajoute un cidre bouché pour la totale !  tchin!
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyDim 25 Aoû 2013, 06:11



La Bretagne au coeur - Page 12 Pl11

plage et galets bretons.
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyDim 25 Aoû 2013, 12:49

Très originale ta photo ROTKO



La Bretagne au coeur - Page 12 Kig10



Lors de nos dernières vacances dans le Finistère, les propriétaires de la ferme que nous avions louée nous ont invités à venir déguster chez eux, un KIG-HA-FARZ.
Nous avons trouvé cela délicieux mais quand j'ai voulu le refaire chez moi, j'ai cherché la recette
Après avoir lu la liste d'ingrédients et le nombre d'heures de préparation, j'ai abandonné.
Il est vrai qu'en Bretagne, nous étions 10 personnes autour de la table!

Recette du Kig-Ha-Farz


Temps de préparation : 30 minutes
Temps de cuisson : 03h 30min
Nombre de personnes : 6

Ingrédients:
1/2 kg de jarret de porc
300 g de lard
300 g de boeuf
4 carottes
4 oignons
1 navet
1 chou vert
Pour le farz noir
500 g de farine de sarrasin
50 g de beurre
20 cl de crème fraîche
2 oeufs
1/2 verre de lait
1 cuillère à soupe de gros sel
Un peu de saindoux
Pour le farz blanc
250 g de farine de froment
250 g de raisins secs
50 g de sucre en poudre
20 cl de crème fraîche
25 cl de lait
2 oeufs


Instructions:
Épluchez les légumes, puis déposez-les avec la viande dans une grande cocotte.
Laissez cuire votre pot-au-feu environ 1 heure, à feu doux.
En attendant la cuisson de vos légumes et de la viande, préparez les 2 farz :
Pour le farz noir, prenez un saladier dans lequel vous diluerez la farine avec les œufs et également un peu de lait. Ajoutez du gros sel et faites fondre le beurre ainsi que le saindoux et la crème. Mettez la pâte dans un sac de toile que vous ficellerez avec le plus grand soin.
Pour le farz blanc, mélangez la farine avec le sucre et les oeufs. Ajoutez-y la crème fraîche en mélangeant en continu. Délayez avec le lait et ajoutez des raisins au préalablement farinés. Mettez également cette pâte dans un autre sac en toile à fermer avec soin. Plongez-le dans la cocotte et laissez cuire pendant une période de 2 heures.
Vos 2 pâtes doivent être épaisses et fluides, mais ne doivent en aucun cas être trop liquides.
Au bout d'une heure et demie de cuisson de votre pot-au-feu, plongez vos 2 sacs de toile contenant les différents farz dans la cocote. Laissez les cuire pendant une période de 2 heures.
Une fois votre cuisson réalisée, émiettez la pâte et servez-la dans des assiettes avec les morceaux de viande en quantité souhaitée, quelques légumes et une bonne dose de bouillon… et n’hésitez pas à en reprendre car la cuisine bretonne, ça se mange sans modération !
Astuces du chef :
Si vous vous sentez l’âme d'un chef breton, vous pouvez préparer vos farz de 2 manières :
Le farz noir se roule avec les paumes de la main, et vous obtiendrez ainsi ce qu'on appelle le «farz bruzunog» (ce qui signifie en miettes).
Le farz blanc quant à lui se coupe en tranches, c'est ce qu'on appelle «farz a-bezh» (far entier). Vous pouvez ensuite dorer les tranches à la poêle avec un peu de beurre.
Nous vous conseillons de servir votre kig ha farz accompagné de lipig (c'est une sauce faite en faisant fondre des échalotes coupées en tout petits morceaux dans du beurre... c'est délicieux !). Enfin, accompagnez votre plat breton d'un peu de cidre breton bien sur ou idéalement un vin rouge.
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyDim 25 Aoû 2013, 14:29

breton enseigné à Harvard cheers 

Le département de breton et d'études celtiques de Rennes 2 vient de signer un accord de coopération avec le département de langues et littératures celtiques de l'université de Harvard, a annoncé samedi l'université bretonne

Université privée, Harvard est le plus ancien établissement d'enseignement supérieur aux Etats-Unis et l'un des plus prestigieux. Située à Cambridge, dans le Massachussetts, l'université a célébré son 375e anniversaire en 2011.
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 26 Aoû 2013, 12:47

CONTE DE BRETAGNE



LES 3 POILS DE LA BARBE D'OR DU DIABLE







Il se nommait Malo et était jardinier à la cour d’un roi. Mais, comme il était déjà âgé, il ne travaillait plus guère et avait la surveillance des autres jardiniers de la cour.
Le roi, qui aimait à causer avec lui, quand il venait se promener dans le jardin, lui dit un jour :
— Ta femme est donc enceinte encore, Malo ?
— Oui, sire, et je serai bientôt père pour la sixième fois, car, comme vous le savez, j’ai déjà cinq enfants. Mais, ce qui m’embarrasse le plus, c’est de savoir où trouver un parrain pour le sixième.
— Eh bien, que cela ne t’inquiète plus ; viens me trouver, quand ton enfant naîtra, et je lui trouverai un parrain.
Huit jours plus tard, Malo alla trouver le roi, et lui dit :
— Il vient de me naître un sixième garçon, sire.
— Eh bien, répondit le roi, c’est moi qui serai son parrain.
Le baptême fut célébré solennellement, et l’enfant fut nommé Charles. Puis, il y eut un grand dîner, au palais du roi. Vers la fin du repas, le vieux jardinier, qui avait bu un peu plus que d’habitude, était gai et dit, en levant son verre plein :
— A votre santé, sire, et Dieu fasse la grâce à mon fils nouveau-né d’être uni un jour à la princesse votre fille.
Il y avait quelques jours seulement qu’une fille était aussi née au roi.
Le monarque fut mécontent du souhait de son jardinier, et il le renvoya.
Malo entra chez un grand seigneur.
Cependant, le roi ne tarda pas à regretter son vieux jardinier, et il lui demanda de revenir à la cour, comme précédemment.
Malo, qui regrettait également les beaux jardins où il avait passé toute sa vie, et les bonnes conversations avec son roi, revint volontiers. Le roi voulut se charger de l’éducation de Charles, et Malo y consentit facilement.
Le vieux monarque n’avait pas oublié les paroles imprudentes du jardinier, au dîner du baptême, et il voulait prendre ses précautions, de bonne heure, pour empêcher la réalisation du souhait qu’il avait exprimé.
Charles fut bientôt exposé sur la grande mer, dans un berceau de verre, et abandonné à la grâce de Dieu.
Le roi attendait son marchand de vin de Bordeaux, qui devait venir lui apporter du vin. Le marchand de Bordeaux rencontra en mer le berceau où avait été exposé Charles. Il recueillit l’enfant, admira sa beauté et résolut de l’amener à sa femme et de l’adopter. Dans sa joie et son empressement à le montrer à sa femme, il fit virer de bord son bâtiment et retourna immédiatement à Bordeaux.
Sa femme fut heureuse du cadeau que lui faisait son mari, car ils n’avaient pas d’enfants, quoique mariés depuis longtemps. Charles fut dès lors élevé et instruit comme s’il eût été le propre fils du marchand. On le baptisa de nouveau, dans la crainte qu’il ne l’eût pas été déjà, et le hasard voulut qu’on lui donnât encore le nom de Charles. On lui donna des maîtres de toute sorte, et il appelait le marchand et sa femme son père et sa mère, car on le laissa dans une ignorance complète de ses premières années.
Cependant le roi, plusieurs années plus tard, fit un voyage à Bordeaux. Quand il vit Charles, il admira sa bonne mine et demanda au marchand s’il était son enfant. Le marchand lui raconta comment, l’ayant trouvé en pleine mer, dans un berceau de verre, il l’avait recueilli et adopté comme son propre enfant. Alors le roi vit clairement que c’était l’enfant de son jardinier, celui-là même dont il avait voulu se débarrasser, et demanda au marchand de le lui céder, pour qu’il en fît plus tard son secrétaire. Le marchand céda l’enfant à son roi, mais à regret.
Le roi, qui ne devait pas retourner immédiatement à Paris, envoya Charles devant et lui donna une lettre pour la reine, dans laquelle il ordonnait à celle-ci de faire mettre à mort le porteur, dès qu’il arriverait. Il ajoutait qu’il reviendrait aussi, sans retard, mais qu’il fallait que son ordre fût mis à exécution, avant son arrivée.
Charles part avec la lettre, ne se doutant pas qu’elle contenait son arrêt de mort. Il loge dans un village, au bord de la route, et y mange avec trois inconnus, des maltôtiers.
Après souper, on joue aux cartes. Charles perd tout son argent et même sa montre. On se couche. Les trois maltôtiers étaient dans la même chambre, et Charles était dans un cabinet, à côté. Il n’y avait qu’une cloison de planches à les séparer, et il entendait leur conversation : — Le pauvre garçon ! dit l’un d’eux, il a perdu tout son argent ; comment pourra-t-il payer son écot et retourner jusque chez lui ? J’ai pitié de lui ; si nous lui rendions son argent ? — Oui, répondirent les deux autres ; rendons-lui son argent.
Et un des trois alla dans sa chambre pour lui remettre son argent. Il dormait profondément, car il était très fatigué de sa marche. Sur sa table de nuit, le maltôtier aperçut une lettre cachetée ; c’était celle que le roi lui avait donnée pour être remise à la reine. Poussé par la curiosité, il rompit le cachet, lut la lettre et fut bien étonné de ce qu’elle contenait.
— Le pauvre garçon ! pensa-t-il, il porte lui-même l’ordre de le faire mettre à mort, et il ne le sait pas !
Il montra la lettre à ses deux camarades, et ils lui substituèrent une autre lettre, qui recommandait à la reine de bien accueillir et bien traiter le porteur.
Le lendemain matin, quand Charles se leva, les maltôtiers étaient déjà partis. Il retrouva dans ses poches son argent et sa montre, et sa lettre était aussi sur sa table de nuit, où il l’avait posée. Il paya son hôte et se remit en route, sans que rien lui eût fait soupçonner une substitution de lettre. Il marche, il marche, et finit par arriver à Paris. Il va tout droit au palais royal et remet sa lettre à la reine. Celle-ci l’accueille on ne peut mieux, le fait manger à sa table et l’emmène avec elle et la princesse, sa fille, dans ses visites et ses promenades.
Le roi revint au bout d’un mois, et son étonnement fut grand et grande aussi sa colère de retrouver Charles dans la société de sa femme et de sa fille.
— Comment ! dit-il à la reine, vous n’avez donc pas fait ce que je vous recommandais, dans ma lettre ?
— Vraiment, si, répondit-elle ; voici votre lettre ; relisez-la.
Le roi lut la lettre que lui présenta la reine, et vit clairement qu’il avait été trahi, mais il ignorait par qui.
Charles fut alors envoyé à l’armée, comme simple soldat. C’était un soldat exemplaire. Il devint promptement officier, et, comme il se comportait vaillamment, dans toutes les rencontres, et contribuait plus que nul autre à la victoire, il parvint vite aux plus hauts grades, et on ne parlait que de lui, à l’armée et à la ville. La princesse s’éprit d’amour pour lui, et demanda à son père de le lui laisser épouser. — Jamais ! répondit le roi. Survint une grande guerre, et le roi de France était sur le point de perdre une bataille décisive, quand arriva Charles avec ses soldats. Aussitôt les choses changèrent de tournure, et les Français remportèrent une grande victoire, au lieu de la défaite désastreuse dont ils étaient menacés.
La princesse demanda de nouveau à son père de lui permettre d’épouser le jeune héros.
— Je le veux bien, répondit-il, cette fois, mais, à la condition qu’il m’apportera trois poils de la barbe d’or du Diable(1).
— Et où irai-je chercher le Diable ? demanda Charles.
— En Enfer, parbleu ! Lui répondit la princesse.
— C’est facile à dire ; mais, par où aller en Enfer ?
Il se mit tout de même en route, à la grâce de Dieu.
Après avoir marché longtemps et traversé bien des pays, il arriva au pied d’une haute montagne, où il vit une vieille femme qui venait de puiser de l’eau à la fontaine, dans une barrique défoncée qu’elle portait sur la tête.
— Où allez-vous ainsi, l’homme ? Lui demanda la vieille ; ici, il ne vient pas de gens en vie. Je suis la mère du Diable.
— Eh bien, c’est alors votre fils que je cherche ; conduisez-moi jusqu’à lui, je vous prie.
— Mais, mon pauvre enfant, il te tuera ou t’avalera vivant, quand il te verra.
— Peut-être. Faites que je lui parle, et nous verrons après.
— Tu n’es pas peureux, à ce qu’il paraît ; mais, dis-moi ce que tu as à faire avec mon fils.
— Le roi de France m’a promis de me donner la main de sa fille, si je lui apporte trois poils de la barbe d’or du Diable, et je pense, grand’mère, que vous ne voudrez pas me faire manquer un si beau mariage pour trois poils de barbe.
— Eh bien, suis-moi, et nous verrons ; ta mine me plaît.
Et Charles suivit la vieille, qui le conduisit à un vieux château délabré et tout noir.
Aussitôt arrivée, elle se mit à faire des crêpes pour son fils, sur une poêle plus large qu’une meule de moulin. Bientôt, on entendit un vacarme effroyable.
— Voilà mon fils qui arrive, dit la vieille, cache-toi vite sous mon lit.
Charles se cacha sous le lit, et le fils de la vieille entra aussitôt en criant :
— J’ai grand’faim, mère, grand’faim(2) !
— Eh bien, mange, mon fils ; voilà de bonnes crêpes.
Et il se mit à manger des crêpes, qui disparaissaient comme dans un gouffre.
Quand il en eut ainsi englouti quelques douzaines, il s’interrompit un instant, et dit :
— Je sens ici odeur de chrétien, et il faut que j’en mange.
— Tu déraisonnes, mon fils, dit la vieille ; mange des crêpes et ne songe pas aux chrétiens ; tu sais bien qu’il n’en vient jamais ici.
Et il engloutit encore quelques douzaines de crêpes, puis il huma l’air et répéta :
— Je sens odeur de chrétien ici, et il faut que j’en mange.
— Laisse-moi donc tranquille avec les chrétiens, lui dit la vieille, et mange des crêpes ou va te coucher, si ton ventre est plein.
— Oui, bonne petite mère, dit-il, radouci, je suis fatigué et je vais me coucher.
Il se mit au lit, et, un instant après, il ronflait. La vieille s’approcha de lui et lui arracha un poil de sa barbe d’or. Il se gratta le menton, mais ne s’éveilla pas. Un moment après, la vieille lui arracha un second poil, puis un troisième. Il s’éveilla enfin et sauta hors du lit en disant :
— Je ne puis pas dormir dans ce lit, mère, il y a trop de puces ; je vais coucher à l’écurie.
— Vas à l’écurie, si tu veux, mon fils ; demain, je te mettrai des draps frais.
Et il sortit pour se rendre à l’écurie.
— Arrive ici, vite, à présent ! dit la vieille à Charles.
Et, lui présentant les trois poils qu’elle venait d’arracher au menton de son fils :
— Voici trois poils de la barbe d’or du Diable. Emporte-les vite, et vas épouser la fille du roi de France.
Charles prit les trois poils, remercia et partit promptement.
Quand il arriva au palais du roi de France, la reine et sa fille étaient à se promener dans le jardin. Il alla les y trouver, et, dès qu’elle l’aperçut, la princesse lui demanda :
— Et les trois poils d’or de la barbe du Diable ?
— Les voici, répondit-il en les montrant. La princesse courut le dire à son père. Quand le vieux roi vit les trois poils, il fut pris d’un tel accès de fureur, qu’il se planta lui-même son poignard dans le cœur et mourut aussitôt.
— Va-t’en au Diable ! dit Charles, en voyant cela.
Rien ne s’opposait plus au mariage de Charles avec la princesse.
Il écrivit au marchand de Bordeaux de se rendre promptement à Paris. Il vint, révéla tout, et l’on sut alors que Charles était le fils du vieux jardinier du palais et le filleul du roi. On constata aussi l’accomplissement du souhait du vieux jardinier, lorsqu’il avait dit, en portant la santé du roi, au dîner du baptême : A votre santé, sire, et Dieu veuille que votre fille et mort fils soient unis, un jour.
Le mariage fut célébré, et il y eut de belles noces, avec des festins, des danses et des jeux de toutes sortes, pendant quinze jours.
J’étais là cuisinière ; j’eus un morceau avec une goutte, un coup de cuillère à pot sur la bouche, et, depuis, je n’y suis pas retournée. Mais, avec cinq écus et un cheval bleu, j’y serais encore allée ; avec cinq écus et un cheval brun, j’y serais allée demain en huit(3).

Conté par Barbe Tassel, Plouaret, 1870.















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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 26 Aoû 2013, 12:47

CONTE DE BRETAGNE



LES 3 POILS DE LA BARBE D'OR DU DIABLE







Il se nommait Malo et était jardinier à la cour d’un roi. Mais, comme il était déjà âgé, il ne travaillait plus guère et avait la surveillance des autres jardiniers de la cour.
Le roi, qui aimait à causer avec lui, quand il venait se promener dans le jardin, lui dit un jour :
— Ta femme est donc enceinte encore, Malo ?
— Oui, sire, et je serai bientôt père pour la sixième fois, car, comme vous le savez, j’ai déjà cinq enfants. Mais, ce qui m’embarrasse le plus, c’est de savoir où trouver un parrain pour le sixième.
— Eh bien, que cela ne t’inquiète plus ; viens me trouver, quand ton enfant naîtra, et je lui trouverai un parrain.
Huit jours plus tard, Malo alla trouver le roi, et lui dit :
— Il vient de me naître un sixième garçon, sire.
— Eh bien, répondit le roi, c’est moi qui serai son parrain.
Le baptême fut célébré solennellement, et l’enfant fut nommé Charles. Puis, il y eut un grand dîner, au palais du roi. Vers la fin du repas, le vieux jardinier, qui avait bu un peu plus que d’habitude, était gai et dit, en levant son verre plein :
— A votre santé, sire, et Dieu fasse la grâce à mon fils nouveau-né d’être uni un jour à la princesse votre fille.
Il y avait quelques jours seulement qu’une fille était aussi née au roi.
Le monarque fut mécontent du souhait de son jardinier, et il le renvoya.
Malo entra chez un grand seigneur.
Cependant, le roi ne tarda pas à regretter son vieux jardinier, et il lui demanda de revenir à la cour, comme précédemment.
Malo, qui regrettait également les beaux jardins où il avait passé toute sa vie, et les bonnes conversations avec son roi, revint volontiers. Le roi voulut se charger de l’éducation de Charles, et Malo y consentit facilement.
Le vieux monarque n’avait pas oublié les paroles imprudentes du jardinier, au dîner du baptême, et il voulait prendre ses précautions, de bonne heure, pour empêcher la réalisation du souhait qu’il avait exprimé.
Charles fut bientôt exposé sur la grande mer, dans un berceau de verre, et abandonné à la grâce de Dieu.
Le roi attendait son marchand de vin de Bordeaux, qui devait venir lui apporter du vin. Le marchand de Bordeaux rencontra en mer le berceau où avait été exposé Charles. Il recueillit l’enfant, admira sa beauté et résolut de l’amener à sa femme et de l’adopter. Dans sa joie et son empressement à le montrer à sa femme, il fit virer de bord son bâtiment et retourna immédiatement à Bordeaux.
Sa femme fut heureuse du cadeau que lui faisait son mari, car ils n’avaient pas d’enfants, quoique mariés depuis longtemps. Charles fut dès lors élevé et instruit comme s’il eût été le propre fils du marchand. On le baptisa de nouveau, dans la crainte qu’il ne l’eût pas été déjà, et le hasard voulut qu’on lui donnât encore le nom de Charles. On lui donna des maîtres de toute sorte, et il appelait le marchand et sa femme son père et sa mère, car on le laissa dans une ignorance complète de ses premières années.
Cependant le roi, plusieurs années plus tard, fit un voyage à Bordeaux. Quand il vit Charles, il admira sa bonne mine et demanda au marchand s’il était son enfant. Le marchand lui raconta comment, l’ayant trouvé en pleine mer, dans un berceau de verre, il l’avait recueilli et adopté comme son propre enfant. Alors le roi vit clairement que c’était l’enfant de son jardinier, celui-là même dont il avait voulu se débarrasser, et demanda au marchand de le lui céder, pour qu’il en fît plus tard son secrétaire. Le marchand céda l’enfant à son roi, mais à regret.
Le roi, qui ne devait pas retourner immédiatement à Paris, envoya Charles devant et lui donna une lettre pour la reine, dans laquelle il ordonnait à celle-ci de faire mettre à mort le porteur, dès qu’il arriverait. Il ajoutait qu’il reviendrait aussi, sans retard, mais qu’il fallait que son ordre fût mis à exécution, avant son arrivée.
Charles part avec la lettre, ne se doutant pas qu’elle contenait son arrêt de mort. Il loge dans un village, au bord de la route, et y mange avec trois inconnus, des maltôtiers.
Après souper, on joue aux cartes. Charles perd tout son argent et même sa montre. On se couche. Les trois maltôtiers étaient dans la même chambre, et Charles était dans un cabinet, à côté. Il n’y avait qu’une cloison de planches à les séparer, et il entendait leur conversation : — Le pauvre garçon ! dit l’un d’eux, il a perdu tout son argent ; comment pourra-t-il payer son écot et retourner jusque chez lui ? J’ai pitié de lui ; si nous lui rendions son argent ? — Oui, répondirent les deux autres ; rendons-lui son argent.
Et un des trois alla dans sa chambre pour lui remettre son argent. Il dormait profondément, car il était très fatigué de sa marche. Sur sa table de nuit, le maltôtier aperçut une lettre cachetée ; c’était celle que le roi lui avait donnée pour être remise à la reine. Poussé par la curiosité, il rompit le cachet, lut la lettre et fut bien étonné de ce qu’elle contenait.
— Le pauvre garçon ! pensa-t-il, il porte lui-même l’ordre de le faire mettre à mort, et il ne le sait pas !
Il montra la lettre à ses deux camarades, et ils lui substituèrent une autre lettre, qui recommandait à la reine de bien accueillir et bien traiter le porteur.
Le lendemain matin, quand Charles se leva, les maltôtiers étaient déjà partis. Il retrouva dans ses poches son argent et sa montre, et sa lettre était aussi sur sa table de nuit, où il l’avait posée. Il paya son hôte et se remit en route, sans que rien lui eût fait soupçonner une substitution de lettre. Il marche, il marche, et finit par arriver à Paris. Il va tout droit au palais royal et remet sa lettre à la reine. Celle-ci l’accueille on ne peut mieux, le fait manger à sa table et l’emmène avec elle et la princesse, sa fille, dans ses visites et ses promenades.
Le roi revint au bout d’un mois, et son étonnement fut grand et grande aussi sa colère de retrouver Charles dans la société de sa femme et de sa fille.
— Comment ! dit-il à la reine, vous n’avez donc pas fait ce que je vous recommandais, dans ma lettre ?
— Vraiment, si, répondit-elle ; voici votre lettre ; relisez-la.
Le roi lut la lettre que lui présenta la reine, et vit clairement qu’il avait été trahi, mais il ignorait par qui.
Charles fut alors envoyé à l’armée, comme simple soldat. C’était un soldat exemplaire. Il devint promptement officier, et, comme il se comportait vaillamment, dans toutes les rencontres, et contribuait plus que nul autre à la victoire, il parvint vite aux plus hauts grades, et on ne parlait que de lui, à l’armée et à la ville. La princesse s’éprit d’amour pour lui, et demanda à son père de le lui laisser épouser. — Jamais ! répondit le roi. Survint une grande guerre, et le roi de France était sur le point de perdre une bataille décisive, quand arriva Charles avec ses soldats. Aussitôt les choses changèrent de tournure, et les Français remportèrent une grande victoire, au lieu de la défaite désastreuse dont ils étaient menacés.
La princesse demanda de nouveau à son père de lui permettre d’épouser le jeune héros.
— Je le veux bien, répondit-il, cette fois, mais, à la condition qu’il m’apportera trois poils de la barbe d’or du Diable(1).
— Et où irai-je chercher le Diable ? demanda Charles.
— En Enfer, parbleu ! Lui répondit la princesse.
— C’est facile à dire ; mais, par où aller en Enfer ?
Il se mit tout de même en route, à la grâce de Dieu.
Après avoir marché longtemps et traversé bien des pays, il arriva au pied d’une haute montagne, où il vit une vieille femme qui venait de puiser de l’eau à la fontaine, dans une barrique défoncée qu’elle portait sur la tête.
— Où allez-vous ainsi, l’homme ? Lui demanda la vieille ; ici, il ne vient pas de gens en vie. Je suis la mère du Diable.
— Eh bien, c’est alors votre fils que je cherche ; conduisez-moi jusqu’à lui, je vous prie.
— Mais, mon pauvre enfant, il te tuera ou t’avalera vivant, quand il te verra.
— Peut-être. Faites que je lui parle, et nous verrons après.
— Tu n’es pas peureux, à ce qu’il paraît ; mais, dis-moi ce que tu as à faire avec mon fils.
— Le roi de France m’a promis de me donner la main de sa fille, si je lui apporte trois poils de la barbe d’or du Diable, et je pense, grand’mère, que vous ne voudrez pas me faire manquer un si beau mariage pour trois poils de barbe.
— Eh bien, suis-moi, et nous verrons ; ta mine me plaît.
Et Charles suivit la vieille, qui le conduisit à un vieux château délabré et tout noir.
Aussitôt arrivée, elle se mit à faire des crêpes pour son fils, sur une poêle plus large qu’une meule de moulin. Bientôt, on entendit un vacarme effroyable.
— Voilà mon fils qui arrive, dit la vieille, cache-toi vite sous mon lit.
Charles se cacha sous le lit, et le fils de la vieille entra aussitôt en criant :
— J’ai grand’faim, mère, grand’faim(2) !
— Eh bien, mange, mon fils ; voilà de bonnes crêpes.
Et il se mit à manger des crêpes, qui disparaissaient comme dans un gouffre.
Quand il en eut ainsi englouti quelques douzaines, il s’interrompit un instant, et dit :
— Je sens ici odeur de chrétien, et il faut que j’en mange.
— Tu déraisonnes, mon fils, dit la vieille ; mange des crêpes et ne songe pas aux chrétiens ; tu sais bien qu’il n’en vient jamais ici.
Et il engloutit encore quelques douzaines de crêpes, puis il huma l’air et répéta :
— Je sens odeur de chrétien ici, et il faut que j’en mange.
— Laisse-moi donc tranquille avec les chrétiens, lui dit la vieille, et mange des crêpes ou va te coucher, si ton ventre est plein.
— Oui, bonne petite mère, dit-il, radouci, je suis fatigué et je vais me coucher.
Il se mit au lit, et, un instant après, il ronflait. La vieille s’approcha de lui et lui arracha un poil de sa barbe d’or. Il se gratta le menton, mais ne s’éveilla pas. Un moment après, la vieille lui arracha un second poil, puis un troisième. Il s’éveilla enfin et sauta hors du lit en disant :
— Je ne puis pas dormir dans ce lit, mère, il y a trop de puces ; je vais coucher à l’écurie.
— Vas à l’écurie, si tu veux, mon fils ; demain, je te mettrai des draps frais.
Et il sortit pour se rendre à l’écurie.
— Arrive ici, vite, à présent ! dit la vieille à Charles.
Et, lui présentant les trois poils qu’elle venait d’arracher au menton de son fils :
— Voici trois poils de la barbe d’or du Diable. Emporte-les vite, et vas épouser la fille du roi de France.
Charles prit les trois poils, remercia et partit promptement.
Quand il arriva au palais du roi de France, la reine et sa fille étaient à se promener dans le jardin. Il alla les y trouver, et, dès qu’elle l’aperçut, la princesse lui demanda :
— Et les trois poils d’or de la barbe du Diable ?
— Les voici, répondit-il en les montrant. La princesse courut le dire à son père. Quand le vieux roi vit les trois poils, il fut pris d’un tel accès de fureur, qu’il se planta lui-même son poignard dans le cœur et mourut aussitôt.
— Va-t’en au Diable ! dit Charles, en voyant cela.
Rien ne s’opposait plus au mariage de Charles avec la princesse.
Il écrivit au marchand de Bordeaux de se rendre promptement à Paris. Il vint, révéla tout, et l’on sut alors que Charles était le fils du vieux jardinier du palais et le filleul du roi. On constata aussi l’accomplissement du souhait du vieux jardinier, lorsqu’il avait dit, en portant la santé du roi, au dîner du baptême : A votre santé, sire, et Dieu veuille que votre fille et mort fils soient unis, un jour.
Le mariage fut célébré, et il y eut de belles noces, avec des festins, des danses et des jeux de toutes sortes, pendant quinze jours.
J’étais là cuisinière ; j’eus un morceau avec une goutte, un coup de cuillère à pot sur la bouche, et, depuis, je n’y suis pas retournée. Mais, avec cinq écus et un cheval bleu, j’y serais encore allée ; avec cinq écus et un cheval brun, j’y serais allée demain en huit(3).

Conté par Barbe Tassel, Plouaret, 1870.















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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyLun 26 Aoû 2013, 12:50

AU SECOURS !

J'ai posté 2X la même chose! Comment faire pour effacer l'un des deux? Shocked Shocked
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptySam 21 Sep 2013, 13:34

La Bretagne au coeur - Page 12 Dr10

clic !
 
Paradoxalement, chacun de nous connaît bien mieux les Dieux romains ou Egyptiens que ceux des Celtes, leurs légendes, leur mythologie ou leur histoire. Or la civilisation celtique, qui recouvrait l'ensemble de l'Europe de l'Ouest, est d'une richesse étonnante, avec ses fêtes religieuses qui, détournées, sont arrivées jusqu'à nous, comme la nuit des morts, Samain, devenu la Toussaint ou Halloween. Avec ses dieux et ses rites qui influencèrent profondément le christianisme, par l'intermédiaire des moines bretons et irlandais.

Avec ses légendes, au premier rang desquelles celle du roi Arthur, de Merlin et de Brocéliande, mais aussi tout un monde de fées et de lutins, d'animaux fantastiques, de saints guérisseurs et de pierres magiques... Au XIXe siècle, la révolution romantique réhabilita largement cette culture, grâce à Chateaubriand ou Walter Scott, à laquelle la littérature fantastique - menée par Stevenson ou Bram Stocker - doit beaucoup. De la Grande à la Petite Bretagne, de l'Irlande à la Galicie, ce livre explore toutes les facettes d'une culture à (re)découvrir, au moment où - de Game of Throne à The Hobbit - le cinéma s'en inspire à son tour.


264 p.chez Fetjaine.

druides, fées, légendes, musiques, adaptations, hypothèses différentes, celivre est une somme autorisée, avec bibliographie et beaucoup d'illustrations cheers 
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptySam 21 Sep 2013, 16:47

j'adorais les légendes bretonnes, mais celle qui me les contait n'est plus.Sad 
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyJeu 09 Jan 2014, 06:23

2014, année Anne de Bretagne

Il y a 500 ans jour pour jour, Anne de Bretagne décédait juste avant son 37e anniversaire des suites d'un calcul rénal au château de Blois. Dernière souveraine de Bretagne, la duchesse, couronnée par deux fois Reine de France, sera mise à l'honneur toute l'année dans les cinq départements de la Bretagne historique avec une quarantaine d'événements déjà programmés.

Les militants bretons sont décidés à faire entendre leur cause contre un parti socialiste qui ne leur facilite pas la tâche...
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyVen 24 Jan 2014, 07:00


Plus de 1 000 emplois liés à la langue bretonne

« Aujourd’hui, 200 000 personnes parlent breton », estime Fulup Jacq, directeur de l’Office public de la langue bretonne. « Il y a deux groupes : les “anciens” et de plus en plus de jeunes de moins de 20 ans »,

Désormais, plus de 15 000 enfants de « tous milieux sociaux » y sont scolarisés dans 146 communes. « En 2012, l’Observatoire
des pratiques linguistiques a identifié 1 300 emplois nécessitant de parler breton », dans l’enseignement, mais aussi les services à la personne âgée, les médias et le monde associatif.

Et 3 000 adultes suivent des cours chaque semaine.

source, La Croix.
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyVen 24 Jan 2014, 07:11

Je tiens pour magique cette fidélité à une langue, aux traditions. Je les ai toujours admirés pour leur pugnacité, leur respect des anciens. Mon fils est plus breton (son père) que normand et c'est très bien comme ça. Quand il compose des musiques, il y a souvent une inspiration celtique. Il écoute d'ailleurs beaucoup cette musique ancienne.
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyVen 24 Jan 2014, 07:12

Et ceux qui parlent le gallo ?
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MessageSujet: Re: La Bretagne au coeur   La Bretagne au coeur - Page 12 EmptyVen 24 Jan 2014, 07:34


Le gallo désigne, aujourd'hui, la normalisation de la langue d'oïl de la Haute-Bretagne. C'est la langue parlée en Ille-et-Vilaine, en Loire-Atlantique et dans l'est du Morbihan et des Côtes-d'Armor, derrière une frontière linguistique allant de Plouha à la presqu'île de Rhuys à l'Ouest qui a servi à cette standardisation. Cette langue, bien qu'elle soit essentiellement orale, est en effet l'objet d'études universitaires, d'effort de standardisations et des ouvrages en gallo sont régulièrement publiés.

Elle n'est pas directement apparentée avec le breton mais forme un diasystème avec les autres langues d'oïl c'est à dire qu'il existe un vrai continuum entre ce gallo et les langues d'oïl parlé plus au sud et à l'est. Comme il n'y a pas de critères universellement acceptés pour distinguer les langues des dialectes, il n'y a pas de réel consensus sur la nature du gallo.


j'en parlerai avec des amis le dimanche 26 à l'occasion d'une émission télé en langue bretonne à laquelle nous assisterons dans un café pour "faire nombre".

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