Ray Bradbury

Ray Bradbury mérite son fil, même si nous avons parlé de lui ici et là. On se rappelle ses titres Les chroniques martiennes ou Fahrenheit 451 adapté au cinéma par François Truffaut.

j'aime particulièrement dans son abondante bibliographie ses nouvelles. Citons notamment ces beaux titres

Je chante le corps électrique collection "Présence du futur" ou Un remède à la mélancolie " même collection.

Ray Bradbury, Les Bannis, in L'homme illustré, Denoel 1954
La science vs la Science-Fiction, et la magie.

Une fusée progresse vers Mars. Sur la planète rouge, les sorcières de Macbeth, avec incantations, aiguilles et figurines de cire, tentent d'empêcher les humains d'aborder Mars.

L'enjeu ? la survie des écrivains maudits dont tous les ouvrages ont été brûlés par des "scientistes" maniaques d'hygiène et hostiles à toute fantaisie.

On retrouve Poe discutant avec Ambrose Bierce, Dickens, Bram Stoker, Mary Shelley. Leur survie est en cause dans la mémoire des hommes...

J'ai lu et vu, il y a des années: un grand classique qui m'avait paru exagéré et science fiction mais j'avais vraiment beaucoup aimé et quand on prend un peu d'âge (comme moi) il est amusant, si le terme convient, de se rendre compte que finalement, pas si fiction que ça ! et ça fait peur




et aussi :

http://www.futurs-sf.com/livres/451.html

J'apprécie la nouvelle traduction de "Farenheit 451", le langage est plus métaphorique.
Quant à faire un choix parmis les contes, je suis fort embarrassée.

j'ai lu également il y a assez longtemps La foire des ténèbres

un livre que j'avais trouvé particulièrement bien écrit, et qui m'a rappelé pas mal les livres de Stephen King (surtout le début).

Une foire s'installe dans une ville où pas grand chose ne se passe, si ce n'est des disparitions justement au moment où cette foire est en ville.

Ce livre m'avait extrèmement plu. Je me demande si je ne devrais pas pousser la lecture de cet auteur un peu plus loin, étant donné que deux de ses ouvrages m'ont vraiment beaucoup plu.

Et toi Queenie tu me donnes aussi envie de lire "foire des ténèbres" j'en ai entendu parler et en très bons termes c'est tentant.
Justement l'ami qui m'en parlait faisait un rapprochement avec King , ça m'interpelle forcément

ice-in-my-eyes a écrit:

J'ai lu (il ya déjà un bon moment) Fareiheit 451 ( à 16 ans)et Chroniques martiennes ( mais pas en entier selon mes souvenirs, donc je le relirai vraiment) Mais Farenheit m'avait impressionné; interdire des livres !!! inconcevable ! En lisant ce livre on voit à quel point lire c'est important : on voyage, on découvre on imagine on forge son esprit.
être dans l'ignorance permet de rendre malléable les esprits. Imaginer un monde sans livres, ce serait bien fade. Mais c'est pas si faux; quand on voit dans la société dans laquelle on vit, plus grand monde ne lit, ou alors ils disent lire mais la littérature que l'on propose à la télé : la biographie d'un tel ou une telle.
j'ai souvent entendu une phrase que l'on m'a dite et redite : " t'a pas autre à faire que de lire" , ou alors" tu lis toi? c'est pour les intellos".

Au passage je devrais l'acheter parce que je ne l'ai pas dans ma bibliothèque.

ton analyse est la mienne: c'est tout à fait cela et moi toute gamine on me disait " tu ne peux pas faire tes devoirs au lieu de lire !!!!!"
je crois que les jeunes recommencent à lire du moins je l'espère ... mais une tranche ne lit plus beaucoup, ce sont les femmes au foyer de 25 à 40 ans, J'espère aussi qu'ensuite elles se rattrapent.
Ayant travaillé, nous nous échangions nos livres avec mes collègues, ça "poussait " les moins engagées à lire je trouve ? non?

Ray Bradbury, je chante le corps électrique, présence du futur.

Un conte merveilleux.

La nouvelle qui donne le titre au recueil fut sans doute écrite avec générosité. Sans sentimentalisme ou mièvrerie, elle sait faire plaisir au lecteur.

Une famille est en deuil car la maman vient de mourir. Le désarroi du père est total : comment donner à Tim, Tom et à la jeune Agatha cette affection dont ils ont besoin pour grandir. S’adresser à la firme Fantoccini qui produit des automates ? Mais ce serait leur donner un être fruste !

Chacun donne son mot dans la famille, et c’est ainsi qu’ils assistent à la naissance de leur grand mère, que dis-je, à son accouchement !

Tout reste cependant à faire car Agatha ne veut pas se laisser apprivoiser.

Plein de finesse et de délicatesse, je chante le corps électrique est le récit de cette conquête des cœurs.

Vous aurez autant de plaisir à le lire qu’à le dire.

voici le début :

Citation :

Grand -maman ! Je me souviens de sa naissance.
Voyons, allez-vous me dire, personne ne peut se rappeler la naissance de sa propre grand-mère.

Et pourtant si. Nous nous souvenons parfaitement du jour où elle est née.

Car c’est nous, ses petits enfants, qui lui avons donné vie. Timothy,, Agatha et moi, Tom, avons levé les mains, puis les avons laissé retombé avec fracas !

Nous avons assemblé pièces et morceaux, rouages et engrenages, textures et sensations, humeurs et distillations afin d’actionner l’aiguille de sa boussole au nord pour nous discipliner, au sud pour nous réconforter ; à l’est et à l’ouest pour élargir notre horizon ;

afin d’apprendre à son regard à nous connaître; à sa bouche de nous chanter des berceuses ; à ses mains de nous éveiller le matin d’une caresse.

Derrière la douce poésie qui se dégage de la courte nouvelle nouvelle que je résume ci-après, se dessine un aspect de la cruauté du monde enfantin qui est aussi un thème cher à l'auteur. Même lorsqu'il choisit l'anticipation et les lointaines planètes (Vénus dans ce cas précis), comme véhicule de sa pensée:

Tout l'été en un jour... par Bradbury
Fiction n° 26 de janvier 1956

"Il pleuvait. Depuis sept années. Milliers de jours tissés de pluie de l'aube à celle du lendemain. Dans les cataractes et les tambours de l'eau, dans la chantante chute cristalline des averses et les roulements des orages."
Les enfants de l'école étaient ceux des hommes et des femmes venus dans des fusées jusqu'au monde où il pleuvait pour y vivre le temps de leur vie. Tous ces enfants étaient âgés de neuf ans. Si un jour, sept ans plus tôt, le soleil était apparu pour une heure à un monde stupéfié, ils n'en conservaient pas le souvenir.
Margot était solitaire. C'était une petite fille au corps frêle qui semblait être restée des années abandonnée sous la pluie. Une pluie qui semblait avoir délavé le bleu de ses yeux, le rose de sa bouche, l'or de ses cheveux. Arrivée depuis cinq ans seulement, elle se rappelait de la forme du Soleil et de la couleur de son enfance au coeur de l'Ohio: "c'est comme une grande pièce d'or, comme le feu dans la chaudière."
Jaloux de ses souvenirs qu'ils ne partagent pas, ils la traitent de menteuse. C'est presque l'heure annoncée par les savants. Pour la punir, ils s'en saisissent, ils l'emportent malgré ses cris, malgré ses larmes, malgré ses prières, jusqu'à un placard où ils l'enferment à clé.
"Le monde s'est mis au point mort. Le silence était si intense, si incroyable, qu'on avait l'impression d'entendre pour la première fois et d'avoir soudain les oreilles bouchées........Alors le Soleil surgit !!........"
"Il était couleur de bronze en fusion. Il était énorme. Et tout le ciel autour de lui, brillait d'un feu flambant et minéral. Ils couraient, la figure levée au ciel, sentant le Soleil sur leurs joues comme la chaleur d'une forge."
Puis, ils s'arrêtèrent tous. Une fillette eut un gémissement. Montrant dans sa paume une goutte de pluie. En un éclair, le ciel fut sombre comme à minuit. Pour sept nouvelles années.
Ils se souviennent alors de Margot. Ils dévérouillent la porte et la laissent sortir....
Elle qui avait dit: "Le Soleil est une fleur-- Qui ne dure qu'une heure..."

j'ai lu cette superbe nouvelle dans un recueil qui n'etait pas" fiction" de 1956 ! un remède à la melancolie, sans doute. je verifierai.

les pommes d'or du soleil, tu as lu les nouvelles Aristarque, donc ce ne doit pas être dans ce titre. A suivre.

Oui, Et l'été ne dura qu'un jour est bien extrait d'Un remède à la mélancolie. C'est incroyablement triste et cruel, une très bonne nouvelle, je trouve.

Personnellement, mon recueil de nouvelles préféré de Bradbury est Les pommes d'or du soleil. Il contient quelques nouvelles fabuleuses, notamment celle d'ouverture, La Sirène, un chef-d'oeuvre.

j'aime aussi beaucoup les pommes d'or du soleil, mais je voudrais qu'Aristarque nous en parle.

Il avait trouvé ce recueil si appétissant qu'il avait intitulé son compte-rendu les pommes dorées du soleil.
C'est dire le plaisir de gourmet qu'on prend à cette lecture.

C'est en janvier 2004 que j'ai avoué à Rotko que je ne connaissais pas "Les Pommes Dorées du Soleil" traduction fantaisiste de "The golden apples of the sun". Qu'il se rassure je n'ai pas encore appris l'anglais depuis.
J'avais joint à ce courrier, une nouvelle tirée de ce recueil: "The pedestrian" autrement dit "Le promeneur" ou pour Fiction n° 3 de février 1954: "L'Arriéré", dont voici le "digest":
"Léonard Méad était le seul dans ce monde de 2133 de notre ère, à se promener la nuit; dans les rues de sa ville de trois millions d'habitants. Il portait des sandales car des talons bruyants auraient éveillé les chiens, qui auraient réveillé les habitants qui auraient été en émoi par le simple passage de ce voyageur solitaire.
La seule voiture à patrouiller dans la Ville l'intercepte, fasciné, papillon pétrifié par l'llumination des phares. Ecrivain....il est considéré comme sans profession. Célibataire....il n'a pas d'alibi. Il est forcé de monter dans la voiture-prison. Pour être conduit au "Centre psychiatrique de recherches sur les tendances régressives"
La voiture descendit le lit desséché du torrent des rues, laissant, pour le reste de cette nuit glaciale de novembre, sans mouvement et sans bruit, les rues vides aux trottoirs vides.
Une nouvelle poignante dans la simplicité de ses mots...
Il y avait aussi une autre nouvelle figurant dans le même recueil: Le désert d'étoiles" Je lui laisse le soin de la poster s'il la retrouve
Bradbury y "peint l'homme qui est, et non celui qui devrait être, ou sera , ou pourraît-être (...) Ce sont des mots simples et importants comme le mot amour qui dans cette nouvelle "The wilderness" traverse seul le vide entre Mars et la Terre" (Chronique de Gérard Klein)

Aristarque a écrit:

C'est en janvier 2004 que j'ai avoué à Rotko que je ne connaissais pas "Les Pommes Dorées du Soleil" traduction fantaisiste de "The golden apples of the sun". Qu'il se rassure je n'ai pas encore appris l'anglais depuis.]

Le recueil les pommes d'or du soleil porte en exergue des vers de Yeats

Citation :

Et cueille avant que l‘heure et la saison ne soient révolues
Les pommes d’argent de la lune
Les pommes d’or du soleil

mais la nouvelle titre s’intitule les fruits d’or du soleil.

Allez- y comprendre quelque chose.

Janvier 2004, Aristarque !

il s'en est passé des choses depuis, notamment sur les forums que nous frequentions ensemble

Aristarque à rotko :

Citation :

Il y avait aussi une autre nouvelle figurant dans le même recueil: Le désert d'étoiles" Je lui laisse le soin de la poster s'il la retrouve

Aucun problème, cher ami

le titre dans le recueil que je possède est
le désert semé d'étoiles pp 41-52.

le titre de ce recueil ?
mais les pommes d'or du soleil chez présence du futur

Je fais patienter Aristarque je lirai un désert semé d'etoiles

en attendant, dans les pommes, un petit interlude avec une nouvelle humoristique.

Les fruits posés au fond de la coupe.

Acton regarde ses mains.

Citation :

Il n’avait jamais pensé devenir sculpteur un jour

.

Pourtant en regardant à ses pieds :

Citation :

Oui, c’était là œuvre d’artiste. Tout bien considéré le changement était à l’avantage d’Huxley. La mort lui avait donné une certaine élégance, en avait fait un homme de commerce agréable. On pouvait à présent lui parler et il vous écoutait ;

Je pense bien ! Acton vient de l’étrangler !

Il ne reste plus à Acton qu’à effacer ses empreintes digitales, ici et là, mais vigoureusement, hein ?

Le désert semé d'étoiles se déroule en 2003 mais n'en est pas moins un récit d'anticipation à l'époque de son écriture. Deux jeunes femmes attendent le grand départ pour Mars, où l'une doit rejoindre son amoureux.

La comparaison avec le grand départ vers l'ouest americain au XIXe siecle, sauf qu'ici le Ciel est plus rempli de fusées que les pistes ne portaient de chariots.

Peurs et nostalgies de devoir tout quitter : un dernier survol aerien de la ville avec des tenues antigravitationnelles laisse imaginer les deux femmes comme papillons au dessus du paysage.

Finalement les mêmes situations entrainent les mêmes sentiments chez les humains, ce qui pemet à Bradbury de rester à la fois émouvant et optimiste.

Mon maître es-forums me disait toujours qu’il est intéressant de comparer les versions que l’on peut donner de la lecture d’un livre.
Rotko ne m’en voudra certainement pas si je donne pour comparer à son approche de la nouvelle de Bradbury « Le désert d’étoiles », ma vision personnelle :

Janice et Léona préparent leurs bagages pour prendre la route qui va vers Mars en cette nuit d’été de 2003. Quatre-vingt millions de kilomètres. Elles embarqueront dans leur fusée demain. Incroyable de penser qu’en ce moment, cette nuit même, il y a des hommes sur Mars qui construisent les villes qui les attendent
« J’ai peur pense l’une d’elles. L’Espace, le noir, la fusée, les météores….Plus rien autour de nous qu’un désert d’étoiles….Pourquoi aller là-bas ?….Parce qu’il y a Will !… »
« Ces hommes, ils ne nous simplifient pas les choses. Autrefois, quand une femme avait à parcourir 300 kms, pour rejoindre le sien, cela comptait déjà. Alors, ils partaient à des milliers de kms…..Et maintenant ils mettent un Univers entre eux et nous…Et elle comprit alors, comme le sommeil s’emparait de ses rêves, que sans aucun doute, oui, de façon inéluctable, les choses étaient ce qu’elles avaiant toujours été, ce qu’elles continueraient à être toujours »
Comment rendre la finesse de la poésie des mots si ce n'est qu'en citant des extraits de l’ouvrage ?
Ce serait faire injure aux qualités de l’auteur.
Avec l’aide de Fiction n°48 de mars 1956

Après Trois automnes fantastiques et De la poussière à la chair …, le troisième tome d’une intégrale Bradbury que Denoël érige en fer de lance de sa collection de SF, lunes d'encre.

Fahrenheit 451 ; Chroniques martiennes ; Les pommes d'or du soleil en un seul volume, collection lunes d'encre, au Seuil.

Ces rééditions groupées me laissent dubitative.
J'aime beaucoup Bradbury, je connais assez bien son oeuvre, et je ne vois pas du tout l'intérêt de ces rapprochements...
Si quelqu'un a une idée...

histoire de faire des gros volumes d'oeuvres complètes, non ?

pourquoi rapprocher des oeuvres plutôt que d'autres ? c'est vrai qu'entre farenheit et les pommes d'or du soleil je ne vois pas non plus un lien évident

J'aime bien les rééditions groupées (omnibus , etc)ça permet de faire du vide dans la bibli

Viens de tirer "Les garçons de l'été" Bradbury de la BDP
Une vingtaine de nouvelles semble-t-il.
A voir...

J'ai lu Fahrenheit 451 il y a quelques années quand mon fils devait le lire pour ses études. Globalement j'ai bien aimé, et l'histoire à quand même de quoi faire trembler ... un peu comme "1984" de Geoges Orwell