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| | Le bonheur | |
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+3daisybraille soussou nicyrle 7 participants | |
Auteur | Message |
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nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Le bonheur Mar 23 Juil 2013, 17:45 | |
| Et si nous parlions du bonheur ? Vaste sujet, certes ! Nous pourrions nous tourner vers ceux qui en parlent, qu'ils appartiennent à notre époque ou non... - Citation :
La grande affaire et la seule qu’on doive avoir, c’est de vivre heureux. écrivait Voltaire dans une lettre. On a peut-être tendance à oublier que c’est une idée neuve, voire révolutionnaire, au XVIIIe siècle que le « bonheur de tous », d’ailleurs inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789 comme l’un des « droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme. » Cette affirmation doit beaucoup à la philosophie des Lumières. Ce n’est pas un hasard non plus si des peintres (Watteau, Greuze…), des musiciens (Lulli, Rameau, Mozart…) et naturellement des écrivains ont privilégié ce thème tout au long du siècle. On a peine à imaginer aujourd’hui que jusqu’au XVIIe siècle inclus, seul comptait le bonheur dans l’au-delà, but suprême et espérance qui aidait à vivre les plus misérables. La religion enseignait qu’il fallait considérer les maux d’ici-bas comme une fatalité négligeable et passagère en comparaison de ce qui était promis pour l’éternité. Or, aux yeux des penseurs du XVIIIe, trouver le bonheur sur terre devint essentiel ; il s’agissait avant tout d’assumer ses responsabilités individuelles et collectives, ce qui explique pourquoi un Voltaire par exemple louait les vertus de la civilisation, prônait un humanisme mesuré et recommandait une relative confiance en la Providence. Mais pour « vivre dans les délices », expression de Montesquieu, encore faut-il s’en donner les moyens et par conséquent montrer « une grande ardeur dans le travail ». En outre, le bien-être ne saurait exister sans l’amour d’autrui et la solidarité, c’est la leçon de Candide et des bons Troglodytes dans Les Lettres persanes. Pour tous les philosophes, l’accès au bonheur passe nécessairement par la connaissance car les hommes « devenant plus instruits, deviennent plus vertueux et plus heureux » selon Diderot ( Supplément au voyage de Bougainville). Il y a des divergences, ainsi Voltaire reproche à Rousseau de dénoncer les méfaits du progrès et la perversion par la société de l’homme naturellement bon à l’origine. C’est l’époque des utopies bien sûr. En tout cas, pour tous, le bonheur ne peut exister sans l’égalité et la liberté et les hommes au pouvoir ont pour premier devoir d’œuvrer au bonheur des peuples. Où en sommes-nous aujourd’hui ? | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 23 Juil 2013, 18:01 | |
| Philosophie magazine consacre son numéro d’été 2013 à cette question : - Citation :
Pourquoi ne sommes-nous pas plus heureux ? Dans son édito, Alexandre Lacroix, directeur de la rédaction, écrit que « [la] mélancolie a quelque chose d’universel, qu’elle est due en quelque sorte à notre situation métaphysique, que nos activités nous font oublier la plupart du temps. » Il reprend la formule de Schopenhauer : « La souffrance est le fond de toute vie. » et y voit un « constat détaché » lié au fait que « notre volonté et notre désir ne connaissent aucun point d’arrêt et sont pour ainsi dire lancés dans l’infini », tandis que nous sommes voués au vieillissement et à la mort. Il n’en conclut pas pour autant que c'est forcément désespérant, mais qu’il s’agit simplement « d’apprivoiser cette souffrance-fond ». Tout le numéro est intéressant. J’ai été particulièrement attirée par un dialogue entre Pierre Rabhi et Michel Onfray, puis par l’entretien avec Imre Kertész, prix Nobel de littérature hongrois. J’y reviendrai. | |
| | | soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 23 Juil 2013, 18:16 | |
| en ce moment Nicyrl, un concept qui m'aide beaucoup, je lis "Le pouvoir du moment Présent"d' Eckhart Tolle qui nous parle du bonheur.
Le secret du bonheur d'après Eckhart TOLLE
Faire Un avec la vie, c'est être en alignement avec ses aspirations les plus profondes. Sentir vibrer en soi l'énergie de la Vie dès que l'on s'éveille à cette Présence intérieure. Dire Oui à la Vie en étant présent, ici et maintenant, et écouter ce qu'Elle a à nous confier. le bonheur, le malheur et la joie d'être
Selon Bouddha, le bonheur est dukkha, un terme pali qui signifie « souffrance » ou « insatisfaction ». Il est inséparable de son contraire. Ceci veut donc dire que le bonheur et le malheur ne font qu'un. Seule l'illusion du temps les sépare. Raisonner ainsi n'est pas être négatif. C'est simplement reconnaître la nature des choses afin que vous ne couriez pas derrière une illusion le reste de votre vie. Cela ne sous-entend pas non plus que vous ne devriez plus apprécier les belles choses de la vie. Mais essayer de trouver en elles quelque chose qu'elles ne peuvent vous procurer une identité, un sentiment de permanence et de complétude - reste le moyen le plus sûr de connaître la frustration et la souffrance. L'industrie publicitaire entière et la société de consommation s'écrouleraient si tous les gens étaient réalises et ne cherchaient plus leur identité dans les objets. Plus vous cherchez le bonheur de cette manière, plus il vous échappera. Rien dans ce monde-ci ne vous satisfera, si ce n'est de façon temporaire et superficielle. Mais il vous faudra peut-être connaître de nombreuses déceptions avant de prendre conscience de cela. Les objets et les circonstances peuvent certes vous procurer du plaisir, mais certainement aussi de la souffrance. Ils peuvent sans doute vous apporter du plaisir, mais sûrement pas de la joie. En fait, il n'y a rien qui puisse vous donner un tel sentiment. La joie n'est provoquée par rien, car elle émane de l'intérieur comme étant la joie de l'Être. Elle fait fondamentalement partie de l'état de paix intérieure que l'on qualifie de paix divine. C'est votre état naturel inné et non pas quelque chose qu'il vous faut atteindre en jouant des coudes ou en vous démenant...
Quand on n'offre aucune résistance à la vie, on se retrouve dans un état de grâce et de bien-être. Et cet état ne dépend plus des circonstances, bonnes ou mauvaises. Cela peut sembler presque paradoxal. Pourtant, lorsque vous êtes intérieurement libéré de votre dépendance à la forme, les conditions générales de votre vie, c'est-à-dire les formes extérieures, tendent à s'améliorer grandement. Les choses, les gens ou les circonstances dont vous pensiez avoir besoin pour être heureux vous arrivent sans que vous jouiez des coudes ou ayez à fournir d'efforts. Et aussi longtemps qu'ils sont là, vous êtes libre de les goûter et de les apprécier. Tout cela prendra fin bien sûr, les cycles viendront et iront, mais la peur de perdre ne sera plus là puisque la dépendance aura disparu. Et la vie se met alors à couler facilement.
Le bonheur qui provient d'une source secondaire quelconque n'est jamais bien profond. Ce n'est qu'un pâle reflet de la joie de l'Être, de l'intense paix que vous trouvez en vous quand vous ne résistez plus. L'Être vous transporte au-delà des contraires polarisés du mental et vous libère de votre dépendance aux formes. Même si tout venait à s'écrouler et à être réduit en miettes autour de vous, vous sentiriez toujours ce profond noyau de paix intérieure. Vous ne seriez peut-être pas heureux, mais en paix.
Le Pouvoir du Moment présent, p. 47-48.
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| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 23 Juil 2013, 20:01 | |
| Très intéressant, merci Soussou | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Jeu 25 Juil 2013, 20:40 | |
| P. Rabhi et M. Onfray : quand un ascète rencontre un hédoniste pour parler du bonheur (cf. article de Philosophie magazine). Rabhi a décidé de renoncer aux plaisirs factices de la civilisation industrielle pour se retirer avec sa femme dans une ferme en Ardèche et vivre « dans une sobriété heureuse », associée au respect absolu de la nature. Onfray dénonce la culture de la culpabilité héritée de la civilisation judéo-chrétienne et invite tout un chacun à cultiver les plaisirs de tous les sens et à cueillir la rose de chaque jour.
Les deux hommes commencent par un échange sur leur parcours de vie respectif. Rabhi, fils d’un forgeron , musicien de village, dans le sud-algérien, se rappelle sa fierté et son bonheur à voir son père répandre la joie autour de lui avec son luth et son violon. Puis leur vie a connu des bouleversements : la mère est morte, les Français sont arrivés pour exploiter le charbon. Le père a été contraint de descendre au fond de la mine pour gagner sa vie. Question : la civilisation nouvelle promise à force de travail et de technologie est-elle source de bonheur ? Pour permettre à son fils d’acquérir les règles du jeu du monde moderne, M. Rabhi père a confié son fils à une famille d’adoption française. Pierre subit la situation dans un écartèlement permanent. Il était heureux jadis ; une fois déraciné, il a voulu savoir où était la vérité et il a fait le tour des philosophes, en particulier les Grecs, en vain, car il s’est retrouvé dans « un exil psychologique ». Pour gagner sa vie, il est allé à Paris et est devenu un ouvrier « spécialisé », découvrant alors un esclavage déguisé : il donnait sa vie en échange d’un salaire, c’était cher payer. Il fallait trouver un bonheur autre que celui lié à la modernité industrielle. La décision du retour à la terre a pris du temps.
Onfray raconte à son tour qu’il est fils d’un ouvrier agricole et d’une femme de ménage. C’est dans leur misère et leur humiliation qu’il a trouvé des raisons de se révolter. Pour lui, « le libre-arbitre est un effet de survie ». A priori, on ne choisit pas sa vie mais si on construit son libre-arbitre, un jour on peut dire : je ne veux pas de cette vie-là, j’en veux une autre.
Rabhi, reprenant la parole, revient sur le mode de vie qu’il s’est choisi, suicidaire selon les banquiers qui lui ont refusé un prêt. Rabhi et sa femme se sont contentés d’un petit bout de terrain, ne cherchant pas à « développer » les possibilités de la terre acquise, aspirant seulement à savourer la vie, la beauté du lieu, le silence, l’air pur. Ce qu’ils ont « développé », c’est un rapport affectif aux lieux, aux choses et aux gens... fabriquer des fromages, les vendre à des clients qui deviennent des amis, avoir peu de chèvres pour qu’elles ne deviennent pas des machines à produire, élever cinq enfants dans le calme et la beauté.
Onfray raconte qu’il habite à Argentan, possède une maison dans son village natal de 500 habitants. Depuis la mort de son père (il y a trois ans) il est tenté par un mode de vie inspiré de la sagesse paysanne, sans télé, sans radios, sans conférences, avec des livres, mais pas trop, et une activité centrée sur l’écriture. Il en est au point où il se dit que « le bonheur ne tient pas seulement au rapport qu’on établit entre soi et soi mais aussi à celui qu’on établit entre soi et la nature, soi et le cosmos. »
Pour Rabhi le choix de la sobriété est seul capable de résoudre le problème crucial de la surconsommation par un petit nombre de ressources planétaires. Il pense qu’Onfray l’hédoniste ne doit pas approuver cet ascétisme. Onfray en profite alors pour renouveler la mise au point qu’il formule inblassablement : il dénonce l’ascétisme qui voit dans la souffrance et la privation une sorte de jouissance. En disciple d’Epicure, il prône une ascèse spirituelle et philosophique : avoir un toit, de quoi manger et de quoi se chauffer est suffisant. À la question essentielle : pourquoi ne sommes-nous pas plus heureux ? Onfray répond « parce que nous ne le voulons pas. » Le bonheur n’est pas dans l’avoir mais dans l’être . Pour lui, investir dans l’avoir est voué à l’échec. Trop de gens ne savent pas comment être heureux, n’imaginent même pas les modalités du bonheur. » « Le bonheur est sans doute lié à la volonté, répond Rabhi, il y a une part de notre vie qui nous échappe. » | |
| | | daisybraille pilier
Nombre de messages : 373 Age : 68 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 24/03/2012
| Sujet: Merci... Sam 27 Juil 2013, 20:51 | |
| Merci pour les beaux textes. Le présent est une conséquence de la seconde passée, et une construction de la seconde future. L'avenir ne nous appartient pas, mais nous pouvons aider, je crois, la destinée, à l'améliorer. Merci Nicole et Soussou pour ces beaux textes. DB | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Dim 28 Juil 2013, 14:59 | |
| La suite de l’entretien entre P. Rabhi et M. Onfray (Philosophie magazine de l'été 2013) est particulièrement émouvante : les deux hommes rendent hommage à leurs pères respectifs. M. Onfray se fixe comme objectif de parvenir à la droiture du sien. P. Rabhi pense que son « contentieux avec la modernité est lié à l’entrée en servitude [du sien], à la mine, au charbon qui est responsable de la pollution aujourd’hui ».
Les deux penseurs se retrouvent pour dire qu’il faut fuir la frénésie actuelle, Rabhi parle d’une sagesse oubliée, celle du monde rural, et d’une obligation morale d’agir pour le bien commun. Onfray évoque un troisième temps dans l’existence, celui de la sagesse, qui viendrait après celui de la formation et celui de l’action ; ce temps consisterait à « faire moins de choses, à voir moins de gens, à écrire des choses plus justes qui peuvent être utiles » aux gens en général, pas aux philosophes de profession.
Un point essentiel cependant les sépare : Rabhi voit le divin derrière la beauté avec « le pressentiment que quelque chose d’intelligent préside à tout cela », même si « le mystère de ce processus vital reste entier. » Onfray refuse la transcendance, la divinité : « j’ose affirmer qu’il n’y a rien après. »
Pour finir, Rabhi se dit heureux, il se sent cohérent, avec un engagement fait au nom de la vie. Onfray a le dernier mot en répondant brutalement « non » à la question : « Êtes-vous heureux ? » Il précise : « on ne peut être heureux quand les gens qu’on aime ne le sont pas » (allusion à sa compagne malade depuis des années). | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Dim 28 Juil 2013, 15:02 | |
| Petit florilège de phrases qui donnent à réfléchir, toujours tirées du même entretien entre l'ascète et l'hédoniste: - Citation :
- Nous cherchons ailleurs une éternité que nous avons là, dans notre vie, et que nous ne percevons pas. P. Rabhi
Croire que mon hédonisme passe par la dépense est un malentendu. Il s’agit d’obéir à des choses élémentaires. M. Onfray
Seule la sobriété peut nous procurer une vraie satisfaction. Le temps de la puissance de la modération est venu. P. Rabhi
La vérité du monde est dans le monde et il faut faire l’économie des livres qui disent le monde., ou alors ne lire que les livres qui nous invitent à revenir directement au monde. M. Onfray | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Le bonheur Dim 28 Juil 2013, 15:39 | |
| - Croire que mon hédonisme passe par la dépense est un malentendu. Il s’agit d’obéir à des choses élémentaires. M. Onfray a écrit:
Nic pourtant, quand je ne vais pas bien dans ma tête, j'ai envie d'acheter des fringues ! ou alors, Michel et moi ne parlons pas de mêmes "dépenses".... | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Dim 28 Juil 2013, 16:03 | |
| C'est que l'hédonisme de M. Onfray n'est pas celui qu'on imagine communément et que justement, contrairement à toi, chère Ysandre , le sien ne passe pas par le consumérisme, la possession ; mais tu l'avais fort bien compris, malicieux lémurien | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Le bonheur Dim 28 Juil 2013, 16:14 | |
| peut être malicieux, mais bien embêté quand ça me prend ! je sais pourquoi ! mais j'y vais quand même ! Michel et moi n'avons peut être pas les mêmes valeurs ? ça, c'est comme le "bordel à chesnau" (bordeau-chesnel, les rillettes !)" une pub ! | |
| | | daisybraille pilier
Nombre de messages : 373 Age : 68 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 24/03/2012
| Sujet: Mon Ysandre, Dim 28 Juil 2013, 19:29 | |
| Même si Michel et toi n'avez pas les mêmes valeurs, le plus important c'est d'être bien ensemble. Daisy | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Dim 28 Juil 2013, 20:39 | |
| Chère Daisy , je crois qu'Ysandre parle familièrement de Michel Onfray dont elle ne partage pas pleinement le point de vue mais, qu'à mon avis, elle ne connaît pas personnellement, ou alors elle nous a caché des choses ! | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Le bonheur Dim 28 Juil 2013, 20:58 | |
| je ne le connais pas tant que ça ! mais je connais "bien" Philippe par contre ! il y a longtemps et de très près. Je le trouve toujours aussi beau ! il m'a dit tant de choses merveilleuses...... | |
| | | Arundathi pilier
Nombre de messages : 449 Age : 77 Localisation : Evian Date d'inscription : 17/04/2011
| Sujet: Re: Le bonheur Lun 29 Juil 2013, 15:26 | |
| Un texte sur le bonheur que j'apprécie particulièrement ! Il est de Brigitte Fontaine. “Le bonheur”"Dans les forêts,
dans les villes en braises rouges
au-dessus de la mer,
sur les collines parfumées,
vivait une belle bête chaude et fauve
qu'on appelait le bonheur.
Partout elle bondissait,
elle riait dans la nuit,
partout elle dansait avec le feu
et chantait avec les loups.
Cela se passait
dans aucun temps particulier
car le temps voyez-vous
est une chose mystérieuse...
Cette bête mangeait
tout ce que les gens lui donnaient,
elle se laissait traire par eux,
elle les pénétrait de son rameau doré
s'ils le désiraient
et elle faisait de la musique
avec leurs veines et leurs cheveux.
Pourtant il y en eut quelques-uns
qui la détestèrent
parce qu'elle les empêchait de régner
et que, étant libre et gratuite,
elle cassait le marché.
Alors un jour ils vinrent avec des armes,
ils la capturèrent
et l'enfermèrent
très loin dans une cage.
Cela se passait
dans aucun pays particulier
car les pays voyez-vous
sont des choses mystérieuses...
Pour que les gens ne se révoltent pas,
ils fabriquèrent
d'innombrables copies de la bête.
Pour qu'ils en soient dégoûtés,
qu'ils n'y comprennent plus rien
et qu'ils l'oublient,
ils la firent bien mauvaise.
La fausse bête
se mit à roucouler,
à jouer au bridge,
à vendre
le soir dans les rues ses tristes appas,
à chanter des opérettes
et à porter des rubans roses
comme on en met dans les cheveux
des petites filles
pour les empêcher d'être
ce qu'elles sont elles-mêmes :
des grandes bêtes chaudes et fauves.
Les gens devinrent amers et tristes,
ils ricanèrent, s'empiffrèrent de gâteaux,
se tapèrent dessus avec rage
et beaucoup se moquèrent
du caniche appelé bonheur,
de la perruche appelée bonheur.
Puis ils oublièrent le Bonheur
comme c'était prévu dans le plan,
excepté quelques-uns
que l'on mit à l'hôpital.
Pourtant
dans les yeux de tous les bébés
on peut voir se refléter l'image
de la terrible bête et
il parait que sa chaleur en vérité
est telle que les barreaux de sa cage
sont en train de fondre là-bas
très loin où les soldats l'ont laissée.
J'ai rencontré
une vieille, vieille dame
qui n'espérait plus la voir
arriver de son vivant
- mais, me dit-elle, je sais qu'elle existe
et après tout c'est l'essentiel -.
Comme elle allait bientôt mourir,
elle ne pouvait pas mentir."Je donnerai un avis sur ce que je pense du bonheur dès que j'aurai un peu plus de temps de libre. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| | | | daisybraille pilier
Nombre de messages : 373 Age : 68 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 24/03/2012
| Sujet: Brave bête ! Lun 29 Juil 2013, 17:45 | |
| Merci encore pour ce beau texte. La petite bête, je crois, c'est à chacun de nous de lui couper un bout de barreau... quand on la trouve.
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| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Le bonheur Lun 29 Juil 2013, 19:06 | |
| très beau texte, merci Arun il y en a qui laissent le bonheur comme une petite bête triste, derrière ses barreaux. Ils n'ouvrent pas parce qu'ils ont peur ! peur de tout .... parce que l'on ne sait jamais, n'est-ce pas... si ça faisait mal, si ça se transformait en chose enragée ?..... fini le ronron, la tranquillité, la fadeur des jours qui se ressemblent.... Alors tant pis pour eux, il faut oser être heureux ! | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 30 Juil 2013, 09:13 | |
| Dans le chapitre intitulé Le bonheur de D'un rivage l'autre, en regard d'une photo de rizières en herbe de mon coauteur Thât Peel figure un de ses poèmes que j'aime particulièrement. Il lui a été inspiré par la vision de la plaine de Mai Châu près du Fleuve Rouge : - Citation :
Dans la plaine fertile, Où les cieux sont plus cléments, Vit un peuple heureux.
On les voit au bord des rivières, Des ruisseaux, Là où les hameaux séduits ont pris racine.
Ils sont venus pour garder la montagne. Ou peut-être Sont-ils plutôt gardés par elle…
On peut même lire L’opulence et la gaieté sur leurs costumes, Finesse de perles, méticuleux métissage.
Mais n’est-ce pas Encore dans leurs sourires Que rayonnent les bonheurs d’une vie simple ?
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| | | soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 30 Juil 2013, 11:37 | |
| - nicyrle a écrit:
La vérité du monde est dans le monde et il faut faire l’économie des livres qui disent le monde., ou alors ne lire que les livres qui nous invitent à revenir directement au monde. M. Onfray Michel Onfray: « Serein, sans haine, ignorant le mépris, loin de tout désir de vengeance, indemne de toute rancune, informé sur la formidable puissance des passions tristes, je ne veux que la culture et l’expansion de cette « puissance d’exister » - selon l’heureuse formule de Spinoza enchâssée comme un diamant dans son Ethique ; » Extrait : « La puissance d’exister. », p. 49. qu'appelle t-il par cette puissance d'exister et l'Ethique? | |
| | | Sapho pilier
Nombre de messages : 3529 Age : 78 Localisation : Brabant Wallon Date d'inscription : 03/08/2012
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 30 Juil 2013, 13:21 | |
| LE CONCEPT DU BONHEUR SELON KANT
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| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 30 Juil 2013, 14:24 | |
| - soussou a écrit:
- nicyrle a écrit:
La vérité du monde est dans le monde et il faut faire l’économie des livres qui disent le monde., ou alors ne lire que les livres qui nous invitent à revenir directement au monde. M. Onfray Michel Onfray: « Serein, sans haine, ignorant le mépris, loin de tout désir de vengeance, indemne de toute rancune, informé sur la formidable puissance des passions tristes, je ne veux que la culture et l’expansion de cette « puissance d’exister » - selon l’heureuse formule de Spinoza enchâssée comme un diamant dans son Ethique ; » Extrait : « La puissance d’exister. », p. 49.
qu'appelle t-il par cette puissance d'exister et l'Ethique? Je pense qu’Onfray fait sienne la position de Spinoza. Sans entrer dans le détail, pour ce dernier, l’homme cherche naturellement à persévérer dans son être. Il parle de « conatus », i.e. une puissance d’agir qui, justement, perpétue l’existence, d’un désir permanent de s’accomplir dans la joie. Cette force de l’homme est consciente et n’a rien de mystique. Quant à l’éthique, elle est, je crois, pour Onfray, la construction d’une façon de se conduire la meilleure possible, à la fois par rapport à soi et à autrui, en dehors de toute considération religieuse. - Citation :
- Déconstruire les monothéismes, démystifier le judéo-christianisme - mais aussi l'islam, bien sûr - puis démonter la théocratie, voilà trois chantiers inauguraux pour l'athéologie.
De quoi travailler ensuite à une nouvelle donne éthique et produire en Occident les conditions d'une véritable morale post-chrétienne, où le corps cesse d'être une punition, la terre une vallée de larmes, la vie une catastrophe, le plaisir un péché, les femmes une malédiction, l'intelligence une présomption, la volupté une damnation. Traité d'athéologie - 2005 | |
| | | soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 30 Juil 2013, 14:28 | |
| merci nicyrl, c'est plus clair à présent, mais le vivre c'est autre chose! les philosophes vivent-ils ce qu'ils pensent, sont ils heureux, il me semble qu'ils sont en recherche d'une raison , pas d'un simple bonheur de vivre. | |
| | | daisybraille pilier
Nombre de messages : 373 Age : 68 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 24/03/2012
| Sujet: Soussou, Mar 30 Juil 2013, 18:27 | |
| La philosophie n'a jamais, je crois, apporté le bonheur. Elle ne fait qu'analyser les courants d'idées. La sagesse, elle, sculpte un certain art de vivre, une certaine paix. Ce ne sont pas les phrases alambiquées de Monsieur Nietzsche ou l'un de ses collègues qui va aider, mais l'observation toute simple des êtres et des choses, l'humble obéissance à certaines règles de vie. Voilà tout. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Le bonheur Mar 30 Juil 2013, 21:02 | |
| Etymologiquement, la philosophie c’est l’amour de la sagesse. On peut dire aussi qu’elle est recherche de la vérité et en ce sens elle est un perpétuel questionnement. Tout le monde veut le bonheur mais le philosophe aspire au bonheur dans la lucidité. Au siècle des Lumières, le but des philosophes était avant tout le bonheur de tous les hommes. | |
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